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Depuis le début du 21e siècle, de plus en plus de personnes réclament à nouveau des dirigeants qui leur promettent la sécurité. Dans les pays occidentaux aussi, les gouvernements s’accrochent au pouvoir pour empêcher les « méchants » d’arriver.

Avec la Seconde Guerre mondiale, on a définitivement compris les catastrophes que pouvaient provoquer le nationalisme et les dictatures. Par la suite, les structures démocratiques se sont développées dans de nombreux États. Avec la « chute du mur », il semblait que la démocratie avait triomphé et que celle-ci et les droits de l’homme se répandraient automatiquement grâce à l’augmentation de l’éducation et de la prospérité. Cela a effectivement été le cas jusqu’en 2015, mais depuis, la tendance s’est inversée. L’indice de démocratie1 est depuis lors en baisse, et ce dans toutes les régions du monde.

Maintien croissant du pouvoir – notamment en raison de la polarisation sur Internet

En Hongrie, en Pologne, en Israël ou au Salvador, les gouvernements tentent de plus en plus de cimenter leur pouvoir en étouffant ou en réprimant les critiques et en supprimant le contrôle des tribunaux. Le Mexique et l’Inde tentent de « mieux contrôler » les élections démocratiques. En Corée du Sud, un « coup d’Etat par le haut » vient d’être tenté. La prise du Capitole aux Etats-Unis en 2021 peut également être citée dans cette catégorie. La démocratie n’est-elle plus tolérée que tant que le résultat sert les puissants ?

Un facteur important à cet égard est certainement la polarisation croissante des opinions, qui est (aussi consciemment) encouragée par l’insécurité générale et l’agitation et la calomnie effrénées contre les adversaires politiques sur les réseaux sociaux. Grâce aux algorithmes sur Internet, qui reflètent nos intérêts et nos opinions, nous nous retrouvons dans des bulles d’opinion et sommes de plus en plus informés de manière unilatérale. Lorsque l’adversaire politique n’est plus qu’un ennemi, sa suppression devient une priorité, sinon « le mal prend le dessus ». La conservation du pouvoir est le mot d’ordre, le consensus et donc la recherche du bien pour tous n’est plus un objectif. Dans la lutte des bons – nous – contre les méchants – les autres -, la suppression des règles démocratiques est justifiée.

Le sociologue Anthony Giddens avait déjà écrit dans les années 80 du siècle dernier que le 21e siècle serait un siècle de gouvernements autoritaires, car de plus en plus de gens réclament à nouveau des dirigeants promettant la sécurité en raison des rapides changements techniques et culturels2 . C’est la seule façon d’expliquer la réélection de Donald Trump aux Etats-Unis par une majorité du peuple. Et ce, avec Elon Musk comme bras droit, qui, avant de vouloir renverser le président bolivien, a déclaré : « We coup against whoever we want ».

« Mais dans la société d’aujourd’hui, polarisée et remplie de craintes à l’égard des ennemis, la recherche de confirmation de sa propre vision du monde et de ses ennemis est plus forte. »

L’érosion de la vérité

Internet, avec sa grande offre d’idéologies de justification, nous aide à croire ce que nous voulons croire. Nous adaptons la réalité à notre vision du monde. La question de la vérité est ici centrale : ne nous préoccupons-nous plus de la recherche de la vérité ? Ou supposons-nous simplement que ce que nous croyons est la vérité. Si nous privilégions les faits plutôt que les insinuations, les images hostiles seront moins nombreuses. Mais dans la société d’aujourd’hui, polarisée et remplie de craintes à l’égard des ennemis, la recherche de confirmation de sa propre vision du monde et de ses ennemis est plus forte.

Les droits de l’homme et l’amour du prochain se conditionnent mutuellement

Dans ce contexte, les droits de l’homme sont également mis sous pression dans le monde entier. Les droits de l’homme sont les piliers de la dignité humaine : l’égale valeur de chaque être humain devant Dieu signifie aussi accorder à chacun les mêmes droits et les mêmes chances de vie. C’est le fondement de l’amour du prochain. Celle-ci conditionne les droits de l’homme et n’est garantie que par une démocratie complète. En effet, le bien ne peut s’épanouir pour tous que là où la voix des défavorisés est audible et où leur influence politique est équivalente, là où les informations dignes de confiance sont mises en avant et là où les puissants peuvent être écartés. Car là où les puissants doivent rendre des comptes, le bien pour tous est respecté. A l’inverse, la concentration et la consolidation du pouvoir ont généralement apporté le malheur dans l’histoire. L’oppression, les guerres, la mort et la destruction en sont les conséquences.

Et en Suisse ?

Parmi les démocraties, la Suisse occupe une place particulière et est considérée comme la démocratie par excellence en raison de ses instruments de démocratie directe. Mais chez nous aussi, il existe des règles démocratiques de base qui sont encore lacunaires. La démocratie ne signifie pas simplement « on peut bien voter et élire si on le veut ». Voici quelques conditions importantes qui, à notre avis, doivent être améliorées en Suisse par rapport à l’étranger :

  • Une information fiable et correcte dans les médias classiques et sociaux
  • L’égalité des chances dans la compétition politique grâce à la publication du financement de la politique
  • Suppression des activités de lobbying opaques au sein du Parlement
  • L’introduction d’une cour constitutionnelle chargée de contrôler la conformité des nouvelles lois avec la Constitution.

De plus, des restrictions des processus démocratiques sont également perceptibles dans notre pays :

  • Lors de la votation sur l’initiative sur la responsabilité des multinationales, les associations économiques ont été étonnées de voir que la société civile avait soudain une influence importante sur la formation de l’opinion. Elles ont réagi à cette évolution en interdisant le travail politique des ONG subventionnées et les visites d’écoles par des organisations d’aide au développement.
  • Le Parlement a décidé – malgré une initiative populaire en suspens – de commander immédiatement des avions de combat FA-35, justifiant cette décision par la menace croissante de la Russie. Nous allons maintenant disposer d’un avion d’attaque surtaxé et bruyant. Et ce, sans coordination avec les pays environnants, eux aussi menacés.
  • La non-application de l’initiative « Enfants sans tabac » montre une fois de plus que le Parlement peut refuser de mettre en œuvre correctement des initiatives populaires. Certes, la loi n’a pas encore été débattue, mais les commissions consultatives mettent tout en œuvre pour forger des formulations extensibles.
  • Dans le canton de Schaffhouse, le parlement et le gouvernement ont ouvertement refusé de mettre en œuvre l’initiative acceptée par le peuple sur la publication des dons aux partis. Ils voulaient présenter a posteriori au peuple un contre-projet édulcoré et, en même temps, ne pas faire voter sur une initiative d’application de l’initiative populaire initiale. Entre-temps, le Tribunal fédéral a décidé que cette dernière devait également être soumise au vote.

Nous devons donc, ici aussi, être vigilants face à l’érosion des processus démocratiques – même si notre identité politique se réfère fortement à la démocratie et que le danger d’une dictature n’est pas immédiat.


1. https://fr.wikipedia.org/wiki/Indice_de_d%C3%A9mocratied

2. voir aussi Rosa, Hartmut: Beschleunigung. Die Veränderung der Zeitstrukturen in der Moderne. Frankfurt am Main 2005

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Environ 200 personnes se sont retrouvées samedi 23 novembre à la HET-Pro (St-Légier VD) pour la Journée Jacques Ellul. Face aux nombreuses crises de notre temps – écologiques, géopolitiques, migratoires etc. – et les idéologies dominantes – consumérisme, nationalisme, capitalisme, militarisme etc. – qui se révèlent inefficaces pour apporter des solutions, un sentiment d’impuissance peut s’installer.

Les participant-es ont pu constater que la pensée d’Ellul, 30 ans après son décès, demeure d’une étonnante actualité et apporte des pistes de réponses, qui restent cependant défiantes. Par leur présence, ils ont exprimé leur besoin d’y réfléchir collectivement. Avec la publication des interventions en juin 2025 (« Face aux désastres ») et un processus de compilation de propositions concrètes, une suite est d’ores et déjà donnée à cette journée.

Neuf intervenants de différentes disciplines – théologie, philosophie, sciences sociales, ingénierie, économie… – ont présenté différents aspects de la pensée prolifique de l’auteur bordelais, par le biais d’exposés, d’ateliers participatifs, d’une table ronde et d’un débat public.

En ouverture, Jacob M. Rollison, théologien et worker à L’Abri (Huémoz), a parlé sur la technique comme « puissance et désespoir de l’être humain ». Selon Ellul, la Technique se caractériserait par son auto-accroissement, en ce qu’une invention génère d’autres et induit de nombreuses applications, dont l’orientation échappe au contrôle de l’être humain. Tel un bolide sans volant, le développement technique foncerait en avant, sans sens, ni but, créant des catastrophes de plus en plus inévitables. Et de poser la question : « Pourquoi ne levons-nous pas le pied ? »

A la suite de ce diagnostic désespérant, Frédéric Rognon, professeur de philosophie à l’Université de Strasbourg et grand spécialiste d’Ellul, lance : « Pas d’espérance sans désespoir », précisant qu’il s’agit du désespoir face à l’incapacité des moyens humains et techniques de pallier les crises. Certes, la Technique confèrerait à l’Homme une puissance inouïe, mais qui serait foncièrement ambivalente (avec des effets positifs et négatifs indissociables) et auto-accroissante. A l’opposé, Ellul propose la « non-puissance », un renoncement à la puissance (technique) qui implique de ne pas faire tout ce qui est faisable. Comme modèle de cette non-puissance, il désigne Jésus, ce Dieu tout-puissant qui renonce à sa puissance pour se faire humain.

En conclusion de la matinée, David Bouillon, professeur à la HET-Pro, a donné un éclairage biblique sur le catastrophisme en rendant compte du commentaire d’Ellul « Le livre de Jonas » (La table ronde, 2024). L’histoire de ce prophète nous ferait prendre conscience que c’est l’amour de Dieu qui nous rend responsable pour accomplir notre mission. Face à la toute-puissance de la Technique, Dieu affirmerait Sa compassion avec tout le vivant. Là serait l’issue de notre « enfer » et de nos crises, là serait notre espérance.

Des ateliers participatifs

Lors de la Journée Jacques Ellul, les participant-es ont joué un rôle actif. En effet, les ateliers de l’après-midi ont été un moment fort de la journée, d’une durée de plus d’une heure pour permettre la création collective de pistes concrètes face aux défis abordés pendant la journée. Ce qui en ressort a été présenté et discuté en plénière lors de la table ronde. Ainsi, les organisateurs sont confiants que la journée a permis aux personnes présentes de grandir dans un engagement juste au sein de nos sociétés en crises.

Une publication à venir

Suite à cette journée, une publication regroupant la synthèse des exposés, les présentations des ateliers, ainsi que le résultat des discussions sera publié en juin 2025 :
« Face aux désastres – Avec Jacques Ellul, penser la crise et choisir l’espérance.»
Editions mennonites (dossier Christ seul), 96 pages. Les pré-commandes sont possibles dès maintenant.

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Cette année, nous célébrons le 75e anniversaire des Conventions de Genève, qui constituent le fondement du droit international humanitaire. La Suisse, fière de son rôle de gardienne de ces conventions, a une responsabilité particulière dans la protection et la promotion du droit international humanitaire.

Mais comment concilier cette responsabilité avec le refus de la Suisse d’adhérer au traité d’interdiction des armes nucléaires (wikipédia) ? Un traité qui identifie clairement les conséquences inhumaines des armes nucléaires et interdit leur utilisation ainsi que la menace de leur utilisation.

Les armes nucléaires vont à l’encontre des principes fondamentaux du droit international humanitaire : elles tuent sans discernement, violent le principe de proportionnalité, causent des souffrances indicibles et privent les êtres humains de leur droit le plus fondamental à la vie et à la sécurité. Aucun pays au monde ne serait à l’abri des conséquences humanitaires catastrophiques de l’utilisation d’armes nucléaires.

Même d’un point de vue chrétien, l’utilisation d’armes nucléaires est difficile à justifier. Cette forme de destruction massive est en contradiction avec les principes chrétiens fondamentaux tels que l’amour du prochain, la dignité humaine, la justice, la promotion de la paix et la non-violence. C’est pourquoi de nombreuses églises et associations chrétiennes internationales soutiennent le traité d’interdiction des armes nucléaires, dont le Conseil œcuménique des églises et l’église catholique. Le pape François a clairement pris position à ce sujet et parle d’une « fausse logique de la peur » qui sous-tend la possession de telles armes. Pour lui, non seulement l’utilisation d’armes nucléaires est un « crime », mais leur possession est déjà « immorale » 1 . L’Alliance évangélique mondiale est également favorable à la non-prolifération des armes nucléaires, mais il n’y a pas d’accord sur une interdiction totale.

Les arguments des partisans des armes nucléaires se basent principalement sur la théorie de la dissuasion : la possession d’armes nucléaires doit dissuader les agresseurs potentiels de lancer une attaque. Un exemple cité est celui de l’Ukraine qui, selon certains analystes, n’aurait probablement pas subi d’attaque russe si elle n’avait pas remis son arsenal nucléaire en 1994. Cette stratégie militaire est connue sous le nom de Mutual Assured Destruction (MAD) et c’est également l’une des raisons pour lesquelles il n’y a pas eu de confrontation directe entre les superpuissances que sont les Etats-Unis et l’URSS pendant la guerre froide. Dans ce scénario, les armes nucléaires n’auraient jamais dû être utilisées, car personne n’oserait attaquer un État nucléaire.

Mais l’idée que la paix mondiale puisse être assurée uniquement par la dissuasion – c’est-à-dire par la peur d’une destruction mutuelle – est à mon avis douteuse et instable. Cette stratégie est extrêmement risquée, car elle ne laisse aucune place à l’erreur, dont les conséquences seraient catastrophiques. Je souhaite donc une paix basée sur une autre vision : sur le droit international et sur le respect mutuel entre tous les peuples et les membres de la famille humaine – ou, dans une perspective chrétienne, sur l’amour du prochain.

Mais l’idée que la paix mondiale puisse être assurée uniquement par la dissuasion – c’est-à-dire par la peur d’une destruction mutuelle – est à mon avis douteuse et instable.

Si la Suisse n’a pas adhéré au traité d’interdiction des armes nucléaires, bien qu’elle ait participé activement aux négociations préparatoires, ce n’est sans doute pas tant parce qu’elle accorde beaucoup d’importance à la théorie de la dissuasion. Elle considère plutôt que l’utilité du traité pour le désarmement nucléaire est incertaine. Une adhésion n’apporterait aucun avantage concret et présenterait des inconvénients en matière de politique étrangère et de sécurité (voir le rapport du Conseil fédéral). Cette décision est un pur calcul de realpolitik : on ne veut pas fâcher inutilement ses alliés.

S’il est en principe judicieux de ne pas contrarier les alliés, cela ne devrait pas être le cas lorsqu’il s’agit de questions aussi fondamentales que le désarmement nucléaire. Peu importe que nos exigences soient acceptées ou non, nous devrions à mon avis faire partie des efforts mondiaux visant à interdire les armes nucléaires. C’est précisément parce que la Suisse a une forte tradition humanitaire qu’elle devrait montrer l’exemple dans ce domaine.

La décision de ne pas adhérer au traité d’interdiction des armes nucléaires constitue une rupture avec la tradition humanitaire de la Suisse et porte atteinte à notre crédibilité en tant qu’acteur humanitaire. Cette tradition est fortement imprégnée de la pensée chrétienne. Henri Dunant, fondateur du Comité international de la Croix-Rouge (1863) et premier secrétaire de la section genevoise de l’Alliance évangélique, en est un exemple éminent. Dunant, un chrétien profondément croyant, a été bouleversé par la souffrance des blessés après la bataille de Solférino (1859). Ses convictions religieuses l’ont motivé à s’engager dans l’aide humanitaire et à fonder une organisation qui agirait de manière neutre et indépendante dans les conflits afin de porter secours à tous les blessés. Cette tradition marque encore aujourd’hui l’engagement humanitaire de la Suisse et devrait continuer à nous inspirer – et en particulier les chrétiens. Une adhésion au traité serait une reconnaissance claire de notre responsabilité humanitaire et une poursuite de notre engagement de longue date en faveur du désarmement nucléaire.

Avec l’Alliance pour l’interdiction des armes nucléaires, je demande à la Suisse d’assumer sa responsabilité humanitaire. Car qui, si ce n’est la Suisse, devrait se porter garant du respect du droit international humanitaire ?

1.  : https://www.swissinfo.ch/ger/papst-nennt-atomwaffen-anschlag-auf-menschheit/45388980

Photo: Flickr Commons, Public Domain (Link)

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L’argument principal de l’initiative sur la biodiversité, sur laquelle le peuple suisse votera le 22 septembre 2024, traite de la diversité des espèces et des habitats en tant que base de la vie humaine. Cette phrase semble d’abord un peu exagérée. Pourtant, dans les premiers versets de la Bible, nous trouvons une histoire qui confirme cette affirmation.

Dans le récit de la création, en Genèse 1, 1-31, nous lisons comment Dieu a jeté jour après jour les bases de la vie humaine. Il a d’abord créé la lumière. Ensuite, il a séparé l’eau de la terre.Ensuite, il a planté la terre et formé les astres dans le ciel.Ensuite, les oiseaux, les poissons et les animaux terrestres ont donné vie à la terre encore jeune.
Lorsque l’homme est arrivé au sommet de la création, il a trouvé un habitat parfait. La nourriture et l’eau potable ne manquaient pas. Le sol était fertile et l’air était pur. Une incroyable diversité d’animaux et de plantes y pullulait. Pour les protecteurs de la nature d’aujourd’hui, cet état serait probablement l’idéal absolu.

Dépendance à l’égard de la nature
Bien entendu, il n’est pas possible de revenir à cet état de jardin d’Eden de la Création et l’initiative pour la biodiversité ne parle pas non plus d’un idéal à atteindre absolument. L’initiative et l’histoire de la création nous rappellent toutefois que l’homme dépend directement de la nature et de son état.
Plus les habitats dans lesquels l’homme évolue sont riches en espèces, plus il est facile de se nourrir, par exemple.Au fil des millénaires, l’homme a développé des pratiques culturelles qui facilitent la culture et la reproduction des plantes ainsi que l’élevage des animaux.L’ensemble de l’agriculture, de l’apiculture, de la pêche et de la sylviculture repose sur ces connaissances dites technologiques et écologiques ou bioculturelles, qui se transmettent de génération en génération.
La perte de biodiversité entraîne donc également la perte d’un savoir ancestral sur la collaboration avec la nature. Or, nous avons impérativement besoin de ce savoir, par exemple pour développer de bonnes stratégies d’adaptation au changement climatique.

La mission de Dieu méprisée

« Et Dieu les bénit et leur dit : Soyez féconds, multipliez et remplissez la terre, et soumettez-la à ⟨vous⟩ ; et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel et sur tous les animaux qui se meuvent sur la terre ! » (EBF, Genèse 1, 28).

L’homme a donc reçu l’ordre sans équivoque d’assujettir la terre et de dominer les plantes et les animaux.
Or, un bon souverain se soucie de ses sujets et ne les exploite pas à des fins égoïstes.Grâce à sa topographie, la Suisse compte 160 types d’habitats et 56 009 espèces indigènes.Malheureusement, le pays alpin n’accorde pas assez de valeur à cette richesse en espèces et en habitats.
Selon l’Office fédéral de l’environnement, sur 10 844 espèces indigènes dont la menace a été évaluée, 35% sont menacées ou déjà éteintes. Sur les 160 types d’habitats, 48 pour cent sont menacés et les autres sont protégés. La Suisse est donc en queue de peloton en termes de zones protégées par rapport à nos pays voisins et présente une menace nettement plus élevée pour les espèces animales et végétales. La perte de biodiversité en Suisse montre que la population ne répond pas à l’ordre de Dieu de gouverner avec soin.

Devenir des souverains soigneux
En acceptant l’initiative sur la biodiversité le 22 septembre 2024, la population suisse redonnerait à la biodiversité la valeur qui lui est due depuis la nuit des temps. En effet, chaque être vivant possède une valeur inhérente qui doit être respectée. En votant OUI dans les urnes, le peuple protégerait sa base de vie, préserverait le savoir bioculturel et assumerait enfin son rôle de maître attentif de la création.
En tant que chrétiens, nous avons en outre la responsabilité de rappeler constamment cette mission à nos semblables.
L’initiative est un encouragement pour tous à mettre en œuvre au quotidien des mesures concrètes pour la protection de la biodiversité et à adopter un mode de vie plus durable afin de préserver la Terre dans sa diversité et sa richesse pour les générations futures.


Sources
Arguments, fiche d’information sur la biodiversité : www.initiative-biodiversite.ch (état au 18 août 2024)
Questions et réponses : www.initiative-biodiversite.ch (état au 18 août 2024)
Prise de position sur l’initiative biodiversité

Photo: Knut Burmeister

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Le 21 septembre 2024, la « Plateforme Christianisme solidaire » invite à une journée d’écoute et d’échange pour chercher ensemble comment rester en dialogue malgré les divergences d’opinion.

Lors de rencontres de familles, discussions entre collègues ou encore soirée chez des ami-e-s, qui n’est pas régulièrement confronté à des échanges compliqués et émotionnels sur différents thèmes chauds ? Covid-19, conflit Russie-Ukraine ou Israël-Hamas, ou encore Donald Trump, pour ne citer que quelques exemples. Certains thèmes sont très émotionnels, et lorsque des compréhensions du monde sont fondamentalement différentes, on peine souvent à avoir un dialogue constructif. On préfère alors souvent plutôt éviter ces thèmes, mais alors chacun-etend à se renforcer dans ses opinions avec les personnes qui pensent de la même manière, parfois in real life, souvent online. Et l’espace commentaires des publications des médias en lignes ou réseaux sociaux présente aussi régulièrement un climat d’échange dysfonctionnel.

Comment expliquer cette mauvaise santé du dialogue citoyen et comment peut-on contribuer à l’améliorer ? C’est là-dessus que propose de travailler la Plateforme Christianisme solidaire, composée de six petites organisations chrétiennes actives en Suisse, dont fait partie ChristNet. L’événement aura lieu le samedi 21 septembre, tout près de la gare de Renens (plus d’infos et inscriptions sur l’affiche ci-contre).

La journée se voudra participative, avec une grande place donnée à des ateliers l’après-midi, suivis de leur restitution et discussion en plénière. Ces ateliers se baseront sur les apports de deux interventions lors de la matinée. Une première du sociologue Philippe Gonzalez (Université de Lausanne), ayant pour titre « Polarisation de l’espace public : causes et effets des expressions d’opinion fermées au dialogue ». La seconde est intitulée « La vérité vous rendra libre : discernement, indépendance et solidarité dans une société ébranlée par la digitalisation », livrée par le théologien Hansuli Gerber, du Mouvement International de la Réconciliation (MIR).

Le choix du thème s’est fait au cours de plusieurs rencontres entre des délégué-e-s des différentes associations, qui ont travaillé à partir des conclusions de la journée de l’année dernière sur les appartenances (malsaines ou qui favorisent la solidarité) et à partir de leurs préoccupations pour le monde actuel. A côté des autres crises que nous traversons (écologique, géopolitique, stagnation économique…), cette crise de la communication citoyenne nous semble aussi tout particulièrement préoccupante et importante à bien comprendre et à traiter. L’objectif sera de ressortir des pistes pour pouvoir contribuer à la solution plutôt qu’au problème, non seulement individuellement mais aussi collectivement (association, église, quartier…).

Si cette question vous paraît à vous aussi importante à discuter collectivement, n’hésitez pas à vous joindre à cette journée participative !

Inscription

Voir le visuel de l’affiche