~ < 1 min

Dans cet ouvrage, Dave Bookless, directeur théologique de A Rocha, nous fait découvrir avec enthousiasme le message biblique concernant Dieu, sa création et la place de l’être humain en son sein.

Dave met le doigt sur les véritables causes de notre comportement destructeur envers la planète, et nous donne surtout les clés pour réformer notre vie de disciple, notre louange, notre style de vie et notre mission. Afin d’honorer Dieu en répondant pleinement à son appel à prendre soin du monde merveilleux qu’il a créé.

Informations

Dave Bookless, Dieu, l’écologie et moi, Dossier Vivre 37, traduction française de Anne Emmett, Saint-Prex, Je Sème, 2014, 208 p.

Plus d’infos: Site de la FREE.

Commandes: info@stoppauvrete.ch. Prix: CHF 15.- (+ 3.- frais de port).

~ 5 min

Témoignage de Roger Zürcher, ingénieur agronome actif dans la coopération internationale, texte tiré de son blog Titunaye.

Une histoire renversante

J’ai eu le privilège inattendu de participer à une formation à l’agriculture de conservation au Zimbabwe en novembre 2014, pays que je n’avais jamais visité et où je ne connaissais personne. Ce voyage a été renversant sur plusieurs points. J’ouvre ici une petite parenthèse: J’ai toujours aimé les renversements qui existent dans le Royaume de Dieu, « The Upside-Down Kingdom », comme on dit en anglais.

La formation était organisée par Foundations for Farming (appelé auparavant « Farming God’s Way »). Cette structure a été fondée par un paysan Zimbabwéen, Brian Oldreive, d’origine anglaise, qui a un parcours tout à fait atypique et « renversant ». Il était un grand producteur de tabac (sur plusieurs milliers d’hectares), qu’il cultivait de manière conventionnelle (c’est à dire en utilisant les techniques les plus courantes, avec labour et produits chimiques). Un jour, il a décidé de devenir disciple de Jésus-Christ. Lors d’une nuit d’insomnie, il a compris que son travail n’était plus en adéquation avec sa nouvelle vie. Il ne voulait plus produire du tabac, un produit qui asservit les gens. Il décida donc de cultiver du maïs.

Être fidèle à la terre

Malheureusement, il n’avait pas d’expérience dans cette culture, et les récoltes étaient mauvaises. A tel point qu’il a dû demander aux banques de lui prêter plus d’argent. Ces dernières étaient d’accord, à condition qu’il revienne à la production de tabac, la culture pour laquelle il était compétent, selon elles. Il a refusé et a finalement tout perdu: sa ferme et ses terres. Il a ensuite cherché du travail à Harare et finalement trouvé une ferme à louer, mais dont les terres étaient dans un état catastrophique, totalement érodées. Il a essayé tout de même de faire du maïs dans ces conditions, mais les rendements étaient faibles et il produisait à perte. La situation était critique à nouveau. Dans son désespoir il s’est alors tourné vers Dieu en lui demandant de lui enseigner comment cultiver. Etrange requête pour un paysan de génération en génération.

La forêt respecte le sol

Dieu lui a alors dit (ou lui a inspiré l’idée) d’aller en forêt. Priant dans la nature il a eu le sentiment que Dieu lui disait d’observer ce qu’il voyait. Il a réfléchi au fonctionnement de la forêt, un écosystème naturel ou « divin ». Deux principes lui sont alors apparus qu’il désignera comme les « principes de respect du sol » :

  1. Non-labour : les arbres poussent sans labour, la terre n’a pas besoin d’être retournée pour que les graines poussent.
  2. Couverture permanente du sol : la terre est couverte en permanence par des feuilles mortes et du matériel végétal en train de sécher ou se décomposer.

Brian a alors tenté d’appliquer ces principes dans ses champs. Le principe du non-labour existe depuis les années 1930 en agriculture sous le nom « d’agriculture de conservation » (approche aujourd’hui promue par la FAO1 ). Mais la méthode développée par Brian va plus loin que ce qui est généralement compris sous ce terme.

Des principes à partager

Il a commencé par un seul hectare et, encouragé par les résultats, s’est lancé ensuite dans deux hectares de maïs cultivés sans labour et avec du mulch (litière végétale). Les résultats étaient tellement bons qu’il réussissait à faire des bénéfices qui compensaient les pertes faites sur le reste de la ferme. Il a ensuite étendu sa méthode à l’ensemble du domaine et a même racheté des terres aux voisins pour finalement cultiver 3’500 hectares sans labour.

C’est là que Dieu lui a dit : « Je ne t’ai pas montré cela pour que tu t’enrichisses, mais pour que tu le partages avec tout le monde, et les pauvres en particulier ». Brian a donc commencé à organiser des cours pour les paysans et mis en place des champs de démonstration. Les résultats étaient excellents : les rendements dépassaient les 10 tonnes par hectare, alors que souvent les paysans récoltent dix fois moins, – mais ne duraient pas quand les équipiers de l’organisation quittaient la zone. Quel était le problème?

Apprendre à faire du bénéfice

L’équipe de Foundations for Farming s’est rendu compte que les paysans ne manquaient pas de connaissances techniques, mais du savoir permettant d’implanter ces connaissances pour en faire une activité rentable. Brian demanda alors à Dieu de lui révéler comment sortir de là, et la réponse était: « Apprendre à faire du bénéfice ». Pour cela, quantre principes sont à respecter:

  1. on time : faire les choses à temps, non pas en retard ; c’est particulièrement important pour le semis et le sarclage.
  2. at standard : respecter les normes de qualité ; par exemple, la plante doit pouvoir se développer correctement.
  3. without wastage : la pratique des feux de brousse, par exemple, est un gaspillage incroyable de ressources qui partent en fumée, sans parler de la destruction de la structure du sol.
  4. with joy : la joie permet de dégager l’enthousiasme ; elle vient aussi d’une attitude reconnaissante et permet de rester en communion avec le Créateur.

En apparence, ces principes sont assez simples, mais ils sont tout aussi révolutionnaires que les principes de respect du sol.

Imiter la nature, respecter la Création

J’ai été émerveillé de constater à quel point les participants des différents pays africains présents à la formation étaient enthousiasmés par la méthode « Farming God’s Way ». Plusieurs d’entre eux ont même témoigné qu’ils vont démissionner un jour de leur poste dans leur organisation pour se consacrer à l’agriculture! Cela ne va pas forcément faire plaisir à leur employeur actuel, mais quel renversement! Dans un contexte où les emplois à durée indéterminée sont rares, il est vraiment surprenant d’entendre ce discours! Moi-même d’ailleurs, j’ai ma petite idée derrière la tête concernant la culture d’un lopin de terre…

Je suis étonné par la sagesse ou la façon de faire de Dieu. Depuis toujours, l’imitation de la nature a été un moteur pour l’innovation. Dans cet exemple au Zimbabwe, c’est par cette méthode qu’un « simple » paysan, conduit par Dieu, a compris comment être fidèle à la terre et comment restaurer des sols qui avaient été maltraités.

Lectures

Pour plus de renseignements, voyez le site suivant: http://www.foundationsforfarming.org.

D’autres méthodes existent, qui imitent aussi la nature, comme la permaculture : http://www.permaculture.ch/la-permaculture/.


1. Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (« Food and Agriculture Organization of the United Nations »).

~ 2 min

La « tempête parfaite » fait référence à une tempête extrême survenue en 1991 au-dessus de l’Atlantique, provoquée par l’accumulation de plusieurs phénomènes météorologiques violents. Sur le plan éthique, le changement climatique représente une telle tempête 1 : différents aspects, qui, chacun pour soi, représentent déjà un défi éthique de taille, se conjuguent dans le cadre du réchauffement climatique. Ces quatre tempêtes conjointes ont pour effet d’empêcher que nos repères éthiques – qui nous viennent de notre quotidien, de notre éducation et des Dix Commandements – puissent répondre aux défis lancés par le changement climatique.

1. La distance temporelle

La distance temporelle représente la première tempête éthique : tant les effets néfastes de notre émission de CO2 aujourd’hui que ceux, bénéfiques, de nos investissements dans la protection climatique ne se déploieront complètement qu’après des décennies. Cependant, les nuisances environnementales, une fois présentes, s’étendent sur de longues périodes.

2. La distance géographique

Les conséquences et l’injustice à l’échelle mondiale représentent la deuxième tempête éthique. Les populations des pays industrialisés sont bien plus responsables des émissions globales de CO2, tandis que les pays en voie de développement souffrent de manière disproportionnée de leurs conséquences. En outre, les changements climatiques provoquent sécheresses, inondations, pertes économiques, maladies… représentant mille « petits » dommages dont seule une prise en compte globale permet de mesurer la gravité de la situation.

3. Des causes fragmentés

Les causes aussi sont fragmentées : ainsi, l’habitant d’un pays industrialisé provoque, au cours de sa vie, en moyenne une augmentation de la température d’environ un milliardième de degré ! Les changements climatiques ne sont donc pas le résultat d’une action unique, importante et malveillante, mais la conséquence de mille petits gestes normaux et quotidiens.

4. Des conséquences incertaines

Les conséquences incertaines du changement climatique représentent la quatrième tempête. Il existe, certes, une quasi-unanimité parmi les scientifiques au sujet de la gravité du changement climatique. Par contre, les prévisions quant à savoir qui sera touché, à quelle mesure et de quelle manière, elles, couvrent une large palette.

Conclusion : concrétisation et illustration

Notre éthique quotidienne est conçue pour des rapports concrets entre humains vivant à proximité les uns des autres et pour des effets concevables. Les grandes distances temporelles et géographiques qui se présentent dans la problématique climatique nous dépassent. De plus, notre cerveau n’est pas conçu pour gérer l’incertitude et les probabilités. Cette « tempête parfaite » rend notre engagement concret contre le changement climatique difficile.

Une sortie de ce dilemme serait d’expliciter la problématique climatique et d’illustrer ses effets. Notre but doit être de concrétiser et d’exposer de façon tangible les conséquences éloignées et fragmentées des changements climatiques. Ceci nous donnera la capacité, l’impulsion, la compréhension et le courage de nous engager contre ces changements qui nous menacent tous.

_________________________________________________________________

1. La notion de « tempête parfaite » a été reprise du philosophe Stephen Gardiner

Photo by Markus Spiske on Unsplash

~ < 1 min

L’écologie est devenu un thème omniprésent. Il est de plus en plus clair que notre mode de vie a un impact durable sur les plus pauvres et les générations futures. Comment se positionner alors en tant que chrétiens ? Comment relever ces défis dramatiques sans nous laisser animer par le catastrophisme et la peur ?

Voilà les questions dont traite le ChristNetInput « Après nous le déluge » : interventions du Forum du même nom (automne 08), une interview et des liens pour aller plus loin.

 

 ChristNet_deluge

~ 24 min

Nous avons vu dans les exposés précédents combien la situation environnementale est critique, et combien elle interpelle toutes les personnes sensées. La dégradation environnementale questionne les chrétiens à plus forte raison, qui sont face à des questions théologiques, éthiques et en fin de compte profondément spirituelles, c?est-à-dire en lien avec notre attitude de c?ur, notre relation profonde à Dieu, à nous-mêmes, aux autres et à la Création toute entière. Nous exposerons succinctement la réponse qui s?offre à tous les humains de bonne volonté, à savoir la réponse de la décroissance, pour ensuite explorer plus en détail une réponse plus profonde, plus radicale, qui peut s?exprimer par un mode de vie décroissant, fondé sur des motivations évangéliques.

 

1. Réponses individuelles aux enjeux environnementaux

a. Une réponse générale possible : la décroissance et la simplicité volontaire

Face aux problèmes économiques, écologiques et par conséquent sociétaux, c?est-à-dire sanitaires, culturels, relationnels, professionnels générés par la surconsommation, une question importante se pose. Elle n?est ni nouvelle, ni spécifiquement chrétienne : c?est celle de la décroissance, qui découle de « la simplicité volontaire ».

La théorie de la décroissance part de quatre hypothèses

1 :

1.              Le fonctionnement du système économique actuel dépend essentiellement de ressources épuisables dont la consommation s’accélère.

2.              Personne n’a encore prouvé que la croissance économique n’accroissait pas les impacts négatifs sur l’écologie.

3.              L’accroissement de la richesse marchande ne peut se faire qu’au détriment d’autres types de richesses comme notamment la santé des écosystèmes, la justice, les bonnes relations entre les personnes au sein d’une même société, l’égalité, le caractère démocratique des institutions.

4.              Les sociétés occidentales, dont le développement économique s’est essentiellement basé sur l’augmentation de la consommation de biens matériels, ne seraient pas conscientes de la dégradation de richesses essentielles comme la qualité de vie (silence, air non pollué, eau pure…) et sous-estimeraient les frustrations générées auprès des populations exclues de cette abondance, que ce soit dans les couches populaires ou dans les pays du Sud.

Extrait de la Charte de la décroissance

2  : Nous ne croyons pas qu’il faille choisir entre la question écologique et la question sociale, qui sont pour nous intimement liées. La décroissance vise à rendre aux générations futures une planète sur laquelle non seulement il sera encore possible de vivre mais où il fera bon vivre. La décroissance ne propose pas de vivre « moins » mais « mieux », avec « moins de biens et plus de liens ».

La simplicité volontaire, quant à elle, se définit comme « un mouvement de société actuel à base plus individuelle qu’institutionnelle, qui propose à chacun de réduire sa dépendance à l’argent et à la vitesse, à libérer du temps pour la communauté plutôt que de l’utiliser pour gagner plus d’argent, de favoriser les comportements écologiques et respectueux de la société. » 3

Ces approches ne sont pas spécifiquement chrétiennes. Elles puisent dans différentes visions du monde.

Par contre, nous avons en tant que chrétiens toute une tradition de valorisation de la simplicité, à commencer par l?enseignement de Jésus dans les Evangiles : premièrement, l?invitation à la conversion de vie ; et deuxièmement, le premier enseignement donné par Jésus, considéré comme son programme « politique » : les béatitudes, que l?on pourrait appeler B-attitudes, attitudes (ou aptitudes) au bonheur !

b. La réponse plus spécifique de l?Evangile : la conversion

Dans une perspective chrétienne, les problèmes humains, qu?ils soient psychologiques, sociologiques, économiques ou encore écologiques, ont leur source dans notre c?ur, dans notre mentalité déchue et tordue.

Il va de soi qu?il est bon de faire des gestes pour sauver la planète, qu?il est utile de récupérer, d?économiser l?énergie, de valoriser toutes les mesures susceptibles de diminuer l?impact environnemental négatif. Cependant, beaucoup sont conscients que ce ne sera pas suffisant. Il est même à craindre que nombre de mesures vraiment nécessaires ne seront jamais prises, à cause des résistances individuelles et collectives qu?elles susciteraient. Et si des mesures drastiques étaient imposées au niveau gouvernemental, nous assisterions à toutes sortes d?abus et d?exceptions.

2. Réponse chrétienne aux enjeux environnementaux : la révolution intérieure

En tant que chrétiens, nous devons réaliser que la révolution verte (écologique) peut être une illusion de plus, au même titre que la révolution rouge (marxiste). La vraie révolution doit commencer dans le c?ur de l?homme, dans l?ordre suivant :

le cycle conversion-bonheur<br />  Spirale évolutive conversion-bonheur

a. Conversion

Tout le ministère de Jésus commence par cette seule parole : « Repentez-vous ». L?accent sur la conversion personnelle, le changement, la réorientation de l?être vers Dieu et vers le prochain est constant dans les Evangiles. En tant qu?êtres humains, nous cherchons naturellement la sécurité, le plaisir, la facilité et le confort, afin de préserver, voire de développer notre qualité de vie.

Le problème de l?Occident consiste en ce que nous avons donné une telle importance à la sécurité, au plaisir, à la facilité et au confort que nous sommes devenus hyper individualistes, hyper exigeants, hyper calculateurs. Notre « ego », protégé et nourri par une foule de produits, services et moyens technologiques, est devenu hypertrophié. Par l?abondance, notre seuil de résistance à la frustration est très bas : nous sommes tellement habitués à tout avoir, tout de suite et en tout temps qu?une file d?attente à la Poste ou au magasin, une panne électrique ou un retard de notre bus nous est insupportable.

Ce faisant, nous sommes devenus exigeants envers les objets, les services et les gens, attendant d?eux une efficacité et une performance sans défaillance, augmentant par là-même la pression sur l?ensemble de la Création : sur les travailleurs (salaires injustes pour maintenir notre pouvoir d?achat), les producteurs (demande accrue en produits), le sol (traitements chimiques, pollution), la végétation (défrichage et déforestation, disparition d?espèces utiles), l?air (intensification des transports), l?eau (pollution des rivières, des lacs, des nappes phréatiques, des mers), pour ne citer que ces exemples.

La peur est innée chez l?être humain : elle génère une multitude de comportements que nous considérons comme normaux, et motive notamment la recherche constante de sécurité, le besoin de contrôle et de pouvoir. Elle provoque du souci. Jésus, par une parole provocatrice, invite ses disciples à l?insouciance :

« C?est pourquoi je vous dis : Ne vous inquiétez pas, pour votre vie, de ce que vous mangerez ou de ce que vous boirez, ni, pour votre corps, de ce dont vous serez vêtus. La vie n?est?elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement ? » (Matthieu 6.25)

Cette insouciance est basée sur la foi que Dieu prend soin de toute la création et pourvoit jusqu?à la parure de l?herbe et la pitance des moindres moineaux ; Il est notre Père qui anticipe nos besoins. La foi est le contraire de la peur. Cette foi, première dans une attitude de conversion chrétienne, favorise le contentement et la saine insouciance.

Seule une conversion profonde, un changement de c?ur de pierre en c?ur de chair 4 peut nous libérer de ces attitudes et de leurs conséquences. Notons que les caractéristiques de l?homo consumerus contemporain sont l?individualisme, la peur, la solitude, l?enfermement. Or l?enfermement, c?est le sens même de l?enfer? Sans conversion profonde (la conversion étant un processus et non un état statique et définitif), nous sommes enfermés dans notre ego, nos sécurités, notre bien-être individuel, notre confort exclusif, notre solitude et notre non-sens? C?est l?enfer. Un enfer où l?on est séparé de Dieu, de soi, des autres, un enfer peuplé de choses, d?exigences, de revendications, d?aspirations jamais comblées, amenant à consommer toujours plus et à chosifier les êtres.

Un enfer dont les symptômes sociaux sont l?augmentation de la pornographie (chosification des corps), du taux de suicides dans les pays nantis, de la violence et de l?incivilité (chosification des personnes, peur, égoïsme), des problèmes psychiatriques (solitude, non-sens, absurdité), et enfin celle des conduites à risque et de la consommation (tiens !) de produits toxiques (drogues, tabac, alcool). Les symptômes écologiques de cet enfer sont le réchauffement climatique (eh oui, fait chaud ici !), la fonte des calottes polaires, l?augmentation du niveau des eaux, les catastrophes naturelles, les nouvelles pandémies – pour ne pas citer d?autres problèmes bien connus tels que la pollution, la multiplication des déchets, l?épuisement des ressources naturelles.

La conversion, la réorientation, le changement d?attitude et le retour à Dieu et aux valeurs essentielles, est la seule issue durable face à la situation, c?est la seule issue à l?enfer(-mement).

b. Renoncement

L?enseignement de Jésus évoque à plusieurs reprises le renoncement : renoncement à l?ego insatiable, comme condition sine qua none pour prétendre devenir disciple.

Peut-on se prétendre disciples de Jésus si nous ne renonçons pas à certaines attitudes, à certains comportements ? Bien sûr, nous avons à renoncer au péché, mais bien plus encore, nous sommes invités à renoncer à nous-mêmes, à prendre notre croix, à nous décentrer et à nous déprendre de nous-mêmes, à nous abandonner à Dieu. Telle est la suite du chemin de conversion et la preuve de sa réalité.

Le renoncement n?est pas à la mode, et ne saurait l?être. Mais il est au c?ur de la Bonne Nouvelle : tout au long de l?Evangile, Jésus renonce à sa volonté personnelle, à ses choix légitimes, pour consentir à la volonté du Père. Cela commence avec l?incarnation, continue avec les tentations diverses et culmine avec l?acceptation volontaire de la Croix pour le salut de l?humanité.

Pour nous, outre le péché auquel il faut radicalement renoncer, il en va de tous les petits renoncements quotidiens susceptibles de modérer nos mouvements intérieurs, nos avidités, notre tendance à avoir « encore plus bien mieux » 5.

c. Contentement

L?Evangile nous invite au contentement. C?est le discours de Jean-Baptiste aux soldats venus lui demander conseil ; « Contentez-vous de votre solde », leur répond-t-il 6 .

Le contentement était déjà prôné par des philosophes grecs, notamment les stoïciens. Toutefois, le contentement chrétien se fonde sur d?autres motivations. Le chrétien peut se contenter de ce qu?il a, dans la perspective des biens à venir, conscient qu?il est pèlerin sur terre, qu?il est en route vers un ailleurs 7 . Le contentement permet de diminuer l?angoisse, le souci du toujours plus, toujours mieux.

Le contentement est à la fois source et aboutissement d?une attitude de c?ur qu?est la reconnaissance. La louange, tant prônée dans certains milieux, devrait conduire au contentement, et celui-ci orienter et fonder la louange et la reconnaissance.

Le contentement est le contraire de l?avidité, qui fait plusieurs victimes :

1.      la personne avide (qui n?arrive jamais à se satisfaire d?une situation et, par conséquent, s?en portera plus mal et aura toujours moins d?amis, de temps et de capacités) ;

2.      les producteurs et travailleurs des pays les plus pauvres (qui travaillent plus pour moins, afin de produire les « plus » convoités par la personne avide) ;

3.      l?environnement (qui pâtit de la consommation démesurée de café, de chocolat, de sucre, de pétrole, provoquée par l?avidité.)

Le contentement, fruit de la modération, conduit à un vrai plaisir. Etre content de ce que l?on a, de ce que l?on vit, apprécier l?extraordinaire dans l?ordinaire, célébrer ce qui est bon, user sans abuser des biens que Dieu dispense généreusement et être reconnaissant, telle est la voie du contentement et du plaisir. Deux exemples parmi tant d?autres : savourer une ou deux tasses de café par jour plutôt que s?intoxiquer avec dix, sans plaisir aucun ; savoir faire la fête occasionnellement et y prendre vraiment plaisir, plutôt que s?épuiser lors d?évènements et autres fêtes qui se succèdent tristement les unes aux autres.

d. Simplification

La simplification est enseignée dans les Evangiles, en lien d?ailleurs avec les richesses : « Si ton ?il est simple, tout ton corps est éclairé, mais si tu vois double, tu es dans la nuit » (Matt. 6.19-24). Quant à la simplicité, elle est définie dans le Petit Robert comme étant la « qualité de ce qui n?est pas chargé d?éléments superflus, de ce qui obtient un effet esthétique avec peu de moyens ». Cette définition est intéressante, car elle montre que ce qui caractérise la simplicité, c?est l?absence du superflu. Elle la met aussi en lien avec la beauté, en soulignant que la simplicité ne doit pas être laide, triste et fade. Dans la pensée chrétienne, la simplicité est surtout une attitude intérieure

8 , comme l?unification du propos, l?unification du dessein. Avoir l??il intérieur unifié, c?est avoir le c?ur purifié9 , sans mélange, sans confusion.

Simplifier sa vie, c?est renoncer aux richesses, au surplus de nourriture, de biens, de relations, de sollicitations, d?implications. C?est accepter une vie plus modeste, mais plus harmonieuse.

Notons que la première béatitude est « heureux les pauvres » ou « les pauvres en esprit » (Matt. 5.3) Cette béatitude est le prolongement de toute une tradition dans l?AT qui valorisait les personnes dépendantes de YHWH, de par leur faiblesse socio-économique (veuves, orphelins, pauvres, etc.).

Lorsque Jésus dit « heureux les pauvres », cela ne signifie pas que la pauvreté est une vertu morale, ni qu?elle acquiert un statut de supériorité : on peut être matériellement pauvre, sans être pauvre en esprit, mais aussi pauvre et rongé par l?avidité des richesses inaccessibles. En fait, Jésus valorise la pauvreté en tant qu?elle favorise une déprise quant aux fausses sécurités, une conversion des priorités, une ouverture à la dépendance et à la confiance. Le jeune homme riche est attristé lorsque Jésus le teste en lui enjoignant de tout donner avant de Le suivre. Il est enfermé dans son statut de riche, lié par ses richesses qui l?empêchent de suivre Jésus.

Au cours de l?histoire de l?Eglise, il y a eu des périodes de forte valorisation de la pauvreté. La juste perspective de cette valorisation était la même que celle des Evangiles : la pauvreté peut favoriser la foi, la dépendance, la confiance, la déprise de soi et l?ouverture à l?essentiel. Elle était également un signe prophétique face à l?enrichissement du clergé, une contestation du matérialisme des dignitaires religieux.

Mais les mouvements du Moyen Age, dits « mouvements de pauvreté », comme les Pauvres de Lyon ou les Franciscains, ne montrèrent pas un visage misérabiliste de la pauvreté, mais un visage joyeux, le renoncement au confort matériel ouvrant à une joie du c?ur bien supérieure.

Le mouvement de simplicité volontaire contemporain ne vient pas de nulle part : il est né en Occident, et en particulier au Canada, en réaction à la surconsommation nord-américaine.

Il est intéressant de prendre connaissance des stratégies prônées par ce mouvement pour vivre plus simplement. Elles peuvent êtres avantageusement reprises par des chrétiens, sans toutefois perdre de vue la notion de conversion dans lesquelles elles doivent s?articuler, dans une perspective chrétienne.

Notons que les mouvements de simplicité volontaire et de décroissance ne sont pas favorables au développement durable : selon eux, seule la modération de notre consommation est vraiment « durable » et soutenable pour l?environnement et la société.

Concrètement, il est bon de ne pas absolutiser la simplicité. Elle n?est pas absolue, mais relative à une situation donnée. Comme nous l?avons vu, la simplicité est l?absence de superflu. Dès lors, il est important de discerner le nécessaire du superflu. Un Occidental obligé de payer taxes, impôts, assurances obligatoires, etc. pour contribuer au système social et non seulement en bénéficier n’est pas confronté au défi de la simplicité de la même manière qu’un habitant du Tiers-monde. De même, la simplicité qui peut être celle d?un chef d?entreprise n?est pas la même que celle d?un employé. A statut différent, contraintes extérieures (déplacements, crédibilité, standing) et aspirations (culturelles, par exemple) différentes.

Il est aussi utile de distinguer simplicité et médiocrité ou moindre qualité : les objets choisis dans une perspective de simplicité devraient être des objets solides, pratiques

10 , intelligents, voire beaux, et surtout durables ! Autant dire que cela peut, dans une économie centrée sur la consommation de masse et l?obsolescence rapide, impliquer des coûts importants ! Acheter un objet dont on a vraiment besoin selon des critères de qualité, ce qui est souvent coûteux, est tout autre chose que de faire une grande dépense pour un objet de luxe sur un coup de tête.

e. Désencombrement

Le mouvement de conversion de l?être vers l?essentiel amène à un certain désencombrement. Bien sûr, il ne s?agit pas de vivre sur une paillasse et manquer du nécessaire. Le désencombrement a trait au superflu. Il concerne autant l?intérieur que l?extérieur, le c?ur que le contexte, le contenu que le contenant. L?invitation répétée de Jésus à tout laisser, à tout quitter, peut être interprétée (non de façon univoque, certes) dans le sens d?un appel au désencombrement, à l?exemple de l?image utilisée par Jésus, disant qu?il est plus facile à un chameau de passer par le trou d?une aiguille qu?à un riche d?entrer dans le Royaume. En effet, en Orient, les chameaux étaient utilisés pour transporter des biens et des personnes. Donc Jésus dit en substance : bien qu?un chameau soit chargé, il lui est plus facile de passer par une porte étroite qu?un riche encombré intérieurement et extérieurement par ses nombreux biens celle du Royaume?

Ne nous leurrons pas : nos biens nous pèsent, nous alourdissent, nous fatiguent. Considérons nos préoccupations, nos peurs, nos soucis : ils sont souvent en lien avec nos biens, nos attaches, nos objets mobiliers ou immobiliers. Il faut s?occuper de toutes ces choses, les entretenir, les assurer, les réparer, les protéger, etc. Tout cela consomme de l?énergie psychique (affective, intellectuelle) et de l?énergie physique (électricité, transports, démarches).

Le lien entre foi, insouciance et contentement a déjà été évoqué. Il est bon cependant de se souvenir que nos soucis et nos peurs relatives à notre existence sont autant de fardeaux qui nous encombrent, fardeaux dont seule la foi peut nous décharger, nous désencombrer.

Plus concrètement, parler de désencombrement n?équivaut pas à prêcher le dénuement. C?est le superflu qui est visé, pas le nécessaire. Car beaucoup de choses sont nécessaires aux humains ; elles vont des choses matérielles (nourriture, habits, toit, transports) aux choses symboliques (culture, instruction, divertissements).

Dès lors, il appartient à chacun de faire la différence entre ce qui est pour lui nécessaire et ce qui est de l?ordre du superflu. La mesure est différente pour chacun, selon la vocation, la fonction, le statut, « la surface sociale » (p. ex. la famille) qui lui est propre. Aussi, il ne faut jamais juger de ce qui est superflu pour les autres, mais seulement pour soi.

Relevons encore que la première béatitude comporte deux versions dans les Evangiles : « heureux les pauvres »

11 et « heureux les pauvres en esprit »12.  La première version nous invite à un désencombrement matériel, la seconde, à un désencombrement et une simplification immatériels, le désencombrement du c?ur : tant de savoirs, de souvenirs, de désirs, d?aspirations, de fantasmes encombrent nos c?urs. La simplification et le désencombrement sont à vivre dans les deux registres : extérieur et intérieur, qui se soutiennent et se renforcent mutuellement. Une des choses qui encombre le plus l?homme contemporain, c?est le bruit : bruit de la télévision, de la radio, de la musique omniprésente dans les gares, supermarchés, cafés, restaurants, lieux publics et privés. Sans compter le bruit permanent des villes, avec leurs climatisations, leur circulation, leurs sirènes, leur rumeur continuelle.

Pour le chrétien, le désencombrement concerne également le bruit, grand vecteur de maux physiques, psychiques et spirituels. Apprendre à vivre en silence, chercher le silence extérieur, pour parvenir au silence intérieur, pour parvenir à une ouverture nouvelle, voilà tout un programme de conversion.

f. Disponibilité

Nous avons vu que bien des choses nous encombrent le c?ur et le corps, l?intériorité comme l?extériorité. Se dépouiller du superflu, qu?il soit matériel ou mental, est indispensable. Pourquoi ? Parce que ce qui encombre obstrue, ferme et obture la porte du c?ur, profondeur d?où jaillit la source.

Se désencombrer redonne une disponibilité, une ouverture, une capacité d?accueil. Un puits rempli de cailloux ou de sable ne pourra se remplir d?eau ! De même une vie remplie d?activités, de bruit, d?objets, de préoccupations, de soucis, d?agitation, ne saurait être remplie de Dieu, de Sa Parole, de Sa paix, de Sa présence. Elle ne saurait non plus être ouverte à l?autre, disponible à la rencontre, à l?écoute, à la gratuité et tant d?autres bénédictions.

La disponibilité est le fruit d?un vide, d?une béance, d?un dépouillement, comme le puits est le résultat d?un creusement, d?un évidement de la surface terrestre. Le plein ne vient que là où il y a du vide, c?est simpliste, et pourtant profond !

Notons, dans la perspective chrétienne, l?importance des notions de « fête », de « paix » et de « repos ». Pour se reposer, il faut que le travail s?arrête. Pour avoir la paix, il faut que l?agitation, la confusion ou le conflit s?interrompent. Pour faire la fête, il faut que le quotidien soit mis entre parenthèses. La fête, la paix, le repos, sont contenus dans le sabbat. Non qu?il faille revenir à une pratique rigoriste du sabbat (que ce soit le samedi ou le dimanche). Plutôt vivre le principe du sabbat en prenant chaque jour, chaque semaine, chaque mois, chaque année du temps pour se désencombrer du superflu, afin de s?ouvrir à l?essentiel.

Historiquement, les chrétiens qui voulaient vivre l?Evangile de façon radicale  ont été amenés à respecter trois observances qui se voulaient libératrices : l?obéissance, la pauvreté et la chasteté.

En effet, la finalité ultime de ces trois v?ux traditionnels était la disponibilité à Dieu et aux autres, et non le refus de la Création. Ces trois v?ux et leur observance plus ou moins fidèle ont été source de fécondité spirituelle et culturelle en Europe : lieux de prière, monastères, hôtelleries pour les voyageurs, hôpitaux pour les malades, écoles, universités, ingénierie agricole, architecture, cathédrales, villages, villes, etc. Nous voyons par cet exemple historique que la disponibilité par la dépossession de soi est en fin de compte source de développement.

g. Bonheur

La conversion conduit au bonheur. Notons que le bonheur est une invitation constante dans la Bible. Le fil rouge de l?histoire biblique est fait de don, de perte et de restauration du bonheur. Utilisez cette clé de lecture de la Bible et vous serez surpris de sa pertinence. Voyez les références pour les mots « béni »« heureux »« bienheureux »« joie »« fête »« repos »« paix », résumés dans le concept de « vie », et vous serez émerveillés du projet de Dieu, projet de bonheur. Et qu?est-ce que le « salut » ultimement, si ce n?est la participation à la félicité et au bonheur divins ?

Plus prosaïquement, le bonheur, c?est le subtil dosage de tout ce que nous avons évoqué précédemment, le fruit savoureux d?une existence ajustée aux vraies richesses.

3. Applications pratiques

La conversion doit toucher tous les domaines de notre existence, à savoir nos relations, notre emploi du temps, notre personne, nos biens, notre santé, notre habitat. Dans les lignes qui suivent, nous allons évoquer brièvement des pistes de simplification concrètes.

a. Simplification des relations

Nous vivons dans une société de consommation des biens, mais également de consommation des liens. Les relations peuvent être aussi un bien que l?on consomme de façon immodérée. C?est utiliser l?autre pour combler en soi un besoin de reconnaissance, d?approbation, ou tout autre besoin narcissique. Faire savoir à la cantonade que l?on a beaucoup d?amis (si possible intéressants, riches et bien placés), chercher à avoir une « surface sociale » importante, zapper de contact en contact pour fuir la solitude fondamentale, tels sont des symptômes d?une approche inconsciemment utilitariste des relations humaines.

Parfois, nous préférons des relations humaines compliquées, difficiles, voire destructrices, plutôt qu?une certaine solitude. Se pencher sur le type de relations instaurées dans notre vie, pour les simplifier, peut être un exercice fort utile. Il s?agit de parvenir à plus d?authenticité, plus de profondeur, plus de qualité dans nos relations. Les pistes suivantes pourraient être explorées :

–         Chercher des contacts plutôt qualitatifs que quantitatifs

–         Chercher plus d?authenticité dans les relations humaines

–         Chercher davantage à écouter qu?à être écouté

–         Chercher une communication plus constructive (par ex. : communication non-violente) en famille, en couple, au travail, etc.

b. Simplification de l?emploi du temps

Avez-vous remarqué combien nous apprécions faire étalage de notre emploi du temps « surchargé » ? L?agenda overbooké est un signal social de notre importance supposée. C?est bien vu dans un environnement socio-économique prônant efficacité, rapidité, diversité et mobilité. D?ailleurs, « on donnera à celui qui a ». Donc, si votre agenda est chargé, on vous proposera davantage d?activités et d?engagements, c?est sûr ! Cela peut conforter une identité quelque peu fragile, dans le registre du « je suis aimé, puisque je suis sollicité ».

Nous avons naturellement différents rôles à jouer et à tenir : celui de membre d?une famille, d?une église, d?une association donnée, employé d?une entreprise, citoyen d?une nation, avec des devoirs et des droits y relatifs. Et évidemment, ces engagements prennent du temps, en fonction du degré d?implication de chacun.

Simplifier son emploi du temps, cela ne signifie pas nécessairement se retirer dans un ermitage, mais établir des priorités, se concentrer sur les tâches et les engagements les plus en harmonie avec ce qui est le plus important à nos yeux. On pourrait proposer les orientations suivantes :

–         Déterminer quel est sa mission personnelle et les objectifs qui s?y rapportent

–         Se fixer des objectifs annuels et des priorités, et y revenir tout au long de l?année

–         Eviter les chronophages multiples où le temps est gaspillé de façon inutile (surf internet débile, zapping télévisuel stérile, conversations inutiles)

–         Inscrire nos activités dans le temps, avec une date butoir pour achever le travail

–         Favoriser des temps sabbatiques, des retraites, des moments pour faire le point et s?arrêter pour célébrer la vie.

c. Simplification du c?ur

Il est dit que le c?ur de l?homme est insondable (Psaumes 64.6) et tortueux (Jérémie 17.9 ; Marc 7.21). Des pensées multiples virevoltent dans nos c?urs. Des émotions ambivalentes polluent nos relations et notre existence. Des vouloirs contradictoires s?opposent sur les champs de bataille de nos vies.

Simplifier nos vies, c?est avant tout devenir simples et unifiés à l?intérieur. Nous pourrions travailler sur les axes suivants :

–         Apprendre à être davantage dans le moment présent plutôt que de laisser nos pensées papillonner au gré du vent entre souvenirs, désirs, projets, dialogues intérieurs sans objet

–         Chercher à concentrer notre énergie mentale dans chaque activité

–         Apprendre à aimer ce que Dieu aime et à haïr ce qu?Il hait.

–         ?pour enfin choisir Sa volonté

« Seigneur, unifie mon c?ur dans la crainte de Ton nom » (Psaume 93.16)

d. Simplification des biens

Nos logements, nos armoires, nos greniers, nos tiroirs regorgent de biens : objets à double ou à triple, appareils plus ou moins obsolètes, livres jamais lus s?entassant sur une bibliothèque aussi chargée qu?empoussiérée? Les stratégies de simplification matérielle pourraient être :

–         Donner ce qui nous est inutile, mais qui pourrait être utile à d?autres

–         Jeter ce qui est inutile pour tous

–         Recycler ce qui peut l?être

–         Trier régulièrement notre espace vital pour le purifier de l?inutile, du laid, de l?énergivore

e. Simplification corporelle

En Suisse en particulier, et en Occident de façon générale, nous avons survalorisé l?hygiène et la propreté, avec raison. Cependant, ces notions sont devenues un véritable marché, source de multiples nuisances : marché des produits de nettoyage, source de pollution des eaux. Marché des cosmétiques, source d?exploitation d?animaux (graisse de baleines et autres mammifères, expérimentation animale, etc.).

Dès lors, il convient peut-être de remettre en question un certain nombre de standards « hygiéniques » occidentaux : par exemple, est-ce vraiment nécessaire, recommandé et justifié de prendre un bain chaque jour ? Serons-nous moins « propres » si nous limitons notre usage de l?eau ? Voici quelques idées de simplification en lien avec le corps et la santé :

–         Baisser l?intensité du chauffage et davantage s?habiller en hiver

–         Boire de l?eau plutôt que des boissons gazeuses sucrées et chères

–         Valoriser l?exercice physique plutôt que les moyens mécaniques motorisés (escaliers plutôt qu?ascenseur ou escalator, vélo plutôt qu?auto)

–         Apprendre à manger mieux et moins, en mâchant, en savourant, plutôt qu?en engloutissant des quantités de nourriture devant la télé

–         Apprendre à respirer plus à fond, à se détendre, à sentir la vie plutôt que de surfer en périphérie de soi

f. Simplification de l?habitat et de l?espace vital

Magnifiques propriétés avec des gazons de rêve, jardins merveilleusement fleuris avec force engrais et traitements chimiques, habitats surchauffés, environnement sonore permanent (chaîne hi-fi, radio, tv), mobiliers nocifs (mousses synthétiques des revêtements, meubles en panneaux de particules agglomérées), la liste des atteintes à notre santé par l?habitat est longue. Or, ces atteintes pourraient être réduites par une simplification de notre style de vie.

4. Conclusion : le plaisir dans l?exception et la qualité

L?homme occidental est parfois désabusé. Dès lors, il court de nouveautés technologiques en nouvelles radiophoniques, consommant ça et là voyages, technologie, mets, évènements culturels, expériences sexuelles multiples, formations, arts, biens et services.

Est-ce que tout cela lui donne du bonheur ? La réponse est connue. Mais a-t-il seulement du plaisir ? On peut en douter : celui qui fume un ou deux paquets de cigarettes par jour, ou qui a tout toujours et tout de suite a-t-il du plaisir ? Non, il souffre, il est en manque, il est esclave de sa consommation, de sa compulsion.

Pourquoi ? Parce que le plaisir, en fin de compte, se trouve dans la rareté ou dans l?exception. Ce qui est rare est précieux, ce qui est précieux est plaisant et contribue à la beauté de la vie, et donc au bonheur.

La simplification de vie pourrait être illustrée par l?image de la taille d?un arbre : tailler un arbre ou un arbuste (vigne), c?est lui permettre de concentrer toute sa sève aux bons endroits, afin de produire des fruits de qualité. En taillant un arbre, on le simplifie, sachant qu?en laissant ses branches se multiplier de façon anarchique, on va l?exposer à la faiblesse et à la maladie. Il en va de même dans notre existence : nos facultés ont besoin d?être canalisées, et pour ce faire, une certaine simplification, conduisant à la concentration, doit s?opérer. Paradoxalement, cette opération de simplification amène un réel développement, un réel accroissement.

Bien plus, il y a probablement un lien entre simplicité et beauté : la beauté découle de l?impression d?harmonie se dégageant d?un ensemble. Or, la simplicité, en épurant et en dépouillant, harmonise les formes, les êtres et les vies. Ce qui est simple est souvent beau, ce qui est beau est simple. La surcharge, qu?elle soit d?ordre architectural, musical, spatial, est rarement belle.

Enfin, on pourrait tenter un lien entre simplicité et sainteté : la sainteté c?est, dans une acception primaire, la séparation d?avec le mal. Plus profondément, c?est ce qui est distinct, ce qui se différencie : c?est le contraire de l?indifférencié, du fusionnel, de l?indistinct, du confus, du chaotique. On pourrait aller jusqu?à dire que la sainteté c?est la distinction, non dans le sens habituel d?une affectation et d?une condescendance, mais dans le sens de ce qui est autre, de ce qui se distingue du vulgaire et de l?habituel. Une vie simplifiée est une vie sanctifiée, et une vie sanctifiée est belle : là réside le vrai bonheur, conjonction du Bien, du Vrai et du Beau, pleinement réalisés dans le Dieu trinitaire.

Peut-être que la pertinence du mot décroissance devrait être remise en question dans une perspective chrétienne : en effet, le Livre des Origines (Genèse) nous parle au contraire d?une dynamique de croissance, de développement, au c?ur de la Création. Prôner la décroissance globale et la simplification individuelle pourrait nous conduire dans une impasse mortifère contraire à la dynamique de la vie. La croissance est la loi de la vie. Le problème du monde occidental n?est pas la croissance, mais la surproduction et la surconsommation, soit, pour revenir à l?exemple de l?arbre, la multiplication de branches de façon anarchique, au détriment du fruit, la quantité au détriment de la qualité. Or, au niveau individuel comme au niveau mondial, ce n?est pas la quantité d?activités, d?entreprises, d?actions, d?informations, de formations, de productions qui est importante, mais leur qualité. La civilisation moderne est une civilisation de quantité, et c?est cette augmentation quantitative qui est insupportable pour l?environnement. Imaginons un approfondissement qualitatif de nos infrastructures, organisations, industries, productions, biens et services : plus jamais de gadgets aussi inutiles que polluants sur le marché. Plus jamais de pommes grosses comme une tête mais au goût de médicament. Plus jamais d?appareils programmés pour une courte durée de vie.  Nous aurions moins d?objets, moins de marques, moins de choix, mais davantage de satisfaction. Cela irait dans le sens d?une croissance fondamentale des personnes, pour le bonheur de tous.

L?Esprit souffle où il veut. Les mouvements de simplicité volontaire et de décroissance ont incontestablement un côté « tendance » dans certains milieux, dictés par des modes aussi réactives que fugitives. Mais au fond, ces mouvements ont aussi force d?interpellation. On pourrait y discerner un clin d??il de Dieu, une invitation à témoigner, à donner à ces intuitions une assise spirituelle et une profondeur évangélique. Simplicité oui, décroissance peut-être, mais pour quoi ? Pour plus de bonheur. Pour la joie de l?homme et l?honneur de Dieu.

Eric Divernois, travailleur social

 


 

1. « Décroissance (économie) » in http://fr.wikipedia.org, septembre 2008

 

2. Charte rédactionnelle. In « La décroissance, le mensuel des objecteurs de croissance. » www.ladecroissance.net, septembre 2008

 

3.« Simplicité volontaire » in http://fr.wikipedia.org, septembre 2008

 

4. Ézéchiel 11.19 et 36.26 : ces passages nous parlent du passage de l?insensibilité à la sensibilité, de l?aveuglement à la vision, de la dureté à la tendresse, de la nuit au jour, de la mort à la vie, de Satan à Dieu.

 

5. Voir Jacques 4.1-4 : « D’où proviennent les conflits et les querelles entre vous? N’est-ce pas des désirs égoïstes qui combattent sans cesse en vous? Vous convoitez beaucoup de choses, mais vos désirs restent insatisfaits. Vous êtes meurtriers, vous vous consumez en jalousie, et vous ne pouvez rien obtenir. Vous bataillez et vous vous disputez. Vous n’avez pas ce que vous désirez parce que vous ne demandez pas à Dieu. Ou bien, quand vous demandez, vous ne recevez pas, car vous demandez avec de mauvais motifs: vous voulez que l’objet de vos demandes serve à votre propre plaisir. Peuple adultère que vous êtes! Ne savez-vous pas qu’aimer le monde, c’est haïr Dieu? Si donc quelqu’un veut être l’ami du monde, il se fait l’ennemi de Dieu. »

Et Proverbes 30.8 : « ? ne me donne ni pauvreté ni richesse; accorde-moi seulement ce qui m’est nécessaire pour vivre. »

 

6. Luc 3.14.

 

7. 1 Timothée 6:7  « Car nous n?avons rien apporté dans le monde, comme aussi nous n?en pouvons rien emporter ».

 

8. Proverbes 28.18  « Qui se conduit en toute simplicité sera sauvé, mais qui mêle deux façons d?agir achoppera dans l?une d?elles. »
Actes 2.46  « Unanimes, ils se rendaient chaque jour assidûment au temple ; ils rompaient le pain à domicile, prenant leur nourriture dans l?allégresse et la simplicité de coeur. »
2 Corinthiens 1.12  « Car notre sujet de fierté, c?est ce témoignage de notre conscience : nous nous sommes conduits dans le monde, et plus particulièrement envers vous, avec la simplicité et la pureté de Dieu, non avec une sagesse humaine, mais par la grâce de Dieu. »
2 Corinthiens 11.3  « mais j?ai peur que?comme le serpent séduisit Eve par sa ruse?vos pensées ne se corrompent loin de la simplicité due au Christ. »
Colossiens 3.22  « Esclaves, obéissez en tout à vos maîtres d?ici?bas. Servez?les, non parce qu?on vous surveille, comme si vous cherchiez à plaire aux hommes, mais avec la simplicité de coeur de ceux qui craignent le Seigneur. »
Jacques 1.5  « Si la sagesse fait défaut à l?un de vous, qu?il la demande au Dieu qui donne à tous avec simplicité et sans faire de reproche ; elle lui sera donnée. »

 

9. cf. Matthieu 5.8 : « Heureux ceux dont le c?ur est pur, car ils verront Dieu. »

 

10. On peut étendre cette réflexion à la technologie : la Suisse est célèbre pour ses canifs multifonctionnels. Le concept du « tout en un » au niveau des outils et des objets proposés est une idée intéressante. En effet, les « objets tout en un » peuvent en effet aller dans le sens d?une simplification, au moins une simplification spatiale : au lieu d?avoir un agenda, un appareil photo, un porte-monnaie, un portefeuille, un bloc-notes, une radio, un enregistreur, un lecteur MP3, et bien sûr un téléphone portable, soit 10 objets distincts prenant pas mal de volume et pouvant chacun être volés, perdus, endommagés, etc., il est possible aujourd?hui de n?avoir qu?un seul appareil incluant toutes ces fonctions.

 

11. Luc 6.20

 

12. Matthieu 5.3


Photo by David Marcu on Unsplash

~ 11 min

1. Définition et enjeux

La définition du développement durable, désormais universelle, nous est donnée par le rapport de la Commission mondiale sur l’environnement et le développement dirigée par Madame Brundtland. Ce rapport stipule « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs » [^1]La notion de « besoins » qui concerne les plus démunis des habitants de la planète et celle de « limitation des ressources » sont au coeur du concept de développement durable [^2]. Cette limitation des ressources, restreignant la capacité de l’environnement à répondre aux besoins actuels et à venir est provoquée par l’état des techniques et de l’organisation sociale et économique.

Le développement durable essaie de concilier efficacité économique, équité sociale et responsabilité environnementale. Ainsi, il a pour ambition de concilier des intérêts qui jusqu’ici semblaient concurrents. En effet, tout en tenant compte de l’ensemble des besoins, matériels et immatériels, actuels et futurs, il prend en considération la nature et les autres êtres vivants, sans lesquels la vie de l’homme est tout simplement impossible. Sa vision et son action sont à la fois globales, spatiales et temporelles. Bien qu’il s’inscrive dans le présent et s’occupe des humains contemporains et de leurs besoins (sociaux, économiques et environnementaux), le développement durable se comprend dans une démarche à long terme, afin d’assurer les intérêts des générations à venir et prévenir les effets négatifs sur l’environnement que pourraient occasionner certaines actions mises en oeuvre par l’activité humaine. Cependant, sa dimension globale ne l’empêche pas de s’intéresser de manière particulière aux différentes actions réalisées au niveau local. D’ailleurs, les modes de production et de consommation dans les pays du Nord et du Sud sont l’objet de cette nouvelle vision du développement dont les actions individuelles sont centrales pour la réussite de toute démarche liée au développement durable.

2. Petit historique

Pourquoi parle-t-on de développement durable et comment cette notion a-t-elle vu le jour ?

·        Dans les années 1960, on part de l’idée que chaque être humain a droit à sa juste part de ressources. C’est donc plutôt l?idée d?un développement à tout prix.

·        Dans les années 1970, on commence à réaliser – et ceci sera particulièrement mis en évidence pendant la conférence de Stockholm (première conférence mondiale sur l’environnement) – que l’écosystème terrestre est limité et qu’il faut le préserver ; la notion de protection de l?environnement devient alors incontournable.

·        Dans les années 1980, on réalise qu’afin d’assurer un développement durable, il faut prendre en compte non seulement la préservation de l?environnement mais également l’aspect social et économique. Le développement durable voit ainsi le jour. C’est donc la Commission Brundtland qui en 1987 formulera la première définition du développement durable, reprise à Rio par la suite [^3]

En 1987, la commission pour l’environnement et le développement, appelée commission Brundtland, part du constat que les ressources s’épuisent à une vitesse telle que la vie humaine est mise en péril. En 1992, les Nations Unies convoquent un sommet mondial qui réunit plus de 180 pays à Rio de Janeiro. Lors de ce sommet, baptisé « Sommet de la Terre », un agenda est élaboré : c’est l’« Agenda 21 » de Rio, adopté par plus de 180 Etats présents. L’Agenda de Rio propose des mesures qui doivent être prises à l’échelle de la planète au 20ème siècle, afin de parvenir à une convergence et un équilibre durable entre « l’efficacité économique, la solidarité sociale et la responsabilité écologique ». Ce même sommet définira les principes qui guideront les actions pour un développement durable que les Etats, comme les collectivités publiques, seront encouragés à élaborer et à mettre en oeuvre. En 2002, un deuxième sommet est organisé en Afrique du Sud pour prendre la mesure du chemin parcouru depuis Rio et ébaucher les perspectives du développement durable.

3. Les trois dimensions du développement durable

Pour satisfaire pleinement les besoins humains, le développement durable considère qu’il faut cesser de voir les aspects socioculturels, économiques et environnementaux comme dissociables. Au vu de leurs interactions importantes, mettre ces aspects sur un pied d’égalité est le seul moyen de leur permettre de participer intégralement au bien-être de tous. Le développement durable constitue ainsi une base solide pour la résolution des problèmes que rencontrent les différentes sociétés dans leurs tentatives de sortir du mal-développement. A cet effet, on peut définir trois notions clés, comprenant les enjeux fondamentaux de la vie quotidienne de chaque être humain et représentant les  dimensions du développement durable. Il s’agit de :

·        L’environnement avec comme contenu la sauvegarde des bases existentielles naturelles ;

·        L’économie avec comme contenu la sauvegarde des bases existentielles matérielles ;

·        La société avec comme contenu la sauvegarde des bases existentielles immatérielles.

[^4] Source : http://cld-ardeche-verte.blogspot.com

a. L’économie

La plupart d’entre nous pourraient facilement ignorer la notion d’économie qui, dans notre société globalisée, renvoie aux multinationales et entreprises cotées en bourse. Pourtant, vu sous l’angle du développement durable, l’économie nous concerne tous, petits et grands, riches et moins riches à des degrés divers. Les entités économiques de production sont, bien sûr, en première loge. Elles doivent donc tout mettre en oeuvre pour garantir une production moins gourmande en énergie et en capital naturel, et faire preuve d’innovation, le but n’étant pas uniquement d’augmenter le capital et les profits des actionnaires. Le développement de nouvelles technologies doit notamment permettre d’assurer une production moins polluante et moins génératrice de déchets.

En aval de la production, on attend de chacun d’entre nous d’être « bon » consommateur et, par conséquent, producteur de déchets et de pollution. En effet, pour que la machine économique continue à tourner, il faut consommer. Ainsi, la consommation se trouve au coeur des processus socio-économiques et certains en font même un indicateur de bien-être des populations, avec ce message : si votre niveau de consommation augmente, c’est que tout va bien ! Pourtant, il arrive souvent que la croissance de la consommation atteigne le niveau que M. Bosquet appelle « la consommation opulente ». Celle-ci, nous dit-il, « assure la croissance du capital mais pas la croissance des satisfactions » [^5]. Dans cette course effrénée à la consommation, une parole de sagesse nous interpelle : « Si tu trouves du miel, n’en mange que ce qui te suffit car si tu en prends trop, tu le rejetteras. » (Proverbes 25.16)

Dans une société tournée vers la consommation, il convient de souligner notre pouvoir en tant que consommateur, et comme pour tout pouvoir, notre responsabilité de l’exercer de manière intelligente. A ce propos, les éléments suivants doivent attirer notre attention :

·        nous consommons le produit prélevé dans l’environnement (capital naturel),

·        ce capital naturel se régénère à l’échelle géologique (rythme très long à l’échelle humaine),

·        ce capital naturel doit pouvoir profiter aux générations futures.

b. La société

« Que le droit jaillisse comme une source d’eau, que la justice coule comme un torrent puissant. » (Amos 5.25)

La croissance des richesses et l’efficacité économique doivent profiter à tous. C’est pourquoi, la satisfaction des besoins de base des plus pauvres est un défi important du développement durable, qu’il doit permettre et favoriser la solidarité entre les générations ainsi qu’entre les pays riches et les pays pauvres. Mais plutôt que de pauvreté, il faut parler de misère, dans certains pays où le minimum vital n’est pas assuré. Le développement durable doit aussi servir à mieux appréhender et à résoudre les problèmes liés à la santé, à l’éducation et l’emploi, afin de faire disparaître les inégalités existant à l’intérieur des pays et entre eux; il s’agit de lutter contre l’exclusion tout en respectant les différences culturelles. Pour ce faire, il est nécessaire d’encourager la participation de tous les groupes sociaux concernés.

c. L’environnement

Votre pays sera dévasté et vos villes deviendront des monceaux de ruines. Alors la terre jouira des années de repos durant tout le temps qu’elle sera désolée et que vous serez dans le pays de vos ennemis ; enfin elle chômera et jouira de son repos. Durant toute cette période où elle restera dévastée, elle se reposera pour les années de repos dont vous l’aurez frustrée le temps que vous l’aurez habité. (Lévitique 26.33-35)

L’Eternel ne semble pas satisfait de la manière dont Israël gère la terre qu’il lui a donnée. Curieusement, le temps de repos prescrit à l’homme concerne aussi la nature. Ce passage, comme celui de l’arche de Noé pour n?en citer qu?un tiré de l’Ancien Testament, montre que le Créateur se soucie de la nature. Cependant, le Seigneur ne fait pas croître la nature au point de vouloir voir la brousse et les animaux sauvages coloniser l’espace habité par l’homme. Dieu sait que l’homme a besoin de la nature pour mener une vie harmonieuse. La responsabilité environnementale est une chose que le Créateur lui demande certainement d?exercer. En tant que chrétiens, notre responsabilité est engagée à deux niveaux :

·        nous savons que la nature est l’oeuvre de Dieu et que toute la création attend le salut de Dieu. A ce titre, notre usage de la nature devrait être guidé par le respect de son auteur.

·        en tant que « collaborateurs de Dieu », notre comportement vis-à-vis de la création devrait être exemplaire. En effet, le chrétien est l?imitateur de Dieu en toutes choses.

4. Les indicateurs

Depuis que le développement durable est entré dans les politiques publiques ou d’entreprises, plusieurs types d’indicateurs ont été élaborés. Pour cette présentation, nous avons retenu deux indicateurs d’application générale, nécessaires à une évaluation globale des problèmes environnementaux et de développement socio-économique.

a. L’empreinte écologique

Orientée vers l’environnement, l’empreinte écologique est un indicateur synthétique capable de mesurer les impacts écologiques de la société en termes d’utilisation des ressources et de pollution. L’unité retenue : la surface de la Terre biologiquement productive exprimée en hectares globaux (un hectare global étant un hectare de sol ayant une productivité moyenne au niveau mondial. Les auteurs M. Wackernagel et W. Rees ont développé la méthode suivante :

Il faut penser une économie comme ayant un métabolisme industriel. A cet égard, elle est semblable à une vache dans un pré. L’économie a besoin de manger des ressources et finalement, toute cette consommation deviendra déchet et devra quitter l’organisme – l’économie. La question devient donc, combien de sols faut-il pour maintenir durablement l’actuel niveau de vie d’une économie spécifique. [^6]

La surface ainsi évaluée est ensuite ramenée à l’habitant (ha/habitant) [^7].



Cet indicateur a l’avantage d’être à la fois synthétique et pédagogique. En effet, il attribue l’impact écologique au consommateur et permet à celui-ci de mener une réflexion sur son mode de vie.

b. L’Indice de développement humain (IDH)

Les experts du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) ont constaté les limites de la mesure du Produit Intérieur Brut (PIB), utilisé comme indicateur de développement dans les années 1990. Ils ont alors proposé un nouveau concept de type qualitatif appelé « Indice de développement humain » (IDH). Il s’agit d’un indice composite mesurant l’évolution d’un pays selon trois critères de base du développement humain :

–         La santé et longévité (mesurée d’après l’espérance de vie à la naissance) ;

–         Le savoir (mesuré par le taux d’alphabétisation des adultes et le taux brut de scolarisation combiné du primaire, du secondaire et du supérieur) ;

–         Un niveau de vie décent (mesuré par le PIB par habitant en parité au pouvoir d’achat en dollars US) [^8].

5. Quelques principes pour guider l’action

Après le sommet de Rio, des principes, des engagements et des codes de conduites ont été élaborés ici et là par les collectivités publiques et les entreprises. Mais le texte de référence, du fait de sa portée politique, reste celui des principes rédigés à l’occasion de la conférence de Rio en 1992. Celle-ci a défini vingt-sept principes sur lesquels la mise en oeuvre du développement durable doit s’appuyer. Ci-après quelques-uns des principes-clés du développement durable :

–         Le principe de solidarité : le développement durable repose sur le principe de solidarité entre les générations (dans le temps) et entre les peuples (dans l’espace) pour préserver le patrimoine humain et réduire le fossé entre les riches et les pauvres, entre le Nord et le Sud. (principes n° 3 et 5)

–         Le principe de participation qui suppose que l’ensemble des acteurs de la société (entreprises, ONG, collectivités publiques, citoyens, etc.) s’implique dans le processus de décision. La réussite des projets de développement durable repose en grande partie sur ce principe. (principes n° 10 et 20)

–         Le principe de précaution qui pousse à la prudence là où le doute existe quant aux dommages irréversibles que l’environnement peut subir suite à l’activité de l’homme. (principe n° 15)

D’autres principes, dont le principe de responsabilité et le principe d’équité, sont détaillés dans l’Agenda 21 de Rio. [^9]

6. Les acteurs

Plusieurs groupes d’acteurs ont également été définis par la Conférence des Nations Unies. Nous avons retenu les cinq principaux ainsi que leurs différents rôles (mais la liste n’est pas exhaustive) :

a. Les gouvernements

–         Etablir un cadre légal qui favorise la mise en place des Agendas nationaux et locaux ;

–         Mettre en place des politiques de développement en accord avec les principes du développement durable ;

–         Mettre sur pied une bonne coordination entre les acteurs au niveau des différents ministères ou départements ;

–         Adopter des pratiques exemplaires dans l’administration.

b. La société civile

–         S’impliquer activement dans les questions sociales, économiques et environnementales ;

–         Aider les pouvoirs publics et les interpeller sur les décisions incompatibles avec le développement durable ;

–         Influencer l’opinion et stimuler les débats sur les questions relatives au développement durable.

c. Les entreprises

–         Encourager la production propre et moins gourmande en énergie ;

–         Etre socialement responsable ;

–         Encourager les employés à des comportements durables (p.ex : transport ).

d. Les municipalités

–         Agir en exemple pour la population ;

–         Informer et sensibiliser les collaborateurs et la population sur les questions de développement durable ;

–         Mettre à la disposition des consommateurs des informations utiles pour les aider à faire des choix responsables ;

–         Mettre en place des agendas 21 locaux ;

–         Promouvoir le développement durable en imposant des critères écologiques dans l’attribution des marchés ou dans l’octroi des subsides aux projets.

e. L’individu

–         Honorer le Créateur ;

–         Adopter une attitude responsable (prendre conscience de nos choix de consommation, éviter la pollution et le gaspillage des ressources naturelles) ;

–         Répandre le bonheur et la foi autour de soi ;

–         Pratiquer la justice, l’équité et la solidarité, entre autres valeurs.

7. Le développement durable : une nouvelle valeur ?

Avec la médiatisation du concept de développement durable, d’aucuns pensent qu’une religion est née. Dans une société en quête constante de nouveautés et de nouvelles références, tout est possible. Cependant, aussi innovant et intéressant qu’est le concept de développement durable, il ne pourrait prétendre remplacer, voire compléter ce qui manquait jusqu’ici à l’église. La communauté chrétienne possède depuis sa fondation des valeurs et des principes immuables qui donnent une large place aux aspects liés à la solidarité et à la protection de la nature, ?uvre du Créateur. « Par ailleurs, certaines recommandations bibliques sont prescrites en vue de satisfaire les besoins d’existence commune. » [^10] Nous entendons par éthique « la prise en compte dans l’agir, des valeurs sociales, morales et spirituelles fondamentales propres à une société »[^11] ; dans cette perspective, l’évangile nous donne des éléments essentiels pour que le séjour de l’homme sur la Terre se fasse dans l’harmonie avec lui-même, son prochain, son environnement et par-dessus tout, son Créateur.

Jean Hategekimana, spécialiste environnement et développement



1. Commission mondiale sur l’environnement et le développement : Rapport Brundtland, Notre avenir à tous. Editions du Fleuve, Montréal, 1987

2. D’après Brodhag, C., Délégué interministériel au Développement Durable

3. ibid.

4. Häberli et al. : Objectif qualité de vie. Développement durable, une exigence écologique, une stratégie économique, un processus social. p. 31

5. Bosquet, M. Ecologie et liberté. p.44

6. Wackernagel, M. et Rees, W. : Our Ecological Footprint, Reducing Human Impact on the Earth, New Society, Gabriela Island, 1996

7. Brodhag, C. et al, Développement durable : leçons et perspectives, In Actes du colloque scientifique de Ouagadougou. pp 113-120

8. Programme des Nations Unies pour le Développement, http://hdr.undp.org/reports/global/2004/francais

10. Jakubec J., Le développement durable, approche scientifique, sociale et éthique, p. 32

11. Ibid., p. 31

Photo by David Marcu on Unsplash

~ 13 min

Quelle éthique chrétienne pour répondre aux problèmes environnementaux ?

« Si la dégradation de notre environnement était seulement un problème avec une solution scientifique ou technique, il serait certainement déjà résolu à l’heure qu’il est. Cependant, les crises liées à la pollution, à la réduction des ressources sont le reflet de difficultés profondes causées par certains aspects basiques de notre système de valeurs. Ceci nous met au défi d’estimer si ces principes sont adéquats et, si besoin est, de découvrir un nouveau cadre permettant de définir un comportement éthique. 1

En ce début du XXIème siècle, nous vivons une crise écologique sans précédent. Inexorablement, la terre se réchauffe, la pollution augmente, les ressources naturelles, comme l’eau potable ou le pétrole, se raréfient, sans parler des montagnes de déchets qui s’accumulent. Autant de problèmes qui, à en croire la professeure Shrader, trouveraient leur solution avec l’adoption d’un nouveau système de valeurs.

Il est dès lors légitime de se demander comment s’intègrent les questions environnementales au système de valeurs chrétiennes et quelle réponse nous pourrions donner à ces interrogations ? Pour ce faire, il est utile de revenir à la Bible, où Dieu définit les relations entre la nature et l’homme.

1. La relation de Dieu avec la nature

Une des caractéristiques les plus marquantes du Dieu chrétien est d’être un Dieu créateur. La Bible s’ouvre donc naturellement sur le récit de la création. La première caractéristique de Dieu sera donc de créer, de donner la vie. En lisant les premiers versets de la Bible, on peut voir que Dieu y prend plaisir et qu’il fait tout à la perfection. Dieu aime sa création, celle-ci ne le laisse pas du tout indifférent. Il l’a faite belle et bonne : Genèse 2.9a « Il fit pousser du sol toutes sortes d’arbres à l’aspect agréable et aux fruits délicieux ».2 De plus, après chaque étape créatrice, il est dit que « Dieu constata que cela était bon ». L’acte créateur peut aussi être vu comme la pose de limites, la définition de structures. Dieu éloigne le chaos et définit des règles. Il crée le jour et la nuit, ainsi que les saisons et les années. Chaque créature a une place déterminée, afin d’assurer une stabilité.

Dieu accompagne aussi chaque étape de sa création de paroles de bénédiction et attribue un rôle particulier à chaque créature. Ainsi, dans Genèse 1.22 : « Que tout ce qui vit dans l’eau se multiplie et peuple les mers ; et que les oiseaux se multiplient sur la terre ». Toutes les créatures bénéficient de la bienveillance de Dieu. L’histoire de Noé est aussi édifiante à cet égard. Genèse 9.9-10 :

« Voici, j’établis mon alliance avec vous et avec votre postérité après vous ; avec tous les êtres vivants qui sont avec vous, tant les oiseaux que le bétail et tous les animaux de la terre, soit avec tous ceux qui sont sortis de l’arche, soit avec tous les animaux de la terre. »

Dieu ne fait pas seulement alliance avec l’homme mais avec toute la création ! La survie des animaux était donc aussi fondamentale pour Dieu. En ce sens, il est également intéressant de constater que l’homme a été créé en dernier. Nous dépendons donc de tout ce qui a été fait auparavant et nous ne pouvons pas exister sans cela. Enfin, il est important de remarquer que la création n’est pas un acte ponctuel. Dieu renouvelle son geste créateur jour après jour, comme l’exprime par exemple le Psaume 104 3

La nature, quant à elle, loue son créateur. Psaume 19.1-7 :

« Les cieux racontent la gloire de Dieu, et l’étendue manifeste l’oeuvre de ses mains. Le jour en instruit un autre jour, la nuit en donne connaissance à une autre nuit. Ce n’est pas un langage, ce ne sont pas des paroles dont le son ne soit point entendu : Leur retentissement parcourt toute la terre, Leurs accents vont aux extrémités du monde, où il a dressé une tente pour le soleil. Et le soleil, semblable à un époux qui sort de sa chambre, s’élance dans la carrière avec la joie d’un héros ; Il se lève à une extrémité des cieux, et achève sa course à l’autre extrémité : Rien ne se dérobe à sa chaleur. »

La nature a été créée pour rendre gloire à Dieu. Beaucoup de psaumes expriment aussi cette idée, notamment les Psaumes 8, 104 ou 148. Ils montrent aussi l’homme regardant la nature et louant Dieu pour la perfection de sa création. La nature est donc présentée comme un objet de louange. Comme l’affirme le Psaume 147.1-9 :

« Louez l’Éternel ! Car il est beau de célébrer notre Dieu, Car il est doux, il est bienséant de le louer. L’Éternel rebâtit Jérusalem, Il rassemble les exilés d’Israël ; Il guérit ceux qui ont le coeur brisé, Et il panse leurs blessures. Il compte le nombre des étoiles, Il leur donne à toutes des noms. Notre Seigneur est grand, puissant par sa force, Son intelligence n’a point de limite. L’Éternel soutient les malheureux, Il abaisse les méchants jusqu’à terre. Chantez à l’Éternel avec actions de grâces, Célébrez notre Dieu avec la harpe ! Il couvre les cieux de nuages, Il prépare la pluie pour la terre ; Il fait germer l’herbe sur les montagnes. Il donne la nourriture au bétail, Aux petits du corbeau quand ils crient. »

Enfin, Dieu utilise aussi la nature pour se rapprocher des hommes. La contemplation et l’étude de la perfection de la création nous apprennent à mieux connaître le créateur et à le louer pour ses bienfaits. Nous sommes exhortés à apprendre de la nature ; ainsi dans Job 12.7-10, Job affirme :

« Interroge les bêtes, elles t’instruiront, les oiseaux du ciel, ils te l’apprendront ; Parle à la terre, elle t’instruira ; Et les poissons de la mer te le raconteront. Qui ne reconnaît chez eux la preuve que la main de l’Éternel a fait toutes choses ? Il tient dans sa main l’âme de tout ce qui vit, le souffle de toute chair d’homme. »

La création est un cadeau de Dieu. Un cadeau est un don gratuit, qui ne représente pas une obligation pour Dieu. C?est aussi une expression d?amour pour les hommes. Ce cadeau peut être vu comme témoin de notre relation avec le Seigneur : Dieu nous donne la nature comme source de louange afin que nous puissions maintenir notre relation à Lui. Si nous sortons de cette relation, le cadeau est menacé.

2. Dieu définit les relations entre l’homme et la nature

Une idée répandue depuis le XIXème siècle affirme que la foi chrétienne favorise la destruction de la nature et l’apparition de crises écologiques. Cette affirmation est souvent accompagnée de l’idée que Dieu donne la nature à l’homme et que celui-ci peut en faire ce qu’il veut et l’exploiter à sa guise. On oppose ensuite souvent au christianisme les religions orientales, basées sur l’idée que l’homme est une partie d’un tout. N’est-il pas vrai que la Genèse parle de croître et de dominer ? C’est une vue assez simpliste du problème et pour répondre à cette affirmation, il est important de relire la Genèse (1.27) :

« Puis il les bénit en leur disant : Ayez des enfants, devenez nombreux, peuplez toute la terre et dominez-la ; soyez les maîtres des poissons dans la mer, des oiseaux dans le ciel et de tous les animaux qui se meuvent sur la terre. »

Ici, « dominer » ne signifie pas une domination despotique, sans justice. Dieu ne donne pas l’autorisation à l’homme d’exploiter la terre sans respect pour les autres cultures, créatures ou ressources naturelles. Le terme « domination » doit plutôt être compris dans le sens d’une seigneurie rendant gloire à Dieu. Une des racines de dominer (radah en hébreu) désgine le fait de prendre possession d’un patrimoine comme un berger prend possession de son troupeau : en le guidant et en répondant à ses besoins.

Cette idée est reprise plus loin dans le texte, dans Genèse 2.15 : « le Seigneur prit l’homme et l’établit dans le jardin d’Eden pour le cultiver et le garder ». Le verbe garder (samar en hébreu) signifie protéger, tenir un bien à l’abri, s’occuper de quelque chose avec responsabilité, comme Dieu nous appelle à garder sa loi dans notre propre coeur (cf. Deutéronome 4.9). Par ailleurs, Dieu donne des instructions pour partager la végétation entre les hommes et les autres créatures : Genèse 1.29-30 :

« Je vous donne les plantes produisant les graines et les arbres qui portent des fruits avec pépins ou noyaux [?] De même je donne l’herbe verte comme nourriture à tous les animaux terrestres, à tous les oiseaux, à toutes les bêtes qui se meuvent au ras du sol, bref à tout ce qui vit. »

Dieu donne donc sa création à l?homme, comme un maître donne son bien à un gérant. Dieu nous donne la liberté de détruire la création ou d?affirmer son existence. Nous sommes responsables de la nature devant Dieu. Les humains occupent certes une place spéciale dans la création et ont un rôle spécifique à jouer, mais ils font aussi partie de la création et sont sous l?autorité de Dieu.

La seigneurie sur la nature accordée à l’homme par Dieu est donc loin d’être absolue, elle s’accompagne du devoir de partager, de gérer à long terme et de pourvoir à une bonne qualité de vie pour son prochain et pour les générations futures. Elle exige un respect de l’intégrité de la création, minérale, végétale, animale et humaine. Les hommes peuvent donc soumettre la création, pour autant qu’ils restent soumis à Dieu.

3. Une gestion de la nature suivant la vision de Dieu

Après la sortie d’Egypte et l’Exode, Dieu va transmettre aux Israélites un certain nombre de règles leur permettant d’organiser la vie de leur communauté. Parmi les différentes règles sociales, Dieu exprime notamment la manière de gérer la nature. ` travers ces exemples, on peut donc voir transparaître les règles que Dieu propose pour définir la relation que nous entretenons avec notre environnement.

Dans Lévitique 25, Dieu dit :

« Parle aux enfants d’Israël, et tu leur diras : Quand vous serez entrés dans le pays que je vous donne, la terre se reposera : ce sera un sabbat en l’honneur de l’Éternel. Pendant six années, tu ensemenceras ton champ, pendant six années tu tailleras ta vigne ; et tu en recueilleras le produit. Mais la septième année sera un sabbat, un temps de repos pour la terre, un sabbat en l’honneur de l’Éternel : tu n’ensemenceras point ton champ, et tu ne tailleras point ta vigne. Tu ne moissonneras point ce qui proviendra des grains tombés de ta moisson, et tu ne vendangeras point les raisins de ta vigne non taillée : ce sera une année de repos pour la terre. »

Dieu établit ainsi le principe de la jachère sans laquelle la terre s’épuise et finit par devenir stérile. On voit ici les bases d’une idée de développement durable, respectueux des limites de la nature. On est bien loin de l’idée de surexploitation et de « après moi le déluge » qui prévaut dans tant d’entreprises aujourd’hui.

De la même manière, Dieu appelle les Hébreux à avoir du respect pour les animaux. Deutéronome 22.6-7 :

« Si tu rencontres dans ton chemin un nid d’oiseau, sur un arbre ou sur la terre, avec des petits ou des oeufs, et la mère couchée sur les petits ou sur les oeufs, tu ne prendras pas la mère et les petits, tu laisseras aller la mère et tu ne prendras que les petits, afin que tu sois heureux et que tu prolonges tes jours. »

Il est vrai que le Psaume 115.16 affirme : « Le ciel ? Il appartient à l’Eternel. Mais la terre, il l’a donnée aux hommes ». Si la terre appartient bien aux hommes, nous n’en sommes que les gérants et Dieu, tout au long de sa parole, nous donne des clés pour la gérer de manière intelligente et durable.

4. La chute va modifier ces relations

Nous avons vu précédemment que Dieu, dans un premier temps, crée la nature pour qu’elle le glorifie. Dans un second temps, Dieu donne la création à l’homme pour qu’il en profite et en prenne soin. On peut donc se demander pourquoi tant de crises écologiques se sont développées dans des sociétés à base chrétienne. Il est tout de même troublant de constater que la révolution industrielle a commencé dans des pays protestants? La réponse à cette question est à trouver dans la chute de l’être humain.

En mangeant le fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, l’homme perd sa relation harmonieuse, non seulement avec Dieu, mais aussi avec la nature. Dans Genèse 3.17-19, il est écrit :

« [Dieu] dit à l’homme : Puisque tu as écouté la voix de ta femme, et que tu as mangé de l’arbre au sujet duquel je t’avais donné cet ordre : Tu n’en mangeras point ! Le sol sera maudit à cause de toi. C’est à force de peine que tu en tireras ta nourriture tous les jours de ta vie, il te produira des épines et des ronces, et tu mangeras de l’herbe des champs. C’est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain, jusqu’à ce que tu retournes dans la terre, d’où tu as été pris ; car tu es poussière, et tu retourneras dans la poussière. »

Le mal aura un impact sur tous les aspects de la vie de l’homme. D’une idée de gérance et de partage de la création, on en arrive à une relation homme-nature caractérisée par la domination et le profit. On peut établir ici un parallèle avec le fait que l’homme aura tant de peine, par ailleurs, à aimer son prochain et à le respecter. Ces idées se reflètent avec force dans Esaïe 24.1-6.

Le règne de l’homme sur la nature devient alors compétitif. L’homme ne pèche pas seulement contre son prochain, mais aussi contre la nature, avec les conséquences que cela implique. Néanmoins, l’homme reste le gérant de la création et est responsable devant Dieu. Henri Blocher, dans révélations des origines, résume bien cette idée :

« Si l’homme obéissait à son Dieu, il serait un moyen de bénédiction pour la terre : mais dans son avidité insatiable, dans son mépris des équilibres créationnels, dans son égoïsme à courte vue, il la pollue, il la détruit, il fait d’un jardin le désert. C’est là le principal aspect de la malédiction de Genèse 3. »

La bonne nouvelle est que Dieu a envoyé son Fils afin de nous pardonner et de restaurer notre relation avec lui. Nés de nouveau, nous pouvons aborder notre relation avec Dieu, avec notre prochain et avec la nature d’une manière renouvelée. Colossiens 1.15-20 offre une description magnifique du rôle de Jésus :

« Il est l’image du Dieu invisible, le premier-né de toute la création. Car en lui ont été créées toutes les choses qui sont dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles, trônes, dignités, dominations, autorités. Tout a été créé par lui et pour lui. Il est avant toutes choses, et toutes choses subsistent en lui. Il est la tête du corps de l’Église ; il est le commencement, le premier-né d’entre les morts, afin d’être en tout le premier. Car Dieu a voulu que toute plénitude habitât en lui ; il a voulu par lui réconcilier tout avec lui-même, tant ce qui est sur la terre que ce qui est dans les cieux, en faisant la paix par lui, par le sang de sa croix. »

De plus, Paul affirme dans Romains 8.19-21 :

« Aussi la création attend-elle avec un ardent désir la révélation des fils de Dieu. Car la création a été soumise à la vanité, – non de son gré, mais à cause de celui qui l’y a soumise, – avec l’espérance qu’elle aussi sera affranchie de la servitude de la corruption, pour avoir part à la liberté de la gloire des enfants de Dieu. »

On constate que la nature elle-même attend la rédemption du Fils.

Il est intéressant de constater que le Père n’est pas le seul à être impliqué dans la création, mais que le Fils y joue également un rôle prépondérant. La Terre est créée en Jésus, dans la mesure où Jésus représente la partie visible du Père. De plus, nous voyons que par son sacrifice à la croix, Jésus réconcilie en outre l’homme avec la nature. La paix que Dieu apporte par le sacrifice de Jésus à la croix englobe donc aussi la Terre.

En tant que chrétiens, nous sommes appelés à être porteurs d’une nouvelle éthique. Pécheurs pardonnés, nous devons traiter la nature avec respect, de la même manière que nous devons changer notre rapport à notre prochain. Dieu nous appelle à la conversion, chaque jour de notre vie, afin de rendre manifeste notre statut de pécheur pardonné. Notre foi doit aussi s’accompagner d’actes. Sommes-nous prêts à choisir concrètement un mode de vie plus simple, par respect pour Dieu et pour la création ? La technologie, la vitesse, l’efficacité nous confèrent un sentiment de toute-puissance, mais à terme nous éloignent de Dieu, sans compter qu’elles ont de lourdes conséquences sur notre environnement. Convertir nos vies, c’est accepter qu’il y ait des limites à nos désirs, à nos ambitions, à nos impatiences, c’est devenir plus humbles, renoncer au superflu, voire parfois à l’utile.

5. Dieu doit être au centre !

Le christianisme est une religion fondamentalement centrée sur notre relation au Dieu créateur. Dieu est au centre de toutes choses, il est le but vers lequel nous portons notre regard. Dans un acte d?amour, il a établi la création et a donné aux êtres humains la liberté d?entrer en relation avec lui. En tant qu?êtres humains, nous sommes les témoins de l?amour de Dieu, habitants de l?univers sans en être le centre ! Nous sommes donc appelés à respecter la création comme un cadeau de Dieu pour nous. Remarquons que le sommet de la création, son point culminant, n?est pas l?être humain, mais le moment où Dieu prend un temps de repos pour contempler toute sa création (le sabbat 4)

Genèse 1-2 montre clairement que la foi chrétienne n?est pas panthéiste : Dieu est au-dessus de la création et toute louange lui revient à lui et à lui seul. Dieu a créé toutes choses et a défini des relations entre elles. Dieu nous a donné la nature en gestion, pour que l?on en prenne soin, mais le pêché a corrompu ce plan initial. En tant que chrétiens, nés de nouveau et pardonnés, nous sommes appelés à renoncer au pêché et à rechercher la volonté de Dieu. Nous sommes appelés à rendre gloire à Dieu tout en préservant la nature, par une conversion nouvelle de notre vie, jour après jour.

« Par l?amour du prochain, nous imitons l?amour divin qui nous a créé nous-mêmes ainsi que tous nos semblables. Par l?amour de l?ordre du monde, nous imitons l?amour divin qui a créé cet univers dont nous faisons partie » (Simone Weil, Attente de Dieu).

Anne-Sylvie Giolo



1. Shrader-Frechette K. S., Environmental Ethics, Pacific Grove, CA, The Boxwood Press, 1981.

2. Les citations bibliques sont tirées de la Bible en français courant et Louis Segond de 1910

3. Par exemple au verset 30 : « Si tu envoies ton souffle, ils sont créés, tu renouvelles l’aspect de la terre.

4. Cela nous permet de nous démarquer d’une approche largement représentée dans les courants écologiques qui cherche à mettre la nature au centre de tout, comme Gaïa, ou encore qui reprochent au christianisme d’être trop centré sur l’homme, comme Lynn White. Comme l’affirme Lamarck, le célèbre naturaliste français : « On a pensé que la nature était Dieu. On a confondu la montre avec l’horloger, l’ouvrage avec son auteur. » (Introduction à l’histoire des animaux sans vertèbres, 181, p. 322.).

Photo by David Marcu on Unsplash

~ 7 min

Les problèmes environnementaux actuels n’ont-ils vraiment rien à voir avec la Bible ? Confession et appel d’un ingénieur en environnement.

La préservation de la création semble assez peu importante pour beaucoup de gens, même pour ceux qui suivent la Bible. Il n’y a pas d’autre moyen d’expliquer leur insouciance à conduire en voiture, à prendre l’avion et à consommer des plaisirs gourmands en énergie. Aux États-Unis, avec l’élection du président Bush, qui professe des valeurs chrétiennes, ce vol de la création de Dieu a atteint un nouveau sommet. Pourquoi tant de personnes se comportent-elles si peu dans une optique de création ?

Une réponse peut résider dans le fait que la Bible ne nous donne que des injonctions minimales pour protéger et préserver la création. Dans Romains, chapitre 8, versets 19 à 22, Paul écrit sans doute que la création souffre du péché et attend une restauration complète par Jésus-Christ. Cependant, un appel aux disciples de Jésus à vivre un style de vie approprié à la création est largement absent, et aurait été superflu à l’époque. Tant que nous ne nous occuperons que des déclarations directes de la Bible sur la création, nous continuerons à éviter les graves problèmes environnementaux du monde. Cependant, dès que nous réalisons que les problèmes environnementaux sont en fin de compte des problèmes sociaux, la question prend une pertinence biblique brûlante.

Besoins en matière de développement
Lorsque nous arrivons dans un pays en développement ou émergent, la première chose qui nous coupe le souffle est le chaos de la circulation. La grande cohue des nombreux usagers de la route, pour la plupart mal protégés, réveille en nous la peur des accidents et des blessures – et à juste titre, car la circulation fait un grand nombre de victimes, dans les villes indiennes qui comptent des millions d’habitants : trois à six morts par jour ! À cela s’ajoutent le bruit et la pollution atmosphérique, qui causent de graves dommages à la santé humaine et animale.

Outre le trafic, la pauvreté omniprésente est frappante. Aux feux rouges, des personnes infirmes enveloppées dans des chiffons attendent avec un regard suppliant, demandant aux conducteurs un cadeau. Beaucoup n’ont pas de lit ou de maison pour se retirer. Le faible revenu – selon l’ONU, un revenu de moins d’un dollar par jour est considéré comme le seuil de pauvreté – expose littéralement ces personnes aux grandes villes modernes : Pas d’abri contre la circulation dangereuse, pas de retraite dans un environnement plus calme, pas de repos ou de détente.

Ceux qui n’échappent pas à la puanteur de la grande ville d’un pays en développement trouveront autre chose : L’eau est rare. Si l’on voit de l’eau, elle est souvent inesthétique, malodorante et imbuvable. En tant que visiteur occidental, vous pouvez acheter suffisamment d’eau de la qualité désirée, mais que font les populations locales ? La mauvaise disponibilité de l’eau entraîne de nombreux problèmes de santé.

 

Les riches contaminent, les pauvres souffrent

Mon observation : les pauvres des grandes villes sont principalement harcelés par les problèmes environnementaux : Le bruit, l’air toxique, la puanteur, la poussière et la fumée, une flore et une faune minimales, le manque de paysages, le manque d’eau, tous les problèmes environnementaux causés par l’homme. Il est injuste que ceux qui causent le plus de pollution soient les moins touchés.

Les riches consomment des biens industriels produits dans des industries parfois très sales, tandis que les pauvres doivent laver leurs vêtements et se laver eux-mêmes dans les égouts en même temps ! Ces industries produisent également pour la riche Suisse. Si nous achetons des marchandises fabriquées en Chine, en Inde, etc., nous nous rendons solidairement responsables de cette pollution ! Où est la justice dans tout cela ? La miséricorde et la justice, que la Bible mentionne si souvent, ne sont souvent ni liées à l’environnement ni vécues !

Imaginons : Pratiquement toutes les eaux sont très nocives pour la santé, et ce dans des pays où l’eau est de toute façon rare et où les difficultés économiques ne laissent à de nombreuses personnes que cette eau malsaine. La préservation de la création ne signifie pas seulement la préservation de certaines espèces animales et végétales, c’est une question de vie ou de mort humaine. Non seulement nous laissons les pauvres se battre pour obtenir des revenus, mais nous les accablons également de la saleté des industries qui produisent pour nous. Dans les campagnes, la pauvreté est plus comparable à notre époque préindustrielle.

On l’appelle à juste titre sous-développement. La pollution n’est généralement pas la cause des problèmes dans ce pays. Mais la vie ici est si difficile et désespérée que beaucoup de gens s’installent dans les villes.

Développement : pas à sens unique et pas trop rapide
Un développement ciblé peut-il résoudre ces problèmes ? Le cours « Technologie et développement durable », auquel j’ai assisté pendant quatre mois dans le sud de l’Inde, m’a apporté un premier aperçu très sobre : le développement a tendance à conduire à une moindre durabilité. Cela se traduit, par exemple, par le remplacement des sacs de jute par des sacs en plastique.

Deuxième constat : personne ne veut se passer du développement.

Par conséquent, il est crucial que les développements n’aient pas lieu unilatéralement (sans lien) et trop rapidement. En d’autres termes, pas de la même manière que l’évolution actuelle des économies de marché libérales. Les besoins sont satisfaits aussi rapidement et à moindre coût que possible avec un produit. Si seulement des lois et des règlements faibles sont mis en place, sans tenir compte des exigences sociales et écologiques. Dans un pays en développement comme l’Inde, personne ne pense vraiment à la protection de l’environnement. Au contraire, 3000 kilomètres d’autoroute sont actuellement en projet ! De plus, il est vrai jusqu’au niveau des professeurs : Ce que l’Occident possède, nous le voulons aussi.

Mais un développement rapide et unilatéral apportera encore plus d’injustice, encore plus de misère sociale, encore plus de nuisances par la pollution de l’environnement. À mon avis, il n’y a qu’une seule façon de sortir de l’impasse : un changement de valeurs. Cela doit commencer dans les pays riches et avec les gens riches.

 

Les erreurs de la société d’abondance

Les Occidentaux sont obsédés par une triple illusion, combinée à une volonté de toujours plus :

1. la consommation : plus je consomme, plus je suis heureux.
2. la mobilité : je suis plus heureux dans les endroits que je visite.
3. l’individualisme : plus je suis heureux, plus je peux organiser mon propre temps.

Les messages de plus de consommation, de plus de mobilité et d’individualisme sont profondément ancrés en nous et nous sont transmis quotidiennement par nos amis et les membres de notre famille, ainsi que par nos propres pensées ! Mais ces messages ne sont pas du tout bibliques. La Bible décrit le bonheur comme l’amour de Dieu le Père, de Jésus-Christ et du Saint-Esprit. Et dans l’amour de notre prochain. Nous raccourcissons ce premier commandement central à « …. Aime-toi toi-même ! ».

Reconnaître les mensonges
Il est nécessaire de reconnaître ces « mensonges », de les confesser et de demander pardon. Nous devons nous laisser changer et apprendre :

1. moins de consommation nous rend plus libres, nous avons plus de temps et nous devenons plus créatifs. Parlons avec nos amis de ce que nous vivons en communauté, dans l’artisanat, les jeux et les sports ou dans la nature, plutôt que de nos derniers achats.
2. il y a beaucoup de choses à proximité qui sont passionnantes et qui n’ont pas encore été découvertes. Pourquoi les vacances à l’étranger devraient-elles être des vacances ?
3. l’homme a été créé pour la communauté. Pourquoi tant de personnes vivent-elles de manière si individualiste et égocentrique ?
4) Avec mon pouvoir d’achat excédentaire, je peux aider efficacement les populations des pays en développement : L’argent dépensé pour un enfant en Suisse permet d’élever 25 à 30 enfants en Inde.
5. acheter de la qualité. Veillez à ce que les critères sociaux et écologiques soient respectés lors de la production et à ce que le produit soit durable.

L’industrie indienne est de plus en plus préoccupée par la pollution car les clients occidentaux l’exigent. Souvent, je remarque avec nos enfants qu’ils ne cherchent pas à consommer. La proximité, le repos et la communion avec les hommes et les animaux est ce qu’il y a de plus beau pour eux.

 

Appliquer des règles simples

Les règles suivantes peuvent être appliquées comme un simple point de repère pour une plus grande durabilité environnementale :
– Transports : Peu, surtout sur de courtes distances et avec peu d’énergie.
– Matériaux : effort minimal de production et de transport et bien biodégradable.
– Espace/installations : peu d’énergie pour le chauffage des locaux et de l’eau chaude ainsi que peu d’énergie de fonctionnement.

En termes bibliques, « changement de valeurs » signifie commencer une nouvelle vie avec Jésus-Christ. Mais nous devons d’abord renoncer à Mammon. Ou voulons-nous continuer à ignorer l’attente de Dieu en matière d’amour, de miséricorde et de justice et nous tourner vers des « choses plus confortables » ? Se cacher des responsabilités n’a jamais été profitable à Dieu. Et si nous commencions à le faire en petits groupes ? Créer des après-midi en famille passionnants dans les bois, observer des animaux dans une réserve naturelle, nager dans un lac marécageux, faire du VTT avec des amis ou des voisins, faire de l’artisanat ensemble, pratiquer l’hospitalité, etc. Il existe de nombreuses façons attrayantes de vivre la bonne nouvelle de la Bible de manière holistique.

Source: Bausteine/VBG


Photo by paweldotio on Unsplash

~ 6 min

Vous donnez un cadeau à quelqu’un et cette personne prend le cadeau et en un rien de temps, il est cassé parce qu’elle a fait des choses avec ce cadeau qui n’étaient pas prévues. Comment vous sentez-vous ? C’est ainsi ou de manière similaire que Dieu se sentira lorsqu’il pensera à ce qu’il nous a confié sa création.

Lecture de textes

« Dieu les bénit et leur dit : « Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre et soumettez-la, et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel et sur tout ce qui se meut sur la terre. Genèse 1:28

« Et l’Éternel Dieu prit l’homme, et le mit dans le jardin d’Éden pour le cultiver et le garder. » Genèse 2:15

Introduction

Dieu a préparé une création glorieuse à partir de rien, à partir du chaos, et nous a ainsi donné, à nous les humains, un habitat dans lequel s’épanouir. En même temps, il nous a placés dans cette création comme une image de sa gloire et l’a confiée à nos soins. Mais qu’en avons-nous fait ? C’est maintenant un secret de polichinelle que nous sommes au bord de l’effondrement écologique. L’espace de vie que Dieu nous a confié devient une zone de mort pour nous, et nous, les chrétiens, ne pouvons pas fermer notre esprit à cela si nous sommes vraiment sérieux sur le fait que cette création est l’œuvre de Dieu.

Dans un premier temps, examinons ouvertement la crise de notre environnement et voyons ensuite quelle est notre mission en tant que chrétiens.

1 La crise

Tout d’abord, rassemblons les moyens par lesquels la création de Dieu est actuellement menacée :

  • Gaz d’échappement (carburants) – Trou d’ozone
  • La surexploitation des matières premières
  • Déchets atomiques et nucléaires
  • Des montagnes de déchets
  • Toxines dans l’eau, la terre et l’air
  • La chimie et ses déchets
  • Déforestation de la forêt tropicale
  • L’extinction de nombreuses espèces animales au quotidien
  • La surpêche des océans
  • Les animaux engraissés avec des antibiotiques rendent les bactéries résistantes
  • Augmentation des maladies respiratoires ; cancer et autres maladies de civilisation

L’habitat que Dieu a créé pour nous a perdu son équilibre dans le monde entier et le plus grand danger de cette crise est que nous devenions immunisés contre elle et que nous ne réagissions plus aux problèmes.

Si nous réfléchissons à l’origine de tous ces problèmes, nous arrivons rapidement à l’un des problèmes principaux : les gens voulaient satisfaire des demandes illimitées avec des possibilités limitées : toujours plus vite, toujours plus, toujours mieux. En outre, les gens ont administré la terre selon les valeurs du développement de la puissance humaine et non selon les normes de la justice divine. Là, nous nous sommes heurtés à un couteau ouvert ; ou pour le dire autrement : avec notre désir de possibilités illimitées, nous scions la branche sur laquelle nous sommes nous-mêmes assis. Au lieu de servir cette création de manière bienveillante, nous avons fait en sorte que la création nous serve et, par conséquent, elle a perdu son équilibre. Nous voulons seulement briser et surmonter les frontières au lieu de vivre dans des frontières. Le progrès n’est pas tout, il y a aussi l’équilibre.

La déclaration de Paul dans Rom. 8:19-23 est plus vraie aujourd’hui que jamais auparavant : toute la création a été touchée et gémit et attend la rédemption.

En tant que chrétiens, nous devons apprendre que lorsque nous parlons de péché humain, nous ne parlons pas seulement de divorce, d’avortement, d’alcool ou d’autres choses, mais de l’exploitation de la création de Dieu, des péchés environnementaux et de la croyance qu’il n’y a pas de limites au progrès. Les péchés environnementaux sont aussi des péchés contre Dieu et contre nos semblables, tout comme l’avortement, le racisme, la pornographie et toute forme d’impiété. Dans le domaine des péchés environnementaux, l’œuvre de Dieu est piétinée quotidiennement, et nous ne pouvons pas nous permettre, en tant qu’église, de nous limiter à quelques questions particulières et de laisser simplement ce domaine à d’autres. Après tout, le soin de la création a été le premier mandat de l’homme et est, pour ainsi dire, sa mission première. Bien sûr, nous savons d’où viennent ces problèmes, et c’est précisément pour cette raison que nous avons une contribution essentielle à apporter. Si pour la congrégation, le soin de la création de Dieu n’est pas un problème juste parce qu’elle est occupée par les Verts, c’est un signe de pauvreté plutôt qu’un signe de spiritualité.

Cela nous conduit maintenant à notre mission de création

2 Notre mission

Notre mission, en un mot, est de préserver et de développer la création de Dieu, l’espace qu’il nous a donné. Aujourd’hui, nous ne pouvons pas amener Bush ou un autre gouvernement à réduire les émissions de CO2, nous ne pouvons pas amener les entreprises chimiques à déverser leurs matières polluantes dans l’eau, l’air et le sol, et nous ne pouvons pas empêcher les grands abattoirs de donner des antibiotiques à leurs animaux pour qu’ils produisent plus de viande en moins de temps. Je ne sais pas si je suis prêt à abandonner ma voiture, à n’acheter qu’aux agriculteurs et à réduire la quantité de déchets. Bien que tout cela soit très souhaitable et peut-être la seule façon de nous sauver du désastre.

Je crois que l’une de nos premières contributions à la mission de la création de Dieu est d’apprendre à nouveau à vivre avec des limites et à les considérer comme une protection et une aide et non comme une restriction. L’immodéréité et l’illimitation de notre temps conduisent littéralement à une catastrophe immodérée et sans limite et notre volonté d’être modérés, d’accepter des limites, touche au problème de fond. En ce qui concerne la création, la bible dit et redit que Dieu a fixé des limites ; à l’eau, à la terre et à tout ce qui se trouve sur cette terre. Les frontières ne sont pas simplement un défi pour trouver un moyen de les franchir, mais une ligne que Dieu nous a donnée afin qu’elle ne soit pas franchie.

En outre, je crois qu’en tant qu’église, nous devons élever la voix sur les questions environnementales tout autant que contre l’avortement ou le racisme. Dieu nous a donné la nature, qui est sa création, non seulement pour que certains puissent en profiter et en tirer le plus grand profit possible, mais aussi pour qu’elle puisse exister en équilibre afin que tous puissent s’y épanouir. Si nous restons silencieux sur ces questions, nous avons effectivement renoncé à Dieu en tant que créateur de ce monde, quelle que soit la véhémence avec laquelle nous préconisons que Dieu ait créé ce monde en sept jours littéraux. Si nous restons silencieux sur la façon dont nous traitons la création, peu importe qui l’a créée ou à quelle époque.

Et finalement, ce sera toujours une question de style de vie. Nous ne pourrons pas éviter de nous remettre en question de manière critique encore et encore. Le prix des produits plus chers et plus écologiques est peut-être le prix le plus bas à long terme, car le prix des produits bon marché et nocifs pour l’environnement pourrait s’effondrer et entraîner la mort. Encore une fois, nous ne devrions pas vouloir être plus intelligents que Dieu.

Conclusion

Nous devons discuter plus en détail de la manière dont nous pouvons vivre cela en détail, des possibilités et des tâches que nous avons ici en termes concrets, dans les groupes de maison. Mais une chose est sûre : Dieu a confié sa création à nos soins ; c’est aussi une de ces fourches qui nous sont confiées, avec lesquelles nous devons créer. Laisser simplement cela à certains spécialistes est une négligence criminelle de notre mission.

~ 4 min

Examen du rapport sur la privatisation de l’eau par Emanuele Lobina et David Hall (Problèmes liés aux concessions d’eau privées : bilan de l’expérience : http://www.psiru.org/reports/2003-06-W-over.doc)

 

En juin 2003, Emanuele Lobina et David Hall ont présenté une étude de 35 pages (sans notes de bas de page ni bibliographie) décrivant les problèmes de la privatisation de l’eau avec les derniers exemples et tendances.

 

Par privatisation, ils entendent à la fois la privatisation totale et les partenariats public-privé (PPP). Ces dernières sont plus en vogue et ressemblent à l’implication des organismes publics. Mais en réalité, les PPP reviennent souvent à ce que le secteur public soit contraint par la compagnie des eaux d’assumer les risques suivants :

– Pertes de change (l’investisseur apporte des dollars ou des euros, la population paie en monnaie locale) et inflation (par exemple Philippines, p. 12 et suivantes ; Buenos Aires, p. 16).

– des troubles si le prix de l’eau est trop élevé

– des bénéfices trop faibles pour la compagnie des eaux (à Santiago du Chili et à Cochabamba, en Bolivie, par exemple, un bénéfice fixe a été fixé)

 

Le PPP signifie donc souvent que l’entreprise obtient encore plus de garanties de l’État pour ses bénéfices. En 2000, le pays pauvre du Paraguay a même été contraint de contracter un prêt de 20 millions de francs auprès de la Banque mondiale pour financer les préparatifs de la privatisation, dont trois millions pour une campagne de relations publiques visant à convaincre la population de privatiser…. (S. 22).

 

Dans d’innombrables exemples, les auteurs montrent comment les compagnies des eaux ont d’abord obtenu une concession d’un pays ou d’une ville avec des offres attractives (ou aussi via la corruption), pour ensuite, en quelques mois, augmenter le prix de l’eau, réduire les investissements ou forcer une renégociation du contrat avec de meilleures conditions pour la compagnie (voir ci-dessus). Les pouvoirs publics ne sont généralement pas en mesure de contrer cette situation, car ils disposent de beaucoup moins de ressources pour les litiges juridiques et de savoir-faire technique pour les négociations que les entreprises. De plus, le gouvernement est souvent dépendant de la Banque mondiale, qui est à l’origine de la société. Souvent, les contrats sont également tenus secrets par les organes de contrôle locaux (Cochabamba, Bolivie et Guinée), de sorte que les abus de l’entreprise ne peuvent être prouvés qu’après de longs procès. Dans de nombreux cas, les entreprises concessionnaires attribuent des contrats à leurs propres filiales plutôt qu’à des entreprises locales, et à des prix massivement gonflés pour en tirer encore plus de profit.

 

L’argument selon lequel les pauvres bénéficient de la privatisation de l’eau s’effondre après la lecture de ce document.

– Dans la province de Santa Fe en Argentine, la société a facturé environ 2000 francs pour une connexion au réseau (p. 26) ; dans d’autres pays, les prix sont tout aussi prohibitifs.

– À Buenos Aires, les quartiers pauvres n’étaient reliés que par la corvée des habitants et une taxe spéciale. Pour la Banque mondiale, c’est néanmoins une réussite pour la privatisation…. (S. 32)

– Les entreprises ne connectent souvent pas du tout les zones pauvres, et ce de manière délibérée (El Alto, Bolivie ; Paranà, Brésil, Cartagena, Colombie), p. 31)

– Parfois, ils font monter les prix à un tel point que les pauvres se procurent à nouveau de l’eau à partir de sources impures (KwaZulu, Afrique du Sud, où une épidémie de choléra a ensuite éclaté avec 260 décès, p. 30f)).

Ces dernières années, les entreprises ont réalisé que l’eau n’est pas une activité rentable dans la plupart des pays, si l’on veut que les pauvres soient effectivement raccordés à l’approvisionnement en eau. Les entreprises ont demandé à la Banque mondiale et à d’autres institutions financières internationales de créer davantage de fonds pour la privatisation de l’eau, qui seraient ensuite accordés sous forme de prêts aux pays en développement afin qu’ils puissent réaliser les investissements à l’avance pour que la compagnie des eaux n’ait pas à les payer.

Lobina et Hall montrent que la privatisation de l’eau est un échec à cause du manque de concurrence, de la philosophie de maximisation du profit du secteur privé, qui n’est pas adaptée à la survie de l’eau, et aussi à cause du pouvoir des entreprises (Vivendi, Ondeo (Suez-Lyonnaise), RWE/Thames et SAUR (Bouygues), qui se partagent pratiquement le gâteau). Ils suggèrent un retour à plus de transfert de savoir-faire entre les services publics du Nord et du Sud, et une aide plus directe au développement de l’approvisionnement en eau. Surtout, l’idéologie selon laquelle le prix de l’eau devrait couvrir les coûts n’est tout simplement pas applicable aux populations pauvres.