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Lors de la crise financière de 2007, il était surtout question de crise du crédit avec les banques qui faisaient faillites ou étaient sauvées par les Etats. Pourtant, ce problème soulève une autre question. En effet, la fortune des banques s’accroît lorsque la société, l’Etat ou les privés, s’endette. Or cette dette qui se trouve au cœur du fonctionnement de nos économies modernes n’a cessé d’augmenter depuis les années 1970.

Le poids de la dette

D’après l’Institut National de la Statistiques et des Etudes Economiques (INSEE), la dette des ménages français s’élevait en 2016 à 56,4 % du produit intérieur brut (PIB), tandis que les dettes des entreprises et du domaine public se montaient à respectivement 89,7% et 96,5% du PIB. L’endettement total en France se portait ainsi à 242,6 % du PIB, à savoir 5’407,3 milliards d’euros. La charge est lourde, et à la prochaine crise, beaucoup chercheront à réduire leur endettement, en diminuant la consommation et en vendant leurs avoirs. Ce mouvement général contribuera à brader les prix et risquera de paralyser toute l’économie. L’expérience de remise à flots en renflouant les banques se renouvellera, c’est-à-dire en accroissant leurs capacités à vendre de la dette. En fin de compte, est-ce que soutenir la dette est économiquement viable à long terme ? Nous avons des raisons d’en douter, surtout que ce phénomène accroît les inégalités et qu’il accable quasiment toutes les économies du monde.

La remise des dettes

Dans l’Ancien Testament, les Hébreux avaient institutionnalisé l’effacement des dettes et des différentes sortes d’asservissements tous les 50 ans, limitant, par là, l’exploitation de l’Homme par l’Homme. « Celui qui emprunte est l’esclave de celui qui prête », comme il est dit dans Proverbes 22.7. Autant dire que notre société soutient ouvertement une sorte d’esclavage dont les conséquences deviendront très certainement de plus en plus évidentes en termes d’inégalités.

Notre vraie dette !

La vraie liberté pour les Juifs était l’absence d’esclavage, la sortie d’Egypte. Le Christ dans la synagogue de Nazareth a déclaré qu’il était « consacré pour annoncer une bonne nouvelle aux pauvres, pour proclamer aux prisonniers la délivrance et aux aveugles le recouvrement de la vue, pour renvoyer libres les opprimés. » (Luc 4.18-19). Or, Jésus nous apprend aussi que nous sommes tous esclaves du refus d’obéir à Dieu (Romains 11.32). Ici, encore la plus grande remise de dette vient de Christ, mort et ressuscité pour nous. De son modèle Jésus, le chrétien retient qu’il cherche la libération de ceux qu’il côtoie, il n’attend rien en retour lorsqu’il prête de l’argent, il ne cherche pas à se placer sous le joug de la dette en désirant des choses matérielles qui sont au-dessus de ses moyens, mais il partage plutôt son superflu avec ceux qui en ont besoin (2 Corinthiens 8.14).

Tribune parue sous la rubrique « Regards » dans Christ Seul (mensuel des Eglises évangéliques mennonites de France), n° 1087, juin 2018, www.editions-mennonites.fr.