ChristNet-News

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Un aperçu biblique et théologique

« ForumChristNet – Comment l’argent détermine la politique et nous-mêmes
Samedi 28 janvier 2023, Nägeligasse 9, Berne »
Seule la version orale fait foi

Dieu et l’argent – c’est compliqué

Dieu et l’argent – ça ne va pas ensemble. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce statut relationnel est « compliqué ». C’est la conclusion à laquelle doit arriver celui qui pense à la célèbre parole de Jésus :
« Personne ne peut servir deux maîtres : Ou bien il haïra l’un et aimera l’autre, ou bien il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez pas servir Dieu et Mammon » (Mt 6,24).

Ce « ou bien, ou bien » est irritant, car l’Ancien Testament a une vision bien plus nuancée de l’argent, de la prospérité et de la richesse. On peut distinguer trois positions :1.

  • La richesse (argent) comme bénédiction
    La richesse est toujours explicitement mentionnée comme un don de Dieu. Par exemple, lorsque l’intendant d’Abraham dit : « Dieu a abondamment béni mon maître, de sorte qu’il est devenu riche. Il lui a donné des brebis et des bœufs, de l’argent et de l’or, des esclaves femmes et hommes, des chameaux et des ânes » Gn 24,35.
  • Mise en garde contre les dangers de la richesse
    L’AT fait bien allusion aux dangers de la richesse, lorsque par exemple l’Ecclésiaste fait remarquer : « Celui qui aime l’argent ne se rassasie pas d’argent » Koh 5,9.
  • Critique de la richesse
    Cette mise en garde se transforme en une critique parfois sévère de la richesse qui a été acquise de manière illicite. Les abus sociaux qui en découlent sont dénoncés sans ménagement par des prophètes comme Jérémie : « […] ainsi leurs maisons sont pleines de fraude ; c’est ainsi qu’ils sont devenus puissants et riches, gras et fétides. Ils pèchent aussi par leurs actes criminels. Ils ne pratiquent pas la justice, ils ne font pas triompher le droit des orphelins, ils ne défendent pas la cause des pauvres » (Jr 5,27b-28).

A l’injustice sociale critiquée ici s’oppose, dans l’Ancien Testament, un ordre social global qui veut remédier à ces abus ou du moins les compenser2. La critique des riches s’aiguise nettement dans le Nouveau Testament avec la parole de Jésus citée au début. On peut dire avec Burkhard Hose :
« Les riches ont la vie dure dans le Nouveau Testament. Comparé à d’autres thèmes, le ton critique à l’égard de la richesse occupe une place relativement importante dans les récits de Jésus […]. Le message est sans équivoque : l’argent bloque le chemin vers Dieu – du moins tant qu’on le garde pour soi »3.

Comment gérer cette ambivalence biblique sur le thème de l’argent ?

L’argent doit servir

En tant que pape nouvellement élu, François a publié sa première exhortation apostolique en novembre 20134, dans laquelle il met en garde contre l’idolâtrie de l’argent et écrit : « L’argent doit servir et non gouverner ! »5.

C’est dans ce sens que le pape a ensuite appelé en 2014 les participants au WEF de Davos à « veiller à ce que la prospérité serve l’humanité plutôt que de la dominer »6.

Cette déclaration du pape peut se référer à de nombreux passages de la Bible. Il n’est pas possible de les présenter ici de manière complète et nuancée. Je dois me limiter ici à un exemple. Un exemple qui montre : L’argent ne doit pas asservir. Il doit rendre la vie possible.

Faire le bien avec de l’argent ?

Un premier regard critique (Mc 12,41-44)

41 Il [Jésus] s’assit en face du trésor et regarda comment les gens jetaient de l’argent dans le tronc des offrandes. Et beaucoup de riches y mettaient beaucoup.
42 Une pauvre veuve vint y jeter deux lepta, c’est-à-dire un quadrant.
43 Puis il fit venir ses disciples et leur dit : « Je vous en prie, ne vous inquiétez pas : Amen, je vous le dis : Cette pauvre veuve a déposé plus que tous ceux qui ont déposé quelque chose dans le tronc des offrandes.
44 Car tous ont mis de leur superflu, mais elle, elle a mis de son indigence tout ce qu’elle avait, tous ses moyens d’existence.

Cette scène se déroule dans l’enceinte du temple.
Dans la zone du trésor du temple sont disposées les caisses d’offrandes. Les offrandes sont vérifiées par les prêtres, puis déposées dans le coffre à offrandes. Jésus observe la scène avec ses disciples. Les disciples sont probablement impressionnés par le montant élevé des dons. Mais Jésus attire leur attention sur une veuve qui donne deux lepta (un dixième du salaire normal d’une journée). Cette veuve a investi tout son gagne-pain (toute sa vie : bi,oj). Jésus porte un regard critique sur ce qu’il a sous les yeux.

  • Pour lui, faire le bien avec de l’argent est plus qu’une généreuse charité.
  • Faire le bien avec de l’argent ne doit pas devenir une mise en scène (pieuse) de soi-même.
  • Faire le bien avec de l’argent n’est pas une question de sommes d’argent aussi élevées que possible.
  • Faire le bien avec de l’argent ne signifie pas seulement donner avec excès, mais implique aussi de renoncer au profit d’autres personnes.
  • Faire le bien avec de l’argent pose la question de la motivation et de l’attitude.

Jésus attire notre attention sur la pauvre veuve.

  • Elle est volontiers présentée comme un modèle dans son rapport à l’argent.
  • Son exemple incite à ne pas être mesquin. A donner plus et donc à faire plus de bien.

Objection critique : cette pauvre veuve est-elle vraiment un modèle ?

  • Certes, son attitude est impressionnante et les sympathies dans ce texte vont clairement à elle.
  • Mais, curieusement, Jésus ne loue pas explicitement son comportement. Il ne dit pas à ses disciples : « Faites comme cette veuve ». Il ne la présente pas comme un modèle explicite, ce que font généralement ceux qui prêchent sur le don.

J’ose donc porter un deuxième regard critique sur cette scène. Et celle-ci découle du contexte textuel. Juste avant le passage de la pauvre veuve, nous lisons ceci :

Un deuxième regard critique (Mc 12,37b-40)

37bEt beaucoup de gens l’écoutaient [Jésus] avec plaisir.
38 Et il les enseignait en disant : Gardez-vous des scribes, qui aiment à marcher en longues robes et à être salués sur les places publiques.
39 et qui occupent les sièges d’honneur dans les synagogues et les places d’honneur dans les festins,
40 qui dévorent les maisons des veuves et font de longues prières pour l’apparence – ils recevront un jugement d’autant plus sévère.

Cette scène se déroule également dans le temple. Elle contient une mise en garde contre les scribes. Car ceux-ci ne remplissent pas leur mission de « bergers ». Pire encore : ils « dévorent les maisons des veuves » !

La part de la veuve apparaît ainsi sous un jour nouveau. Elle est en quelque sorte victime d’un système injuste. Au lieu de protéger les veuves (cf. Dt 24,17.20-21), les doctrines scripturaires – et donc le système du Temple – s’enrichissent avec l’argent de cette pauvre couche de la population. → un système d’exploitation

Faire le bien avec de l’argent, c’est donc

  • non pas qu’une veuve pauvre doive encore donner son dernier centime
  • mais que cette veuve reçoive de l’argent

Faire le bien avec de l’argent peut se faire là où les systèmes financiers ne rendent pas les riches toujours plus riches et les pauvres toujours plus pauvres.

Système alternatif

L’argent doit servir et non pas gouverner ! Cette conviction fondamentale est profondément ancrée dans les écrits bibliques. Ainsi, la lutte pour un système économique alternatif fait partie des caractéristiques remarquables de la communauté de Jérusalem.

La communauté des biens en Actes 4.32, parfois qualifiée de « communisme d’amour », n’était pas un idéal communiste, la propriété privée n’ayant pas été abolie. Mais ce qui comptait, c’était la disposition radicale au partage. Lorsque le récit indique que cela a conduit à ce qu’aucun d’entre eux ne souffre de pénurie (Actes 4,34), cela doit être lu comme l’accomplissement de la législation sociale de Dt 15,4 s., où il est dit qu’il ne doit pas y avoir de pauvres en Israël.

Il s’agit d’une décision pour Dieu et contre Mammon.

L’argent – une question spirituelle

Car l’alternative formulée par Jésus – Dieu ou Mammon – n’est finalement pas une question morale, mais spirituelle.

« Au départ, Jésus ne parle pas du tout de la manière dont on utilise son argent. Lorsqu’il parle de richesse, il s’agit de savoir sur quoi on construit son existence – et il formule ainsi, sur le fondement de la tradition de l’Ancien Testament, une question nouvelle et plus radicale : sur quoi bâtis-tu ta vie ? À quel Dieu te donnes-tu ? »7.

Il est donc tout à fait remarquable que la soi-disant « chute » de Genèse 3 puisse être lue, dans une perspective économique, comme un « péché de consommation »8. Il suffit d’une question du serpent pour attirer l’attention des hommes, avec un marketing intelligent, sur l’arbre unique au milieu de nombreux arbres. La curiosité initiale fait rapidement place à la convoitise.

Cet arbre unique, ses fruits – si beaux. Le produit devient absolument désirable. Nous devons l’avoir. Non pas parce que nous avons faim, mais parce que l’avidité est éveillée pour quelque chose dont nous n’avons pas vraiment besoin. Pour cela, l’homme risque de perdre le jardin paradisiaque. Sa cupidité l’éloigne de Dieu, de ses semblables et du reste de la création.

Ce modèle se retrouve tout au long de l’histoire de l’humanité, si bien que l’épître de 1 Timothée constate en bloc : « Car la cupidité est la racine de tous les maux ; certains en ont eu le désir et se sont égarés loin de la foi, se faisant ainsi beaucoup de mal » (1 Timothée 6,10).

Solidarité et justice

Si l’argent doit servir et non pas dominer, l’argent ne doit pas devenir un dieu. C’est pourquoi la Bible fait sans cesse appel à la « solidarité » et à la « justice » dans la gestion des richesses et des biens, afin de contrer la cupidité qui empêche de vivre aux dépens des autres9.

Dans le récit de la veuve pauvre, il apparaît que celui-ci implique l’abandon d’une « mentalité de bienfaiteur »10. Les riches ne pouvaient plus assurer leur statut et leur influence par des dons parfois généreux. Ce qui est demandé, c’est une redistribution qui implique de nouveaux rapports de force :

« Le rapport entre les riches et les pauvres n’est plus vertical – selon la devise : les riches donnent d’en haut un peu de leur argent pour que les nécessiteux puissent vivre, mais horizontal : celui qui est riche se met au même niveau que les membres pauvres de la communauté et nous sommes nous-mêmes pauvres. Les pauvres, eux, gagnent en prestige et deviennent riches. […] Une redistribution équitable des biens implique donc toujours la nécessité d’une participation des plus faibles au pouvoir »11.

A travers les siècles, il y a toujours eu des mouvements qui voulaient contribuer de cette manière à ce que l’argent ne gouverne pas, mais serve. Nous devons clarifier pour nous-mêmes quelle est notre contribution à cet égard.

 


1. Vgl.RAINER KESSLER: Reichtum (AT), in: wibilex (2006) Online: https://www.bibelwissenschaft.de/stichwort/33027/ [Zugriff am 23. Januar 2023]

2. Vgl. LUKAS AMSTUTZ: Werte, Menschenbild und soziale Verantwortung. Alttestamentliche Aspekte, in: Mennonitisches Jahrbuch (Soziale Verantwortung) (2007), S. 14–18 Ferner auch: LUKAS AMSTUTZ: Das Jubeljahr in Bibel und Theologie, in: Die Schweiz, Gott und das Geld, hrsg. von ChristNet, St. Prex 2013, S. 159–177.

3. BURKHARD HOSE: Kirche der Reichen? Ein neutestamentlicher Denkanstoss, in: BiKi 62 (2007), 1, S. 42–45, hier S. 43.

4. Deutscher Text von Evangelii gaudium online zugänglich: https://w2.vatican.va/content/francesco/de/apost_exhortations/documents/papa-francesco_esortazione-ap_20131124_evangelii-gaudium.html#Nein_zu_einem_Geld,_das_regiert,_statt_zu_dienen [Zugriff am 24. Januar 2023]

5. Absatz 58 im obigen Dokument.

6. Deutscher Text online zugänglich: https://w2.vatican.va/content/francesco/de/messages/pont-messages/2014/documents/papa-francesco_20140117_messaggio-wef-davos.html [Zugriff am 23. Januar 2023]

7. DANIEL MARGUERAT: Gott und Geld – ein Widerspruch? Wie die Bibel Reichtum und Besitz einschätzt, in: Welt und Umwelt der Bibel [WuB] (2008), 1, S. 10–15, hier S. 12–14.

8. TOMÁŠ SEDLÁČEK: Die Ökonomie von Gut und Böse, München 2013 (Goldmann, 15754), S. 270–272.

9. Zu den Begriffen «Solidarität» und «Gerechtigkeit» als regulative Ideen der Bibel, siehe MICHAEL SCHRAMM: Das gelobte Land der Bibel und der moderne Kapitalismus. Vom « garstig breiten Graben » zur « regulativen Idee », in: BiKi 62 (2007), 1, S. 37–41.

10. Vgl. hierzu Gerd Theissen, Die Religion der ersten Christen: Eine Theorie des Urchristentums. 3. Aufl. Gütersloh 2003, 133-146.

11. Burkhard Hose, «Kirche der Reichen? Ein neutestamentlicher Denkanstoss», in: BiKi 1/2007, 42-45, hier 44.

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« Comment l’argent détermine la politique et nous-mêmes ». C’est sous ce thème que le groupe évangélique de gauche « ChristNet » a invité à un forum le 28 janvier à Berne. Une bonne trentaine de participants ont voulu en savoir plus sur le sujet.

Selon le théologien mennonite Lukas Amstutz, il existe trois positions sur l’argent dans l’Ancien Testament : la richesse en tant que bénédiction – par exemple chez Abraham -, la mise en garde sapientielle contre les dangers et la critique prophétique de la richesse acquise de manière illégitime, qui conduit à des injustices sociales. La réaction divine est de compenser ces injustices. Dans le Nouveau Testament, il y a ensuite une large critique des riches. L’argent bloque le chemin vers Dieu tant qu’on le garde pour soi. Ou, selon les mots du pape actuel : « L’argent doit servir, il ne doit pas dominer ». Dans le comportement de donation à la table des offrandes en Marc 12, Amstutz voit plus qu’une opposition entre des riches qui donnent de leur superflu et une veuve qui donne tout malgré son manque. Selon la préhistoire, il s’agit bien plus de l’exploitation de cette veuve par les riches, qui dévorent les maisons des veuves. En fait, c’est la veuve qui devrait recevoir l’argent. La chute de l’homme était déjà un péché de consommation : il a suffi d’une question pour que la curiosité se transforme en avidité. Les riches devraient faire en sorte que les pauvres puissent
Les pauvres doivent pouvoir s’enrichir eux-mêmes.

La politologue bernoise Laura Brechbühler a étudié dans le cadre de ses études l’influence de l’argent dans la politique suisse par le biais du lobbying et du financement politique. Entre-temps, les parlementaires doivent faire état de mandats rémunérés et non rémunérés, mais on sait peu de choses sur leur montant. Le centre est le plus sollicité. Mais le lobbying principal a lieu en dehors du Palais fédéral. Comme il n’y a pas de financement public de la politique, les dons sont décisifs. Les partis de droite ont tendance à en recevoir moins, car les entreprises y investissent davantage. Mais l’influence exacte n’est pas claire. C’est pourquoi il devrait y avoir plus de transparence, comme cela devrait être le cas pour la première fois avec le contre-projet à l’initiative sur la transparence lors des prochaines élections parlementaires.

Le conseiller national de Bâle-Campagne Eric Nussbaumer a expliqué le « parlementary shopping » : celui qui siège dans une commission se voit automatiquement proposer des mandats. Pour lui, c’est « la pire des évolutions ». Nussbaumer s’est toutefois opposé à l’impression que toutes les personnes actives en politique sont à vendre. Le système de milice est en fait un lobbying rémunéré. C’est pourquoi la question décisive reste : « Quelles sont les valeurs qui m’influencent ? » Le travail de lobbying en faveur des plus faibles – par exemple dans le domaine de l’asile – n’est en général pas possible. Le vrai problème est donc celui de l’argent : « Le problème du lobbying est le déséquilibre dans la représentation des intérêts. Les différents groupes n’ont pas les mêmes moyens pour se faire entendre en politique ». Les chrétiens devraient donc devenir des lobbyistes pour ceux qui n’ont pas de lobby. L’objectif serait d’équilibrer toutes les décisions politiques, de manière compréhensible et transparente. Au final, c’est l’argument véritable qui compte et qui – espérons-le – n’est pas acheté.

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L’impôt anticipé de 35% a pour but d’inciter les contribuables, particuliers et entreprises, à déclarer honnêtement leurs bénéfices et plus-values imposables et donc à payer leurs impôts. Les 35 % ne sont remboursés qu’après avoir été déclarés conformément aux règles. Mais le lobby bancaire a obtenu du Parlement qu’il supprime l’impôt anticipé lors de l’émission d’obligations. Ceci avec l’argument qu’en raison de la charge administrative et du retrait temporaire de liquidités, les obligations seraient aujourd’hui émises à l’étranger, où les prix sont plus avantageux, et que la Suisse perdrait ainsi des emplois et de la valeur ajoutée. Parallèlement, la taxe de vente, prélevée sur le commerce de certains titres, a été supprimé, car il constituait également une entrave au marché suisse des capitaux étrangers. Un référendum a été lancé contre ce paquet.

Le trou risque de s’agrandir – au détriment de la population

Les forces motrices derrière cette baisse d’impôts affirment que l’arrivée d’emplois et de valeur ajoutée revenant de l’étranger permettrait aux cantons et aux communes de réaliser un bénéfice d’au moins 400 millions de francs par an. Mais en même temps, selon les derniers chiffres, la Confédération perdrait entre 215 et 275 millions de francs de recettes. Il s’agit d’estimations très conservatrices et probablement beaucoup trop basses. Car, premièrement, ces calculs se basent sur le niveau actuel très bas des taux d’intérêt, qui devrait toutefois augmenter dans un avenir proche. Et deuxièmement, l’industrie financière a l’habitude de dissimuler tout ce qu’elle peut pour maximiser les bénéfices. Sans contrôle, la motivation pour déclarer ces fonds fait défaut. La deuxième réforme de l’imposition des entreprises (RIE II) a déjà montré que l’industrie financière exploite toutes les possibilités de contourner l’impôt. Les pertes maximales de 933 millions de francs pour la Confédération et les cantons (indiquées dans le livret de vote lors de la votation de 2008) se sont transformées (et se transforment toujours) en 2 à 2,5 milliards de francs par an à partir de l’entrée en vigueur en 2011, raison pour laquelle les cantons ont mis en œuvre les uns après les autres des programmes d’économie drastiques dans les écoles, les hôpitaux, etc. En revanche, les actionnaires ont pu exonérer les dividendes, et les chefs d’entreprise (qui se font désormais souvent verser leur salaire d’une autre manière) de leurs revenus. Au total, entre le 1.1.2011 et le 31.11.2016, 1 billion 692 milliards de CHF ont été déclarés par 7 365 sociétés anonymes et approuvés par l’Administration fédérale des contributions pour être distribués aux actionnaires en franchise d’impôt.

Les baisses d’impôts – une mauvaise nouvelle avérée pour les plus faibles

La fable selon laquelle tout le monde s’en sort automatiquement mieux en cas de baisse d’impôts a également été réfutée depuis longtemps. C’est ce que montre de manière impressionnante l’étude d’Oxfam de 2014 : les baisses d’impôts dans le sillage du néolibéralisme ont surtout rendu les plus riches encore plus riches (et donc plus puissants) dans le monde entier, mais n’ont guère aidé les plus pauvres (donc ceux qui en auraient le plus besoin). Aux États-Unis, par exemple, le salaire moyen est resté le même entre 1984 et 2016, le revenu moyen des ménages n’a augmenté de 20 % au total, et ceci uniquement en raison de l’entrée croissante des femmes dans le monde du travail salarié. Et l’histoire de la création de la RIE II a montré de manière impressionnante qu’il ne s’agissait pas du tout des PME et encore moins de l’ensemble de la population, mais uniquement des intérêts des actionnaires.

Les services vitaux ont besoin de plus de moyens : inverser la spirale maintenant

Il est donc fort probable que la suppression de l’impôt anticipé soit une fois de plus une opération déficitaire pour la population suisse. Et pas seulement pour la population suisse, mais aussi, en fin de compte, pour les pays d’où les emplois seront drainés. La concurrence fiscale a globalement pour conséquence que les services vitaux tels que les écoles, les hôpitaux, les mesures environnementales, etc. subissent des dommages. Les classes d’école sont de plus en plus grandes, des hôpitaux régionaux sont fermés l’un après l’autre, le personnel soignant est trop peu nombreux et mal rémunéré, et les subventions pour l’énergie solaire « sont trop chères ». Dans ce système, les plus faibles et la création sont mis à mal. Il faut mettre un terme à cette évolution. D’autant plus lorsque ceux qui pourraient le mieux se le permettre sont quasiment invités à ne plus payer d’impôts.

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En tant que société, nous confions une mission aux quelque 90’000 professionnels des soins infirmiers (dont près de 90% sont des femmes) et aux quelque 200’000 personnes qui travaillent dans ce domaine en Suisse : Ils sont censés prendre soin de leurs semblables malades, vulnérables, blessés, nouveau-nés et mourants (et souvent aussi de leurs proches et de leur environnement), s’occuper d’eux et être là pour eux. Il ne s’agit pas d’entretenir et de réparer ces patients afin de les intégrer le plus rapidement et le plus complètement possible dans le cycle économique de production et de consommation, mais bien de la dignité inhérente à chaque être humain. Par conséquent, les considérations de rentabilité et de profit entrent en collision frontale avec l’image de soi professionnelle et le code de déontologie des infirmières. Au sens le plus noble du terme, l’être humain dans sa globalité et son intégrité est au centre de leurs préoccupations.

La crise des soins infirmiers coûte des vies humaines

Actuellement, nous plaçons les infirmières dans un dilemme qui fait que beaucoup – très beaucoup – quittent leur profession prématurément, épuisées, frustrées, résignées. Parce que nous leur retirons les moyens de faire leur travail correctement et comme ils ont appris à le faire. En raison de la pression constante et artificielle exercée sur les établissements de soins (hôpitaux, cliniques, foyers, organisations Spitex) pour qu’ils fassent des économies, ils n’ont pas les moyens d’employer suffisamment de personnel infirmier et de lui offrir des conditions de travail décentes. C’est criminel au sens propre du terme, car il est scientifiquement prouvé (et en dehors de cela intuitivement évident) que le manque de personnel infirmier bien formé provoque des décès évitables (plusieurs centaines par an – donc comme un accident d’avion chaque année), des complications évitables et donc des admissions et des traitements hospitaliers inutiles et coûteux. Comme le dit la journaliste américaine Suzanne Gordon, spécialiste des soins infirmiers : « Les infirmières sauvent des vies et économisent de l’argent ». Notre système de santé n’est plus soumis au commandement de la miséricorde, qui est à la base du concept de « service public », mais est asservi à Mammon : les économies sont réalisées par ceux qui font réellement le travail (les coûts des soins infirmiers ne représentent pas 15% des coûts totaux du système de santé) et dépensées à pleines mains là où l’on peut gagner beaucoup d’argent.

De cette manière, notre société – et nous tous – devient coupable envers les personnes qui ont besoin de soins et celles qui les soignent.

Non seulement former, mais permettre des soins dignes

Des années d’efforts de la part de l’association professionnelle des infirmiers et de ses alliés n’ont pas réussi à persuader le Parlement de prendre des mesures efficaces contre la pénurie des soignants. La profession infirmière place son seul et dernier espoir dans l’initiative populaire sur les soins infirmiers, qui a vu le jour en un temps record en 2017. Contrairement au contre-projet indirect (tactique) du Parlement, qui se contente obstinément d’une offensive de formation, l’initiative s’attaque à la racine du problème : oui, nous devons absolument former plus que les 43% de personnel soignant actuellement nécessaires. Mais il ne sert à rien d’injecter des millions et des millions dans la formation si les conditions de travail ne sont pas améliorées en même temps, car sinon le personnel nouvellement formé, qui est payé très cher, continuera à quitter la profession en masse après quelques années seulement. Ou, comme l’a dit la conseillère nationale Flavia Wasserfallen dans l’Arena, c’est comme essayer de gonfler un pneu de vélo sans réparer le trou.

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Les retours après notre appel du mois de mai est positif, le soutien financier et moral est toujours là. En conséquence, lors de l’assemblée générale du 19 juin, les membres présents ont approuvé le nouveau concept. Maintenant, nous recherchons intensivement une nouvelle direction. Veuillez transmettre l’offre d’emploi aux personnes potentiellement intéressées. Nous sommes également à la recherche d’un nouveau trésorier à moyen terme, car Walter assure l’intérim, mais souhaite être remplacé rapidement. Dans le même temps, nous nous attaquons déjà aux premières tâches, telles que le rétablissement d’un compte Twitter et l’amélioration du fichier d’adresses. Et enfin, de nouveaux articles vont paraître sur le site web. Le vote sur le CO2 nous a donné l’occasion de le faire. N’hésitez pas à nous contacter si vous souhaitez écrire quelque chose !

ChristNet est à la recherche d’une nouvelle direction : voici l’offre d’emploi

Trésorier recherché : Une tâche intéressante et importante, sans laquelle ChristNet et son service pour l’amour du prochain ne seraient pas possibles. Quelque chose pour toi ? Ou connais-tu quelqu’un qui pourrait être intéressé ?

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Et enfin, il se passe aussi quelque chose sur le plan politique. :

1) Multinationales responsables: On reste dessus !
En élaborant les ordonnances, Karin Keller-Sutter a massivement édulcoré le  » contre-projet  » du Conseil fédéral, déjà très maigre, contre l’initiative sur la responsabilité des entreprises. Des entreprises comme Holcim ne sont plus couvertes par la loi, et de nombreuses failles ont été créées qui rendent la loi presque obsolète. Vous pouvez participer au processus de consultation et exprimer votre opinion.

2) CO2 : L’engagement peut continuer avec de l’espoir !
Malgré ou peut-être à cause du vote sur la loi sur le CO2 perdu de justesse, l’engagement contre le réchauffement climatique doit se poursuivre. Parce que le sujet est toujours urgent, il y a évidemment encore un manque de sensibilisation. C’est pour cela que nous sommes là, et le changement lent mais sûr des attitudes conduira à une plus grande protection du climat en Suisse également : Voici un commentaire plein d’espoir :

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S’il s’agit vraiment de familles, il faut autre chose

Pour aider les familles qui en ont vraiment besoin, différentes mesures peuvent être prises : Augmenter les allocations familiales, subventionner plus efficacement les crèches, construire des logements moins chers, subventionner les primes d’assurance maladie ou accorder aux parents le temps nécessaire après la naissance et pour s’occuper de leurs enfants. Il n’y a en fait aucune raison d’aider les familles par le biais de déductions fiscales. En effet, grâce à la progression de l’impôt, les déductions aident ceux qui gagnent le plus. En d’autres termes, c’est exactement le contraire de ce qui doit être réalisé. Même la classe moyenne, qui n’a jusqu’à présent que peu bénéficié de subventions, ne s’en tire pas mieux avec des déductions qu’avec des subventions. Les politiciens ont tendance à se battre contre « la politique de l’arrosoir ». La proposition est encore pire : la majorité des voix va à ceux qui n’en ont pas du tout besoin, et ceux qui ont vraiment du mal à s’en sortir n’ont rien du tout … sauf peut-être encore moins si les prestations doivent être réduites en raison de la perte de recettes fiscales. Car les 380 millions de francs de pertes fiscales doivent être compensées en fin de compte.

Étonnamment, les partisans trouvent cette somme d’argent, dont la majeure partie a été jetée par la fenêtre, tolérable, contrairement au congé de paternité « inusable », qui ne coûte à la Suisse que 230 millions de francs. Contrairement au projet de loi fiscale, le congé de paternité donne l’air, juste après la naissance, nécessaire pour que le délai strict accordé aux parents prenne un bon départ. Ce n’est pas sans raison que Katja Schönenberger de Pro Juventute a déclaré dans l' »Arena » que les mères sont soumises à une énorme pression après la naissance. Ils ont en fait besoin de soins pour eux-mêmes pendant cette période. « Et en ce moment même, ils devraient être les seuls responsables d’un nourrisson ? ».

Il est grand temps de discuter de la manière dont la politique familiale fonctionne réellement. Parce que ceux qui parlent de la famille ne sont pas toujours ceux qui aident vraiment les familles.

Photo by Irina Murza, Unsplash

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Une des missions de notre réseau est de suivre l’actualité politique, de chercher la voix que Dieu nous invite à faire entendre, en mettant en pratique un engagement correspondant. En ce sens, la crise mondiale du Covid-19 nous pousse à prendre cette année la place de veilleurs.

Nous souhaitons rester attentifs à ces questions: Quelles sont les personnes oubliées, en Suisse et ailleurs, dans les bouleversements et les menaces actuelles? Dans quels domaines cette crise tend à renforcer des injustices et des inégalités déjà fortes, et quelles décisions peuvent aider à ce que la santé et la dignité de chacun soit préservée? Mais aussi, quelles sont les démarches créatives rayonnant du Royaume de Dieu sont à l’œuvre, et peuvent nous inspirer même au delà de cette crise? Nous vous invitons toutes et tous à veiller avec nous dans la prière, et pourquoi pas nous partager vos impressions.

Début 2020 a été l’occasion de définir les thèmes prioritaires d’engagement pour cette année, voire peut-être la suivante:

  • Suisse-argent: Alors que la Bible parle beaucoup de notre rapport aux richesses et que la Suisse est l’un des pays les plus privilégiés, trop peu de place est faite à une parole interpelante à ce sujet. Le contexte de l’initiative pour des multinationales responsables est l’occasion de parler des racines spirituelles de ces enjeux économiques et sociaux: Pour sortir de la peur de manquer ou de perdre, comment l’évangile nous appelle à la liberté face à cet attachement aux richesses, et ainsi au partage, à la justice, et à la solidarité.
  • Espérance face à la crise environnementale et sociale: La prise de conscience des dégradations de la Création peut produire de la colère, de la peur ou du désespoir. Comment apporter et vivre l’espérance chrétienne d’une manière qui ne nous déresponsabilise pas, mais nous guide vers la justice, dans cette situation de crise?
  • Vie simple et communauté: Une vie simple vécue dans la reconnaissance partagée avec d’autres peut apporter beaucoup de joie. Dans notre société marquée par la solitude, la surconsommation et la division entre milieux sociaux, nous pouvons incarner d’autres modèles inspirés par l’évangile apportant un témoignage et une espérance concrêtes. Plusieurs membres de ChristNet habitent dans différents projets qui favorisent les liens communautaires et le partage.

Si vous souhaitez participer à l’un de ces thèmes, en soumettant par exemple une réflexion personnelle qui pourrait être publiée, n’hésitez pas à nous contacter!