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Il y a 12 ans, ChristNet publiait le livre « La Suisse, Dieu et l’argent ». Il traitait de l’utilisation problématique de l’argent en Suisse et mettait en lumière de nombreux dysfonctionnements sociaux et politiques. Où en sommes-nous aujourd’hui ?

Les auteurs du livre décrivaient la Suisse comme un pays dont la politique monétaire et les pratiques économiques jouissaient d’une réputation douteuse dans le monde entier. La liste des aspects problématiques était déjà longue à l’époque : évasion fiscale, flux financiers illégaux et privilèges fiscaux pour les riches. Un exemple éminent est encore aujourd’hui la pratique selon laquelle les banques gèrent l’argent des impôts de potentats étrangers et de régimes corrompus sans avoir à craindre de graves conséquences. L’évasion fiscale par les entreprises et le dumping fiscal au profit de groupes étrangers qui violent les droits de l’homme à l’étranger restent également un problème non résolu. Le livre souligne que de nombreux chrétiens en Suisse sont également soit impuissants soit indifférents face à ce comportement.

L’« esprit mercantile » suisse

Un épisode qui reflète la pensée économique cynique de la Suisse est la déclaration du directeur de la Chambre de commerce internationale (CCCI), il y a des années, lors d’un congrès : « La Suisse a un esprit de commerçant ». Il décrivait ainsi avec justesse une mentalité qui domine encore aujourd’hui. Un exemple tiré de la commune de Wengen, dans l’Oberland bernois, illustre cette attitude : le président de la commune soutient la construction d’un hôtel de luxe, car il est convaincu que seuls de tels projets attireront des personnes qui apporteront beaucoup d’argent. Cette vision du développement économique et de la prospérité montre à quel point la recherche d’avantages financiers est ancrée dans de nombreux secteurs de la société.

La corruption et la face cachée du monde financier

L’incapacité de la Suisse à lutter efficacement contre le blanchiment d’argent et les pratiques financières illégales est un autre thème central à ce jour. Il existe certes des lois comme la loi sur le blanchiment d’argent, mais les avocats en particulier ont été largement épargnés lors de leur application. De plus, les « clans » qui déplacent des fonds illégaux constituent un problème croissant. L’appel presque désespéré du procureur général de la Confédération à plus de police et à des contrôles plus stricts ne trouve guère d’écho au sein de la commission de sécurité de la Confédération.

Ou encore un autre exemple actuel : la commission d’enquête parlementaire (CEP) sur le cas de l’ancienne grande banque « Credit Suisse » a récemment montré que le traitement des banques et de leurs comportements fautifs a longtemps été trop laxiste – bien que des signaux d’alarme aient été émis très tôt. Cela reflète un problème fondamental : la recherche du profit et du pouvoir se fait souvent au détriment des normes éthiques et du bien public.

Les abus politiques et le pouvoir de l’argent

Des organisations telles que la « Déclaration de Berne » – aujourd’hui « Public Eye » – et le « Swiss Social Watch » ont à plusieurs reprises attiré l’attention sur les pratiques problématiques dans le cadre desquelles les partis reçoivent des dons importants de la part de personnes ou d’entreprises fortunées, sans que ceux-ci soient rendus suffisamment transparents. Ces organisations demandent des règles plus strictes et un véritable contrôle des dons aux campagnes électorales. Certes, il existe désormais des règles selon lesquelles les dons importants doivent être publiés lors des campagnes électorales ; mais l’autorité de contrôle chargée de surveiller ces flux financiers est volontairement réduite à la portion congrue. L’argent devrait donc continuer à avoir une influence importante et peu transparente sur les décisions politiques.

Une attitude particulièrement frappante de la société suisse vis-à-vis de l’argent est l’idée largement répandue que les dépenses sont considérées comme des « pertes » et que l’on ne tient pas compte du fait que, d’un autre côté, les recettes et les investissements favorisent la croissance économique et les existences. La question « Combien ça coûte ? » devient un frein central pour de nombreuses idées sociétales. Les investissements dans le bien commun ou dans un avenir durable n’y sont souvent pas suffisamment pondérés. Ce point de vue conduit à un rétrécissement supplémentaire de la vision de la prospérité, dans laquelle seuls les éléments visibles et immédiatement rémunérateurs sont considérés comme précieux.

Dettes et spéculation : un rapport divisé à l’argent

En Suisse, faire des dettes est presque une honte sociale. L’image de l’endettement comme échec moral marque la pensée de la population. Pourtant, le système en vigueur pour le désendettement est souvent si difficile que de nombreuses personnes restent prises au piège des dettes, sans réelle chance de s’en sortir. Il n’existe pas encore en Suisse de loi permettant aux particuliers d’effacer leurs dettes.

En revanche, la spéculation sur les marchés financiers – le transfert d’argent sans création de valeur réelle – ne semble pas poser de problème. En Suisse règne l’illusion largement répandue que l’argent peut être multiplié à l’infini sans nuire à autrui. Les conseils boursiers sont populaires et l’on suggère que tout le monde ne peut que gagner.

L’Église et l’argent : une relation ambivalente

Le rapport des Eglises à l’argent est également unilatéral. Dans de nombreuses réformes de l’Eglise de ces dernières années, c’est la gestion de la baisse des recettes fiscales qui a dominé de manière subliminale. La question de savoir comment l’Eglise peut gérer et préserver ses ressources financières fait l’objet d’un débat intense – le gain d’âmes, en revanche, n’est pas abordé.

Dans un article paru le 14 janvier 2025, la NZZ fait remarquer que le prosélytisme et la foi personnelle sont aujourd’hui souvent éclipsés par des considérations financières. Dans de nombreux cas, la question de savoir comment l’Eglise peut assurer sa stabilité financière est plus importante que l’orientation spirituelle. La question reste posée : Pourquoi ne consacre-t-on pas plus d’énergie au renouveau spirituel et à la diffusion de la foi plutôt qu’à la garantie de l’existence financière ?

L’influence de la fortune sur la position sociale et le pouvoir

Dans une société où la fortune est si fortement liée à la position sociale et au pouvoir, la question se pose de savoir quelle influence la prospérité matérielle doit avoir sur les décisions politiques et sociales. La politique peut-elle et veut-elle créer un équilibre dans ce domaine ?

La réponse à cette question est souvent peu claire en Suisse. Il y a certes quelques efforts pour lutter contre les inégalités et répartir la richesse de manière plus équitable, mais la résistance aux mesures correspondantes reste forte. Il reste à voir comment la Suisse se positionnera à l’avenir par rapport à une répartition plus juste et plus éthique des ressources.

Une boussole éthique pour les chrétiens

Pour conclure, la question se pose de savoir comment les chrétiens en Suisse doivent se comporter face à tous ces thèmes. Doivent-ils continuer à s’accommoder des normes sociales et des modèles économiques dominants ou s’engager dans une voie alternative qui mise davantage sur la justice et la responsabilité sociale et écologique ? La Bible invite les croyants à une gestion responsable de l’argent et de la richesse.

La voie des chrétiens devrait donc aussi consister à s’engager en faveur d’un système économique plus juste, qui n’assure pas seulement la prospérité des riches, mais qui profite aussi aux plus pauvres.

Il reste à espérer que la Suisse et ses citoyens, en particulier dans les milieux chrétiens, se posent davantage la question éthique de savoir comment la prospérité devrait être créée et répartie – et que la gestion de l’argent ne soit plus considérée comme une fin en soi, mais comme un moyen de promouvoir le bien-être de tous. Actuellement, par exemple, avec l’initiative pour la responsabilité de la création, qui est typiquement combattue par des arguments économiques à court terme lors de la campagne de votation. Il s’agit ici de prendre le contre-pied.


Cet article a d’abord été publié sur INSIST.

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La coalition « Christ:innen für Klimaschutz » appelle à prendre ses responsabilités envers la Création et à accepter le 9 février l’initiative pour la responsabilité environnementale sur laquelle la Suisse votera le 9 février 2025. ChristNet fait partie de la coalition et soutient son argumentation.

L’initiative « Pour une économie responsable dans les limites de la planète »1 se fixe pour objectif de réduire l’impact environnemental de la Suisse en dix ans de manière à respecter les limites de tolérance de notre planète.

La coalition « Chrétiens:ennes pour la protection du climat » regrette que le Conseil fédéral recommande de rejeter l’initiative et ne présente pas de contre-projet, bien que la durabilité soit explicitement exigée par l’article 73 de la Constitution fédérale. « Les chrétiens pour la protection du climat » soutient les démarches politiques telles que l’initiative pour la responsabilité environnementale, qui prennent au même niveau de sérieux la préservation de la création et la Constitution suisse.

Les mesures mises en œuvre jusqu’à présent par la Suisse ne suffisent pas à réduire la pollution de l’environnement à un niveau supportable pour la planète. C’est pourquoi il faut des objectifs clairs, une mesure des progrès et des délais pour réduire la pollution de l’environnement. L’initiative ouvre la voie à un changement de paradigme et se base sur des recommandations scientifiques pour un avenir durable : les limites planétaires doivent être respectées par la Suisse dans un délai de dix ans. Ancrer le respect de ces limites dans la Constitution avec un délai correspond à une responsabilité concrète envers la création dans une perspective chrétienne.

Six des neuf limites planétaires dépassées

L’initiative pour la responsabilité environnementale s’inspire du concept de limites planétaires, développé en 2009 par une équipe de recherche du Stockholm Resilience Center sous la direction de Johan Rockström. Par limites planétaires, on entend les limites de charge écologique de la Terre. Le dépassement de ces limites entraîne des changements irréversibles dans l’écosystème. Actuellement, nous avons déjà dépassé certaines de ces limites. Cela met en danger la stabilité de l’écosystème et les moyens de subsistance de l’humanité.

Six des neuf limites planétaires sont déjà dépassées : le changement climatique, la biodiversité, les cycles de l’azote et du phosphore, l’eau douce, l’utilisation des sols et les nouvelles substances comme le plastique. L’initiative pour la responsabilité environnementale demande que la Suisse n’utilise que les ressources nécessaires au respect des limites planétaires. Avec son niveau de consommation élevé, la Suisse fait partie des pays dont l’impact sur l’environnement est supérieur à la moyenne.

Respecter les limites de la création

Les chrétiens ont la responsabilité particulière de préserver la Création. La surexploitation des ressources naturelles et la destruction de l’environnement sont en contradiction avec cette mission et avec la responsabilité que nous avons vis-à-vis des générations futures et de nos semblables. La foi chrétienne appelle à ne pas rechercher le profit à court terme au détriment de la création, mais à rechercher la justice, la solidarité et le bien-être de tous. Un système économique basé sur la durabilité, le bien commun et le respect de la création n’est pas seulement nécessaire d’un point de vue écologique, mais correspond également aux valeurs centrales d’une éthique chrétienne.

Engagés par la Constitution

L’initiative pour la responsabilité environnementale ouvre la voie à un changement fondamental et durable de l’économie et de la société. La Suisse s’est engagée à respecter cette durabilité au plus haut niveau politique.

En 1999, l’article 73 « Durabilité » a été introduit dans la Constitution fédérale. La Suisse s’est ainsi fixé pour objectif d’atteindre un rapport durablement équilibré entre la nature et sa capacité de renouvellement d’une part, et son utilisation par l’homme d’autre part.

Pour la coalition « Les chrétiens pour la protection du climat », la décision du Conseil fédéral et du Parlement de recommander le rejet de l’initiative et de ne présenter ni contre-projet direct ni contre-projet indirect est d’autant plus incompréhensible.

Les organisations chrétiennes sont appelées à agir

En raison de la crise climatique et environnementale, les Eglises et les organisations chrétiennes sont appelées à prendre position et à s’engager pour la justice, l’amour du prochain et une vie bonne et réussie pour tous les êtres vivants. Dans un monde globalisé, les destins des personnes vivant dans différentes parties du globe sont liés. Pour les chrétiens et les chrétiennes, assumer la responsabilité de la planète et de ses limites fait partie de la responsabilité de leur foi.

1. UVI

 

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Selon la Fondation suisse de l’énergie (SES), la réussite du tournant énergétique souhaité repose sur trois piliers : les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique et la suffisance énergétique.

Alors que les énergies renouvelables font l’objet de discussions depuis 40 ans et qu’elles sont largement reconnues et utilisées depuis 20 ans comme une partie de la solution, l’amélioration de l’efficacité énergétique gagne en importance en premier lieu dans le contexte de la nouvelle hausse des prix de l’énergie, et est donc motivée par les coûts. En revanche, la suffisance énergétique a toujours du mal à s’imposer dans le débat public.

Apparemment, le mot « suffisance » a un effet repoussant. Selon le dictionnaire, il signifie « suffisant, suffisant », mais il sent la restriction ou la perte. Et cela est apparemment incompatible avec l’exigence économique toujours répandue d’une nécessaire croissance continue. Ce mot suscite également des craintes au sein de la population : On craint des restrictions dans la consommation ou on redoute un avenir incertain.

C’est une raison suffisante pour le Conseil fédéral de poursuivre une politique qui veut que l’énergie soit disponible sans restriction, à tout moment et en toute quantité. C’est pourquoi il veut également lever l’interdiction actuelle de construire de nouvelles centrales nucléaires. Et ce, sous les applaudissements d’une grande partie de la population !

Pourquoi nous ne pouvons pas nous contenter de moins

La volonté absolue de disposer de l’énergie de manière illimitée donne, à mon avis, une image inquiétante de l’état de notre société. Il semble être largement accepté qu’en Suisse, nous vivons bien au-dessus de nos moyens et que nous dépendons sans hésiter des importations d’énergie de toutes sortes.

Grâce à notre pouvoir d’achat, nous nous procurons tout autour du globe ce dont nous pensons avoir besoin. Cela nous revient moins cher que d’exploiter nos propres ressources naturelles et de construire les infrastructures correspondantes. Mais nous pratiquons ainsi un colonialisme moderne et privons les pays économiquement plus faibles de leurs ressources – et ce à des prix dérisoires. Le résultat est clair : les riches s’enrichissent et les pauvres s’appauvrissent ! Une telle économie contredit profondément la compréhension chrétienne de la participation de tous à la prospérité ! Les discussions autour de l’exploitation du lithium en Serbie en sont un exemple actuel.

La consommation d’énergie d’une société est directement liée à l’organisation générale et personnelle de la vie et de l’économie. Dans ce domaine, nous sommes exposés en permanence à un arrosage publicitaire intensif. Grâce à notre prospérité généralisée, nous pouvons succomber avec plaisir aux multiples tentations. Résister à ces tentations demande de l’énergie et un minimum de conscience de la problématique, ce qui ne semble pas être très répandu.

Le comportement orienté vers la suffisance est jusqu’à présent largement volontaire, tant dans le domaine privé que dans le domaine professionnel. Il n’est pas encouragé par les conditions économiques et légales actuelles. Au contraire, il existe de nombreuses incitations qui vont dans une autre direction. Celles-ci découlent de l’idée dominante de la liberté économique et promettent un profit – et un plaisir – à court terme.

Que faut-il faire pour changer cela ?

Une économie énergétique durable ne peut toutefois pas être obtenue sans la suffisance énergétique. Et celle-ci ne peut être atteinte sans un changement de comportement dans le domaine privé comme dans le domaine professionnel. Comme le volontariat ne suffit manifestement pas, la politique devra veiller à ce que des mesures efficaces soient prises. Cela va de pair avec l’objectif de limiter la consommation d’énergie pour un niveau de confort donné.

Une étude SES de 20231 esquisse un catalogue de propositions de mesures possibles et les décrit en détail avec leur efficacité ou le potentiel d’économies attendu. Elles couvrent les domaines politiques de l’approvisionnement en énergie, de la mobilité, de la consommation, des bâtiments ainsi que de l’information/sensibilisation et concernent les formes d’énergie suivantes : électricité, chaleur, carburants et énergie grise2 . Elles s’adressent à la Confédération, aux cantons, aux villes, aux communes, aux entreprises et aux particuliers.

En résumé, l’étude SES propose les mesures suivantes : Dans le domaine de l’approvisionnement en énergie, il s’agit de découpler la quantité d’énergie vendue du bénéfice, d’instaurer des prix de l’énergie progressifs (le contraire d’un rabais de quantité), des enchères de renonciation (une consommation inférieure à un objectif de consommation convenu à l’avance peut être revendue à d’autres entrepreneurs qui ont consommé davantage), des taxes d’incitation, un bonus ou un malus pour les économies d’électricité ainsi que des prescriptions d’efficacité pour les entreprises d’approvisionnement en énergie.

En ce qui concerne la mobilité, il faut une tarification de la mobilité pour les transports publics et individuels, un aménagement du territoire et un urbanisme des courtes distances – la fameuse ville à 15 minutes, dans laquelle on atteint toutes les destinations importantes en 15 minutes -, davantage de télétravail (bureau à domicile) et d’espaces de coworking – des bureaux utilisables en commun ; en ce qui concerne le transport aérien, il faut supprimer les incitations erronées telles que l’exonération de la TVA et de la taxe sur le kérosène et favoriser les alternatives, par exemple les trains de nuit. Enfin, il faut remettre en question la déduction des frais de déplacement dans la déclaration d’impôts.

En ce qui concerne la consommation, la durée de vie et d’utilisation des produits devrait être prolongée et ils devraient être réparés plutôt que remplacés. Il faut limiter les moyens publicitaires gourmands en énergie.

En ce qui concerne le parc immobilier, il s’agit de minimiser la consommation d’énergie grise, selon la devise : rénover plus que démolir, réutiliser des éléments de construction et réduire la surface habitable nécessaire par personne.

Dans le domaine de l’information/sensibilisation, il faut des campagnes de sensibilisation et des retours d’information compréhensibles pour les consommateurs sur leur consommation d’énergie.

Moins peut être plus

L’étude mentionnée ici se base sur des bases de données européennes mises à jour depuis 2021. Elles ont été analysées pour la Suisse, une sélection a été faite en fonction de leur impact potentiel et de leur faisabilité politique et sociale.

Depuis, des discussions fructueuses sont en cours dans différents milieux spécialisés, qui montrent qu’il existe bien d’autres possibilités simples d’économiser de l’énergie, dont certaines peuvent même conduire simultanément à une meilleure qualité de vie.

Il reste à espérer que la politique définisse bientôt des conditions-cadres ciblées. Ainsi, il sera possible de modifier le comportement de la société et d’adapter progressivement notre mode de vie, de sorte que nous puissions mieux nous en sortir avec moins d’énergie.

1. https://energiestiftung.ch/studie/studie-zu-wirksamen-energiesuffizienzmassnahmen

2. L’énergie grise est la somme des énergies contenues dans les produits et les biens – de la fabrication et du transport jusqu’à l’élimination ; elle représente une approche globale des dépenses énergétiques sur l’ensemble du cycle de vie.


Cet article a été publié pour la première fois le 1er novembre 2024 sur Forum Integrated Christness.

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Plus de 9 mois se sont écoulés depuis les élections présidentielles ayant porté au pouvoir une nouvelle génération de dirigeants sénégalais avec un programme de rupture concernant la corruption, la répartition des richesses, l’emploi de jeunes- jusqu’à maintenant poussés par le désir de partir pour l’Europe à leur risques et périls.

Les élections législatives suivant les élections présidentielles se sont tenues le 17 novembre 2024 afin de donner une majorité aux nouvelles autorités. Une large victoire s’en est dégagée pour le PASTEF1 , le parti au pouvoir qui réitère le même score de 54% des présidentielles.

Fondamentalement, le pays a changé depuis le début de l’année en ce sens qu’il est possible d’affirmer assez clairement que le Sénégal est maintenant une démocratie libérale, que le gouvernement est non corrompu, et que la justice est indépendante appliquant l’Etat de droit.

Une des premières mesures prises par les nouvelles autorités a été de libérer l’accès aux poissons pour les pêcheurs sénégalais faisant face à de gros navires étrangers prenant possession depuis des années de leurs ressources halieutiques, secteur économique important pour l’emploi et l’alimentation du pays.2 Comme autres actions une baisse des prix des denrées alimentaires de base (pain, riz, huile etc.) a été appliquée, la nomination d’une commission pour renégocier les contrats d’exploitation de pétrole et de gaz avec les multinationales pour une meilleure redistribution en faveur de la nation, ou encore des interventions contre l’appropriation à des fins personnelles et la construction abusives de logements collectifs et privés.

Il demeure encore bien du chemin à parcourir dans un pays où l’argent est concentré entre quelques mains

La dernière base militaire française au Sénégal sera fermée comme annoncé par le président fin novembre … comme ça devrait être fait depuis l’indépendance. Sans toutefois rompre les accords de défense liant les 2 pays ni de volonté de rompre les ponts avec Paris à l’inverse des pays voisins que sont le Burkina Faso, le Mali et le Niger.3 Une coopération avec la Russie est encouragée, mais devrait concerner que l’économie et la promotion de la paix et non une collaboration militaire.4 L’idée est celle d’un Sénégal à relations multilatérales assurant ainsi sa souveraineté. A suivre cependant.

Il demeure encore bien du chemin à parcourir dans un pays où l’argent est concentré entre quelques mains : le salaire mensuel moyen étant de 100’000.- FCFA (CHF 150.-) permettant de vivre très modestement. Si nous prenons pour exemple une station touristique, lieu de haute concentration d’argent, où le développement du l’immobilier de haut de gamme est important : les gens y reçoivent pour la plupart ces salaires moyens pour des prix d’hôtels et de restaurants très élevés en proportion, les Sénégalais dans l’ensemble vivant dans des logements rudimentaires dans cette même région, les routes principales – centres compris – étant en mauvais état, celles de traverses laissées à la terre, les soins hors de prix pour la majorité des Sénégalais qui meurent jeunes (75% de la population du pays a moins de 35 ans). Au niveau national, le chômage se monte à 20% ; 30% pour les jeunes5.

Besoin de modération au sein des affrontements politiques

Le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, est doux, modéré de ton, avec un premier ministre Ousmane Sonko beaucoup moins diplomate, souvent radical dans sa façon de communiquer.

Ousman Sonko aurait dû naturellement occuper le siège de président de la République s’il n’avait pas été déclaré inéligible sous l’ancien régime, et c’est finalement intéressant d’avoir comme président une personne au relief adoucissant, choisi à l’origine comme candidature de substitution.

On a besoin de cette modération dans un pays où les tensions politiques -voire les violences lors des élections récentes élections législatives- demeurent bien présentes. Un basculement s’est opéré lors des élections présidentielles, avec la perte du pouvoir par toute la classe dirigeante ; s’ajoute la dénonciation par le nouveau leadership de l’ampleur de la corruption passée, de la mal gouvernance tel que celui-ci exprime le découvrir dans la gestion actuelle des affaires.

Comme partout dans le monde et dans d’autres domaines que la politique, il y a également confrontation avec le problème de la vérité concernant les faits. Il y a affirmation du contraire de ce que l’autre partie exprime, laissant entrevoir qu’une des 2 parties recourt à une fausse information.

Le 27 septembre Ousman Sonko fait état d’une corruption généralisée ayant cours dans l’ancien régime, incluant les sommes touchées par le FMI, ce par le moyen de falsification des comptes.6 3 semaines plus tard le précédent président Macky Sall répond que ces propos sont ‘’faux, entièrement faux’’, qu’il a laissé ‘’tous les indicateurs au vert’’.7 Ce dernier, suite aux résultats des élections législatives dans lesquels il s’était engagé, dénonce des fraudes massives et évoque la saisie de la justice à cette fin8 pour ensuite quelques heures plus tard féliciter ses adversaires pour leur victoire.9 Quelles déclarations faut-il retenir ? La difficulté comme aux Etats-Unis et partout dans le monde, comme pour le complotisme, c’est qu’il est difficile pour le simple citoyen de déterminer de lui-même ce qui est vrai ou faux puisque pas relié lui-même directement aux faits ou aux dossiers concernés. On est plongé dans une crise de confiance quant aux informations reçues, faute à la fois de convention sur un corpus d’informations reconnues fiables et de foi en des institutions reconnue comme crédibles.

Un besoin criant de changement

Depuis le début de l’année 2024, des centaines de Sénégalais sont morts en mer ou portés disparus en tentant de gagner l’Europe par les îles Canaries, ‘’préférant mourir en mer plutôt que de mourir socialement au Sénégal’’10 , 600 ont été secourus en seulement 10 jours en novembre. Beaucoup de personnes attendent encore ardemment que le changement puisse s’opérer tout de suite pour améliorer les conditions de vie souvent misérables pour la population.

Encourageons prions pour que l’espérance suscitée par les perspectives concrètes de changement, que regardent les autres pays africains et qui ne peut pas échouer en regard de la situation urgente que vivent tant de personnes, puisse être transcendée en un nouveau modèle africain plus juste et plus équitable.


1. PASTEF Patriotes Africains du Sénégal pour le Travail, l’Ethique et la Fraternité.

2 Chiffres du 2ème trimestre 2024

3. https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/05/27/au-senegal-les-nouvelles-autorites-face-au-fleau-de-la-peche-illegale_6235885_3212.html

4. https://www.france24.com/fr/afrique/20241129-le-pr%C3%A9sident-s%C3%A9n%C3%A9galais-assure-que-la-france-va-devoir-fermer-ses-bases-au-s%C3%A9n%C3%A9gal

5. https://fr.africanews.com/2024/08/30/la-russie-et-le-senegal-renforcent-leurs-liens-bilateraux/

6. https://www.france24.com/fr/afrique/20240926-s%C3%A9n%C3%A9gal-ousmane-sonko-promet-enqu%C3%AAtes-corruption-g%C3%A9n%C3%A9ralis%C3%A9e-sous-ancien-r%C3%A9gime

7. https://www.rfi.fr/fr/afrique/20241016-s%C3%A9n%C3%A9gal-j-ai-laiss%C3%A9-un-pays-aux-indicateurs-au-vert-r%C3%A9pond-macky-sall-aux-accusations-du-gouvernement-sonko

8. https://www.infos15.com/legislatives-2024-la-coalition-takku-wallu-senegal-denonce-des-irregularites-et-annonce-un-recours.html

9. https://www.rts.sn/actualite/detail/politique/macky-sall-felicite-pastef-et-appelle-a-lunite-nationale-apres-les-legislatives

10. https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/08/05/les-jeunes-preferent-mourir-en-mer-que-mourir-socialement-au-senegal_6268891_3212.html

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Lors de la session d’hiver au Parlement fédéral, l’armée a été renforcée et la mise en œuvre de la loi sur la protection du climat a fait l’objet de coupes massives. Mais les solutions climatiques sont toujours demandées, malgré des majorités qui freinent. Si même les petits pas sont bloqués, comment les grands pas peuvent-ils avoir une chance ?

Si même un pays comme la Suisse fait des économies en matière de protection du climat, qui doit aller de l’avant ? Si même les petits pas sont bloqués, comment les grands pas peuvent-ils avoir une chance ?

Une expérience de pensée peut nous aider à répondre à ces questions. Imaginons que nous puissions nous rendre en 2100 à l’aide d’une machine à remonter le temps. Arrivés là-bas, nous constatons avec surprise que le monde a finalement résolu le problème du climat. Nous demandons aux gens du futur : « Comment cela s’est-il passé ? » Nous serions probablement surpris par toute réponse possible. Mais la grande question est : quelle réponse à cette question nous surprendrait le moins ?

Servir efficacement son prochain

Cette question est centrale, surtout lorsque la politique climatique doit être subordonnée à d’autres priorités. Nous ne devons pas seulement dénoncer avec une sainte colère ceux qui freinent la politique climatique. Mais nous devons nous demander avec la même passion ce qui protégerait nos descendants des dangers climatiques, même si ces personnes qui freinent restent majoritaires.

C’est en fin de compte une perspective très chrétienne : nous tenons compte du mal dans ce monde et concentrons toute notre énergie sur la manière dont nous pouvons servir efficacement notre prochain, même dans ces circonstances.

Si j’apprenais en 2100 que l’humanité a quand même réussi à maîtriser la courbe du climat, l’explication suivante me surprendrait le moins : Quelques pays et individus ont fait de gros efforts pour rendre les technologies propres tellement moins chères que tous les autres sont passés volontairement à ces technologies propres.

Zéro émission

Les exigences posées à une solution climatique sont finalement énormes : les émissions doivent être réduites à zéro. Mais comment les réduire à zéro sans que chaque pays et chaque personne ne les réduisent à zéro ? Le fait qu’il s’agisse précisément d’un zéro net laisse certes une certaine marge de manœuvre, mais en gros, c’est toujours zéro. Mais si même un pays comme la Suisse n’est pas prêt à faire de petits pas, comment un pays comme la Roumanie ou même l’Inde pourrait-il être prêt à faire de grands pas ?

La tragédie semble parfaite : tout le monde doit arriver à zéro – mais nous ne trouverons jamais une solution à laquelle tout le monde participe. La preuve en est que même ceux qui seraient prédestinés à faire de grands pas – comme notre propre pays – ne suivent pas le mouvement.

Signes d’espoir

Mais il y a de l’espoir. Certes, tous doivent effectivement atteindre le même objectif zéro. Mais cela ne signifie pas que tous doivent faire le même effort. Réductions d’émissions ≠ Effort. Des pays et des individus volontaires peuvent assumer l’effort à la place d’autres – même s’ils sont en minorité.

Comment faire concrètement pour que « chacun porte le fardeau de l’autre » dans la protection mondiale du climat ? Le premier moyen – et le moins important – consiste à financer des réductions d’émissions à l’étranger. La seconde – et bien plus importante – consiste à investir énormément d’argent, de temps, d’énergie et de capital politique dans l’abaissement du prix des technologies sans émissions, afin de les rendre suffisamment attrayantes pour que tous les autres les utilisent volontairement. Dans certains domaines, les technologies propres sont prêtes à être utilisées, mais elles sont encore si chères qu’elles sont largement utilisées par les personnes vivant dans la pauvreté ou l’avarice. Dans d’autres domaines, des technologies indispensables sont encore à peine prêtes à l’emploi, comme par exemple dans le domaine de l’acier, du ciment, du transport aérien, de la viande cultivée ou des émissions négatives.

Rendre les technologies propres attrayantes

Si l’on brûle d’envie de trouver une solution climatique, il ne faut pas s’attarder sur la question de savoir si l’on doit contribuer à sa juste part même si les autres ne le font pas. La question centrale est plutôt la suivante : comment puis-je contribuer, au-delà de ma juste part, à protéger mes semblables dans la pauvreté des catastrophes climatiques ? Pousser ses propres émissions toujours plus bas, en dessous de zéro, ne mène pas au but – les personnes prêtes à renoncer ne pourront jamais compenser les émissions des personnes réticentes. En revanche, la voie indirecte pourrait fonctionner : rendre les technologies propres si attrayantes que ces technologies se répandent d’elles-mêmes dans les pays riches et pauvres. Dans les pays riches, l’obstacle à l’utilisation des technologies propres déjà existantes est l’égoïsme matérialiste, alors que dans les pays pauvres, il s’agit de la volonté légitime de sortir plus rapidement de la pauvreté grâce aux technologies les moins chères possibles. Dans les deux cas, nous pouvons aider à surmonter l’obstacle.

S’attaquer aux pauvres et aux radins

Ce serait certes injuste à bien des égards pour ceux qui sont prêts à renoncer et qui financent tout le progrès technologique. Mais c’est l’une des rares stratégies qui pourrait finalement donner des résultats même sans majorité. Nous devons cesser de considérer la protection du climat en premier lieu comme la réduction de notre propre empreinte. Notre tâche principale est d’agir là où nous avons un effet de levier : à savoir faciliter la réduction de l’empreinte des autres – les personnes en situation de pauvreté et les personnes avares.

Cet article a été publié pour la première fois dans les Nouvelles d’oeku 2/2021 et a été mis à jour par ChristNet, car le sujet en soi n’a rien perdu de son actualité.

Photo de Marcin Jozwiak sur Unsplash

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Lors de la « 1h Eco-Runde » du 26 novembre 2024, un format en ligne d’Eco Church Network, David Hachfeld de Public Eye et Debora Alder-Gasser de TEIL se sont exprimés sur les nombreux dysfonctionnements de l’industrie textile. Alors que Hachfeld a souligné qu’un « système d’irresponsabilité organisée » régnait dans cette industrie, Alder-Gasser a invité les participants à réfléchir à leurs propres habitudes en matière d’achat de vêtements.

En Suisse, chacun achète en moyenne 50 à 70 vêtements et six paires de chaussures par an.Beaucoup d’entre eux ne sont guère portés, mais finissent à la poubelle ou dans la collecte de vêtements. La marchandise donnée est généralement de mauvaise qualité, ce qui contribue à la création de nombreuses décharges, souvent illégales, dans le Sud global. « Nous nous dirigeons vers une catastrophe géante », estime Hachfeld. De nombreux textiles sont fabriqués à partir de plastique et de matières premières fossiles, ce qui aggrave la crise climatique. A cela s’ajoute la grande quantité de pesticides utilisés notamment dans les plantations de coton. Ceux-ci sont non seulement extrêmement nocifs pour l’environnement, mais aussi pour les ouvrières des plantations.

« La lutte des ouvrières se heurte toujours à un mur ».

Il est bien connu que les conditions de travail dans l’industrie textile sont très mauvaises, poursuit Hachfeld.Dans des pays comme la Chine, le Bangladesh, la Turquie et l’Indonésie, les ouvrières et ouvriers ne gagnent qu’environ 400 dollars par mois. Les personnes concernées protestent et s’unissent dans des syndicats, car le salaire devrait être au moins trois fois plus élevé pour pouvoir vivre dignement. Mais les puissantes grandes entreprises exploitent sans pitié les possibilités limitées de la société civile. Hachfeld appelle cela sans nuance un « système d’irresponsabilité organisée ». C’est précisément là qu’intervient l’organisation Public Eye avec ses actions : en sensibilisant le public, il s’agit de dévoiler le système de profit perfide des grands groupes afin qu’ils commencent à mettre en œuvre des pratiques justes et durables.

La véritable cause du problème

10 % des émissions de CO2 sont imputables à l’industrie textile et chaque seconde, une cargaison de textiles est jetée dans une décharge. Mais quelles en sont les causes, s’interroge Alder-Gasser : la surconsommation ? la mauvaise qualité des vêtements ? le manque de cadre légal ? ou un peu de tout cela ?Aux yeux de la conseillère municipale bernoise, il existe une cause plus profonde, à savoir les habitudes de consommation de vêtements. Car beaucoup savent certes que cette consommation n’est pas durable, mais ils continuent d’acheter comme d’habitude. « C’est pourquoi nous devrions davantage discuter de nos habitudes », estime Alder-Gasser.

TEIL

Avec le projet TEIL, qu’elle a cofondé, Alder-Gasser souhaite faire partie de la solution et encourager la réflexion sur l’économie circulaire. Le magasin du centre-ville de Berne est comme une « bibliothèque », mais pour les vêtements : avec un abonnement, on peut emprunter des vêtements. C’est l’une des nombreuses possibilités de faire concrètement et personnellement quelque chose de bien dans le sens de la durabilité. Mais dans la pratique, c’est souvent plus difficile, comme le rapporte Alder-Gasser de son expérience de projet.L’adhésion au projet ne manque pas, mais le plus grand obstacle réside dans le changement concret du comportement de consommation. Sur le plan rhétorique, elle conclut son exposé introductif en se demandant ce que nous pouvons changer et propose des idées telles que se désabonner des newsletters qui nous offrent des bonnes affaires au prix fort pour nos semblables et l’environnement.

Le « 1h ECO-RUNDE » est un format en ligne régulier d’Eco Church Network, un projet de StopArmut. L’objectif est de recevoir une brève impulsion sur un aspect écologique, d’échanger des idées et de s’inspirer mutuellement afin de ne pas se contenter de connaissances.

Plus d’informations

www.publiceye.ch/de/themen/mode
www.teil.style

Cet article a été publié pour la première fois sur www.stoparmut.ch et a été traduit et légèrement modifié par ChristNet.

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Le 24 novembre 2024, la Suisse votera sur une modification de la loi sur l’assurance maladie sous le titre « Financement uniforme du système de santé » (EFAS). Une fois de plus, on espère freiner les coûts de la santé.

« Alors le Seigneur Dieu fit tomber sur l’homme un profond sommeil, de sorte qu’il s’endormit ». 1 
Lorsqu’Adam ouvrit les yeux, il vit devant lui EFAS. EFAS était parfaite et insurpassable dans sa beauté.

Peu après, le début de l’humanité a glissé dans la première grande crise. La maladie et la mort ont été initiées. Et bien qu’Adam et Eve fassent partie de l’histoire depuis longtemps, nous continuons aujourd’hui en Suisse, même après des millénaires, à lutter contre les conséquences de cette « pomme ». Un nombre infini de maladies et l’évitement de la mort marquent une grande partie de notre pensée. En 2023, les principales préoccupations des Suisses étaient la santé et les primes d’assurance maladie.2 Et les primes qui augmentent chaque année sont le reflet des coûts croissants générés par le système de santé en Suisse.

Depuis des décennies, on cherche désespérément les causes de cette hausse des coûts.

Les experts, les politiciens, les journalistes, oui, nous tous, connaissons les méchants : ce sont d’abord les hôpitaux trop chers, puis les médecins beaucoup trop bien payés, ensuite les médicaments et les implants extrêmement chers, oui, même les soins à domicile et la physiothérapie coûtent tout simplement trop cher, sans oublier les frais administratifs faramineux des assureurs-maladie. Que ces déclarations soient exactes dans le détail ou non, le fait est qu’à chaque discussion, que ce soit en privé, à la table des habitués ou dans l’« arène », les émotions montent.

Or, il est indéniable que les coûts augmentent. Il ne s’agit pas d’une explosion des coûts, mais plutôt d’une augmentation plus ou moins linéaire d’environ 4% par an, comme le montre le graphique suivant :3

Et ce ne sont pas seulement les coûts qui augmentent. Le nombre de prestations « consommées » évolue lui aussi continuellement à la hausse, comme le montrent les barres du graphique.

Le baromètre des préoccupations montre que notre plus grande préoccupation est la santé.

En règle générale, on répond à un souci et à un problème aussi important en agissant en tant que principal responsable. Rejeter la faute sur les autres est rarement une bonne solution. Et si nous nous appropriions le problème et que nous nous en occupions, en prenant par exemple au sérieux la question de la responsabilité individuelle ? Les autres sont-ils vraiment les seuls responsables de la misère du système de santé, comme indiqué ci-dessus ? Adam et Eve ont déjà essayé de faire comprendre à leur créateur qu’ils ne voulaient pas porter eux-mêmes la responsabilité. Chez Eve, la coupable était le serpent, chez Adam, c’était Eve.

Nous devrions donc nous-mêmes prendre les choses en main et donner une chance à la solution EFAS en adoptant une attitude positive et constructive et en faisant preuve de courage.

Après de nombreuses années de lutte entre les cantons, les assureurs-maladie et les soi-disant fournisseurs de prestations, EFAS a finalement abouti à une clé de répartition uniforme et claire pour les prestations ambulatoires, hospitalières et de soins. Les opposants au projet critiquent le fait que l’inclusion des prestations de soins, en particulier, entraînera une hausse des primes pour les caisses d’assurance maladie. C’est vrai, les primes vont augmenter. Mais comme nous le savons, elles augmentent depuis de nombreuses années et continueront d’augmenter à l’avenir, avec ou sans EFAS. Mais cela ne doit pas être une raison pour opposer enfin une bonne solution valable avec EFAS à un charivari de financement absurde qui dure depuis trop longtemps. Être orienté vers des solutions signifie chercher une nouvelle solution pour le prochain problème qui se pose. Et non pas de rester immobile par crainte de dommages éventuels.
Je peux également comprendre la crainte que la part de financement croissante ne donne plus de pouvoir aux caisses de maladie. Mais là aussi, il s’agit de relever ce défi et de réfléchir à la manière dont nous pouvons justement opposer quelque chose de constructif à ce problème.

En tant que médecin, je suis personnellement confiant dans le fait que nous assumerons de plus en plus notre responsabilité personnelle et que nous nous engagerons à l’avenir plus activement pour notre santé personnelle et notre bien commun. Même si EFAS n’est pas parfait et insurpassable à tous égards, cela vaut la peine de faire des pas responsables en ayant, dans un premier temps, un OUI clair à EFAS et, dans un deuxième temps, en enfilant maintenant nos baskets et en allant faire un tour de course à pied ☺ !

1. Genèse 2,21 ; traduction unitaire 1980
2. Baromètre des préoccupations CS 2023 ; https://www.credit-suisse.com/about-us/de/research-berichte/studien-publikationen/sorgenbarometer/download-center.html (accès 20241101)
3. OFSP Office fédéral de la santé publique, Tableau de bord de l’assurance-maladie ; https://dashboardkrankenversicherung.admin.ch/kostenmonitoring.html (accès 20241101)


Foto de Jair Lázaro sur Unsplash

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Les deux projets de loi sur le droit du bail sur lesquels nous voterons le 24 novembre 2024 risquent de faire encore grimper les loyers des logements.

Ces dernières années, on a assisté à une véritable explosion des loyers, en particulier dans les villes où les logements sont rares. L’une des principales raisons en est l’augmentation illégale du loyer après un changement de locataire. S’il n’y a pas d’augmentation de la valeur du logement (rénovation importante), les locataires suivants ont en fait droit au même loyer que leurs prédécesseurs. Mais de nombreuses personnes concernées ne le savent pas ou n’osent pas réclamer le loyer précédent. Car cela implique une longue procédure – et ce dans une relation de dépendance avec le bailleur. Qui veut se fâcher avec le bailleur ? Les bailleurs sont conscients de cette dépendance et osent parfois même, sans changer de locataire, simplement augmenter le taux d’intérêt de tous les locataires. Dans certains cas, ils y parviennent. Dans les régions où le logement est rare, le modèle des « chasseurs de logement » est également utilisé : Des entrepreneurs individuels proposent aux personnes qui ont peu de temps de trouver rapidement un logement grâce à leurs relations avec les bailleurs, à condition que le loyer initial ne soit pas contesté. Autre méthode : après le départ d’un locataire, l’appartement n’est plus loué qu’avec des contrats d’un an en chaîne. Les familles qui ont loué un tel appartement ne peuvent pas se permettre de contester le loyer, car dans ce cas, le contrat de location risque de ne pas être reconduit.

Les deux projets qui seront débattus le 24 novembre 2024 affaiblissent les droits des locataires, ce qui aggrave encore la situation sur le marché du logement.

Résiliation sans délai pour les colocations ?

Le premier projet demande des règles plus strictes en cas de sous-location « à cause de plateformes en ligne comme Airbnb ». Or, il est déjà interdit par la loi de sous-louer un appartement à des fins lucratives. Les propriétaires peuvent donc déjà empêcher que leur appartement atterrisse sur Airbnb. Le durcissement prévu touche en revanche les personnes qui vivent en colocation (WG). Tout changement de locataire devrait à l’avenir être signalé par écrit (courrier postal) dans les délais impartis. En cas d’oubli ou si l’annonce est faite par e-mail ou par téléphone, le locataire peut être résilié – et ce dans les 30 jours. C’est fou ! Avec cette modification de la loi, il s’agit sans doute plutôt de créer de nouveaux motifs de résiliation afin de pouvoir augmenter le loyer sans augmentation de valeur lors d’une nouvelle location.

Les deux projets qui seront débattus le 24 novembre 2024 affaiblissent les droits des locataires, ce qui aggrave encore la situation sur le marché du logement.

on à la résiliation facilitée en cas de « besoin personnel ».

Le deuxième projet prévoit que le motif de résiliation du bail ne doit plus être « urgent », mais seulement « important et actuel ». Cette modification du droit du bail vise elle aussi à se débarrasser plus rapidement des locataires afin de pouvoir exiger un loyer plus élevé lors de l’arrivée d’un nouveau locataire. Aujourd’hui déjà, la résiliation pour cause de besoin personnel est utilisée de manière abusive : Des appartements sont loués après une résiliation à des personnes de paille qui sont censées avoir un lien de parenté avec le bailleur, afin de pouvoir relouer les appartements peu de temps après à un taux d’intérêt plus élevé. L’acceptation de l’objet de la votation permettrait de développer ce genre d’arnaques.

Cet article de la « Republik » fournit une recherche très approfondie sur les projets de loi sur les loyers .

Foto de Scott Graham sur Unsplash

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Les trois quarts des chrétiens évangéliques ont voté pour Donald Trump lors des deux dernières élections présidentielles. Une réflexion sur les raisons pour lesquelles de nombreux évangéliques américains soutiennent l’actuel candidat républicain à la présidence, bien qu’il se comporte à l’encontre de leurs valeurs morales.

Je ne me souviens pas de la dernière fois qu’un (ex-)président ou un candidat à la présidence des États-Unis a dit aussi rarement la vérité, a répandu autant de haine au lieu de l’amour et s’est ainsi tourné aussi clairement contre les valeurs fondamentales du christianisme. Qu’est-ce qui a pris à la chrétienté évangélique (blanche) américaine ?

La peur de la ruine ?

Donald Trump se présente comme une personnalité forte, un leader qui se bat pour que les États-Unis restent une nation chrétienne. Les Américains évangéliques blancs comptent sur le leader républicain pour défendre les Etats-Unis en tant que nation chrétienne. Selon une étude 1 , quatre personnes interrogées sur cinq estiment que les États-Unis devraient être une nation chrétienne, ce qui, selon des chercheurs comme Anthea Butler, est aussi une façon de s’appuyer sur une identité protestante blanche patriotique 2 . En ce sens, ils se sentent menacés par l’arrivée massive et illégale de migrants d’Amérique latine, qui pourrait modifier la domination protestante. 3 Ils craignent que la culture chrétienne soit mise en danger par la libéralisation des mœurs et la liberté d’afficher son orientation sexuelle (voir la culture LGBTQ). Et surtout par une population qui fréquente de moins en moins les églises et qui affiche son sécularisme.

De nombreux évangéliques se rendent compte qu’ils sont de plus en plus minoritaires et se sentent menacés par une culture en mutation dans leur environnement. Ce sentiment est renforcé par des « bulles » sur les réseaux sociaux, qui ont tendance à se radicaliser jusqu’à la paranoïa : Les théories du complot les plus absurdes sont avalées par une partie anxieuse de la population, sans se soucier de leur véracité. Car ces théories confirment leurs craintes, les nomment et donnent également un nom aux responsables. Cela leur donne de l’espoir, car il y a la perspective qu’avec l’élimination des « méchants », le problème disparaîtra également. Q-Anon est l’expression la plus parlante de cette pananoïa, qui voit le grand mal dans le gouvernement qui fait croître toutes ces menaces. Ces peurs renforcent la tendance à se jeter dans les bras d’un « sauveur ». Et Donald Trump se présente comme celui qui lutte contre ce système. C’est aussi la raison pour laquelle il a pu affirmer sans aucune preuve que l’élection avait été volée et inciter le Parti républicain à se purger de ses opposants.

Ce phénomène de radicalisation de la peur dans une culture en mutation rapide (et pas seulement chez les chrétiens), associé au rêve de l’homme fort à la tête du gouvernement « qui rétablira l’ordre », avait déjà été prédit en 1990 par le sociologue Anthony Giddens dans son ouvrage « The consequences of modernity ». L’Europe, même la Suisse, n’est pas épargnée par ce phénomène.

Quelles valeurs, quelles priorités ?

Beaucoup de chrétiens évangéliques ne réalisent pas qu’ils se laissent séduire par un menteur notoire 4. Avant sa campagne présidentielle de 2016, il était pour l’avortement, 5 se vantait d’abuser des femmes, 6 etc. Depuis qu’il s’est rendu compte qu’il avait besoin des évangéliques pour être élu, il fait tout ce qu’ils veulent entendre et prétend même que la Bible est son livre préféré. 7

Le problème est qu’une partie des chrétiens évangéliques est plus conservatrice que les principales valeurs bibliques. L’avortement, l’homosexualité et d’autres thèmes sexuels sont plus importants pour beaucoup que la loi suprême que Jésus nous a enseignée (Matthieu 22), à savoir l’amour pour Dieu et pour le prochain, dont tout doit découler. Or, l’amour du prochain est bafoué par Trump : Il prêche la haine et le mépris des minorités (« Les Mexicains sont des violeurs » ; « Les migrants de Springfield mangent les animaux domestiques des autochtones »), des plus faibles et des opposants 8 au lieu de l’amour du prochain et cultive le mensonge au lieu de la vérité.

C’est précisément celui qui se présente comme le gardien des chrétiens qui érode et détruit ainsi l’une des valeurs centrales de la culture chrétienne. La vérité est subordonnée à l’idéologie, comme si tous les moyens étaient bons pour « sauver ». L’idée que tout est de toute façon construit sert de justification. Nous sommes ainsi pleinement dans la postmodernité selon Jean-François Lyotard 9 : s’il n’y a plus de vérité, et donc plus d’objectivité éthique ni d’autorité, alors l’épanouissement des puissants a le champ libre. La vérité est un obstacle gênant pour les puissants, mais les défavorisés en dépendent pour ne pas passer sous les fourches caudines.

Mais les chrétiens devraient être les gardiens de la vérité, car les soi-disant « vérités alternatives » sont des mensonges. Surtout si l’on se réfère aux Dix Commandements qui sont réintroduits dans les écoles de Louisiane 10 . La vérité n’est pas ce que l’on aimerait croire ou ce qui correspond toujours à sa propre vision du monde. La vérité doit être recherchée et vérifiée. Et elle doit être réclamée ! Si les chrétiens ne le font plus, ils ne sont plus le sel de la terre. Sans vérité, le mensonge et la méfiance envers nos semblables prennent le dessus. La cohabitation n’est donc plus possible.

Sommes-nous, nous chrétiens, aveuglés par la peur de notre propre survie ? Sommes-nous prisonniers de la lutte pour notre communauté (« nous contre les autres ») au lieu de nous préoccuper des valeurs chrétiennes pour l’ensemble de la société ? Il semble que nous ne soyons plus le sel de la terre. Bien trop peu de chrétiens osent élever la voix et revendiquer les valeurs chrétiennes centrales. En 2019, le rédacteur en chef de « Christianity Today » a décrit Trump comme inapte en raison de sa moralité et de ses valeurs, ce qui l’a placé sous le feu des critiques. 11

Justification de tout – jusqu’où ?

Un pasteur américain, interrogé par un ancien diplomate français sur la moralité de Donald Trump, a répondu que l’ancien président était comme le roi David, qui avait lui aussi péché 12 . Le roi David est un modèle de foi en raison de sa relation personnelle avec Dieu, décrite dans les Psaumes, et du repentir qui suit les péchés qu’il a commis. Donald Trump ne s’est jamais repenti 13 .

La multiplication des procédures judiciaires interminables a pour effet de placer le candidat Trump dans un rôle de victime et donne à ses partisans l’image d’une chasse à courre dont il sortirait renforcé. Les partisans de Trump y voient les tentacules d’un système malsain qui a tout fait pour entraver le chemin du sauveur. Même la prise d’assaut du Capitole ne semble pas l’avoir remis en question. Jusqu’où peut-il aller ? Y a-t-il une limite ? Pour l’instant, cela ne semble pas être le cas.

Le christianisme sortira-t-il de cette impasse ? Il semble que les chrétiens soient les premiers à avoir besoin de prière.


1. Pew Research Center 2022 cité dans RTS Religion
2. https://www.rts.ch/play/tv/rtsreligion/video/rtsreligion-video-les-usa-une-nation-vraiment-chretienne?urn=urn:rts:video:14750003
3. https://www.france24.com/fr/am%C3%A9riques/20231227-la-crise-migratoire-se-poursuit-%C3%A0-la-fronti%C3%A8re-entre-le-mexique-et-les-%C3%A9tats-unis
4. https://www.tagesschau.de/faktenfinder/trump-bilanz-uswahl-fakenews-101.html; aujourd’hui encore, il répand régulièrement des contre-vérités sans sourciller, par exemple sur le manque de soutien des États du Sud pour faire face à l’ouragan Hélène, ce qui incite même les représentants républicains des régions concernées à rectifier publiquement le tir.
5. https://www.fr.de/politik/donald-trump-abtreibung-verbot-roe-v-wade-oberster-gerichtshof-us-wahlen-us-politik-zr-92994479.html
6. https://en.wikipedia.org/wiki/Donald_Trump_sexual_misconduct_allegations
7. https://www.zdf.de/nachrichten/politik/ausland/trump-bibel-verkauf-100.html
8. Il qualifiait régulièrement Hillary Clinton de corrompue, Kamala Harris de « marxiste, communiste, fasciste, socialiste », c’est-à-dire en quelque sorte tout et son contraire, tant qu’elle était connotée comme étant le mal.
9. Jean-François Lyotard – Wikipedia
10. https://www.srf.ch/news/international/us-buergerrechtler-empoert-zehn-gebote-im-klassenzimmer-gesetz-in-louisiana-erntet-kritik
11. https://en.wikipedia.org/wiki/Mark_Galli
12. Témoignage de G. Araud, ancien ambassadeur de France aux USA, sur la chaîne LCI
13. Trump: ‘Why Do I Have to Repent or Ask for Forgiveness If I Am Not Making Mistakes?’ (Video) | Politics

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Pour les chrétiens, il est clair que la communauté étatique a le droit et le devoir de prélever des impôts afin de financer les tâches de la collectivité à tous les niveaux. Jésus disait déjà qu’il fallait rendre à Dieu ce qui lui appartient et à l’État ce qu’il revendique.

Dans un État de droit démocratique, nous pouvons participer à la définition de ce qui peut être exigé et à quelles fins. Que peut-on donc exiger en plus des impôts sur le revenu et la fortune ? L’impôt sur les successions est de la compétence des cantons. Il a été de plus en plus réduit dans la plupart des cantons. Un impôt sur les successions pourrait toutefois apporter beaucoup s’il était transformé en impôt national. Les héritages sont perçus par les héritiers sans que ceux-ci n’aient rien apporté en contrepartie. Il s’agit donc pour les héritiers de revenus sans emploi. L’impôt sur les successions serait l’impôt le plus juste. C’est ce que disait notre ancien ministre des finances, le conseiller fédéral Kasper Villiger, que j’ai eu l’occasion de voir à la commission des finances du Conseil national, lorsque la Confédération a présenté en 2003 un programme d’allègement budgétaire pour assainir les finances fédérales.

Une première tentative échoue

Comme l’ensemble du Conseil fédéral n’avait pas la volonté de proposer sérieusement cet impôt fédéral, j’avais alors déposé une initiative parlementaire au Conseil national. Celle-ci n’ayant pas non plus abouti, le PEV, le PS et les Verts ont lancé une initiative populaire : « Imposer les successions de plusieurs millions pour notre AVS (réforme de la fiscalité successorale) ». L’exigence centrale était que les successions à partir de 2 millions de francs soient soumises à l’impôt sur les successions. Un tiers des recettes aurait été versé aux cantons, deux tiers à l’AVS. Politiquement et médiatiquement, nous avons été combattus avec véhémence. En 2015, le rejet a eu lieu avec seulement 29% de voix favorables. Le moment n’était manifestement pas venu.

L’initiative actuelle n’est pas réaliste

Actuellement, l’impôt sur les successions est redevenu un point de discorde. Les jeunes socialistes apportent une nouvelle proposition avec leur initiative populaire « Pour une politique climatique sociale financée équitablement par l’impôt (Initiative pour un avenir) », qui a abouti. Celle-ci demande l’introduction d’un impôt concordataire de 50% sur les fortunes supérieures à la franchise de 50 millions de francs. Les recettes seraient utilisées en faveur de la protection du climat. Des entrepreneurs à succès comme Peter Spuhler ont annoncé avec engagement qu’ils devraient quitter la Suisse en raison de cette demande. Cette forme d’impôt sur les successions ne serait pas supportable pour eux. Certaines personnes concernées mentionnent qu’elles pourraient vivre avec un impôt sur les successions moins élevé. Des membres connus du PS ont déjà déclaré qu’ils ne pouvaient pas soutenir la revendication de leur jeune parti.

Si l’initiative populaire devait être acceptée, elle ferait en réalité un flop. Les plus riches quitteraient notre pays et l’objectif d’obtenir plusieurs milliards par an pour la Confédération et les cantons ne serait pas atteint. Les chances de l’initiative de la JS ne devraient pas être grandes ; mais on ne sait jamais à l’avance comment le peuple et les cantons vont décider.

Sur le plan politique, il faut sérieusement exiger d’opposer un contre-projet à cette initiative de la JUSO.

Une prochaine tentative vaut la peine

Le 18 avril 2024, le conseiller national PEV Marc Jost (Berne) a déposé une initiative parlementaire « Impôt de solidarité AVS sur les successions de plusieurs millions ». Le texte est le suivant : « La Confédération prélève, en faveur du financement de l’AVS, un impôt sur les successions de plusieurs millions de francs des personnes physiques. L’impôt est taxé et perçu par les cantons. Les articles 112 et 129b de la Constitution fédérale doivent être adaptés en conséquence ».

Cette intervention va maintenant être soumise à la Commission de l’économie et des redevances (CER) du Conseil national. Si celle-ci constate à la majorité la nécessité d’agir, l’intervention passe à la CER du Conseil des États. Si celle-ci approuve également la nécessité d’agir, la commission du Conseil national peut préparer un projet avec le concours de l’administration fédérale. L’intervention est cosignée par des membres de plusieurs partis. On attend avec impatience la suite des événements au niveau parlementaire.

Il est important de viser un impôt national modéré sur les successions. L’affectation à l’AVS serait évidente. Si la pénalisation du mariage – les couples de retraités ne reçoivent que 1,5 rente de vieillesse – pouvait enfin être supprimée ou du moins atténuée, ce serait une bonne chose du point de vue de la politique sociale.

Ce qui est important : l’impôt sur les successions est à nouveau à l’ordre du jour. Notre engagement en vaut la peine.


Cet article a d’abord été publié sur INSIST.

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