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À première vue, il semble que l’égoïsme de la population l’ait emporté sur la responsabilité envers les générations suivantes. Nous constatons également que l’industrie pétrolière, à l’aide d’une campagne géante, a produit suffisamment de craintes et de justifications pour le refus à changer de mode de vie, de sorte qu’il est devenu facile de rejeter la loi avec une « bonne conscience ».

Mais la mobilisation massive dans les zones rurales contre les initiatives en matière de pesticides et eau potable a également nui au projet de loi sur le CO2. Et de manière réaliste, il est généralement très difficile de faire payer ou de faire changer de mode de vie aux gens alors qu’ils ne se sentent pas encore personnellement concernés et qu’ils devraient penser 20 ans à l’avenir. Je suppose qu’un tel vote aurait donné un résultat similaire dans d’autres pays. L’inconvénient de la démocratie directe est qu’avec un budget suffisamment important, le populisme et la peur peuvent être alimentés.

Certains commentaires du vote dans les médias estiment que la vague verte a été stoppée. Et certains politiciens pensent que le résultat du vote est le signe que « les Verts » ne doivent plus être accommodés trop. Tout faux : le changement climatique n’a pas été arrêté, le climat se réchauffe chaque année, la gravité du problème va augmenter et les protestations vont continuer. La question restera sur la table, les jeunes y veilleront. La majorité des 18-40 ans a réellement voté en faveur de la loi sur le CO2, et les jeunes, les nouveaux électeurs des années à venir dans les agglomérations bouillonnent. Les mesures en faveur du climat gagnent donc chaque année en popularité auprès de l’électorat. Qui aurait cru, il y a 10 ans, que de telles mesures comme proposées avec la loi sur le CO2 auraient une chance dans les urnes ? C’est pourquoi nous ne devons pas abandonner maintenant, mais au contraire convaincre encore plus de personnes. Il se peut que les clivages deviennent encore plus profonds et qu’une lutte défensive contre le changement apparaisse à la droite de l’échiquier politique, comme aux États-Unis. Mais la tendance sociétale est clairement à une plus grande protection de l’environnement, même dans notre pays.
Alors, allons-y !

Photo by Marcin Jozwiak on Unsplash

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Il n’y a pratiquement plus de scientifiques sérieux qui en doutent : le climat se réchauffe de plus en plus. Il faut s’attendre à des changements climatiques massifs et à de gros dégâts. Cela entraînera la faim, des flux migratoires et de nombreux décès. Nous ne pouvons plus dire que nous ne savons pas. Matthieu 25 nous rappelle ce qui est important pour Dieu : faire le bien et laisser le mal. Et ne pas omettre de faire le bien dont nous savons qu’il est nécessaire.

Comment expliquer à nos enfants, dans 20 ans, pourquoi nous avons voté contre la loi sur le CO2? Nous croiront-ils si nous leur dirons que nous ne pouvions pas payer le surcoût ? Et s’ils réalisent que nous avons en fait transféré le coût sur eux, nos enfants ?
Pourtant, la loi est précisément conçue pour que ceux qui ne contribuent pas au réchauffement ne doivent rien payer. Nous avons donc le choix. Ou est-ce finalement parce que nous ne voulons tout simplement pas changer nos modes de vie néfastes ?
Les jeunes étaient solidaires des personnes âgées et vulnérables dans la crise de la Corona. Nous ne pouvons pas les oublier lorsqu’il s’agit de leur avenir !

Arguments

La Terre se réchauffe – l’augmentation de la concentration de CO2 en est le principal facteur

Il n’y a pratiquement plus de contre-arguments scientifiquement défendables. Aujourd’hui, même l’Agence internationale de l’énergie, qui a jusqu’à présent misé sur le pétrole, affirme qu’un revirement radical est nécessaire : abandon de nouveaux projets d’extraction pétrolière, des mais des investissements massifs dans les énergies alternatives.

Préserver la création de Dieu

Dieu a créé la terre et a fini par dire que c’était bon ! Que dirions-nous si nous créions une belle œuvre d’art et que quelqu’un d’autre la défigurait ou la détruisait ? Nous en serions attristés ! Que faisons-nous de la création de Dieu, la terre, une œuvre d’art fantastique ? Honorons-nous le Créateur lorsque nous piétinons son œuvre ?

Préserver les moyens de subsistance de nos voisins

Le plus haut commandement est l’amour de Dieu et l’amour du prochain. Mais le réchauffement climatique plonge des milliards de nos prochains dans une détresse extrême : lorsque des plaines fertiles de faible altitude sont inondées, que des catastrophes naturelles détruisent des pans entiers de terre et que des zones encore plus nombreuses deviennent des déserts, la vie n’y est plus possible. C’est pourquoi la protection du climat est la charité en action.

Les dégâts sont déjà importants, et ils seront énormes.

L’Agence fédérale de l’environnement allemande calcule déjà les dommages annuels pour la seule Europe à 20 milliards d’euros aujourd’hui. À l’avenir, il faut s’attendre à un déplacement des zones climatiques, à encore plus de sécheresses, de famines et donc à d’importants flux migratoires. Cela signifie que les coûts en Europe s’élèveront à plus de 100 milliards d’euros par an d’ici trente ans. Au niveau mondial, les dommages s’élèveront à plus d’un billion d’euros par an. Qui peut payer pour cela ?

La loi sur le CO2 est-elle trop coûteuse ? On ne peut pas se le permettre ?

Avec la loi sur le CO2, la famille moyenne paie en fait un peu plus de 100 francs de plus par an. Chacun peut calculer ses coûts nets ici : https://co2-rechner.jglp.ch . En fait, la loi ne sera coûteuse que pour les plus gros producteurs de CO2 (malheureusement, les opposants à la loi ne présentent ces coûts que comme des coûts normaux…).

Mais la plupart des gens peuvent réduire leur consommation de combustibles fossiles s’ils le souhaitent : Le voyage en avion n’est généralement pas obligatoire, il y a 30 ans la plupart des gens allaient en vacances sans avion. Et pour de nombreuses personnes, il serait raisonnable d’utiliser les transports publics ou au moins de se passer d’un SUV. Ainsi, la plupart d’entre nous ont même le choix de payer ou de consommer moins.

Compte tenu des dégâts considérables causés par le changement climatique, il est clair que nous devons être prêts à prévenir ces dégâts ou à en payer le prix.

Injuste ?

Le coût global du réchauffement de la planète se chiffrera en milliers de milliards. Toute personne qui produit du CO2 est en partie responsable et doit donc payer pour les dégâts. Qu’y a-t-il d’injuste là-dedans ? Existe-t-il un moyen plus équitable que de faire payer les pollueurs pour les dommages ?

Inefficace ? Mais quoi d’autre ?

Seules les interdictions sont plus efficaces que les taxes incitatives. Mais les milieux qui s’opposent à la loi sur le CO2 sont généralement très opposés aux interdictions. Les opposants soulignent également qu’il serait préférable de s’en remettre au progrès technique. Mais c’est ce que nous faisons déjà, et au rythme actuel, nous sommes loin d’atteindre les objectifs nécessaires. Et le progrès technique n’est pas le fruit du hasard, mais de la demande de produits plus efficaces sur le plan énergétique. Et cette demande supplémentaire sera obtenue en rendant les combustibles fossiles plus chers. Se contenter d’attendre revient à faire l’autruche.

Volontariat – pas suffisant et pas non plus juridiquement défendable

Jusqu’à présent, nous avons compté sur l’action volontaire. Les preuves que cela ne suffit pas ont été produites depuis longtemps : les émissions de CO2 ne diminuent guère, et une bonne partie de l’amélioration est due à la délocalisation de la production industrielle à l’étranger.

Si des vandales endommagent une voiture, nous trouverions acceptable que la police demande simplement au contrevenant de payer une partie des dommages, s’il le souhaite ? Ceci est contraire à toute compréhension de la loi. La réparation d’un dommage infligé ne doit pas être volontaire. Pourquoi certains devraient-ils payer ou diminuer la pollution, et d’autres pas ?

« Il ne sert à rien que la Suisse aille de l’avant seule »

Si, cela servirait : Chaque tonne de CO2 économisée est utile ! En dirait-on autant dans d’autres domaines personnels, par exemple le tri des déchets, le passage aux transports publics, la consommation d’eau, etc. Devrions-nous nous comporter de manière égoïste parce que la contribution de chaque individu est trop faible ? Non, nous partageons tous la responsabilité ; Dieu nous demande de faire ce qui est juste, et pas seulement quand les autres le font aussi !

De plus, les grands pays avancent plus vite que nous : Les États-Unis de Joe Biden sont désormais plus ambitieux que la Suisse, l’UE vise également la neutralité climatique en 2055, et des dizaines de pays ont déjà décidé d’interdire les moteurs à essence dans les 15 prochaines années.

Les intérêts financiers de l’industrie pétrolière comme principal moteur de la contre-campagne

Comme cela a été démontré dans le monde entier, l’industrie pétrolière est l’un des principaux acteurs du mouvement de déni du climat. Ainsi, elle finance également une grande partie de la contre-campagne en Suisse, visible sur www.klimagerecht.ch. Derrière elle se trouve Avenergy, l’association des importateurs de pétrole. Cependant, ces intérêts particuliers n’ont aucune légitimité pour influencer la population en leur faveur. Cela signifie que des dommages considérables sont causés au grand public. Il est donc bien que le vote sur l’initiative sur la transparence se dessine, car elle exige que le financement des partis et des campagnes de votation soit divulgué !

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Prendre un temps à part pour regarder la crise écologique et sociale dans laquelle nous entrons, écouter nos ressentis et émotions face à ces réalités dures, et les apporter devant Dieu. L’écouter, chercher son regard et sa parole sur ce que nous vivons, et accueillir la transformation qu’il désire susciter en nous et dans ce monde. C’est la démarche qui a été vécue par 200 participant-e-s regroupé-e-s dans une vingtaine de petits groupes. C’était « Détox’ la Terre », un jeûne œcuménique qui a eu lieu du 5 au 20 mars en Suisse romande.


« De fait, la création attend avec un ardent désir la révélation des fils de Dieu. » (Romains 8:19)

La crise écologique n’est plus seulement une projection sur le futur, mais on commence dès à présent à la sentir, et pour des personnes de plus en plus nombreuses, à la subir. Inondations, ouragans, méga-feux de forêts, sécheresses et vagues de chaleur deviennent de plus en plus fréquents. Ces événements provoquent des manques d’eau douce, mettent à mal des économies agricoles déjà vulnérables, et détruisent de nombreuses habitations. En conséquence, des millions de personnes risquent de devoir quitter leur lieu de vie. La biodiversité et les écosystèmes ne sont pas épargnés, au point qu’on parle aujourd’hui d’entrée dans une nouvelle extinction de masse des espèces, comme la Création n’en a pas connu depuis des millions d’années. Tout cela est dû à nos actions d’êtres humains et au fonctionnement de nos sociétés.

Le besoin d’un temps à part

Ces faits sont tellement lourds et ils touchent si profondément nos modes de vie, qu’il est vraiment difficile de les regarder en face sans être écrasé-e et se sentir impuissant-e. Malgré les alarmes de plus en plus nombreuses, nous préférons le plus souvent éviter d’attarder notre regards sur cette réalité violente et complexe. Pour cela nos vies quotidiennes sont pleines d’autres préoccupations importantes.

Quel espace nous reste-t-il pour considérer ce qui se déroule aujourd’hui? Prenons quelques secondes pour entreouvrir notre regard. Imaginons: devoir quitter son foyer avec sa famille pour chercher refuge ailleurs où on est pas sûr d’être accueilli.e : n’est-ce pas une situation dramatique ? Si nous ne changeons pas, il y aura des dizaines de millions de nouvelles personnes dans cette situation d’ici 2050. Une espèce animale ou végétale unique, créée par Dieu, disparaît sous l’action humaine : n’est-ce pas une blessure, une offense envers le Créateur de la vie? Des milliers d’espèces sont éteintes chaque année sous l’action humaine déjà actuellement ; plus de cent fois la normale, et ce nombre augmente encore. On peut encore penser à la forêt si riche et diversifiée qu’est l’Amazonie, également menacée de disparaître dans les prochaines décennies. Et à la génération de nos enfants, qui cherchera sans doute à comprendre comment nous avons pu savoir sans agir…

Une démarche de transformation en profondeur

Quel espace nous reste-t-il pour éprouver ces réalités dures, écouter les émotions qui nous viennent, et apporter tout cela dans la prière devant Dieu? Quel espace avons-nous pour l’écouter Lui et chercher ce qu’Il ressent devant sa Création en souffrance? Quel espace avons-nous pour chercher honnêtement avec d’autres comment Dieu voudrait nous guider à ce que notre vie contribue à une vie durable et juste, et non plus aux injustices et dégradations actuelles ?

Cet espace, nous en avons besoin, et nos vies quotidiennes souvent surchargées ne nous le donneront pas. C’est pourquoi 200 chrétien-ne-s en Suisse romande ressentant ce même besoin ont pris un temps à part, à travers un jeûne alimentaire ou de consommation, pour vivre ensemble un processus de transformation devant Dieu.

Cela s’est vécu dans le cadre de « Détox’ la Terre – mobilisation œcuménique », un événement initié par de jeunes chrétien-ne-s de Suisse romande, qui a eu lieu du 5 au 20 mars 2021. Les participant-e-s ont suivi les méditations quotidiennes d’un carnet de prière commun, vécu 3 à 5 rencontre en petits groupes, et participé à 2 célébrations collectives. La démarche a reçu le soutien de l’EERV, de l’ECVD, et de la FREE, ainsi que de différentes organisations chrétiennes dont ChristNet.

Le carnet de prière du jeûne, contenant une méditation quotidienne sur 2 semaines et permettant de (re)vivre ce temps à part, est disponible en cliquant ici.

Le site web de l’événement: detoxlaterre.ch

 

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La terre fit germer de la verdure, chaque espèce d’herbe portant sa semence et chaque espèce d’arbre produisant du fruit, portant chacun sa semence. Dieu vit que cela était bon. Genèse 1 :12

La création de Dieu est diverse, multiple et féconde. En tant qu’apiculteur, c’est toujours un émerveillement de voir à quelle vitesse une colonie d’abeilles se développe au printemps, la reine peut pondre jusqu’à 2’000 œufs par jour. La création est tellement généreuse! Jésus cite un exemple dans la parabole du semeur en parlant d’un épi de blé qui peut produire jusqu’à 100 graines. Il suffit d’observer un tas de terre à côté d’une maison en construction pour voir comment la terre se couvre rapidement de toutes sortes de plantes formant un tapis multicolore.
Cette diversité spontanée ou naturelle ne se reflète pas dans les pratiques agricoles qui se sont développées depuis la mise en place de la mécanisation. On pourrait même parler d’industrialisation agricole. Le processus lui-même peut avoir certains aspects positifs de répartition des tâches et des ressources pour travailler plus rapidement. Même râper des carottes à la main pour une salade peut devenir fastidieux et on est heureux de pouvoir le faire à la machine !

Malheureusement, la mécanisation et la standardisation des processus ont conduit nos paysages à devenir de moins en moins variés, avec une forte baisse de la biodiversité à la clé. Une personne peut aujourd’hui cultiver des surfaces énormes grâce aux machines, mais dans des écosystèmes qui se sont appauvris.

Dans la nature, les animaux de la forêt la transforment petit à petit pour qu’elle leur soit favorable. Un blaireau, par exemple, enterre ses crottes le long des sentiers qu’il parcourt en semant ainsi les graines et noyaux de fruits qu’il apprécie. Petit à petit, la forêt va se transformer et elle sera de plus en plus favorable à l’épanouissement du blaireau.

La diminution du nombre d’espèces de plantes, d’animaux, d’insectes ou de vers de terre dans les espaces habités par l’homme montre par contre que partout où il s’installe, une sorte de « désert » le suit.

Cette situation est-elle réversible ? Pas pour les espèces éteintes malheureusement, mais de façon générale, il est encourageant de voir qu’une prise de conscience se manifeste. L’agriculture biologique progresse en Europe. Je viens de rendre visite à mes amis Augsburger, qui gèrent un domaine agricole près d’Yverdon en Suisse romande. Le couple me disait que c’est une conviction venue de Dieu qui les a poussés à faire le pas vers l’agriculture biologique, plus proche de la nature. Le virage à prendre est énorme, il faut être motivé, mais c’est gratifiant. Et si on habite en appartement, comment peut-on participer à cette magnifique mission « d’augmenter » la vie, de favoriser la biodiversité ? On peut soutenir les personnes qui sont engagées dans une telle démarche, mais aussi, si on a un jardin ou quelques mètres carrés de terre, laisser des espaces en friche, ou remettre dans la nature les noyaux des fruits comme les blaireaux …

La promotion de la vie passe par des relations restaurées avec Dieu et entre humains, bien-sûr, mais aussi avec le reste de la création. Où allez-vous lancer votre prochain noyau de pruneau ?


Photo by Eddie Kopp on Unsplash

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Entre villas et anciennes fermes, au coeur du petit village de Hagenthal-le-Haut et tout près de Bâle et Saint-Louis, se site le cohabitat Mosaïk. Trois familles chrétiennes y vivent depuis bientôt 10 ans, et partagent des liens, du temps et des espaces communs.

Rencontre avec un membre d’une des familles, Michel Sommer, aumônier en insertion sociale et enseignant au Centre de Formation théologique du Bienenberg.

Comment l’idée d’un habitat participatif a germé ?

Une famille de la région a rassemblé des personnes intéressées. Un groupe de réflexion s’est constitué avec 10 foyers qui s’est réduit finalement à trois familles. Pour ma part, lorsque nous vivions à Strasbourg, nous connaissions trois familles habitant le même bâtiment qui, tout en ayant des espaces privés séparés, vivaient un habitat participatif. Quand la possibilité de vivre quelque chose de similaire s’est présentée, nous étions partants. Le projet est devenu réalité en moins de deux ans.

Qu’est-ce qui vous a attiré dans ce mode d’habitat différent ?

Je crois voir l’influence massive de l’individualisme et du consumérisme qui marquent notre société et créent de l’isolement. Nous souhaitions vivre quelque chose de différents, permettant de mieux tisser des liens avec d’autres, et avec notre entourage, de manière réaliste. L’habitat participatif, ou cohabitat, était la forme qui nous semblait la plus adaptée à notre famille et nos aspirations.

Concrètement, comment s’organise votre vie commune ?

Nous partageons un temps commun presque quatre fois par mois : une séance de travail, un temps de prière, un repas ensemble, et nous nous retrouvons au fil de l’année pour l’entretien des lieux communs, une conférence, une excursion, un temps de « paroles libres », etc. Il y a la liberté de ne pas être forcément présent, même si ces temps sont pensés pour être prioritaires dans nos agendas.

Mais une partie des liens se tissent en dehors de ce cadre : par exemple, lorsque l’un des couples invite nos enfants pour aller voir un film au cinéma. De notre côté, nous invitons chaque enfant des autres familles à manger chez nous pour son anniversaire. Un beau temps privilégié !

Partagez-vous une part de vos biens ensemble ?

En dehors de la propriété du bâtiment partagée sous une forme juridique adaptée (Société Civile Immobilière), nos biens sont séparés. Plus symboliquement, nous avons une « boîte de justice » dans laquelle chaque famille dépose 20 euros lors nos repas ensemble. Cela nous permet de soutenir de temps à autres anonymement une personne ou une famille que l’on sait dans le besoin. On espère aussi toucher le coeur de nos enfants sur l’importance de partager nos biens, alors que nous sommes dans une position si privilégiée.

Arrivez-vous à tisser aussi des liens avec le voisinage ?

On essaie ! Pour les familles dont les enfants vont à l’école du village, c’est plus naturel. Un voisin immédiat nous prête un terrain pour y faire du jardinage. Nous avons la chance de disposer d’une grande salle commune qui permet d’accueillir jusqu’à une trentaine de personnes. Nous y organisons des après-midi jeux de société les dimanches en hiver, et parfois une conférence ou un film qui fait réfléchir. Nous avons par exemple projeté le documentaire « Demain ».

Les questions écologiques sont importantes dans votre vie commune ?

Oui, clairement, nous sommes très préoccupés par ces enjeux fondamentaux aujourd’hui, c’est un des points de notre charte. Nous cherchons avant tout à agir à notre niveau, dans notre mode de vie. Nous partageons par exemple l’usage des voitures, et même si ça peut paraître très relatif, ça nous permet au moins de ne pas avoir besoin de plus d’une voiture par famille. Nous avons aussi vu notre quantité de déchets diminuer fortement, refait l’isolation du bâtiment ce qui a amélioré beaucoup son efficacité énergétique, installé des panneaux photovoltaïques et nous achetons une part de notre nourriture auprès de producteurs locaux. Deux d’entre nous vont au travail à Bâle en vélo. Nous nous voyons cependant encore en chemin vers une manière de vivre durable.

Après presque 10 ans de vie partagée, quels aspects positifs retiens-tu ?

Au-delà des aspects écologiques et relationnels, je mentionnerai aussi les services mutuels entre les familles. Par exemple, deux des appartements se trouvent sur le même étage, et sont reliés par une double porte avec un sas. Lorsque l’un des couples doit partir pour la soirée, l’autre peut faire du babysitting simplement en ouvrant la double porte de chaque côté, et entendre si l’un des enfants ne dort pas. On cherche ainsi à développer une liberté de demander une aide, mais aussi d’accepter ou de refuser de la donner si c’est trop compliqué.

Et quels sont les aspects plus négatifs liés à votre mode de vie ?

Il n’y en a pas beaucoup ! Dans une vie partagée, il arrive bien sûr des conflits. Ceux-ci peuvent être difficiles à vivre, mais ça dépend aussi de comment on les gère. Entre nous, le désaccord le plus net a eu lieu autour d’un arbre malade, pas très beau mais faisant de l’ombre. Fallait-il le couper ou pas ? En cultivant un état d’esprit constructif et une attitude bienveillante envers l’autre, nous n’avons pas rencontré jusqu’ici de tensions trop difficiles.

Merci beaucoup pour ce témoignage. Peut-être une dernière question : quel conseil donnerais-tu à une personne ou une famille qui aspirerait également à une nouvelle manière d’habiter ?

Venez nous rendre visite ! Ou allez voir un autre habitat de ce type et discutez avec ses habitants ! Ca permet de lever des craintes éventuelles et d’imaginer des possibilités. Puis, mettez-vous en réseau avec d’autres, des amis, des membres des Eglises, sur Internet, en vue de créer ou de rejoindre un groupe. J’ajoute ceci : les chrétiens ne sont pas spécialement en avance dans ce domaine, mais heureusement, il y a ChristNet qui diffuse ces bonnes idées et pratiques !


Suite au départ l’année passée de l’une des trois familles pour raisons professionnelles, un appartement est libre de suite, en vente voire en location :

 

 

 

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La démission de Nicolas Hulot annoncée le 8 septembre dernier sur les ondes de France Inter a bousculé la société française et même au-delà. On peut l’entendre encore dénoncer une politique insuffisante de « petits pas », déplorer sa solitude au gouvernement et le manque de soutiens citoyens, ou encore présenter la responsabilité collective de la problématique. Les nombreuses « marches pour le climat » qui ont succédé témoignent cependant d’une conscience publique toujours plus forte des enjeux. Malgré cela, l’ampleur des difficultés annoncées restent difficilement supportables.

Le constat d’une injustice climatique

Début octobre les spécialistes du climat du GIEC le rappellent dans un nouveau rapport : les menaces sont non seulement fortes – sécheresses et famines en régions fertiles, chute de la biodiversité, millions de réfugiés climatiques, tensions sociales – mais aussi inégalement réparties. Ceux qui vont le plus en souffrir sont les pays qui ont le moins contribué au réchauffement, le moins bénéficié à l’amélioration des conditions de vie liée au développement industriel, et les plus vulnérables aux instabilités climatiques. C’est le constat pesant d’une injustice climatique1 .

Alors que ces constats semblent si lourds, qu’on peut si facilement basculer dans les sentiments d’impuissance ou d’indifférence face à des défis si globaux, quelles ressources pouvons-nous trouver en Christ pour affronter la situation dans l’amour et la paix ? Comment trouver dans notre foi en lui la part que nous sommes appelés à mettre en œuvre?

Espérance de restauration

Ce contexte peut nous faire recevoir de manière particulièrement forte les paroles de l’apôtre Paul :

« Or nous savons que, jusqu’à maintenant, la création tout entière soupire et souffre les douleurs de l’accouchement. Et ce n’est pas elle seule qui soupire, mais nous aussi, qui avons pourtant dans l’Esprit un avant-goût de cet avenir, nous soupirons en nous-mêmes en attendant l’adoption, la libération de notre corps. » (Romains 8:21-22)

Ce passage nous montre non seulement une souffrance partagée entre l’humanité et la Création dans son ensemble, mais aussi une espérance commune : la nouvelle naissance de notre monde, sa restauration, qui concerne l’humanité mais aussi la Création entière. Dieu nous donne ainsi une parole pour nous faire passer de la peur à la paix et même à la joie. Nous pouvons alors être plus disponibles pour chercher et manifester ce monde nouveau déjà initié en Jésus.

Ainsi, luttons contre l’indifférence et le désespoir, et faisons route avec nos contemporains pour plus de solidarité climatique, pour le respect envers la Création, en portant le témoignage d’une espérance en un monde restauré, que toute la Création désire, et qui viendra. Pour cela, demandons chacune et chacun au Seigneur à quelle place et quelles actions concrêtes il nous appelle.

 


Tribune parue sous la rubrique « Regards » dans Christ Seul (mensuel des Eglises évangéliques mennonites de France), n° 1093, décembre 2018, www.editions-mennonites.fr.

1.  Sur cette même problématique, une « déclaration pour la justice climatique » a été signée à Winterthour en novembre 2018 à l’occasion de la journée annuelle de StopArmut, traduite et publiée en français sur le site de la FREE : https://lafree.ch/index.php?option=com_k2&view=item&id=5258:conference-stoppauvrete-2018-une-declaration-pour-la-justice-climatique-a-lire-ici&Itemid=607

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En septembre dernier, la population suisse était invitée à se prononcer sur la politique agricole de son pays. Deux initiatives populaires visaient à changer la Constitution. Si elles n’ont pas été acceptées, elles témoignent néanmoins de l’actualité des enjeux liés à la production de notre nourriture.

Derrière ces textes, le désir de promouvoir une agriculture respectueuse de l’environnement, favorisant les produits locaux et un revenu digne. Dans ce sens, les Français connaissent les Associations pour le maintien de l’agriculture paysanne (AMAP)1 , essaimant depuis quelques années dans tout le pays et destinées à relier directement producteurs et consommateurs.

 

Des pratiques plus durables

Face au constat d’une crise écologique aux impacts sociaux colossaux, il n’est pas surprenant qu’un secteur tel que l’agriculture soit concerné. Olivier de Schutter, ancien Rapporteur spécial des Nations Unies pour le droit à l’alimentation, avançait en 2014 : « notre modèle agricole, fondé sur des intrants intensifs (engrais et pesticides) et dépendant de l’industrialisation toujours plus poussée de l’agriculture, est à bout de souffle. Il faut donc changer de cap et aller vers l’agroécologie »2 . La promotion de l’agriculture paysanne, résolument tournée vers le local et le biologique, est une tentative parmi d’autres d’adopter des pratiques plus durables.

A partir de là, une quête d’amour et d’équité inspirée de Dieu peut alimenter ces raisonnements et les choix de vie en conséquence. Les engagements pris par certains paysans chrétiens de Suisse romande servent d’exemple. Dans le cadre de mes recherches3 , j’ai eu l’occasion de rencontrer quelques professionnels de la terre désireux de se mettre en réseau pour allier foi et agriculture.

 

Une transition qui compte sur la prière

Comment la foi affecte-t-elle leur comportement ? Loin de chercher une action idéologiquement uniforme, ils s’engagent pour une agriculture qui aime son prochain, reflète le royaume de Dieu, témoigne de la Bonne Nouvelle et invite à la réconciliation avec la création. Ils expriment le désir de produire une alimentation saine qui prenne soin de son prochain et du sol, sans oublier que l’essentiel se trouve dans l’Évangile. L’un d’eux évoque la richesse de pouvoir orienter la transition de sa ferme en comptant sur la prière et l’écoute de Dieu entre chrétiens. Ainsi, leur foi sert de toile de fond pour appréhender les alternatives agricoles et de catalyseur pour motiver leur action « ici et maintenant », tout en étant portés par une espérance qui va au-delà.

Et vous, dans votre quotidien, comment votre foi nourrit-elle votre action ?


Tribune parue sous la rubrique « Regards » dans Christ Seul (mensuel des Eglises évangéliques mennonites de France), n° 1095, février 2019, www.editions-mennonites.fr.

1. AMAP : http://www.reseau-amap.org/.

2. 2014, 29 avril.Le Monde. Olivier De Schutter : « Notre modèle agricole mondial est à bout de souffle ». url : https://www.lemonde.fr/planete/article/2014/04/29/olivier-de-schutter-notre-modele-agricole-est-a-bout-de-souffle_4408689_3244.html.

3. Recherches effectuées pour le mémoire de Master en Anthropologie et sociologie à l’Institut de hautes études internationales et du développement (IHEID) à Genève. Travail intitulé : Agriculture réconciliée et paysans évangéliques reliés : comment concilier foi et agriculture ? Ethnographie d’un réseau informel ‘chrétien’ et ‘permacole’.

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Dans la campagne genevoise, « Maison Neuve », un projet d’habitat communautaire chrétien voit le jour : deux petits immeubles, neuf logements privatifs, des locaux communs, un quotidien partagé, une envie d’accueil, une ouverture inter-dénominationnelle, des temps spirituels communs.

Alexandre Winter, l’un des initiateurs du projet et sympathisant de ChristNet, a répondu à nos questions.1

1. En quoi, le projet de la Maison Neuve répond-il à la philosophie du développement durable ?

Notre projet dépend de notre conscience de ne pas être à l’origine de nous-mêmes. En choisissant comme texte fondateur les versets de l’Evangile de Matthieu qui décrivent Jésus-Christ comme le roc sur lequel la maison est sûre de tenir (Matthieu 7:24-27), nous confessons une dimension de Dieu et du monde qui toujours nous précède. Cette capacité à la reconnaître est, je crois, celle qui motive en profondeur les engagements chrétiens ou seulement humanistes en faveur du développement durable : croire que les sociétés, les systèmes naturels ou économiques ne se maintiennent qu’à la condition que soit reconnue une forme de lien avec le passé, comme d’ailleurs avec l’avenir.

2. En quoi, le projet de la Maison Neuve répond-il aux principes du développement durable (viabilité économique, justice sociale et préservation de l’environnement) ?

Notre projet se veut responsable face à la société comme face à la nature, c’est-à-dire que nous souhaitons autant que possible pouvoir répondre de nos choix et de nos orientations en vue d’une durabilité, ou je dirais d’une viabilité. En matière économique par exemple, nous avons adopté un principe de non-lucrativité en maintenant un équilibre entre charges et coûts, les unes devant permettre seulement de couvrir les autres. Pour ce qui concerne le respect de l’environnement, nous travaillons avec un bureau d’architectes spécialisé dans la recherche de solutions écologiques, certaines innovantes, tant au niveau des matériaux que des techniques (p.ex. isolation en paille). Nous avons également posé les bases d’une dynamique de groupe participative et consensuelle où nous acceptons que les processus décisionnels puissent être parfois lents.

3. Pensez-vous que la dimension de la foi renforce la durabilité du projet ? Merci d’expliquer.

Dans notre vision, nous exprimons le vœu que Dieu soit au centre de notre projet. Dire que c’est Dieu qui est au centre, c’est dire alors que rien ni personne ne prendra cette place : aucun membre du groupe aux idées plus affirmées, aucune idéologie, aucune croyance même la plus pieuse. Dieu au centre, c’est maintenir toujours vive en nous cette capacité à nous remettre en question, à écouter, à nous ouvrir à l’« Autre Dieu », non pas l’image, l’idole mais la Présence vivante. Je crois que ces principes spirituels – ils guident l’Eglise par l’Esprit Saint depuis 2000 ans – sont en effet des repères pour un développement dans la durée et dans le respect de la vie.

4. Quelle est votre motivation personnelle d’opter pour un projet si « compliqué » ?

Il n’y a rien de plus passionnant que l’humain et l’humain rencontré par Dieu en particulier : je me réjouis de ce projet où nous cherchons à vivre la rencontre les uns des autres et la rencontre de Dieu en Jésus-Christ, où nous risquons notre quotidien, où nous fêtons l’hospitalité et l’accueil et où nous tentons humblement d’imaginer un futur possible pour nos enfants et notre famille humaine.


Samuel Ninck-Lehmann est coordinateur de ChristNet et membre-fondateur du projet «Maison Neuve».

1. Texte paru dans Perspective, magazine de la Conférence Mennonite Suisse, n° 10, octobre 2017.

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Selon différentes sources sur Internet, à partir du 2 août 2017, l’humanité vit à crédit car elle a consommé l’intégralité des ressources que la Terre peut produire et renouveler pendant un an. Ainsi, en dépit des efforts déployés depuis plus de quatre décennies, la situation s’empire.

En effet, depuis Stockholm, en 1972 où s’est tenue la première conférence des Nations Unies sur l’environnement humain, les nations vont de sommets en sommets sans résultats notoires : Nairobi en 1982, Rio de Janeiro en 1990, Johannesburg en 2002 et Rio+20 à Rio de Janeiro en 2016. Le bilan sur la situation globale de l’état de la planète montre que la capacité des nations à maîtriser la situation est limitée1 .

Responsabilité et justice

Ce qui est certain pour tous c’est que la planète Terre est unique et qu’il faut la conserver dans le meilleur état possible. Ce qui l’est moins ou plus difficile à appréhender c’est que la communauté humaine qui l’habite est également unique. Ayant les mêmes origines – « issue d’un seul homme » (Actes 17.26) – et une même destinée – « après la mort le jugement » (Hébreux 9.27). Ainsi, est-il illusoire de vouloir éradiquer, d’un côté de la planète, la faim, réduire la pauvreté, vivre en paix, alors que, de l’autre, on jette la nourriture, on s’enrichit à tout prix ou on fait la guerre. Vouloir trouver des solutions aux problèmes qui assaillent la Terre et ses habitants tout en ignorant ces injustices revient « à poursuivre du vent » (Ecclésiaste 1.14).

Aujourd’hui, la fragilité de cette nature qui pourvoit à nos besoins physiologiques est largement reconnue, mais les solutions proposées manquent trop souvent la cible. Pour le chrétien, la réponse au problème réside dans sa responsabilité vis-à-vis de la nature dans laquelle son Créateur l’a placé2 . C’est le respect et l’amour dus à l’Auteur de cette création qui dictent sa conduite. Que d’encre a coulé et d’arbres ont été abattus (pour fabriquer du papier) afin d’expliquer le développement durable. Pourtant, les différentes politiques n’arrivent pas à influencer significativement le style de vie en termes de production, consommation, etc. Le rôle du chrétien est donc décisif dans la mesure où c’est toute sa vie qui doit être engagée pour ce qui est juste et ceci selon la volonté de Dieu dans sa création.

Une double fragilité

« Nous n’avons rien apporté dans le monde et nous ne pouvons rien en emporter » (1 Timothée 6.7). Par ces paroles de l’apôtre Paul, nous sommes au clair sur le fait que ce que nous avons présentement est uniquement pour notre séjour terrestre. Ceci est le code de conduite du chrétien pendant son pèlerinage sur la Terre : prendre de la nature ce dont nous avons besoin, tout en prenant soin d’elle et aussi des autres. En effet, comme le dit le philosophe chrétien Paul Ricœur, « il y a un fragile physique et un fragile humain et la responsabilité c’est de se reconnaître en charge de la protection de ce qui nous est confié »3 .

Cette double fragilité est une conséquence de la désobéissance à la loi divine et ne peut être ré-établie que dans l’obéissance. En effet, d’où peuvent venir les dégâts que nous observons autour de nous, sinon de la cupidité et l’avidité des uns et des autres qui font rage dans l’âme ? Ainsi, c’est l’opulence chez nous, pendant qu’ailleurs même le nécessaire fait défaut. Cela n’est simplement pas juste. Le message chrétien, dans sa simplicité, donne la réponse à la question qui occupe les politiciens, les scientifiques et les intellectuels de tous bords : « Que celui qui a deux tuniques partage avec celui qui n’en a pas et que celui qui a de quoi manger, fasse de même » (Luc 3.11).

Qui pourrait prétendre qu’avec un tel principe la Terre et ses habitants n’iraient pas mieux ? Mais la mise en pratique concrète de cette parole ne peut se faire qu’à partir du moment où l’invitation suivante a été entendue et que l’âme humaine y ait répondu favorablement : « Celui qui vient à moi n’aura plus jamais faim, celui qui croit en moi n’aura plus jamais soif » (Jean 6.35). Il faut d’abord être soi-même rassasié et désaltéré pour faire de même pour les autres. Ceci nous montre combien le chemin pour atteindre les fameux objectifs de développement durable sera long et laborieux. Cependant, sur ce long chemin, le chrétien connaît sa responsabilité et doit être prêt pour le jour où chacun devra rendre des comptes à Dieu (Romains 14.12).

Une conversion « durable »

La solution humaine pour sauver la planète est problématique dans la mesure où ce qui paraît bon aujourd’hui peut ne plus l’être demain. Les bonnes intentions ne suffiront pas. Ce qu’il faut pour chaque génération c’est un changement radical dans la manière de voir, de penser, de faire, bref de vivre. C’est ce que La Bible appelle la conversion et qui, hélas, n’a pas encore été comprise par tous. En effet, elle n’est pas seulement la voie pour le salut des âmes pour l’éternité, mais aussi pour ici et maintenant vis-à-vis de notre prochain et de la création dans son ensemble.

Cas pratique : partager le jeu et le savoir

Au canton de Genève on dénombre 31 ludothèques. Ce sont des lieux privilégiés pour le partage des jeux, des jouets et du temps avec nos enfants et les autres. Avec la possibilité d’emprunter gratuitement, on peut tester les jeux sur place avant de les emmener à la maison. Les enfants se lassent vite des jeux ou des jouets. Dès lors, quelle meilleure idée que de leur acheter un jeu qu’ils ont déjà apprécié ? Ceci évite des jeux qui, du magasin, transitent à la cave et finissent parfois à la déchèterie. Le même principe vaut pour les bibliothèques et les médiathèques dont la plupart des municipalités disposent.

Satisfaire l’envie des enfants en termes de jeux, jouets et livres est difficile pour les parents. Sitôt achetés, sitôt inintéressants. Dès lors, plutôt que de remplir des étagères de DVD, CD, livres, etc., pourquoi ne pas utiliser les ressources existantes ? Les ludothèques et bibliothèques municipales offrent l’opportunité de faire des économies, préserver les ressources naturelles et éviter des déchets. De tels gestes nous permettent de satisfaire pleinement nos besoins du présent sans compromettre ceux du prochain et des générations futures.


Texte paru dans Perspective, magazine de la Conférence Mennonite Suisse, n° 10, octobre 2017.

1. Van Kote G. ; Rio+20 Le développement durable à l’heure du bilan, www.fnh.org

Faraco B.  ; L’économie verte déraille à Rio+20, http://www.lemonde.fr/planete/article/2012/06/19/l-economie-verte-deraille-a-rio-20_1721030_3244.html#iK1MIPfZuAmcFAV1.99

2. Hategekimana J. ; Le développement durable : et le chrétien dans tout ça ?, Actes du congrès européen d’éthique, P 290.

3. Ricœur P. ; Le tragique et la promesse, In Dialogues, P. 34