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Entraver le secours porté à une personne en danger est punissable selon le Code pénal suisse (Art. 128). La décision du Conseil fédéral de ne pas autoriser le navire humanitaire Aquarius à naviguer sous pavillon suisse à joué un rôle décisif dans sa mise en arrêt d’activité. Ainsi se retrouvent des milliers d’êtres humains privés de secours. l’Aquarius a sauvé jusqu’ici 29’000 vies humaines. Le Conseil fédéral se rend ainsi corresponsable d’un grand nombre de morts.

On nous fait entendre que la question nécessite une solution au niveau de l’Europe entière. C’est effectivement le cas, mais il s’agit d’une visée à long terme, et d’ici qu’on l’atteigne nombreux sont celles et ceux qui mourront noyés. On entend même dans certains cercles qu’il y aurait ainsi une diminution des tentatives de traversées de la mer s’il devient attesté que la plupart meurent durant le trajet. Mais voulons-nous vraiment sacrifier à Dieu des milliers de ses créatures dans le but que moins d’étrangers viennent à nous? Il est permis d’émettre des doutes sur le Pacte de Marrakech qui vise à interdire aux pays des limitations de la migration pour motifs économiques. Nous avons le droit de décider d’accueillir uniquement les réfugiés victimes de guerre et de persécution. Mais cela nécessite d’examiner les situations de ces personnes, et non de les laisser mourir en mer. Pouvons-nous tolérer d’infliger la mort pour cause d’avoir cherché plus de bien-être ? Et considérer les réfugiés politiques morts comme des « dommages collatéraux », parce qu’il y avait également des réfugiés économiques avec eux ?

Dans Matthieu 25, Jésus nous dit sur quelle base nous serons jugés : non pas sur quelque chose de mal que nous aurions faite, mais sur le bien que nous avons accompli envers les plus petits de nos frères (il y a par ailleurs de nombreux chrétiens parmi les personnes noyées). Sami, un de mes voisins érithréens, a tout juste pu échapper de la mort par noyade grâce à l’action d’un navire humanitaire. Il flottait alors sur l’eau, inconscient. La plupart de ceux qui partageaient son embarcation sont décédés.

Nous appelons donc le Conseil fédéral à changer sa décision, et à empêcher ainsi qu’il y ait encore davantage de morts dans la Méditerranée.