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«Recherchez le bien-être de la ville où je vous ai exilés et intercédez auprès de l’Eternel en sa faveur, parce que votre propre bien-être est lié au sien […] En effet, moi, je connais les projets que je forme pour vous, déclare l’Eternel, projets de paix et non de malheur, afin de vous donner un avenir et de l’espérance.» (Jérémie 29.7,11)

ChristNet en quête de vision 2015–2019

Le peuple souverain a parlé: Lors des élections fédérales du 18 octobre 2015, les partis de la droite politique ont enregistré une hausse des suffrages (notre communiqué). L’électorat a ainsi accordé sa confiance à une politique qui, en paroles et en actes, se laisse diriger par la peur des étrangers et la peur de manquer. La vision de la Suisse qui se cache derrière cette politique est celle d’un pays se refermant sur lui-même en refusant toute évolution. Sur le plan économique, le but est de générer encore plus de richesse et de baisser les impôts.

La convoitise, l’avarice et l’irritation face au changement sont-ils des buts qui en valent la peine? Est-ce cela que nous attendons et désirons en tant que chrétiennes et chrétiens? Ou bien ressentons-nous une espérance qui va au-delà? A ChristNet, nous sommes convaincus que le temps est venu de chercher de nouvelles visions pour notre pays. C’est pour cela que nous invitons les chrétiens et chrétiennes et toutes les personnes de bonne volonté à participer à une réflexion collective.

Dès aujourd’hui, participe à la discussion: quelle devrait être la vie en Suisse pour la génération à venir? A quoi devrait ressembler l’année 2045?!

L’idée dominante: «Toujours plus»

A ChristNet, nous analysons la politique suisse depuis 2004. Nous constatons que les thèmes tournent toujours plus autour de l’argent. Comment attirer plus de holdings, plus de sièges de multinationales et plus de milliardaires? Comment, malgré tout, préserver le secret bancaire? Comment assurer plus de croissance à l’économie? Ces politiques sont très souvent justifiées par la perspective de créer de l’emploi.

D’un autre côté, les barrières morales sont perçues comme étant nocives pour le commerce et sont donc rejetées. Tel est le cas pour les droits de l’homme, remis en cause par certains, ou l’interdiction de spéculer sur les denrées alimentaires, rejetée par la droite, bien que ce genre de spéculations ait déjà précipité dans la famine des millions de personnes1 . L’idéologie dominante est de laisser le marché agir librement, même lorsque cela désavantage certaines personnes, comme par exemple la spéculation immobilière qui fait flamber les loyers. L’Etat, auquel nous participons pourtant démocratiquement, est ainsi perçu comme un perturbateur des forces du marché réputées infaillibles. Il doit donc, autant que possible, être écarté des affaires de l’économie.

En Suisse nous sommes de plus en plus prêts à sacrifier nos acquis sociaux sur l’autel du marché: Le dimanche sans travail se réduit, les heures de travail deviennent de plus en plus flexibles et glissent petit à petit sur le week-end. Le temps libre permettant de vivre des relations et de se reposer mentalement et physiquement diminue. A cause de la concurrence fiscale et des diminutions d’impôts répétées le contenu des caisses de l’Etat s’est réduit. Par conséquent, la protection de l’environnement, la justice et la solidarité qui sont des valeurs sur le long terme sont menacées: des hôpitaux sont fermés, des écoles soumises à l’austérité et l’Etat social se réduit en faveur de l’économie.

Une nouvelle vision est nécessaire

Est-ce que la croissance économique et l’accumulation de richesses doit être notre but ultime? Dans la Bible il est écrit: «Ne vous amassez pas des trésors sur la terre…» (Mt 6.19). L’Evangile nous pousse à choisir entre Dieu et Mammon (Mt 6.24). Grâce aux Ecritures et souvent grâce à notre propre expérience en tant que chrétiens, nous savons que le fait de désirer plus de possessions et de sécuriser nos biens matériels n’est pas tout dans la vie (Mt 6.25). Et que ce n’est pas ça qui rend notre vie digne d’être vécue.

Beaucoup de chrétiens devinent qu’il faut une alternative à l’idéologie dominante de la consommation et du marché, propre à Mammon. Et beaucoup de chrétiens, dans leur contexte propre, recherchent et vivent déjà des alternatives en faisant de leur mieux. Ils vivent selon la parole de Jésus qui met au centre la miséricorde, la justice et la communion. Ils vivent l’amour du prochain comme une incarnation de l’amour qu’a Dieu pour les hommes (Mt 22.39).

Cependant, comment appliquer cela dans le domaine politique? Qu’est-ce qui est le mieux pour la Suisse, afin que les hommes, plutôt que l’argent, soient favorisés? Comment doit être façonné notre environnement social et politique? Notre réflexion n’est qu’à ces débuts: nous sommes convaincus que l’Etat doit créer des zones de liberté pour que nous puissions vivre des relations véritables et basées sur la confiance; qu’il nous faut un système social qui soutient et qui responsabilise ; un monde préservé pour les générations futures; une mobilité modérée et exempte de stress; des villes sûres et offrant de bonnes conditions de vie; enfin, une économie qui sert véritablement les hommes.

Mais, concrètement, que veut dire tout cela? A toi de nous dire! En quoi ta foi influence-t-elle ton attitude politique? Qu’est-ce que cela signifie pour l’engagement politique de ChristNet au cours des prochaines années? Est-ce que cela veut dire que nous devons accueillir tous les réfugiés qui veulent venir chez nous? Est-ce que cela veut dire que nous devons nous engager fortement pour un revenu inconditionnel de base? En faveur d’une caisse maladie unique? Devons-nous, en tant que chrétiens, nous engager pour des dimanches sans voitures? En tant que chrétienne ou chrétien, quels sont les contenus et visions politiques qui te tiennent particulièrement à cœur?

Au cours de ces prochaines années, ChristNet tentera de répondre à ces questions. Nous ne nous contenterons pas à faire des théories et à formuler des critiques, mais nous voulons proposer des visions et des objectifs à viser. Seras-tu des nôtres?

Nos questions: à toi d’y répondre

  1. Qu’est ce qui t’importe le plus dans la vie?
  2. Comment imagines-tu ta vie et celle de tes enfants d’ici 30 ans?
  3. Qu’est-ce qui te semble le plus important pour l’avenir de la Suisse?
  4. Comment traduire l’enseignement de Jésus et son attitude de l’amour du prochain en politique?
  5. Dans quelle mesure, les chrétiens peuvent-ils apporter des contributions concrètes pour encourager cela?

1. voir Pain pour le prochain, «On ne joue pas avec la nourriture!» dans La Suisse, Dieu et l’argent, chap. 1.7. ChristNet/StopPauvreté, 2013.

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Une vidéo de la cuvée 2010. Pour vous mettre dans le bain…

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Les chrétiens et les forces du marché

Combien cela devrait-il coûter ? Les entreprises textiles déplacent la production de nos vêtements du Bangladesh vers l’Éthiopie afin de pouvoir être compétitives au niveau international en termes d’offre et de demande. Comment nous, chrétiens, réagissons-nous à ces développements et à d’autres similaires ?

En tant que chrétiens, nous sommes appelés à défendre la justice et la modération, contre les forces du marché. C’est pourquoi Paul nous donne une indication importante dans Romains 12:2 : « Ne vous conformez pas au modèle de ce monde, mais soyez transformés par le renouvellement de votre intelligence, afin de pouvoir éprouver ce qui est la volonté de Dieu : le bon, l’agréable et le parfait.

Les forces du marché sont l’offre et la demande, qui déterminent le prix d’un bien ou d’un service. Dans ce contexte, la science économique suppose un flux impersonnel. Ces forces anonymes peuvent établir des normes injustes, comme l’exploitation dans les pays pauvres.

Il devient aussi soudain normal que tout le monde cherche toujours à en faire plus, que la cupidité et l’avarice soient soudainement « excitées ». Ici, Jésus nous met en garde : « Faites attention et méfiez-vous de toute sorte d’avidité ! Car même à celui qui vit dans l’abondance, sa vie ne se développera pas hors de la possession ». (Luc 12:15)

Résister au courant dominant

En tant qu’individus, nous ressentons fortement la pression des forces du marché. Pouvons-nous résister au courant dominant seul ? Par exemple, si nous renonçons à des vêtements produits de manière déloyale, nous estimons que nous devons nous réduire et nous différencier des autres. Mais est-ce si grave ? Nous cherchons tous la reconnaissance de nos semblables et nous les imitons plus ou moins. Mais en réalité, nous nous efforçons d’être une communauté, et non pas une conformité.

La réalisation de soi est également un facteur de motivation, que nous, les chrétiens, essayons de satisfaire encore et encore par la consommation et le travail. Dieu et notre voisin s’en sortent mal dans cette affaire. Mais en réalité, moins de consommation (moins de dépenses) et moins de travail (moins de revenus) créeraient de l’espace pour le service de Dieu et du prochain.

Comment notre comportement sur le marché affecte-t-il réellement les autres ? L’industrie textile mentionnée au début en fournit un exemple frappant : comme je l’ai dit, la logique du marché a récemment poussé les entreprises textiles à délocaliser du Bangladesh vers l’Éthiopie parce qu’elles peuvent y produire encore moins cher. Tout cela dans un but d' »optimisation des coûts », afin que leur offre reste compétitive (aussi bon marché que possible). Les couturières ne peuvent pas vivre décemment de leur salaire, bien qu’un supplément de 1 CHF par vêtement suffise souvent pour garantir un salaire décent. Les entreprises justifient leur comportement en disant que les clients ne sont pas prêts à payer des prix plus élevés.

Pas seulement le prix

Mais dans un marché mondial, il est très difficile pour les consommateurs de connaître les conditions de travail de toutes les étapes de production de leurs T-shirts. Le succès des labels de commerce équitable, qui assurent précisément cette transparence, montre que de plus en plus de consommateurs sont prêts à fouiller davantage dans leurs poches pour obtenir un prix équitable. Il en va de même pour les téléphones portables avec l’expérience « Fairphone ». Sommes-nous, en tant que chrétiens, prêts à nous libérer, en tant que consommateurs, des « forces du marché » et à laisser d’autres critères, plus équitables que le seul prix, influencer la décision d’acheter ?

Dans le secteur alimentaire en particulier, il y a de plus en plus de produits issus du commerce équitable. En plus des Magasins du monde, on trouve de plus en plus de café, de jus de fruits divers, de thé, de chocolat, de marmelade, de miel, de riz, de céréales diverses et bien d’autres choses encore dans les grands distributeurs tels que Coop, Migros ou Aldi. Ce qui nous coûte quelques centimes de plus représente un salaire de subsistance pour une famille d’agriculteurs du sud. Par un comportement cohérent des consommateurs, nous encourageons les entreprises de services à modifier leur gamme de produits et contraignons ainsi les grandes entreprises telles que Nestlé, Coca-Cola, etc. à payer (enfin) des prix équitables pour les denrées alimentaires de base.

Trouver la volonté de Dieu

Nous savons que les problèmes de notre monde sont liés à notre détachement de Dieu. Personne dans ce monde n’est pleinement en accord avec le plan de Dieu (Ro 3:10ss.). Cela a notamment pour effet que les gens suivent la logique du marché de manière imprudente, ce qui signifie que le marché se développe dans une direction misanthrope. Jésus veut nous aider à nous libérer de cette situation et à trouver la « volonté de Dieu ».

Il est clair que des forces (de marché) destructrices de vie sont à l’œuvre dans la minimisation des coûts de l’industrie textile. C’est là que nos semblables ont un besoin urgent de notre témoignage. En paroles et en actes. Sommes-nous tellement enflammés par Jésus que nous disons adieu au « schéma de ce monde » ? – Même si cela coûte quelque chose (plus) ?


Plus d’informations :

Première publication dans Wort+Wärch, mai 2015. egw.ch/wortwaerch

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La chaleur et la sécheresse de l’été sont derrière nous – un avant-goût du changement climatique que nous provoquons dans le monde entier. Pour Dominic Roser, cela soulève des questions de justice graves et inhabituelles.

Nous, les chrétiens, et le changement climatique

Avez-vous déjà été lésé sans que l’auteur du délit ne s’en aperçoive ? Certaines personnes ont un angle mort, de sorte qu’elles ne remarquent même pas l’injustice qui a été commise. Un tel angle mort a été révélé par le prophète Nathan au roi David. Il lui a parlé d’un pauvre homme qui possédait un seul agneau. L’homme aimait tellement l’agneau qu’il le laissait même dormir dans ses bras la nuit. Lorsqu’un homme riche devait faire la cuisine pour une visite, il regrettait d’avoir à abattre un animal de son propre grand troupeau. Il a donc volé l’agneau du pauvre homme.

David a été scandalisé par cette histoire. Nathan lui dit sèchement qu’il était cet homme lui-même. Avec cela, il a rappelé à David l’injustice qu’il avait lui-même commise lorsque Bathsheba et lui étaient étrangers et qu’il avait laissé son mari mourir sur le champ de bataille (2 Samuel 11:2-12:15). La comparaison a ouvert les yeux du roi.

Pourquoi le sens de l’injustice environnementale fait défaut

Comme David, nous avons nous aussi un point aveugle face à une grande injustice : les dommages environnementaux dont nous partageons la responsabilité. Même si nous sommes riches, nous volons l’agneau des agriculteurs pauvres en nous comportant d’une manière nuisible pour l’environnement – mais l’injustice reste cachée. Dans la vie quotidienne, on n’a pas l’impression que les gaz d’échappement d’un voyage en voiture, par exemple, volent quelqu’un !

L’angle mort ne doit pas nous surprendre. Car cette injustice est différente de toute autre injustice traditionnelle. Quelles sont les différences ? Comparons l’homme riche de Nathan avec nous-mêmes. Parce qu’il y a de « bonnes » raisons pour lesquelles l’homme riche nous dégoûte plus que notre trajet en voiture :

  • Lorsque nous conduisons, nous émettons des gaz à effet de serre et alimentons ainsi le changement climatique. C’est pourquoi une sécheresse survient plus tard en Inde et la chèvre du fermier meurt. Nos trajets en voiture privent le fermier de ce dont il a besoin pour vivre. Mais cela se produit de manière très indirecte, par le biais de processus chimiques complexes dans l’atmosphère terrestre qui échappent à notre imagination.
  • Lorsque nous conduisons une voiture, les effets néfastes du changement climatique ne se manifestent pleinement que des décennies plus tard – et ce, principalement dans des pays lointains. Nous ne le voyons pas de nos propres yeux devant nous et il touche beaucoup moins notre cœur.
  • Le riche mari de Nathan a agi avec malveillance. Nous, en revanche, ne conduisons pas avec de mauvaises intentions. L’animal mort en est un effet secondaire indésirable.
  • Il y avait un auteur dans l’histoire de Nathan. Vous pouvez clairement pointer quelqu’un du doigt. Cependant, dans le domaine du changement climatique, il y a des millions d’auteurs qui, ensemble, détruisent les moyens de subsistance de millions de victimes.

Trois niveaux de justice environnementale

La conclusion : notre sens de la justice n’est pas orienté vers quelque chose comme les dommages environnementaux. Notre sens de la justice n’est pas habitué à des conséquences aussi importantes des actions quotidiennes. Mais : les dommages environnementaux causés par notre mode de vie sont-ils vraiment si injustes ? Malheureusement, la réponse est oui.

La justice environnementale se situe à trois niveaux : envers les générations futures, envers nos semblables du Sud et envers les animaux.

  • Le présent et l’avenir : Dieu n’a pas créé cette merveilleuse planète pour que nous fassions la fête et que nous laissions le nettoyage à nos descendants. Tout comme les randonneurs passent la nuit dans une cabane de montagne et la nettoient le matin pour les prochains visiteurs, nous voulons transmettre la terre comme base de vie aux générations futures.
  • Nord-Sud : l’industrialisation nous a permis d’échapper à la pauvreté au cours des deux derniers siècles. Le Sud doit maintenant trouver une issue à la pauvreté qui ne cause pas encore plus de dégâts environnementaux. Si les pays du Sud se développent de la même manière que nous en Europe, il y a une menace d’effondrement environnemental mondial. Mais si, contrairement à nous, ils doivent choisir une voie de développement plus propre, alors nous avons la responsabilité de financer cette voie. Concrètement, nous devons leur permettre de sortir de la pauvreté grâce aux énergies renouvelables. À mon avis, c’est l’aspect le plus important et le plus sous-estimé de la justice environnementale.
    Pourquoi est-ce notre tâche, avant tout, de permettre au Sud de trouver une voie propre pour sortir de la pauvreté ? La première raison est que nous avons les ressources financières pour le faire. Selon Paul, l’abondance des uns doit compenser le manque des autres (2 Corinthiens 8). Une deuxième raison est que la pauvreté dans le sud du monde est en partie de notre faute. Bien sûr, la pauvreté a aussi des racines artisanales comme la corruption ou la pensée clanique. Mais d’autres racines importantes nous concernent : par exemple, notre industrialisation a causé de graves dommages environnementaux dans le Sud – encore plus que nous ne le faisons nous-mêmes.
  • Homme-animal : Certains chrétiens perdent la tête lorsqu’on leur rappelle que nous n’avons pas l’amour de Dieu pour nous seuls, mais que nous le partageons avec les animaux. Et pourtant, c’est beau ! Dieu prend soin du plus petit moineau. Si notre Créateur aime les animaux, nous ne devons pas simplement les écraser avec notre mode de vie.

Que puis-je faire ?

Soyons conscients que si tous les gens voulaient vivre comme nous, les Suisses, nous aurions besoin des ressources de plusieurs terres. Ce n’est pas correct. Et ce n’est pas forcément le cas ! Il y a une autre possibilité, si nous y consentons.

Ce chemin ressemble à ceci dans ses grandes lignes : Nous pouvons commencer à jouir d’un mode de vie plus modeste. Cela est non seulement bénéfique pour l’environnement, mais aussi pour notre propre bien-être. Nous pouvons et devons prier pour les personnes et les animaux qui souffrent des conséquences de notre mode de vie et demander au Créateur le rétablissement complet de cette planète. Enfin, il nous appartient d’élire dans ces semaines des hommes politiques qui renforceront sensiblement les politiques environnementales.

La politique devra jouer le rôle principal dans le domaine complexe de la justice environnementale. Ce ne sont même pas les mesures de protection de l’environnement chez nous qui sont les plus urgentes. Il est encore plus important de promouvoir les technologies propres et de les partager avec le Sud du monde. C’est la seule façon d’atteindre l’objectif ambitieux et inévitable de permettre à nos frères et sœurs du monde entier d’échapper à la pauvreté sans détruire l’environnement.


Dominic Roser fait des recherches sur la justice environnementale à l’université d’Oxford. En Suisse, il est engagé dans ChristNet pour une politique de charité.

Publié pour la première fois dans : Wort+Wärch, octobre 2015. egw.ch/wortwaerch

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Seulement la peur des réfugiés et la croissance économique ?

Avec les élections nationales du 18 octobre 2015, la question se pose à nouveau : « À quoi devrait ressembler la Suisse de demain ? Deux sujets dominent maintenant la discussion sur les élections : Les réfugiés et la croissance économique.

Les médias rendent compte quotidiennement des flux de réfugiés, et beaucoup d’entre nous rencontrent aujourd’hui des Érythréens et des Syriens dans leur vie quotidienne. Mais la principale préoccupation ne semble pas être le bien-être de ces personnes, mais la manière dont nous pouvons nous défendre contre elles…

Après le « choc du franc », la Suisse s’attendait à une récession, mais il est maintenant peu probable qu’elle se produise. Néanmoins, la peur des pertes fait en sorte que les candidats sont sélectionnés principalement en fonction de leur convivialité économique. Cependant, au cours des quatre dernières années, tout a été subordonné à la promotion économique, c’est-à-dire à la création de richesses. Devrions-nous maintenant sacrifier encore plus à cela ?

C’est tout ce que nous représentons encore aujourd’hui ?

La défense contre les étrangers et l’augmentation de la richesse matérielle sont-elles les seules choses qui nous importent encore ? Si l’on considère la baisse de la participation aux élections cantonales à Zurich, Bâle-Campagne et Lucerne, on pourrait le penser. Le fait que les partis qui n’ont pas mis en avant les questions ci-dessus ont pu mobiliser moins d’électeurs en est le signe.

En tant que chrétiens, d’autres sujets

Nous, les chrétiens, aurions d’autres sujets qui sont importants pour nous, par exemple :

  • Un environnement qui fait que même nos enfants s’émerveillent de la grandeur de Dieu
  • Une mobilité modérée dans laquelle les villes n’étouffent pas et dans laquelle nous pouvons vivre en toute sécurité
  • Une économie et une société qui ne reposent pas sur la lutte de tous contre tous ni sur l’accumulation par le stress, mais qui laissent de la sécurité et du temps pour les relations
  • La protection du dimanche comme un don de Dieu, afin que nous puissions respirer et cultiver des relations
  • Des écoles et des hôpitaux dotés de ressources suffisantes et accessibles à tous sur un pied d’égalité
  • La justice avec nos semblables du Sud, en les protégeant de l’exploitation et de la spéculation alimentaire, même si notre économie en tire moins de profit.

Allons voter, si ces questions sont également importantes pour nous !

Par exemple, ce qui est en jeu :

  • La protection du dimanche
  • La transformation du système énergétique
  • La législation environnementale
  • La loi sur la protection des locataires
  • Les mesures d’accompagnement des accords bilatéraux qui nous protègent des salaires de misère
  • et ainsi de suite.

Ou voulons-nous seulement nous réveiller quand nous n’aurons plus tout cela ? Mobilisons nos amis, choisissons d’y aller !


Apparu pour la première fois sur : Livenet.ch, 28.9.2015

 

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Fin 2014, 60 millions de personnes étaient en train de fuir leur pays, un chiffre record. Les quotas d’accueil exceptionnellement élevés en Suisse et en Europe témoignent du fait qu’énormément de personnes ont fui pour sauver leur vie, menacées par des conflits internes et la guerre civile en Syrie et en Érythrée. Il est aussi clair que, à l’ère du Natel et d’Internet, les informations concernant l’Occident (pour la Syrie), respectivement le Nord (pour l’Érythrée) sont facilement accessibles. En outre, les contacts avec ceux «qui ont réussi» se sont fortement simplifiés.

De grands défis aux origines multiples

Actuellement, des drames terribles se jouent en mer Méditerranée. Chaque année, plusieurs milliers de personnes y perdent leur vie. Qui en est responsable? Les passeurs, avides et sans scrupules, car ils prennent trop de risques? Les «migrants économiques», naïfs, car ils croient les promesses d’une richesse facile? L’UE, car en verrouillant ses frontières, elle force les bateaux de réfugiés à prendre les routes les plus risquées? Nous tous, car nous attendons de notre gouvernement la protection des frontières et la conservation de notre bien-être?

Les médias nous donnent souvent l’impression que c’est essentiellement l’Europe qui est confrontée à un flux énorme de réfugiés. Cependant, l’image qui ressort d’une comparaison au niveau mondial est quelque peu différente:

Top 3 des pays d’accueil1. 
chiffres absolus pour 1000 habitants
1. Turquie 1.59 millions 1. Liban 232
2. Pakistan 1.51 millions 2. Jordanie 87
3. Liban 1.15 millions 3. Nauru 39
Suisse 0.015 millions2. Suisse 2

La Suisse est-elle donc réticente à l’accueil de réfugiés? Pas forcément! Le taux de protection, c’est à dire le nombre d’acceptations de demande d’asile, et les admissions en cours, a augmenté l’année passée de 58 %. Et notre pays a assuré au Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés l’accueil d’un contingent relativement élevé de 3000 personnes en quête de protection. Cependant, au regard des 4 millions de réfugiés au Proche Orient3. , certaines ONG demandent un accueil allant jusqu’à 100’000 personnes…

La Confédération et les cantons doivent faire face à de grands défis. Le nombre élevé de demandes implique une hausse du besoin d’hébergement. Alors que l’extrême-droite évoque une énorme crise («chaos de l’asile»; «l’armée aux frontières»), nombreux sont les cantons qui réagissent heureusement de manière pragmatique et innovante. Ainsi, le Tessin a mis en place un partenariat avec les hôteliers, l’Argovie et Berne ont installé des tentes miliaires.

Des réponses bibliques

Que dit la Bible sur ces sujets complexes? Tout d’abord, les thématiques de la persécution, la fuite, l’exil et la patrie sont étonnement présentes dans la Bible. Depuis Genèse 4 jusqu’à l’Apocalypse, les hommes ont été sur les routes. Abraham, Isaac, Jacob, Moïse, Jésus et bien d’autres ont été, durant des périodes plus ou moins longues, des étrangers dans des pays étrangers. Dès lors, ce n’est pas un hasard que l’éthique biblique pose la question de notre attitude face aux étrangers. On trouve des textes à ce propos dans la Loi de Moïse4. .

Quant au Nouveau Testament, il met en avant des valeurs telles que l’hospitalité5. , la miséricorde, la générosité et le renoncement. Il est aussi intéressant de souligner que, dans la Bible, le prochain n’est pas uniquement – ou n’est justement pas – celui qui nous est «le plus proche», notre concitoyen. Dans la parabole qui illustre le plus grand commandement, le prochain qui donne son aide vient du peuple méprisé des Samaritains. Et le texte qui instaure l’amour du prochain dans l’Ancien Testament dit: «Si un étranger vient séjourner dans votre pays, [… vous] le traiterez comme l’un de vous; vous l’aimerez comme vous-mêmes, car vous avez été étrangers en Egypte. Je suis l’Eternel, votre Dieu».6.

Beaucoup de réfugiés sont en danger de mort et ont besoin de protection. D’autres cherchent une vie meilleure et tentent de remplacer leur désespoir par des perspectives d’avenir. Quant à nous qui sommes nés dans un des pays les plus riches du monde, avons-nous le droit de juger ces «réfugiés économiques»? Dieu les aime autant que nous. «Nous les bons, eux les méchants», cette vision n’est pas correcte. Ni sa réciproque, d’ailleurs. Dieu amène les réfugiés à nos portes et nous met au défi comme Lazare l’a fait pour l’homme riche dans la parabole de Jésus7. .

Gardons cela à l’esprit: d’où qu’ils viennent et quelle que soit leur histoire, ce sont des êtres humains. Nos prochains. Ils méritent de recevoir toute notre compassion.


1. HCR, Tendances Mondiales 2014. unhcr.org/556725e69.html (en anglais).

2. Calcul sur la base de «Statistique en matière d’asile 2014», Secrétariat d’Etat aux migrations. www.bfm.admin.ch/bfm/fr/home/publiservice/statistik/asylstatistik/jahresstatistiken.html (consulté le 11.8.2015).

3. Secrétariat d’Etat aux migrations, «Crise humanitaire en Syrie». www.bfm.admin.ch/bfm/fr/home/asyl/syrien.html (consulté le 30.7.2015).

4. Lévitique 17–19 et Deutéronome 23–24.

5. «Ne négligez pas de pratiquer l’hospitalité. Car plusieurs, en l’exerçant, ont accueilli des anges sans le savoir» (Hébreux 13.2).

6. Lévitique 19.33–34.

7. Luc 16,19-25.