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La Bible nous enseigne que tous les hommes doivent être traités sur un pied d’égalité : nous ne devons pas faire preuve de plus d’égards envers les riches qu’envers les pauvres (Jc 2:2). Pourtant, dès lors que nous avons quelque chose à y gagner, la réalité se révèle vite différente. La Suisse pourrait à présent mettre fin à sa « danse autour du veau d’or ». Le 3 octobre, le Conseil national examinera l’initiative parlementaire sur la suppression de l’imposition forfaitaire.

L’imposition forfaitaire

En Suisse (dans d’autres pays aussi, certes), il existe une loi autorisant les cantons et les communes à accueillir de riches ressortissants étrangers qui n’y exercent pas de vie active, sans que ceux-ci doivent s’acquitter des mêmes impôts que les contribuables Suisses. Le canton conclut avec eux un accord d’imposition forfaitaire, qui ne prend pas en compte le revenu réel et la fortune en tant que base d’imposition, mais seulement les « dépenses vitales ». Ils déboursent ainsi une toute petite partie de ce qu’ils devraient payer à l’étranger ou de ce qu’un Suisse possédant une fortune comparable paierait. C’est pourquoi, plus de 3000 personnes soumises à cette imposition forfaitaire vivent actuellement en Suisse. Un nombre qui ne fait qu’augmenter. Différents cantons attirent sciemment les étrangers fortunés et ont développé des stratégies à cet effet. Certains les sollicitent pendant leurs vacances en Suisse (le Valais est particulièrement actif), d’autres approchent les réfugiés fiscaux par l’intermédiaire de bureaux d’information à l’étranger.

En automne 2004, le journal « Der Beobachter » a fait un test : un très riche étranger fictif a adressé un courrier écrit à une bonne trentaine de communes suisses, leur demandant si elles étaient disposées à lui accorder un domicile avec imposition forfaitaire, une piste d’atterrissage pour hélicoptère et une aide pour trouver un terrain constructible. Près de la moitié des communes contactées ont répondu par l’affirmative et ont même proposé généreusement leur aide. Quel pauvre hère serait traité avec tant d’égards ?

Schumacher et Cie

L’exemple le plus connu est bien sûr celui du pilote de Formule 1 Michael Schumacher. Son revenu annuel atteint 100 millions de francs et sa fortune avoisine le milliard. Malgré cela, il ne paie à Vufflens-le-Château (VD) que la somme dérisoire de 2 millions de francs d’impôts par an. Il l’a dit ouvertement : « Ce qui m’a attiré en Suisse, c’est que je pouvais avoir un arrangement fiscal raisonnable. En Allemagne, ils sont bien bêtes de ne pas faire de proposition et de renoncer ainsi complètement à l’argent de mes impôts. » L’égalité devant la loi est en pareil cas annihilée par le pouvoir de l’argent. Michael Schumacher considère manifestement qu’il serait « déraisonnable » de n’avoir à sa disposition que 60 millions de francs, contre 98 actuellement. L’avidité perd ici tout sens des proportions. Certains politiciens pensent en effet qu’une hausse d’impôts entraverait la « volonté de travailler ». A cet égard, nous devons, premièrement, nous demander sincèrement si nous sommes à ce point insatiables, et deuxièmement, constater que de tels salaires n’ont plus rien à voir avec le travail fourni, mais seulement avec la valeur marchande. Bien sûr, la performance doit être récompensée, mais nous partons également du principe que les impôts doivent être calculés en fonction de ce qu’un invidivu PEUT payer. Avec de telles rémunérations, le contribuable a encore largement de quoi vivre.

Supprimer, maintenant !

En 2003, Susanne Leutenegger (PS) a déposé une initiative parlementaire auprès du Conseil national. Elle réclame la suppression de cette loi sur l’imposition forfaitaire. Cette intervention va être examinée par le Conseil national à la fin du mois de septembre. Nous soutenons cette initiative par une lettre adressée à un certain nombre de conseillers nationaux. Une opposition s’est naturellement déjà formée contre cette initiative, en l’occurrence un lobby de représentants des cantons abritant un nombre particulièrement important de réfugiés fiscaux, à savoir Vaud, le Valais, le Tessin, Genève et les Grisons. Ils veulent faire comprendre aux conseillers nationaux que la Suisse tire profit de cette pratique d’imposition forfaitaire et qu’elle perdrait de nombreux contribuables très riches en abrogeant cette loi.
Mais voulons-nous vraiment abandonner l’égalité devant la loi pour gagner davantage ? Dans d’autres pays, ce procédé serait qualifié de corruption. Afin d’attirer les riches, la Suisse se rend tout simplement coupable de complicité à l’évasion et à la fraude fiscale, et ce de manière ouverte et éhontée. Pendant combien de temps encore devrons-nous tolérer cette misérable « danse autour du veau d’or » ‘ N’est-il pas préférable de nous débarrasser enfin de cette honte devant Dieu ? En effet, cette loi n’a pas d’autre raison d’être que de servir d’appât aux réfugiés fiscaux. Le critère ne doit pas être de savoir si l’on y gagne ou non. Car nous ne profitons qu’au détriment des autres pays, en leur faisant du tort.
Prions pour que les parlementaires votent ici en faveur de la Justice et non pas pour Mammon.
Traduction : Céline Boisson, novembre 2005

Notre lettre aux conseillers nationaux de différents partis

Objet: L’initiative parlementaire sur la suppression de l’imposition forfaitaire

Madame la Conseillère nationale, Monsieur le Conseiller national,
Dans quelques jours, vous allez vous prononcer sur la suppression de l’impôt forfaitaire. ChristNet, un forum chrétien traitant de questions de société, souhaiterait vous soumettre les réflexions suivantes :
. Selon nous, il serait judicieux de nous préoccuper en premier lieu de savoir si la façon d’agir de la Suisse est défendable ou non d’un point de vue éthique, et ensuite seulement de considérer les avantages matériels.
. L’impôt forfaitaire pour les étrangers fortunés va à l’encontre du principe d’égalité devant la loi. Même si « la Suisse » en profite pour l’instant, à long terme la confiance en la justice et la morale des contribuables vont s’en trouver minées.
. La Suisse y gagne certes, mais au détriment des pays d’origine des réfugiés fiscaux. Peut-on faire du tort aux autres pays sous prétexte qu’on en profite?
. Fondamentalement, par le biais de l’imposition forfaitaire, nous nous rendons coupable de complicité à la fraude fiscale. Est-ce vraiment ce que nous voulons ?
. Même sans l’imposition forfaitaire, les personnes concernées paieraient en règle générale moins d’impôts en Suisse qu’à l’étranger, mais bien plus que ce qu’ils paient pour le moment. Même si une petite partie de ces personnes quitterait la Suisse à cause de la suppression de l’imposition forfaitaire, il n’en reste pas moins que les recettes fiscales restantes seraient plus élevées qu’auparavant. Nous sommes convaincus que la Suisse a tout à gagner à jouer la carte de l’honnêteté !
. Il ne nous paraît pas non plus justifié d’affirmer qu’une hausse des impôts constitue un frein aux performances ; car auprès des revenus élevés et des grosses fortunes concernés, il s’agit davantage de valeur marchande du travail que de performance.
Nous vous prions de bien vouloir prendre en compte ces remarques dans votre décision. Que Dieu vous bénisse.
Veuillez agréer, Madame la Conseillère nationale, Monsieur le Conseiller national, nos salutations les meilleures.

Markus Meury
ChristNet

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Ma femme et moi étions à Cuba pendant deux semaines l’année dernière. Nous étions avec l’ouragan Ivan, qui avait la même force que Katrine maintenant. Un ouragan s’annonce 10 jours à l’avance, est ensuite suivi par les satellites météorologiques et sa trajectoire peut désormais être calculée de plus en plus précisément par les ordinateurs météorologiques. Dix jours avant l’arrivée d' »Ivan », les premiers rapports ont été diffusés, une semaine avant que les premières mesures ne soient prescrites et quelques jours avant que l’évacuation de centaines de milliers de personnes ne soit préparée. Nous avons été témoins de tout ce qui y a été mis en œuvre pour éviter les pertes de vies humaines. Tout le monde a bénéficié d’un endroit sûr, y compris le transport.

Aux États-Unis, il semble que ce soit tout le contraire : il semble qu’on ait simplement dit aux gens « fuyez maintenant », mais personne ne s’est soucié de savoir si les pauvres avaient même un moyen de transport ou un endroit où aller. Des centaines de milliers de personnes restent donc dans leurs misérables Mobile Homes (que j’ai pu voir par moi-même dans le sud des États-Unis il y a quelques années) et dans des logements urbains en espérant qu’elles survivront….

Je suis étonné quand on parle de la « taille inattendue » d’une catastrophe, où rien n’aurait pu être fait. Il aurait été possible de sauver la plupart des vies. Cuba subit chaque année des ouragans de catégorie 4 à 5, qui font à chaque fois entre zéro et 20 morts, avec le même nombre d’habitants que les trois Etats touchés aux Etats-Unis réunis. Ce qui se passe aux États-Unis aujourd’hui est une expression de « chacun pour soi », qui peut évidemment être mortelle pour les personnes vulnérables…. Au lieu de se contenter de prier pour que les ouragans passent, certains cercles feraient mieux d’examiner l’enseignement de Jésus sur la solidarité. Je pense qu’il est un peu effronté de refuser d’être solidaire d’une part, et d’autre part d’exiger de Dieu qu’il regarde ailleurs. Je ne suis pas surpris qu’il ne prenne pas tout à la légère…. Une nouvelle réflexion sera-t-elle menée ?

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La justice exalte un peuple : mais le péché est la ruine des hommes ? Proverbes 14:34

 

Introduction

Depuis un certain temps, je suis préoccupé par la manière dont le gouvernement du canton de Berne gère les finances. Je décrirai une expérience personnelle que j’ai vécue avec l’administration fiscale, puis je rappellerai quelques événements de l’histoire financière du canton de Berne et enfin je tirerai quelques conclusions.

Une expérience personnelle

En 1993, j’ai eu un différend avec l’administration fiscale de Berne. De 1962 à 1989, j’ai été pasteur dans l’Église réformée du canton de Berne. Pour diverses raisons, j’ai quitté la fonction publique et j’ai accepté un emploi dans une institution privée qui réhabilite les jeunes ayant des problèmes psychologiques. Mes nouveaux revenus étaient nettement inférieurs à ceux d’avant. Malgré ce changement de profession, j’ai dû continuer à payer pendant deux ans un montant d’impôt égal au revenu plus élevé que j’avais gagné jusqu’alors. Cela signifie que pendant deux ans, j’ai dû payer environ un tiers de mon revenu réel en impôts. Mes recours, jusqu’aux tribunaux administratifs et fédéraux, n’ont pas eu le succès escompté, pas plus qu’une pétition d’un membre du Grand Conseil en notre faveur. En principe, nous avons donc dû payer le montant élevé, sauf qu’on nous a accordé une certaine remise d’impôt, c’est-à-dire que l’injustice a été quelque peu atténuée.

Cette expérience a été très blessante pour nous parce que nous pensions avoir fait quelque chose de bien en décidant de nous engager pleinement auprès de personnes ayant de graves problèmes de vie. Malheureusement, les autorités n’ont pas reconnu ce fait, car à l’époque, elles ont clairement favorisé ceux qui « montaient » dans leur profession et ont négligé ceux qui « descendaient » dans leur profession. J’ai alors fait l’expérience de ce que signifie être traité injustement. J’ai failli maudire les forces politiques qui ont permis que cela se produise. J’aurais aimé jeter une bombe dans la mairie ou me retirer complètement de la responsabilité politique.

Ma famille est même devenue politiquement active, avec des lettres à l’éditeur et une manifestation devant l’hôtel de ville de Berne. Un fou du roi a appelé les grands conseillers qui révisaient la loi fiscale à faire prévaloir la loi. À cette fin, nous avons distribué des dépliants qui se lisent comme suit

Savez-vous combien de larmes ont été versées…

combien de désespoir a déchiré les cœurs ?

combien de malédictions ont été prononcées par ceux qui ont subi une amère injustice aux mains de l’administration fiscale ?

Egalement une facture fiscale

M. Y gagne un revenu brut de Fr. 80’000.– en 1989. Pour cela, il paie Fr. 12 808.– de taxes d’état, municipales et ecclésiastiques, plus Fr. 1 380.– de taxes fédérales, soit un total de Fr. 14 188.–. Il change de profession pour certaines raisons et gagne toujours la moitié de son salaire précédent, soit pour 1990 : Fr. 40’000.–. Cependant, sa dette fiscale est toujours de 14 188 francs, c’est-à-dire qu’il doit encore verser un tiers de ses revenus à l’administration pendant deux ans. Où devrait-il trouver cette somme ?

Un Bernois nommé Eugen Bauer

est tombé du mur du Bärengraben
juste devant un grand et lourd
et connu pour être brutal.

Les gens criaient tout autour
appelant les pompiers.
Les pompiers, après peu de temps,
est apparu et a utilement baissé
la longue échelle sur deux chaînes,
pour sauver l’homme tombé.

Mais voilà : Le fermier était intact,
mais l’ours était complètement nu
(par sa fourrure avec la peau et les cheveux
avait simplement été décollée)
et recherchée dans la peur et la terreur
pour se cacher d’Eugen Bauer !

Puis, soudain, tout le monde a su :
M. Bauer était du bureau des impôts[1].

J’ai donc choisi la voie de la réflexion. Il m’est lentement apparu clairement pourquoi le gouvernement bernois avait été secoué par des échecs déficitaires à plusieurs reprises au cours des vingt dernières années. Les malédictions des petites gens qui sont traitées injustement retombent sur les politiciens qui ignorent les besoins des plus faibles. Tant que les personnes au pouvoir continueront dans le même sens, désastreux, qu’auparavant, elles vont tituber dans de nouveaux scandales financiers.

De l’histoire du canton de Berne.

Depuis le XVIe siècle, la conduite financière des gouvernements bernois a connu une ligne désastreuse. Elle remonte à la mauvaise conduite, c’est-à-dire à des décisions injustes par lesquelles des personnes ont été profondément désavantagées.

De 1528 à 1700, de nombreux anabaptistes bernois qui refusaient de renoncer à leurs convictions furent dépossédés, expulsés du pays ou même exécutés. Le produit des biens anabaptistes était en partie investi dans un fonds, en partie donné au Trésor public, et en partie utilisé pour construire ou rénover des églises. On sait que des familles bernoises de premier plan sont entrées en possession d’anciens domaines anabaptistes dans l’Emmental à des conditions favorables.

En 1653, la guerre des paysans éclate dans le canton de Berne. Elle a été causée par une manipulation financière du gouvernement bernois de l’époque. Elle a dévalué le Batzen bernois, c’est-à-dire l’argent du petit homme de la campagne, par ½, contre la promesse qu’elle avait faite auparavant qu’une telle chose n’arriverait jamais. Lorsque la dévaluation imminente est devenue une rumeur parmi les bourgeois de la ville, ils ont pu passer à temps aux pièces d’or et d’argent, ainsi qu’à l’immobilier. La population rurale s’est vue trompée. Le peuple a commencé à bouillir. C’est ainsi qu’est née la guerre des paysans, qui a été réprimée par les dirigeants avec une force brutale. Les accords entre le gouvernement et les leaders paysans ont été rompus par les représentants du gouvernement. Le gouvernement bernois a écrasé l’armée paysanne avec une force mercenaire. Le paysan Niklaus Leuenberger de Rüderswil, qui, en tant que chef des insurgés, a tenté de suivre une voie conciliante, a été écartelé pour des raisons de dissuasion. Ueli Galli, un fermier d’Eggiwil qui tirait les ficelles à l’arrière-plan, a été pendu à la potence dans le champ de gibet bernois.

En 1984, Rudolf Hafner, auditeur au sein du contrôle financier cantonal, a révélé le comportement financier du gouvernement bernois et a provoqué un tremblement de terre politique. Une BUK (Commission spéciale d’enquête) a enquêté sur le comportement des membres du gouvernement. Résultat : deux conseillers du gouvernement (le directeur des finances Werner Martignoni UDC et le directeur de la police Hans Krähenbühl FDP) ne s’est pas présenté à la réélection.

Dans les années 90, il y a eu une phase de croyance au miracle économique ; Werner K. Rey, par exemple, avait une stratégie d’investissement « infaillible ». stratégie d’investissement. Il a spéculé sur le « succès » des biens immobiliers. Pendant un certain temps, il a été propriétaire de la fabrique de chaussures Bally et l’hebdomadaire « Weltwoche ». Les banques étaient désireuses de lui offrir des crédits et des hypothèques à des conditions avantageuses, y compris la Bernische Kantonalbank BEKB, qui était alors encore propriété de l’État. Lorsque la bulle autour de Werner K. Rey et d’autres « financiers » a éclaté, la BEKB a été confrontée à un désastre. Afin d’éviter un « échouage » de la banque avec une garantie de l’État, des sociétés de sauvetage ont été créées et le canton a dû injecter des fonds supplémentaires. Cette spéculation a coûté au canton un total d’environ 3 milliards de francs de l’argent des contribuables.

Au printemps 2005, la caisse de pension des enseignants du canton de Berne avait un trou béant de plusieurs milliards de francs ? principalement parce que la caisse avait effectué des transactions risquées il y a six ans. En novembre 2004, le Grand Conseil a nommé une commission d’enquête parlementaire contre la volonté du conseil de gouvernement. En août 2005, elle a présenté son rapport sur la débâcle de la Caisse d’assurance des enseignants bernois. Les conseillers cantonaux Mario Annoni, Werner Luginbühl et Hans Lauri, c’est-à-dire 3 des 7 membres du gouvernement cantonal, connaissaient déjà en détail la gestion désastreuse de la caisse de retraite des enseignants en 1999.

Conclusions

Quand notre gouvernement reviendra-t-il aux valeurs fondamentales de la gouvernance ? Dans la Bible, nous lisons : « Quand un dirigeant traite les pauvres avec justice, son gouvernement est ferme et sûr ». (Prov. 29:14) et, « Les dirigeants détestent l’injustice, car la justice renforce un gouvernement » (Prov. 16:12). (Prov.16:12). Quand réalisera-t-elle qu’elle est en fait gouvernée par l’argent ? Quand prendra-t-elle explicitement ses distances par rapport à la règle de Mammon ? (« Personne ne peut servir deux maîtres en même temps. Celui qui veut servir l’un correctement ne pourra pas s’occuper des désirs de l’autre. Tout aussi peu peut-on vivre pour Dieu et l’argent (= Mammon) en même temps ?, Mat.6,24). Quand les dirigeants décideront-ils de servir Dieu ? et de Le laisser leur montrer ce qu’est la justice ?

Ce n’est que lorsqu’ils admettront qu’ils ont construit sur de fausses fondations, lorsqu’ils se souviendront des valeurs fondamentales de notre Dieu et qu’ils le laisseront leur montrer la voie à suivre, qu’ils feront reposer la politique sur des bases solides. La bénédiction sera la leur.

Le 5 novembre 2005, ChristNet organisera une conférence qui traitera de ces questions. Son thème est : « L’argent ou la vie ! La Suisse ? un otage de Mammon ? Nous invitons cordialement tous les Suisses politiquement intéressés à y assister.

Werner Ninck, Berne, juillet 2005

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Le thème de l?argent est de plus en plus d?actualité en Suisse. Même les orateurs évangéliques tels que Earl Pitts parcourent notre pays et nous apprennent à ne pas devenir dépendant de l?argent dans notre vie personnelle. La politique n?a pourtant pas encore été touchée par cet enseignement biblique.

Les chrétiens n?ont pour l?instant encore jamais analysé le rapport de la Suisse avec l?argent. Cela est fort surprenant. C?est comme si on était face à un mur. Pourtant, les liens de la Suisse et de sa politique avec Mammon (ce que Jésus appelle l?idolâtrie) sautent aux yeux.

Il existe de plus en plus de prophéties venant de l?étranger qui poussent la Suisse à renoncer à Mammon :

– En 1997, Bobby Connor (USA) a déclaré lors de la conférence « Feste Speise III », organisée par la Schleife (Winterthour), qu?une malédiction pesait sur la Suisse, notamment en rapport avec Michée 6.7-14, où sont décrites les conséquences d?un enrichissement injuste.

– En 2000, Scott MacLeod (USA) a reçu à Lucerne la prophétie « Le lion de lumière » qui demande à la Suisse et aux communautés de devenir des mercenaires de la miséricorde et non d?être des mercenaires de Mammon.

– Lors d?une réunion de prière, peu avant la votation de la loi sur le partenariat, une chrétienne ougandaise s?est levée et a rappelé aux Suisses que la racine du mal, notamment en Suisse, était Mammon, et aussi longtemps que l?ordre ne sera pas rétabli, le mal continuera d?agir dans ce pays tel que cette votation perdue. De nombreux chrétiens des pays du sud considèrent le secret bancaire suisse comme un péché.

Il n?y a qu?en Suisse où le fait de mentionner ce thème équivaut à soulever un lièvre. Les communautés préfèrent se taire. Et nous, nous bricolons des justifications pour ne pas renoncer à une richesse injuste. Même un responsable d?Eglise préfère contourner le sujet lors du préambule à la prophétie « Lion de lumière » et parler des bonnes racines de la Suisse et d?une conscience quant à sa mission.

Attention, cela ne signifie pas que nous, les Suisses, nous soyons un peuple plus mauvais qu?un autre ou que notre bien-être ne découle pas aussi d?un travail assidu. Mais nous aussi, nous avons notre part d?ombre comme tous les autres pays et Dieu nous invite à nous laisser purifier et guérir. En Suisse, cela concerne essentiellement Mammon et la peur de perdre nos biens.

Où Mammon a-t-il dominé dans le passé et où domine-t-il aujourd?hui ?

Au cours de l?histoire, il existe plusieurs moments où la Suisse a servi Mammon et non Dieu :

– L?époque des mercenaires : une personne entrait en guerre contre un adversaire afin de le tuer pour de l?argent au nom de son commanditaire. Cela équivaut aujourd?hui à un tueur professionnel. La Suisse a donc longtemps été un pays de « tueurs professionnels » et les mercenaires suisses étaient connus pour leur extrême fidélité au commanditaire (et donc à celui qui leur donne l?argent). Bien sûr, de nombreux Suisses ont atterri dans ce « métier » par nécessité, mais la Suisse aurait pu éviter cela au moyen d?une répartition équitable des biens.

– La Seconde guerre mondiale : de nous jours, il y a encore des politiciens qui affirment que c?est avant tout grâce à notre défense que nous avons été épargnés lors de la Seconde Guerre mondiale. Mais la plupart des historiens suisses et étrangers ainsi que les témoins de l?époque savent aujourd?hui que la Suisse n?aurait pu se défendre face à une véritable attaque. Bien sûr, il est également faux d?affirmer que la Suisse a été épargnée par la guerre uniquement parce qu?elle était importante aux yeux des Nazis. Cependant, de nombreuses affaires sombres ne sont pas encore éclaircies.

– Les fonds en déshérence : C?est déconcertant d?entendre parler aujourd?hui de « pression des juifs » souhaitant récupérer des fortunes en déshérence. La Suisse a eu largement le temps de rendre cet argent et si elle ne l?a fait que sous la pression, cela donne plutôt une mauvaise image de nôtre pays. Signalons au passage que l?agent de sécurité Meili, qui a évité que la banque d?importance internationale ne détruise les dossiers à l?époque, est encore considéré comme un criminel !

 

Et aujourd?hui ?

La Suisse s?accroche encore aujourd?hui à l?argent dans de nombreux domaines :

– Le secret bancaire : des milliards d?argent sale sommeillent encore aujourd?hui en Suisse sur des comptes numérotés : de l?argent de dictateurs qui ont volé leur peuple, de l?argent de dealers de drogues ou d?autres criminels à des fins de blanchiment et surtout de l?argent d?évasion fiscale d?un montant de plusieurs centaines de milliards de francs. Le Conseil fédéral continue de déclarer que l?argent est déposé en Suisse uniquement en raison de l?insécurité qui règne dans les pays d?où il provient. Dans le cercle bancaire, on affirme que les autres pays sont les seuls fautifs et qu?ils n?ont qu?à baisser leur taux d?imposition. Personne ne semble accorder d?importance au fait que le système d?imposition étranger est né d?un processus démocratique. Le fait est que la Suisse, grâce à son art de différencier entre soustraction fiscale et fraude fiscale, refuse dans la plupart des cas d?apporter son aide juridique à d?autres pays qui savent que de riches citoyens cachent leur argent en Suisse. Et le secret bancaire continue d?attirer de l?argent sale.

– Pour de nombreux chercheurs d?asile, il est impossible d?entrer en Suisse (cf. textes dans la rubrique « Social »). Par contre les réfugiés fiscaux semblent vraiment les bienvenus : Mobutu avait le droit d?entrer en Suisse et d?en sortir librement et certains cantons possèdent par exemple des bureaux de conseil en Allemagne pour aider de riches réfugiés fiscaux à s?installer en Suisse et faire en sorte qu?ils paient encore moins d?impôts que les Suisses. Une véritable danse autour du veau d?or !

– Par l?évasion de capital des pays du sud (argent qui se cache sur les comptes Suisses), ceux-ci perdent environ 5 milliards de francs par an en impôts. Cependant, son aide publique au développement ne représente qu?un tiers de ce montant (quant à l?aide privée, elle ne représente qu?une fraction) et la tendance est à la baisse…

– En automne dernier, le Conseil fédéral a refusé une remise de dette aux pays pauvres malgré le fait qu?une bonne partie de ces dettes ont été accumulées par des dictateurs courtisés aussi par la Suisse. En outre, une grande partie des dettes ont déjà été remboursées aux travers des intérêts usuraires. La Suisse s?accroche à cet argent contrairement aux états du G8 qui souhaitent annuler la dette de 18 pays pauvres.

– Le plus important objectif législatif 04-07 s?intitule promotion de la croissance, autrement dit accumulation de richesses. C?est étonnant : la Suisse demeure un des pays les plus riches du monde mais comme nous ne savons pas suffisamment partager, nous exigeons de la croissance afin de créer des emplois et d?apporter un revenu suffisant à la plupart des personnes (même pas à toutes) désirant travailler. La morale, l?éthique et la justice sont sacrifiées au nom de la croissance. Le dimanche, les embryons, les familles, etc., en sont quelques exemples. On débite aveuglément que le marché est la panacée et qu?il doit être libéralisé pour que tout aille bien. Le marché est dirigé par Mammon. Un marché libéralisé est une porte ouverte à Mammon. Nous libérons Mammon de règles restrictives afin qu?il puisse agir à sa guise car nous croyons en lui. Selon nos propres dires, nous ne pouvons nous permettre d?établir des restrictions car le marché nous pénaliserait (c?est-à-dire Mammon).

Il est écrit dans la Bible : « Ouvrez le chemin de l?Eternel » (Esaïe 40, 3). Ce verset est également la devise de la journée nationale de prière qui se tiendra le 1er août à Winterthour. La question qui se pose par rapport à ce verset est de savoir qui est notre Eternel. Jésus déclare également que nous ne pouvons pas servir deux seigneurs, à savoir Dieu et Mammon (Matthieu 6, 24). Nous devons faire un choix. De nos jours, de nombreux prophètes nous invitent à faire ce choix. Ne fermons pas notre c?ur à cet appel. Revenons en arrière, purifions notre vie, notre politique, notre économie et nos banques. « Car l?amour de l?argent est une racine de tous les maux », (1 Timothée 6.10), et nous en sentons déjà aujourd?hui les conséquences. Dieu, au contraire, promet de veiller sur nous si nous agissons de manière juste et si nous le prions (et non Mammon). Nous n?avons alors aucune raison d?avoir peur de perdre de la richesse ou des emplois si nous suivons le bon chemin et si nous nous séparons d?un Mammon injuste. La prévoyance et la paix de Dieu nous soutiendront.


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Andreas Missbach est collaborateur à la Déclaration de Berne. Il s?exprimera sur le secret bancaire lors de notre Conférence du 5 novembre 2005.

ChristNetInput: A qui profite le secret bancaire ?

Andreas Missbach: Lorsqu?un riche contribuable étranger veut échapper aux impôts, il peut placer son argent en Suisse. Le secret bancaire garantit l’absence d’entraide judiciaire ou administrative entre les autorités suisses et son pays d?origine en cas d?évasion fiscale.

ChristNetInput: Et à qui cela nuit-il?

Andreas Missbach: Essentiellement aux pays en voie de développement. Leurs recettes fiscales ne leur permettent pas de soutenir leurs écoles et leurs hôpitaux ; de plus, l?évasion fiscale facilitée par les banques suisses leur coûte très cher ? environ 5 fois le budget de la Confédération pour l?aide publique au développement.

ChristNetInput: Que pouvons-nous faire en tant que Suisses pour changer cela?

Andreas Missbach: La Suisse devrait simplement supprimer la distinction entre la soustraction (ou évasion) fiscale, non punissable, et la fraude fiscale, punissable. En cas de soupçon de fraude, il est d?ailleurs possible de lever le secret bancaire.

Pour en savoir plus, consultez la brochure gratuite de la DB « Guide général sur l?évasion fiscale » (www.evb.ch , 01 – 277 70 00).


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