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Comme chaque année à la fin du mois de janvier, nous avons le droit, aussitôt notre poste de télévision ou de radio allumé, de suivre un nouvel épisode du feuilleton « Davos » et du WEF1 . Arrivée de tel président, discours de tel autre, bourdes devant la presse d’un troisième, etc. Nous scrutons ainsi de près les faits et gestes des représentants de cette petite élite, hyper-formés et privilégiés. Faits et gestes mais surtout les dires : évaluation de la situation économique du monde ; recommandation quant aux pistes à emprunter pour pallier à ses crises, positionnements et desiderata de chaque Etat etc.

Pendant ce temps, loin des bruissements de ce petit « îlot », le monde continue sa marche inégale. Les Vénézuéliens patientent toujours de longues heures devant les boulangeries pour obtenir un sachet de pain, tandis que les migrants africains poursuivent leur quête d’un monde meilleur en s’embarquant sur de frêles embarcations.

Les discours évoluent…

A priori, les propos des chefs d’Etat semblent évoluer au fil des années et des crises économiques successives. Est ainsi désormais rappelée la nécessité d’humaniser la mondialisation et de favoriser une « croissance inclusive », pour reprendre les termes de Klaus Schwab, fondateur du forum de Davos. La 48ème édition du forum a d’ailleurs pour thème : « Construire un avenir commun dans un monde fracturé ».

Sans dénier à certains une réelle envie de changement et un engagement sincère de certains, on ne peut qu’être frappé par l’aspect discursif, platement conceptuel de ces vœux (« pieux » ?). N’a-t-on pas à faire à des oxymores, à savoir à un assemblage de termes contradictoires ? Mondialisation – humain…. Croissance – inclusive ?

La montagne pour trouver l’inspiration

Cet appel au retour de l’humain nous encourage, nous chrétien, à faire LE pas de plus et à convoquer la présence du Seigneur. Sans tomber dans une interprétation littérale des textes bibliques, ceux-ci peuvent – doivent – nous servir de guide, de boussole pour nous repérer dans les phénomènes complexes auxquels nous sommes confrontés et nous positionner en tant que citoyens et chrétiens engagés.

Le forum de Davos n’est ainsi pas sans présenter certains parallèles avec les montées de Moïse au Mont Sinaï. Tout comme les chefs d’Etat, Moïse était confronté à des enjeux, à des crises, politiques, sociales. Tout comme eux, il a gravi une montagne pour se mettre à l’écart et trouver l’inspiration pour y faire face.

Mais le parallèle s’arrête là. Car loin des joutes égotique et nationalistes – « La France est de retour… » « America first » … – dont Davos est le terrain, la posture de Moïse est toute autre : humble de cœur et d’esprit, il est monté à la rencontre de son Dieu pour l’écouter, se laisser inspirer et connaître Ses lois et préceptes…

Seigneur, que ton Esprit touche le cœur de ces chefs d’Etat. Qu’humbles de cœur ils se retrouvent devant toi. Que ton inspiration ils demandent pour chercher, « de meilleures bases pour construire des sociétés inclusives, justes et solidaires, capables de rendre leur dignité à ceux qui vivent dans une profonde incertitude et ont perdu l’espoir d’un monde meilleur »2 .

1. World Economic Forum.

2. Pape François dans le courrier adressé à Klaus Schwab. https://fr.weforum.org/agenda/2018/01/le-message-du-pape-francois-a-davos-2018-dans-son-integralite