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Le mercredi des Cendres, le 5 mars, marque le début du Carême. Il nous rappelle que moins, c’est souvent plus – non seulement pour nous personnellement, mais aussi pour l’environnement.

Celui qui renonce gagne de nouvelles perspectives : La gratitude pour ce que nous avons et l’attention que nous y portons. Mais pourquoi ne pas renoncer à quelque chose qui serait bénéfique non seulement pour nous, mais aussi pour notre environnement ? La crise climatique nous invite à repenser notre comportement – et le carême offre l’occasion idéale de se débarrasser consciemment d’une habitude nuisible au climat.

Voici quelques idées concrètes de jeûne qui mènent en même temps à un mode de vie plus respectueux du climat.

Alimentation

  • Essayer un régime végétarien ou végétalien
  • Acheter des aliments régionaux et de saison
  • Renoncer aux fruits importés (p. ex. avocats, bananes)
  • Ne pas jeter de nourriture – faire ses courses de manière plus réfléchie et utiliser les restes
  • Acheter des produits issus du commerce équitable et bio
  • Boire l’eau du robinet plutôt que l’eau en bouteille

Mobilité

  • Laisser sa voiture au garage et se déplacer à pied ou à vélo à la place
  • Utiliser les transports en commun plutôt que la voiture
  • Ne pas prendre l’avion pendant le carême
  • Faire du covoiturage
  • Remplacer les vols courts par des voyages en train

Énergie & consommation

  • Réduire la consommation d’énergie de chauffage : par exemple, chauffer un ou deux degrés de moins.
  • Éteindre systématiquement les appareils électroniques au lieu de les laisser en veille
  • Réduire le temps de douche et économiser l’eau
  • Ne pas acheter de nouveaux vêtements – les échanger ou les acheter d’occasion à la place
  • Renoncer aux commandes en ligne afin d’éviter le transport et l’emballage inutiles.

Habitudes numériques

  • Moins de streaming et de consommation de vidéos : Netflix, YouTube – à cause de la consommation d’électricité élevée
  • Detox des médias sociaux : réduire le temps d’écran permet d’économiser de l’électricité et favorise la vigilance
  • Supprimer les e-mails inutiles : Les serveurs de messagerie consomment beaucoup d’énergie

Ressources & déchets

  • Renoncer aux produits jetables : par ex. gobelets Coffee-to-go, bouteilles en plastique
  • Réduire les déchets et mieux les recycler
  • Utiliser des produits réutilisables : Sacs en tissu au lieu de sacs en plastique, bouteilles en verre au lieu de PET
  • Choisir des cosmétiques et des produits de soin sans microplastiques
  • Économiser le papier : Lire numériquement au lieu d’imprimer

L’article est paru pour la première fois sur www.stoparmut.ch

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La coalition « Christ:innen für Klimaschutz » appelle à prendre ses responsabilités envers la Création et à accepter le 9 février l’initiative pour la responsabilité environnementale sur laquelle la Suisse votera le 9 février 2025. ChristNet fait partie de la coalition et soutient son argumentation.

L’initiative « Pour une économie responsable dans les limites de la planète »1 se fixe pour objectif de réduire l’impact environnemental de la Suisse en dix ans de manière à respecter les limites de tolérance de notre planète.

La coalition « Chrétiens:ennes pour la protection du climat » regrette que le Conseil fédéral recommande de rejeter l’initiative et ne présente pas de contre-projet, bien que la durabilité soit explicitement exigée par l’article 73 de la Constitution fédérale. « Les chrétiens pour la protection du climat » soutient les démarches politiques telles que l’initiative pour la responsabilité environnementale, qui prennent au même niveau de sérieux la préservation de la création et la Constitution suisse.

Les mesures mises en œuvre jusqu’à présent par la Suisse ne suffisent pas à réduire la pollution de l’environnement à un niveau supportable pour la planète. C’est pourquoi il faut des objectifs clairs, une mesure des progrès et des délais pour réduire la pollution de l’environnement. L’initiative ouvre la voie à un changement de paradigme et se base sur des recommandations scientifiques pour un avenir durable : les limites planétaires doivent être respectées par la Suisse dans un délai de dix ans. Ancrer le respect de ces limites dans la Constitution avec un délai correspond à une responsabilité concrète envers la création dans une perspective chrétienne.

Six des neuf limites planétaires dépassées

L’initiative pour la responsabilité environnementale s’inspire du concept de limites planétaires, développé en 2009 par une équipe de recherche du Stockholm Resilience Center sous la direction de Johan Rockström. Par limites planétaires, on entend les limites de charge écologique de la Terre. Le dépassement de ces limites entraîne des changements irréversibles dans l’écosystème. Actuellement, nous avons déjà dépassé certaines de ces limites. Cela met en danger la stabilité de l’écosystème et les moyens de subsistance de l’humanité.

Six des neuf limites planétaires sont déjà dépassées : le changement climatique, la biodiversité, les cycles de l’azote et du phosphore, l’eau douce, l’utilisation des sols et les nouvelles substances comme le plastique. L’initiative pour la responsabilité environnementale demande que la Suisse n’utilise que les ressources nécessaires au respect des limites planétaires. Avec son niveau de consommation élevé, la Suisse fait partie des pays dont l’impact sur l’environnement est supérieur à la moyenne.

Respecter les limites de la création

Les chrétiens ont la responsabilité particulière de préserver la Création. La surexploitation des ressources naturelles et la destruction de l’environnement sont en contradiction avec cette mission et avec la responsabilité que nous avons vis-à-vis des générations futures et de nos semblables. La foi chrétienne appelle à ne pas rechercher le profit à court terme au détriment de la création, mais à rechercher la justice, la solidarité et le bien-être de tous. Un système économique basé sur la durabilité, le bien commun et le respect de la création n’est pas seulement nécessaire d’un point de vue écologique, mais correspond également aux valeurs centrales d’une éthique chrétienne.

Engagés par la Constitution

L’initiative pour la responsabilité environnementale ouvre la voie à un changement fondamental et durable de l’économie et de la société. La Suisse s’est engagée à respecter cette durabilité au plus haut niveau politique.

En 1999, l’article 73 « Durabilité » a été introduit dans la Constitution fédérale. La Suisse s’est ainsi fixé pour objectif d’atteindre un rapport durablement équilibré entre la nature et sa capacité de renouvellement d’une part, et son utilisation par l’homme d’autre part.

Pour la coalition « Les chrétiens pour la protection du climat », la décision du Conseil fédéral et du Parlement de recommander le rejet de l’initiative et de ne présenter ni contre-projet direct ni contre-projet indirect est d’autant plus incompréhensible.

Les organisations chrétiennes sont appelées à agir

En raison de la crise climatique et environnementale, les Eglises et les organisations chrétiennes sont appelées à prendre position et à s’engager pour la justice, l’amour du prochain et une vie bonne et réussie pour tous les êtres vivants. Dans un monde globalisé, les destins des personnes vivant dans différentes parties du globe sont liés. Pour les chrétiens et les chrétiennes, assumer la responsabilité de la planète et de ses limites fait partie de la responsabilité de leur foi.

1. UVI

 

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Selon la Fondation suisse de l’énergie (SES), la réussite du tournant énergétique souhaité repose sur trois piliers : les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique et la suffisance énergétique.

Alors que les énergies renouvelables font l’objet de discussions depuis 40 ans et qu’elles sont largement reconnues et utilisées depuis 20 ans comme une partie de la solution, l’amélioration de l’efficacité énergétique gagne en importance en premier lieu dans le contexte de la nouvelle hausse des prix de l’énergie, et est donc motivée par les coûts. En revanche, la suffisance énergétique a toujours du mal à s’imposer dans le débat public.

Apparemment, le mot « suffisance » a un effet repoussant. Selon le dictionnaire, il signifie « suffisant, suffisant », mais il sent la restriction ou la perte. Et cela est apparemment incompatible avec l’exigence économique toujours répandue d’une nécessaire croissance continue. Ce mot suscite également des craintes au sein de la population : On craint des restrictions dans la consommation ou on redoute un avenir incertain.

C’est une raison suffisante pour le Conseil fédéral de poursuivre une politique qui veut que l’énergie soit disponible sans restriction, à tout moment et en toute quantité. C’est pourquoi il veut également lever l’interdiction actuelle de construire de nouvelles centrales nucléaires. Et ce, sous les applaudissements d’une grande partie de la population !

Pourquoi nous ne pouvons pas nous contenter de moins

La volonté absolue de disposer de l’énergie de manière illimitée donne, à mon avis, une image inquiétante de l’état de notre société. Il semble être largement accepté qu’en Suisse, nous vivons bien au-dessus de nos moyens et que nous dépendons sans hésiter des importations d’énergie de toutes sortes.

Grâce à notre pouvoir d’achat, nous nous procurons tout autour du globe ce dont nous pensons avoir besoin. Cela nous revient moins cher que d’exploiter nos propres ressources naturelles et de construire les infrastructures correspondantes. Mais nous pratiquons ainsi un colonialisme moderne et privons les pays économiquement plus faibles de leurs ressources – et ce à des prix dérisoires. Le résultat est clair : les riches s’enrichissent et les pauvres s’appauvrissent ! Une telle économie contredit profondément la compréhension chrétienne de la participation de tous à la prospérité ! Les discussions autour de l’exploitation du lithium en Serbie en sont un exemple actuel.

La consommation d’énergie d’une société est directement liée à l’organisation générale et personnelle de la vie et de l’économie. Dans ce domaine, nous sommes exposés en permanence à un arrosage publicitaire intensif. Grâce à notre prospérité généralisée, nous pouvons succomber avec plaisir aux multiples tentations. Résister à ces tentations demande de l’énergie et un minimum de conscience de la problématique, ce qui ne semble pas être très répandu.

Le comportement orienté vers la suffisance est jusqu’à présent largement volontaire, tant dans le domaine privé que dans le domaine professionnel. Il n’est pas encouragé par les conditions économiques et légales actuelles. Au contraire, il existe de nombreuses incitations qui vont dans une autre direction. Celles-ci découlent de l’idée dominante de la liberté économique et promettent un profit – et un plaisir – à court terme.

Que faut-il faire pour changer cela ?

Une économie énergétique durable ne peut toutefois pas être obtenue sans la suffisance énergétique. Et celle-ci ne peut être atteinte sans un changement de comportement dans le domaine privé comme dans le domaine professionnel. Comme le volontariat ne suffit manifestement pas, la politique devra veiller à ce que des mesures efficaces soient prises. Cela va de pair avec l’objectif de limiter la consommation d’énergie pour un niveau de confort donné.

Une étude SES de 20231 esquisse un catalogue de propositions de mesures possibles et les décrit en détail avec leur efficacité ou le potentiel d’économies attendu. Elles couvrent les domaines politiques de l’approvisionnement en énergie, de la mobilité, de la consommation, des bâtiments ainsi que de l’information/sensibilisation et concernent les formes d’énergie suivantes : électricité, chaleur, carburants et énergie grise2 . Elles s’adressent à la Confédération, aux cantons, aux villes, aux communes, aux entreprises et aux particuliers.

En résumé, l’étude SES propose les mesures suivantes : Dans le domaine de l’approvisionnement en énergie, il s’agit de découpler la quantité d’énergie vendue du bénéfice, d’instaurer des prix de l’énergie progressifs (le contraire d’un rabais de quantité), des enchères de renonciation (une consommation inférieure à un objectif de consommation convenu à l’avance peut être revendue à d’autres entrepreneurs qui ont consommé davantage), des taxes d’incitation, un bonus ou un malus pour les économies d’électricité ainsi que des prescriptions d’efficacité pour les entreprises d’approvisionnement en énergie.

En ce qui concerne la mobilité, il faut une tarification de la mobilité pour les transports publics et individuels, un aménagement du territoire et un urbanisme des courtes distances – la fameuse ville à 15 minutes, dans laquelle on atteint toutes les destinations importantes en 15 minutes -, davantage de télétravail (bureau à domicile) et d’espaces de coworking – des bureaux utilisables en commun ; en ce qui concerne le transport aérien, il faut supprimer les incitations erronées telles que l’exonération de la TVA et de la taxe sur le kérosène et favoriser les alternatives, par exemple les trains de nuit. Enfin, il faut remettre en question la déduction des frais de déplacement dans la déclaration d’impôts.

En ce qui concerne la consommation, la durée de vie et d’utilisation des produits devrait être prolongée et ils devraient être réparés plutôt que remplacés. Il faut limiter les moyens publicitaires gourmands en énergie.

En ce qui concerne le parc immobilier, il s’agit de minimiser la consommation d’énergie grise, selon la devise : rénover plus que démolir, réutiliser des éléments de construction et réduire la surface habitable nécessaire par personne.

Dans le domaine de l’information/sensibilisation, il faut des campagnes de sensibilisation et des retours d’information compréhensibles pour les consommateurs sur leur consommation d’énergie.

Moins peut être plus

L’étude mentionnée ici se base sur des bases de données européennes mises à jour depuis 2021. Elles ont été analysées pour la Suisse, une sélection a été faite en fonction de leur impact potentiel et de leur faisabilité politique et sociale.

Depuis, des discussions fructueuses sont en cours dans différents milieux spécialisés, qui montrent qu’il existe bien d’autres possibilités simples d’économiser de l’énergie, dont certaines peuvent même conduire simultanément à une meilleure qualité de vie.

Il reste à espérer que la politique définisse bientôt des conditions-cadres ciblées. Ainsi, il sera possible de modifier le comportement de la société et d’adapter progressivement notre mode de vie, de sorte que nous puissions mieux nous en sortir avec moins d’énergie.

1. https://energiestiftung.ch/studie/studie-zu-wirksamen-energiesuffizienzmassnahmen

2. L’énergie grise est la somme des énergies contenues dans les produits et les biens – de la fabrication et du transport jusqu’à l’élimination ; elle représente une approche globale des dépenses énergétiques sur l’ensemble du cycle de vie.


Cet article a été publié pour la première fois le 1er novembre 2024 sur Forum Integrated Christness.

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Lors de la session d’hiver au Parlement fédéral, l’armée a été renforcée et la mise en œuvre de la loi sur la protection du climat a fait l’objet de coupes massives. Mais les solutions climatiques sont toujours demandées, malgré des majorités qui freinent. Si même les petits pas sont bloqués, comment les grands pas peuvent-ils avoir une chance ?

Si même un pays comme la Suisse fait des économies en matière de protection du climat, qui doit aller de l’avant ? Si même les petits pas sont bloqués, comment les grands pas peuvent-ils avoir une chance ?

Une expérience de pensée peut nous aider à répondre à ces questions. Imaginons que nous puissions nous rendre en 2100 à l’aide d’une machine à remonter le temps. Arrivés là-bas, nous constatons avec surprise que le monde a finalement résolu le problème du climat. Nous demandons aux gens du futur : « Comment cela s’est-il passé ? » Nous serions probablement surpris par toute réponse possible. Mais la grande question est : quelle réponse à cette question nous surprendrait le moins ?

Servir efficacement son prochain

Cette question est centrale, surtout lorsque la politique climatique doit être subordonnée à d’autres priorités. Nous ne devons pas seulement dénoncer avec une sainte colère ceux qui freinent la politique climatique. Mais nous devons nous demander avec la même passion ce qui protégerait nos descendants des dangers climatiques, même si ces personnes qui freinent restent majoritaires.

C’est en fin de compte une perspective très chrétienne : nous tenons compte du mal dans ce monde et concentrons toute notre énergie sur la manière dont nous pouvons servir efficacement notre prochain, même dans ces circonstances.

Si j’apprenais en 2100 que l’humanité a quand même réussi à maîtriser la courbe du climat, l’explication suivante me surprendrait le moins : Quelques pays et individus ont fait de gros efforts pour rendre les technologies propres tellement moins chères que tous les autres sont passés volontairement à ces technologies propres.

Zéro émission

Les exigences posées à une solution climatique sont finalement énormes : les émissions doivent être réduites à zéro. Mais comment les réduire à zéro sans que chaque pays et chaque personne ne les réduisent à zéro ? Le fait qu’il s’agisse précisément d’un zéro net laisse certes une certaine marge de manœuvre, mais en gros, c’est toujours zéro. Mais si même un pays comme la Suisse n’est pas prêt à faire de petits pas, comment un pays comme la Roumanie ou même l’Inde pourrait-il être prêt à faire de grands pas ?

La tragédie semble parfaite : tout le monde doit arriver à zéro – mais nous ne trouverons jamais une solution à laquelle tout le monde participe. La preuve en est que même ceux qui seraient prédestinés à faire de grands pas – comme notre propre pays – ne suivent pas le mouvement.

Signes d’espoir

Mais il y a de l’espoir. Certes, tous doivent effectivement atteindre le même objectif zéro. Mais cela ne signifie pas que tous doivent faire le même effort. Réductions d’émissions ≠ Effort. Des pays et des individus volontaires peuvent assumer l’effort à la place d’autres – même s’ils sont en minorité.

Comment faire concrètement pour que « chacun porte le fardeau de l’autre » dans la protection mondiale du climat ? Le premier moyen – et le moins important – consiste à financer des réductions d’émissions à l’étranger. La seconde – et bien plus importante – consiste à investir énormément d’argent, de temps, d’énergie et de capital politique dans l’abaissement du prix des technologies sans émissions, afin de les rendre suffisamment attrayantes pour que tous les autres les utilisent volontairement. Dans certains domaines, les technologies propres sont prêtes à être utilisées, mais elles sont encore si chères qu’elles sont largement utilisées par les personnes vivant dans la pauvreté ou l’avarice. Dans d’autres domaines, des technologies indispensables sont encore à peine prêtes à l’emploi, comme par exemple dans le domaine de l’acier, du ciment, du transport aérien, de la viande cultivée ou des émissions négatives.

Rendre les technologies propres attrayantes

Si l’on brûle d’envie de trouver une solution climatique, il ne faut pas s’attarder sur la question de savoir si l’on doit contribuer à sa juste part même si les autres ne le font pas. La question centrale est plutôt la suivante : comment puis-je contribuer, au-delà de ma juste part, à protéger mes semblables dans la pauvreté des catastrophes climatiques ? Pousser ses propres émissions toujours plus bas, en dessous de zéro, ne mène pas au but – les personnes prêtes à renoncer ne pourront jamais compenser les émissions des personnes réticentes. En revanche, la voie indirecte pourrait fonctionner : rendre les technologies propres si attrayantes que ces technologies se répandent d’elles-mêmes dans les pays riches et pauvres. Dans les pays riches, l’obstacle à l’utilisation des technologies propres déjà existantes est l’égoïsme matérialiste, alors que dans les pays pauvres, il s’agit de la volonté légitime de sortir plus rapidement de la pauvreté grâce aux technologies les moins chères possibles. Dans les deux cas, nous pouvons aider à surmonter l’obstacle.

S’attaquer aux pauvres et aux radins

Ce serait certes injuste à bien des égards pour ceux qui sont prêts à renoncer et qui financent tout le progrès technologique. Mais c’est l’une des rares stratégies qui pourrait finalement donner des résultats même sans majorité. Nous devons cesser de considérer la protection du climat en premier lieu comme la réduction de notre propre empreinte. Notre tâche principale est d’agir là où nous avons un effet de levier : à savoir faciliter la réduction de l’empreinte des autres – les personnes en situation de pauvreté et les personnes avares.

Cet article a été publié pour la première fois dans les Nouvelles d’oeku 2/2021 et a été mis à jour par ChristNet, car le sujet en soi n’a rien perdu de son actualité.

Photo de Marcin Jozwiak sur Unsplash

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Lors de la « 1h Eco-Runde » du 26 novembre 2024, un format en ligne d’Eco Church Network, David Hachfeld de Public Eye et Debora Alder-Gasser de TEIL se sont exprimés sur les nombreux dysfonctionnements de l’industrie textile. Alors que Hachfeld a souligné qu’un « système d’irresponsabilité organisée » régnait dans cette industrie, Alder-Gasser a invité les participants à réfléchir à leurs propres habitudes en matière d’achat de vêtements.

En Suisse, chacun achète en moyenne 50 à 70 vêtements et six paires de chaussures par an.Beaucoup d’entre eux ne sont guère portés, mais finissent à la poubelle ou dans la collecte de vêtements. La marchandise donnée est généralement de mauvaise qualité, ce qui contribue à la création de nombreuses décharges, souvent illégales, dans le Sud global. « Nous nous dirigeons vers une catastrophe géante », estime Hachfeld. De nombreux textiles sont fabriqués à partir de plastique et de matières premières fossiles, ce qui aggrave la crise climatique. A cela s’ajoute la grande quantité de pesticides utilisés notamment dans les plantations de coton. Ceux-ci sont non seulement extrêmement nocifs pour l’environnement, mais aussi pour les ouvrières des plantations.

« La lutte des ouvrières se heurte toujours à un mur ».

Il est bien connu que les conditions de travail dans l’industrie textile sont très mauvaises, poursuit Hachfeld.Dans des pays comme la Chine, le Bangladesh, la Turquie et l’Indonésie, les ouvrières et ouvriers ne gagnent qu’environ 400 dollars par mois. Les personnes concernées protestent et s’unissent dans des syndicats, car le salaire devrait être au moins trois fois plus élevé pour pouvoir vivre dignement. Mais les puissantes grandes entreprises exploitent sans pitié les possibilités limitées de la société civile. Hachfeld appelle cela sans nuance un « système d’irresponsabilité organisée ». C’est précisément là qu’intervient l’organisation Public Eye avec ses actions : en sensibilisant le public, il s’agit de dévoiler le système de profit perfide des grands groupes afin qu’ils commencent à mettre en œuvre des pratiques justes et durables.

La véritable cause du problème

10 % des émissions de CO2 sont imputables à l’industrie textile et chaque seconde, une cargaison de textiles est jetée dans une décharge. Mais quelles en sont les causes, s’interroge Alder-Gasser : la surconsommation ? la mauvaise qualité des vêtements ? le manque de cadre légal ? ou un peu de tout cela ?Aux yeux de la conseillère municipale bernoise, il existe une cause plus profonde, à savoir les habitudes de consommation de vêtements. Car beaucoup savent certes que cette consommation n’est pas durable, mais ils continuent d’acheter comme d’habitude. « C’est pourquoi nous devrions davantage discuter de nos habitudes », estime Alder-Gasser.

TEIL

Avec le projet TEIL, qu’elle a cofondé, Alder-Gasser souhaite faire partie de la solution et encourager la réflexion sur l’économie circulaire. Le magasin du centre-ville de Berne est comme une « bibliothèque », mais pour les vêtements : avec un abonnement, on peut emprunter des vêtements. C’est l’une des nombreuses possibilités de faire concrètement et personnellement quelque chose de bien dans le sens de la durabilité. Mais dans la pratique, c’est souvent plus difficile, comme le rapporte Alder-Gasser de son expérience de projet.L’adhésion au projet ne manque pas, mais le plus grand obstacle réside dans le changement concret du comportement de consommation. Sur le plan rhétorique, elle conclut son exposé introductif en se demandant ce que nous pouvons changer et propose des idées telles que se désabonner des newsletters qui nous offrent des bonnes affaires au prix fort pour nos semblables et l’environnement.

Le « 1h ECO-RUNDE » est un format en ligne régulier d’Eco Church Network, un projet de StopArmut. L’objectif est de recevoir une brève impulsion sur un aspect écologique, d’échanger des idées et de s’inspirer mutuellement afin de ne pas se contenter de connaissances.

Plus d’informations

www.publiceye.ch/de/themen/mode
www.teil.style

Cet article a été publié pour la première fois sur www.stoparmut.ch et a été traduit et légèrement modifié par ChristNet.

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Le dimanche 24 novembre 2024, le peuple suisse votera sur l’extension des routes nationales afin de réduire le trafic et d’éviter les embouteillages. Mais l’augmentation du nombre de routes est-elle la meilleure option pour lutter contre la congestion du trafic dans les agglomérations ? Ne faut-il pas plutôt un tournant vers la mobilité combinée pour maîtriser le problème à plus long terme ?

Les personnes qui se déplacent chaque jour en voiture dans les agglomérations passent beaucoup de temps dans les embouteillages. Pour désengorger le trafic et permettre des temps de parcours plus courts, les routes nationales doivent être aménagées. Le projet soumis à votation prévoit des investissements de plusieurs milliards de francs pour construire de nouvelles routes et élargir celles qui existent déjà, afin de gérer plus efficacement le volume du trafic.

Une infrastructure axée sur la voiture

Les partisans de l’extension argumentent que les routes nationales constituent un élément central de l’infrastructure suisse. Ils ont raison. Les constructions destinées aux transports occupent environ un tiers de la surface urbanisée (OFEV 2023). Les routes représentent 88 pour cent de cette surface. L’infrastructure suisse est donc fortement axée sur la voiture. En comparaison, le train n’occupe que 10 % de la surface d’habitat. Si l’on considère que le train peut finir par accueillir beaucoup plus de personnes dans un espace plus restreint et que chaque voiture n’accueille le plus souvent qu’une seule personne, je pense qu’il serait préférable de développer les transports publics plutôt que les routes nationales, ne serait-ce que pour gagner de la place.

Les opposants au projet de votation craignent que l’extension des routes nationales n’entraîne non seulement la construction de précieux espaces verts, mais aussi une aggravation de la situation actuelle en matière de circulation. Selon le principe suivant : plus l’offre routière est importante, plus le volume de trafic est élevé. Cependant, ils ne rejettent pas non plus la voiture comme moyen de transport. Pour eux, la solution aux problèmes de circulation ne réside pas dans un choix entre la voiture et les transports publics, mais dans une combinaison intelligente de différents moyens de transport.

Combiner intelligemment les moyens de transport pour trouver une solution

En combinant intelligemment les moyens de transport, la mobilité commence dès la planification de l’itinéraire à la maison, sur le canapé. Les gens doivent réfléchir au moyen de transport le plus rapide, le plus efficace en énergie, le moins stressant et le plus écologique pour le trajet souhaité, par exemple. La voiture est-elle l’option la plus rapide et la plus économique pour se rendre dans les agglomérations ? Pour me rendre au travail, pourrais-je également utiliser un vélo électrique et faire en plus quelque chose pour ma santé ? Dois-je impérativement être au bureau à 8 heures et m’entasser dans un train bondé ?

En ce qui concerne justement les déplacements professionnels, il existe pour les employés de bureau de très nombreuses possibilités de désengorger le trafic routier et ferroviaire avec les horaires flexibles, la homeoffice, les espaces de co-working et les vidéoconférences. Il ne faut donc pas hésiter à discuter avec son employeur des trajets domicile-travail. Avec la prise de conscience écologique croissante de la population, les entreprises font meilleure figure auprès des employés si elles misent également sur une gestion durable dans le domaine de la mobilité.
La mobilité combinée permet donc de réduire le trafic individuel sur les longues et les courtes distances. En même temps, elle offre des solutions flexibles pour ce que l’on appelle le « dernier kilomètre ». « Dernier kilomètre » signifie que les gens utilisent le train pour les longues distances avant de passer aux transports locaux ou aux vélos. Pour cela, il existe déjà de nombreuses offres de partage et de location directement dans les gares.

Viser des solutions de mobilité à plus long terme

Dans le débat sur l’extension des routes nationales, il ne faut pas seulement considérer les avantages à court terme. Il s’agit également de savoir comment la mobilité du futur peut être organisée de manière durable. La votation devrait inciter l’ensemble de la population à réfléchir de manière critique à son propre comportement en matière de mobilité. La mobilité durable ne s’oppose pas à l’utilisation des voitures et des routes. Mais elle s’engage explicitement pour des solutions de mobilité qui sont bien pensées à long terme, économiques, écologiques, peu encombrantes et socialement orientées. Pour ces raisons, une mobilité durable et intelligemment combinée est bien plus en accord avec les valeurs chrétiennes que l’extension prévue des routes nationales.


Photo: AI (Dall-E)

 

 

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L’argument principal de l’initiative sur la biodiversité, sur laquelle le peuple suisse votera le 22 septembre 2024, traite de la diversité des espèces et des habitats en tant que base de la vie humaine. Cette phrase semble d’abord un peu exagérée. Pourtant, dans les premiers versets de la Bible, nous trouvons une histoire qui confirme cette affirmation.

Dans le récit de la création, en Genèse 1, 1-31, nous lisons comment Dieu a jeté jour après jour les bases de la vie humaine. Il a d’abord créé la lumière. Ensuite, il a séparé l’eau de la terre.Ensuite, il a planté la terre et formé les astres dans le ciel.Ensuite, les oiseaux, les poissons et les animaux terrestres ont donné vie à la terre encore jeune.
Lorsque l’homme est arrivé au sommet de la création, il a trouvé un habitat parfait. La nourriture et l’eau potable ne manquaient pas. Le sol était fertile et l’air était pur. Une incroyable diversité d’animaux et de plantes y pullulait. Pour les protecteurs de la nature d’aujourd’hui, cet état serait probablement l’idéal absolu.

Dépendance à l’égard de la nature
Bien entendu, il n’est pas possible de revenir à cet état de jardin d’Eden de la Création et l’initiative pour la biodiversité ne parle pas non plus d’un idéal à atteindre absolument. L’initiative et l’histoire de la création nous rappellent toutefois que l’homme dépend directement de la nature et de son état.
Plus les habitats dans lesquels l’homme évolue sont riches en espèces, plus il est facile de se nourrir, par exemple.Au fil des millénaires, l’homme a développé des pratiques culturelles qui facilitent la culture et la reproduction des plantes ainsi que l’élevage des animaux.L’ensemble de l’agriculture, de l’apiculture, de la pêche et de la sylviculture repose sur ces connaissances dites technologiques et écologiques ou bioculturelles, qui se transmettent de génération en génération.
La perte de biodiversité entraîne donc également la perte d’un savoir ancestral sur la collaboration avec la nature. Or, nous avons impérativement besoin de ce savoir, par exemple pour développer de bonnes stratégies d’adaptation au changement climatique.

La mission de Dieu méprisée

« Et Dieu les bénit et leur dit : Soyez féconds, multipliez et remplissez la terre, et soumettez-la à ⟨vous⟩ ; et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel et sur tous les animaux qui se meuvent sur la terre ! » (EBF, Genèse 1, 28).

L’homme a donc reçu l’ordre sans équivoque d’assujettir la terre et de dominer les plantes et les animaux.
Or, un bon souverain se soucie de ses sujets et ne les exploite pas à des fins égoïstes.Grâce à sa topographie, la Suisse compte 160 types d’habitats et 56 009 espèces indigènes.Malheureusement, le pays alpin n’accorde pas assez de valeur à cette richesse en espèces et en habitats.
Selon l’Office fédéral de l’environnement, sur 10 844 espèces indigènes dont la menace a été évaluée, 35% sont menacées ou déjà éteintes. Sur les 160 types d’habitats, 48 pour cent sont menacés et les autres sont protégés. La Suisse est donc en queue de peloton en termes de zones protégées par rapport à nos pays voisins et présente une menace nettement plus élevée pour les espèces animales et végétales. La perte de biodiversité en Suisse montre que la population ne répond pas à l’ordre de Dieu de gouverner avec soin.

Devenir des souverains soigneux
En acceptant l’initiative sur la biodiversité le 22 septembre 2024, la population suisse redonnerait à la biodiversité la valeur qui lui est due depuis la nuit des temps. En effet, chaque être vivant possède une valeur inhérente qui doit être respectée. En votant OUI dans les urnes, le peuple protégerait sa base de vie, préserverait le savoir bioculturel et assumerait enfin son rôle de maître attentif de la création.
En tant que chrétiens, nous avons en outre la responsabilité de rappeler constamment cette mission à nos semblables.
L’initiative est un encouragement pour tous à mettre en œuvre au quotidien des mesures concrètes pour la protection de la biodiversité et à adopter un mode de vie plus durable afin de préserver la Terre dans sa diversité et sa richesse pour les générations futures.


Sources
Arguments, fiche d’information sur la biodiversité : www.initiative-biodiversite.ch (état au 18 août 2024)
Questions et réponses : www.initiative-biodiversite.ch (état au 18 août 2024)
Prise de position sur l’initiative biodiversité

Photo: Knut Burmeister

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Le 9 juin 2024, deux référendums décisifs sur les coûts de la santé seront organisés. Les questions suivantes se posent : comment freiner la hausse des coûts de la santé ? Quelle part des coûts de la santé doit être mise à la charge des individus, en particulier des familles les plus pauvres ?

Le Forum ChristNet du 9 mars 2024 a montré que les causes de l’augmentation des coûts de la santé (et donc des primes d’assurance maladie) sont très diverses : Du vieillissement de la société aux intérêts de profit de nombreux acteurs, en passant par des exigences plus élevées et une alimentation moins saine, de nombreux aspects y contribuent et pourraient (en partie) être modifiés. L’initiative de frein aux coûts du centre s’insurge à juste titre contre l’activité insuffisante de la politique pour endiguer les coûts. Elle propose qu’à partir d’une augmentation des coûts de la santé de plus de 20 % de la croissance des salaires, la Confédération – donc le Parlement – soit obligée de réduire les coûts en conséquence. Elle énumère à cet effet de nombreux exemples sur la manière dont, selon un rapport de la Confédération, les coûts pourraient être réduits jusqu’à 20 %.

L’initiative sur la maîtrise des coûts : vu les rapports de force actuels, elle ne touche pas les bonnes personnes

Seulement voilà : ce même Parlement, au sein duquel le centre fait généralement pencher la balance et donc la majorité, rejette régulièrement les projets visant à réduire les coûts. En particulier, les prix des médicaments et des génériques mentionnés par l’initiative n’ont guère été touchés par le centre jusqu’à présent, car son programme de parti est très favorable à l’économie. Il est donc difficile de croire que le Parlement réduira effectivement les coûts précisément dans les domaines cités par l’initiative. Compte tenu des rapports de force actuels au sein du Parlement, il faut s’attendre à ce que des économies soient réalisées dans d’autres domaines : La pression sur les coûts des prestations signifie généralement une pression sur les employés du système de santé, en particulier sur le personnel soignant, qui est déjà soumis à une pression extrême. Il va de soi que l’initiative pose également des exigences en matière d’augmentation de la quote-part et de réduction du catalogue de prestations. Ces deux mesures touchent surtout les personnes les moins fortunées et celles qui ont des problèmes de santé. Aujourd’hui déjà, la Suisse est classée 9e sur 38 parmi les pays de l’OCDE en ce qui concerne le paiement des frais de santé (en %) de sa propre poche.

Sans un changement de perspective du Parlement, qui passerait de la volonté de ménager les acteurs économiques aux besoins des personnes défavorisées, l’approche de l’initiative représente un grand danger pour les personnes sous pression financière et sanitaire. En effet, les économies qu’elles pourraient réaliser dans le cadre du système actuel de primes par tête compenseront à peine les inconvénients qu’elles subiront.

L’initiative des 10 % est nécessaire

Les économies sont encore loin d’être réalisées et permettront tout au plus de freiner la hausse des primes, mais certainement pas de les faire baisser à long terme. Il est donc également urgent de plafonner les primes par famille à 10 % du revenu, comme le fait déjà avec succès le canton de Vaud. Car les familles les plus touchées ne peuvent pas attendre que la croissance des primes ralentisse un jour. Elles sont déjà fortement sous pression aujourd’hui. Selon la dernière étude de l’UNICEF, la proportion d’enfants vivant dans la pauvreté était déjà de 18 % en Suisse en 2021 et elle est en augmentation, alors qu’elle est de 10 % dans les pays nordiques et en baisse dans la plupart des pays. Selon le dernier baromètre de la famille, la part des familles qui ont très peu de moyens financiers a encore augmenté de 2023 à 2024 en raison du renchérissement général (dans lequel les primes d’assurance maladie ne sont même pas incluses). Il est donc urgent d’agir, et ce de manière ciblée en faveur des familles pauvres. Le système actuel de subsides pour les primes est loin d’être suffisant, au contraire : le montant alloué à chaque bénéficiaire a été réduit dans 17 des 26 cantons au cours des 10 dernières années.

« Ne résout pas le problème » est un argument absurde

Oui, l’initiative des 10 % ne résout pas le problème de l’augmentation des coûts de la santé, mais elle en résout les conséquences problématiques et les besoins les plus importants. C’est de cela qu’il s’agit !

Dans le débat complexe sur le système de santé suisse, nous devons nous éloigner de la pensée illogique « ou bien, ou bien » : aucune mesure ne résout tous les problèmes. Nous devons agir à plusieurs niveaux. Et en tant que chrétiennes et chrétiens, nous devons nous concentrer sur les personnes qui sont le plus sous pression financière. Il s’agit d’analyser ce qui les aide le mieux. Cela signifie concrètement aujourd’hui :

  1. Plafonner les primes à 10 % du revenu en acceptant l’initiative des 10 %.
  2. Réduire les coûts là où il y a vraiment de l’argent à verser et où les personnes défavorisées sur le plan de la santé ou du matériel ne sont pas mises encore plus sous pression -> cela signifie par exemple avoir le courage de réduire les intérêts lucratifs (industrie pharmaceutique, hôpitaux privés, etc. dont les représentants des intérêts sont actuellement très présents au Parlement).
  3. De nouveaux concepts pour réduire les coûts et pour des modèles de soins plus simples, comme par exemple Buurtzorg.
  4. Investir davantage dans la prévention, domaine dans lequel la Suisse est massivement à la traîne et où la promotion du tabagisme par la publicité est même encore autorisée, et dans le sport de masse.

photo Phil Scroggs , Unsplash

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Lors de la conférence StopPauvreté du 6 avril 2024, l’étude Justice et Durabilité, qui a examiné les attitudes des chrétiens face à la justice sociale et à la durabilité, a été présentée. Six personnalités de l’Eglise et de la politique ont commenté l’étude. Parmi elles, Steve Tanner, auteur de ChristNet et président de A-Rocha.

Avez-vous déjà vécu votre électro-choc pour le climat ? Ce moment où vous avez réalisé que c’était du sérieux et que vous deviez vous engager et changer vos habitudes ? Que la qualité de vie de nos enfants en dépendait ? Que Dieu lui-même vous appelait à changer ?
J’ai vécu un tel moment le 2 juin 2007, lors d’une conférence sur le climat organisé par l’Alliance Évangélique Suisse, durant laquelle un Professeur de climatologie a fait un exposé magistral sur la science du climat, et un théologien a apporté les bases bibliques pour agir. Cela m’a impacté.

En 2007, tout était déjà clair :

  • Les causes du réchauffement : le CO2 d’origine humaine.
  • Les graves conséquences sur les écosystèmes et les humains.
  • La compréhension de l’appel de Dieu de prendre soin du climat.

Depuis, le monde s’est mis à agir, les chrétiens ont pris ce thème au sérieux. Mais nous n’allons pas assez vite pour sortir des énergies fossiles, parce que nous ne voulons pas renoncer à nos privilèges, et nous avons peur du changement.

Mon objectif ici est de répondre à 3 questions : en tant que chrétiens et église :

  1. Où en sommes-nous dans notre action pour le climat ?
  2. Quels obstacles nous empêchent-ils d’avancer ?
  3. Quels sont les éléments motivateurs pour nous engager davantage ?

L’étude Justice-durabilité donne des informations intéressantes sur notre action pour le climat. Elle a tout d’abord montré que c’est une préoccupation moyenne pour les chrétiens. Quelle signification en donner ? Que le problème n’est pas si grave ? Ou en bonne voie d’être résolu ?

Au niveau des objectifs durables prioritaires, on remarque des différences entre chrétiens pratiquant qui placent le climat au 3ème rang, et très pratiquants, qui le placent au 5ème rang.

Il semble que plus on est pratiquant, moins on fait du climat une priorité. Nous devons chercher à comprendre pourquoi.

L’étude a montré que certaines postures théologiques pourraient freiner l’action climatique.

La première est la suivante : «L’idée de la recréation du monde a un effet négatif sur le comportement durable des personnes interrogées».

L’Evangile, par exemple Luc 15 :11, qui traite de l’argent, nous rappelle que Dieu s’intéresse à notre manière de gérer les choses terrestres, même si ces dernières sont vouées à disparaître. Si nous sommes incapables de prendre soin de cette Terre, le Seigneur va-t-il nous confier sa nouvelle création ?

Un autre résultat théologique de l’étude est intéressant :

«Les chrétiens qui croient en un Dieu qui contrôle les événements dans le monde ont un comportement moins durable et sont moins préoccupés par le changement climatique».

Dieu est tout puissant, mais pourtant il nous commande d’agir en son nom, comme Matthieu 28 :18 le rappelle. Se cacher derrière la toute-puissance de Dieu pour ne pas agir n’est donc pas faire preuve de piété, mais de … désobéissance.

Cela montre l’importance d’une théologie «du soin à la création» prêchée dans nos églises. Si 65 % des protestants ont déjà entendu une prédication sur le thème de la durabilité, seulement 45 % des évangéliques l’ont eu, nous rapporte l’étude.

J’aimerais poursuivre par trois principes que chacun peut adopter pour agir pour le climat.
Une première étape est de faire notre bilan carbone pour identifier les gros contributeurs de CO2 dans nos vies. Cela nous permet de mettre les efforts aux bons endroits.
Deuxièmement, changer d’habitude est autant important que changer de technologie. Passer à la voiture électrique c’est bien, mais il faut aussi moins l’utiliser et choisir une voiture plus petite.
Finalement, nous devons soutenir les actions collectives tout autant que les individuelles, les deux sont nécessaires. Ce n’est pas un acquis dans les milieux évangéliques souvent défenseurs des liberté individuelle au détriment des actions collectives.

Depuis 2007, notre famille a entrepris un processus de réduction d’émissions de CO2.

  • Habitat : remplacé le chauffage au mazout par le solaire et le bois, et isolé la maison.
  • Mobilité : transports publics, forte réduction des vols en avion, voiture électrique.
  • Nourriture : réduction de viande, consommation locale et de saison.

Notre CO2 familial a fortement diminué, passant à moins de 4 tonnes par personne (moyenne suisse 10 tonnes), sans réduire la qualité de vie ni augmenter nos charges. C’est donc possible de réduire nos émissions. La crise climatique est plus facile à résoudre que d’autres problèmes humains comme les guerres ou la corruption. Les efforts nécessaires sont raisonnables, mais l’impact positif sur notre avenir est énorme.

Pour conclure, comme chrétiens nous avons trois puissants moteurs qui nous aident à avancer :

L’amour → il se manifeste par des actes. Jésus dit : tu aimeras ton prochain comme toi-même.
L’obéissance → la responsabilité pousse à agir. Agir n’est pas douter de la puissance de Dieu, mais faire notre part fidèlement, en ayant foi qu’il fera la sienne.
L’espérance → avoir foi en l’avenir mène à l’action. Vivre avec espérance nous fait entrer dans le changement. Il n’y a plus de sacrifices, mais des nouvelles possibilités.

Dans un monde souvent sans espoir, agir pour le climat est pour nous chrétiens une opportunité de montrer quel Dieu nous fait vivre : un Dieu d’espérance et d’amour. Alors : faisons-le !

Vers le streaming du commentaire de Steve Tanner

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La foi fait-elle une différence ? Oui, les chrétiennes et les chrétiens qui peuvent établir un lien entre la théologie, la spiritualité et la justice ainsi que la durabilité ont un comportement plus durable.