~ 4 min

Il est récemment devenu à la mode de se moquer des contribuables qui paient les impôts en toute honnêteté. L’évasion fiscale et la fraude fiscale sont aujourd’hui considérées comme des pécadilles, voire comme un droit humain1.

Il est triste de constater que même des chrétiens entonnent ce refrain. J’ai dernièrement entendu quelqu’un défendre le secret bancaire en arguant que les autres pays étaient, entre autres, eux-mêmes coupables de l’évasion fiscale commise par leurs ressortissants –  en fin de compte, ils n’avaient qu’à ne pas percevoir des impôts aussi élevés ! (Remarque : le secret bancaire en Suisse permet aux ressortissants d’un autre pays de pratiquer l’évasion fiscale par le fait qu’en cas de soupçon d’évasion fiscale, ce pays ne peut pas obtenir d’entraide administrative et judiciaire). N’est-il pas présomptueux et injuste de faire un bénéfice grâce à des personnes pratiquant l’évasion fiscale dans d’autres pays si ceux-ci ont défini leurs taux d’imposition de manière démocratique ?

Un conseiller national chrétien a lui aussi tenu des propos choquants récemment. Interrogé sur ce qu’il trouvait particulièrement précieux de préserver en Suisse, il a loué le système fiscal suisse qui n’oblige pas simplement le contribuable à payer les impôts, mais lui permet plutôt de payer le montant de son choix2. Quel manque total de responsabilité lorsque même des conseillers fédéraux et d’autres personnalités de premier plan soufflent dans la même trompette et présentent les impôts comme quelque chose que l’on ne paie que lorsqu’on est satisfait de leur montant. Ainsi, Kaspar Villiger a dit : « Lorsque le prix des services publics est raisonnable, les gens sont prêts à payer des impôts ». Et lorsque l’Etat n’agit pas exactement selon ma compréhension de la justesse – suis-je donc en droit de refuser de m’en acquitter ? Les politiciens bourgeois s’efforcent aujourd’hui par tous les moyens de faciliter la tâche à qui souhaite éluder les impôts. Parmi les moyens dont ils disposent figurent :

·        L’exacerbation de la concurrence fiscale (entre communes, cantons et nations).

·        L’octroi d’allègements fiscaux destinés à attirer les multimillionnaires et entreprises. Il s’agit souvent de cas très peu transparents3, qui violent les principes fondamentaux de l’égalité devant la loi4.

·        Le refus de combler les lacunes importantes en matière fiscale.

·        Le secret bancaire : il constitue une injustice particulière, puisque nous permettons ainsi à des ressortissantsd’autres pays de s’adonner à l’évasion fiscale.

Quel état d’esprit trouve-t-on derrière cette attaque en règle contre toute morale fiscale digne de ce nom, aussi minimale soit-elle ? D’abord, le fait que tous – les pauvres aussi bien que les gens aisés – trouvent difficile de payer des impôts. C’est compréhensible et il n’y a pas lieu de les critiquer. Mais un tout autre facteur entre ici en jeu. C’est, en premier lieu, une quête acharnée de l’argent – une recherche qui ne permet ni répit ni générosité.

L’une des raisons fondamentales au dédain actuel face aux impôts est le fait que les citoyens ne se perçoivent plus comme faisant partie intégrante d’une collectivité : ils ne ressentent plus de lien d’appartenance à leur pays, ni le fait que leur richesse n’aurait pas vu le jour sans l’entremise de nombreuses autres personnes, ni même qu’ils tirent des avantages considérables des prestations de l’Etat. C’est ici la perception de l’Etat dans son ensemble qui a changé. Il nous faut donc recommencer à zéro…

Dominic Roser et Markus Meury, Octobre 2005

 


1. P.ex. Phil Gramm, Président adjoint d’UBS Warburg : « Les banquiers suisses sont de grands bienfaiteurs de l’humanité (…). Ils ont protégé non seulement la fortune des hommes, mais aussi leur liberté. La possibilité donnée à l’homme de déplacer son argent dans le but de le protéger (…) constitue l’une des libertés fondamentales de l’être humain sur cette planète » (voir « Guide général sur l’évasion fiscale », disponible sur www.ladb.ch). (Remarque à ce sujet : le sénateur républicain Phil Gramm se place, par ces propos, en nette opposition à la Bible, Dans la loi donnée à Moïse, le droit à la propriété ne bénéficiait nullement d’une protection absolue).

2. S’agissant de la question : « Quelle est la particularité de notre Etat suisse que nous tenons à préserver ? » : «  Nous avons une patrie qu’il vaut la peine de préserver. Nous détenons aujourd’hui encore des réglementations uniques en leur genre. C’est le cas également de notre droit fiscal : en Suisse, l’Etat confie au citoyen le soin d’indiquer lui-même sur sa déclaration d’impôts combien il gagne et à combien se chiffre sa fortune. Il imposé après coup sur la base des données fournies, selon des taux d’imposition qu’il définit lui-même. En bref : l’Etat laisse au citoyen son revenu, et celui-ci dit : je veux payer tant d’impôts. Dans d’autres pays, l’Etat prend au citoyen la part de son revenu dont il pense avoir besoin, et les taux d’imposition ne sont pas déterminés par le peuple par un processus de démocratie directe ». (Voirwww.jesus.ch/index.php/D/article/151-Schweiz/26051-30_Jahre_-_und_kein_bisschen_heiser:_Die_EDU_ersehnt_eine_bessere_Demokratie)

3. A l’automne 2005 dans le canton de Berne, le fait que même les parlementaires cantonaux ont eu de la peine à savoir quelles entreprises bénéficiaient d’un soutien, a fait parler de lui. Lorsqu’ils ont ensuite pu consulter la liste, même les politiciens bourgeois étaient étonnés du nombre élevé d’allègements fiscaux consentis (voir « Der Bund » du 08.09.2005).

4. Voir sur ce thème, sous www.christnet.ch, le texte « Imposition forfaitaire pour étrangers fortunés » et le courrier correspondant adressé à des conseillères et conseillers nationaux sélectionnés.

Photo by Kelly Sikkema on Unsplash

~ 7 min

1) Staat und Steuern in der Bibel

Wegen dem Stand der Technik (Transport, Kommunikation etc.) ist die Situation zu biblischen Zeiten kaum mit heute vergleichbar. Eine kollektive Organisation war nicht machbar wie in unserer Zeit. Trotzdem finden wir seit Mose Gesetzgebungen zum Thema Ausgleich, und seit den Königen noch mehr. Jesus bejaht den Staat als notwendige Realität («Gebt dem Kaiser…»), gibt aber keine direkte Antwort darauf, wie viel Staat und welche Staatsform. Achtung aber auch vor dem Irrglauben, dass der Staat nur dann gut ist, wenn er von Christen regiert wird, oder auch, dass eine christliche Regierung immer tut, was Gott will…

Einzel- und Kollektivverantwortung

Neben der Betonung der individuellen Verantwortung wurde im alten Testament auch anerkannt, dass verschiedene Aufgaben kollektiv gelöst werden sollten. Dies gilt z. B. für die Gesetzgebung, die Organisation gemeinsamer Aufgaben (religiöse Organisation, aber auch Strassenbau, Sicherheit etc.) und eine gewisse Umverteilung.

Teilen

Einerseits sehen wir in der Bibel die Aufforderung zum Teilen, Almosengeben, zur Barmherzigkeit, und zwar aus Solidarität mit den Benachteiligten. Das Thema Solidarität nimmt in der Bibel einen erstaunlich breiten Raum ein. Zentral ist dabei der Begriff der Armen. Dieser Begriff wird im Zusammenhang mit materieller Armut und Unterdrückung verwendet («Elende», «Geringe», etc.), aber auch für geistlich Arme, das heisst Demütige. Ich befasse mich hier nur mit den zwei ersten Gebrauchsweisen.

Die Armen

Wie werden die Armen in der Bibel betrachtet? Welche Schuld haben sie an ihrer Situation? Die Stellen, wo Armut mit Selbstverschulden in Verbindung gebracht wird, sind rar. Sie finden sich nur im Buch der Sprüche und in der Aussage im Neuen Testament, wer nicht arbeiten will, soll auch nicht essen. Ansonsten wird Armut als gesellschaftliches Übel, oft in Verbindung mit sozialer Benachteiligung und Unterdrückung beschrieben. Natürlich kann man deshalb nicht sagen, dass die Armen heute generell an ihrer Situation nicht schuld sind, aber ich sehe gewisse Parallelen.

Das Alte wie das Neue Testament sind darum voll von Aufrufen, die Armen zu schützen (physisch und rechtlich) und mit ihnen zu teilen. Als Beispiele lesen wir in 5. Mose 15. 7-11, wir sollen «dem Armen die Hand grosszügig offnen». Und in Sprüche 21.13 gar: «Wer Ohren verstopft vor dem Hilfeschrei der Geringen, der wird einst rufen und keine Antwort erhalten.» Jesus erklärt den Jüngern auch, wonach gerichtet werden wird: «Ich war hungrig, und ihr habt mir zu Essen gegeben.» (Mat. 25)

Gesetzliche Umverteilung

Almosen werden in der Bibel allgemein als gut angesehen. Es gab im Alten Testament aber auch gesetzlich geregelte Umverteilung:

·        Der Zehnte diente nicht nur der Bezahlung der Leviten, sondern auch der Armutslinderung.

·        Alle 3 Jahre gingen 10 % der Ernte an die Armen.

·        Die Nachlese nach der Ernte war den Armen vorbehalten (3. Mose 19,10).

·        Alle 7 Jahre blieb ein Feld unbestellt. Die Frucht gehörte den Armen (2. Mose 23,11).

·        Alle 7 Jahre wurden die Schulden erlassen («damit kein Armer unter Euch sei», wie es in 5. Mose 14,4 heisst).

·        Von den Angehörigen des eigenen Volkes durften keine Zinsen verlangt werden.

·        Alle 50 Jahre (im sogenannten Jubeljahr, 3. Mose 25,8-31) ging Land, das in der Not verkauft werden musste, an die ursprünglichen Besitzer zurück, um der strukturellen Ungerechtigkeit vorzubeugen und allen ein Auskommen zu ermöglichen, denn Landlosigkeit stellte den ersten Schritt in die Verarmung dar.

Es gibt Christen, die sagen, gesetzliche Umverteilung sei Raub. Wie wir sehen, ist dies in der Bibel aber nicht so.

Im Neuen Testament ist die zentrale Botschaft die Nächstenliebe, was sich konkret als Solidarität übersetzen lässt. Praktische Hinweise, was Solidarität im Bereich des Teilens, des Umgangs mit den Benachteiligten meinen kann, finden wir in der Bergpredigt (Mat. 5), im Gleichnis vom barmherzigen Samariter (Lk. 10,25-37) oder auch im Gleichnis vom Weltgericht (Mat. 25). Danach sehen wir auch hier, dass das Gewicht auf die Forderung nach Solidarität und Barmherzigkeit gelegt wird und nicht sosehr auf die Idee, nur ja nicht zu viel zu teilen, weil wir sonst Abhängigkeit und Faulheit fördern könnten.

2) Christlich verbrämte Hartherzigkeit

Eines ist klar: Im Lichte des Gesagten scheint es nicht möglich, die Theorien des «Compassionate Conservativism» und des Wohlfahrtsevangeliums aufrecht zu erhalten, die im Namen des Glaubens Teilen und Solidarität verneinen. Um was geht es bei diesen Theorien?

Wohlstandsevangelium

Das Wohlfahrtsevangelium (auch «Prosperity Gospel») besagt, dass ein guter Christ automatisch auch materiell gesegnet wird. So ist das Teilen nicht mehr nötig, denn der Nächste müsste ja nur Christ werden, alles würde gut und er wohlhabend. Nun sehen wir in der Realität, dass auf der Welt viele gute Christen arm sind. Sollen wir sie deswegen alle verurteilen? Warum haben dann eigentlich die ersten Christen alles geteilt? Und sollen wir diejenigen, die noch nicht Christen sind, einfach in ihrer Armut lassen?

Genau betrachtet ignoriert das Wohlstandsevangelium alles, was die Bibel über das Teilen, die Almosen, den Schutz der Schwachen etc. sagt. Natürlich segnet uns Gott und verspricht uns Wohlergehen, aber nie absolut und nie insofern, als dass wir dann vom Teilen ausgenommen wären. Schon nur deshalb, weil nicht wir selber unseren Reichtum erschaffen haben, sondern Gott. Bei amerikanischen und westeuropäischen Christen ist zudem sehr stark der calvinistische Einfluss und die calvinistische Arbeitsethik zu spüren, bei der versucht wird, die eigene göttliche Auserwählung durch wirtschaftlichen Erfolg zu «beweisen».

Konservativ mit Mitgefühl?

Seit der Mitte der 1990er Jahre wurde in den USA die Unlust zum Teilen und die Staats-Phobie zur komfortablen Theorie des «Compassionate Conservativism» (mitfühlender Konservativismus) weiterentwickelt. Mit der Begründung, der Sozialstaat lähme die Eigenverantwortung der Menschen, wird den Elenden praktisch jede Hilfe verweigert: kaum Hilfsleistungen für Menschen, die nicht arbeiten können, keine Steuererleichterungen und kein Zugang zu arbeitsfördernden Massnahmen (z. B. Bildung und Kinderkrippen). Dies trotz 10 % Arbeitslosigkeit (nach europäischen Kriterien) und einer quasi inexistenten Chancengleichheit. Hartherzigkeit und Desinteresse für die Lebenssituation der betroffenen Menschen wir hier gar noch als mitfühlend bezeichnet. Ist es das, was in der Bibel als Verhärtung der Herzen in der Endzeit bezeichnet wird?

3) Biblische Steuerpolitik ?

Eine biblische Steuerpolitik, die auf Gerechtigkeit und Solidarität beruht, könnte sich an folgenden Leitlinien orientieren:

Gemeinsame Aufgaben

Es gibt eine Reihe von Aufgaben, die am besten gemeinsam organisiert werden:

·        Angebote, die die Gerechtigkeit sicherstellen: Zugang zu Grundbedürfnissen, Bildung, Gesundheit, etc.

·        Aufgaben, die der Markt nicht selber erbringen kann, da die Investitionskosten zu hoch wären oder die Zielgruppe nicht genügend kaufkräftig ist, oder will (Umweltschutz, etc.). Hier gilt es, einen sinnvollen Mix von Staat und Markt zu finden. Ideologen, die alles dem Markt überlassen wollen, glauben oft an die Wohltat des egoistischen homo oeconomicusund der «unsichtbaren Hand» von Adam Smith. Auch wenn der Mensch tatsächlich oft egoistisch handelt, so ist es doch gefährlich, zu glauben, dieser Egoismus führe zum Guten…

Teilen

Wir sehen in der Bibel neben der Aufforderung zu privater Wohltätigkeit auch eine staatlich verordnete Solidarität. Dies einerseits über Umverteilung (Zehnter), aber auch dadurch, dass gewisse Produkte für die Armen reserviert sind. Zudem wurde mit gesetzlichen Vorschriften wie dem Halljahr, Zinsverbot etc. darauf geachtet, dass es keine zu grosse Differenz zwischen Arm und Reich gab.

4) Umsetzen heute?

Wie können diese Leitlinien heute politisch umgesetzt werden?

1.      Gewährleistung der Chancengleichheit: Bildung, etc.

2.      Bekämpfung der Arm-Reich-Schere: Einführung hoher Erbschaftssteuern und Umverteilung der Einkommen. Letzteres ist nur limitiert nötig, wenn die Chancengleichheit verbessert und die Erbschaftssteuer hoch angesetzt wird. Andererseits waren die Einkommensunterschiede zu biblischen Zeiten viel weniger gross als heute! Kostenloser Zugang zu verschiedenen Gütern.

3.      Solidarität: Versicherungen; zusätzliche Unterstützung, wo nötig; KEIN Giesskannenprinzip.

4.      Progressive Steuern: Jeder soll soviel Steuern bezahlen, wie er KANN. Das Steuersystem zu biblischen Zeiten war zwar linear (Zehnter), aber damals waren die technischen Möglichkeiten für ausdifferenzierte Systeme gar nicht vorhanden. Wichtig ist auch der Hinweis auf Lukas 21 und Markus 12 wo das Scherflein der Witwe mehr zählt als die grossen Gaben der Reichen, die nur von ihrem Überfluss gaben.

Leistungslohn oder Marktlohn?

Hier muss gesagt werden, dass bei Einkommen, die nur noch vom Marktwert abhängig sind, nicht mehr gesagt werden kann, nicht mehr gesagt werden kann, dass sie einer erbrachten Leistung entsprechen. Marcel Ospel leistet nicht 500 mal so viel wie eine Kassiererin in der Migros! Wenn nun Herr Ospel zehn von seinen 20 Millionen der Allgemeinheit abliefern muss, so wird seine Leistung dennoch hinreichend honoriert, und er kann vom Rest noch ganz wunderbar leben. Hier brauchen wir auch eine neue Optik: Die Frage ist nicht, wie viel wir von unserem Lohn abgeben müssen, sondern wie viel uns noch bleibt. Und wenn wir uns darüber beklagen, wie lange wir für die Allgemeinheit arbeiten müssen, so stellt sich schon die ethische Frage: Ist es denn so schlimm, für die Allgemeinheit und nicht nur für sich selber zu arbeiten?

Der Mythos, dass sich Arbeit nicht mehr lohnt, ist rechnerisch jedenfalls nicht aufrecht zu halten. Wenn nur gearbeitet wird, weil wir viel mehr verdienen, dann stellt sich schon die Frage, was denn unsere Arbeitsethik ist… Eine Flat Tax, d. h. eine lineare Besteuerung wie in der Bibel, ist im heutigen Umfeld mit seinen technischen Möglichkeiten und Einkommensdifferenzen jedenfalls nicht mehr zu rechtfertigen.

Wie viel braucht der Staat?

Auf die Frage, wie viel Steuereinnahmen der Staat nun braucht, gibt uns die Bibel wenig Anhaltspunkte. Zwar waren die Steuern zur Zeit des Alten Testamentes relativ tief. Dies widerspiegelt aber auch den geringen Komplexitätsgrad einer ländlichen Gesellschaft und den kleinen Investitionsbedarf in Infrastrukturen.

Ich glaube, der Staat sollte soviel Geld erhalten, wie für die Erfüllung seiner Postulate nötig ist, aber trotzdem nicht zu viel, damit nicht die Staatsquote zu hoch wird und dem Markt die Mittel für Innovation und Effizienzsteigerung vorenthält. Vielleicht spielt Sprüche 29,4 hierauf an, wenn es heisst: «Ein König gibt durch das Recht dem Land Bestand, aber wer nur Abgaben erhebt, zerstört es.»


Photo by Aaron Burden on Unsplash

~ 4 min

Nous ne sommes pas de simples individus autonomes, car tous ceux qui nous entourent sont nos prochains, à qui nous devons des égards, qui ont exactement les mêmes droits que nous-mêmes et qui ont une valeur égale aux yeux de Dieu. Toutes nos actions ont des répercussions sur nos prochains. Pour cette raison, des lois et des règles sont nécessaires pour régir notre vie en société.

Pour pouvoir vivre ensemble, nous devons définir ensemble de nombreux fondements : quelles sont les choses que nous voulons faire ensemble, quelles sont celles que chacun fait à sa guise, quel système économique souhaitons-nous, etc. Il faut dès lors une organisation commune où chacun dispose du même droit de parole : l’Etat. L’Etat, non pas en tant que représentation lointaine et néfaste, mais l’Etat auquel nous appartenons tous !

Etant donné que ces règles ont été définies en commun, elles s’appliquent à tous de la même manière, et nous ne pouvons y déroger pour notre simple avantage. Les puissants y trouveraient peut-être leur compte, mais l’amour du prochain, dans son sens chrétien, nous enjoint à respecter aussi les droits des plus faibles.

Une organisation commune implique un financement en commun des choses convenues, et une règle permettant de calculer la contribution de chacun. Etant donné que la richesse ne repose que dans une moindre mesure sur la prestation, il est normal que les riches doivent contribuer davantage que les pauvres, et qu’une progression fiscale vienne atténuer un peu la répartition extrêmement inéquitable réalisée par le marché.

A cet effet, les taux d’imposition doivent être conçus de telle manière que chacun contribue selon sa propre capacité, tout en conservant une partie du fruit de ses efforts. Un bel exercice d’équilibre. Il est toutefois absurde que d’aucuns viennent se plaindre de ce qu’ils ne peuvent conserver que 60 de leurs 100 millions de francs de revenus annuels. Cela n’a plus rien à voir avec une quelconque performance et il ne saurait dès lors être question d’ « inégalité ».

Nul ne peut se plaindre de devoir travailler pour les autres : en effet, il profite autant des prestations communes et il bénéficie d’un système établi en commun sans lequel il ne pourrait pas gagner tout cet argent. Il se doit donc aussi de remédier aux dommages causés par le système et de soutenir d’autres personnes lésées par le système ou qui ont carrément été mises à l’écart par le système économique actuel au motif qu’elles n’étaient pas suffisamment performantes.

Lorsque d’aucuns disent qu’il ne vaut plus la peine de travailler quand les impôts sont élevés, il y a de quoi douter de la morale du travail… ne travaillons-nous donc que pour nous enrichir ?

Certains estiment que la redistribution n’est pas biblique. Rien de plus faux : voir à ce sujet les textes sur la Bible et les impôts sur le site web de ChristNet. D’autres affirment que la progression fiscale n’est pas biblique, et que la Bible ne mentionne que le taux unique. C’est faux, là encore. Premièrement : le taux unique dans la Bible doit être vu en lien avec d’autres redistributions. Tous les sept ans, les dettes étaient remises et tous les 50 ans intervenait une année de jubilé à l’occasion de laquelle toutes les propriétés foncières (soit le capital de base de chacun) revenait à son propriétaire d’origine. L’accumulation des inégalités, telle qu’on la voit aujourd’hui, n’était donc pas possible. De nos jours, même l’impôt (minimal) sur les successions est supprimé. Il n’est donc pas possible d’introduire en même temps un taux unique « chrétien »… Deuxièmement : dans les temps bibliques, les différences de revenu pour la majorité des gens, qui étaient agriculteurs ou artisans, étaient bien moindres. Une progression à des fins de compensation n’avait donc pas de raison d’être. Libre à nous, aujourd’hui, de faire les choses autrement si les circonstances le requièrent pour répondre au sens original des Ecritures.

Il y a enfin ceux qui estiment que la situation actuelle ressemble à l’époque où les prophètes se sont plaint de ce que les détenteurs du pouvoir opprimaient leurs sujets par des impôts élevés. A cela, nous pouvons seulement répondre que la comparaison est purement grotesque : il s’agissait à l’époque de personnes dont l’existence même était menacée. Aujourd’hui, cette plainte émane avant tout de personnes qui possèdent maison et voiture et passent leurs vacances dans des pays lointains…

En tant que chrétiens, nous voulons présenter à ceux qui ridiculisent le fait de payer les impôts un autre état d’esprit. Nous nous réjouissons d’appartenir à la Suisse et sommes disposés à apporter notre contribution – à savoir : nous sommes prêts à payer des impôts. Nous savons que l’Etat est une institution nécessaire. Et l’Etat – c’est nous ! Il n’est pas anodin que Jésus nous ait enseigné que le paiement des impôts va de soi. Lorsque les pharisiens lui ont posé une question sur le sujet, il a demandé une pièce de monnaie, a montré l’illustration de l’empereur qui y était gravée et a dit : « Rendez donc à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ! » (Mt 22,21)

Ces derniers temps, la concurrence fiscale est devenue la voie royale pour éviter de payer des impôts. Encore quelques mots sur ce thème.


Photo by Hannah Busing on Unsplash