Cohabitation – Une « Mosaïk » de familles près de Bâle

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Entre villas et anciennes fermes, au coeur du petit village de Hagenthal-le-Haut et tout près de Bâle et Saint-Louis, se site le cohabitat Mosaïk. Trois familles chrétiennes y vivent depuis bientôt 10 ans, et partagent des liens, du temps et des espaces communs.

Rencontre avec un membre d’une des familles, Michel Sommer, aumônier en insertion sociale et enseignant au Centre de Formation théologique du Bienenberg.

Comment l’idée d’un habitat participatif a germé ?

Une famille de la région a rassemblé des personnes intéressées. Un groupe de réflexion s’est constitué avec 10 foyers qui s’est réduit finalement à trois familles. Pour ma part, lorsque nous vivions à Strasbourg, nous connaissions trois familles habitant le même bâtiment qui, tout en ayant des espaces privés séparés, vivaient un habitat participatif. Quand la possibilité de vivre quelque chose de similaire s’est présentée, nous étions partants. Le projet est devenu réalité en moins de deux ans.

Qu’est-ce qui vous a attiré dans ce mode d’habitat différent ?

Je crois voir l’influence massive de l’individualisme et du consumérisme qui marquent notre société et créent de l’isolement. Nous souhaitions vivre quelque chose de différents, permettant de mieux tisser des liens avec d’autres, et avec notre entourage, de manière réaliste. L’habitat participatif, ou cohabitat, était la forme qui nous semblait la plus adaptée à notre famille et nos aspirations.

Concrètement, comment s’organise votre vie commune ?

Nous partageons un temps commun presque quatre fois par mois : une séance de travail, un temps de prière, un repas ensemble, et nous nous retrouvons au fil de l’année pour l’entretien des lieux communs, une conférence, une excursion, un temps de « paroles libres », etc. Il y a la liberté de ne pas être forcément présent, même si ces temps sont pensés pour être prioritaires dans nos agendas.

Mais une partie des liens se tissent en dehors de ce cadre : par exemple, lorsque l’un des couples invite nos enfants pour aller voir un film au cinéma. De notre côté, nous invitons chaque enfant des autres familles à manger chez nous pour son anniversaire. Un beau temps privilégié !

Partagez-vous une part de vos biens ensemble ?

En dehors de la propriété du bâtiment partagée sous une forme juridique adaptée (Société Civile Immobilière), nos biens sont séparés. Plus symboliquement, nous avons une « boîte de justice » dans laquelle chaque famille dépose 20 euros lors nos repas ensemble. Cela nous permet de soutenir de temps à autres anonymement une personne ou une famille que l’on sait dans le besoin. On espère aussi toucher le coeur de nos enfants sur l’importance de partager nos biens, alors que nous sommes dans une position si privilégiée.

Arrivez-vous à tisser aussi des liens avec le voisinage ?

On essaie ! Pour les familles dont les enfants vont à l’école du village, c’est plus naturel. Un voisin immédiat nous prête un terrain pour y faire du jardinage. Nous avons la chance de disposer d’une grande salle commune qui permet d’accueillir jusqu’à une trentaine de personnes. Nous y organisons des après-midi jeux de société les dimanches en hiver, et parfois une conférence ou un film qui fait réfléchir. Nous avons par exemple projeté le documentaire « Demain ».

Les questions écologiques sont importantes dans votre vie commune ?

Oui, clairement, nous sommes très préoccupés par ces enjeux fondamentaux aujourd’hui, c’est un des points de notre charte. Nous cherchons avant tout à agir à notre niveau, dans notre mode de vie. Nous partageons par exemple l’usage des voitures, et même si ça peut paraître très relatif, ça nous permet au moins de ne pas avoir besoin de plus d’une voiture par famille. Nous avons aussi vu notre quantité de déchets diminuer fortement, refait l’isolation du bâtiment ce qui a amélioré beaucoup son efficacité énergétique, installé des panneaux photovoltaïques et nous achetons une part de notre nourriture auprès de producteurs locaux. Deux d’entre nous vont au travail à Bâle en vélo. Nous nous voyons cependant encore en chemin vers une manière de vivre durable.

Après presque 10 ans de vie partagée, quels aspects positifs retiens-tu ?

Au-delà des aspects écologiques et relationnels, je mentionnerai aussi les services mutuels entre les familles. Par exemple, deux des appartements se trouvent sur le même étage, et sont reliés par une double porte avec un sas. Lorsque l’un des couples doit partir pour la soirée, l’autre peut faire du babysitting simplement en ouvrant la double porte de chaque côté, et entendre si l’un des enfants ne dort pas. On cherche ainsi à développer une liberté de demander une aide, mais aussi d’accepter ou de refuser de la donner si c’est trop compliqué.

Et quels sont les aspects plus négatifs liés à votre mode de vie ?

Il n’y en a pas beaucoup ! Dans une vie partagée, il arrive bien sûr des conflits. Ceux-ci peuvent être difficiles à vivre, mais ça dépend aussi de comment on les gère. Entre nous, le désaccord le plus net a eu lieu autour d’un arbre malade, pas très beau mais faisant de l’ombre. Fallait-il le couper ou pas ? En cultivant un état d’esprit constructif et une attitude bienveillante envers l’autre, nous n’avons pas rencontré jusqu’ici de tensions trop difficiles.

Merci beaucoup pour ce témoignage. Peut-être une dernière question : quel conseil donnerais-tu à une personne ou une famille qui aspirerait également à une nouvelle manière d’habiter ?

Venez nous rendre visite ! Ou allez voir un autre habitat de ce type et discutez avec ses habitants ! Ca permet de lever des craintes éventuelles et d’imaginer des possibilités. Puis, mettez-vous en réseau avec d’autres, des amis, des membres des Eglises, sur Internet, en vue de créer ou de rejoindre un groupe. J’ajoute ceci : les chrétiens ne sont pas spécialement en avance dans ce domaine, mais heureusement, il y a ChristNet qui diffuse ces bonnes idées et pratiques !


Suite au départ l’année passée de l’une des trois familles pour raisons professionnelles, un appartement est libre de suite, en vente voire en location :