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Se détacher des richesses (1er et 2e siècles)

La notion de « vie simple » est intrinsèque à la vie des premiers chrétiens : vendre ses biens et les partager est considéré comme quelque chose de normal. En se convertissant, on devient symboliquement frère car enfant d’un même Père. Ce n’est pas ici la pauvreté pour elle-même qui est recherchée mais l’abandon de la richesse au profit de ceux qui possèdent moins. L’histoire du jeune homme riche (Mat. 19.16-22) a interpellé les chrétiens tout au long de l’histoire de l’Eglise et ce texte a été interprété de manière fort diverse. Au Ier et au IIème siècle, cette histoire est interprétée de la manière suivante : ce n’est pas la richesse en tant que telle qui est mauvaise, mais l’attachement aux richesses qui empêche le salut. Pour les premiers chrétiens, il s’agit davantage d’une question de solidarité et de soutien fraternel. Mais la question du jeune homme riche revient fréquemment dans les discussions et l’on commence à se demander si les riches peuvent vraiment être sauvés. L’Eglise constate que les richesses sont utiles, mais qu’il faut dépouiller les âmes de tout désir charnel, c’est-à-dire l’amour désordonné de l’argent.

Le luxe : une usurpation (3e au 5e siècle)

Par la suite, des courants plus militants se développent, courants qui vont jusqu’à chercher le martyre en renonçant à tous les biens et au mariage. La possession de biens est considérée comme démoniaque. L’Eglise condamne ces courants que l’on retrouve pourtant, sous une forme ou sous une autre, tout au long de l’histoire du christianisme. Au IVe et au Ve siècle, Basile de Césarée interprète l’histoire du jeune homme riche en disant que celui-ci n’a pas respecté tous les commandements comme il le prétend puisque, malgré toutes ses richesses, il a laissé mourir de faim ses frères pauvres. Il est pratiquement impossible d’amasser autant de richesses sans violer certains commandements. Basile en conclut que le luxe est une usurpation. Il ne critique donc pas la richesse en elle-même, mais bien la taille de la fortune. D’autres concluent que l’accumulation de grosses fortunes est forcément productrice d’injustices. L‘idée selon laquelle nous ne serions pas les propriétaires des ressources terrestres, mais les gérants de ce que Dieu nous a confié se développe également à cette époque : les ressources globales doivent servir à l’usage de tous.

La pauvreté : un fait matériel

Lorsque le christianisme devient religion officielle de l’Empire, l’idée de martyre disparaît et elle est remplacée par le souci de fuir le monde. Les premiers monastères voient le jour. Ceux-ci permettent aux gens de quitter « le monde » et ses richesses, la perfection évangélique n’y étant pas possible, estiment les adeptes de ces courants monastiques. En même temps, la pauvreté augmente de manière notoire, du fait des famines successives et des épidémies. Les mouvements d’aide aux plus faibles et aux pauvres s’amplifient. Les riches se voient reprocher leurs richesses, acquises aux dépens des pauvres.

C’est à cette époque que l’Eglise commence à recevoir des héritages, qu’elle utilise pour soulager les souffrances des pauvres. L’aide caritative des Eglises s’institutionnalise et l’on assiste à la création des premiers hôpitaux pour accueillir les malades et les pauvres. La pauvreté est essentiellement perçue, à cette époque, sous l’angle matériel, et non plus comme une question spirituelle.

La recherche de la simplicité (11e et 12e siècles)

Aux XIe et XIIe siècles, de nouveaux ordres – qui prônent le retour à la pauvreté – voient le jour. L’objectif est de vivre la simplicité en communauté. Il est intéressant de noter qu’un double discours co-existe : d’un côté la hiérarchie ecclésiastique prône la pauvreté comme voulue par Dieu ; de l’autre côté l’augmentation du nombre de pauvres fait peur à l’Eglise. Les ermites, les gens qui sont sortis du monde, commencent à critiquer de plus en plus le clergé et les prêtres qui prônent la pauvreté sans pour autant la pratiquer. On assiste à l’émergence de mouvements dissidents et conflictuels. Au sein de cette controverse, deux hommes très importants : Saint François d’Assise et Saint Dominique. Tous deux parviennent à trouver des positions médianes : tout en restant attachés à l’Eglise institutionnelle, ils réussissent à ramener le pauvre au centre des préoccupations. Saint François d’Assise et Saint Dominique sont à l’origine de nombreuses aumôneries.

La peur du pauvre (14e siècle)

Au XIVe siècle, la question de la pauvreté du Christ fait surface. A-t-il vraiment vécu dans la pauvreté jusqu’au bout ? Ses disciples n’ont-ils vraiment rien possédé? Le Pape Jean XII déclare hérétique la doctrine selon laquelle le Christ aurait vécu dans une pauvreté absolue. Par la suite, le pauvre devient suspect. Le seul aspect qui rend la pauvreté acceptable, c’est la pratique de l’indulgence par laquelle les riches, avant de mourir, remettent une partie de leurs richesses aux pauvres, afin de s’ouvrir la porte du paradis. Mais le pauvre et la pauvreté sont de plus en plus perçus comme dangereux et le choix de la pauvreté comme mode de vie est de moins en moins accepté. On ne voit plus dans le pauvre l’image de Jésus. Même si certains continuent à s’exprimer en faveur des pauvres – comme Erasme de Rotterdam – la peur est telle que l’on commence à les enfermer.

Entre béatification de la pauvreté et critique social (17e au 20e siècle)

Au XVIIe siècle le service aux pauvres continue de se développer. L’Etat y prend une part de plus en plus active et préconise l’aide à domicile, mouvement qui prendra une grande envergure. Après la recherche de la vie simple, c’est maintenant le service aux pauvres qui est d’actualité. Avec l’avènement du siècle des Lumières, le choix de la vie simple devient insolite. Des monastères sont fermés, et la pauvreté des moines et le martyre, sont ouvertement critiqués. L’Eglise se retire de plus en plus du service public aux pauvres.

Au XVIIIe siècle, la pauvreté perd son statut d’idéal à suivre et laisse la place à une voie intermédiaire. Ni la pauvreté ni la richesse ne sont recherchées, mais une vie frugale. En même temps, le marché se développe ; son existence se fonde sur le principe de la diversité. L’inégalité des fortunes cimente la société en ce qu’elle n’existe que parce qu’il y a des pauvres qui ont besoin de travailler pour vivre. La pauvreté est de plus en plus perçue comme quelque chose de naturel. L’Eglise béatifie non plus la pauvreté du Christ, mais celle de l’être humain qui est nécessaire aux besoins de la société.

Avec la montée du socialisme au XIXe siècle, l’Eglise commence à critiquer les conditions de vie et de travail des ouvriers. La hiérarchie ecclésiastique critique l’exploitation de l’être humain. Cependant, cette critique sociale a souvent été étouffée par la branche traditionnelle de l’Eglise. Ce phénomène s’est poursuivi jusqu’à nos jours où l’Eglise continue à  « réprimer », plus ou moins vigoureusement, la théologie de la libération.

Conclusion

On constate ainsi, pour conclure, que, au cours de l’histoire, le regard de l’Eglise sur les pauvres, ainsi que sa réaction face à la pauvreté et l’injustice, n’ont cessé de changer. Quel regard portons-nous aujourd’hui sur les pauvres et sur la pauvreté ? Quelle est notre action en leur faveur? Peut-être sommes-nous appelés à trouver un juste milieu entre l’indigence et la richesse. Ne serait-ce pas celui de la suffisance ? De même, peut-être sommes-nous appelés à refaire nôtre l’idée de la gérance (Basile de Césarée), à savoir l’idée selon laquelle chacun serait appelé à gérer une partie de la fortune globale de Dieu en faveur de l’ensemble de l’humanité.

 

Lectures conseillées

CHRISTOPHE Paul, Les pauvres et la pauvreté. Des origines au XVe siècle. 1ère partie, Desclée, Paris, 1985.

CHRISTOPHE Paul, Les pauvres et la pauvreté. Du XVIe siècle à nos jours. 2ère partie, Desclée, Paris, 1987.

DOMMEN Edouard, Laisser des grappilles. Contre la convoitise, la fête !, Repères, Pain Pour le Prochain, 2000.

RAHNEMA Majid, Quand la misère chasse la pauvreté, Paris, Fayard; Acte Sud, 2003.

 

Transcription : Silvia Hyka/sn

Cet exposé est très largement inspiré des deux ouvrages suivants:

CHRISTOPHE Paul, Les pauvres et la pauvreté. Des origines au XVe siècle. 1ère partie, Desclée, Paris, 1985.

CHRISTOPHE Paul, Les pauvres et la pauvreté. Du XVIe siècle à nos jours. 2e partie, Desclée, Paris, 1987.

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Jesus war immer provokativ, darum darf ich es ohne schlechtes Gewissen auch sein: Der Gott der Bibel ist ein Gott der materiell (nicht ?geistlich?!) Armen. Diese plakative Aussage stelle ich an den Anfang und beginne nun mit meinen Ausführungen.

Über Armut aus biblischer Sicht wird in Kirchen, Hauskreisen, Jugendgruppen usw. nur wenig diskutiert. Als Schweizer sind wir kaum mit existentieller Armut konfrontiert und daher widmen wir uns anderen Glaubensthemen. Dabei wird trotz meist intensiver Bibellektüre übersehen, wie zentral das Thema Armut respektive Armutsbekämpfung in der Bibel behandelt wird. Die Frage sei erlaubt, ob wir in dieser Hinsicht einfach durch unseren Reichtum geblendet sind.

Gott erwählte im Alten Testament keine antike Supermacht, sondern ein armes Sklavenvolk. Dies ist nur der erste grosse Akt der Solidarität Gottes mit den Armen, der sich im 2. Buch Mose sofort niederschlägt, da die Armenfürsorge bei den Landwirtschaftsgesetzen einen grossen Platz einnimmt. Hier bestimmt Gott z.B. das sogenannte Sabbatjahr: ?Sechs Jahre sollst du dein Land besäen und seine Früchte einsammeln. Aber im siebenten Jahr sollst du es ruhen und liegen lassen, dass die Armen unter deinem Volk davon essen; …? (2. Mose 23,10-11)

Später setzen sich auch die Propheten stark für die Armen ein: ?Höret dies, die ihr die Armen unterdrückt und die Elenden im Lande zugrunde richtet…? (Amos 8,4) Sie verheissen den Armen insbesondere Gottes Beistand: ?Die Elenden und Armen suchen Wasser, und es ist nichts da, ihre Zunge verdorrt vor Durst. Aber ich, der HERR, will sie erhören; ich, der Gott Israels, will sie nicht verlassen.? (Jesaja 41,17)

Als reiche Schweizer Christen überlesen wir solche Stellen meist und begeben uns eher auf die Suche nach Bibelzitaten, die unseren Reichtum legitimieren würden. In den Sprüchen finden wir dann das Übel der selbstverschuldeten Armut beschrieben, in 6,10+11 z.B. folgendermassen: ?Ja, schlafe noch ein wenig, schlummre ein wenig, schlage die Hände ineinander ein wenig, dass du schläfst, so wird dich die Armut übereilen wie ein Räuber und der Mangel wie ein gewappneter Mann.? Natürlich wird hier deutlich, dass Armut in der Bibel nicht glorifiziert wird, doch lässt sich aufgrund dieser und ähnlichen Stelle keine Antwort auf die so oft gestellte Frage finden, ob wir unseren Reichtum nicht auch etwas geniessen dürfen.

Bezüge zu Salomos riesigen Prunktempel gelten auch nicht, obwohl sie heute manchmal dazu verwendet werden, um wenigstens unsere neuen pompösen Kirchenbauten biblisch in ein helles Licht zu rücken. Nein, der Aspekt der Armenfürsorge nimmt in der Bibel einen derart tragenden Charakter ein, dass wir nicht von einem biblisch-legitimierten ?Reichtum-Geniessen? sprechen können.

Wie schon oben angeführt zieht sich die Armenfürsorge von Anfang an durch die Bibel hindurch. So entwirft Josef ein System derselbigen in 1. Mose 41,47-57, indem er in den sieben reichen Jahren genug Ernte einsammelt, um in den sieben Hungerjahren die Armen versorgen zu können. Im 5. Mose 14,22-29 ist dann die Abgabe des Zehnten geregelt, eine für uns bis heute zentrale Methode der Armenfürsorge. Ursprünglich war der Zehnte eine Naturalien-Abgabe aus dem bäuerlichen Jahresertrag und Viehbestand an die Ortsheiligtümer. Diese war in der alttestamentlichen und der neutestamentlichen Zeit überall in der Welt verbreitet. Fälschlicherweise gehen wir heute beim Zehnten immer von genau 10% aus.

Doch beinhaltete die Abgabe des Zehnten in der jüdischen Praxis ca. 2-3% für die Priester, ca. 10% für die Leviten und noch einmal ca. 10% als sogenannter ?Zweiter Zehnt?, der unter anderem an die Armen verteilt wurde. Dies in einem Kontext, wo der Grossteil der der jüdischen Bevölkerung von der Landwirtschaft lebte und der Hauptteil der Einkünfte für die Ernährung aufgewendet werden musste! Und nicht zu vergessen: Es mussten zusätzlich noch 12.5% Steuern an den Staat entrichtet werden.

Der Zehnte ist für uns ein enorm wichtiges Gebot, doch erstaunlicherweise wird diese von Jesus Christus nur ein einziges Mal in Matthäus 23,23 erwähnt (und nicht etwa als Gebot, sondern nur als Reaktion auf die falsche Praxis des Zehnten).

Damit sind wir im Neuen Testament angelangt: Jesus ?personifiziert? Gott vollends als Anwalt der Armen. Im Lukas-Evangelium Kapitel 4-19, die das Wirken Jesu von der Taufe bis vor der Passion beschreiben, geht es in 20% der Verse um Geld und Besitz, sehr oft im Sinne des rechten Umgangs damit, der sich praktisch ausschliesslich in der Armenfürsorge zeigt. Jesus zeigt sich schon zu Beginn solidarisch mit den Armen: Er kommt als armer Säugling eines armen Teenagerpaares in einem (ziemlich sicher) ungemütlichen Stall auf die Welt. Bei seiner ?Antrittspredigt? in Lukas 4,16-30 wendet er sich zuallererst an die Armen: ?Der Geist des Herrn ist auf mir, weil er mich gesalbt hat, zu verkündigen das Evangelium den Armen…? (Lukas 4,18a). Die Seligpreisungen in Lukas 6,20 beginnt er mit folgenden Worten: ?Selig seid ihr Armen; denn das Reich Gottes ist euer.? In der Parallelstelle Matthäus 5,3 wird bei den Armen noch ein ?geistlich? hinzugefügt, Lukas aber spricht hier auf die materiell Armen an. Schenkt Gott den angesprochenen Menschen denn nur aufgrund ihrer Armut ewiges Heil? Anhand dieser Stelle kann diese Frage jedenfalls nicht einfach mit Nein beantwortet werden. Es muss uns schon auffallen, dass nichts von ?Selig, die ihr an mich glaubt? oder ähnliches steht. Natürlich darf aber daraus auch nicht geschlossen werden, dass Armut gar nicht zu bekämpfen ist. Vielleicht kann man aus dieser Stelle folgendes Fazit ziehen: Es wird deutlich, wie sehr sich Gott mit den Armen solidarisiert.

Der rechte Umgang mit Geld und Besitz respektive Armutsbekämpfung ist eines der grossen Themen im Schwerpunkteprogramm Jesu. In der Bergpredigt (Matthäus 5-7) werden die Richtlinien betreffend Gebetsleben von diesem Thema umrahmt, was dessen Wichtigkeit unterstreicht. Nachzulesen ist dies in Matthäus 6.

Jesu Aussagen zu diesem Thema sind absolut kompromisslos. Trotzdem versuchen seine Nachfolger bis heute immer wieder Kompromisse zu machen. Auch der ?radikalste? Christ macht spätestens hier meistens Kompromisse. Jesus hat den reichen Jüngling in Markus 10,17-27 nämlich unmissverständlich aufgefordert, seinen ganzen Besitz zu verkaufen und den Armen zu geben. Der Lohn ist schliesslich ein Schatz im Himmel, was will man mehr…

In vielen Predigten zum reichen Jüngling kann man einen ?Aber-das-heisst-nicht- Mechanismus? ausmachen. Die Geschichte wird erzählt und gleich anschliessend wird deutlich postuliert, dass diese Aufforderung Jesu spezifisch dem reichen Jüngling in seiner Situation gegolten hat und nicht eins zu eins auf uns heute übertragen werden muss. Im Hinblick auf Lukas 12,33, wo Jesus vom Jüngerkreis (!) genau das Gleiche verlangt, müssen wir uns dieser Aufforderung dennoch stellen. Sie bleibt ein Stachel im Fleisch und darf nicht leichtfertig übergangen werden. Zachäus gab die Hälfte seines Besitzes den Armen und zahlte seine Schulden vierfach zurück (wie viel von seinem Besitz ist da wohl übrigggeblieben?…) und aufgrund von diesem konsequenten Geben ist in seinem Haus Heil widerfahren, wie in Lukas 19,9 steht.

In Matthäus 25,31-46 nennt Jesus seine Strategie der Armutsbekämpfung: Hungernde nähren, Dürstende tränken, Fremde beherbergen, Nackte kleiden, Kranke und Gefangene besuchen. Aufgrund dieser Kriterien wird er beim Weltgericht die Menschen voneinander scheiden. Hier geht es also nicht um beiläufige christliche Liebenswerke, hier geht es um Faktoren, die nach dieser Endzeitrede über Heil und Unheil entscheiden…! Natürlich argumentiert Jesus hier nahe an der Werkgerechtigkeit und wir fragen uns, wo denn die Gnade allein aus Glauben bleibt. An dieser Stelle sind die Worte Jesu einfach sehr deutlich und wir dürfen sie nicht zu schnell mit der ?bedingungslosen Gnade? überdecken, sonst werden wir ihnen nicht gerecht.

Die Liste von Jesu Aussagen könnte noch um einiges erweitert werden. Abschliessend sei noch einmal gesagt: Die Bibel glorifiziert Armut nicht, sondern setzt sie voraus. Der Schwerpunkt liegt daher bei der Armutsbekämpfung. Deshalb werden die Reichen so enorm herausgefordert. Gott hat sich mit den Armen solidarisiert, vielleicht kann man wie in der Einleitung sogar sagen: Beim Gott der Bibel handelt es sich um einen Gott der materiell (nicht ?geistlich?!) Armen. Eine gewagte These. Fakt bleibt, dass Armut aus biblischer Sicht im reichen Kontext der Schweiz viel zu wenig thematisiert wird.

Autor: Stefan Hochstrasser

Quellen

Brandscheidt, Renate. ?Zehnt.? Lexikon für Theologie und Kirche. Hrsg. Walter Kasper. 3. völlig neu bearb. Aufl. Bd. 10. Freiburg: Herder, 2001, 1394-1398.

Goldberger, Michael. ?Zeit-Spiegel: Jüdische Feiertage.? Universität Bern, Bern. 15. Juni 2005.

Hochstrasser, Stefan. ?Über Geld spricht man nicht… ? Eine Analyse von Predigten zum Thema Umgang mit Geld und Besitz.? Diplomarbeit Theologisch-Diakonisches Seminar Aarau, 2005.

Kutsch, E. ?Armut.? Die Religion in Geschichte und Gegenwart. Handwörterbuch für Theologie und Religionswissenschaft. Hrsg. Kurt Galling. 3. völlig neu bearb. Aufl. Bd. 1. Tübingen: J.C.B. Mohr, 1958, 622-624.

Lohse, Eduard. Umwelt des Neuen Testaments. Das Neue Testament Deutsch. 10., durchges. Aufl. Ergänzungsreihe Bd. 1. Göttingen: Vandenhoeck&Ruprecht, 2000.

Lutherbibel 1984

Schröder, Heinz. Jesus und das Geld. Wirtschafskommentar zum Neuen Testament. 3.erw.Aufl. Karlsruhe: Gesellschaft für kulturhistorische Dokumentationen e.V., 1981.

Stückelberger, Christoph. ?Gottes Strategie der Armutsbekämpfung ? und unsere Antwort.? EVP-Bettagskonferenz, Olten. 17. Sept. 2005.

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Le cœur de Dieu pour les pauvres

Les Égyptiens nous ont opprimés et nous ont forcés à travailler dur. Et nous avons crié au Seigneur Dieu de nos pères pour qu’il nous vienne en aide. Il nous a entendus et, par besoin, par misère et par esclavage, il nous a aidés. Il a fait peur aux Égyptiens et les a terrifiés par ses étonnants miracles. Il nous a fait sortir d’Égypte avec une main forte et le bras tendu. Il nous a amenés dans ce lieu saint et nous a donné cette terre qui déborde de lait et de miel. (Genèse 26:6-9)

Si j’étais comme vous, je sais ce que je ferais : je porterais tous mes problèmes devant Dieu. C’est lui qui fait des miracles, infiniment nombreux, si grands que nous ne pouvons les comprendre. Il fait tomber la pluie sur la terre afin que l’eau arrose tous les champs. Il élève haut ceux qui sont bas, il fait trouver la joie à ceux qui pleurent et qui sont en deuil. Il attrape les rusés avec sa ruse ; ce que leurs esprits sages conçoivent fièrement, il le retourne et le détruit. Il les frappe d’aveuglement à midi et les fait tâtonner comme dans une nuit noire. Il aide les faibles, les protège des calomnies et les arrache aux mains des oppresseurs. Il donne confiance et espoir aux pauvres, mais les méchants ont la bouche fermée. (Emploi 5:8-16)

Poursuivez-vous Dieu, le grand et le juste ? Pensez-vous qu’il est un ennemi de la justice ? Alors comment pourrait-il diriger ce monde ? Seul Dieu peut appeler un roi un bon à rien et dire aux grands : « Vous êtes des criminels ! Seulement, il n’a aucune considération pour les princes, et ne préfère aucun homme riche à un homme pauvre, car tous sont des créatures de ses mains. (Emploi 34:17-19)

Mais vous n’êtes pas aveugle ! Vous voyez toute la souffrance et le désastre et vous pouvez aider. C’est pourquoi les faibles et les orphelins viennent vous voir et vous confient leur cause. (Psaume 10:14)

« Oui », dit le Seigneur, « maintenant j’interviens ! Car les pauvres sont opprimés et les impuissants gémissent. Je vais apporter la libération aux opprimés ». (Psaume 12:6)

Je le sais, Seigneur : tu défends les opprimés, tu rendras justice aux sans défense. (Psaume 140:13)

Pour tous ceux qui sont pauvres et sans défense, vous êtes un refuge en cas de besoin, un abri dans les douches froides, une ombre dans le soleil chaud. (Esaïe 25:4)

Les misérables et les pauvres cherchent de l’eau, mais il n’y en a pas ; leur langue se dessèche de soif. Moi, l’Éternel, je les écouterai, moi, le Dieu d’Israël, je ne les abandonnerai pas. (Esaïe 41:17)

Si vous m’offrez des holocaustes, je ne prends pas plaisir à vos dons, et je ne veux pas voir vos gros sacrifices de salut. Fini le bruit de vos chansons ! Je n’entendrai pas ta harpe jouer, mais la justice coulera comme de l’eau, et la droiture comme un ruisseau qui n’en finit pas. (Amos 5:22-24)

Maintenant, il renverse les puissants du trône et relève les opprimés. Il donne à manger aux affamés et renvoie les riches les mains vides. (Luc 1:52-53)

Jésus est donc aussi venu à Nazareth, où il avait grandi. Le jour du sabbat, il se rendait à la synagogue comme d’habitude. Il se leva pour lire les Saintes Écritures, et le serviteur de la synagogue lui tendit le rouleau avec les paroles du prophète Ésaïe. Jésus l’a enroulée et a choisi le passage où il est dit : « L’Esprit du Seigneur s’est emparé de moi parce que le Seigneur m’a oint et m’a donné du pouvoir. Il m’a envoyé pour porter une bonne nouvelle aux pauvres, pour annoncer aux captifs qu’ils seront libres, et aux aveugles qu’ils verront. Aux maltraités, j’apporterai la liberté, et je proclamerai l’année où le Seigneur aura pitié de son peuple ». Jésus roula le livre, le rendit au serviteur de la synagogue et s’assit. Tout le monde dans la synagogue le regardait avec impatience. Il commença et dit : « Aujourd’hui, quand vous entendez la parole de ce prophète de ma bouche, elle s’est réalisée parmi vous. (Luc 4:16-21)

Jésus regarda la grande multitude de ses disciples, hommes et femmes, et dit : « Réjouissez-vous, pauvres gens ! Vous vivrez avec Dieu dans son nouveau monde. Réjouissez-vous, vous qui avez faim maintenant ! Dieu vous nourrira. Réjouissez-vous, vous qui pleurez maintenant ! Bientôt, vous allez rire. (Luc 6:20-21)

Écoutez bien, mes chers frères et sœurs ! Dieu n’a-t-il pas choisi précisément ceux qui sont pauvres aux yeux de ce monde pour les rendre riches grâce à leur foi ? (Jacques 2:5)

Appels

Si l’un de tes frères est pauvre dans une ville de ton pays que l’Éternel, ton Dieu, te donne, tu n’endurciras pas ton coeur et tu ne serreras pas la main contre ton pauvre frère, mais tu lui ouvriras et tu lui prêteras, autant qu’il lui manquera. (Genèse 15:7-8)

Quand tu auras recueilli la dîme de tous tes biens, la troisième année, qui est l’année de la dîme, tu la donneras au Lévite, à l’étranger, à l’orphelin et à la veuve, afin qu’ils mangent dans ta ville et qu’ils soient rassasiés. (Genèse 26:12)

Lorsque vous récolterez votre terre, vous ne couperez pas tout jusqu’aux coins de votre champ, et vous ne glanerez pas. Tu ne vendangeras pas dans ta vigne, et tu ne ramasseras pas les raisins tombés ; mais tu les laisseras au pauvre et à l’étranger : je suis l’Éternel, ton Dieu. (Lévitique 19:9-10)

Néhémie 5

Mais c’est à vous de veiller à ce que justice soit faite. Parlez au nom de tous ceux qui ne peuvent pas s’aider eux-mêmes. Parlez pour les pauvres et les faibles, défendez-les et aidez-les à obtenir justice ». (Proverbes 31:8-9)

Lavez-vous, purifiez-vous ! Mettez fin à vos mauvaises actions ; arrêtez de faire le mal devant moi ! 17 « Apprenez à faire le bien, à faire justice, à maîtriser les violents, à aider les orphelins et les veuves dans leur droit. (Esaïe 1:16-17)

Vous jeûnez, mais en même temps vous êtes querelleur et vous frappez immédiatement du poing. C’est pourquoi votre prière ne peut pas venir à moi. Est-ce peut-être un jour de jeûne, comme je l’aime, où l’on renonce à la nourriture et à la boisson, où l’on laisse sa tête pendre et où l’on s’assoit dans des sacs dans la cendre ? Vous appelez cela un jeûne qui me plaît ? Non, un jeûne comme je veux avoir l’air différent ! Desserrez les chaînes des prisonniers, enlevez le joug oppressant de leur cou, donnez la liberté aux maltraités et mettez fin à toute oppression ! Chargez les affamés à votre table, emmenez les sans-abri chez vous, donnez à ceux qui se promènent en haillons quelque chose à porter et aidez tous ceux qui ont besoin d’aide dans votre entourage ! (Esaïe 58:4-7)

Malheur à vous ! Vous construisez votre palais sur l’injustice et vous le remplissez sans vous soucier de la justice. Vous faites travailler les gens pour vous et ne leur donnez aucun salaire. Vous dites : « Je me construis un grand palais avec des chambres spacieuses à l’étage ! » Tu mettras des fenêtres, du bois de cèdre, tu peindras la maison en rouge. Pensez-vous devoir faire vos preuves en construisant de magnifiques bâtiments en cèdre comme les autres rois ? Votre père ne mangeait-il pas et ne buvait-il pas bien et n’était-il pas à l’aise ? Mais il a régné avec justice parce qu’il a obéi aux ordres de Dieu, et donc il était bien. Les faibles et les pauvres étaient justifiés, donc tout allait bien. « Celui qui fait ainsi montre qu’il me connaît », dit le Seigneur. Mais vous ne voyez que votre propre avantage et ne pensez à rien d’autre. Vous versez le sang d’innocents et opprimez votre peuple avec une violence brutale. (Jérémie 22:13-17)

Si quelqu’un vous demande quelque chose, donnez-le lui ; si quelqu’un veut vous emprunter quelque chose, ne dites pas non. (Matthieu 5:42)

Le peuple a demandé à John : « Que devons-nous faire ? Sa réponse fut : « Celui qui a deux chemises, qu’il en donne une à celui qui n’en a pas. Et celui qui a de la nourriture la partagera avec celui qui a faim. (Luc 3:10-11)

N’oubliez pas que celui qui sème peu récoltera peu. Mais ceux qui sèment les mains pleines récolteront une riche moisson. Chacun doit donner autant qu’il a mis son cœur à donner. Il ne devrait pas être désolé et il ne devrait pas le donner uniquement parce qu’il se sent obligé de le faire. Dieu aime les donateurs heureux ! Il a le pouvoir de vous donner si richement que non seulement vous en avez assez pour vous à tout moment, mais que vous pouvez aussi faire du bien aux autres. Alors, ce qui est écrit dans les Saintes Écritures s’applique à vous : « Il donne généreusement aux nécessiteux ; sa charité ne sera pas oubliée pour l’éternité. (2 Corinthiens 9:6-9)

Ils doivent faire le bien, être généreux et partager volontiers leurs richesses avec les autres. (1 Timothée 6:18)

Un culte pur et immaculé devant Dieu le Père est celui-ci : visiter les orphelins et les veuves dans leurs tribulations et se tenir immaculé du monde. (Jacques 1:27)

Promesses

Mais tu lui donneras, et ton coeur ne sera pas troublé par ce que tu lui donneras ; car l’Éternel, ton Dieu, te bénira pour cela dans toutes tes oeuvres et dans toutes tes actions. (Genèse 15:10)

Heureux celui qui prend soin des faibles ! Le Seigneur le sauvera au mauvais moment. (Psaume 41:2)

Celui qui a un bon œil est béni, car il donne de son pain aux pauvres. (Proverbes 22:9)

Cassez le pain avec les affamés, et conduisez ceux qui sont dans la misère et sans abri dans la maison ! Si tu en vois un nu, habille-le, et ne te prive pas de ta chair et de ton sang ! Alors ta lumière éclatera comme l’aurore, ta guérison sera rapide, ta justice marchera devant toi, et la gloire de l’Éternel achèvera ton parcours. Alors tu crieras et l’Éternel te répondra. Quand vous crierez, il dira : « Me voici ! Si tu ne subjugues personne au milieu de toi, si tu ne pointes pas du doigt et si tu ne dis pas de mal, mais que les affamés trouvent ton coeur et satisfont les affligés, alors ta lumière se lèvera dans les ténèbres, et tes ténèbres seront comme le midi. Et l’Éternel vous guidera à jamais, il vous rassasiera dans la sécheresse et fortifiera vos os. Et vous serez comme un jardin arrosé et comme une source d’eau qui ne manque jamais d’eau. Tu rebâtiras ce qui a été longtemps dévasté, et tu relèveras ce qui a été fondé dans les temps anciens. Et tu seras appelé : Celui qui rebâtit les brèches et répare les chemins, pour que les hommes y habitent. (« Esaïe 58:7-12 »)

Mais corrigez vos vies et vos actions, afin que vous fassiez ce qui est juste, les uns contre les autres, et ne faites pas violence aux étrangers, aux orphelins ou aux veuves, et ne répandez pas de sang innocent en ce lieu, et ne courez pas après d’autres dieux pour votre propre mal ; alors j’habiterai avec vous pour toujours et à jamais en ce lieu, dans le pays que j’ai donné à vos pères. (Jérémie 7:5-7)

Jésus lui répondit : « Si tu veux être parfait, va vendre ce que tu as et donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel ; viens et suis-moi. (Matthieu 19:21)

Mais il a également dit à celui qui l’avait invité : « Lorsque vous prenez un repas à midi ou le soir, n’invitez pas vos amis, vos frères, vos parents ou vos riches voisins, de peur qu’ils ne vous invitent à nouveau et vous récompensent. Mais si vous prenez un repas, invitez les pauvres, les estropiés, les boiteux et les aveugles, et vous serez bénis, car ils n’ont rien à vous rendre ; mais cela vous sera récompensé à la résurrection des justes. (Luc 14:12-14)

Vendez ce que vous avez et faites la charité. Faites-vous des bourses qui ne vieillissent pas, un trésor qui ne diminue jamais, dans le ciel, où aucun voleur ne va, et qu’aucun papillon de nuit ne dévore. Car là où est votre trésor, là sera aussi votre cœur. (Luc 12:33-34)

Pourquoi servir les pauvres ?

Tu n’opprimeras point et tu n’opprimeras point les étrangers, car vous aussi, vous avez été étrangers au pays d’Égypte. Vous n’opprimerez pas les veuves et les orphelins. Si vous les opprimez et qu’ils me crient dessus, j’entendrai leur cri. Alors ma colère s’enflammera, et je vous tuerai par l’épée, et vos femmes seront veuves et vos enfants orphelins. Si vous prêtez de l’argent à un de mes gens, à un pauvre à côté de vous, vous n’agirez pas comme un usurier en lui ; vous ne lui prendrez aucun intérêt. Lorsque vous prenez en gage le manteau de votre voisin, vous devez le lui rendre avant le coucher du soleil, car son manteau est la seule couverture de son corps ; dans quoi d’autre doit-il dormir ? Mais s’il crie vers moi, je l’écouterai, car je suis miséricordieux. (Exode 22:20-26)

Malheur à ceux qui abusent de leur pouvoir pour émettre des décrets qui plongent les gens dans la misère ! Ils privent les pauvres et les faibles de mon peuple de leurs droits et pillent les veuves et les orphelins. Le jour du Jugement viendra certainement et la tempête de loin vous atteindra sûrement. Que ferez-vous alors ? Vers qui allez-vous fuir ? Où allez-vous laisser vos richesses ? (Esaïe 10:1-3)

Le Seigneur dit : « Dans mon peuple, il y a des gens sans scrupules. Comme les chasseurs d’oiseaux s’esquivent et attendent que les oiseaux entrent dans leurs filets, ils ont mis en place des pièges pour attraper les gens. De même que la cage de l’oiseleur est remplie d’oiseaux captifs, de même leurs maisons sont pleines de biens injustement acquis. Ainsi, ils sont devenus grands et riches ; ils sont gros et gras. Leur impitoyabilité ne connaît pas de limites. La justice est entre de mauvaises mains avec eux : Ils n’aident pas les orphelins ou ne donnent pas aux pauvres ce qu’ils méritent. Et je devrais laisser tout cela de côté ? Ne dois-je pas exercer des représailles contre un tel peuple ? (Jérémie 5:26-29)

Voici la faute de ta soeur Sodome : elle avait de l’orgueil, de l’abondance en toutes choses, et un repos sûr avec ses filles ; mais les pauvres et les misérables n’ont pas aidé, ils étaient orgueilleux, et ont commis des abominations devant moi. C’est pourquoi je les ai également mis de côté, comme vous l’avez vu. (Ezéchiel 16:49-50)

Les gens de la terre sont violents ; ils volent et oppriment les pauvres et les misérables, et violent les étrangers contre tout droit. J’ai regardé parmi eux pour voir si quelqu’un allait dessiner un mur et s’engager dans la brèche devant moi pour la terre afin que je n’aie pas à la détruire, mais je n’en ai trouvé aucun. C’est pourquoi j’ai répandu ma colère sur eux, et par le feu de ma fureur j’ai mis fin à leurs jours, et j’ai fait retomber leurs actes sur leurs têtes, dit le Seigneur DIEU. (Ezéchiel 22:29-31)

Car je connais vos iniquités, qui sont si nombreuses, et vos péchés, qui sont si grands, lorsque vous affligez les justes, que vous prenez des pots-de-vin et que vous opprimez les pauvres à la porte. (Amos 5:12)

Mais contre : Malheur aux riches ! Car vous avez déjà eu votre confort. Malheur à vous qui avez eu votre dose. car vous aurez faim. « Malheur à vous qui riez maintenant ! « Car vous pleurerez et vous vous lamenterez… (Luc 6:24-25)

Or, il y avait un homme riche, et il était vêtu de pourpre et de fin lin, et il vivait chaque jour dans la splendeur et la joie. Et il y avait un pauvre homme nommé Lazare, qui était couché à sa porte, plein d’ébullitions, désireux de se rassasier de ce qui tombait de la table du riche, et les chiens venaient lécher ses ébullitions. Et il arriva que le pauvre homme mourut, et il fut porté par les anges dans le sein d’Abraham. Mais l’homme riche est mort aussi et a été enterré. Alors qu’il était en enfer, il leva les yeux dans son agonie et vit Abraham de loin et Lazare dans son sein. Et il s’écria : « Père Abraham, aie pitié de moi et envoie Lazare, afin qu’il trempe le bout de son doigt dans l’eau et me rafraîchisse la langue, car je souffre le tourment dans ces flammes. Et Abraham dit : « Souviens-toi, mon fils, que tu as reçu de bonnes choses dans ta vie, mais que Lazare a reçu du mal ; maintenant le voilà consolé et tu es tourmenté. (Luc 16:19-25)

Supposons que quelqu’un ait tout ce dont il a besoin dans le monde. Il voit maintenant son frère ou sa sœur dans le besoin, mais leur ferme son cœur. Comment l’amour de Dieu peut-il rester en lui et lui en eux ? (1 Jean 3:17)

Et maintenant pour vous, les riches ! pleurez et gémissez sur la misère qui vous attend au jour du jugement de Dieu ! Vos richesses seront alors pourries, vos vêtements seront rongés par les mites et vos trésors rouillés. Et cette rouille vous accusera et consumera votre chair comme un feu. Vous avez amassé des richesses dans les derniers jours du monde. Vous avez privé les personnes qui ont travaillé dans vos champs et récolté votre récolte des salaires qu’elles méritent. Cela crie au ciel ! Votre plainte est parvenue aux oreilles du Seigneur, le dirigeant du monde. Votre vie sur terre a été remplie de luxe et de plaisir. Le jour de la bataille, vous étiez encore en train de vous engraisser. Vous avez condamné et tué l’innocent qui ne vous a pas résisté ! (Jacques 5:1-6)

les attitudes envers les pauvres

Si vous avez une affaire juridique à trancher, alors respectez strictement la loi. Ne favorisez pas les pauvres et les sans défense, ni les riches et les puissants. (Lévitique 19:15)

Celui qui aime le droit s’inquiète que les faibles obtiennent leur droit ; celui qui vit dans l’injustice n’en a aucune compréhension. (Proverbes 29:7)

Donc, si vous faites un don à une personne dans le besoin, n’en faites pas tout un plat ! Ne vous comportez pas comme les hypocrites dans les synagogues et dans la rue. Ils veulent seulement être honorés par le peuple. Je vous assure qu’ils ont déjà reçu leur salaire. Ainsi, lorsque vous faites un don, faites-le de manière si discrète que votre main gauche ne sait pas ce que fait votre main droite. Votre père, qui voit aussi ce qui est caché, vous récompensera. (Matthieu 6:2-4)

Pourquoi vous attendez-vous à ce que Dieu vous récompense si vous ne traitez que ceux qui vous traitent bien ? Même les pécheurs les plus endurcis le font. Pourquoi vous attendez-vous à ce que Dieu vous récompense alors que vous ne prêtez qu’à ceux dont vous savez qu’ils vous le rendront ? Emprunter pour le récupérer en quelques centimes, c’est ce que les pécheurs font à leur propre espèce ! Non, vous aimerez vos ennemis ! Faites le bien et prêtez sans rien attendre en retour ! Vous recevrez alors une riche récompense : vous deviendrez les enfants du Très-Haut. Car lui aussi est bon pour les ingrats et les méchants. (Luc 6:33-35)

Toutes les nombreuses personnes qui étaient venues à la foi en Jésus étaient un seul cœur et une seule âme. Aucun d’entre eux ne considérait ses biens comme des biens personnels ; tout ce qu’ils possédaient leur appartenait collectivement. Avec une grande puissance et confirmés par des miracles, les apôtres ont témoigné de Jésus comme étant le Seigneur ressuscité, et de grandes bénédictions étaient visibles pour tous, et étaient présentes dans toute l’église. Il n’y avait personne parmi eux qui était dans le besoin. Car ceux qui, dans la congrégation, possédaient des terres ou des maisons les vendaient, s’il manquait quelque chose, apportaient le produit de la vente et le déposaient aux pieds des apôtres. Cette somme a ensuite été distribuée aux personnes dans le besoin. (Actes 4:32-35)

Les personnes autorisées qui sont considérées comme « les piliers », Jacques, Pierre et Jean, ont reconnu que Dieu m’avait confié cette mission. Ils nous ont donc donné la main, à Barnabé et à moi, en signe de fraternité. Nous avons convenu que Barnabé et moi devions proclamer la Bonne Nouvelle aux autres nations et eux aux Juifs. Ils ont seulement posé comme condition que nous soutenions l’église appauvrie de Jérusalem. C’est ce que j’essayais vraiment de faire. (Galates 2:9-10)

Ceux qui ont vécu par le vol doivent maintenant cesser. Il devrait gagner sa vie par son propre travail et veiller à ce qu’il reste aussi quelque chose pour les pauvres. (Ephésiens 4:28)

L’identification de Dieu avec les pauvres

Celui qui opprime les faibles insulte son créateur. Celui qui se tient aux côtés des impuissants honore Dieu. (Proverbes 14:31)

Celui qui a pitié des pauvres prête à Yahvé, et il lui rendra tout le bien qu’il a fait. (Proverbes 19:17)

Vous savez ce que Jésus-Christ, notre Seigneur, a fait pour vous dans son amour. Il était riche et est devenu pauvre pour vous, car il voulait vous rendre riche grâce à sa pauvreté. (2 Corinthiens 8:9)

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La croissance économique : une notion relative

La croissance économique désigne la progression de la production et de la consommation de biens, c’est-à-dire l’augmentation mais aussi la diminution de ce « produit national ».

Il ne s’agit que de chiffres qui ne s’avèrent en fait pas aussi précis qu’il n’y paraît. Ils mesurent quelque chose de façon très précise mais partielle. Ils ne recouvrent que ce qui est réellement payé. C’est ainsi que le travail bénévole en famille, à la maison ou dans une association n’est pas pris en compte. Il en va de même pour les dégâts causés à l’environnement et l’économie grise. La croissance économique ne rend pas non plus compte de la sécurité dans laquelle nous vivons, ni de notre degré de liberté, de satisfaction ou de stabilité.

Ce « produit national » est ensuite divisé par le nombre d’habitants afin de servir à des comparaisons internationales, ce qui n’indique en rien comment il se répartit entre les habitants. Les chiffres de la croissance économique en Chine le montrent aujourd’hui clairement. Une petite minorité s’y enrichit tandis que l’immense majorité reste les mains vides.

La croissance économique inspire souvent de la méfiance. De quoi s’agit-il et d’où vient-elle ? Je ne suis pas économiste mais il me semble évident que la croissance économique ne tombe pas du ciel. Elle repose sur le travail d’hommes. Il est dans la nature de l’homme de toujours vouloir aller de l’avant et faire de nouvelles expériences. Cela permet d’augmenter la productivité de l’économie. Derrière la notion de croissance économique se cache donc le désir inhérent à l’homme d’aller de l’avant.

La croissance économique sert à la redistribution

La Bible ne parle pas explicitement de croissance économique. Mais on voit par exemple qu’Israël a prospéré sous Salomon, c’est-à-dire que la croissance économique était là. Cet épisode se déroula sous la protection et la bénédiction de Dieu. Nous savons que dans les économies nationales modernes, nous pouvons agir à plusieurs niveaux : enseignement, impôts, politique monétaire, recherche. La question de la répartition de ce bien-être y est essentielle.

Dans un monde où la population ne cesse de croître, la croissance économique est indispensable. Soyons réalistes : lorsque l’économie est en pleine croissance, c’est-à-dire à chaque fois que le gâteau s’agrandit, chacun reçoit un peu plus et tout le monde est satisfait, sans que ne se pose la question de la répartition et de l’équité. Au contraire, si l’économie décroît, alors cette astuce ne marche plus, les salaires stagnent, le taux de chômage augmente et l’on commence à se battre pour répartir le gâteau.

En tant que secrétaire syndicale, je constate quotidiennement que l’AVS dépend de la croissance économique. La dernière augmentation des primes remonte à trente ans ! Elle a été possible uniquement grâce à cette croissance.

Les limites de la croissance

Y a-t-il des limites à la notion de croissance économique ? Oui, bien sûr. Nous exploitons des ressources qui ne sont pas renouvelables. Nous consommons une quantité énorme de ressources et portons donc atteinte à notre environnement. Des méthodes de développement durable existent mais leur part dans la croissance économique est limitée. Tout le monde est d’accord sur le fait que l’économie mondiale ne peut croître de manière illimitée. Le « peak oil » est-il déjà atteint ? Cette question occupe aujourd’hui une place essentielle dans tous les journaux.

Nous constatons qu’une croissance économique modérée conduit à des problèmes sociaux et il est tentant de miser sur une hausse de celle-ci. Mais le système a ses limites car avant même d’avoir épuisé nos ressources, c’est notre propre existence que nous mettons en danger. La lutte de répartition conduit à des guerres, et plus les ressources s’amenuiseront, plus les conflits qui nous attendent deviendront graves.

Aujourd’hui, la question de la répartition ne se pose pas uniquement entre les pays pauvres et les pays riches mais aussi entre les générations. Ce que nous gaspillons aujourd’hui ne sera plus à la disposition de nos enfants.

Un complément important : le partage

La croissance économique ne peut pas être la seule solution pour répondre à toute une série de problèmes. En Suisse, société relativement égalitaire, il y a de nombreux « laissés pour compte », et leur nombre ne fait qu’augmenter. Evidemment, plus la croissance économique que nous affichons est basse, plus ces chiffres augmentent. Nous constatons aussi que notre croissance économique ne règle aucun des problèmes des pays pauvres.

Le partage est donc absolument indispensable. Nous ne pouvons pas y échapper. Cela concerne la Suisse et l’Europe mais également le reste du monde.

Nous sommes ici confrontés à des problèmes qui impliquent de très grosses sommes d’argent. La dimension caritative que Jacques Blandenier a mentionnée au cours de son intervention représente l’aide à l’échelle « microscopique ». Il faut également une dimension sociale politique, c’est-à-dire un partage organisé qui se traduit par la redistribution et la solidarité. En général, nous nous contentons d’observer de manière relative où se trouvent les situations de détresse. Mais pour ensuite pouvoir partager de manière organisée, il faut des lois, car tous ne sont pas disposés à apporter leur contribution.

La redistribution et le partage ont mauvaise presse. L’avarice est à la mode et dans certains milieux, le mot solidarité est utilisé comme une insulte. Dans cette même logique, le président d’UBS Ospel a qualifié d’irresponsables les critiques visant les hauts salaires que perçoivent les cadres.

On parle volontiers de responsabilité individuelle. On accuse souvent les pauvres d’être responsables de leur pauvreté. Lorsqu’ ensuite ces pauvres assument leur responsabilité et volent pour survivre, on les punit. On se moque fréquemment de moi lorsque je parle de partage et de redistribution.

Si nous écrivons au Conseil fédéral, alors il nous faut faire des propositions concrètes sur la manière de redistribuer car les membres du Conseil ne se pencheront pas d’eux-mêmes sur la question.

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En lisant la Bible, nous constatons que la pauvreté y occupe une place très importante. C’est un des thèmes centraux, voire une réalité biblique. Les lois d’Israël mettent un accent prioritaire sur le soutien à accorder aux pauvres et aux plus faibles – les malades, les personnes souffrant des circonstances de la vie et des circonstances politiques. Les prophètes aussi traitent de ces questions, dénoncent le mépris des pauvres et les inégalités sociales. Le soutien aux pauvres est en lien direct avec la foi :

Penses-tu affermir ton règne en essayant de surpasser les autres par les palais de cèdre? Souviens-toi de ton père : il a mangé et bu comme tout homme, mais il a exercé le droit et la justice et s’en est bien trouvé. Il faisait droit aux pauvres ainsi qu’aux malheureux, et s’en est bien trouvé. C’est par là que quelqu’un montre qu’il me connaît, l’Eternel le déclare. Mais toi, tu n’as d’yeux, de pensées, que pour t’assurer des profits et pour tuer des innocents, pour opprimer et pour traiter les gens avec brutalité. (Jérémie 22.15-17)

Les livres poétiques nous parlent aussi de la pauvreté ; pensons au livre de Job, mais aussi aux Proverbes et aux Psaumes, dont les auteurs crient constamment à Dieu. Israël a connu la précarité tout au long de son histoire, d’Abraham jusqu’à l’exil en Babylone et au-delà : famines, esclavage, dénuement dans le désert, pillages, guerres… C’était un peuple opprimé sans cesse, tout en vivant la bénédiction du Seigneur.

La pauvreté – un concept global

Dans l’Ancien Testament nous trouvons 10 termes différents signifiant la pauvreté, qui comprennent toutes les notions de ce qu’est la pauvreté. La pauvreté économique : la famine, la guerre, la pauvreté sociale, l’exclusion, la vulnérabilité parce qu’on ne peut pas résister aux autres ; la pauvreté psychologique : la peur, la solitude ; la pauvreté spirituelle – combien importante ! – : la crainte d’être abandonné par Dieu, la peur de la mort, la perte de tous les repères.

Il y a des situations où la pauvreté est la conséquence d’un comportement inadéquat. La Bible nous parle de la pauvreté qui découle de la paresse, et celle qui représente une punition de Dieu. Cependant, il serait faux de conclure que la pauvreté est systématiquement une malédiction. La Bible nous parle d’hommes aimés par Dieu, qui ont la foi et qui pourtant vivent dans la pauvreté. Pensons à Job et le psalmiste qui souffrent précisément à cause de leur foi.

Mais la richesse peut aussi être une bénédiction. La Bible ne méprise pas les biens matériels : au contraire, c’est souvent un signe d’amour de Dieu. Mais sachons que le jugement face à la richesse est extrêmement dur et que le danger constant de corruption dû à la richesse (Salomon) existe bel et bien.

Le Nouveau Testament nous parle aussi de la pauvreté. Pensons à la première béatitude de Jésus : « Heureux les pauvres. » (Luc 6.20) Matthieu ajoute : « Heureux les pauvres en esprit. » (Mat. 5.3) Ces deux versions nous montrent bien qu’il n’y a pas de coupure artificielle entre la pauvreté économique et spirituelle. Mais « heureux les pauvres » va tellement à contre-courant de notre pensée ! Pourtant, il ne s’agit pas ici d’une idéalisation des pauvres. Le pauvre est heureux à cause de son impuissance à s’en tirer tout seul. Il est dans une situation favorable parce qu’il a besoin de Dieu et qu’il va découvrir comment et combien Dieu pourvoit à ses besoins.

Dieu se range du côte du faible

La pauvreté est une souffrance et le Dieu de la Bible ne veut pas que Sa création souffre. Il n’est pas indifférent, lointain dans son ciel. Non, c’est un Dieu qui s’implique et qui ne veut pas le dénuement. Il s’engage dans un combat dans lequel Il prend position à nos côtés. Le texte fondateur à cet égard est sans doute celui du buisson ardent (Exode 3). Le Seigneur y dit : « J’ai vu la détresse de mon peuple en Egypte… Oui, je sais ce qu’il souffre. C’est pourquoi je suis venu… » (v.7s.)

Voyons aussi Abraham, qui vivait tranquillement dans son pays, riche, et qui a dû partir dans le désert et quitter la fausse sécurité pour connaître la vraie richesse qui se trouve en Dieu.

Prenons la Pâque que Jésus célèbre avec ses disciples. Lui, Dieu descendu sur terre, qui s’est dépouillé et a été humilié, est venu comme un serviteur, fidèle jusqu’à la mort (Phil. 2.8). Dieu se range du côté des faibles. Ce combat de Dieu, il ne le mène pas seul. Il le mène pour et avec son peuple, qu’il s’agisse d’Israël ou de l’Eglise. Il refuse la fatalité. Jésus dit lui-même que nous aurons toujours des pauvres autour de nous, et que nous pourrons leur faire du bien quand nous voudrons ! (Marc 14.7)

Combattre la pauvreté

Le combat contre la pauvreté prend deux formes conjointes :

La dimension caritative : l’amour et la compassion reflètent la personne même de Dieu. La notion du don et de la gratuité y sont présentes ; nous les retrouvons dans plusieurs commandements. Cela implique le refus du profit maximalisé.

La dimension socio-politique : c’est l’aspect de la prévention afin d’éviter que la paupérisation s’installe dans le peuple. Cela signifie par exemple combattre la corruption, instaurer des lois justes, refuser l’accumulation des richesses et comme suite logique instaurer l’année sabbatique (p.ex. Ex 21.2).

Il convient, à cet égard, de citer un événement biblique auquel on fait rarement référence (1 Rois 21). Le roi Achab convoite la vigne d’un homme, Naboth, qui ne veut pas la lui céder. Sur instigation de sa femme Jézabel, Achab fait condamner Naboth à mort sur des témoignages fictifs, et s’approprie la vigne. Dieu juge de manière extrêmement dure la logique de la loi du plus fort. Ceci est significatif : Jésus reprendra ses disciples et leur dira : « Qu’il n’en soit pas ainsi parmi vous. Au contraire: si quelqu’un veut être grand parmi vous, qu’il soit votre serviteur. » (Mat. 20.26)

Notre motivation

Pour agir différemment, Dieu nous donne deux motivations :

Les souvenirs : Tout au long de son histoire avec l’humanité, Dieu a instauré des fêtes pour aider les gens à se souvenir, comme p.ex. Pâques qui est le souvenir de la détresse subie en Egypte ; ou le repos du sabbat, qui est le souvenir de l’esclavage. Le message sous-jacent est le suivant : « Souviens-toi que même si tu n’es pas pauvre actuellement, tu es tout de même fondamentalement pauvre. » Dès lors, nous sommes appelés à ressembler à Dieu : « Soyez saints, car je suis saint. » (1P. 1.16). Dieu est miséricordieux, alors soyons miséricordieux, nous aussi. Jésus est descendu dans la pauvreté, alors soyons pauvres, nous aussi.

L’espérance : Après des siècles durant lesquels Israël vivait avec ses lois et ses prophètes, c’est le constat de l’échec. Cet échec fait surgir l’attente d’autre chose et fait naître l’espérance. C’est dans ce contexte qu’arrive Jésus, le Messie tant espéré. Ses premières paroles dans la synagogue de Nazareth confirment cet espérance. « [Le Seigneur] m’a désigné par l’onction pour annoncer une bonne nouvelle aux pauvres. » (Luc 4.18) Dès lors, l’Eglise devient le signe visible de ce monde à venir. Dans le livres des Actes nous lisons combien l’Eglise s’occupait des pauvres au point qu’il n’y avait plus de pauvres parmi eux (Ac. 4.34).

Christ qui s’est fait pauvre parmi nous est la source. C’est de Lui que doit jaillir la rivière qui sort de l’Eglise vers un monde en besoin. Dans les Epîtres, et surtout celles de Paul, le fait de donner la dîme et des dons pour secourir les pauvres prend une importance particulière. Paul nous rappelle alors qu’il s’agit d’un partenariat et d’une réciprocité.

Il y a deux termes qui nous parlent de justice : d’une part la justice devant Dieu, à savoir la justice que Dieu nous donne ; d’autre part la justice dans le sens d’équité, à savoir la juste relation entre hommes. Désormais, l’éthique chrétienne découle de notre foi, et notre conscience doit nous mener vers la justice et l’équité.

Littérature

Jacques Blandenier, Les pauvres avec nous – La lutte contre la pauvreté selon la Bible et dans l’histoire de l’Eglise. Dossier Vivre n°26. Je sème. Genève 2006.

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Principe

Les chrétiens sont nombreux à se demander s’il vaut mieux être riche ou être pauvre. Il existe une réponse à cette question, qui offre un repère clair : nous ne devons être ni pauvres ni riches ; nous devons avoir assez. Voici ce que dit Proverbes 30, 7-9 à ce sujet :

Mon Dieu, je te demande deux choses : ne me les refuse pas, avant que je meure ! Eloigne de moi la vanité et la parole mensongère ; ne me donne ni pauvreté ni richesse, accorde-moi le pain qui m’est nécessaire, de peur qu’étant rassasié, je ne te renie et ne dise : qui est l’Eternel ? Ou qu’étant dans la pauvreté, je ne commette un vol et ne porte atteinte au nom de mon Dieu.

Le mot d’ordre de l’ « assez » s’exprime également à travers l’épisode de la manne dans le désert : lorsque les Israélites ont voulu ramasser plus de manne que ce dont ils avaient besoin pour la journée, le surplus s’est avarié. On peut lire :

Les Israélites firent ainsi ; et ils en recueillirent les uns plus, les autres moins. On mesurait ensuite avec l’omer ; celui qui en avait plus n’avait rien de trop, et celui qui en avait moins n’en manquait pas. Chacun recueillait ce qu’il lui fallait pour sa nourriture. (Exode 16, 17-18)

Le style de vie inspiré de la manne se retrouve également dans la prière matérielle figurant dans le Notre Père : « Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour ».

Assez pour partager

Assez, c’est combien ? Assez représente à peu près la même quantité quelle que soit la personne, à savoir le nécessaire pour pouvoir mener une vie décente et juste. Une fois convaincus de la notion de l’assez, nous sommes très vite amenés à en envisager une seconde, également importante : la notion de partage. Un verset clé pour ce fait tout simple peut être trouvé notamment dans 2 Corinthiens 8 ,14 : « Afin que leur abondance pourvoie pareillement à votre indigence ». Le terme « assez » n’est certes pas mentionné, mais du fait que l’on ne parle pas de pauvreté/richesse, mais de manque/superflu, il est clair qu’une mesure entre ici en ligne de compte. Cet étalon de mesure est l’ « assez ».

Le partage est quelque chose de fantastique pour deux raisons tout à fait distinctes. Premièrement, le partage est utile à ceux qui ont plus qu’assez. Lorsque nous avons plus que le nécessaire, la Bible nous avertit que notre cœur tend à s’attacher à la prospérité. Or, l’amour de l’argent nous prive de notre liberté. Donc : lorsque nous sommes libérés du surplus, nous sommes davantage aptes à suivre Jésus, pour nous concentrer sur le bonheur et dépendre de Dieu1 . Depuis quelques années, les économistes ont enfin commencé à étudier d’un point de vue empirique et dénué de préjugé si l’argent fait vraiment le bonheur. La conclusion est claire : la croissance économique, l’accumulation d’argent, ne nous rend pas plus heureux.2

Cependant, le partage est bon pour une seconde raison également ; il ne profite pas uniquement à celui qui cède de ses possessions. Il sert bien entendu aussi à ceux qui ont moins qu’assez et, partant, qui relèvent du camp des bénéficiaires. (Aussi et surtout, le partage et la compensation créent un lien entre ces deux groupes). Une phrase anglaise exprime joliment le défi lancé à ceux qui ont plus que le nécessaire : « Living simply so that others may simply live » (« Vis simplement afin que d’autres puissent simplement vivre »).

On ne saurait trop insister sur l’importance que la Bible attache aux pauvres. Elle se retrouve telle un refrain récurrent de la loi donnée à Moïse, en passant par Job, les Psaumes, les Proverbes et les prophètes, jusqu’à Jésus, la première église, Paul et les autres auteurs d’épîtres : Dieu a un cœur pour les pauvres ; nous aussi devons en avoir un. Jim Wallis a découpé tous les passages de la Bible portant sur la pauvreté ; sa Bible s’est retrouvée complètement trouée.

Justice et miséricorde

Nous voulons donc partager pour deux raisons : la première est que le partage profite aussi bien à celui qui donne qu’à celui qui reçoit. La seconde repose à son tour sur deux fondements : la justice et la miséricorde. Lorsque nous partageons par justice, nous le faisons parce que la portion donnée en partage est une dette à proprement parler. Ainsi, le pouvoir au sein des institutions économiques internationales, telles que l’OMC ou le FMI, est injustement réparti à la faveur des pays riches. De ce fait, ces pays peuvent aménager les règles du jeu de façon à ce qu’eux-mêmes en retirent le plus d’avantages. Nous pouvons donc partager avec les pays du Sud afin de réparer cette injustice.

S’agissant du partage par miséricorde, on ne cherche pas à savoir qui est responsable de la pauvreté ; ce peut être le riche, le pauvre lui-même ou encore aucun des deux. Le partage par miséricorde part simplement d’une constatation : mon prochain souffre de carences, donc je partage. Les deux motivations sont importantes, et les deux figurent à de nombreuses reprises dans la Bible. Sous une forme concentrée notamment chez Zachée, lequel dit :

« Voici Seigneur : je donne aux pauvres la moitié de mes biens, et si j’ai fait du tort de quelque chose à quelqu’un, je lui rends le quadruple ». (Luc 19,8)

Il donne de sa fortune parce qu’il a agi injustement, mais aussi parce qu’il a les moyens de partager avec les pauvres.

Mise en pratique : niveaux personnel et politique

Comment pouvons-nous mettre en pratique la notion de l’assez sur les plans personnel et politique ? Au niveau personnel, nous pouvons commencer à mener notre vie dans un cercle fermé de l’assez :3 

Dans un cercle fermé de l’assez, nous avons convenu avec nous-mêmes et avec Dieu de ce qui est suffisant pour nous. Le revenu peut dès lors être réparti en deux pots : le pot de l’assez et le pot du superflu. Lorsqu’on vit dans un cercle ouvert de l’assez, sans que les proportions de l’assez aient été définies, les désirs et les besoins s’adaptent à la hausse du revenu.

CUKUP – Assez pour vivre, assez pour partager

Pour la mise en pratique personnelle du partage, il est également important que nous nous intéressions aux pauvres dans tout ce qui les touche, à travers des rencontres, études bibliques, films, etc. Nous avons abordé quelques-uns de ces aspects dans un groupe dénommé « cukup », que nous avons fondé à Berne (« cukup » signifie « assez » en indonésien). Pendant une année, nous – c’est-à-dire huit personnes – essayons de vivre selon le principe de l’ « assez », en faisant don du superflu. Cela est plus simple à faire à plusieurs. Aussi, nous nous rencontrons une fois par mois pour prendre ensemble le repas du soir et partager nos impressions. Il nous importe d’aborder le thème de la pauvreté et de la prospérité à travers le silence, le chant et les enseignements. Un passage d’Esaïe 58, en particulier, nous dirige dans notre démarche :

C’est partager ton pain avec ceux qui ont faim, et offrir l’hospitalité aux pauvres sans abri, c’est donner des habits à celui qu’on voit nu, ne pas te détourner de ton prochain. Alors, comme l’aurore, jaillira ta lumière (v. 7 s.).

Par le passé, nous avons étudié le Jubilée et les Béatitudes, ainsi que des principes bibliques de gestion financière. La « Fête Cukup » en a été le point fort, avec des repas, un jeu de boules, une brocante et un cours de danse dont les bénéfices ont été reversés au profit d’un projet dans les bidonvilles de Manille.

Mise en pratique à l’échelon politique

La mise en œuvre à l’échelon politique est tout aussi importante. Malheureusement, le Conseil fédéral a cité l’accroissement de la prospérité comme le premier objectif de son programme de législature. A l’opposé, la notion de l’ « assez » place la lutte contre la pauvreté, en particulier la pauvreté absolue, en tout première priorité, et considère un accroissement de la prospérité pour les gens qui ont de toute façon déjà plus qu’assez comme étant plutôt dangereux et non comme étant utile.

Une façon importante ce combattre la pauvreté consiste à attaquer le problème à sa racine en octroyant davantage de pouvoir aux pays du Sud pour la définition de l’ordre économique mondial. Une autre utopie politique qui peut être formulée en lien avec la notion de l’assez est le principe du revenu de base4 . Cette idée, à savoir que chacun doit avoir accès à une part fondamentale des ressources, indépendamment de son mode de vie, peut également être mis en lien avec le fantastique commandement de l’année de jubilée dans Lévitique 25.

 

Traduction : Sarah Martinez

1. Pour l’approfondissement de la réflexion sur la question: Matthieu 6, 24 ; 1 Timothée 6, 6-10 ; Marc 10, 21 ; Hébreux 13, 5

2. Voir Easterlin, R. (éd.) : Happiness in Economics, Cheltenham, 2002

3. Ce concept a été énoncé par Earl Pitts et Craig Hill. Leur ouvrage « Biens, richesses & argent » est disponible auprès de Sam Music (www.sam-music.com).

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Genève, 29.09.06 ? Le week-end dernier, le peuple suisse a accepté à une majorité de deux tiers les nouvelles lois sur l?asile et les étrangers. Le débat pourrait se résumer en ces termes : faut-il éviter à tout prix que des étrangers profitent de nous ou faut-il éviter que des personnes persécutées soient refusées ? Le peuple s?est prononcé sans appel en faveur d?un durcissement. L?état de la société suisse après le 24 septembre paraît inquiétant.

Sous couvert de combattre les abus, on admet que des personnes persécutées qui ne détiennent pas de document d?identité (i.e. plus que 40% de la population mondiale) ne trouveront plus refuge en Suisse. En outre, des milliers de requérants déboutés ne recevront plus d?aide sociale et finiront vraisemblablement à la rue.

Beaucoup de chrétiens ont également soutenu ces lois discriminatoires et inhumaines, soit par méconnaissance de la réalité, soit sous l?emprise de peurs, souvent diffuses. Nous nous trouvons aujourd?hui face à un formidable besoin de sensibilisation.

Une réponse chrétienne à ce durcissement inacceptable pourrait être de s?engager concrètement à amener l?amour de Dieu aux étrangers et aux réfugiés : le besoin de bénévoles est constant dans les aumôneries auprès des réfugiés et au sein des organisations chrétiennes (CABES, Armée du salut, Centres sociaux protestants) et laïques (Elisa, Organisation suisse pour l?aide aux réfugiés) soutenant les étrangers. On peut aussi prendre contact avec le foyer municipal pour les requérants d?asile, organiser des cultes et d?autres animations en partenariat avec des étrangers.

Nous, chrétiennes et chrétiens suisses, sommes-nous prêts à nous tenir dorénavant au c?ur de la déchirure ouverte par cette votation et à agir en faveur des migrants dans notre pays par l?intercession, la parole et les actes ? Ainsi, leur séjour parmi nous pourra devenir une véritable bénédiction pour eux et pour la Suisse.

 

ChristNet a mené campagne contre les deux lois avec son dossier Internet, sa publication ChristNetInput et ses RégioForums dans différentes villes de Suisse.

ChristNet est un forum chrétien qui traite de sujets ayant trait au social, à l?économie, à l?environnement et au développement. Il s?engage également pour leur mise en ?uvre.

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La crise

Depuis un certain temps, l’Allemagne est en proie à une crise économique. Dans le même temps, de plus en plus de grandes entreprises menacent de déplacer leurs emplois à l’étranger si les coûts de la main-d’œuvre ne sont pas réduits. Comme toujours, il y a plusieurs explications à la crise :

– Certains disent que les travailleurs travaillent trop peu et obtiennent trop. Et il est bien trop facile de ne pas travailler du tout, disent-ils, ce qui est la cause des coûts de sécurité sociale toujours plus élevés.

– Les autres soulignent que l’économie n’a plus du tout pour but de créer des emplois, mais que les actionnaires ne font que pousser leurs entreprises à des coûts les plus bas possibles et à des profits les plus élevés possibles. Ainsi, de plus en plus de personnes quittent la vie active.

Selon le pouvoir d’information des représentants, l’une ou l’autre théorie est plus ou moins connue du public.

Les valeurs

La CDU, qui est favorisée dans les prochaines élections, parle depuis un certain temps de vouloir politiser à nouveau selon des « valeurs ». C’est là que les lignes de faille dans les visions du monde apparaissent. La droite (et aussi de nombreux chrétiens conservateurs) suggère que la gauche (à partir des « 68 ») n’a plus de valeurs. Elle ignore qu’il s’agit simplement de valeurs différentes, et dans certains cas, pas du tout pires et sans doute moins matérialistes. Les valeurs que la CDU met au premier plan sont le « travail » et la « fiabilité ». Elle se rapproche ainsi des « valeurs chrétiennes ».

J’ai des doutes sur ce dernier point. Bien sûr, le droit accorde plus d’importance à certaines valeurs morales comme le mariage, mais malheureusement, il ne fait pas grand-chose pour leur permettre de s’exprimer. Bien sûr, il est plus critique à l’égard de l’avortement. Mais l’invocation générale des « valeurs chrétiennes » me semble être plus un réflexe de défense et de repli contre la « menace islamique » qu’un réel contenu. Le contenu de la doctrine chrétienne inclut également la solidarité et la justice sociale. Le programme électoral de la CDU est foulé aux pieds. Bien entendu, leur souci justifié de créer des emplois est lié à la solidarité. Mais trop de « mesures » désolidarisantes sont trop facilement qualifiées de « croissance économique » et pour cela de « soulagement des caisses de sécurité sociale endettées ».

– Dans le cas de l’assurance maladie, une prime de capitation doit être introduite à la place des primes liées au revenu. Que vous soyez riche ou pauvre, tout le monde paie le même prix. Les pauvres devront payer des suppléments importants.

– La nature généralement contraignante des conventions collectives de travail doit être affaiblie. Cela permettra de rendre la main-d’œuvre « moins chère » et de créer plus d’emplois. Mais les emplois créés suffiront à peine à vivre et seront souvent pris par des Polonais qui exigent encore moins…

– Le ministre désigné des finances, Paul Kirchhof, a également déjà proposé l’introduction d’un impôt forfaitaire, c’est-à-dire le même pourcentage d’imposition que l’on soit riche ou pauvre.

Il est suggéré que ces mesures sont maintenant nécessaires pour générer plus d’emplois et de croissance, mais que tout le monde sera mieux plus tard. Aux États-Unis et en Angleterre, qui pratiquent cette politique depuis 25 ans, nous avons constaté qu’elle ne fonctionne pas : les pauvres se sont appauvris, le salaire moyen des travailleurs aux États-Unis est resté le même pendant 30 ans, et les prestations de l’État ont été réduites en même temps. Le taux de chômage a officiellement baissé, mais les salaires des pauvres suffisent à peine à vivre.

Ces politiques se sont donc révélées futiles, car les politiques économiques et sociales doivent avant tout servir ceux qui en ont le plus besoin. Mais apparemment, la politique de la CDU ne repose pas sur cette maxime. Elle ne pense guère aux pauvres, à la solidarité et à la justice. Sa seule maxime semble être la croissance, c’est-à-dire l’accumulation de la richesse. Comme cela est bibliquement faux, il est logique que ces valeurs ne mènent à rien. Ils veulent créer des emplois uniquement par la croissance, plutôt que par une création consciente d’emplois par le renoncement et le partage. Ce dont nous avons besoin, c’est d’un véritable changement d’attitude. Cela vaut également pour les actionnaires, qui doivent être prêts à créer des emplois même s’ils ne peuvent pas réaliser un profit maximum. Mais les politiques de la CDU, au contraire, visent à libérer des opportunités de profit en réduisant les coûts. L’égoïsme est légitimé, les gens ne sont que des facteurs de coût, le fait qu’ils aient alors assez pour vivre n’est pas important.

Nous ne pensons bien sûr pas que le gouvernement SPD représente aujourd’hui les « valeurs chrétiennes » par opposition à la CDU. Mais lorsque l’on parle de valeurs chrétiennes, il faut aussi aborder les valeurs les plus fondamentales comme la charité et la solidarité. Nous devons définir ce qui est réellement l’objectif de la politique. Parler de valeurs devient autrement une erreur d’étiquetage. ChristNet a déjà publié quelques textes sur ce sujet (voir site web) et, à partir de l’hiver prochain, se tournera de plus en plus vers le thème des valeurs et des objectifs de la politique.

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La charité est essentiellement synonyme de solidarité. C’est particulièrement vrai dans le domaine de la santé. Dans quelle mesure est-il important pour nous que nos voisins aient accès aux soins de santé ? Et à quel point est-il important pour nous que les pauvres aient autant d’accès que les riches ? En ce sens, quelle est l’importance de la justice pour nous ? Où se situe la limite du traitement nécessaire ou approprié pour la santé ? Il s’agit de chances de vie et d’accès à la société : certains traitements peuvent ne pas être nécessaires à la survie, mais ils peuvent être massivement invalidants.

La solidarité en matière de soins de santé signifie avant tout la solidarité des bien-portants avec les malades et la solidarité des riches avec les pauvres. Tous deux sont aujourd’hui en danger : Ceux qui ne veulent pas partager affirment de plus en plus que les malades vont trop souvent chez le médecin et que c’est la faute des pauvres s’ils sont pauvres. En matière de politique de santé, il est évident que les attaques de la droite contre l’État-providence ne sont pas simplement dirigées contre les bénéficiaires individuels de l’État-providence, mais qu’ils sont essentiellement plus intéressés par leur propre portefeuille que par le bien-être de leurs voisins. Après tout, qui tombe malade volontairement ?

Raisons de l’augmentation des coûts

La loi sur l’assurance maladie de Ruth Dreifuss visait deux objectifs : d’une part, renforcer la solidarité entre les personnes en bonne santé et les malades, et d’autre part, mettre un terme à l’explosion des coûts du système de santé. Le premier postulat a été rempli aujourd’hui, mais le second ne l’a pas été. Quelles en sont les raisons ?

– Le progrès médical ne peut être arrêté. Des traitements de plus en plus performants (mais donc généralement aussi plus coûteux) sont mis au point, et de plus en plus de maladies peuvent désormais être (mieux) soignées.

– Ces dernières années, les prix des médicaments ont augmenté massivement. Les entreprises pharmaceutiques suisses ont réussi à faire passer au Conseil national le fait que les réimportations de l’étranger (où les médicaments suisses sont beaucoup moins chers) restent interdites…

– Trop de concurrence : en raison de la concurrence entre les hôpitaux, chaque hôpital (privé et public) veut toujours acheter les derniers équipements de plusieurs millions de dollars. Cela les oblige également à les amortir en effectuant avec eux des examens inutiles.

– Le vieillissement de la population entraîne le fait que de plus en plus de personnes ont besoin de soins. Je suppose qu’ils ne peuvent pas s’en empêcher…

La désolidarisation comme solution ?

Le nouveau ministre de l’intérieur et donc de la santé, M. Couchepin, a déjà annoncé comment il souhaite rendre les soins de santé plus abordables.

– Primes « ajustées au risque » pour les personnes de plus de 50 ans. Les personnes âgées devraient payer plus de primes d’assurance maladie car elles « causent » également plus de frais. L’idée de la solidarité des bien-portants avec les malades comme principe de soins de santé lui semble totalement inconnue. Les personnes âgées ne peuvent tout simplement pas s’empêcher d’augmenter les coûts de santé, et ne devraient donc pas être punies pour cela non plus. Couchepin s’appuie apparemment sur des statistiques qui « montrent » que les personnes âgées ont tendance à être riches en moyenne. Mais cette richesse est très inégalement répartie et, même aujourd’hui, la personne âgée moyenne (c’est-à-dire la médiane) est plus pauvre que le citoyen moyen, il ne veut pas voir cela….

– Couchepin prévoit également de réduire l’assurance de base. On ne sait pas encore exactement ce qu’il prévoit, mais il est à craindre que de nombreux traitements, qui sont aujourd’hui couverts par l’assurance de base (solidaire), ne seront à l’avenir accessibles que par le biais d’une assurance complémentaire coûteuse. Adieu la solidarité…

– En revanche, il veut « renforcer la concurrence ». L’exemple des hôpitaux nous montre que cela augmente les coûts et ne les réduit pas. Et surtout les États-Unis, où la concurrence « joue » à cet égard, devraient suffire à nous mettre en garde : les médecins font de la publicité sur des affiches de taille mondiale pour attirer les clients (j’ai d’ailleurs vu des affiches aux États-Unis avec des slogans comme « Avez-vous mal à la tête aujourd’hui, ne vous sentez-vous pas bien ? Alors venez voir le Dr. XY »). Résultat : selon les calculs de l’OCDE, les soins de santé engloutissent 14 % du produit national brut aux États-Unis, environ 10 % en Suisse et environ 9,5 % en moyenne dans l’UE. Pourtant, aux États-Unis, la moitié de la population n’a pas d’assurance maladie parce qu’elle n’en a pas les moyens, et la mortalité infantile (selon l’ONU, principal indicateur de la diffusion des soins de santé) est plus de 50 % plus élevée qu’en Suisse, en Allemagne ou en France (0,8 % contre 0,5 %) Voulons-nous vraiment ce système ?

Couchepin semble avoir succombé à son idéologie néo-libérale : « la concurrence rend tout bon », et « chacun peut le faire lui-même s’il le veut ». Opposons-nous clairement à ces tendances à la désolidarisation. La question va devenir brûlante dans les mois à venir (mais surtout après les élections de l’automne) !


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La solidarité est une valeur chrétienne centrale. En quoi cela me concerne-t-il ? Markus Meury rend compte de ses expériences en tant que secrétaire syndical, montre des antécédents bibliques et commente les tendances actuelles en tant que sociologue.

Tout d’abord sur mes expériences personnelles au sein du syndicat

L’une des raisons pour lesquelles on m’a demandé de participer à ce petit déjeuner d’hommes est que j’ai travaillé comme chrétien dans un syndicat, et que je peux ainsi apporter une perspective qui est peut-être moins connue par ailleurs. (Je suis parti en juillet pour travailler pendant quelques mois à la Commission des droits de l’homme du Salvador. Maintenant avec Tear Fund, l’agence de secours de l’Alliance Evangélique. Leading Stop Poverty 2015, une campagne visant à encourager les chrétiens à s’engager davantage dans la lutte contre la pauvreté dans le monde).

Les années 90 ont été une période où les groupes à faibles revenus et les groupes marginalisés étaient particulièrement en difficulté. Dans le monde du travail en particulier, les réductions de salaires ont eu un effet dévastateur sur les personnes à faibles revenus, et la libéralisation des heures de travail a eu des effets sur la vie familiale. J’avais également le sentiment que cette spirale descendante allait se poursuivre en raison de la concurrence internationale qui a été décrite à maintes reprises, à moins que les employés eux-mêmes ne soient capables de se défendre. C’est pourquoi j’ai voulu travailler pour un syndicat et j’ai posé ma candidature auprès de différents syndicats il y a presque cinq ans. J’ai finalement rejoint le syndicat VHTL à Bâle, où j’ai travaillé comme secrétaire régional jusqu’en juillet.

VHTL signifie vente, commerce, transport, alimentation. J’ai été particulièrement heureux de trouver un emploi ici, car ce syndicat représente exactement les groupes qui me préoccupent. Il s’agit des employés des professions de service aux revenus les plus faibles, par exemple les caissiers de la Migros, les nettoyeurs, les gardiens de nuit et les ouvriers de la fabrique de saucisses Bell.

Ces dernières années m’ont permis de mieux comprendre le monde de ceux avec qui vous et moi n’avons pas grand-chose à faire. Voici quelques mots clés à leur sujet :

l Le salaire : en fait, il y a eu de plus en plus de « travailleurs pauvres » tout au long des années 1990, en particulier dans les régions que je représente. Au début de mon travail, de nombreux vendeurs ou femmes de ménage avaient un salaire net inférieur à 2500 francs. C’est à peine suffisant pour vivre si vous êtes seul, mais dès que vous devez aussi élever des enfants, c’est trop peu. De plus, il faut être conscient que cela ne concerne pas seulement les femmes, mais aussi les pères de famille. Il est donc tout à fait compréhensible que les deux parents doivent travailler pour faire vivre la famille. Par conséquent, même en tant que second revenu, le niveau des salaires devient important. Grâce aux campagnes menées par les syndicats en faveur du salaire minimum, les salaires les plus bas ont été considérablement augmentés ces dernières années.

l Mot-clé heures de travail : Depuis la fin des années 80, le travail de garde s’est de plus en plus développé. Par exemple, j’ai moi-même dû constater les difficultés de ma mère à organiser sa vie privée alors qu’elle devait toujours attendre que l’employeur l’appelle au travail ou non. La nouvelle loi sur le travail qui est entrée en vigueur à la fin des années 90 a ensuite donné une nouvelle impulsion à la déréglementation des heures de travail. De plus en plus de travail du soir a été introduit, outre le fait de faciliter le travail de nuit et le dimanche. En outre, la déréglementation des heures d’ouverture des magasins s’est accrue. Tout cela a particulièrement touché les travailleurs les plus vulnérables. Dans ces domaines, peu de salariés ont un apprentissage ou d’autres compétences professionnelles qui leur permettraient de changer d’emploi lorsque les horaires de travail ne permettent plus une vie de famille. Dans mon travail, j’ai été témoin de plusieurs cas où des familles ont éclaté, entre autres parce que les partenaires ne se voyaient plus guère en raison d’horaires de travail hyper-flexibles.

l Mot-clé concurrence : les déréglementations et les réductions de salaires sont toujours justifiées par la concurrence internationale et le danger qui en découle pour nos emplois. D’après ce que j’ai vu, je dois conclure que ce sont les plus vulnérables qui sont les plus vulnérables dans ce genre d’économie.

l A cela s’ajoute le stress croissant : autrefois, les périodes d’inactivité, où il n’y avait pas beaucoup de travail, étaient monnaie courante. Aujourd’hui, au contraire, les heures de travail sont tellement comprimées que les dommages liés au stress augmentent massivement. J’ai dû assister à des pannes dramatiques de personnel. On dit aujourd’hui que les performances doivent être récompensées, mais précisément ces augmentations massives des performances dans les couches de revenus les plus faibles n’ont pas été récompensées du tout….

l Et puis les chômeurs : comme vous le savez, les syndicats ont leurs propres caisses de chômage, nous aussi. J’ai donc une petite idée de la façon dont cela fonctionne. De nombreux employés qui recevaient leurs allocations de chômage chez nous ont eu d’énormes difficultés à retrouver un emploi. Le monde du travail exige de plus en plus de compétences et une efficacité à 100 %. Cependant, il existe une catégorie de personnes qui soit n’ont guère la capacité intellectuelle de le faire, soit, pour une raison quelconque, ne sont pas en pleine possession de leurs pouvoirs. Aucun employeur ne veut de ces personnes, même en période d’essor, car dans le monde du travail actuel, seuls ceux qui sont capables d’être performants sont recherchés. Il en résulte une augmentation du chômage dit de base. En fin de compte, beaucoup d’entre eux se retrouvent dans la IV.

J’ai donc beaucoup de mal à accepter les postulats de « responsabilité personnelle » et à étiqueter les gens comme de « faux invalides ». M. Blocher a déclaré que les deux tiers des retraités de l’AI n’ont même pas besoin de pension. Vraiment pas ? La question est permise, si HE les emploierait cependant dans son entreprise…. Il est trop facile de blâmer les retraités. Nous devons être prêts à y regarder de plus près ! Bien sûr, il y a des personnes dans les groupes ci-dessus qui ne veulent pas travailler. Et il y a aussi ceux que l’État providence rend léthargiques. Des mesures doivent être prises dans ce domaine. Mais c’est tout simplement jeter le bébé avec l’eau du bain si nous réduisons maintenant les allocations de chômage, les prestations d’invalidité ou les prestations sociales pour tout le monde. Enfin, la question se pose : qu’est-ce qui est le plus important pour nous : que personne ne souffre ou que personne ne bénéficie ?

Pensée biblique

Le thème de la solidarité occupe une place étonnamment large dans la Bible. Le concept de pauvreté est au cœur de cette démarche. Ce terme est utilisé d’une part pour la pauvreté matérielle et pour l’oppression (aussi « misérable, humble », etc.), mais aussi pour les pauvres spirituels, c’est-à-dire les humbles. Je ne m’intéresse ici qu’aux deux premières utilisations.

Comment les pauvres sont-ils perçus dans la Bible ? Quelle culpabilité ont-ils pour leur situation ? Les passages où la pauvreté est associée à l’auto-infliction sont rares. On ne les trouve que dans le livre des Proverbes et dans la déclaration du NT selon laquelle celui qui ne travaille pas ne mangera pas. Sinon, la pauvreté est décrite comme un mal social, souvent associé à la privation ou à l’oppression sociale. Bien sûr, cela ne signifie pas que les pauvres d’aujourd’hui sont généralement innocents de leur situation, mais je vois certains parallèles.

C’est pourquoi l’Ancien et le Nouveau Testament sont pleins d’appels à protéger les pauvres (physiquement et légalement) et à partager avec eux.

Nous devons ouvrir généreusement notre main aux pauvres (Deut. 15. 7-11)
Prov. 21.13 « Celui qui ferme ses oreilles à l’appel au secours des humbles criera une fois et ne recevra pas de réponse.
Et dans Matthieu 25, nous lisons après quoi est jugé : J’avais faim, et vous m’avez donné à manger, etc.

L’aumône est généralement considérée comme bonne dans la Bible. Mais il y avait aussi une redistribution légalement réglementée dans l’Ancien Testament :

  • La dîme a également servi à soulager la pauvreté
  • Tous les 3 ans, 10 % de la récolte est destinée aux pauvres
  • Les glanages après la récolte étaient réservés aux pauvres (Deut. 19.10)
  • Tous les 7 ans, un champ était laissé en friche. Les fruits appartenaient aux pauvres (Ex. 23.11)
  • Tous les 7 ans, les dettes étaient annulées (« afin qu’il n’y ait pas un pauvre parmi vous » comme il est dit dans le Deut. 14.4)
  • Aucun intérêt ne pouvait être perçu sur les membres de son propre peuple
  • Tous les 50 ans, les terres vendues en détresse étaient rendues à leurs propriétaires d’origine, afin qu’il n’y ait pas d’accumulation de richesses ou de privation de terres

La redistribution légale n’est donc pas synonyme de vol, comme le prétendent les adeptes de l’évangile de la prospérité.

Les différents auteurs de l’Ancien Testament ont également appelé à protéger les pauvres et les humbles et à leur rendre justice. Car trop souvent, les forts ont essayé d’ignorer les droits des pauvres ou des juges injustes ont fait pencher la balance du côté des pauvres. À l’époque (comme aujourd’hui), la pauvreté était aussi souvent liée à l’impuissance. Les prophètes, en particulier, ont été durs avec les Israélites lorsque, malgré leur richesse, ils ont laissé les pauvres dans la misère ou ont bafoué leurs droits.

La Bible nous invite à traiter les pauvres et les humbles comme des égaux et à défendre leurs droits et la justice sociale. Par exemple, dans le Ps. 82.3-4 : « Rends justice au petit et à l’orphelin, au misérable et au nécessiteux, que justice soit faite ». Sauvez les humbles et les pauvres, arrachez-les à la main des méchants.

En outre, selon Jésus, la loi suprême est l’amour de Dieu et du prochain : la solidarité est une conséquence naturelle de ce qui a été dit dans la première partie.

Nous avons vu que le partage est particulièrement important, car la pauvreté semble également avoir des causes structurelles.

Mais comment partager ?

  • Les premiers chrétiens partageaient pratiquement tout. Cela pourrait servir de modèle, mais ce n’est pas un « must ».
  • Partageons autant que nous le pouvons et pas seulement de notre abondance. C’est ce que montre l’histoire de la pauvre veuve du temple de Marc 12, qui tend à nous conduire à un mode de vie plus simple.
  • On nous dit aussi de « donner du travail aux pauvres ». Ne gardons donc pas nos bons revenus pour nous. Mais nous ne devons pas nécessairement devenir pauvres non plus. Notre attitude devrait être celle de la générosité et de la satisfaction de ce que nous avons.

– Je crois que la vraie solidarité et la vraie charité ne peuvent être vécues que lorsque nous sommes nous-mêmes libérés de nos propres angoisses concernant notre pain quotidien, lorsque nous sommes pleinement soutenus dans tous nos besoins par notre Père céleste. La solidarité devient alors une joie et ne se fait pas simplement par culpabilité.

  • Comme nous l’avons vu dans la Bible, parfois imposée légalement, une redistribution organisée est également nécessaire, car il est évident que les pauvres sont trop importants pour Dieu pour qu’il laisse leur bien-être au seul libre arbitre des donateurs.

Tendances actuelles

Cependant, les sociétés de tous les pays du monde occidental semblent aujourd’hui avoir un problème croissant de partage, malgré l’augmentation de la pauvreté. Il existe une tendance générale à la désolidarisation. Après qu’une partie de la solidarité ait été déléguée aux institutions, ces dernières sont maintenant elles aussi remises en question (sans que l’ancienne solidarité ne revienne pour autant). Cette désolidarisation est également visible dans le changement de valeurs : des études montrent la popularité croissante du terme « liberté » par rapport au terme « justice sociale ».

À mon avis, ce changement de valeurs repose, entre autres, sur les trois points suivants, qui sont interdépendants :

  • 1. l’individualisme croissant : l’interdépendance des personnes devient de plus en plus petite avec l’augmentation de la prospérité et les possibilités qui en résultent pour façonner sa vie. L’interdépendance (et donc la nécessité d’une organisation commune) n’est plus perçue.
  • 2. La prospérité croissante a également fait que la peur de perdre devient de plus en plus forte.
  • 3. cette crainte génère une hiérarchisation toujours plus grande de la croissance économique, ce qui entraîne un empiètement de la pensée économique sur tous les domaines de la société.

Cette désolidarisation s’accompagne d’idéologies de justification et de mythes populaires que nous ne sommes que trop heureux de croire :

  • 1. « Chacun peut tout faire lui-même ». Les différences de capacités, d’origines, etc. montrent suffisamment que cette affirmation ne résiste pas à la réalité.
  • 2. « L’État-providence est de plus en plus malmené ». Une revendication rampante qui n’est guère justifiée et qui reflète plutôt nos craintes croissantes. La peur du profit n’a jamais été aussi forte dans la Bible non plus.
  • 3. « L’État-providence ne fait que maintenir les pauvres et les chômeurs dans la dépendance, il est donc préférable de ne rien donner de plus aux nécessiteux ». Comme nous l’avons vu précédemment, les nécessiteux sont tout aussi peu aidés si nous ne leur donnons rien de plus, car pour la plupart, ils ne peuvent rien faire pour améliorer leur situation.
  • 4. « Si l’économie va bien, alors tout le monde va bien ». Cependant, les plus faibles souffrent généralement doublement de la libéralisation : ils sont alors moins protégés et, dans les économies où la redistribution est moindre, ils ne tirent pratiquement rien de la croissance économique (ce qui est également prouvé par une étude de la Banque mondiale).
  • 5. « La pauvreté ne peut être combattue que par plus de croissance ». Les pays occidentaux sont si riches que, théoriquement, tout le monde pourrait en avoir assez. Mais c’est simplement une question de partage.

La solidarité – alors qu’est-ce que c’est pour nous ?

1) On dit souvent que l‘État est aujourd’hui surchargé, que l’ensemble du système n’est plus abordable. Nous avons le choix

a) de réduire les services ou

b) partager davantage.

Bien que la richesse de la population augmente régulièrement, nous choisissons aujourd’hui a). Actuellement, les subventions des centres d’intégration chrétiens comme le Steppenblüte sont massivement réduites et leur existence est menacée. Les coûts sont alors simplement supportés par d’autres (ou glisser : plus bas…).

Mais il est évident que nous ne pouvons pas partager davantage. Le mythe de l’augmentation constante des impôts est facilement démenti. C’est que nous ne voulons tout simplement pas plus. Voyez les États-Unis : là où l’argent est revenu à la fin des années 90, il n’y a toujours pas eu de nouveau partage….

Il est également intéressant de constater que malgré les réductions constantes des gouvernements, les dons privés n’augmentent pas, même si la solidarité nous concerne de plus en plus personnellement.

2) Exemple de BS : 8% IV, donc abus ? Préjugé typique de ces personnes, car en fait nous avons deux explications :

a) la faute des bénéficiaires de l’IV

b) un problème dans le système économique où ils sont tombés.

Là encore, nous avons tendance à choisir a), car si nous choisissions b), nous aurions un problème : nous devrions remettre en question tout le système dont la majorité d’entre nous bénéficie et vit plus ou moins bien.

Mais en réalité, c’est trop évident : l’emploi n’est plus qu’un sous-produit accessoire de l’activité économique. La bourse préfère les pertes d’emplois, acclament les courtiers. Aujourd’hui, le profit vient en premier, puis le produit, puis les personnes. Nous devons changer tout cela. Mais cela exige aussi de changer les cœurs. Car même la Bible dit : « La convoitise est la racine de tout mal… »

Mais comment une entreprise qui se tourne d’abord vers les gens peut-elle survivre ? L’éthicien des affaires Peter Ulrich appelle à des « backstops moraux », c’est-à-dire à un freinage de la concurrence, qui est évidemment mortel pour la société, par des barrières juridiques et par des avantages pour les entreprises qui se comportent moralement. Toutefois, cela nécessiterait une coordination mondiale…

3) La croissance comme solution ? Si nous regardons les États-Unis, nous devons être déçus : malgré des taux de croissance élevés pour un pays industriel dans les années 90, la situation sociale ne s’est pas améliorée de manière significative. Il y a plus d’emplois qu’auparavant, mais la pauvreté n’a pas diminué.

De plus, la question se pose de savoir ce que nous sacrifions au nom de la croissance. En général, au nom de la croissance, ce sont précisément la solidarité organisée, l’égalité des chances et la protection des faibles qui sont démantelées…. La croissance est donc une absurdité. Toutes les mesures doivent donc être examinées en fonction de leur impact sur les pauvres et les faibles.

4) Nous devons également nous éloigner de notre orientation mammon. L’économie est bonne, tout ce qui est bon n’est plus valable, et la pensée du pur profit entraînera une société dans sa tombe.

5) Ce dont nous avons également besoin, c’est d’un soutien accru à l’éducation et à l’intégration au lieu de punir les personnes concernées. Mais cela coûte plus cher, et c’est pourquoi nous nous y opposons.

6) Et nous, les chrétiens ? Nous disons souvent que l’État est surchargé et qu’il faut donc s’impliquer. Alors, retroussez vos manches. Malheureusement, certains chrétiens pensent aussi que l’État devrait tout laisser tranquille, car les chrétiens aiment mieux. Mais nous sommes encore loin d’être prêts à reprendre l’ensemble de l’AVS, de la IV, de la Arbeitslsenkasse et de toutes les autres tâches…

Mais il est également vrai que chacun d’entre nous devrait prendre en charge, dans la mesure du possible, les soins privés aux personnes âgées et aux malades. Nous sommes également appelés à d’autres solidarités privées. C’est notre rôle !

Comme nous l’avons vu, le changement de valeurs se fait au détriment de la solidarité, même dans les églises. Mais nous, les chrétiens en particulier, pourrions redécouvrir la solidarité au nom de la charité et être les pionniers de la diffusion des valeurs dans la société.


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