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Il est souvent dit que vouloir changer le monde est utopique, une belle idée irréaliste. Nous avons pourtant vécu dans les pays occidentaux une transformation complète de la société depuis les années 60, avec un renversement dans la quasi-totalité des domaines de la vie.

J’aurai toujours comme référence pour ma vie le film américain « le Cercle des poètes disparus »1 : faire sauter les verrous, les carcans pour entrer dans un chemin de liberté propre à soi ; vivre la vie en se centrant sur l’essentiel, quitte à déranger.

La révolution de la Contre-culture

Nous étions auparavant, avant les années 60, dans une société autoritaire où la position de l’élu dès l’échelon de maire ou syndic, de l’enseignant, du médecin, du pasteur ou prêtre, de l’officier militaire, du chef de famille, du juge, du policier et des institutions en rapport les plaçaient sur un piédestal. La femme mariée avait un statut équivalent à une personne sous curatelle dans le droit matrimonial de cette époque depuis des générations. Les églises exerçaient un rôle de conduite morale reconnu dans la société en Suisse et il valait mieux être de la confession de son canton de résidence pour ne pas être l’objet de rejet, en particulier dans les villages. Il valait mieux ne pas discuter longtemps face aux personnes en charge des responsabilités qui présentaient la réalité comme étant tel qu’ils l’énonçaient et pas autrement … même quand ils se trompaient. C’était une société caractérisée par un ordre établi peu contestable.

Provenant du Siècle des Lumières (18ème siècle), les libertés fondamentales s’étaient pourtant établies progressivement dans les Etats européens depuis le 19ème siècle : libertés politiques d’expression, de presse, de réunion, d’association, l’idée d’égalité.2 Depuis la Renaissance et la Réforme déjà, le courant pluraliste s’ouvre : retour aux auteurs et à l’architecture de l’Antiquité, plusieurs confessions chrétiennes présentes coexistant désormais si on compte les luthériens, les anglicans, les anabaptistes en plus des réformés et des catholiques ; accès à l’éducation.
A partir des années soixante s’amorce progressivement un renversement de la société autoritaire. C’est une véritable révolution réussie, durable dans ses effets et sans violence à laquelle on assiste. En Europe Mai 68 en est l’origine, aux Etats-Unis on parle de la Contre-culture. En effet on va faire l’inverse d’avant dans quantité de domaines : émancipation et affirmation de l’égalité des droits des femmes, des noirs, des minorités sexuelles, pluralisme spirituel avec l’ouverture aux spiritualités orientales et à l’ésotérisme, démocratisation de l’enseignement, des études, de la police (son rapport aux citoyens changé), prise de conscience écologique, réforme et diminution des effectifs de l’armée en Suisse avec introduction du service civil. La même époque voit l’indépendance des pays colonisés par les puissances européennes 3 et une plus grande considération des peuples autochtones non blancs et des pays du Sud du globe.

Sur le plan de la famille, le nombre de divorce augmente considérablement, l’avortement est légalisé et s’étend, la norme pénale sur l’adultère est abolie en Suisse en 19904.
En 1989 les pays d’Europe centrale et de l’Est sous domination communiste se libèrent à la chute du Mur de Berlin, autre étape clé du processus de libéralisation : 90% des pays d’Europe vivent ou aspirent à être des démocraties libérale l’année même des festivités du bicentenaire de la Révolution française.

La relation avec la foi

La foi chrétienne est associée à la culture que l’on veut contrer et mettre derrière, ce qui entraîne l’engouement pour les spiritualités alternatives à partir de ces années-là5. En lisant Luc Ferry, philosophe français, une notion fondamentale en ressort : Mai 68 va tendre à effacer dans la pensée l’idée de vérité et d’objectivité. Cette thèse est soutenue en affirmant que dans la pensée de Mai 68, une opinion, une conviction ou un exposé théorique partent d’une origine, d’un profil, d’un arrière- plan. C’est l’influence par contacts avec tels milieux et idées, l’historique et la culture propre, voire de l’inconscient de la personne ou groupe de personnes qui définissent le positionnement. Donc il y a déconstruction de l’idée d’objectivé et de la vérité et par là de l’absolu. On ne conçoit ou cerne plus par la question « qu’est-ce que » (c’est) ? mais de « qu’est-ce qui » (est derrière) ? … « D’où tu parles ? » était souvent entendu lors de Mai 68 …6

Pour nous chrétiens c’est par là même la notion de foi qui est contestée puisque la foi repose justement partiellement sur l’invisible (Hébreux 11), le mystère, de même que sont mises en doute la notion de Vérité, et celle des vérités dans les divers domaines de la vie en fonction d’un référentiel modèle qui est la révélation biblique. Cela explique le développement à l’extrême du pluralisme en politique, en éthique, en spiritualité, sur Internet, on pourrait même dire jusqu’aux fakes news et au complotisme. Tout se vaut et se défend. La notion de vrai ou de faux s’estompe. Avec les nouvelles spiritualités, toutes sortes de systèmes et types de spiritualités apparaissent.

La Contre-culture serait-elle de droite ?

Jusque-là on acceptait qu’une part des entreprises relevaient de l’Etat et qu’une réglementation limitée était fixée comme condition- cadre à l’économie, en prenant ici comme exemple la Suisse. A partir des années 90 et la chute du Mur de Berlin, on assiste à des privatisations comme celle de Swisscom ou des Chemins de Fer Fédéraux et à une déréglementation visant à ‘’fluidifier l’économie’’ (comme la libéralisation du travail du dimanche). Le Livre blanc de David de Pury en partie réalisé est un bon illustrateur de ce phénomène des années 90 7 dans la vague de l’Uruguay Round de l’OMC et de la mise en place de la libre circulation des biens, capitaux, services et personnes dans l’Union européenne.

Luc Ferry déclare même que le changement de société n’est pas dû à Mai 68 et ses leaders comme Daniel Cohn-Bendit mais induit par le libéralisme économique qui a cassé les codes (comme en architecture moderne)…thèse intéressante : « En réalité, ‘les contestataires’ revendiquaient le droit au plaisir et aux loisirs, en quoi Mai 68 s’est inscrit dans la longue histoire de la révolte libérale- libertaire des individus contre ces autorités et ces valeurs traditionnelles qui avaient l’inconvénient majeur de freiner l’accès à la jouissance et à la consommation. (…) Il fallait que les valeurs traditionnelles fussent liquidées pour que le capitalisme mondialisé pût s’épanouir. Si nos enfants avaient conservé les mœurs de nos arrière-grands-parents, il est clair qu’ils ne courraient pas après les gadgets qu’on leur fourgue à jet continu sur Amazon. En d’autres termes, sous les pavés, il n’y avait pas de plage8, mais les exigences de l’économie libérale. »9

Comment se positionner face à Mai 68

Beaucoup de changements peuvent être encouragés voire portés par les chrétiens en fonction de la Bible comme le changement de statut des femmes, des noirs, la prise de conscience écologique, les verrous d’autoritarisme qui sautent dans les rapports dans la société, voire la lutte contre l’homophobie. Un vent de liberté a soufflé et on peut reconnaître comme bon et c’est profitable d’être dans une société libre pour vivre sa foi, donner son opinion, avoir son identité personnelle et de groupe respectée.

Maintenant pour ce qui est du Mariage pour tous, la pleine reconnaissance des identités LGBT, l’avortement, la théorie du genre, il y a contradiction avec l’éthique biblique.
L’affirmation souvent exprimée que nous assistons à une perte des valeurs est à relativiser, les luttes et les revendications qui trouvent racine dans les années 60 et 70 portent encore une fois des valeurs souvent positives comme la préservation de la Création ou la lutte contre le racisme. On peut en revanche admettre cette affirmation par exemple concernant l’avortement : « Pro choice » veut dire que la conséquence de la liberté sexuelle n’est pas d’assumer la responsabilité de l’enfant qui peut être conçu et ouvre ainsi à une nouvelle liberté individuelle de choisir ou non de garder un enfant en gestation, or la liberté bibliquement parlant c’est entrer dans une responsabilité envers autrui (Galates 5,13 et suivants). Nous sommes dans une société post Mai 68 où l’individu ou un groupe peut déterminer ses propres valeurs comme à la suite des Lumières c’était l’Etat et la société dominante qui les définissait et progressivement de moins en moins Dieu et la Bible. Ce qui conduit à vivre avec une multitude d’opinions, de théories, de références, phénomène accru avec Internet.
La démocratie libérale est en effet un système politique qui porte bien son nom : à la fois sur le plan politique et économique, nous disposons de beaucoup de libertés.

Nous replacer face à notre origine.

En tant qu’enfants de Dieu, nous vivons dans la révélation que l’être humain tend intérieurement à une totale indépendance depuis l’accès à l’arbre de la connaissance du bien et du mal, le tentateur lui indiquant qu’il sera comme un dieu (Genèse 3). Par les facultés que Dieu a donné à l’humain, celui-ci peut en effet aller loin par la réflexion, les choix, un mode de vie et l’exercice de toutes les activités existantes dans la société et donc en conséquence établir un monde qui fonctionne. Nous pouvons l’observer au regard de l’évolution de nos nations occidentales depuis plus de 2 siècles (depuis les Lumières et l’industrialisation) qui ont même atteint un degré de développement matériel, scientifique et d’influence plus important que l’ère plus « spécifiquement chrétienne » précédente, du moins jusqu’au début de ce siècle. L’homme et la femme de foi en cultivant la relation avec Jésus-Christ par son Esprit, par sa Parole et d’autres supports vivants cherchent – individuellement et en collectif- en toute choses ce qui est juste (1 Thessaloniciens 5,21 ; 1 Corinthiens 2, Psaume 1), même dans une démarche humaine restant très imparfaite. Nous devons sans cesse à nouveau relever le défi de nous aligner à la pensée de Dieu malgré nos limites dans ce domaine. Nombres de textes mettent l’accent sur la justice et s’opposent à la domination et à l’exploitation (ex. Jérémie 22,3). Notre mission est de poursuivre ce désir de justice sans perdre de vue le Seigneur, et sa folie à lui la croix avec ce qu’elle établit comme valeurs du Royaume qui sont aimer ses ennemis, bénir ceux qui nous persécutent (Matthieu 5), considérer les autres comme supérieurs à nous-mêmes et leurs intérêts avant les nôtres (Philippiens 2), sans déni de l’écart relevé dans la pratique entre cet idéal fou avec ce que nous sommes.
J’aurai toujours en tête le film « le Cercle des poètes disparus », dans ce désir fou de libération de ce qui nous entrave institutionnellement et de par les mentalités ambiantes, mais dans une recherche de conserver les yeux sur Dieu révélé en Christ et malgré les écarts dans la progression à son image.


1. Le Cercle des poètes disparus, de Peter Weir, avec Robin Williams, Robert Sean Leonard, Kurtwood Smith, Ethan Hawke, 1989 https://www.imdb.com/title/tt0097165/?ref_=fn_al_tt_1
2 Mais il y a en début de processus une résistance aux idées libérales avec pour exemple le refus par référendum en Suisse en 1866 de la liberté de conscience, du droit de vote en matière communale et cantonale pour confédérés résidant en dehors de leur canton d’origine, avec du bout des lèvres l’autorisation d’établissement (immigration) de personnes de confession juive. https://www.slatkine.com/fr/index.php?controller=attachment&id_attachment=5543-p.5–7
3 Mettant partiellement fin au colonialisme toutefois
4 Genève avait déjà supprimé le délit d’adultère en 1874 (avant l’unification du code pénal sur le plan fédéral). Ce qui n’empêche que le Code civil suisse exige toujours de nos jours la fidélité en époux (art. 212) et conçoit la relation conjugale comme exclusive, faisant encore de l’adultère un acte illicite même que non condamnable pénalement. Parler sans fondement de quelqu’un comme ayant commis un adultère reste considéré sur le plan pénal comme une atteinte à l’honneur (diffamation). https://www.20min.ch/fr/story/l-adultere-reste-un-acte-illicite-en-suisse-246498216429
A noter encore que jusqu’en 1965 en Suisse seules les femmes ayant commis l’adultère étaient condamnables … et non les hommes ! On était encore 2000 après dans le récit évangélique de la femme adultère (Jean 8).
5 Le Livre des sagesses, sous la direction de F. Lenoir, Bayard 2002, article sur l’ésotérisme occidental.
6 Luc Ferry, Alain Renaut, La Pensée 68, Gallimard, 1988, p.43 à 49 sur la généalogie et la dissolution de l’idée de vérité
7 https://fr.wikipedia.org/wiki/David_de_Pury_(%C3%A9conomiste)
8 Un des slogans de Mai 68 était « Sous les pavés … la plage »
9 Luc Ferry « Penser enfin Mai 68 », article paru dans le Figaro du 15 février 2018; faisant référence à son ouvrage « La Pensée 68 » op.cit.

Photo © Donation Gilles Caron, Ministère de la Culture (France), Médiathèque du patrimoine et de la photographie

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Comment voter ? C’est la question que se posent les électeurs ces jours-ci face à une enveloppe de vote qui n’a jamais été aussi épaisse. Nous suggérons des lignes directrices et des conseils concrets..

Un scribe a demandé à Jésus quel était le plus grand commandement. Jésus répondit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée ». C’est le plus grand et le premier commandement. Mais le deuxième lui est égal : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». C’est à ces deux commandements qu’est suspendue toute la loi et les prophètes. (Matthieu 22.35-40).

L’amour de Dieu et de notre prochain doit être le fil conducteur de toutes nos actions, donc aussi de nos actions politiques. Le bien-être de notre prochain doit être dans notre champ de vision au même titre que notre propre bien-être. Car chaque être humain est créé et aimé par Dieu, chaque personne a la même valeur aux yeux de Dieu. Mais tout le monde n’a pas les mêmes capacités, tout le monde ne peut pas s’imposer de la même manière dans notre monde et veiller lui-même à son bien-être.

Qui doit être soutenu en particulier ?

Qui a particulièrement besoin de notre amour du prochain ? L’Ancien Testament ne cesse d’appeler avec insistance à la protection des veuves, des orphelins, des pauvres, des miséreux, des petits, des étrangers, etc. Aux yeux de Dieu, ils ont particulièrement besoin de protection. Souvent, leur situation est liée à l’impuissance ou à l’esclavage pour dettes. Les prophètes accusent le peuple d’Israël de ce que les forts tentent de faire plier les droits des pauvres et invitent à les aider à faire valoir leurs droits. Ils doivent être nourris par la dîme et l’esclavage pour dettes doit être supprimé à intervalles réguliers.

Dans le Nouveau Testament, Jésus se tourne lui aussi spécialement vers les marginaux et les sans-pouvoir. Il n’a toutefois pas formulé de revendications à l’égard du système politique, car cela n’était guère possible à l’époque.

Assumer notre responsabilité envers les personnes défavorisées

Ici et aujourd’hui, nous avons la possibilité, par le biais d’élections et de votations, de participer à la définition des conditions sociales. Nous avons ainsi une coresponsabilité à laquelle nous ne pouvons pas nous soustraire. Les décisions que nous prenons en tant qu’électeurs et les lois qu’édicte un parlement ont des conséquences concrètes pour nos prochains. La Bible nous conseille de ne pas prendre nos décisions en pensant uniquement à notre propre bien, mais aussi à celui de notre prochain.

Mais qui sont aujourd’hui ceux qui ont le plus besoin de notre voix ? Qui sont les impuissants, les vulnérables, les misérables, ceux qui vont le plus mal ? Les personnes en situation de pauvreté, dont le nombre ne cesse d’augmenter ? Les enfants qui sont plus touchés par la pauvreté que la moyenne, qui ressentent de plus en plus de pression à l’école et qui sont ballottés ? Les migrants, considérés comme un danger ? Les personnes handicapées ? Les moins instruits, qui ont du mal à suivre ? Ou tout simplement les moins performants ? Il est de notre devoir d’aider ces personnes défavorisées à obtenir des chances de vie équitables. Cela peut se faire par la redistribution, par l’empowerment, par un accès simplifié à la justice, etc.

De qui la politique s’occupe-t-elle aujourd’hui ?

La politique peut créer des conditions générales qui aident les personnes défavorisées ou alors qui leur nuisent encore plus. Qu’en est-il aujourd’hui, pour qui fait-on de la politique ? La majorité des partis disent faire de la « politique pour la classe moyenne » – donc pas pour ceux qui ont le plus besoin de soutien. La voix des personnes réellement défavorisées n’est pas entendue. C’est la seule façon d’expliquer,

  • pourquoi les parlements cantonaux et fédéral proposent chaque année de nouvelles baisses d’impôts qui profitent avant tout aux plus aisés et qui sont ensuite économisées sur les aides au logement, les prestations complémentaires à l’AVS et les subsides aux primes de caisse maladie des personnes aux bas revenu,
  • pourquoi il y a un projet parlementaire au niveau fédéral de vider les droits des locataires contre les hausses de loyer
  • pourquoi le Parlement fédéral veut interdire une grande partie des salaires minimums cantonaux, ce qui touche particulièrement les couches les plus pauvres.
  • pourquoi l’idée de créer des caisses-maladie bon marché est propagée, dans lesquelles les personnes à bas revenu seraient poussés, tout en recevant de moins d’accès au système de santé.

Comment faire le bon choix ?

Politik muss denjenigen nützen, die es am meisten brauchen. Sie müssen unsere Aufmerksamkeit erhalten.
La politique doit être utile à ceux qui en ont le plus besoin. Ils doivent bénéficier de notre attention. Mais cela implique d’accorder à chaque personne la même valeur devant Dieu et donc la même attention et les mêmes chances de vie. Or, aujourd’hui, on dit trop vite que chacun doit se débrouiller seul. En certains endroits, les plus faibles dans la société sont même considérés comme un fardeau ou ils sont carrément dévalorisés. Dans les églises, nous entendons parfois dire que les personnes défavorisées devraient simplement se tourner vers Dieu et que « l’État » ne devrait pas assumer les tâches de Dieu. Or, Dieu nous demande de protéger le droit des pauvres et de nous occuper d’eux ! Saisissons donc l’occasion de ces élections fédérales pour soutenir avant tout ceux qui ont le plus besoin de notre aide. Comment le savoir ? Sur le site web indépendant www.smartvote.ch , il est possible d’indiquer ses propres priorités politiques sur un questionnaire, après quoi le site affiche les partis et les candidats individuels qui se rapprochent le plus de l’orientation politique indiquée. Il n’y a donc plus d’excuses. Votez maintenant !

Photo de Kelly Sikkema sur Unsplash

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Touchés par la crise syrienne et encourages par leur foi, Anne-Sylvie et Kim Giolo ont décidé en 2015 de se lancer dans l’aventure de l’accueil de réfugiés à la maison.

Samira*, une jeune Erythréenne est arrivée dans notre famille en 2016, puis, après son départ, Aicha*, d’origine iranienne, et aujourd’hui Fatima, qui vient de l’Afghanistan.

Une expérience quotidienne

Pendant ces différentes périodes, nous avons accueilli ces jeunes femmes au quotidien, partage nos repas et fait des activités ensemble. Ces temps ont donné lieu a beaucoup d’explications, de rires, de bons repas exotiques, et j’ai pu réaliser à quel point le français est une langue souvent pas très logique ! L’accueil en famille est une merveilleuse façon d’aller à la rencontre de l’autre et de s’ouvrir à d’autres cultures. Cela a été très formateur pour nos deux filles qui ont pu réaliser que la vie est très différente ailleurs. Les personnes que nous avons accueillies ont pu comprendre comment fonctionne la culture suisse et apprendre plus vite la langue. Notre famille a servi de pont entre leur origine et la Suisse.

Un ancrage et un tremplin

Cependant, ce que ces expériences nous montrent aussi, c’est qu’il faut éviter d’avoir des exigences de succès ou de rentabilité, mais qu’il faut plutôt aborder l’accueil dans une optique d’accompagnement, pour porter la personne un peu plus loin et témoigner de notre soutien. En effet, les refugies sont souvent passes par des situations de vie très traumatisantes, ce qui les rend fragiles. Avoir des personnes de référence leur permet de trouver un point d’ancrage dans le pays hôte. En habitant avec nous, Fatima a pu se retrouver dans un environnement sûr, stable et tranquille par rapport à la vie en foyer, et se concentrer sur l’apprentissage du français qui constitue la clé de l’intégration. N’ayant fait que trois ans d’école, les cours de français étaient trop durs pour elle au début, mais sont rapidement devenus trop faciles. Elle est récemment passée au niveau A2 et espère pouvoir commencer un apprentissage. Une nouvelle vie commence pour elle, loin des difficultés de son pays d’origine, et c’est une grande chance de pouvoir contribuer à notre manière à ce nouveau départ.

* Noms modifié

Cet article est paru pour la première fois dans le numéro de mars 2023 de la revue « Christ seul« .

Photo de Priscilla Du Preez sur Unsplash

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Aux Philippines, une personne sur cinq vit en dessous du seuil de pauvreté. La capitale Manille compte plus de 20 millions d’habitants. De nombreuses personnes vivent dans des quartiers pauvres et des bidonvilles. Plus de 100 000 enfants vivent dans la rue. Beaucoup d’entre eux trouvent moins d’affection et d’acceptation dans leurs familles, également brisées par la pauvreté et le chômage, que dans les gangs de rue, où la lutte pour la survie, les abus, la violence et la fuite dans les substances génératrices de dépendance font partie du quotidien. Jusqu’à présent, le gouvernement philippin n’a offert à ces enfants que la répression et la mort. Onesimo montre de manière exemplaire comment l’amour concret du prochain est une issue plus fructueuse.

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Le numérique est de plus en plus présent dans les relations que nous entretenons avec l’administration. Vous souhaitez obtenir une prime d’activité ? Passez par la « case » virtuelle ! Vous souhaitez entrer en lien avec la CAF ? Commencez par vous créer une adresse email ! En quelques années, la France a fait de rapides « avancées » dans la digitalisation de son administration, le Gouvernement actuel étant bien décidé à passer au « tout numérique » d’ici 2022. Il est poussé/porté par un double objectif : celui d’une part de simplifier – et d’améliorer l’efficacité – des démarches administratives et, par-delà, de faire des économies. Celui, de l’autre, de renforcer l’accès des dispositifs au plus grand nombre. Or, contrairement à ce qui est souhaité, pour de plus en plus de personnes, cette virtualisation de l’administration n’est pas synonyme d’égalité, mais bien de mise à l’écart.

E-exclusion ?

Certaines voix – travailleurs sociaux, représentants associatifs, etc. – se font aujourd’hui entendre pour alerter sur les risques de précarisation induits par la digitalisation accrue – et contrainte – des relations administratives. Les personnes en situation de fragilité cumulent souvent des difficultés d’accès, d’usage et de cognition (littéracie) dans leurs démarches administratives. Elles peinent à accéder au dispositif, à trouver les informations souhaitées de même qu’à entrer en contact et communiquer avec les professionnels. Ces nouvelles injonctions/obligations représentent ainsi autant de nouvelles barrières qui se dressent devant elles, les conduisant parfois à abandonner leurs démarches. Pour peu qu’elles ne disposent pas dans leur réseau de personnes capables de leur servir d’intermédiaire et de les accompagner dans ce dédale technologique, elles peuvent alors se retrouver privées de leurs droits (Défenseur des droits, 2017).

Vers une solidarité numérique ?

Cette situation nous amène à prendre conscience, en tant que chrétiens, des nouveaux visages de la précarité et nous sensibilise aux besoins grandissant d’accompagnement numérique que rencontrent un certain nombre de nos Prochains. Un encouragement à développer et pratiquer l’entraide, également sur la Toile… Plus largement, cette situation nous incite également à réfléchir sur la place et le rôle que notre société – et nous-mêmes – confère à la technologie ; elle représente en cela une invitation à la « prudence » et un appel à la sagesse pour éviter de succomber aux chants de la toute-puissance technologique et pour se garder de lui déléguer de manière irréfléchie de trop grands pans de notre existence. Veillons ainsi à ce que ces technologies ne fassent figure ni de tour de Babel, ni de veau d’or dans nos vies, mais que celles-ci soient de plus en plus des outils au service du plus grand nombre. Et continuons à remettre la conduite de notre existence en premier lieu aux mains de notre Seigneur.

Tribune parue sous la rubrique « Regards » dans Christ Seul (mensuel des Eglises évangéliques mennonites de France), n° 1092, novembre 2018, www.editions-mennonites.fr.

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Voici une liste de littérature et de liens internet sur la justice mondiale compilée par ChristNet et publiée dans le magazine Insist (octobre 2008 N02, Justice, www.insist.ch).

Littérature

> Gordon, Graham : C’est ce que vous m’avez fait. Le christianisme engagé dans un monde injuste. Brunnen Verlag et TearFund, 2004

> Shane Claiborne : Je dois être fou pour vivre comme ça. Brunnen Verlag, Giessen, 2007 (voir aussi www.thesimpleway.org).

> Justice pour tous ! Equipped 3/2005, Vineyard Magazine, août 2005 (à commander à l’adresse suivante : www.vineyardmusic.com/dach/schweiz/scripts/prodView.asp?idproduct=258)

> Gerster, Richard : Mondialisation et justice. Maison d’édition HEP ; Zurich 2005

> Chester, Tim, et al : Justice, Mercy and Humility. Paternoster ; Carlisle 2002 (anglais, on integral mission)

Liens Internet en allemand

a) Dénominationnel

> www.stoparmut2015.ch : StopArmut est la campagne de l’Alliance évangélique suisse visant à mobiliser pour les pauvres dans le monde.

> www.micha-initiative.de : L’Initiative Micha Allemagne veut inciter les chrétiens à s’engager contre la pauvreté et pour la justice dans le monde.

> www.ChristNet.ch : ChristNet est un forum de chrétiens qui fait campagne pour plus de charité dans la société et la politique.

> www.wjforum.org : Le Forum mondial sur la justice aborde les questions économiques et politiques mondiales afin que la prospérité, la paix et la sécurité soient restaurées sur la base de la loi et de la justice de Dieu.

> www.oikoumene.org/de (Programme à Justice) : Le Conseil œcuménique des Églises cherche à réunir de façon nouvelle les engagements en faveur de la justice et de la diaconie et de l’intégrité de la création.

> www.bfa-ppp.ch : Pain pour le prochain œuvre, entre autres, pour le respect des droits de l’homme et le développement durable dans le Sud.

> www.bethlehem-mission.ch : Bethlehem Mission Immensee est une organisation d’aide chrétienne qui ouvre également sa bouche pour aider les personnes défavorisées.

> www.acat.ch : L’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture milite pour un monde sans torture et sans peine de mort.

b) Non confessionnel

> www.evb.ch : La Déclaration de Berne œuvre pour la justice mondiale dans les domaines de la responsabilité des entreprises, de la politique commerciale, de l’agriculture et du commerce équitable.

> www.swisscoalition.ch : Le groupe de travail des six principales agences d’aide suisses fournit des informations détaillées sur la politique de développement et les questions de mondialisation.

> www.aktionfinanzplatz.ch : Aktion Finanzplatz Schweiz suit l’argent en Suisse grâce à des recherches, des analyses et des campagnes.

> www.attac.org : Attac lutte contre la domination des marchés financiers mondiaux et travaille sur des modèles économiques alternatifs plus équitables dans le monde entier.

Liens Internet Anglais

> www.speak.org.uk : Speak est un mouvement chrétien de prière et d’action pour la justice sociale en Angleterre.

> www.sojo.net : Sojourners est un mouvement chrétien aux États-Unis qui cherche à mettre en œuvre l’appel biblique à la justice dans l’église et la société (co-fondateur : Jim Wallis).

> www.calltorenewal.com : Call to Renewal est une organisation chrétienne contre la pauvreté et l’injustice, fondée par Jim Wallis.

> www.micahchallenge.org : Le Défi Michée est la plate-forme internationale de l’Appel Michée (voir ci-dessus StopArmut).

> www.bread.org : Bread for the World est un lobby chrétien pour la lutte contre la pauvreté aux États-Unis et dans le monde.

> www.jubilee-centre.org : Jubilee Centre est une organisation chrétienne anglaise de réforme sociale basée sur l’année jubilaire de l’Ancien Testament.

 

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« D’où vient votre farine ? »

Samedi 21 avril, un Forum organisé par ChristNet et StopArmut a eu lieu à Berne. Il traitait du sujet « Partage équitable : chrétiens responsables ? Réponses personnelles, économiques et politiques à la pauvreté. »

Réponse personnelle : commerce équitable

Lors de son intervention, Peter Weidmann de teartrade.ch posa une question provocatrice : « Savez-vous d’où vient votre farine ? » Et d’y répondre aussitôt : « 60% de la farine qu’utilise mon boulanger vient de l’Inde. » Grâce à l’exemple du café il démontre que souvent les prix payés aux producteurs ne sont pas suffisants pour survivre. Il cite alors Jacques : « Vous n’avez pas payé leur juste salaire aux ouvriers qui ont moissonné vos champs. » (5.4) Selon lui, le commerce équitable traiterait le problème à la racine puisqu’on paierait ainsi « le juste salaire » aux plus pauvres, les paysans du sud. Ce qui, en plus, ne nous coûterait pas bien cher : si nous déboursons pour du café équitable un surplus de 20%, cela se traduirait pour le paysan par un dédoublement du montant reçu. En tant que consommateurs, nous aurions le pouvoir d’influencer par nos choix les grands groupes agroalimentaires et les grandes surfaces. « Nous partageons avec les plus pauvres du monde. Ce sont nos prochains » dixit Weidmann.

Réponse économique : la microfinance

Karl Rechsteiner, Oikocredit, montra, exemples à l’appui, comment des microcrédits de quelques dollars peuvent représenter l’apport nécessaire à la création de petites entreprises en Afrique et en Amérique du sud. C’est le cas de cette orpheline de 22 ans à Accra (Ghana) qui doit nourrir son frère et sa sœur. Grâce à une banque de microfinances, elle a pu ouvrir un salon de coiffure qui compte aujourd’hui 10 employés. Ou encore ce village dans les montagnes du Pérou où la création d’une usine de vinaigre artisanal devint ainsi possible. M. Rechsteiner appela les chrétiens et les Eglises à placer leurs réserves selon des critères éthiques et de préférer les instituts de microfinances ou les petites banques locales aux grandes banques.

Réponse politique : des règles justes pour le commerce international

Markus Meury, coordinateur de StopArmut et membre de ChristNet, releva le déséquilibre politique du commerce international. D’une part, les pays pauvres n’auraient pas les ressources pour obtenir les informations et les conseils nécessaires lors de négociations d’accords commerciaux. D’autre part, la libéralisation continue du commerce international nuirait à l’économie de ces mêmes pays puisqu’elle ne serait pas assez forte pour être exposée à la concurrence internationale. D’ailleurs les économies américaine, européenne et asiatique aussi se seraient d’abord construites à l’abri de la concurrence. M. Meury appela la Suisse d’abandonner sa politique des intérêts propres afin de promouvoir des règles du commerce international qui sont en faveur des pays les plus faibles.

Limites du partage

La table ronde fut introduite par Christian Waber, conseiller national UDF, qui soutint qu’au vu des dettes de la Confédération à hauteur de 133 milliards de francs, on ne pouvait pas dire que la Suisse était dans le superflu, mais plutôt dans une consommation au-dessus de ses moyens. Il a été répondu qu’en Suisse le revenu moyen était de 400 fois plus élevé que dans les pays pauvres.

Un participant suggéra que la meilleure réponse à la pauvreté serait la conversion des cœurs et la promotion des valeurs chrétiennes. On y répondit : « Il faut l’un et l’autre : un engagement spirituel et pratique ; nous pouvons acheter équitable, placer notre argent dans des institutions de microfinance et nous engager pour des règles du commerce international plus justes. » La discussion vive fut appréciée pour sa franchise et son ton constructif.

Une participante se réjouit : « Ce Forum fut pour moi une découverte : maintenant je sais qu’à travers mes achats quotidiens je peux faire une différence. »

 

ChristNet est un Forum chrétien traitant du social, de l’économie, de l’environnement, de la culture et du développement. En vue des élections nationales 2007, ChristNet lance une pétition qui demande au Conseil fédéral de placer le partage au centre de la politique suisse (www.assez-pour-partager.ch).

StopArmut2015 est la campagne de l’Alliance évangélique suisse pour promouvoir la réalisation des objectifs du millénaire de l’ONU et travaille depuis plusieurs années afin que les chrétiens s’engagent à combattre la pauvreté dans le monde. En Suisse romande, la campagne s’appelle StopPauvreté.

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Samedi 21 avril, un Forum organisé par ChristNet et StopArmut a eu lieu à Berne. Il traitait du sujet « Partage équitable : chrétiens responsables ? Réponses personnelles, économiques et politiques à la pauvreté. » Ce Forum s’inscrit dans le cadre de la pétition de ChristNet « Assez-pour-partager.ch » et d’une semaine d’action de StopArmut.

Des experts se prononcèrent sur le commerce équitable, la microfinance et les règles du commerce international. « Il faut tout : au niveau personnel, acheter équitable et placer notre argent dans des institutions de microfinance, au niveau politique nous engager pour des règles justes du commerce international. » Tel fut le résumé d’un participant.

 

Berne, 22.4.07 – Hier un Forum organisé par ChristNet et StopArmut a eu lieu à Berne. Il traitait du sujet « Partage équitable : chrétiens responsables ? Réponses personnelles, économiques et politiques à la pauvreté. » 45 participants suivirent les interventions d’experts sur le commerce équitable, la microfinance et les règles du commerce international. Enfin, une table ronde avec la participation d’une voix critique permit d’approfondir les limites du partage.

Peter Weidmann de teartrade.ch montra par l’exemple du commerce du café que les prix payés aux producteurs ne suffisent souvent pas pour survire. Selon lui, le commerce équitable traiterait le problème à la racine puisque le prix payé correspondrait « au juste salaire » (Jacques 5.4) des plus pauvres, les paysans du sud. « Nous partageons avec les plus pauvres du monde. Ce sont nos prochains » dixit Weidmann.

Karl Rechsteiner, Oikocredit, montra, exemples à l’appui, comment des microcrédits de quelques dollars peuvent représenter l’investissement nécessaire à création de petites entreprises en Afrique et en Amérique du sud. M. Rechsteiner appela les chrétiens et les Eglises à placer leurs réserves selon des critères éthiques et de préférer les instituts de microfinances aux grandes banques.

Markus Meury, coordinateur de StopArmut et membre de ChristNet, releva le déséquilibre politique du commerce international qui donnerait un pouvoir énorme aux pays du nord. Il appela la Suisse d’abandonner sa politique des intérêts propres afin de promouvoir des règles du commerce international qui sont en faveur des pays les plus faibles.

Enfin, la table ronde avec Christian Waber, conseiller national UDF, permit d’élucider les limites du partage. Nous ne pourrons pas partager à l’infini, mais nous pouvons nous engager là où nous sommes : aux niveaux personnel, économique et politique. Tel fut la conclusion d’une discussion vive et franche. Une participante se réjouit : « Ce Forum fut pour moi une découverte : maintenant je sais qu’à travers mes achats quotidiens je peux faire une différence. »

Ce Forum eut lieu dans le cadre de la pétition ChristNet « Assez-pour-partager.ch » qui demande au Conseil fédéral de placer le partage au centre de sa politique. Pour StopArmut, ce Forum s’inscrit parfaitement dans sa campagne afin de réduire la pauvreté dans le monde de moitié d’ici 2015.

ChristNet est un Forum chrétien traitant du social, de l’économie, de l’environnement, de la culture et du développement.

StopArmut2015 est la campagne de l’Alliance évangélique suisse pour promouvoir la réalisation des objectifs du millénaire de l’ONU et travaille depuis plusieurs années afin que les chrétiens s’engagent à combattre la pauvreté dans le monde. En Suisse romande, la campagne s’appelle StopPauvreté.

Contact

ChristNet. Samuel Ninck, 022 733 50 83. samuel.ninck@christnet.chwww.ChristNet.ch

StopArmut. Matthias Stürmer, 031 371 80 87. matthias.stuermer@stoparmut2015.chwww.stoparmut.ch ¦www.stoppauvrete.ch

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Jesus war immer provokativ, darum darf ich es ohne schlechtes Gewissen auch sein: Der Gott der Bibel ist ein Gott der materiell (nicht ?geistlich?!) Armen. Diese plakative Aussage stelle ich an den Anfang und beginne nun mit meinen Ausführungen.

Über Armut aus biblischer Sicht wird in Kirchen, Hauskreisen, Jugendgruppen usw. nur wenig diskutiert. Als Schweizer sind wir kaum mit existentieller Armut konfrontiert und daher widmen wir uns anderen Glaubensthemen. Dabei wird trotz meist intensiver Bibellektüre übersehen, wie zentral das Thema Armut respektive Armutsbekämpfung in der Bibel behandelt wird. Die Frage sei erlaubt, ob wir in dieser Hinsicht einfach durch unseren Reichtum geblendet sind.

Gott erwählte im Alten Testament keine antike Supermacht, sondern ein armes Sklavenvolk. Dies ist nur der erste grosse Akt der Solidarität Gottes mit den Armen, der sich im 2. Buch Mose sofort niederschlägt, da die Armenfürsorge bei den Landwirtschaftsgesetzen einen grossen Platz einnimmt. Hier bestimmt Gott z.B. das sogenannte Sabbatjahr: ?Sechs Jahre sollst du dein Land besäen und seine Früchte einsammeln. Aber im siebenten Jahr sollst du es ruhen und liegen lassen, dass die Armen unter deinem Volk davon essen; …? (2. Mose 23,10-11)

Später setzen sich auch die Propheten stark für die Armen ein: ?Höret dies, die ihr die Armen unterdrückt und die Elenden im Lande zugrunde richtet…? (Amos 8,4) Sie verheissen den Armen insbesondere Gottes Beistand: ?Die Elenden und Armen suchen Wasser, und es ist nichts da, ihre Zunge verdorrt vor Durst. Aber ich, der HERR, will sie erhören; ich, der Gott Israels, will sie nicht verlassen.? (Jesaja 41,17)

Als reiche Schweizer Christen überlesen wir solche Stellen meist und begeben uns eher auf die Suche nach Bibelzitaten, die unseren Reichtum legitimieren würden. In den Sprüchen finden wir dann das Übel der selbstverschuldeten Armut beschrieben, in 6,10+11 z.B. folgendermassen: ?Ja, schlafe noch ein wenig, schlummre ein wenig, schlage die Hände ineinander ein wenig, dass du schläfst, so wird dich die Armut übereilen wie ein Räuber und der Mangel wie ein gewappneter Mann.? Natürlich wird hier deutlich, dass Armut in der Bibel nicht glorifiziert wird, doch lässt sich aufgrund dieser und ähnlichen Stelle keine Antwort auf die so oft gestellte Frage finden, ob wir unseren Reichtum nicht auch etwas geniessen dürfen.

Bezüge zu Salomos riesigen Prunktempel gelten auch nicht, obwohl sie heute manchmal dazu verwendet werden, um wenigstens unsere neuen pompösen Kirchenbauten biblisch in ein helles Licht zu rücken. Nein, der Aspekt der Armenfürsorge nimmt in der Bibel einen derart tragenden Charakter ein, dass wir nicht von einem biblisch-legitimierten ?Reichtum-Geniessen? sprechen können.

Wie schon oben angeführt zieht sich die Armenfürsorge von Anfang an durch die Bibel hindurch. So entwirft Josef ein System derselbigen in 1. Mose 41,47-57, indem er in den sieben reichen Jahren genug Ernte einsammelt, um in den sieben Hungerjahren die Armen versorgen zu können. Im 5. Mose 14,22-29 ist dann die Abgabe des Zehnten geregelt, eine für uns bis heute zentrale Methode der Armenfürsorge. Ursprünglich war der Zehnte eine Naturalien-Abgabe aus dem bäuerlichen Jahresertrag und Viehbestand an die Ortsheiligtümer. Diese war in der alttestamentlichen und der neutestamentlichen Zeit überall in der Welt verbreitet. Fälschlicherweise gehen wir heute beim Zehnten immer von genau 10% aus.

Doch beinhaltete die Abgabe des Zehnten in der jüdischen Praxis ca. 2-3% für die Priester, ca. 10% für die Leviten und noch einmal ca. 10% als sogenannter ?Zweiter Zehnt?, der unter anderem an die Armen verteilt wurde. Dies in einem Kontext, wo der Grossteil der der jüdischen Bevölkerung von der Landwirtschaft lebte und der Hauptteil der Einkünfte für die Ernährung aufgewendet werden musste! Und nicht zu vergessen: Es mussten zusätzlich noch 12.5% Steuern an den Staat entrichtet werden.

Der Zehnte ist für uns ein enorm wichtiges Gebot, doch erstaunlicherweise wird diese von Jesus Christus nur ein einziges Mal in Matthäus 23,23 erwähnt (und nicht etwa als Gebot, sondern nur als Reaktion auf die falsche Praxis des Zehnten).

Damit sind wir im Neuen Testament angelangt: Jesus ?personifiziert? Gott vollends als Anwalt der Armen. Im Lukas-Evangelium Kapitel 4-19, die das Wirken Jesu von der Taufe bis vor der Passion beschreiben, geht es in 20% der Verse um Geld und Besitz, sehr oft im Sinne des rechten Umgangs damit, der sich praktisch ausschliesslich in der Armenfürsorge zeigt. Jesus zeigt sich schon zu Beginn solidarisch mit den Armen: Er kommt als armer Säugling eines armen Teenagerpaares in einem (ziemlich sicher) ungemütlichen Stall auf die Welt. Bei seiner ?Antrittspredigt? in Lukas 4,16-30 wendet er sich zuallererst an die Armen: ?Der Geist des Herrn ist auf mir, weil er mich gesalbt hat, zu verkündigen das Evangelium den Armen…? (Lukas 4,18a). Die Seligpreisungen in Lukas 6,20 beginnt er mit folgenden Worten: ?Selig seid ihr Armen; denn das Reich Gottes ist euer.? In der Parallelstelle Matthäus 5,3 wird bei den Armen noch ein ?geistlich? hinzugefügt, Lukas aber spricht hier auf die materiell Armen an. Schenkt Gott den angesprochenen Menschen denn nur aufgrund ihrer Armut ewiges Heil? Anhand dieser Stelle kann diese Frage jedenfalls nicht einfach mit Nein beantwortet werden. Es muss uns schon auffallen, dass nichts von ?Selig, die ihr an mich glaubt? oder ähnliches steht. Natürlich darf aber daraus auch nicht geschlossen werden, dass Armut gar nicht zu bekämpfen ist. Vielleicht kann man aus dieser Stelle folgendes Fazit ziehen: Es wird deutlich, wie sehr sich Gott mit den Armen solidarisiert.

Der rechte Umgang mit Geld und Besitz respektive Armutsbekämpfung ist eines der grossen Themen im Schwerpunkteprogramm Jesu. In der Bergpredigt (Matthäus 5-7) werden die Richtlinien betreffend Gebetsleben von diesem Thema umrahmt, was dessen Wichtigkeit unterstreicht. Nachzulesen ist dies in Matthäus 6.

Jesu Aussagen zu diesem Thema sind absolut kompromisslos. Trotzdem versuchen seine Nachfolger bis heute immer wieder Kompromisse zu machen. Auch der ?radikalste? Christ macht spätestens hier meistens Kompromisse. Jesus hat den reichen Jüngling in Markus 10,17-27 nämlich unmissverständlich aufgefordert, seinen ganzen Besitz zu verkaufen und den Armen zu geben. Der Lohn ist schliesslich ein Schatz im Himmel, was will man mehr…

In vielen Predigten zum reichen Jüngling kann man einen ?Aber-das-heisst-nicht- Mechanismus? ausmachen. Die Geschichte wird erzählt und gleich anschliessend wird deutlich postuliert, dass diese Aufforderung Jesu spezifisch dem reichen Jüngling in seiner Situation gegolten hat und nicht eins zu eins auf uns heute übertragen werden muss. Im Hinblick auf Lukas 12,33, wo Jesus vom Jüngerkreis (!) genau das Gleiche verlangt, müssen wir uns dieser Aufforderung dennoch stellen. Sie bleibt ein Stachel im Fleisch und darf nicht leichtfertig übergangen werden. Zachäus gab die Hälfte seines Besitzes den Armen und zahlte seine Schulden vierfach zurück (wie viel von seinem Besitz ist da wohl übrigggeblieben?…) und aufgrund von diesem konsequenten Geben ist in seinem Haus Heil widerfahren, wie in Lukas 19,9 steht.

In Matthäus 25,31-46 nennt Jesus seine Strategie der Armutsbekämpfung: Hungernde nähren, Dürstende tränken, Fremde beherbergen, Nackte kleiden, Kranke und Gefangene besuchen. Aufgrund dieser Kriterien wird er beim Weltgericht die Menschen voneinander scheiden. Hier geht es also nicht um beiläufige christliche Liebenswerke, hier geht es um Faktoren, die nach dieser Endzeitrede über Heil und Unheil entscheiden…! Natürlich argumentiert Jesus hier nahe an der Werkgerechtigkeit und wir fragen uns, wo denn die Gnade allein aus Glauben bleibt. An dieser Stelle sind die Worte Jesu einfach sehr deutlich und wir dürfen sie nicht zu schnell mit der ?bedingungslosen Gnade? überdecken, sonst werden wir ihnen nicht gerecht.

Die Liste von Jesu Aussagen könnte noch um einiges erweitert werden. Abschliessend sei noch einmal gesagt: Die Bibel glorifiziert Armut nicht, sondern setzt sie voraus. Der Schwerpunkt liegt daher bei der Armutsbekämpfung. Deshalb werden die Reichen so enorm herausgefordert. Gott hat sich mit den Armen solidarisiert, vielleicht kann man wie in der Einleitung sogar sagen: Beim Gott der Bibel handelt es sich um einen Gott der materiell (nicht ?geistlich?!) Armen. Eine gewagte These. Fakt bleibt, dass Armut aus biblischer Sicht im reichen Kontext der Schweiz viel zu wenig thematisiert wird.

Autor: Stefan Hochstrasser

Quellen

Brandscheidt, Renate. ?Zehnt.? Lexikon für Theologie und Kirche. Hrsg. Walter Kasper. 3. völlig neu bearb. Aufl. Bd. 10. Freiburg: Herder, 2001, 1394-1398.

Goldberger, Michael. ?Zeit-Spiegel: Jüdische Feiertage.? Universität Bern, Bern. 15. Juni 2005.

Hochstrasser, Stefan. ?Über Geld spricht man nicht… ? Eine Analyse von Predigten zum Thema Umgang mit Geld und Besitz.? Diplomarbeit Theologisch-Diakonisches Seminar Aarau, 2005.

Kutsch, E. ?Armut.? Die Religion in Geschichte und Gegenwart. Handwörterbuch für Theologie und Religionswissenschaft. Hrsg. Kurt Galling. 3. völlig neu bearb. Aufl. Bd. 1. Tübingen: J.C.B. Mohr, 1958, 622-624.

Lohse, Eduard. Umwelt des Neuen Testaments. Das Neue Testament Deutsch. 10., durchges. Aufl. Ergänzungsreihe Bd. 1. Göttingen: Vandenhoeck&Ruprecht, 2000.

Lutherbibel 1984

Schröder, Heinz. Jesus und das Geld. Wirtschafskommentar zum Neuen Testament. 3.erw.Aufl. Karlsruhe: Gesellschaft für kulturhistorische Dokumentationen e.V., 1981.

Stückelberger, Christoph. ?Gottes Strategie der Armutsbekämpfung ? und unsere Antwort.? EVP-Bettagskonferenz, Olten. 17. Sept. 2005.

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A la suite de notre séjour au Salvador, nous avons passé trois semaines de vacances à Cuba afin de partir à la découverte d’un des derniers représentant de l’« autre monde ». Nous avons été mis au parfum dès notre arrivée où, lors du passage de la douane et malgré l’heure tardive, nous avons été fouillés pendant deux heures avec une lenteur et une minutie impressionnantes?

Cuba nous est apparu comme le pays du soleil, de la chaleur, des ouragans, de la musique et des gens accueillants mais aussi comme un endroit où les touristes sont souvent considérés comme des dollars à pattes.

Un peu d’histoire

Après l’invasion espagnole au XVIe siècle, les indiens qui peuplaient l’île furent complètement exterminés, principalement par la faute des maladies importées d’Europe. Les colonisateurs et les esclaves les remplacèrent. En 1902, Cuba remporte son indépendance face à l’Espagne mais pour être contrôlée par les USA qui veulent mettre la main sur le très fructueux commerce du sucre. Des dictatures et des présidents corrompus se succèdent. Au temps de la prohibition (aux USA), l’île devient le paradis des touristes américains à la recherche d’une vie nocturne décadente. La population autochtone, quant à elle, continue à vivre dans la misère. Après quelques années de lutte, les troupes de Castro, Che Guevara et Cienfugos prennent le pouvoir en 1959. Ils sont largement soutenus par la population, heureuse de se défaire du joug de la dictature corrompue. Ils mettent sur pied un excellent système de santé, un accès à l’éducation généralisé et suffisamment de nourriture pour chacun.

Aujourd’hui une centaine de personnes environ (personne ne connaît les chiffres exacts) sont emprisonnées pour des motifs politiques.

Nos questions

Beaucoup de mythes existent à propos de Cuba : certains glorifient Cuba comme le lieu des héros tels que Che Guevara et considèrent le pays de Fidel Castro comme étant le gardien de la justice. D’autres voient Cuba comme la pire des dictatures, où des millions de personnes meurent de faim. Qu’en est-il des touristes ? Certains ne s’intéressent qu’à la Dolce Vita (« tout baigne ! »). D’autres ne voient que les maisons en ruine (« quelle horreur ici ! »). Tout est une question de point de vue? Pour essayer de mieux comprendre les causes et les conséquences de cette situation, nous avons tenté, au cours de notre séjour, d’entrer en contact avec le plus de personnes possible afin de connaître leur point de vue.

On peut toutefois se demander si les gens disent vraiment ce qu’ils pensent. Étonnement, nous avons souvent eu des discussions très ouvertes. Les gens n’ont pas eu peur de dire ce qu’ils pensaient (par opposition à la situation dans plusieurs pays de l’ancienne Europe de l’Est). Il y a même quelques personnes qui portent ouvertement des T-shirts exhibant un drapeau américain.

Est-ce que les gens ne sont-ils pas simplement endoctrinés ? Évidemment, les médias officiels ne donnent que des informations approuvées par l’Etat. Cependant, il est possible de recevoir dans une partie de l’île des stations de radio et de télévision américaines qui diffusent la propagande inverse ! Ce qui est frappant, c’est le niveau d’éducation moyen très élevé. Toutes les personnes sont capables de se faire un avis personnel, puis d’argumenter dans ce sens. En général, les gens connaissent bien les différents systèmes politiques. Ceci nous a permis d’avoir de longues discussions très intéressantes.

Voici en bref une partie de ce qui est ressorti de ces discussions :

–        Tous s’accordent à dire que la révolution de 1959 était une bonne chose, dans la mesure où le régime précédent était complètement corrompu et dictatorial. De plus, la majeure partie de la population était dans la misère et soumis à la riche couche dirigeante.

–        Presque tous sont opposés au président Bush. Presque personne ne désire appliquer le système américain à Cuba.

–        La moitié de nos interlocuteurs aimeraient certaines réformes du système cubain. Quelques-uns rejettent totalement le socialisme. Une majorité admire l’engagement personnel de Castro et aimerait garder les idées de base du socialisme, surtout à cause de l’excellent système d’éducation et de santé.

–        Ceux qui peuvent faire de l’argent en logeant des touristes trouvent le système assez bon. Au contraire, ceux qui, en se plaignant de la situation, peuvent recevoir de la part des touristes quelques dollars de compassion, affirment que la situation est terrible?

Des mythes et des faits

Il convient de comparer la situation de Cuba avec celle des autres pays des Caraïbes et de l’Amérique Centrale et non pas à celle de la Suisse ou des USA. Et ceci aussi parce que la situation dans les différents pays des Caraïbes était semblable avant la révolution cubaine, alors qu’à cette époque, il existait déjà de grandes différences entre Cuba et les pays occidentaux.

Je prendrai souvent le Salvador comme exemple, vu que c’est le pays que je connais le mieux. C’est aussi un exemple intéressant parce que son système politique et économique se situe aux antipodes de Cuba. Voici mon analyse de quelques thèmes souvent évoqués à propos de Cuba :

1) La nourriture

·        Au début des années nonante, avec la chute de l’Union soviétique qui était son partenaire commercial principal, Cuba a vécu quelques années de disette. Aujourd’hui presque personne ne souffre de la faim. Cependant, la situation varie d’année en année.

·        Au Salvador, environ 50% des enfants souffrent de malnutrition (selon les données officielles salvadoriennes). La situation varie énormément d’une couche à l’autre de la population.

2) L’habitat

·        ` Cuba, dans les endroits touristiques, les façades des maisons sont joliment rénovées. Derrière la façade, c’st autre chose? Cependant il est aussi incorrect de dire qu’une majorité des gens vivent dans de mauvaises conditions. Les gens qui ont eu la chance d’hériter une maison vivent assez bien. Une manière d’améliorer l’ordinaire est de louer des chambres à des touristes et obtenir ainsi de l’argent pour la rénovation. Par contre, d’autres personnes vivent dans des maisons petites et délabrées.

·        Au Salvador, les riches vivent dans des villas, les gens appartenant à la classe moyenne vivent dans des maisons simples (aussi entourées de fils barbelés à cause du haut taux de criminalité) et les plus pauvres vivent en partie dans des bidonvilles.

3) La santé

·        L’espérance de vie à Cuba est de 77 ans et la mortalité enfantine (en dessous de 5 ans) de 0.9%. Au Salvador, l’espérance de vie est de 70 ans et la mortalité enfantine de 3.9%. ` Cuba, le système de santé est bien développé et est accessible à tous.

·        Au Salvador les riches ont accès à une médecine de pointe alors que ceux qui ne peuvent pas payer sont exclus du système.

4) La formation

·        ` Cuba, le niveau de formation est généralement très haut et les gens s’expriment très bien par oral et par écrit. Le taux d’analphabétisme est de 3%.

·        Au Salvador une grande partie de la population vit dans l’ignorance totale et n’a pas la formation nécessaire pour progresser. Beaucoup peuvent à peine s’exprimer. Le taux d’analphabétisme est de 20%.

5) Les infrastructures

·        ` Cuba, les coupures de courant sont fréquentes. Au contraire, il n’y a presque pas de coupures d’eau.

·        Au Salvador, il y a en général du courant électrique mais de l’eau seulement la moitié de la journée, et encore?

6) Les salaires et la pauvreté

·        Les salaires à Cuba sont de 6 à 25 dollars par mois, selon le métier, l’expérience et aussi le rendement. Ceci peut sembler peu, mais il fait tenir compte du fait que chacun a également accès gratuitement au système de santé, à l’éducation et dans le plupart des cas, n’a pas de loyer à payer. De plus, il est facile de changer de travail : après 4 ans passés à faire le même travail, chacun peut entreprendre une nouvelle formation pour commencer un nouveau travail. Nous avons rencontré des gens qui avaient trois voire quatre diplômes. En encourageant ainsi les gens (sans les forcer) à se former, l’Etat essaie de couvrir les besoins de l’économie. Cependant pour une majorité de cubains, le salaire officiel est trop modeste et ceux qui le peuvent essaient d’obtenir un revenu annexe soit dans le tourisme, dans la production de nourriture ou dans les services.

·        Je n’ai pas de chiffres pour El Salvador. Mais le taux de chômage est élevé et les différences entre les super riches (les « 14 familles » qui contrôlent l’île) et les couches défavorisées sont énormes.

7) Les biens de consommation

·        ` Cuba, le manque de biens de consommation habituels se fait clairement ressentir. Et une partie des cubains captent des émetteurs américains leur énumérant la liste de tout ce qu’ils pourraient avoir sans le socialisme.

·        Quand on compare cela à El Salvador, il est frappant de voir que ce manque est aussi là pour une majorité de la population. Il est alors permis de se demander quel manque est le plus supportable : pas de baskets Nike ou pas de système de santé ? Mais la publicité essaie de nous convaincre (aussi bien en Europe qu’aux Caraïbes) que sans ceci ou cela, nous ne pouvons pas être heureux ou trouver notre place dans la société.

8) Le travail

·        Il est courant d’entendre à propos de Cuba que « les gens dans un système socialiste ne travaillent pas et deviennent paresseux ». Cependant ceci tient plutôt du mythe car chacun est obligé de travailler (aussi dans l’Europe de l’Est d’autrefois).

·        Au Salvador beaucoup essaient de s’en sortir avec des petits travaux occasionnels. Malgré le haut taux de chômage, les chômeurs ne reçoivent pas d’aide de l’Etat.

9) La sécurité

·        ` Cuba, il n’y a aucun risque à se promener le soir dans les rues.

·        Au Salvador, les gens des classes aisée et moyenne se barricadent derrière des fils de fer barbelés et des portes de fer. Devant chaque magasin se trouve un agent de sécurité avec une arme chargée. La criminalité liée à la violence est extrêmement élevée et ceci à cause de la situation sociale, du peu de valeur donnée à la vie, du passé de guerre civile et de l’accès facile aux armes. Si quelqu’un veut voler une voiture, le moyen le plus facile est de simplement tuer le chauffeur.

10) La liberté

·        ` Cuba, il n’est pas possible de faire tout ce que l’on veut. Plus particulièrement, la liberté d’entreprise, de devenir riche (ne serait-ce pas souhaitable selon la Bible ?) et de consommer sont très restreintes.

·        Au Salvador, ces libertés sont garanties par la loi, mais certaines parties de la population n’y ont tout simplement pas accès. Ce sont les riches et les gens éduqués qui sont libres. Concernant la liberté de se déplacer sans danger, il est clair que Cuba fait meilleure figure?

11) La liberté politique

·        La liberté politique est encore très fortement réduite à Cuba. Les critiques ouvertes au système sont interdites et de centaines de gens sont en prison à cause de cela. Une cage dorée ?

·        Dans les années huitante, 70’000 opposants ont été tués au Salvador à cause de leurs idées. Aujourd’hui la liberté de pensée est en principe assurée. Cependant une grande partie de la population n’a pas reçu de formation pour développer une pensée critique ou se faire entendre. Cela reste donc une liberté de principe?

12) La démocratie

·        ` Cuba, elle est inexistante

·        En principe, le Salvador est une démocratie. Ceci est de nouveau théorique dans la mesure où, avant les élections, le parti au pouvoir pratique un lavage de cerveau de la population à coups de millions et les médias sont également contrôlés par la couche supérieure de la population.

13) La liberté de religion

·        Jusqu’à la fin des années 90, le christianisme était fortement restreint à Cuba. De nos jours, il est admis.

·        Le Salvador possède la liberté de religion.

14) La valeur d’une personne

·        On entend souvent que « dans le système socialiste l’individu n’a pas de valeur », ce qui est un non-sens mais malheureusement un point de vue répandu. ` Cuba, la valeur d’une vie humaine paraît beaucoup plus importante comparée à El Salvador ou les pays environnants où les gens sont simplement laissés à l’abandon quand ils n’ont pas d’argent pour s’acheter des médicaments ou pour se protéger des ouragans.

·        Dans ce sens, les mesures qui ont été prises pour se protéger contre l’ouragan Ivan, qui menaçait Cuba lorsque nous étions là-bas, nous ont vraiment impressionnés. Beaucoup de précautions ont été prises afin que personne ne périsse. Des centaines de milliers de personnes ont été déplacées en lieu sûr, un approvisionnement dvurgence en eau a été mis sur pied et les médias nous tenaient constamment informés de l’évolution de la situation. Finalement l’ouragan n’a fait que frôler l’île, mais les mesures prises avaient déjà fait leurs preuves lors d’autres ouragans. Cet ouragan a cependant atteint beaucoup de gens dans les îles avoisinantes et plus spécialement en Jamaïque, où chacun était laissé à lui-même. Les pauvres là-bas ne pouvaient pas chercher d’abris sûrs et beaucoup restent aussi dans leurs maisonnettes par craintes des pillages. ` Cuba, il n’y a pas de pillage et donc les gens n’en ont pas peur.

15) Les exilés

·        Environ 2 des 13 millions de cubains vivent en-dehors du pays, pour la plupart aux USA.

·        Étonnement au Salvador, 1.5 des 8 millions vivent à l’étranger aussi pour la plupart aux USA.

La recherche de son bonheur en dehors du pays semble plutôt lié à des contraintes économiques qu’à la persécution politique? Sinon les émigrants ne chercheraient pas à s’établir automatiquement dans le pays le plus riche mais dans le plus proche.

Quelques mythes supplémentaires

Avant notre voyage, nous avons quelques fois entendu que « les gens à Cuba sont frustrés et lessivés à cause de leur captivité ». Cependant, par rapport à cela, nous n’avons pas vu tellement de différence entre Cuba et El Salvador.

Ou aussi « à Cuba tout est interdit, les Cubains ne peuvent rien faire ». Cependant comme nous l’avons vu, les interdictions se concentrent surtout sur des restrictions pour fonder des entreprises privées (et encore, pas mal de choses sont permises et tout au mieux limité par les impôts) et des réductions des droits politiques, par exemple de la liberté d’expression. Par opposition, au Salvador où théoriquement tout est permis mais la majorité des citoyens n’ont pas les moyens de démarrer un business ou de donner leur avis?

Plusieurs de nos interlocuteurs cubains nous ont affirmés que « tous nos problèmes viennent de l’embargo imposé par les USA ». Dans un sens, cet embargo est très efficace dans la mesure où les USA se donnent le droit de punir les pays ou les entreprises qui font commerce avec Cuba. Par exemple, l’UBS a dû payer une amende de 100 millions de dollars à cause de ses relations commerciales avec l’île, ou bien les bateaux qui transportent de la marchandise cubaine ne peuvent plus accoster aux USA pour une durée de 6 mois. Cuba ne reçoit également pas de crédits car le FMI et la banque mondiale, sur pression des USA, ne rien lui prêtent rien et le monde financier a tendance à s’aligner sur les décisions du FMI. D’un autre côté, l’embargo sert souvent d’excuse pour justifier beaucoup de problèmes intérieurs? Car certaines choses seraient tout aussi dysfonctionnelles sans l’embargo.

D’autres Cubains comparent l’île avec les USA et trouvent qu’en changeant simplement le système, Cuba deviendrait comme les Etats-Unis. Cependant en comparant Cuba aux pays voisins capitalistes des Caraïbes, on se rend compte qu’un tel système pourrait donner d’amères désillusions aux Cubains?

Mais pourquoi les USA réagissent-ils si violemment face à Cuba ? La perte de Cuba a été pour les Américains un coup très dur, dans la mesure où l’île se trouve si près de leurs côtes et que presque toutes les possessions de l’île qui furent nationalisées à la révolution appartenaient à des Américains. Cette situation est comme une épine dans leur pied?

En conclusion

Une comparaison de Cuba avec d’autres pays permet de mieux comprendre sa situation. Cela permet de mieux relativiser sa situation aussi bien dans le positif que le négatif.