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Une large palette d’organisations s’est réunie pour former la coalition « Christ:innen für Klimaschutz » et soutenir la loi sur la protection du climat (contre-projet indirect à l’initiative sur les glaciers), qui sera soumise au vote le 18 juin 2023. ChristNet a également rejoint la coalition.

Les « Chrétiens pour la protection du climat » sont convaincus que chacun peut contribuer à la protection de la Création – par des actions ou des omissions conscientes. La loi sur la protection du climat fournit à cet effet un cadre légal contraignant et aide la Suisse à mettre en œuvre les objectifs de l’accord de Paris sur le climat. La coalition voit dans la loi sur la protection du climat une voie socialement acceptable vers une plus grande protection du climat, qui renforce également l’économie nationale.

La création est en danger. La crise climatique causée par l’homme est scientifiquement prouvée sans équivoque par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et se manifeste par des vagues de chaleur, des incendies de forêt, la fonte des glaciers, des sécheresses, des inondations, l’élévation du niveau de la mer et d’autres phénomènes météorologiques extrêmes. Les moyens de subsistance de millions de personnes sont ainsi menacés. La population reconnaît les faits scientifiques et souhaite un changement rapide de la politique climatique.
Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) est le plus grand organe scientifique de recherche sur le climat. Sur son mandat, des experts du monde entier rassemblent en permanence l’état actuel des connaissances sur le changement climatique et l’évaluent d’un point de vue scientifique. Le rapport spécial du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) d’octobre 2018 a montré : Avec un réchauffement global de 2 degrés, les conséquences négatives sont déjà bien plus graves qu’avec un réchauffement de 1,5 degré (le réchauffement actuel est de 1 degré). Or, à l’heure actuelle, la plupart des États – dont la Suisse – s’orientent vers un réchauffement de 3,4 degrés ou plus.

Cause de la faim et des conflits sociaux
De nombreux changements dus au réchauffement climatique sont d’ores et déjà irréversibles pour des siècles, voire des millénaires. La crise climatique est aiguë, c’est une catastrophe naturelle et humaine d’une ampleur inconnue dans l’histoire de l’humanité jusqu’à présent. La faim et les conflits sociaux augmentent en raison des phénomènes météorologiques extrêmes. Les pays industrialisés n’assument que partiellement leurs responsabilités et continuent de faire avancer le changement climatique.

La crise climatique et environnementale constitue un défi pour les Églises et les organisations chrétiennes, car elle soulève des questions fondamentales de justice, d’amour du prochain, de conception chrétienne de l’être humain et de concepts d’une vie bonne et réussie pour tous. Le monde et tout ce qui y existe est la création de Dieu. Dans une conception chrétienne, nous sommes des cocréatures. En tant que partie de la création et sujets moraux et éthiques, nous, les êtres humains, avons le devoir de traiter la nature et l’environnement avec respect et responsabilité. Toute prétention privilégiée sur le monde doit être rejetée par principe. La protection du climat est l’expression de cette responsabilité, et pour les chrétiens, elle fait partie d’une responsabilité globale envers la création. Il s’agit de protéger les bases de la vie pour tous les êtres vivants – aujourd’hui et à l’avenir. Nous avons trop longtemps vécu aux dépens de l’environnement et du climat.

Le Sud mondial porte le fardeau principal
La crise climatique est aussi une crise sociale. Causées par la surconsommation, les conséquences de ce problème environnemental nous concernent tous. Et pourtant, ce sont les personnes vivant dans la pauvreté, surtout celles du Sud, qui en portent le plus lourd tribut, sans pour autant être à l’origine du problème. Elles n’ont pas les moyens de s’adapter aux nouvelles réalités climatiques. Les conséquences sont la faim, les conflits et la pression migratoire.

Prendre ses responsabilités
Dans une perspective d’éthique sociale, chaque être humain a droit à un environnement propre et intact ainsi qu’à une vie dans la dignité. D’un point de vue chrétien, cette conception se fonde sur le fait que tous les êtres humains sont à l’image de Dieu, écrivent les « Chrétiens pour la protection du climat ». De plus, la crise climatique met en danger la survie de l’humanité et de la vie sur notre planète. C’est pourquoi, d’un point de vue socio-écologique, il est essentiel que nous assumions notre responsabilité dans la protection de l’équilibre écologique fragile et diversifié.
Les Eglises et les organisations chrétiennes sont appelées à agir de manière plus convaincante et engagée et à participer à la modification des conditions politiques. En ce sens, il est décisif que les organisations ecclésiastiques et chrétiennes s’expriment en matière de politique climatique.
En tant qu’organisations ecclésiastiques et chrétiennes, nous sommes appelés à nous engager résolument contre le réchauffement climatique, tant en paroles (confirmation de l’urgence et des mesures nécessaires) qu’en actes, soulignent les « Christ:innen für Klimaschutz ».
Un oui clair à la loi sur la protection du climat (contre-projet indirect à l’initiative sur les glaciers) constitue une telle action.

Une politique climatique responsable pour la Suisse En 2015, les Etats membres de l’ONU ont adopté l’accord de Paris sur le climat. Il s’agit maintenant de mettre en œuvre ce qui a été convenu dans les différents États : D’ici 2050, les émissions de gaz à effet de serre doivent être réduites à zéro au niveau mondial afin de limiter le réchauffement de la planète à 1,5 degré. D’ici là, l’ère des énergies fossiles doit également être terminée. C’est l’objectif de l’accord de Paris et c’est la revendication centrale de l’initiative Glacier.
La Suisse met en œuvre sa politique climatique dans la loi sur le CO2, qui régit les mesures à prendre pour atteindre les objectifs climatiques suisses. Après l’échec de la révision de la loi sur le CO2 (votation populaire pour le référendum en juin 2021), une nouvelle tentative doit être faite. Cette deuxième révision actuelle concerne une loi avec des mesures pour la période de 2025 à 2030. Jusqu’à présent, un objectif net zéro n’a été mentionné que dans la stratégie climatique à long terme de la Confédération – il n’y a pas encore eu de loi pour la mettre en œuvre.

La loi sur la protection du climat concrètement
La nouvelle loi sur la protection du climat exige que toutes les émissions nationales de gaz à effet de serre atteignent un niveau net zéro d’ici 2050. Les objectifs doivent être atteints par des réductions d’émissions dans le pays, dans la mesure où cela est techniquement possible et économiquement supportable. La transformation nécessaire est également une chance pour l’économie et la société.

La loi fédérale indique à la Suisse la voie à suivre pour se libérer de sa dépendance aux énergies fossiles. Elle vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre, à s’adapter aux conséquences du réchauffement climatique et à s’en protéger, ainsi qu’à orienter les flux financiers vers un développement à faibles émissions et résilient au changement climatique. La loi sur le changement climatique fixe en premier lieu des objectifs de réduction des émissions de CO2 et les étapes intermédiaires correspondantes. D’ici 2050, les émissions de gaz à effet de serre de la Suisse doivent atteindre un niveau net de zéro, et d’ici 2040, elles doivent être inférieures de 75% à celles de 1990. La manière dont les objectifs seront atteints (mesures) doit être définie dans le cadre de lois ultérieures.

Les mesures suivantes sont déjà définies dans le contre-projet :

  • Feuille de route « zéro net » pour les entreprises et promotion de l’innovation (200 millions par an sur une période de six ans).
  • Programme d’impulsion pour le remplacement des chauffages et l’efficacité énergétique (200 millions par an sur une période de dix ans).

L’initiative sur les glaciers a conduit le Parlement à élaborer un contre-projet indirect au niveau législatif. Celui-ci a été adopté lors de la session d’automne 2022. L’UDC a lancé un référendum contre ce contre-projet indirect.

Après l’échec de la votation sur la révision de la loi sur le CO2 en juin 2021, la loi sur la protection du climat est une étape décisive pour que la Suisse aille enfin de l’avant. Cette étape est nécessaire si la justice climatique et la préservation de la création nous tiennent à cœur.

Nous rejetons résolument le référendum lancé contre le contre-projet à l’initiative sur les glaciers, affirment les « Chrétiens:ennes pour la protection du climat ». Avec eux, ChristNet dit OUI à la loi sur la protection du climat.

L’article de fond des « Chrétiens pour la protection du climat » peut être consulté ici. Réductions et rédaction : Barbara Streit-Stettler


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Il y a un an, on parlait déjà de la menace d’une « pénurie d’électricité », et maintenant de la menace d’une « situation de pénurie ». Pourtant, même les pires scénarios ne prévoient que quelques heures de pénurie d’électricité. Est-ce si grave pour notre vie ? Où en sommes-nous ?

Intérêts politiques et financiers

On ne sait pas non plus quelle est la part de calcul politique derrière tout cela. On prétend qu’il n’y a plus assez d’énergie à cause du tournant énergétique. Certains cercles ont organisé un tir de barrage contre le « bouc émissaire » Sommaruga, qui ne pouvait apparemment plus se sauver qu’en démissionnant. Ces groupes d’intérêts ont ainsi atteint leur objectif et espèrent sans doute maintenant pouvoir modifier le département de l’environnement et de l’énergie avec Albert Rösti selon leurs propres désirs et intérêts. Parallèlement, cette « situation de pénurie » a permis d’instiller dans la population la peur du contre-projet à l’initiative sur les glaciers, dont le vote est imminent en raison d’un référendum. Le tournant énergétique, qui devrait être mis en œuvre de toute urgence, risque ainsi d’être retardé.

Il est toutefois inutile de se mettre la tête dans le sable : Le climat continue de se réchauffer impitoyablement. Un nouveau retard nous ferait perdre un temps précieux et nous exposerait à des dommages encore plus importants. Il est révélateur de voir avec quelle force une partie de la population et des représentants de certains secteurs économiques s’accrochent aux affirmations des derniers négationnistes du climat ou à d’autres excuses pour éviter l’amère réalité. Comment se fait-il que l’avertissement de dizaines de milliers de scientifiques ne soit pas pris en compte de ce côté ?

Quand en aurons-nous assez ?

Avec notre « prospérité » croissante, nous avons besoin de toujours plus d’énergie. Des appareils supplémentaires, des voitures toujours plus nombreuses et plus grandes, des voyages en avion plus fréquents, des habitations plus grandes que nous devons chauffer en sont la cause. Les statistiques montrent certes une stagnation de la consommation d’énergie en Suisse depuis 20 ans et une baisse de la consommation depuis 2010 (avec une chute pendant la pandémie), mais cela est dû en grande partie à la désindustrialisation : Nous provoquons ainsi simplement une augmentation de la consommation d’énergie dans d’autres pays (Europe de l’Est, Chine, Inde) et importons toujours plus d’énergie grise.
Avons-nous vraiment besoin de tout cela ? Une tablette de plus ? Un presse-agrumes électrique, parce que nous ne pouvons plus presser et tourner nous-mêmes les moitiés d’orange ? Ou de la brosse à dents électrique ? Ou encore plus de jouets pour enfants à piles ? Ou avons-nous vraiment besoin d’une voiture ? Pourquoi préférons-nous baisser les impôts plutôt que de développer les transports publics comme une véritable alternative ?

Étions-nous vraiment si mal lotis auparavant ? Est-ce que c’était mal de ne pas prendre l’avion pour partir en vacances ? Ou est-ce que le shopping à Londres nous a vraiment manqué ?

Pourquoi avons-nous besoin de tout cela ? Et surtout : quand est-ce que ça suffit ? De combien d’énergie supplémentaire avons-nous réellement besoin ?

Notre chère liberté est-elle en danger ?

Il est difficile de renoncer à l’infinité de nos possibilités ou de ne pouvoir en réaliser qu’une partie. Face aux propositions de se restreindre pour ne pas compromettre l’avenir, nous voyons très vite notre liberté en danger. Ou alors, nous craignons pour les facilités techniques de notre quotidien en période de stress. Concernant ce dernier point, il faut également se demander pourquoi nous avons créé une économie et une société qui génèrent autant de stress. Peut-être devrions-nous nous attaquer aux causes de notre consommation. Car notre mode de vie, qui consomme toujours plus de ressources et émet toujours plus de CO2, a de graves conséquences. Les prédictions de la science se sont malheureusement toutes réalisées jusqu’à présent ou étaient même encore trop optimistes.

Les conséquences du réchauffement climatique ne sont pas encore vraiment perceptibles pour nous, ici en Suisse. C’est pourquoi nous avons du mal à nous mobiliser pour réagir, bien que dans les baromètres de l’anxiété de gfs.bern, établis chaque année jusqu’en 2015, le réchauffement climatique apparaissait régulièrement comme l’une des plus grandes craintes. Ce qui est encore irréel pour nous est pourtant inéluctable et a bêtement un temps d’avance de plusieurs décennies. Nos enfants devront faire les frais d’énormes problèmes si nous ne réagissons pas maintenant. Mais le renoncement est si difficile.

Nous préférons insister sur la liberté de pouvoir continuer à détruire la vie de nos proches et la création de Dieu. Mais cette liberté n’est pas acceptable, il n’y a pas de droit au vandalisme (de la nature) et à la mise à mort d’êtres humains (par des sécheresses et des inondations). Serions-nous d’accord pour que ces délits soient supprimés du code pénal et autorisés ? Ce n’est pas parce que notre responsabilité personnelle ne peut pas être attribuée aussi directement aux conséquences que nous n’en sommes pas responsables. Nous avons tous une part de responsabilité à plusieurs niveaux. Pointer du doigt ceux qui détruisent encore plus que nous n’est pas valable.

La modération est indispensable.

Nous ne manquons donc pas d’énergie, mais nous en consommons trop. Il n’y a pas d’autre solution que de réduire nos exigences et notre consommation, car avec des centrales nucléaires risquées et coûteuses, nous nous exposons tout simplement à de nouveaux problèmes. Les éoliennes et les barrages ont également leurs limites. Ce n’est pas pour rien que la société à 2000 watts a été prônée dès le début des années 1990 : Nous ne pouvons pas éviter de limiter la consommation d’énergie par personne dans le monde à 2000 watts. Est-ce si grave ? La vie n’a-t-elle pas tellement plus à offrir ? Sommes-nous encore tellement prisonniers du matérialisme ? Ce défi de mener une vie épanouie avec moins de biens et de consommation n’est-il pas justement une belle invitation pour nous, chrétiens ? Ne devrait-ce pas être une distinction pour les chrétiens que d’être moins soumis à la société de consommation ?

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A première vue, la boussole, la poudre à canon et le chemin de fer n’ont pas grand-chose en commun. Un deuxième regard le montre : Toutes ces inventions et découvertes ont eu un impact décisif sur notre histoire européenne. Elles ont marqué le début d’une nouvelle étape couronnée de succès. Du moins pour une partie de l’humanité. Mais en chemin, nous avons perdu quelque chose : l’étalon d’une mobilité saine.

La mobilité n’est pas une invention de l’époque moderne. Ainsi, l’Empire romain permettait une mobilité inédite à l’intérieur de ses frontières grâce à ses routes fortifiées. Les forces armées romaines pouvaient partir de Rome et atteindre Jérusalem en suivant la côte en 22 jours environ1 . Elles parcouraient ainsi plus de 3400 km. On peut aussi penser à ce que l’on a appelé plus tard la migration des peuples germaniques entre le 2e et le 6e siècle. Des fédérations entières de peuples se sont alors déplacées pendant plusieurs siècles : Ils ont été déplacés ou ont été contraints de prendre la fuite.

Il est frappant de constater que les exemples bibliques de mobilité ont généralement une connotation positive. Abraham a été invité à se mettre en route « vers le pays que je te montrerai ». Le peuple d’Israël s’est mis en route vers la terre promise. L’ordre de mission du Nouveau Testament est lié à l’invitation à y aller. Enfin, le ciel est souvent compris comme un lieu lointain dans l’au-delà où l’on se rend2 .

Bref, être mobile n’est pas une invention de notre époque. Toutefois, les possibilités de le faire sont aujourd’hui devenues presque illimitées. C’est pourquoi la question de savoir comment nous gérons ces possibilités illimitées de mobilité se pose avec plus d’acuité que jamais. La réponse dépend de l’échelle à laquelle nous nous plaçons. C’est pourquoi je ne souhaite pas remettre en question la mobilité en tant que telle, mais plutôt la ligne directrice avec laquelle nous l’évaluons. Pour cela, un regard sur l’histoire nous aide.

Boussole, poudre à canon et nouvelle vision du monde

La boussole utilisée par les marins a marqué le début d’une nouvelle ère technique : elle est le symbole du passage de la fin du Moyen Âge aux temps modernes. Les navires naviguant sur les mers pouvaient désormais atteindre leur destination lointaine malgré les tempêtes. C’est à cette époque qu’a eu lieu la grande découverte d’un monde que nous n’avions pas encore exploré : Christophe Colomb voulait aller aux Indes et a rencontré l’Amérique, Vasco de Gama a trouvé la voie maritime vers les Indes quelques années plus tard. Ces nouvelles possibilités de mobilité ont permis aux uns de faire de gros butins, tandis que les autochtones étaient exploités sans pouvoir revendiquer leur continent.

La poudre à canon, autre grande découverte de l’époque, a permis de créer des armes plus efficaces. Avec l’imprimerie et la lunette astronomique, elle fait partie des grandes découvertes du 15e siècle3.  La poudre à canon a changé la position de la chevalerie médiévale et a marqué le début d’une transformation sociale, tandis que l’imprimerie et surtout la lunette astronomique ont marqué un tournant dans la vision du monde de l’époque.

Mais l’impact du nouveau paradigme philosophique depuis le 14e siècle, qui a rendu les sciences naturelles possibles par la suite, a probablement été encore plus fort que ces découvertes techniques du 15e siècle. Il est fort probable que ce nouveau mode de pensée ait ouvert la voie aux grandes découvertes qui ont été associées plus tard aux noms de Nicolas Copernic (1473-1543), Johannes Kepler (1571-1630), Galileo Galilei (1594-1641), mais aussi à Isaac Newton (1643-1727) : Ils ont tous, à leur manière, scellé la percée de la vision scientifique du monde. A l’époque moderne, l’homme, ses possibilités techniques et les connaissances scientifiques étaient désormais au premier plan. Une vision du monde qui nous caractérise encore aujourd’hui4. .

Tout marche comme sur des roulettes !

Le principal moteur de l’industrialisation naissante était la machine à vapeur. On pouvait désormais gagner beaucoup d’argent dans l’industrie, d’abord en Angleterre à la fin du 18e siècle, puis dans d’autres pays européens au début du 19e siècle. Cela a changé toute la vie sociale. Des usines ont été construites et le travail manuel a été remplacé par des machines ; le chômage et la pauvreté ont évolué au même rythme que la croissance des villes. Dans le domaine de la mobilité, c’est surtout le chemin de fer qui a ouvert de nouvelles possibilités. Il était très important pour le transport du charbon et du fer, mais il nécessitait lui-même une grande quantité de fer pour sa fabrication. Grâce aux nouvelles possibilités de mobilité, les prix des marchandises ont pu être réduits, ce qui a stimulé la production.

Le chemin de fer a toutefois été développé en tenant compte de l’industrie et de ses possibilités de production. L’idée de loisirs, de vacances et de voyages à travers le monde était encore impensable à l’époque. Seuls quelques individus, comme Alexander von Humboldt, partaient à la découverte du monde et de ses nouvelles possibilités. L’homme du commun restait fidèle à sa terre. Ou bien il était désormais lié à l’usine du capitaliste au sommet, si toutefois il trouvait encore du travail et pouvait ainsi survivre sur place.

La mobilité s’est également développée sous le signe du nouveau paradigme scientifique : l’ancien monde devait être dépassé par le progrès. Parallèlement et malgré tout entremêlée, la liberté de l’individu est devenue de plus en plus centrale, du moins dans un premier temps au sein de l’élite des nouveaux riches. Aujourd’hui, nous le savons avec le recul : Le réchauffement climatique a fortement augmenté avec l’industrialisation. Parallèlement, les nouvelles possibilités techniques et l’autonomie de l’homme ont acquis une valeur quasi religieuse, y compris au sein de la population en général.

Trouver la bonne mesure

Est-ce condamnable ou non ? La réponse à cette question dépend de l’échelle avec laquelle nous mesurons. Quelle possibilité de mobilité est normale pour nous ? Le pôle opposé de l’état normal, qui est peut-être loin d’être bon, serait l’état anormal. Notre mobilité relève-t-elle donc davantage de la normalité ou de l’anormalité ?

Ce que nous pouvons dire : Comme toujours, le progrès est considéré comme un atout. Toutefois, ce ne sont plus aujourd’hui de nouveaux continents qu’il s’agit d’ouvrir, mais de nouvelles planètes5 . Pour que l’échelle habituelle de la mobilité puisse continuer à être maintenue sans conscience, la voiture à essence est peu à peu remplacée par la voiture électrique. Parallèlement, les ventes de voitures lourdes augmentent, comme si la création était une machine remplaçable6 . Bref, la mobilité est restée, elle est même devenue plus luxueuse, plus différenciée et a encore augmenté. Compte tenu de l’énorme destruction de la nature depuis l’industrialisation, la question se pose aujourd’hui de savoir s’il existe des solutions pour sortir de ce schéma. « Grâce » à l’industrie, des régions entières et des eaux sont devenues inutilisables, de nombreuses personnes ont perdu leur emploi7 .

Dans cette situation, les Églises proposent-elles des réponses alternatives ou donnent-elles simplement un vernis théologique à la problématique ? Reprennent-elles même la philosophie sous-jacente et bricolent-elles le paradigme de la croissance ecclésiale à partir du progrès humain ?

Les Eglises feraient bien de s’appuyer sur leur riche tradition biblique et ecclésiale et de se remettre en question, mais aussi de remettre en question la société. Il ne s’agit pas d’idéaliser le monde passé, mais de se demander comment – dans une perspective chrétienne – nous pouvons nous rapprocher de nous-mêmes, de notre prochain et, en fin de compte, de Dieu.

Pour ce faire, les Eglises ne doivent pas attendre les grands leviers de la politique. Elles doivent faire les pas qu’elles peuvent déjà faire, même s’ils semblent insignifiants. A titre d’exemple, l’Eco Church Network8 montre de nombreuses voies simples qu’une Eglise peut emprunter avec ses membres. Ainsi, la fiche D4 – Mobilité montre des étapes concrètes pour chercher de nouvelles voies dans le domaine de la mobilité – et ainsi peut-être retrouver la mesure perdue de la mobilité.


1. cf. Orbis, The Standford Geospatial Network Model of the Roman World, mai 2022 (en ligne)

2. Genèse 12,1 ; Exode 1-15, Matthieu 28,19

3. Störig, Die kleine Weltgeschichte der Philosophie (2000), p. 318-322

4. Ruffing, Introduction à l’histoire de la philosophie (2007), p. 119

5. cf. t3n, Mission sur Mars : Elon Musk met en garde contre un « Armageddon nucléaire », mai 2022 (en ligne)

6. cf. UPSA, Les SUV dominent l’offre, mai 2022 (en ligne)

7. Ruth Valerio cite différents aspects de la destruction de la création, qui touchent souvent l’homme.  Les mers partiellement vidées de leurs poissons, qui empêchent les pêcheurs locaux de gagner leur vie, en sont un exemple.

8. https://ecochurch.ch

Bibliographie

UPSA, Les SUV dominent l’offre : https://t3n.de/news/mars-mission-elon-musk-warnt-1429807, consulté le 20 mai 2022

Orbis, The Standford Geospatial Network Model of the Roman World, en ligne sur https://orbis.stanford.edu, consulté le 22 mai 2022

Ruffing, Reiner : Introduction à l’histoire de la philosophie, Paderborn, 2007

Störig, Hans Joachim : Kleine Weltgeschichte der Philosophie, Stuttgart, 2000

t3n, Mars-Mission : Elon Musk met en garde contre un « Armageddon nucléaire », en ligne sur https://t3n.de/news/mars-mission-elon-musk-warnt-1429807, consulté le 20 mai 2022

Valerio, Ruth : Saying Yes to Life, Londres, 2020

Cet article a été publié pour la première fois le 01 juin 2022 sur INSIST.

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Suite à la guerre en Ukraine, nous avons tous pris conscience que la sécurité de l’approvisionnement en énergie était soudain remise en question. Les coûts ont grimpé en flèche, la structure habituelle des prix s’est dissoute. Face à la menace d’une pénurie d’énergie, la politique fédérale s’engage à un rythme effréné pour la promotion des énergies renouvelables et prend en très peu de temps les décisions nécessaires à cet effet. Il s’agit toutefois d’un retard accumulé au cours des trois dernières décennies. Ou y a-t-il un calcul derrière tout cela ? Sous la pression, des décisions radicales peuvent soudainement être prises, sans tenir compte des conditions cadres désagréables et restrictives de la durabilité ou de la protection de la nature ?

 

Dans le débat public, l’importance omniprésente de l’énergie dans notre vie quotidienne est perçue comme jamais auparavant : Finalement, ce ne sont pas seulement l’électricité et la chaleur qui deviennent plus chères, mais aussi les aliments, les appareils et les machines. Il y a partout beaucoup d’énergie auxiliaire. Il est utile que nous en prenions conscience une fois de plus. Sans pression, il est évident que rien ne change. Cela vaut également pour notre attitude selon laquelle seul le moins cher est assez bon.

Des prix de l’énergie trompeurs

Il faut le dire clairement ici : Les prix avantageux de l’énergie auxquels nous étions attachés jusqu’à présent n’étaient pas adaptés à la réalité. Poussés par les prix bas, les fournisseurs d’énergie n’avaient jusqu’à présent que peu de marge de manœuvre pour investir ou même innover. La production d’énergie décentralisée doit par exemple être raccordée au réseau de distribution plus important. Ce défi n’est que partiellement relevé. Du côté des consommateurs, le gaspillage et l’inefficacité n’avaient jusqu’à présent pas d’impact économique – il n’y avait pas d’incitation à une utilisation économe de l’énergie.

Dans certains domaines, les coûts totaux de la production d’énergie sont loin d’être couverts. Ainsi, les coûts dits externes, c’est-à-dire les coûts consécutifs pour la santé et l’environnement qui résultent de l’utilisation actuelle de l’énergie et qui ne cessent d’augmenter, ne sont pris en compte que dans une très faible mesure. Ces conséquences devraient être compensées par le prix de l’énergie. Les débats à venir sur la durabilité, la protection du climat et de l’environnement montreront l’ampleur des besoins financiers nécessaires pour éviter et réparer les dommages.

L’approvisionnement de base ne supporte pas la spéculation

L’énergie – c’est désormais clair – constitue une part importante de notre approvisionnement de base quotidien. Les discussions montrent sans ambiguïté qu’en cas de pénurie, chaque nation regarde d’abord pour elle-même. Et qu’il ne faut pas compter sur les accords internationaux.

Les biens ou les services de base ne sont pas des biens commerciaux normaux que l’on peut avoir ou ne pas avoir. Les débats internationaux actuels montrent clairement que même avec un grand pouvoir d’achat, l’approvisionnement en énergie n’est pas garanti. Il faut donc en conclure que le système actuel des bourses internationales de l’électricité doit être considéré comme un échec. L’approvisionnement de base n’est pas compatible, à mon avis, avec un commerce motivé par la spéculation.

De nombreux acteurs de la bourse de l’électricité n’ont rien à voir, dans leur activité commerciale, avec la production ou la distribution réelle d’énergie. Ils font des opérations à terme. En d’autres termes, ils spéculent, comme ils le font avec n’importe quelle autre matière première. Le cas d’AXPO montre que les producteurs d’électricité se laissent eux aussi entraîner à accorder plus d’importance au négoce qu’à leur mission première, qui est d’approvisionner l’économie et la population en électricité. Ce comportement n’est plus dans l’intérêt public, mais sous le diktat de l’économie financière.

Cela n’a pas grand-chose à voir avec l’économie réelle. Il n’est tout de même pas possible qu’actuellement, un total de 1 500 milliards d’euros doivent être déposés rien qu’en tant que garanties commerciales pour de futurs contrats de fourniture d’énergie. Cela correspond à environ 8% de la performance économique européenne d’une année1. Et cela se fait sans que l’approvisionnement de base soit garanti dans le propre pays. Des corrections sont indispensables à cet égard.

Renforcer les relations entre producteurs et consommateurs

Faut-il revenir en arrière ? Non, mais il s’agit de couper court aux dérives identifiées ! Il est temps de revenir aux solides expériences de relations directes entre producteurs et consommateurs. Grâce à la technique et à la communication modernes, ces relations peuvent également répondre aux exigences actuelles. Certaines entreprises communales, comme Walenstadt SG, montrent comment cela fonctionne2.

L’exemple d’innombrables réseaux de chaleur au bois-énergie en Suisse montre que la relation directe entre le fournisseur d’énergie et l’économie forestière régionale en tant que fournisseur de combustible a très bien fonctionné et a permis d’obtenir des prix stables. Parallèlement, cette relation directe garantit que les ressources naturelles de la région sont utilisées de manière durable et ne sont pas exploitées3.

Il ne faut pas oublier que le potentiel de bois énergie est limité en Suisse. Il doit être soigneusement réparti. Le fait que tout le monde stocke soudain du bois de chauffage, comme il y a deux ans pour le papier hygiénique, ne mène à rien. Mais nous savons aussi, au moins depuis l’été dernier, que les possibilités d’exploitation de l’énergie hydraulique sont limitées.

Changer de mentalité : utiliser l’énergie en connaissance de cause

Le message sur les économies publié par le Conseil fédéral présente de nombreuses possibilités d’économies pour les particuliers, les entreprises et le public. Ces listes exhaustives sont utiles et peuvent être mises en œuvre immédiatement. Désormais, la règle n’est plus : je ne sais pas comment ni où. J’espère volontiers que le plus grand nombre possible de personnes se laisseront convaincre par ces messages.

Que ce soit pour nous, particuliers ou entreprises, la situation actuelle de pénurie et de coûts élevés nous oblige à adopter une nouvelle attitude dans notre rapport à l’énergie.

Des questions se posent, telles que :

Qu’est-ce qui est nécessaire pour couvrir les besoins de base, fournir les prestations requises et fabriquer les produits ?
En quoi souhaitons-nous un confort ciblé – plus que nécessaire – afin de rendre notre vie ou notre travail plus agréable et nos tâches plus simples ?
Dans quel but faut-il utiliser consciemment le luxe – l’énergie en abondance – et pourquoi ?
Le gaspillage est-il inconscient ou dû à une négligence qui peut être stoppée ?

Utiliser l’énergie avec parcimonie signifie préserver les ressources. Et c’est le premier commandement de la protection du climat et de l’environnement. En ce sens, le choc actuel en matière de prix et d’approvisionnement peut être salutaire et porteur d’avenir. Un tel changement de cap aura également un impact global, puisque plus de 80% de la population mondiale suit notre exemple.

1 fritz.fessler@gemeinwohl.coop

www.gemeinwohl.coop

2 www.walenstadt.ch

3 www.renercon.ch

(Image: Myriams-Fotos, Pixabay)

Cet article est initialement paru le 01 novembre 2022 sur https://www.insist-consulting.ch/forum-integriertes-christsein/22-11-4-energie-ein-heilsamer-schock-geht-um-die-welt.html

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Pendant les vagues de chaleur de cet été, le point de fusion de la glace est monté au-dessus de l’emblématique Mont Blanc (4’800 m). « Les chrétiens devraient prendre la tête des efforts pour réduire les émissions de CO2 afin de stopper ce dangereux réchauffement », déclare l’écologiste Steve Tanner dans une interview pour le portail web Evangelical Focus. En tant que représentant d’A Rocha Suisse, il fait également partie du groupe de travail sur le climat, l’énergie et l’environnement (AKU).

L’un des gros titres en Europe cet été a été la vitesse de fonte des grands glaciers dans les Alpes.

Lorsque les vagues de chaleur de juillet et d’août ont atteint l’Europe centrale, l’altitude à laquelle l’eau gèle a grimpé jusqu’à cinq mille mètres, c’est-à-dire plus haut que le Mont Blanc (4’808 m), le plus haut sommet de ce système montagneux situé au cœur du continent.

Une étude qui vient d’être publiée affirme que la moitié du volume des glaciers suisses a disparu entre 1931 et 2016. Le rythme ne s’est accéléré que ces dernières années.

Evangelical Focus a interrogé un expert en Suisse sur les conséquences de cette évolution pour l’écosystème alpin et ses réserves d’eau. Steve Tanner est le président d’A Rocha Suisse, une organisation de protection de la nature d’inspiration chrétienne.

Cet été, l’altitude à laquelle l’eau gèle a été mesurée à plus de 5 000 mètres, contre 3 000 à 3 500 mètres en temps normal en été. Pourquoi est-ce un problème ?

Cette grande altitude, où la température de l’air est proche de zéro degré, signifie que la neige ou la glace ont tendance à fondre en dessous de cette altitude. Dans les Alpes, où le plus haut sommet culmine à 4’800 mètres et où la plupart des glaciers se situent entre 2’600 et 4’000 mètres, une altitude de zéro degré supérieure à 5’000 mètres signifie que l’ensemble du volume de neige et de glace est exposé à la fonte pendant ces périodes de chaleur intense.

Si cette fonte ne peut pas être compensée par des précipitations en hiver, les glaciers disparaissent lentement. C’est une grande menace pour eux et pour l’ensemble de l’écosystème alpin.

Pourquoi les glaciers sont-ils importants pour la biosphère des Alpes ? Quel pourrait être l’impact de leur disparition sur d’autres éléments naturels ?

Les glaciers sont très importants parce qu’ils jouent le rôle de régulateurs de température et de fournisseurs d’eau pour l’environnement alpin et tous les écosystèmes irrigués par les rivières alpines. Leur fonte naturelle en été alimente les rivières et les lacs en eau douce. Sans elles, de nombreuses espèces alpines adaptées aux basses températures ne pourraient pas survivre.

Les poissons, comme les truites, survivent grâce à l’eau fraîche des glaciers. Cette fonte naturelle est également la principale source d’eau pour les rivières en été.

Si les glaciers disparaissent, les rivières diminueront fortement pendant les mois d’été et perdront une grande partie de leurs êtres vivants. Les lacs en souffriront également. N’oublions pas qu’en Europe, les plus grands fleuves comme le Rhône, le Rhin, le Danube et le Pô prennent leur source dans les Alpes.

Anomalie de la température de surface en Europe, 2022 par rapport à 1991-2020. Graphique : Copernicus, Union européenne.

Le changement climatique accélère-t-il la fonte des glaciers ?

En raison d’effets locaux, les Alpes sont plus vulnérables au réchauffement climatique global que la moyenne des régions. Alors que l’augmentation globale de la température causée par l’homme est en moyenne de 1 degré, elle est de 2 degrés dans les Alpes.

Comme la limite de la neige et de la glace s’élève de 100 m à chaque degré d’augmentation de la température, la limite des glaciers s’élève également. Depuis l’an 2000, les glaciers alpins ont perdu 17% de leur volume. Ce taux de fonte est entièrement imputable au réchauffement climatique.

Comment votre foi chrétienne et votre vision du monde influencent-elles votre attitude de protection de la nature ?

En créant notre monde, Dieu a établi des lois et des principes physiques et biologiques que nous pouvons découvrir par l’observation et la raison. L’élargissement de notre compréhension du fonctionnement de la Terre, et en particulier du climat, ne nous rend pas indépendants de Dieu. Au contraire, cela nous aide à mieux comprendre la mission qu’il nous a confiée de prendre soin de sa création.

Avant de connaître l’effet fondamental du CO2 sur le climat terrestre, un phénomène que Dieu a mis en œuvre dès le début, les hommes ne pouvaient pas comprendre son impact sur le climat. Maintenant que Dieu nous a fait savoir comment le CO2 régule la température de la Terre, nous pouvons comprendre que nos émissions excessives de CO2 réchauffent la Terre. Cela nous met face à nos responsabilités et nous demande, surtout si nous sommes chrétiens, de réduire fortement nos émissions de CO2 afin de stopper ce dangereux réchauffement. Notre foi en Dieu est donc au cœur de notre action pour le climat.

L’article est initialement paru sur https://sea-aku.ch/news/das-alpine-oekosystem-ist-bedroht-seit-2000-haben-die-gletscher-17-ihres-volumens-verloren/

L’article original en anglais est paru ici : https://evangelicalfocus.com/europe/18306/alpine-ecosystem-at-risk-since-2000-the-alpine-glaciers-have-lost-17-in-volume

Photo de couverture : Le glacier d’Aletsch, le plus grand glacier des Alpes suisses. Foto-falk, Wikimedia Commons, CC.

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À première vue, il semble que l’égoïsme de la population l’ait emporté sur la responsabilité envers les générations suivantes. Nous constatons également que l’industrie pétrolière, à l’aide d’une campagne géante, a produit suffisamment de craintes et de justifications pour le refus à changer de mode de vie, de sorte qu’il est devenu facile de rejeter la loi avec une « bonne conscience ».

Mais la mobilisation massive dans les zones rurales contre les initiatives en matière de pesticides et eau potable a également nui au projet de loi sur le CO2. Et de manière réaliste, il est généralement très difficile de faire payer ou de faire changer de mode de vie aux gens alors qu’ils ne se sentent pas encore personnellement concernés et qu’ils devraient penser 20 ans à l’avenir. Je suppose qu’un tel vote aurait donné un résultat similaire dans d’autres pays. L’inconvénient de la démocratie directe est qu’avec un budget suffisamment important, le populisme et la peur peuvent être alimentés.

Certains commentaires du vote dans les médias estiment que la vague verte a été stoppée. Et certains politiciens pensent que le résultat du vote est le signe que « les Verts » ne doivent plus être accommodés trop. Tout faux : le changement climatique n’a pas été arrêté, le climat se réchauffe chaque année, la gravité du problème va augmenter et les protestations vont continuer. La question restera sur la table, les jeunes y veilleront. La majorité des 18-40 ans a réellement voté en faveur de la loi sur le CO2, et les jeunes, les nouveaux électeurs des années à venir dans les agglomérations bouillonnent. Les mesures en faveur du climat gagnent donc chaque année en popularité auprès de l’électorat. Qui aurait cru, il y a 10 ans, que de telles mesures comme proposées avec la loi sur le CO2 auraient une chance dans les urnes ? C’est pourquoi nous ne devons pas abandonner maintenant, mais au contraire convaincre encore plus de personnes. Il se peut que les clivages deviennent encore plus profonds et qu’une lutte défensive contre le changement apparaisse à la droite de l’échiquier politique, comme aux États-Unis. Mais la tendance sociétale est clairement à une plus grande protection de l’environnement, même dans notre pays.
Alors, allons-y !

Photo by Marcin Jozwiak on Unsplash

 

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Il n’y a pratiquement plus de scientifiques sérieux qui en doutent : le climat se réchauffe de plus en plus. Il faut s’attendre à des changements climatiques massifs et à de gros dégâts. Cela entraînera la faim, des flux migratoires et de nombreux décès. Nous ne pouvons plus dire que nous ne savons pas. Matthieu 25 nous rappelle ce qui est important pour Dieu : faire le bien et laisser le mal. Et ne pas omettre de faire le bien dont nous savons qu’il est nécessaire.

Comment expliquer à nos enfants, dans 20 ans, pourquoi nous avons voté contre la loi sur le CO2? Nous croiront-ils si nous leur dirons que nous ne pouvions pas payer le surcoût ? Et s’ils réalisent que nous avons en fait transféré le coût sur eux, nos enfants ?
Pourtant, la loi est précisément conçue pour que ceux qui ne contribuent pas au réchauffement ne doivent rien payer. Nous avons donc le choix. Ou est-ce finalement parce que nous ne voulons tout simplement pas changer nos modes de vie néfastes ?
Les jeunes étaient solidaires des personnes âgées et vulnérables dans la crise de la Corona. Nous ne pouvons pas les oublier lorsqu’il s’agit de leur avenir !

Arguments

La Terre se réchauffe – l’augmentation de la concentration de CO2 en est le principal facteur

Il n’y a pratiquement plus de contre-arguments scientifiquement défendables. Aujourd’hui, même l’Agence internationale de l’énergie, qui a jusqu’à présent misé sur le pétrole, affirme qu’un revirement radical est nécessaire : abandon de nouveaux projets d’extraction pétrolière, des mais des investissements massifs dans les énergies alternatives.

Préserver la création de Dieu

Dieu a créé la terre et a fini par dire que c’était bon ! Que dirions-nous si nous créions une belle œuvre d’art et que quelqu’un d’autre la défigurait ou la détruisait ? Nous en serions attristés ! Que faisons-nous de la création de Dieu, la terre, une œuvre d’art fantastique ? Honorons-nous le Créateur lorsque nous piétinons son œuvre ?

Préserver les moyens de subsistance de nos voisins

Le plus haut commandement est l’amour de Dieu et l’amour du prochain. Mais le réchauffement climatique plonge des milliards de nos prochains dans une détresse extrême : lorsque des plaines fertiles de faible altitude sont inondées, que des catastrophes naturelles détruisent des pans entiers de terre et que des zones encore plus nombreuses deviennent des déserts, la vie n’y est plus possible. C’est pourquoi la protection du climat est la charité en action.

Les dégâts sont déjà importants, et ils seront énormes.

L’Agence fédérale de l’environnement allemande calcule déjà les dommages annuels pour la seule Europe à 20 milliards d’euros aujourd’hui. À l’avenir, il faut s’attendre à un déplacement des zones climatiques, à encore plus de sécheresses, de famines et donc à d’importants flux migratoires. Cela signifie que les coûts en Europe s’élèveront à plus de 100 milliards d’euros par an d’ici trente ans. Au niveau mondial, les dommages s’élèveront à plus d’un billion d’euros par an. Qui peut payer pour cela ?

La loi sur le CO2 est-elle trop coûteuse ? On ne peut pas se le permettre ?

Avec la loi sur le CO2, la famille moyenne paie en fait un peu plus de 100 francs de plus par an. Chacun peut calculer ses coûts nets ici : https://co2-rechner.jglp.ch . En fait, la loi ne sera coûteuse que pour les plus gros producteurs de CO2 (malheureusement, les opposants à la loi ne présentent ces coûts que comme des coûts normaux…).

Mais la plupart des gens peuvent réduire leur consommation de combustibles fossiles s’ils le souhaitent : Le voyage en avion n’est généralement pas obligatoire, il y a 30 ans la plupart des gens allaient en vacances sans avion. Et pour de nombreuses personnes, il serait raisonnable d’utiliser les transports publics ou au moins de se passer d’un SUV. Ainsi, la plupart d’entre nous ont même le choix de payer ou de consommer moins.

Compte tenu des dégâts considérables causés par le changement climatique, il est clair que nous devons être prêts à prévenir ces dégâts ou à en payer le prix.

Injuste ?

Le coût global du réchauffement de la planète se chiffrera en milliers de milliards. Toute personne qui produit du CO2 est en partie responsable et doit donc payer pour les dégâts. Qu’y a-t-il d’injuste là-dedans ? Existe-t-il un moyen plus équitable que de faire payer les pollueurs pour les dommages ?

Inefficace ? Mais quoi d’autre ?

Seules les interdictions sont plus efficaces que les taxes incitatives. Mais les milieux qui s’opposent à la loi sur le CO2 sont généralement très opposés aux interdictions. Les opposants soulignent également qu’il serait préférable de s’en remettre au progrès technique. Mais c’est ce que nous faisons déjà, et au rythme actuel, nous sommes loin d’atteindre les objectifs nécessaires. Et le progrès technique n’est pas le fruit du hasard, mais de la demande de produits plus efficaces sur le plan énergétique. Et cette demande supplémentaire sera obtenue en rendant les combustibles fossiles plus chers. Se contenter d’attendre revient à faire l’autruche.

Volontariat – pas suffisant et pas non plus juridiquement défendable

Jusqu’à présent, nous avons compté sur l’action volontaire. Les preuves que cela ne suffit pas ont été produites depuis longtemps : les émissions de CO2 ne diminuent guère, et une bonne partie de l’amélioration est due à la délocalisation de la production industrielle à l’étranger.

Si des vandales endommagent une voiture, nous trouverions acceptable que la police demande simplement au contrevenant de payer une partie des dommages, s’il le souhaite ? Ceci est contraire à toute compréhension de la loi. La réparation d’un dommage infligé ne doit pas être volontaire. Pourquoi certains devraient-ils payer ou diminuer la pollution, et d’autres pas ?

« Il ne sert à rien que la Suisse aille de l’avant seule »

Si, cela servirait : Chaque tonne de CO2 économisée est utile ! En dirait-on autant dans d’autres domaines personnels, par exemple le tri des déchets, le passage aux transports publics, la consommation d’eau, etc. Devrions-nous nous comporter de manière égoïste parce que la contribution de chaque individu est trop faible ? Non, nous partageons tous la responsabilité ; Dieu nous demande de faire ce qui est juste, et pas seulement quand les autres le font aussi !

De plus, les grands pays avancent plus vite que nous : Les États-Unis de Joe Biden sont désormais plus ambitieux que la Suisse, l’UE vise également la neutralité climatique en 2055, et des dizaines de pays ont déjà décidé d’interdire les moteurs à essence dans les 15 prochaines années.

Les intérêts financiers de l’industrie pétrolière comme principal moteur de la contre-campagne

Comme cela a été démontré dans le monde entier, l’industrie pétrolière est l’un des principaux acteurs du mouvement de déni du climat. Ainsi, elle finance également une grande partie de la contre-campagne en Suisse, visible sur www.klimagerecht.ch. Derrière elle se trouve Avenergy, l’association des importateurs de pétrole. Cependant, ces intérêts particuliers n’ont aucune légitimité pour influencer la population en leur faveur. Cela signifie que des dommages considérables sont causés au grand public. Il est donc bien que le vote sur l’initiative sur la transparence se dessine, car elle exige que le financement des partis et des campagnes de votation soit divulgué !

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Prendre un temps à part pour regarder la crise écologique et sociale dans laquelle nous entrons, écouter nos ressentis et émotions face à ces réalités dures, et les apporter devant Dieu. L’écouter, chercher son regard et sa parole sur ce que nous vivons, et accueillir la transformation qu’il désire susciter en nous et dans ce monde. C’est la démarche qui a été vécue par 200 participant-e-s regroupé-e-s dans une vingtaine de petits groupes. C’était « Détox’ la Terre », un jeûne œcuménique qui a eu lieu du 5 au 20 mars en Suisse romande.


« De fait, la création attend avec un ardent désir la révélation des fils de Dieu. » (Romains 8:19)

La crise écologique n’est plus seulement une projection sur le futur, mais on commence dès à présent à la sentir, et pour des personnes de plus en plus nombreuses, à la subir. Inondations, ouragans, méga-feux de forêts, sécheresses et vagues de chaleur deviennent de plus en plus fréquents. Ces événements provoquent des manques d’eau douce, mettent à mal des économies agricoles déjà vulnérables, et détruisent de nombreuses habitations. En conséquence, des millions de personnes risquent de devoir quitter leur lieu de vie. La biodiversité et les écosystèmes ne sont pas épargnés, au point qu’on parle aujourd’hui d’entrée dans une nouvelle extinction de masse des espèces, comme la Création n’en a pas connu depuis des millions d’années. Tout cela est dû à nos actions d’êtres humains et au fonctionnement de nos sociétés.

Le besoin d’un temps à part

Ces faits sont tellement lourds et ils touchent si profondément nos modes de vie, qu’il est vraiment difficile de les regarder en face sans être écrasé-e et se sentir impuissant-e. Malgré les alarmes de plus en plus nombreuses, nous préférons le plus souvent éviter d’attarder notre regards sur cette réalité violente et complexe. Pour cela nos vies quotidiennes sont pleines d’autres préoccupations importantes.

Quel espace nous reste-t-il pour considérer ce qui se déroule aujourd’hui? Prenons quelques secondes pour entreouvrir notre regard. Imaginons: devoir quitter son foyer avec sa famille pour chercher refuge ailleurs où on est pas sûr d’être accueilli.e : n’est-ce pas une situation dramatique ? Si nous ne changeons pas, il y aura des dizaines de millions de nouvelles personnes dans cette situation d’ici 2050. Une espèce animale ou végétale unique, créée par Dieu, disparaît sous l’action humaine : n’est-ce pas une blessure, une offense envers le Créateur de la vie? Des milliers d’espèces sont éteintes chaque année sous l’action humaine déjà actuellement ; plus de cent fois la normale, et ce nombre augmente encore. On peut encore penser à la forêt si riche et diversifiée qu’est l’Amazonie, également menacée de disparaître dans les prochaines décennies. Et à la génération de nos enfants, qui cherchera sans doute à comprendre comment nous avons pu savoir sans agir…

Une démarche de transformation en profondeur

Quel espace nous reste-t-il pour éprouver ces réalités dures, écouter les émotions qui nous viennent, et apporter tout cela dans la prière devant Dieu? Quel espace avons-nous pour l’écouter Lui et chercher ce qu’Il ressent devant sa Création en souffrance? Quel espace avons-nous pour chercher honnêtement avec d’autres comment Dieu voudrait nous guider à ce que notre vie contribue à une vie durable et juste, et non plus aux injustices et dégradations actuelles ?

Cet espace, nous en avons besoin, et nos vies quotidiennes souvent surchargées ne nous le donneront pas. C’est pourquoi 200 chrétien-ne-s en Suisse romande ressentant ce même besoin ont pris un temps à part, à travers un jeûne alimentaire ou de consommation, pour vivre ensemble un processus de transformation devant Dieu.

Cela s’est vécu dans le cadre de « Détox’ la Terre – mobilisation œcuménique », un événement initié par de jeunes chrétien-ne-s de Suisse romande, qui a eu lieu du 5 au 20 mars 2021. Les participant-e-s ont suivi les méditations quotidiennes d’un carnet de prière commun, vécu 3 à 5 rencontre en petits groupes, et participé à 2 célébrations collectives. La démarche a reçu le soutien de l’EERV, de l’ECVD, et de la FREE, ainsi que de différentes organisations chrétiennes dont ChristNet.

Le carnet de prière du jeûne, contenant une méditation quotidienne sur 2 semaines et permettant de (re)vivre ce temps à part, est disponible en cliquant ici.

Le site web de l’événement: detoxlaterre.ch

 

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La terre fit germer de la verdure, chaque espèce d’herbe portant sa semence et chaque espèce d’arbre produisant du fruit, portant chacun sa semence. Dieu vit que cela était bon. Genèse 1 :12

La création de Dieu est diverse, multiple et féconde. En tant qu’apiculteur, c’est toujours un émerveillement de voir à quelle vitesse une colonie d’abeilles se développe au printemps, la reine peut pondre jusqu’à 2’000 œufs par jour. La création est tellement généreuse! Jésus cite un exemple dans la parabole du semeur en parlant d’un épi de blé qui peut produire jusqu’à 100 graines. Il suffit d’observer un tas de terre à côté d’une maison en construction pour voir comment la terre se couvre rapidement de toutes sortes de plantes formant un tapis multicolore.
Cette diversité spontanée ou naturelle ne se reflète pas dans les pratiques agricoles qui se sont développées depuis la mise en place de la mécanisation. On pourrait même parler d’industrialisation agricole. Le processus lui-même peut avoir certains aspects positifs de répartition des tâches et des ressources pour travailler plus rapidement. Même râper des carottes à la main pour une salade peut devenir fastidieux et on est heureux de pouvoir le faire à la machine !

Malheureusement, la mécanisation et la standardisation des processus ont conduit nos paysages à devenir de moins en moins variés, avec une forte baisse de la biodiversité à la clé. Une personne peut aujourd’hui cultiver des surfaces énormes grâce aux machines, mais dans des écosystèmes qui se sont appauvris.

Dans la nature, les animaux de la forêt la transforment petit à petit pour qu’elle leur soit favorable. Un blaireau, par exemple, enterre ses crottes le long des sentiers qu’il parcourt en semant ainsi les graines et noyaux de fruits qu’il apprécie. Petit à petit, la forêt va se transformer et elle sera de plus en plus favorable à l’épanouissement du blaireau.

La diminution du nombre d’espèces de plantes, d’animaux, d’insectes ou de vers de terre dans les espaces habités par l’homme montre par contre que partout où il s’installe, une sorte de « désert » le suit.

Cette situation est-elle réversible ? Pas pour les espèces éteintes malheureusement, mais de façon générale, il est encourageant de voir qu’une prise de conscience se manifeste. L’agriculture biologique progresse en Europe. Je viens de rendre visite à mes amis Augsburger, qui gèrent un domaine agricole près d’Yverdon en Suisse romande. Le couple me disait que c’est une conviction venue de Dieu qui les a poussés à faire le pas vers l’agriculture biologique, plus proche de la nature. Le virage à prendre est énorme, il faut être motivé, mais c’est gratifiant. Et si on habite en appartement, comment peut-on participer à cette magnifique mission « d’augmenter » la vie, de favoriser la biodiversité ? On peut soutenir les personnes qui sont engagées dans une telle démarche, mais aussi, si on a un jardin ou quelques mètres carrés de terre, laisser des espaces en friche, ou remettre dans la nature les noyaux des fruits comme les blaireaux …

La promotion de la vie passe par des relations restaurées avec Dieu et entre humains, bien-sûr, mais aussi avec le reste de la création. Où allez-vous lancer votre prochain noyau de pruneau ?


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