Agir par amour, obéissance et espérance
Lors de la conférence StopPauvreté du 6 avril 2024, l’étude Justice et Durabilité, qui a examiné les attitudes des chrétiens face à la justice sociale et à la durabilité, a été présentée. Six personnalités de l’Eglise et de la politique ont commenté l’étude. Parmi elles, Steve Tanner, auteur de ChristNet et président de A-Rocha.
Avez-vous déjà vécu votre électro-choc pour le climat ? Ce moment où vous avez réalisé que c’était du sérieux et que vous deviez vous engager et changer vos habitudes ? Que la qualité de vie de nos enfants en dépendait ? Que Dieu lui-même vous appelait à changer ?
J’ai vécu un tel moment le 2 juin 2007, lors d’une conférence sur le climat organisé par l’Alliance Évangélique Suisse, durant laquelle un Professeur de climatologie a fait un exposé magistral sur la science du climat, et un théologien a apporté les bases bibliques pour agir. Cela m’a impacté.
En 2007, tout était déjà clair :
- Les causes du réchauffement : le CO2 d’origine humaine.
- Les graves conséquences sur les écosystèmes et les humains.
- La compréhension de l’appel de Dieu de prendre soin du climat.
Depuis, le monde s’est mis à agir, les chrétiens ont pris ce thème au sérieux. Mais nous n’allons pas assez vite pour sortir des énergies fossiles, parce que nous ne voulons pas renoncer à nos privilèges, et nous avons peur du changement.
Mon objectif ici est de répondre à 3 questions : en tant que chrétiens et église :
- Où en sommes-nous dans notre action pour le climat ?
- Quels obstacles nous empêchent-ils d’avancer ?
- Quels sont les éléments motivateurs pour nous engager davantage ?
L’étude Justice-durabilité donne des informations intéressantes sur notre action pour le climat. Elle a tout d’abord montré que c’est une préoccupation moyenne pour les chrétiens. Quelle signification en donner ? Que le problème n’est pas si grave ? Ou en bonne voie d’être résolu ?
Au niveau des objectifs durables prioritaires, on remarque des différences entre chrétiens pratiquant qui placent le climat au 3ème rang, et très pratiquants, qui le placent au 5ème rang.
Il semble que plus on est pratiquant, moins on fait du climat une priorité. Nous devons chercher à comprendre pourquoi.
L’étude a montré que certaines postures théologiques pourraient freiner l’action climatique.
La première est la suivante : «L’idée de la recréation du monde a un effet négatif sur le comportement durable des personnes interrogées».
L’Evangile, par exemple Luc 15 :11, qui traite de l’argent, nous rappelle que Dieu s’intéresse à notre manière de gérer les choses terrestres, même si ces dernières sont vouées à disparaître. Si nous sommes incapables de prendre soin de cette Terre, le Seigneur va-t-il nous confier sa nouvelle création ?
Un autre résultat théologique de l’étude est intéressant :
«Les chrétiens qui croient en un Dieu qui contrôle les événements dans le monde ont un comportement moins durable et sont moins préoccupés par le changement climatique».
Dieu est tout puissant, mais pourtant il nous commande d’agir en son nom, comme Matthieu 28 :18 le rappelle. Se cacher derrière la toute-puissance de Dieu pour ne pas agir n’est donc pas faire preuve de piété, mais de … désobéissance.
Cela montre l’importance d’une théologie «du soin à la création» prêchée dans nos églises. Si 65 % des protestants ont déjà entendu une prédication sur le thème de la durabilité, seulement 45 % des évangéliques l’ont eu, nous rapporte l’étude.
J’aimerais poursuivre par trois principes que chacun peut adopter pour agir pour le climat.
Une première étape est de faire notre bilan carbone pour identifier les gros contributeurs de CO2 dans nos vies. Cela nous permet de mettre les efforts aux bons endroits.
Deuxièmement, changer d’habitude est autant important que changer de technologie. Passer à la voiture électrique c’est bien, mais il faut aussi moins l’utiliser et choisir une voiture plus petite.
Finalement, nous devons soutenir les actions collectives tout autant que les individuelles, les deux sont nécessaires. Ce n’est pas un acquis dans les milieux évangéliques souvent défenseurs des liberté individuelle au détriment des actions collectives.
Depuis 2007, notre famille a entrepris un processus de réduction d’émissions de CO2.
- Habitat : remplacé le chauffage au mazout par le solaire et le bois, et isolé la maison.
- Mobilité : transports publics, forte réduction des vols en avion, voiture électrique.
- Nourriture : réduction de viande, consommation locale et de saison.
Notre CO2 familial a fortement diminué, passant à moins de 4 tonnes par personne (moyenne suisse 10 tonnes), sans réduire la qualité de vie ni augmenter nos charges. C’est donc possible de réduire nos émissions. La crise climatique est plus facile à résoudre que d’autres problèmes humains comme les guerres ou la corruption. Les efforts nécessaires sont raisonnables, mais l’impact positif sur notre avenir est énorme.
Pour conclure, comme chrétiens nous avons trois puissants moteurs qui nous aident à avancer :
L’amour → il se manifeste par des actes. Jésus dit : tu aimeras ton prochain comme toi-même.
L’obéissance → la responsabilité pousse à agir. Agir n’est pas douter de la puissance de Dieu, mais faire notre part fidèlement, en ayant foi qu’il fera la sienne.
L’espérance → avoir foi en l’avenir mène à l’action. Vivre avec espérance nous fait entrer dans le changement. Il n’y a plus de sacrifices, mais des nouvelles possibilités.
Dans un monde souvent sans espoir, agir pour le climat est pour nous chrétiens une opportunité de montrer quel Dieu nous fait vivre : un Dieu d’espérance et d’amour. Alors : faisons-le !
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