~ 3 min

Depuis quelques années, le débat public se concentre sur l?évolution de notre société. Quel modèle économique et sociétal voulons-nous promouvoir ? La tenue du G8 nous donne l?occasion de brièvement esquisser nos critiques et de développer quelques pistes de réflexion sur le modèle de société que nous envisageons.

Nous constatons que dans notre société les décisions sont souvent dictées par l?intérêt économique au dépens de l?intérêt général. L’individualisme a réduit la solidarité quasiment à néant, et les vagues de libéralisation successives donnent une puissance démesurée aux individus riches, aux multinationales et aux institutions monétaires internationales exerçant de facto une domination sur les Etats.

Un manque de contrôle démocratique

Les négociations aux sein du G8 et des principales institutions financières (OMC, FMI et Banque mondiale) se font à huis clos, ce qui occulte les décisions. Il n’y a pas de consultation publique, pas de contrôle démocratique. Les perdants sont les pays pauvres et les citoyens qui se voient ainsi restreindre leurs droits civiques. Préoccupant, même la délégation Suisse négocie à l’OMC sur l’AGCS (Accord général sur le commerce des services [publics]) et sur la privatisation de l?eau sans avoir le mandat du peuple suisse. L?ONU, instance démocratique au niveau supranational, est mise à l?écart.

Pour plus de justice sociale !

Les systèmes économique et sociétal qu’on nous impose inspirent l’individualisme, refusant toute solidarité et égalité des chances. Ainsi, nous créons des sociétés dans lesquelles règne le plus fort, à l?appui de sa fortune personnelle. L?accès équitable à l?éducation et à la santé, des acquis qui font parmi d?autres la richesse de la Suisse et des démocraties occidentales, sont mis en péril.

Face à ces dysfonctionnements, nous nous engageons pour une société solidaire et qui pratique la justice sociale. Nous critiquons vivement ce discours qui dit que tout individu peut atteindre tout à force de vouloir. Tout n?est pas une question de volonté, mais dépend des moyens dont chacun dispose. Nous prônons la responsabilité au niveau individuel, qui n’arrive pourtant pas à remplacer la solidarité organisée par l’État. Nous souhaitons une société dans laquelle l’argent est remis à sa juste place comme moyen et non pas fin des activités économiques, et où le contrôle démocratique est effectif. Il faut par exemple plafonner l’investissement en argent admissible dans les votes et élections démocratiques, car le risque de manipulations par le biais des campagnes financièrement très soutenues est réel. De même, nous observons avec préoccupation le lobbying des milieux économiques dans les antichambres des institutions internationales et dans les halles parlementaires.

Pour une économie au service de l?humain

Nous nous engageons pour des médias démocratiques, forts et indépendants, car de plus en plus les médias sont censurés par le biais des annonceurs, voire possédés par des groupes économiques. Nous pensons que le moment est venu de relancer le débat sur les dérives de nos démocraties et d?entreprendre des réformes courageuses. A travers une société civile engagée nous devons encourager la démocratisation des institutions financières internationales.

Le système économique actuel concentre toujours plus de richesses au sein de quelques compagnies sous pression des actionnaires qui exigent des profits toujours plus élevés. Ceci se fait sur le dos des employés en engendrant licenciement pour les uns et plus de pression et de stress pour les autres. La quête d?une croissance économique au détriment de la société et des valeurs fondamentales de la dignité humaine n?est plus acceptable. De ce fait, nous demandons à notre gouvernement une politique économique responsable, au profit de la majorité. Sommes-nous prêts à accepter des mesures qui risquent de nous coûter cher ?

Pour un changement des c?urs

La démocratisation est une condition nécessaire à une société juste, mais sans le c?ur pour le prochain, la démocratie ne suffira pas. Nous devons être libérés de notre peur de manquer, que ce soit sur le plan économique ou personnel. Ceci passe par une prise de conscience et par des règles qui prônent un comportement éthique à tous les niveaux.

Markus Meury/Silvia Hyka, Mai 2003

~ 5 min

Décors : La forteresse du Forum Economique Mondial est une fois de plus bien gardée par toute une armée de policiers, policiers militaires et militaires. La mission de cette dernière : filtrer les manifestants en fouillant les voitures, en contrôlant les identités…

1er acte, la tension monte :

11 h : Nos sept ?terroristes? se retrouvent à Thusis (Grisons). Petite photo de famille avec les pencartes au cas où notre armement serait confisqué, puis nous nous lançons à l?abordage.

11 h 30 : Premier contrôle de la police. Tendue mais correcte, elle ouvre nos coffres et regarde notre armement. Mes béquilles ne sont pas confisquées, ouf ! Des journalistes font déjà quelques photos et jouent peut-ëtre le rôle d?observateurs.

11 h 45 : Deuxième contrôle policier. On se croirait en plein film : nos voitures sont entourées de quatre ?rambos? protégés d?une armure de la tête aux pieds et qui nous empêchent d?ouvrir les portes. Nous sommes sur une place avant l?entrée d?un tunnel au milieu de tout un régiment (sans observateurs cette fois-ci). Les fumigènes sont prêtes. Ouverture des coffres ?bis? puis contrôle des identités au quartier général. Nos casiers ont l?air vierges (peut-être plus maintenant), car nous pouvons repartir un quart d?heure après, avec mes cannes, ouf ?bis? ! A quand le troisième contrôle ? (certains ont pu en ?bénéficier?).

12 h 30 : Après un voyage sans histoire, escortés devant nous par une voiture de police, cinq fourgonettes (elles n?étaient pas de la police, mais l?image était forte !), survolés par un ou deux hélicoptères, nous arrivons sain et sauf à Davos. La police est toujours très présente, la ville est morte.

13 h : Nous mangeons dans un des seuls établissements ouverts (même les stations services sont fermées car on a peur que les manifestants y mettent le feu !). A la sortie, la patronne nous prie de rester calme durant la manif…

14 h : Nous partons pour rejoindre d?éventuels manifestants. Mais où sont-ils ? On nous indique de suivre à pied une route pendant environ 30 minutes. Nous appercevons 3 ou 4 manifestants. Nous sortons notre matériel et effectuons notre petit défilé privé.

14 h 30 : Enfin, nous rejoignons sur une place un millier de manifestants hétéroclites qui attendent depuis un bon moment (la manifestation était prévue pour 13 h 30). Il y a des syndicalistes, des anarchistes, des zapatistes, des pacifistes, des particuliers… et beaucoup de journalistes. La moyenne d?âge est en dessous de 25 ans. Le style est assez alternatif.

15 h 30 : Après quelques interviews et rencontres, quelques personnes prennent la parole à tour de rôle. On nous annonce qu?il y a environ 4000 manifestants bloqués à Landquart et qui refusent d?entrer dans le jeu des contrôles. Certains d?entre eux, excédés, ont fait quelques petit dégâts. La tension monte. Nous attendons. Quelques instants plus tard, on nous dit qu?un accord a été conclu pour des contrôles volants dans le train. Landquart est débloquée…mais pas pour longtemps car tout le monde est finalement contrôlés une fois à l?intérieur !

Un train arrive, hourra !…, mais en fait il est vide ! La tension monte d?un cran. On nous annonce que personne ne nous rejoindra finalement. Une décision est prise, nous allons rendre le droit de manifester et les rejoindre solidairement à Landquart ! La police risque bien de se retrouver prisonnière et piègée par son propre jeu (prise en sandwich par deux foules de manifestants). La tension augmente encore et nous proposons aux organisateurs de lancer un appel au calme.

2e acte, vous avez dit manifester ? :

16 h : Début du cortège, enfin ! Nous levons nos pancartes vers le ciel ainsi que quelques slogans : ?A ceux qui veulent dominer le monde , le monde répond RESISTANCE?, ?Solidarité anti-internationale?, ?Débarrassez le Forum?… Un magnifique veau d?or se promène et se fait arroser de dollars par des politiciens déguisés (Bush…). Nous passons néanmoins devant le Forum barricadé. Quelques boules de neige sont lancées. Le public se résume presque aux montagnes. Le droit de manifester est brûlé devant la mairie car toutes les conditions pour une réelle manifestation ne sont pas respectées.

17 h : Finalement, nous ne savons pas pourquoi, la manifestation prend fin en queue de poisson. Nous n?allons pas à Landquart. Tout le monde rentre… Nous apprenons qu?il n?y a plus personne là-bas. La police a réussi à nous diviser et a retarder, voir empêcher la manifestation.

3e acte, une bombe à retardement :

23 h : Nous regardons les nouvelles dans un monastère près de Coire : les manifestants de Landquart se sont repliés à Zürich pour manifester, mais la police était là. Certains sont allés jusqu?à Berne et quelques extrëmistes anarchistes (?) ont affrontés la police et sacagés des vitrines.

Bilan :

Notre action a permis de contribuer à une pression extérieure sur l?économie actuelle (il faut que la population se mobilise plus!), à faire connaître ChristNet (ainsi que ses revendications à Davos) et à créer des liens. Cette pression doit s?accompagner d?une pression intérieure, plus politique, si on espère voir de grands changements. ChristNet a aussi certains contacts.

Nous sommes persuadés que la violence n?est pas un moyen. Au contraire, elle nous discrédite et fait la ?une? des médias à défaut des vraies problématiques. Alors, à l?année prochaine ? Peut-ëtre que nous pourrons cette fois-ci véritablement manifester…et encore plus pacifiquement !

Epilogue, comment la majorité des médias font ils de la désinformation ? :

Lundi 27.01.03, j’ouvre le journal. Voici ce que je peux lire comme titre dans le Matin : ‘mille manifestants contre 400 policiers’. Ce titre est très ambigü car le lecteur moyen va penser que ce sont mille manifestants qui ont fait des dégats. L’article quant à lui n’est pas plus précis. Je retrouve le même genre de discours dans le 24 heures? Par contre, en lisant le Courrier de Genève (journal indépendant et critique face à la mondialisation néolibérale que je profite de vous recommander) j’apprends que : ‘?quelques dizaines de cagoulés s’en sont pris aux vitrines des banques et des grands hôtels environnants’, et que la police avait immédiatement chargé quant un manifestant a lancé une fusée. J’ai aussi appris que la police avait tiré des balles en caoutchouc sur un train qui quittait Landquart, blessant un manifestant ! Le journal parle même de ChristNet ! Dis moi ce que tu lis et je te dirais de quel côté de la mondialisation tu es?

(Vincent Léchaire)

~ 3 min

GENÈVE, 13 juin 2003 ? « L?Eternel bénira son peuple en lui donnant la paix. » Cette parole du jour tirée du Psaume 29 est devenue réalité pour un groupe d?une vingtaine de chrétien-ne-s et de non-chrétien-ne-s proches de ChristNet, qui ont participé à la grande manifestation anti-G8 du 1er juin.

Trois groupes ont pris part à cet événement de manière différente : le groupe « manifestation » s?est exprimé de manière créative pendant le grand cortège ; 8 « Picsous » tenaient en laisse un personnage représentant l?asservissement de la population mondiale (cf. photo). Ils portaient des slogans comme « Il n?y a pas que l?argent, il y a aussi le fric ? Halte au dieu argent ! » ou sur un ton plus sarcastique « Domine ton prochain comme toi-même ». Ceci dans le but de dénoncer le système économique représenté par le sommet du G8 où une minorité de pays riches décide du sort de la majorité des pays pauvres.

D?autre part, ce groupe a distribué un papillon qui comportait nos revendications ainsi qu?un appel à être pacifique pendant la manifestation (cf. fichier joint). Une fois arrivé à la douane de Vallard, ce groupe s?est engagé dans le service d?organisation pour protéger ? avec succès ? les bâtiments de la douane contre d?éventuelles casses.

Le groupe « peacekeeping » ? une dizaine de personnes ? participait au cortège tout en veillant à un déroulement pacifique de la manifestation. Un groupe d?environ 100 anarchistes qui s?en prenaient à des immeubles et des stations essence a été assez vite repéré. A plusieurs reprises, nous avons pu contribuer à l?apaisement des tensions et à la réduction de la dynamique de violence par des interpellations, des discussions et, si nécessaire, l?interposition. Le service d?organisation de la manifestation ainsi que la discrétion remarquable de la police ont joué un rôle décisif.

Le plus grand défi des « peacekeepers » s?est présenté après la manifestation : au centre ville s?affrontaient des manifestants et la police. Nous avons décidé de nous interposer entre les deux fronts, d?engager le dialogue avec les manifestants et de chercher à faire baisser la tension. Ainsi, la confrontation a pu être évitée à deux reprises. Finalement, le service d?ordre a abandonné et notre groupe, malheureusement trop petit pour tenir bon, est aussi parti.

Le troisième groupe s?est formé spontanément pendant la journée dans notre permanence (un appartement) et priait pour nous et pour toute la manifestation, ce qui a constitué un soutien important.

Malgré les violences perpétrées à Lausanne et à Genève les jours suivants, la grande manifestation a eu un écho médiatique positif. Comme d?autres manifestations alter-mondialistes, elle a le mérite d?avoir fait du G8 un sujet de discussion publique. La population du bassin lémanique a été sensibilisée à la critique d?une mondialisation néolibérale, ce qui fait de cette manifestation un plein succès.

Pour le groupe constitué autour de ChristNet, le bilan est positif : le groupe « manifestation » a vécu une très belle journée, s?est réjoui du déroulement paisible du cortège et a apprécié les discussions avec d?autres militant-e-s. Chacun-e a été motivé par la possibilité de s?engager ensemble pour une idée commune et plusieurs ont exprimé le désir de participer de la même manière à une autre occasion.

Le groupe « peacekeeping » a pu faire de précieuses expériences de non-violence, mais aussi en sentir les limites. Nous avons été impressionné-e-s de constater qu?un petit nombre d?activistes suffit pour détendre des situations tendues, pour autant qu?ils soient déterminés et soutenus par la prière, la force physique n?étant pas primordiale.

Nous sommes encouragé-e-s par le fait que notre espoir et nos propositions pour éviter la violence ont été pris au sérieux par les organisateurs, les manifestants et certains médias. Une manière concrète d?être sel et lumière.

~ 8 min

La bible parle souvent de « péchés ». Non pas pour nous causer des problèmes et des épreuves, mais pour nous signaler les pièges. Dieu veut nous empêcher de pécher pour que notre précieuse relation avec lui ne souffre pas et pour que nous ne nous nuisions pas à nous-mêmes ou à notre prochain. La guerre en Irak, à notre avis, a sa racine dans une combinaison de péchés.

L’avidité de l’argent

1 Timothée 6.10 dit : « ….une racine de tout mal est l’amour de l’argent, (…) ». L’emprise sur le pétrole est un moteur majeur de l’administration Bush : Bush lui-même est issu d’une famille de pétroliers, le Vice Cheney était à la tête de la plus grande entreprise d’équipement de forage pétrolier au monde (Halliburton), et Bush lui-même doit son élection, entre autres, à Exxon, qui a prêté des sommes énormes aux candidats républicains lors de la campagne électorale de 2000. En mai 2001, après la crise énergétique américaine, Cheney a déclaré que « l’amélioration de l’accès aux réserves de pétrole du golfe Persique » était une priorité nationale en matière de sécurité énergétique. L’ouverture des réserves énergétiques irakiennes pourrait signifier une réduction de moitié du prix du pétrole aujourd’hui, selon Jamani, l’ancien ministre saoudien de l’énergie. Une aubaine pour un pays qui consomme 2,5 fois plus de pétrole par habitant que les autres pays industrialisés, mais qui n’a pourtant aucune envie de faire quoi que ce soit contre cette surconsommation….

Les magnats des médias comme Rupert Murdoch ont également un intérêt énorme dans la guerre, qui fait monter en flèche les audiences et donc les profits. Le public américain est donc poussé à la guerre par les médias. Enfin, l’industrie de l’armement (les États-Unis représentent 40 % de tous les budgets d’armement dans le monde) a un intérêt dans la guerre.

L’autosatisfaction

Cependant, un autre péché important conduit à la guerre : l’autosatisfaction. « Mais que vois-tu de la paille qui est dans l’oeil de ton frère, sinon la poutre qui est dans ton propre oeil que tu ne perçois pas ? » (Luc 6.41) Plus nous nous sentons bons, plus nous nous éloignons de Dieu. Car alors, nous ne permettons plus que nos actions soient remises en question par Dieu et la sagesse du Saint-Esprit se tarit. Les Pharisiens subirent ce sort et furent jugés en conséquence par Jésus.

« Car celui qui s’élève sera abaissé, et celui qui s’abaisse sera élevé » (Luc 14.11). L’exaltation et l’autosatisfaction ont malheureusement pris un niveau dans certains cercles du christianisme évangélique qui a de plus en plus d’effets négatifs sur le monde entier. Il ne s’agit pas ici de faire de nous des chrétiens pires que les autres, mais il nous semble important de souligner le danger de l’autosatisfaction avant qu’il ne soit trop tard. Sans repentir dans ce domaine, nous risquons de devenir indignes de confiance aux yeux des non-chrétiens, voire de plonger le monde dans l’abîme. La guerre en Irak est un pas de plus vers l’abîme à cet égard.

Nationalisme

George Bush, chrétien né de nouveau, a proclamé la « lutte monumentale du bien contre le mal » et est soutenu en cela par une grande partie des églises évangéliques des États-Unis. On sait d’emblée qui sont les gentils (et cela est compris dans l’absolu) : l’Occident, et surtout les États-Unis, « le pays de Dieu », comme certains ont coutume de le dire. La « mission mania » du gouvernement américain a pris des proportions effrayantes à cet égard. Ici, le nationalisme a été mélangé à la religion de manière désastreuse, donnant lieu à un auto-agrandissement national. C’est pourquoi elle estime qu’elle n’a plus à prendre personne en considération. La subordination démocratique aux compromis multilatéraux dans le cadre international devient de plus en plus un mot étranger. Cela est apparu clairement au cours des dix dernières années, lorsque les États-Unis n’ont pratiquement signé aucun accord international affectant leurs intérêts. Dans le cas de l’Irak, l’ONU n’a été l’organe de négociation que jusqu’à ce qu’il devienne évident que l’ONU ne se plierait pas à la volonté des États-Unis. Les opposants à la guerre, tels que l’Allemagne et la France, ont alors ressenti l’agression des États-Unis par des menaces, des annulations de traités et des railleries. Ceux qui ne font pas ce que veulent les États-Unis sont punis. Est-ce la liberté dont ils parlent ?

Les forces motrices de la campagne d’Irak (Rumsfeld, Wolfowitz, Cheney, mais aussi le frère de George Bush, Jeb, et l’ancien Vice-Président Quayle) sont d’ailleurs tous cosignataires de la charte du think tank américain « The Project for a New American Century ». L’objectif de ce projet est que l’Amérique devienne le leader mondial et qu’elle exerce une responsabilité mondiale pour la paix et la sécurité par

  • Des forces militaires fortes (augmentation significative des dépenses militaires)
  • Renforcer les liens avec les alliés démocratiques et défier les régimes hostiles en fonction de nos intérêts et de nos valeurs.
  • promouvoir la liberté politique et économique à l’étranger
  • Acceptation de la responsabilité unique de l’Amérique dans le maintien et l’expansion d’un ordre international amical, en faveur de notre sécurité, de notre prospérité et de nos principes. Tous ces documents sont accessibles au public sur www.newamericancentury.org…

Dans la « croisade contre le mal », le schéma de la parabole de la « poutre dans son propre oeil » et de l’autosatisfaction est donc bien suivi. Déjà dans l’interprétation de l’attentat du 11 septembre, la question n’était guère posée de savoir avec quelle part l’Occident contribuait au terrorisme avec son comportement dans les pays arabes. (LIEN ?). Pourquoi exactement y a-t-il eu une telle poussée de fondamentalisme dans les pays arabes au cours des 20 dernières années ? La question de notre propre culpabilité n’a jamais été posée. Au contraire, nous restons les meilleurs. Dans la lutte monumentale contre le mal, le mal est situé « quelque part dehors » au lieu d’être à l’intérieur de nous-mêmes. La plupart des dictatures que les États-Unis combattent au Moyen-Orient ont été créées ou soutenues par les États-Unis eux-mêmes au début pour promouvoir leurs propres intérêts. Ainsi, l’autosatisfaction et l’incapacité à reconnaître sa propre culpabilité dans la montée de la terreur empêchent une véritable solution. En conséquence, la guerre en Irak continuera à alimenter la spirale de la violence : l’ignominie de la défaite (attendue) de la partie « arabe » et la piqûre de l’occupation américaine, ainsi que la haine des populations pour les dirigeants arabes qui ont suivi les États-Unis, donneront un coup de fouet massif à l’intégrisme islamique et provoqueront des renversements à moyen terme. Espérons que cela n’implique pas la puissance nucléaire pakistanaise. Avec la guerre en Irak, la terreur ne sera pas réduite, comme Bush voudrait nous le faire croire, mais elle augmentera. Cela justifiera alors l’offensive anti-terroriste de l’Occident….

La peur de la fin des temps

En hiver 2002-2003, selon un sondage américain, 72% des chrétiens nés de nouveau aux États-Unis croient que « nous assistons actuellement au début de la guerre qui mènera à l’Antéchrist et à l’Armageddon ». Peut-être que le comportement de l’Occident lui-même fera de ces déclarations une prophétie auto-réalisatrice…. Au cours des dix dernières années, l’Occident a connu un véritable boom dans l’interprétation des prophéties bibliques de fin-des-temps. Rappelons également les romans de fin d’année de Tim La Haye, dont 50 millions d’exemplaires ont déjà été vendus. Cette fièvre de la fin des temps a alimenté la peur chez les chrétiens et les pousse à réagir de façon excessive à une menace perçue, y compris la peur pour Israël. Une prophétie qui s’accomplit…. Par conséquent, dans sa manie missionnaire de l’Ancien Testament, Bush estime que les Etats-Unis doivent sauver Israël de l’Irak (géographiquement sur le site de l’ancienne Babylone). Il est possible que Bush souffle en fait pour la guerre par peur pour Israël. Ses conseillers, pour d’autres raisons, comme nous l’avons vu, ont réussi à lui mettre la puce de la peur à l’oreille…. Mais en lançant une attaque occidentale, c’est surtout la haine arabe d’Israël qui sera alimentée. Au lieu de protéger Israël, elle ne fera que le mettre encore plus en danger. La seule issue sera alors l’occupation américaine de l’ensemble du monde arabe. La spirale continue…

Dans les discours américains sur la guerre, on souligne toujours qu’il est du devoir de Dieu de diffuser les bonnes valeurs occidentales de liberté et de démocratie. Pourtant, ces mêmes cercles n’ont pas remarqué que certaines de ces valeurs ont depuis longtemps été corrompues par Mammon :

  • « Liberté » : Avec l’inégalité sociale croissante et l’exclusion toujours plus grande des indigents des conditions de vie de base telles que la santé et l’éducation, la liberté des classes inférieures devient de plus en plus une farce. Seuls les forts ont les moyens (argent et éducation) d’exploiter cette liberté. Et avec les libéralisations et les privatisations, ils obtiennent de plus en plus de libertés aux dépens des faibles. Parallèlement, l’idéologie du « qui veut, peut » est promue….
  • « Démocratie » : aux États-Unis aujourd’hui, seuls les riches ou ceux qui sont soutenus par l’économie ont le droit de vote, les autres n’ont aucune chance dans la coûteuse bataille publicitaire des élections. En l’an 2000, selon Cash, environ 500 millions de dollars ont été dépensés pour la campagne électorale, en l’an 2002 déjà un milliard de dollars, dont les deux tiers en dons électoraux de l’économie aux républicains… La formation de l’opinion est également massivement faussée par la dépendance des médias à l’égard des entreprises.

Que se passera-t-il ensuite dans ces circonstances ? Nous osons dire qu’après la rapide victoire américaine attendue, l’arrogance (dans les domaines géopolitique, mais aussi économique) va s’intensifier et l’arrogance du pouvoir continuer à se manifester. La guerre en Irak ne sera pas la dernière guerre d’agression, d’autant plus que, comme nous l’avons déjà dit, le terrorisme sera probablement fomenté par cette guerre. Le peuple américain continuera à suivre « l’homme fort ». Comment les autres pays vont-ils réagir ? Dans un premier temps, beaucoup, impressionnés par le pouvoir, vont s’allier aux États-Unis. Leur pouvoir augmentera alors encore plus. Mais beaucoup dépendra de qui contrôlera les médias. Plus l’arrogance du pouvoir se déploie, plus la résistance s’accroît. Espérons que ces résistances ne se termineront pas dans la violence, mais qu’elles seront réglées pacifiquement !

La mise en garde contre le péché n’est donc pas du moralisme, mais une préoccupation pour les conséquences du péché et pour l’amour qui est le premier à être blessé. Prions pour George W. Bush et son administration. Et que Dieu nous empêche de mener des croisades au nom de Dieu. Car nous sommes appelés à rendre l’amour de Dieu concrètement visible dans ce monde.


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C’est un désir primordial de l’homme de pouvoir vivre dans un monde idéal. En conséquence, de nombreuses personnes et idéologies ont promis à l’humanité le paradis sur terre – et ont apporté l’enfer. Il suffit de penser à des gens comme Staline, Hitler ou Mao. L’aspiration à un monde idéal est cependant donnée par Dieu. Il n’est donc pas surprenant que l’aspiration à un monde de justice et de paix se retrouve également dans la Bible et fasse partie intégrante de l’espérance prophétique de l’Ancien Testament.

1 Les prophètes de l’Ancien Testament

Les prophètes de l’Ancien Testament ont annoncé le salut de Dieu sous le couple conceptuel de la paix et de la justice, entre autres choses (par exemple Ésaïe 2:2-4 ; 9:5-6). Les prophètes étaient des visionnaires qui regardaient au-delà de leurs propres périodes sombres et voyaient l’avenir à travers les yeux de Dieu. Ils ne parlaient pas d’eux-mêmes – en ce sens, ils n’étaient pas idéalistes – mais au nom de Dieu et poussés par l’Esprit Saint (2 Pierre 1:21).

L’accomplissement de la vision prophétique exigeait l’obéissance du peuple d’Israël aux commandements de Yahvé. Il l’avait livré d’Égypte et en avait fait sa possession particulière. La tâche propre à Israël était d’être béni par l’obéissance à Dieu, afin de devenir une lumière pour les nations. Mais Israël a échoué. À la fin de l’Ancien Testament, le royaume de Dieu – comme la vision des prophètes a été appelée plus tard – était donc une perspective lointaine.

2 Le Royaume de Dieu dans le Nouveau Testament

Le Nouveau Testament reprend l’espoir des prophètes. Le message du Nouveau Testament est le suivant : En Jésus-Christ, le Fils de Dieu, le royaume de Dieu est enfin arrivé ! Jésus a proclamé : « Le temps est accompli, le royaume de Dieu est à portée de main. Repentez-vous et croyez en l’Évangile ! (Marc 1:15).

Le message de Jésus a suscité des espoirs, mais il a aussi suscité des questions. En Israël, les gens croyaient aux prophètes et attendaient la venue du règne de Dieu. Mais Jésus et ses disciples semblaient ne rien bouger. Il a été noté que Jésus s’est mis à proclamer le royaume de Dieu avec d’anciennes prostituées, des escrocs et de simples campagnards. Pourtant, l’injustice et l’oppression n’ont pas disparu. La question restait posée : où était le royaume de Dieu ?

Jésus a chassé les démons et guéri les maladies, vainquant ainsi Satan et son royaume. En cela, la présence du royaume de Dieu a été démontrée. Un aspect largement oublié est que Jésus pouvait aussi désigner ses disciples et démontrer la présence du royaume de Dieu en eux. Dans la communauté de la racaille rachetée qui a suivi Jésus, le royaume de Dieu avait commencé, car dans cette communauté, les valeurs du royaume de Dieu ont été radicalement mises en pratique. Le royaume de Dieu n’est pas seulement un événement spirituel mais aussi humain et tangible.

Jésus est resté un mystère pour la plupart des Juifs, car on s’attendait généralement à ce que le royaume de Dieu fasse irruption avec puissance. Dans la période entre l’Ancien et le Nouveau Testament, une attente distincte du Messie s’était développée. L’idée générale du Messie – aussi diverse soit-elle – était que le Messie serait un libérateur politique et amènerait le royaume de Dieu en Israël à une prospérité ancienne, similaire au royaume de David et de Salomon. Mais Jésus a enseigné que le royaume de Dieu ne vient pas avec la puissance, mais commence petit comme une graine (Matt. 13:31-32) et est aussi discret qu’un peu de levain (Matt. 13:33). Jésus n’avait pas de programme politique, mais il a proclamé le salut de Dieu aux individus. Cependant, son message était d’une nature si radicale et transformatrice que, s’il était vécu par un groupe de personnes, il pourrait et devrait très bien avoir des implications sociales et politiques.

3 Une communauté du Royaume de Dieu

Une étude attentive des évangiles montre que Jésus a voulu la communauté chrétienne. Il n’a pas seulement proclamé le royaume de Dieu, il a aussi rassemblé les gens qui appartenaient à ce royaume. Il a appelé des individus à le suivre et a commencé à les former en une communauté du royaume de Dieu. La relation entre la communauté chrétienne et le royaume de Dieu est d’une importance fondamentale. L’église est le peuple du royaume de Dieu. Il ne doit pas être assimilé au royaume de Dieu, mais est une démonstration visible de l’entrée du royaume dans l’histoire. En elle, l’espoir des prophètes commence à se réaliser, qui avaient parlé du royaume de Dieu non seulement pour changer les individus, mais aussi pour changer la société.

Ce n’est qu’après que les disciples de Jésus aient été aspergés du Saint-Esprit (Actes 2:1 ss) que la prise de conscience fondamentale qu’ils étaient le peuple du royaume de Dieu s’est imposée. Cette prise de conscience a révolutionné leurs relations. Ils ont commencé à se considérer non seulement comme des individus rachetés, mais également comme une communauté rachetée. Le livre des Actes témoigne avec force de la puissance transformatrice de cette réalisation. La première communauté chrétienne est devenue une alternative attrayante à la structure sociale dominante. On pouvait voir et sentir que le royaume de Dieu était présent dans leur communauté.

4 Les trois valeurs du Royaume pour aujourd’hui

Toute église, si elle prétend être l’église du Christ, doit s’engager à respecter les valeurs du royaume de Dieu. Il doit s’agir d’une communauté du royaume de Dieu au sens le plus vrai du terme.

La première et principale caractéristique de l’église chrétienne doit être l’amour. Jésus a déclaré que l’amour était la priorité absolue (Jean 13:34). Toutefois, il ne faut pas mettre cela sur le même plan que le concept postmoderne de tolérance. Elle est plutôt orientée vers Jésus-Christ lui-même (Jn 13, 35).

Un deuxième royaume de valeur de Dieu est la joie (Gal 5, 22). Jésus a célébré des fêtes de joie avec ses disciples. Il a donc été accusé d’être un glouton et un ivrogne (Lc 7:34). Mais Jésus a simplement réagi différemment à l’oppression politique et aux difficultés économiques que ne l’a fait l’establishment juif. Pendant que ce dernier se plaignait et jeûnait, Jésus célébrait ! Pour lui, comme l’a dit Jürgen Moltmann, le règne de Dieu était comme la joie d’un mariage. Les chrétiens devraient pouvoir faire leur deuil et célébrer parce qu’ils vivent dans la certitude que Dieu a déjà commencé le renouvellement du ciel et de la terre.

La paix est la valeur de Dieu pour un troisième royaume. Esaïe a prévu que grâce à l’enfant qui naîtra, une paix éternelle viendra au peuple (Esaïe 9:5-6). Le Nouveau Testament voit cet enfant de la paix comme étant Jésus-Christ (Luc 2:14). Jésus a loué les artisans de la paix et les a appelés enfants de Dieu (Mt 5,9). Les chrétiens devraient être des artisans de la paix. L’Église est appelée à dépasser les frontières et à vivre la réconciliation dans ses propres rangs.

Lorsque le Nouveau Testament considère l’amour, la joie et la paix comme des valeurs décisives du Royaume, il ne s’agit pas d’une utopie séculaire de salut. Le Nouveau Testament montre clairement que la paix est le résultat de l’action du Saint-Esprit (Gal 5, 22-23), et que la paix n’existe qu’en Jésus-Christ. « Il est notre paix » (Eph 2, 14). Une philosophie de la paix divorcée de la fidélité de disciple au plus grand pacificateur de tous les temps n’est rien d’autre qu’une utopie ; inversement, une foi sans un engagement radical envers le royaume de Dieu n’est rien d’autre qu’une hypocrisie.


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Ne sommes-nous pas toujours préoccupés par l’état de notre société ? Les valeurs fondamentales comme l’honnêteté et la responsabilité sont en déclin. Nos téléviseurs crachent de la violence, des banalités et des obscénités. Nous vivons dans un monde de griefs.

Dans le Sermon sur la Montagne, Jésus a dit que ses disciples pouvaient et devaient faire quelque chose contre les maux.

Pour ce faire, il a utilisé l’image du sel et de la lumière. Vous êtes le sel de la terre… vous êtes la lumière du monde », dit-il à ses disciples (Mt 5, 13-16). Le sel était utilisé pour conserver les aliments. Le sel a un pouvoir de conservation. Jésus a appliqué ce simple fait à nos vies. Il voulait que ses disciples soient comme le sel pour le monde ; ils devaient avoir une influence préservatrice sur ceux qui les entouraient tout au long de leur vie. Le mot figuratif de lumière est similaire. Lorsqu’il n’y avait pas d’électricité, la ménagère a allumé une lampe à pétrole alors qu’il faisait nuit. Elle l’a placé au milieu de la pièce sur un endroit surélevé afin que la flamme puisse répandre sa lumière dans toute la pièce. Jésus voulait que ses disciples soient de telles lumières dans les ténèbres. L’obscurité est ici synonyme d’impiété et de désorientation. Les disciples du Christ doivent apporter la lumière dans l’obscurité de leur environnement et donner une orientation.

Comment les chrétiens peuvent-ils être sel et lumière et contribuer au renouvellement de la société ?

La Bible nous donne des directives pratiques et des exemples utiles. Il nous aide à examiner notre société de manière critique et nous fournit des réponses de Dieu. La Bible a été écrite dans des situations similaires à la nôtre. De nombreux textes bibliques ont été donnés en réponse à des maux sociaux. Les gens à qui la parole de Dieu a été adressée à l’époque étaient tout aussi préoccupés par l’état de la société dans laquelle ils vivaient que nous le sommes aujourd’hui. Eux aussi se demandaient ce qu’il fallait faire face aux griefs.

L’une des choses les plus importantes que nous puissions faire – et que nous devons faire – est de développer une attitude critique.

L’apôtre Paul, dans Romains 12:1-2, nous appelle à développer une attitude socialement critique. Il invite ses lecteurs à ne pas adopter sans discernement les schémas de pensée de leur culture. L’apôtre indique ainsi qu’il s’inscrit, comme Jésus, dans une tradition prophétique qui ne s’est pas contentée d’adopter le statu quo sans critique, mais l’a soumis à la critique de la révélation de Dieu. Il faut dire tout de suite qu’il ne s’agit pas d’un « non », mais d’une attitude critique envers le monde.

Les meilleurs exemples d’une attitude à la fois critique et constructive sont donnés par les prophètes de l’Ancien Testament. Ils aimaient leur peuple d’un amour passionné, et en même temps, ils étaient leurs critiques les plus sévères.

Un exemple de l’attitude des prophètes se trouve dans Esaïe 2:6-8. Esaïe a critiqué ses contemporains pour avoir couvert le pays de sorciers et de devins (Esaïe 2:6). Dans le même souffle, il a critiqué le matérialisme débridé. Ton pays est plein d’argent et d’or et de trésors innombrables » (Is 2,7). (Ésaïe 2:7). Enfin, il s’est également retourné contre l’idolâtrie. Il se plaint que le pays est rempli d’idoles et que chacun adore son propre travail (Esaïe 2:8).

Les prophètes de l’ancien Israël ont établi une critique de la société basée sur la révélation de Dieu. Ils n’étaient pas des idéalistes au sens strict du terme, mais se savaient poussés par l’Esprit de Dieu. Ils ne s’excusent pas d’avoir défendu Dieu comme étant le seul vrai, ni de ses exigences envers l’individu et la société juive. Ce qui est remarquable dans leur critique sociale, c’est son équilibre. Aucun prophète ne s’est spécialisé, pour ainsi dire, dans les transgressions morales et a ainsi laissé de côté les autres griefs. Isaïe a soumis son peuple à une critique globale. Le spiritisme et le matérialisme sont dénoncés, ainsi que l’idolâtrie.

La Bible est un guide très pratique pour une critique sociale constructive. Ceux qui la prennent au sérieux ne peuvent pas accepter le statu quo sans remettre en question.

Mais une attitude critique ne suffit pas.

Les chrétiens doivent faire ce que dit la Bible. Dans la bible, il est constamment demandé aux croyants de faire le bien (par exemple Mt 5,16 ; 2Ti 3,17 ; Ep 2,8-10). Il est maintenant d’une importance fondamentale de ne pas confondre la grâce avec l’action ou le travail. La réconciliation avec Dieu est une pure grâce. C’est sur la base de la mort de Jésus Christ qui a souffert pour nous. Elle est accessible par la foi et l’acceptation du Christ comme Seigneur, et non par l’action. Dans le Nouveau Testament, l’image suivante apparaît : En ce qui concerne l’acceptation par Dieu, il est dit : « Par la grâce, vous avez été sauvés par la foi ». (Eph 2:8). En ce qui concerne ce que Dieu veut faire de la vie de ceux qui ont reçu son salut, il dit : « Nous sommes ses créatures, créées en Jésus-Christ pour faire dans nos vies les bonnes œuvres que Dieu a préparées pour nous à l’avance » (Eph 2:10). (Eph 2:10).

La foi en Jésus-Christ, le Fils de Dieu, libère les gens pour qu’ils fassent ce qu’ils sont censés faire. La liberté chrétienne n’est pas un laissez-passer, mais une libération de l’esclavage de l’égocentrisme destructeur pour pouvoir faire la volonté de Dieu. La foi pousse à l’action ; dans l’amour de Dieu et du prochain, elle démontre sa vitalité. Dieu ne nous tient pas pour responsables des causes des maux de la société, car la plupart ne sont pas le résultat direct de nos actions. Nous sommes pris dans un contexte plus large de structures pécheresses. Mais nous sommes coupables si nous acceptons la poursuite des griefs et ne faisons rien pour y remédier.

Mais que pouvons-nous faire concrètement ?

J’aimerais esquisser quelques réflexions : Le plus important est que nous commencions – même si c’est la fameuse goutte d’eau dans l’océan ! Le meilleur endroit pour commencer est l’amour. L’amour, l’amour, l’amour ! Il n’est pas nécessaire d’être un expert pour aimer. L’amour est versé dans nos cœurs par l’Esprit Saint (Rm 5, 5).

Nous avons également une responsabilité politique. Être sel et lumière à notre époque signifie aussi participer au processus politique. Ne rien faire, c’est accepter les choses telles qu’elles sont. C’est pourquoi nous ne pouvons pas laisser les élections et les votes aux « autres ». Si notre compréhension de la démocratie se limite à distinguer entre 25 marques de dentifrice au supermarché, nous devons nous demander si nous avons compris ce que Jésus nous a appelés à faire.

Nous devons également nous montrer critiques envers nous-mêmes et remettre en question notre mode de vie. Pourvu que nous nous considérions comme des chrétiens engagés ? par exemple, notre comportement de consommateur parle-t-il au nom de notre foi ? Nageons-nous en même temps ou sommes-nous une alternative ? Si nous consommions moins sans critique, cela changerait l’ordre du marché. Les stratèges du marché et les publicitaires se feraient pousser des cheveux gris, car ils ne craignent rien tant que les gens cessent d’être influencés par leurs campagnes publicitaires ineptes. Imaginons : Quand il s’agit de publicité, les gens s’éteignent tout simplement ! Qu’ils se déchaînent avec leurs banalités ? on s’en fout ! Cela mettrait quelque chose en route. La question est de savoir qui va la lancer.


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La force de la non-violence

« Résistez, résistez, Résistez », c’est en scandant ces mots que ceux que les médias nomment le bloc noir, ont encouragé une partie des leurs à casser le long de la manifestation du 1er juin : qui en s’attaquant à un «morceau» de Poste, qui à une façade de bâtiment bancaire, qui à une station d’essence, qui à un arrêt de bus (et tout de suite remis à l’ordre par ses camarades !), qui à un panneau de circulation.

Nous étions parmi eux à marcher ; nous étions avec eux à échanger une parole, à limiter le nombre des munitions (pierres résultant de la destruction d’un muret, morceaux de bois…), à nous interposer entre eux et les bâtiments visés… (tout près d’eux comme des basketteurs !) laissant sprayer, mais tentant de nous interposer quand le projet était de casser. Evidemment, nous étions trop peu. Mais où nous intervenions ? en s’entraidant en cas d’amorce de conflit, les choses se détendaient ! Nous agissions individuellement, mais savoir les autres à proximité était précieux.

Une alternative à la violence répétitive du monde
Parmi ces hommes et ces femmes en partie masqués ou cagoulés, souvent un bâton à la main, pour certains un casque à la ceinture, je me suis toujours sentie en sécurité, même si nos compagnons étaient remplis d’une immense colère, et de haine aussi. L’un d’eux me disant : «Votre non-violence, cela ne sert à rien. Si mon grand-père, travailleur dans les mines, ne s’était pas opposé par la violence, on serait encore dans cet esclavage.». Je mesurais le privilège de ma situation : voir un ad-venir autre que la violence répétitive du monde.

Notre petit groupe hétéroclite ? créé pour l’occasion ? marchait avec ce qu’il me plaît d’appeler le bouclier de la Confiance, soutenu par la prière de beaucoup, les uns à notre permanence de Genève, d’autres ailleurs en Suisse, et bien sûr dans mille lieux du monde. La force de communion est une grâce.

La vue d’appareils photos et de caméras rendaient fou furieux ces manifestants particuliers (un peu différents des 70 000 autres). Quand ils voyaient un appareil trop insistant, ils auraient été prêts à s’en prendre au propriétaire. A cause d’eux, je goûtais un peu ce qu’est la Liberté : marcher à visage découvert en nous affichant avec ces brebis « noires », sans nous préoccuper du fichier policier dans lequel nous tombions en ce jour. Cela avait peu d’importance. L’essentiel était d’être présent avec eux, ici et maintenant.

Quand on observe depuis l’extérieur ces 150 manifestants, on voit un groupe agressif, on imagine la menace qu’ils constituent, la peur qu’ils réveillent en nous. Pourtant, ce jour-là, il aurait suffi de 100 personnes paisibles simplement prêtes à marcher parmi nous au milieu d’eux, avec en plus une quinzaine de manifestants pratiquant ? comme nous tentions de le faire ? le « peace keeping », et la dynamique de violence du groupe aurait été non pas paralysée mais bel et bien dissoute ! Je suis certaine qu’il n’y aurait eu AUCUN DEGAT durant cette manifestation dont la police s’était volontairement écartée. De même, avant la douane de Vallard, la présence entre le cortège et les stations services d’une centaine de personnes, par exemple de gymnasiens sensibilisés à la non-violence, aurait suffi à éviter toute déprédation. La preuve. A la douane de Vallard, alors que tous les bâtiments étaient vitrés. Aucun n’a été cassé, car les autres manifestants, et le service d?organisation, ont constitué la protection la plus efficace.

Une médiation réussie, mais limitée
Notre groupe comptait encore six personnes lorsque nous sommes retournés en ville, du côté de Rive. Là, nous arrivions au milieu d’une confrontation police/manifestants. A plusieurs reprises, avec le service d?organisation bénévole et quelques parlementaires observateurs, nous avons pu nous interposer fructueusement. Ce qui occasionnait une petite bouffée de fierté… avant de se déplacer vers un autre point chaud, et de recommencer le tout avec persévérance et patience.

Placés tout près des manifestants et provocateurs (souvent des adolescents), nous avons eu à nouveau des moments privilégiés d’échanges. A ma question du pourquoi de son attitude, l’un d’eux a fait se retourner son copain. Sur son tee-shirt, en anglais, j’ai lu : « Je préfère mourir debout que vivre à genoux. » A quoi, j’ai répondu : « Je suis d’accord avec cela. C’est pourquoi je suis là, en face de toi, debout. » A cause de leur rage meurtrie au c?ur, ils m’ont touchée mes compagnons d’un jour. Et mon éc?urement est allé aux pseudo-badauds juste là en voyeurs, comptant les points et se lavant les mains de la violence à laquelle ils contribuaient par leur présence.

Quand la police anti-émeute (qui se trouvait toujours dans notre dos!) a chargé avec ses bombes assourdissantes, ces balles colorantes, etc. la soirée est passée dans une troisième phase, celle des combats de rue. Nous retrouvant à l’écart, nous avons décidé de repartir pour notre permanence en faisant un crochet par la gare (potentiellement chaud), ne déplorant que quelques éraflures et taches de peinture ! N’ayant plus les moyens de mener une action fructueuse, nous avons abandonné les rues basses à la violence des uns et des autres.

A lire les journaux, entendre les commentaires radio/TV, notre action (et celle des bénévoles de l’organisation) semble n’avoir servi à rien. Elle n’a pas même été mentionnée ! Pourtant, chacun de nous (dix personnes au total) avons pu expérimenter ? les uns pour la première fois, les autres une nouvelle fois ? la FORCE de la non-violence.

Pour moi, le bilan de la journée ne se chiffre ni en millions de francs, ni en tactiques policières, mais en nombre de relations privilégiées tissées de manière personnelle et intense l’espace de quelques instants avec l’un ou l’autre interlocuteur anonyme, effaçant toute autre préoccupation que ce c?ur à c?ur. Notre action se justifie dans l’interpellation (parfois irritée) qu’a suscité notre interposition pacifique, juste par notre corps, les mains nues et le visage découvert. Nous ne saurons jamais ce qui germera de ces moments partagés.

Plus que jamais, il s’agit de Résister? vous aussi, résistez à la violence, et à ce sentiment d’insécurité, d’impuissance que cultive et fait grandir en nous le monde (du pouvoir/des médias) avec le projet occulte de CASSER… l’Elan vital de notre Espérance.

Marie-Laure Ivanov, Lausanne, juin 2003