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Genève, 15.11.2010 – Le samedi 13 novembre, la ConférenceChristNet a eu lieu à Berne. Sous le titre « Gouverner par la peur ou par l’espérance ? » les participants ont réfléchi aux mécanismes de la peur dans nos société et politique et se sont posés la question de savoir comment les dépasser par l’espérance chrétienne.

Claude Baecher, dr. théol. (Bienenberg) a abordé les fondements bibliques de la peur et de l’espérance, tandis que Markus Meury, sociologue (co-fondateur de ChristNet) a traité de la réalité de la peur en société et politique. Des ateliers et une table ronde ont été l’occasion pour approfondir des domaines concrets tels que l’argent et l’économie, l’islam, ainsi que l’État, la criminalité et les étrangers.

Les participants ont été enchantés par des exposés d’une grande qualité et un choix de sujets « d’habitude moins présents dans les milieux chrétiens ».

A midi, ChristNet a célébré son 10e anniversaire par un buffet dînatoire.

Le point de vue du théologien…

La peur : un diagnostic biblique

Claude Baecher (directeur d’études francophone au CEFOR Bienenberg) a indiqué dans son exposé « Peur ou confiance en Dieu selon la Bible » que, depuis la chute, l’Homme, créé pour la communion, se retire, se replie sur soi et se suffit à soi-même. En conséquence, il souffrirait de solitude, de méfiance et d’égocentrisme, il se fermerait à la solidarité et le vivre ensemble. Bref : une culture de la peur s’installe. Dans ce contexte, l’être humain chercherait à devenir invulnérable en construisant des murs, à ne compter que sur lui-même pour subvenir à ses besoins en entassant des richesses. S’en suivrait une spirale de la peur où le prochain est perçu comme une menace pour son propre bien-être et, partant, une logique d’exploitation aux dépens des plus faibles.

Les remèdes

Une façon de vivre empreinte de reconnaissance et d’une économie de communion est, selon M. Baecher, le remède bibliques contre la peur. Concrètement, les chrétiens pourraient renoncer aux sécurités basées sur l’oppression du prochain et, en lieu et place de cela, chercher la communion dans tous les domaines. En outre, ils pourraient ne plus amasser des biens et chercher un rapport de communion à l’argent. M. Baecher perçoit l’Église internationale comme un signe prophétique contre les murs de division. Quant à se débarrasser de la peur, il prône la justice sociale, car « la sécurité d’une société dépend de la justice pratiquée ».

… et du sociologue

Markus Meury, sociologue (ChristNet) a constaté, dans son exposé « Causes et conséquences de la peur dans la société et en politique en Suisse » que la Suisse connaît, depuis les années 1980 une véritable escalade de la peur. Ainsi, la valeur moyenne du « baromètre des peurs » (prélevé par sondage) serait montée constamment au cours des deux dernières décennies.

Selon M. Meury, les causes en seraient une désorientation grandissante dans un monde en cours de mondialisation et de transformation. Ainsi, il existerait une tendance vers une plus grande « suissitude » et vers plus de nationalisme. De même, la rupture des liens familiaux contribuerait à une perte d’identité et, partant, de sécurité.

Toujours selon M. Meury, ces développements feraient le lit du discours sur les abus qui soumet à la suspicion d’emblée tous les bénéficiaires d’aide de l’État (AI, aide sociale, asile…). Dès lors, il serait souvent plus important d’empêcher les abus que d’accorder de l’aide. Quant à l’économie, elle serait marquée par une logique de la pénurie («économie de la faim») qui part de l’idée d’accumuler toujours plus pour assurer notre survie.

Selon M. Meury, les chrétiens, grâce à leur espérance vivante en Jésus-Christ, auraient le potentiel de dépasser la peur. Puisqu’ils font confiance à un Dieu qui pourvoit, la peur de manquer ne devrait pas avoir d’emprise sur eux. « Qui, sinon nous, peut dépasser la peur ?»

Ateliers : Islam, argent et criminalité…

Trois ateliers approfondirent le sujet de la peur et de l’espérance pour les domaines de l’islam, de l’argent et l’économie, ainsi que de l’État, la criminalité et des étrangers.

Par rapport à l’islam, il a été constaté que si une menace terroriste intégriste contre la Suisse n’est pas d’actualité, les divergences culturelles et l’affirmation musulmane peuvent faire peur. Pour y remédier, il a été proposé qu’on cherche le contact avec des musulmans, que des Eglises offrent des aides en faveur des immigrés…

Quant à l’argent et l’économie, de nombreuses personnes seraient aujourd’hui exclues des circuits économiques. Tant que la solidarité est diminuée, de grandes peurs surgiraient et celles-ci seraient combattues par l’espoir d’une croissance illimitée. Ce faux espoir et l’accumulation de toujours plus de biens seraient pourtant contraires au message biblique et à l’origine de nombreux nouveaux problèmes.

Enfin, concernant l’État, la criminalité et les étrangers, il a été indiqué que le taux de criminalité en Suisse serait, dans l’ensemble, plutôt modeste. Même si la criminalité des étrangers paraît élevé en nombres absolus, elle n’en est pas bien plus importante que celle des Suisses si on tient compte du fait que la population étrangère comporte une part importante de jeunes hommes issus de couches sociales défavorisées. Le contact avec la population étrangère devrait être recherché pour diminuer la crainte. Genève, qui connaît un taux d’étrangers de 40% serait, en effet, étonnamment xénophile. Par ailleurs, l’État, les PME et les Églises devraient être encouragés dans leur rôle intégratif.

Table ronde

Ont participé à la table ronde avec discussion publique : Hanspeter Schmutz (modérateur, Institut Insist), Claude Baecher, Markus Meury, Christian Bibollet (spécialiste de l’islam, Réseau Evangélique Suisse), Urs Winkler (anc. vice-directeur de l’Office fédéral des étrangers). La discussion traitait de la gestion de la peur, la transformation possible de la culture de la peur en une culture de l’espérance, la perspective d’avenir des chrétiens en Suisse ainsi que des postulats d’une politique de l’espérance.

 

ChristNet est un forum chrétien traitant du social, de l’économie, de l’environnement, de la culture et du développement. Cette conférence a marqué son 10e anniversaire.

 

Contact

www.ChristNet.ch

Samuel Ninck, 022 731 71 83. samuel.ninck@christnet.ch.

Markus Meury, 022 734 08 17. markusmeury@gmx.ch

 

Partenaires

·        Ausbildungszentrum Bienenberg. www.bienenberg.ch

·        Institut Insist. www.insist.ch

·        Institut für Gemeindebau und Weltmission. www.igw.edu

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Il est récemment devenu à la mode de se moquer des contribuables qui paient les impôts en toute honnêteté. L’évasion fiscale et la fraude fiscale sont aujourd’hui considérées comme des pécadilles, voire comme un droit humain1.

Il est triste de constater que même des chrétiens entonnent ce refrain. J’ai dernièrement entendu quelqu’un défendre le secret bancaire en arguant que les autres pays étaient, entre autres, eux-mêmes coupables de l’évasion fiscale commise par leurs ressortissants –  en fin de compte, ils n’avaient qu’à ne pas percevoir des impôts aussi élevés ! (Remarque : le secret bancaire en Suisse permet aux ressortissants d’un autre pays de pratiquer l’évasion fiscale par le fait qu’en cas de soupçon d’évasion fiscale, ce pays ne peut pas obtenir d’entraide administrative et judiciaire). N’est-il pas présomptueux et injuste de faire un bénéfice grâce à des personnes pratiquant l’évasion fiscale dans d’autres pays si ceux-ci ont défini leurs taux d’imposition de manière démocratique ?

Un conseiller national chrétien a lui aussi tenu des propos choquants récemment. Interrogé sur ce qu’il trouvait particulièrement précieux de préserver en Suisse, il a loué le système fiscal suisse qui n’oblige pas simplement le contribuable à payer les impôts, mais lui permet plutôt de payer le montant de son choix2. Quel manque total de responsabilité lorsque même des conseillers fédéraux et d’autres personnalités de premier plan soufflent dans la même trompette et présentent les impôts comme quelque chose que l’on ne paie que lorsqu’on est satisfait de leur montant. Ainsi, Kaspar Villiger a dit : « Lorsque le prix des services publics est raisonnable, les gens sont prêts à payer des impôts ». Et lorsque l’Etat n’agit pas exactement selon ma compréhension de la justesse – suis-je donc en droit de refuser de m’en acquitter ? Les politiciens bourgeois s’efforcent aujourd’hui par tous les moyens de faciliter la tâche à qui souhaite éluder les impôts. Parmi les moyens dont ils disposent figurent :

·        L’exacerbation de la concurrence fiscale (entre communes, cantons et nations).

·        L’octroi d’allègements fiscaux destinés à attirer les multimillionnaires et entreprises. Il s’agit souvent de cas très peu transparents3, qui violent les principes fondamentaux de l’égalité devant la loi4.

·        Le refus de combler les lacunes importantes en matière fiscale.

·        Le secret bancaire : il constitue une injustice particulière, puisque nous permettons ainsi à des ressortissantsd’autres pays de s’adonner à l’évasion fiscale.

Quel état d’esprit trouve-t-on derrière cette attaque en règle contre toute morale fiscale digne de ce nom, aussi minimale soit-elle ? D’abord, le fait que tous – les pauvres aussi bien que les gens aisés – trouvent difficile de payer des impôts. C’est compréhensible et il n’y a pas lieu de les critiquer. Mais un tout autre facteur entre ici en jeu. C’est, en premier lieu, une quête acharnée de l’argent – une recherche qui ne permet ni répit ni générosité.

L’une des raisons fondamentales au dédain actuel face aux impôts est le fait que les citoyens ne se perçoivent plus comme faisant partie intégrante d’une collectivité : ils ne ressentent plus de lien d’appartenance à leur pays, ni le fait que leur richesse n’aurait pas vu le jour sans l’entremise de nombreuses autres personnes, ni même qu’ils tirent des avantages considérables des prestations de l’Etat. C’est ici la perception de l’Etat dans son ensemble qui a changé. Il nous faut donc recommencer à zéro…

Dominic Roser et Markus Meury, Octobre 2005

 


1. P.ex. Phil Gramm, Président adjoint d’UBS Warburg : « Les banquiers suisses sont de grands bienfaiteurs de l’humanité (…). Ils ont protégé non seulement la fortune des hommes, mais aussi leur liberté. La possibilité donnée à l’homme de déplacer son argent dans le but de le protéger (…) constitue l’une des libertés fondamentales de l’être humain sur cette planète » (voir « Guide général sur l’évasion fiscale », disponible sur www.ladb.ch). (Remarque à ce sujet : le sénateur républicain Phil Gramm se place, par ces propos, en nette opposition à la Bible, Dans la loi donnée à Moïse, le droit à la propriété ne bénéficiait nullement d’une protection absolue).

2. S’agissant de la question : « Quelle est la particularité de notre Etat suisse que nous tenons à préserver ? » : «  Nous avons une patrie qu’il vaut la peine de préserver. Nous détenons aujourd’hui encore des réglementations uniques en leur genre. C’est le cas également de notre droit fiscal : en Suisse, l’Etat confie au citoyen le soin d’indiquer lui-même sur sa déclaration d’impôts combien il gagne et à combien se chiffre sa fortune. Il imposé après coup sur la base des données fournies, selon des taux d’imposition qu’il définit lui-même. En bref : l’Etat laisse au citoyen son revenu, et celui-ci dit : je veux payer tant d’impôts. Dans d’autres pays, l’Etat prend au citoyen la part de son revenu dont il pense avoir besoin, et les taux d’imposition ne sont pas déterminés par le peuple par un processus de démocratie directe ». (Voirwww.jesus.ch/index.php/D/article/151-Schweiz/26051-30_Jahre_-_und_kein_bisschen_heiser:_Die_EDU_ersehnt_eine_bessere_Demokratie)

3. A l’automne 2005 dans le canton de Berne, le fait que même les parlementaires cantonaux ont eu de la peine à savoir quelles entreprises bénéficiaient d’un soutien, a fait parler de lui. Lorsqu’ils ont ensuite pu consulter la liste, même les politiciens bourgeois étaient étonnés du nombre élevé d’allègements fiscaux consentis (voir « Der Bund » du 08.09.2005).

4. Voir sur ce thème, sous www.christnet.ch, le texte « Imposition forfaitaire pour étrangers fortunés » et le courrier correspondant adressé à des conseillères et conseillers nationaux sélectionnés.

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1) Staat und Steuern in der Bibel

Wegen dem Stand der Technik (Transport, Kommunikation etc.) ist die Situation zu biblischen Zeiten kaum mit heute vergleichbar. Eine kollektive Organisation war nicht machbar wie in unserer Zeit. Trotzdem finden wir seit Mose Gesetzgebungen zum Thema Ausgleich, und seit den Königen noch mehr. Jesus bejaht den Staat als notwendige Realität («Gebt dem Kaiser…»), gibt aber keine direkte Antwort darauf, wie viel Staat und welche Staatsform. Achtung aber auch vor dem Irrglauben, dass der Staat nur dann gut ist, wenn er von Christen regiert wird, oder auch, dass eine christliche Regierung immer tut, was Gott will…

Einzel- und Kollektivverantwortung

Neben der Betonung der individuellen Verantwortung wurde im alten Testament auch anerkannt, dass verschiedene Aufgaben kollektiv gelöst werden sollten. Dies gilt z. B. für die Gesetzgebung, die Organisation gemeinsamer Aufgaben (religiöse Organisation, aber auch Strassenbau, Sicherheit etc.) und eine gewisse Umverteilung.

Teilen

Einerseits sehen wir in der Bibel die Aufforderung zum Teilen, Almosengeben, zur Barmherzigkeit, und zwar aus Solidarität mit den Benachteiligten. Das Thema Solidarität nimmt in der Bibel einen erstaunlich breiten Raum ein. Zentral ist dabei der Begriff der Armen. Dieser Begriff wird im Zusammenhang mit materieller Armut und Unterdrückung verwendet («Elende», «Geringe», etc.), aber auch für geistlich Arme, das heisst Demütige. Ich befasse mich hier nur mit den zwei ersten Gebrauchsweisen.

Die Armen

Wie werden die Armen in der Bibel betrachtet? Welche Schuld haben sie an ihrer Situation? Die Stellen, wo Armut mit Selbstverschulden in Verbindung gebracht wird, sind rar. Sie finden sich nur im Buch der Sprüche und in der Aussage im Neuen Testament, wer nicht arbeiten will, soll auch nicht essen. Ansonsten wird Armut als gesellschaftliches Übel, oft in Verbindung mit sozialer Benachteiligung und Unterdrückung beschrieben. Natürlich kann man deshalb nicht sagen, dass die Armen heute generell an ihrer Situation nicht schuld sind, aber ich sehe gewisse Parallelen.

Das Alte wie das Neue Testament sind darum voll von Aufrufen, die Armen zu schützen (physisch und rechtlich) und mit ihnen zu teilen. Als Beispiele lesen wir in 5. Mose 15. 7-11, wir sollen «dem Armen die Hand grosszügig offnen». Und in Sprüche 21.13 gar: «Wer Ohren verstopft vor dem Hilfeschrei der Geringen, der wird einst rufen und keine Antwort erhalten.» Jesus erklärt den Jüngern auch, wonach gerichtet werden wird: «Ich war hungrig, und ihr habt mir zu Essen gegeben.» (Mat. 25)

Gesetzliche Umverteilung

Almosen werden in der Bibel allgemein als gut angesehen. Es gab im Alten Testament aber auch gesetzlich geregelte Umverteilung:

·        Der Zehnte diente nicht nur der Bezahlung der Leviten, sondern auch der Armutslinderung.

·        Alle 3 Jahre gingen 10 % der Ernte an die Armen.

·        Die Nachlese nach der Ernte war den Armen vorbehalten (3. Mose 19,10).

·        Alle 7 Jahre blieb ein Feld unbestellt. Die Frucht gehörte den Armen (2. Mose 23,11).

·        Alle 7 Jahre wurden die Schulden erlassen («damit kein Armer unter Euch sei», wie es in 5. Mose 14,4 heisst).

·        Von den Angehörigen des eigenen Volkes durften keine Zinsen verlangt werden.

·        Alle 50 Jahre (im sogenannten Jubeljahr, 3. Mose 25,8-31) ging Land, das in der Not verkauft werden musste, an die ursprünglichen Besitzer zurück, um der strukturellen Ungerechtigkeit vorzubeugen und allen ein Auskommen zu ermöglichen, denn Landlosigkeit stellte den ersten Schritt in die Verarmung dar.

Es gibt Christen, die sagen, gesetzliche Umverteilung sei Raub. Wie wir sehen, ist dies in der Bibel aber nicht so.

Im Neuen Testament ist die zentrale Botschaft die Nächstenliebe, was sich konkret als Solidarität übersetzen lässt. Praktische Hinweise, was Solidarität im Bereich des Teilens, des Umgangs mit den Benachteiligten meinen kann, finden wir in der Bergpredigt (Mat. 5), im Gleichnis vom barmherzigen Samariter (Lk. 10,25-37) oder auch im Gleichnis vom Weltgericht (Mat. 25). Danach sehen wir auch hier, dass das Gewicht auf die Forderung nach Solidarität und Barmherzigkeit gelegt wird und nicht sosehr auf die Idee, nur ja nicht zu viel zu teilen, weil wir sonst Abhängigkeit und Faulheit fördern könnten.

2) Christlich verbrämte Hartherzigkeit

Eines ist klar: Im Lichte des Gesagten scheint es nicht möglich, die Theorien des «Compassionate Conservativism» und des Wohlfahrtsevangeliums aufrecht zu erhalten, die im Namen des Glaubens Teilen und Solidarität verneinen. Um was geht es bei diesen Theorien?

Wohlstandsevangelium

Das Wohlfahrtsevangelium (auch «Prosperity Gospel») besagt, dass ein guter Christ automatisch auch materiell gesegnet wird. So ist das Teilen nicht mehr nötig, denn der Nächste müsste ja nur Christ werden, alles würde gut und er wohlhabend. Nun sehen wir in der Realität, dass auf der Welt viele gute Christen arm sind. Sollen wir sie deswegen alle verurteilen? Warum haben dann eigentlich die ersten Christen alles geteilt? Und sollen wir diejenigen, die noch nicht Christen sind, einfach in ihrer Armut lassen?

Genau betrachtet ignoriert das Wohlstandsevangelium alles, was die Bibel über das Teilen, die Almosen, den Schutz der Schwachen etc. sagt. Natürlich segnet uns Gott und verspricht uns Wohlergehen, aber nie absolut und nie insofern, als dass wir dann vom Teilen ausgenommen wären. Schon nur deshalb, weil nicht wir selber unseren Reichtum erschaffen haben, sondern Gott. Bei amerikanischen und westeuropäischen Christen ist zudem sehr stark der calvinistische Einfluss und die calvinistische Arbeitsethik zu spüren, bei der versucht wird, die eigene göttliche Auserwählung durch wirtschaftlichen Erfolg zu «beweisen».

Konservativ mit Mitgefühl?

Seit der Mitte der 1990er Jahre wurde in den USA die Unlust zum Teilen und die Staats-Phobie zur komfortablen Theorie des «Compassionate Conservativism» (mitfühlender Konservativismus) weiterentwickelt. Mit der Begründung, der Sozialstaat lähme die Eigenverantwortung der Menschen, wird den Elenden praktisch jede Hilfe verweigert: kaum Hilfsleistungen für Menschen, die nicht arbeiten können, keine Steuererleichterungen und kein Zugang zu arbeitsfördernden Massnahmen (z. B. Bildung und Kinderkrippen). Dies trotz 10 % Arbeitslosigkeit (nach europäischen Kriterien) und einer quasi inexistenten Chancengleichheit. Hartherzigkeit und Desinteresse für die Lebenssituation der betroffenen Menschen wir hier gar noch als mitfühlend bezeichnet. Ist es das, was in der Bibel als Verhärtung der Herzen in der Endzeit bezeichnet wird?

3) Biblische Steuerpolitik ?

Eine biblische Steuerpolitik, die auf Gerechtigkeit und Solidarität beruht, könnte sich an folgenden Leitlinien orientieren:

Gemeinsame Aufgaben

Es gibt eine Reihe von Aufgaben, die am besten gemeinsam organisiert werden:

·        Angebote, die die Gerechtigkeit sicherstellen: Zugang zu Grundbedürfnissen, Bildung, Gesundheit, etc.

·        Aufgaben, die der Markt nicht selber erbringen kann, da die Investitionskosten zu hoch wären oder die Zielgruppe nicht genügend kaufkräftig ist, oder will (Umweltschutz, etc.). Hier gilt es, einen sinnvollen Mix von Staat und Markt zu finden. Ideologen, die alles dem Markt überlassen wollen, glauben oft an die Wohltat des egoistischen homo oeconomicusund der «unsichtbaren Hand» von Adam Smith. Auch wenn der Mensch tatsächlich oft egoistisch handelt, so ist es doch gefährlich, zu glauben, dieser Egoismus führe zum Guten…

Teilen

Wir sehen in der Bibel neben der Aufforderung zu privater Wohltätigkeit auch eine staatlich verordnete Solidarität. Dies einerseits über Umverteilung (Zehnter), aber auch dadurch, dass gewisse Produkte für die Armen reserviert sind. Zudem wurde mit gesetzlichen Vorschriften wie dem Halljahr, Zinsverbot etc. darauf geachtet, dass es keine zu grosse Differenz zwischen Arm und Reich gab.

4) Umsetzen heute?

Wie können diese Leitlinien heute politisch umgesetzt werden?

1.      Gewährleistung der Chancengleichheit: Bildung, etc.

2.      Bekämpfung der Arm-Reich-Schere: Einführung hoher Erbschaftssteuern und Umverteilung der Einkommen. Letzteres ist nur limitiert nötig, wenn die Chancengleichheit verbessert und die Erbschaftssteuer hoch angesetzt wird. Andererseits waren die Einkommensunterschiede zu biblischen Zeiten viel weniger gross als heute! Kostenloser Zugang zu verschiedenen Gütern.

3.      Solidarität: Versicherungen; zusätzliche Unterstützung, wo nötig; KEIN Giesskannenprinzip.

4.      Progressive Steuern: Jeder soll soviel Steuern bezahlen, wie er KANN. Das Steuersystem zu biblischen Zeiten war zwar linear (Zehnter), aber damals waren die technischen Möglichkeiten für ausdifferenzierte Systeme gar nicht vorhanden. Wichtig ist auch der Hinweis auf Lukas 21 und Markus 12 wo das Scherflein der Witwe mehr zählt als die grossen Gaben der Reichen, die nur von ihrem Überfluss gaben.

Leistungslohn oder Marktlohn?

Hier muss gesagt werden, dass bei Einkommen, die nur noch vom Marktwert abhängig sind, nicht mehr gesagt werden kann, nicht mehr gesagt werden kann, dass sie einer erbrachten Leistung entsprechen. Marcel Ospel leistet nicht 500 mal so viel wie eine Kassiererin in der Migros! Wenn nun Herr Ospel zehn von seinen 20 Millionen der Allgemeinheit abliefern muss, so wird seine Leistung dennoch hinreichend honoriert, und er kann vom Rest noch ganz wunderbar leben. Hier brauchen wir auch eine neue Optik: Die Frage ist nicht, wie viel wir von unserem Lohn abgeben müssen, sondern wie viel uns noch bleibt. Und wenn wir uns darüber beklagen, wie lange wir für die Allgemeinheit arbeiten müssen, so stellt sich schon die ethische Frage: Ist es denn so schlimm, für die Allgemeinheit und nicht nur für sich selber zu arbeiten?

Der Mythos, dass sich Arbeit nicht mehr lohnt, ist rechnerisch jedenfalls nicht aufrecht zu halten. Wenn nur gearbeitet wird, weil wir viel mehr verdienen, dann stellt sich schon die Frage, was denn unsere Arbeitsethik ist… Eine Flat Tax, d. h. eine lineare Besteuerung wie in der Bibel, ist im heutigen Umfeld mit seinen technischen Möglichkeiten und Einkommensdifferenzen jedenfalls nicht mehr zu rechtfertigen.

Wie viel braucht der Staat?

Auf die Frage, wie viel Steuereinnahmen der Staat nun braucht, gibt uns die Bibel wenig Anhaltspunkte. Zwar waren die Steuern zur Zeit des Alten Testamentes relativ tief. Dies widerspiegelt aber auch den geringen Komplexitätsgrad einer ländlichen Gesellschaft und den kleinen Investitionsbedarf in Infrastrukturen.

Ich glaube, der Staat sollte soviel Geld erhalten, wie für die Erfüllung seiner Postulate nötig ist, aber trotzdem nicht zu viel, damit nicht die Staatsquote zu hoch wird und dem Markt die Mittel für Innovation und Effizienzsteigerung vorenthält. Vielleicht spielt Sprüche 29,4 hierauf an, wenn es heisst: «Ein König gibt durch das Recht dem Land Bestand, aber wer nur Abgaben erhebt, zerstört es.»


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Nous ne sommes pas de simples individus autonomes, car tous ceux qui nous entourent sont nos prochains, à qui nous devons des égards, qui ont exactement les mêmes droits que nous-mêmes et qui ont une valeur égale aux yeux de Dieu. Toutes nos actions ont des répercussions sur nos prochains. Pour cette raison, des lois et des règles sont nécessaires pour régir notre vie en société.

Pour pouvoir vivre ensemble, nous devons définir ensemble de nombreux fondements : quelles sont les choses que nous voulons faire ensemble, quelles sont celles que chacun fait à sa guise, quel système économique souhaitons-nous, etc. Il faut dès lors une organisation commune où chacun dispose du même droit de parole : l’Etat. L’Etat, non pas en tant que représentation lointaine et néfaste, mais l’Etat auquel nous appartenons tous !

Etant donné que ces règles ont été définies en commun, elles s’appliquent à tous de la même manière, et nous ne pouvons y déroger pour notre simple avantage. Les puissants y trouveraient peut-être leur compte, mais l’amour du prochain, dans son sens chrétien, nous enjoint à respecter aussi les droits des plus faibles.

Une organisation commune implique un financement en commun des choses convenues, et une règle permettant de calculer la contribution de chacun. Etant donné que la richesse ne repose que dans une moindre mesure sur la prestation, il est normal que les riches doivent contribuer davantage que les pauvres, et qu’une progression fiscale vienne atténuer un peu la répartition extrêmement inéquitable réalisée par le marché.

A cet effet, les taux d’imposition doivent être conçus de telle manière que chacun contribue selon sa propre capacité, tout en conservant une partie du fruit de ses efforts. Un bel exercice d’équilibre. Il est toutefois absurde que d’aucuns viennent se plaindre de ce qu’ils ne peuvent conserver que 60 de leurs 100 millions de francs de revenus annuels. Cela n’a plus rien à voir avec une quelconque performance et il ne saurait dès lors être question d’ « inégalité ».

Nul ne peut se plaindre de devoir travailler pour les autres : en effet, il profite autant des prestations communes et il bénéficie d’un système établi en commun sans lequel il ne pourrait pas gagner tout cet argent. Il se doit donc aussi de remédier aux dommages causés par le système et de soutenir d’autres personnes lésées par le système ou qui ont carrément été mises à l’écart par le système économique actuel au motif qu’elles n’étaient pas suffisamment performantes.

Lorsque d’aucuns disent qu’il ne vaut plus la peine de travailler quand les impôts sont élevés, il y a de quoi douter de la morale du travail… ne travaillons-nous donc que pour nous enrichir ?

Certains estiment que la redistribution n’est pas biblique. Rien de plus faux : voir à ce sujet les textes sur la Bible et les impôts sur le site web de ChristNet. D’autres affirment que la progression fiscale n’est pas biblique, et que la Bible ne mentionne que le taux unique. C’est faux, là encore. Premièrement : le taux unique dans la Bible doit être vu en lien avec d’autres redistributions. Tous les sept ans, les dettes étaient remises et tous les 50 ans intervenait une année de jubilé à l’occasion de laquelle toutes les propriétés foncières (soit le capital de base de chacun) revenait à son propriétaire d’origine. L’accumulation des inégalités, telle qu’on la voit aujourd’hui, n’était donc pas possible. De nos jours, même l’impôt (minimal) sur les successions est supprimé. Il n’est donc pas possible d’introduire en même temps un taux unique « chrétien »… Deuxièmement : dans les temps bibliques, les différences de revenu pour la majorité des gens, qui étaient agriculteurs ou artisans, étaient bien moindres. Une progression à des fins de compensation n’avait donc pas de raison d’être. Libre à nous, aujourd’hui, de faire les choses autrement si les circonstances le requièrent pour répondre au sens original des Ecritures.

Il y a enfin ceux qui estiment que la situation actuelle ressemble à l’époque où les prophètes se sont plaint de ce que les détenteurs du pouvoir opprimaient leurs sujets par des impôts élevés. A cela, nous pouvons seulement répondre que la comparaison est purement grotesque : il s’agissait à l’époque de personnes dont l’existence même était menacée. Aujourd’hui, cette plainte émane avant tout de personnes qui possèdent maison et voiture et passent leurs vacances dans des pays lointains…

En tant que chrétiens, nous voulons présenter à ceux qui ridiculisent le fait de payer les impôts un autre état d’esprit. Nous nous réjouissons d’appartenir à la Suisse et sommes disposés à apporter notre contribution – à savoir : nous sommes prêts à payer des impôts. Nous savons que l’Etat est une institution nécessaire. Et l’Etat – c’est nous ! Il n’est pas anodin que Jésus nous ait enseigné que le paiement des impôts va de soi. Lorsque les pharisiens lui ont posé une question sur le sujet, il a demandé une pièce de monnaie, a montré l’illustration de l’empereur qui y était gravée et a dit : « Rendez donc à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ! » (Mt 22,21)

Ces derniers temps, la concurrence fiscale est devenue la voie royale pour éviter de payer des impôts. Encore quelques mots sur ce thème.


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1. les armements et les guerres dans le monde d’aujourd’hui

L’Institut d’Heidelberg pour la recherche sur les conflits internationaux (HIIK) nous fournit des chiffres effrayants : Le nombre de conflits armés locaux ou régionaux n’a cessé d’augmenter depuis la Seconde Guerre mondiale, passant de 90 à près de 350 (conflits ouverts et couvants confondus). Après l’effondrement des États communistes, certaines guerres par procuration ont également été réglées. Cependant, au cours des dix dernières années, le nombre de conflits armés a encore augmenté de 60.

Le dividende de la paix après la fin de la guerre froide n’a pas duré longtemps. Au lieu d’un désarmement à long terme, le monde s’est réarmé : Au cours de la dernière décennie, les ventes mondiales d’armes ont augmenté de 45 % pour atteindre 1 464 milliards de dollars, selon Sipri (Institut international de recherche sur la paix de Stockholm).

L’armement est ainsi devenu un énorme business, et les organisations de lobbying de l’industrie de l’armement ne sont pas nécessairement intéressées par la paix. De nombreux conseillers du président Bush, à commencer par le vice-président Cheney, avaient des liens étroits avec l’industrie américaine de l’armement et ont fait pression pour l’invasion de l’Irak.

Nous constatons aujourd’hui que la doctrine de dissuasion par les armes, qui prévaut encore, ne s’applique que de manière limitée, à savoir par rapport aux grands blocs et aux armes nucléaires. Selon le Centre international de conversion de Bonn (BICC), la taille de l’appareil militaire a également une influence sur la fréquence de l’utilisation de la force, ainsi que sur les conflits violents internes et externes. Les transferts d’armes ont un effet accélérateur sur les conflits. Un afflux constant d’armes étrangères alimente la violence et retarde les solutions pacifiques.

Les armes légères telles que les pistolets et les fusils ont un effet particulièrement dévastateur : selon Amnesty International, 1 000 personnes sont tuées par des armes légères chaque jour, soit environ 365 000 par an. Les contrôles sur la prolifération des armes légères sont encore très faibles. De nombreux pays, dont la Suisse, refusent toujours de signer le protocole des Nations unies sur les armes à feu, qui permettrait de contrôler le commerce des armes légères ainsi que leur revente illégale. En conséquence, les armes sont revendues ou réutilisées de manière incontrôlée et à grande échelle dans des situations post-conflit. C’est l’une des raisons pour lesquelles le taux de meurtres et de violence « civile » est le plus élevé dans les pays en situation de post-conflit dans le monde entier, comme le Salvador et l’Afrique du Sud.

2. l’impact des achats d’armes et des guerres sur les pays pauvres et sur le développement

Du point de vue de la justice internationale, l’impact des achats d’armes et des guerres sur les pays pauvres et sur le développement est particulièrement intéressant.

La première chose à noter est que chaque dollar qu’un pays pauvre dépense pour l’achat d’armes est perdu dans les domaines de la santé et de l’éducation. De nombreux pays pauvres dépensent encore plus pour les armes que pour l’éducation ou la santé. Les armes entraînent également des coûts de maintenance élevés.

Comme la corruption est encore élevée dans de nombreux pays du Sud, il est facile pour les fournisseurs d’armes étrangers de convaincre les gouvernements d’acheter des armes.

La capacité des pays pauvres à contrôler les armes est très faible. Et certains pays ne se soucient pas des clauses de non-prolifération dans les achats d’armes parce qu’ils savent qu’ils ne peuvent pas être punis pour cela. La diffusion des armes alimente ainsi les conflits locaux et régionaux. Le flux d’armes libyennes dans les conflits du Libéria et de la Sierra Leone est bien documenté. Inversement, les armes de guerre se retrouvent également entre les mains de criminels, comme le montrent les exemples de la Colombie et du Salvador. Ces deux pays souffrent ou ont souffert de guerres civiles et sont aujourd’hui les deux pays ayant le taux d’homicides le plus élevé au monde.

De nombreux gouvernements du Sud ne sont pas démocratiquement élus ou contrôlés. Au contraire, ils maintiennent un appareil de pouvoir policier ou militaire avec lequel ils oppriment leur peuple. Les armes pour ce faire viennent du Nord. Les gouvernements anti-développement peuvent les utiliser pour rester au pouvoir.

3. Guerre et paix dans la Bible

À ce stade, le sujet de la guerre et de la paix dans la Bible peut difficilement être traité de manière exhaustive. Par conséquent, seuls quelques points de référence :

– Dans l’Ancien Testament, le peuple d’Israël a mené de nombreuses guerres. Ceux-ci étaient souvent commandés directement par Dieu. Certaines ont été entreprises par des rois du peuple d’Israël de leur propre chef, ce qui n’a pas toujours bien tourné. Dans l’ensemble, les guerres visaient à ce que le peuple de Dieu prenne la place qui lui était assignée et à ce que Dieu soit reconnu comme son aide.

– Dans le Nouveau Testament, la violence est rejetée par Jésus. Il n’est pas le leader violent et révolutionnaire que le peuple d’Israël attendait de lui. Et il remet l’oreille au serviteur du grand prêtre, qu’un des compagnons de Jésus avait coupé avec une épée. Après cela, Jésus dit : « Celui qui prend l’épée périra par l’épée ». (Mat. 26:52) Dans le Nouveau Testament, nous sommes également exhortés à être des artisans de paix (Mat. 5:9).

– La guerre en elle-même ne peut être considérée comme bibliquement neutre. Dans de nombreux cas, la guerre est le plus grand désastre qu’une nation puisse connaître. La souffrance est indescriptible, et de nombreux pays et générations sont traumatisés par la suite, leurs relations avec leurs voisins ou avec d’autres pays étant marquées par la peur. La guerre est donc en contradiction avec le désir de Dieu pour le bien-être de ses créatures. A moins que la guerre ne soit voulue et ordonnée par Dieu lui-même. Mais c’est rarement le cas. Pendant la Première Guerre mondiale, toutes les parties ont affirmé que Dieu était avec elles. Un prétendu « ordre de Dieu » doit donc être considéré avec beaucoup de prudence. Il faut toujours s’interroger sur d’autres motivations plus profondes, ou se demander si « l’ordre de Dieu » n’est pas simplement une projection de nos désirs.

– L’autodéfense d’un peuple est fondamentalement légitime. Toutefois, le risque est grand que ce concept soit interprété de manière très large en cas de besoin ou de grande crainte : La Première Guerre mondiale a été lancée comme une guerre préventive, et la guerre en Irak a également été appelée une frappe préventive nécessaire contre les armes de destruction massive de l’Irak, qui se sont avérées ne pas exister.

Dans le contexte d’un conflit croissant et de ses effets dévastateurs, nous, les chrétiens, devons plus que jamais nous demander s’il faut ou non vendre des armes et à qui. Puisque nous savons ce que font les armes aujourd’hui, puisque nous savons qui sont les acheteurs de nos armes et puisque nous savons ce qui pourrait arriver à ces armes, le cas échéant, nous avons une responsabilité partagée, car nous pouvons consciemment décider de vendre et de fournir ou non les armes. Nous ne pouvons plus dire que la responsabilité de l’utilisation des armes incombe à l’acheteur. Cela donne une grande importance à l’initiative en faveur d’une interdiction des armes.

Nous ne pouvons pas non plus dire que si nous ne fournissons pas les armes, quelqu’un d’autre le fera. Dieu exige que nous assumions la responsabilité de nos propres actions.

4. La Suisse en tant que vendeur d’armes

En 2008, la Suisse a vendu pour 722 millions de francs d’armes à l’étranger. Mesuré en fonction de la population de notre pays, cela fait de la Suisse le plus grand exportateur d’armes au monde après Israël. La majorité des ventes ont été réalisées dans les pays européens. Le plus gros client, cependant, était le Pakistan, avec un volume d’achat de 100 millions de francs suisses. Au cours des dix dernières années, la Suisse a fourni des armes à une centaine d’États, dont la Libye, le Zimbabwe et le Soudan.

Il y a quatre grandes usines d’armement en Suisse : Ruag à Thoune, qui exporte principalement des munitions, Mowag à Kreuzlingen (véhicules de combat d’infanterie), Rheinmetall Air Defence (anciennement Contraves ; canons antiaériens), et Pilatus Aircraft Works, qui fabrique entre autres des avions d’entraînement.

Acheteurs douteux

La liste des acheteurs et des utilisations éthiquement douteuses est longue. Voici quelques exemples :

– Dans les années 70, le Shah d’Iran, corrompu, était le principal client de l’industrie suisse de l’armement. Cependant, ses armes ont également été utilisées plus tard par les révolutionnaires islamiques et enrichies par d’autres armes suisses. Aujourd’hui, des canons antiaériens suisses protègent l’usine iranienne d’enrichissement de l’uranium à Natanz.

– L’industrie suisse de l’armement a régulièrement équipé l’Iran et l’Irak pendant la première guerre du Golfe, qui a fait un million de morts.

– Le dictateur chilien Pinochet a été autorisé à construire des chars Mowag sous licence et a ainsi dominé sa propre population.

– Entre 1985 et 1990, la Turquie était le principal client. Les armes étaient nécessaires pour la guerre oppressive contre les Kurdes.

– Dans les années 1980, des munitions et des pièces suisses pour une usine de gaz toxiques ont été fournies à la Libye de Kadhafi.

– Les Pilatus PC 7 et PC 9 ont également gagné en notoriété, vendus en théorie comme avions d’entraînement. Mais dans les milieux militaires, il est connu dans le monde entier que les avions Pilatus sont de bons bombardiers (contre les populations sans défense aérienne) et sont utilisés comme tels, et on peut supposer que les fabricants de Pilatus ainsi que les autorités fédérales approuvant les exportations de matériel de guerre le savent. Un fabricant français de bombes fait la publicité de ces avions dans ses films promotionnels, et Pilatus lui-même a fait la publicité de ces avions dans les années 1980 en disant qu’ils avaient une large gamme d’options d’attache de bombes. Ils ont été utilisés dans de nombreux cas pour maintenir des dictateurs au pouvoir contre leur propre population, par exemple au Guatemala, au Chiapas, en Birmanie, et aussi en Irak, où Hussein a fait 5000 morts lors d’une attaque au gaz toxique avec un avion Pilatus.

– Enfin, le Botswana était le deuxième client de la Suisse en 2004. En 2004 et 2005, le pays pauvre a acheté des tanks Mowag pour 100 millions de francs…

Les réglementations juridiques sont-elles suffisantes ?

Les représentants de l’industrie suisse de l’armement estiment que les dispositions légales actuelles garantissent que plus aucune arme n’est fournie aux pays en guerre ou en crise. Est-ce suffisant ?

– Le moratoire sur les exportations vers le Pakistan en 2006 est cité comme preuve de cette thèse. Mais les armes ont ensuite été fournies en 2008, alors que la puissance nucléaire pakistanaise est au bord de l’effondrement politique, avec le danger que les extrémistes islamiques prennent le dessus, selon les analyses consensuelles des experts.

– En 2007, un Pilatus PC-9 a été vendu au Tchad comme avion d’entraînement, alors que l’État ne dispose d’aucun autre avion militaire pour lequel ils auraient pu s’entraîner. En conséquence, le pays a utilisé l’avion contre les insurgés dans l’est du pays et a bombardé un camp de réfugiés au Darfour.

– Les acheteurs d’armes suisses en 2008 étaient, outre les États européens, le Pakistan, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, la Jordanie, Oman, le Kazakhstan, le Niger et le Cameroun. En d’autres termes, tous les États présentant des caractéristiques dictatoriales et des violations massives des droits de l’homme.

– Après tout, Ruag est le plus grand fabricant européen de munitions. Dans le même temps, Ruag est le neuvième plus grand fournisseur de l’Afrique subsaharienne. En raison du taux élevé d’abattage causé par les armes légères et des lacunes en matière de contrôle mentionnées aux chapitres 1 et 2, cette exportation doit être considérée comme très problématique.

Les exportations d’armes sont en contradiction avec la politique de développement

Les exportations d’armes de la Suisse vont donc en partie à l’encontre de sa politique étrangère et de développement. Cette politique déclare que ses priorités sont la promotion de la paix et des droits de l’homme. Comme on peut le constater, la Suisse fournit encore de nombreux États qui bafouent les droits de l’homme. En fournissant des armes légères aux États africains et des avions Pilatus aux États oppressifs, les efforts de paix sont encore aujourd’hui contrariés. Suite au scandale au Tchad, le Conseil fédéral a modifié l’ordonnance sur les exportations d’armes à la fin de l’année 2008. Désormais, même le risque d’utilisation contre la propre population d’un pays entraînera le refus d’une autorisation d’exportation. Pilatus-Werke a essayé de faire pression contre le durcissement, car il voulait exporter vers la Chine, même si le Tibet est maintenant en danger.

 

Même après l’entrée en vigueur de la nouvelle ordonnance, les exportations problématiques se poursuivent : en 2009, de nombreux États impliqués dans la guerre en Afghanistan et utilisant des armes suisses sur place ont déjà été approvisionnés. Le Pakistan continue également à être approvisionné, et surtout l’Arabie Saoudite, dont les dirigeants mènent des actions de plus en plus brutales contre leur propre population. L’armement du Moyen-Orient, qui ressemble de plus en plus à une poudrière, et d’autres États islamiques, qui ne sont pas à l’abri d’un renversement, posent également problème.

5 L’initiative sur le matériel de guerre

Contenu

En termes de contenu, l’Initiative pour le matériel de guerre vise à empêcher l’exportation de matériel de guerre. Ce qui est uniformément appelé matériel de guerre dans l’UE est divisé en deux catégories dans la législation suisse : En Suisse, le matériel de guerre est uniquement le matériel qui peut être utilisé exclusivement à des fins de guerre. En revanche, le matériel qui peut également être utilisé à des fins civiles est appelé « matériel militaire spécial » et son exportation est traitée de manière moins stricte par la Suisse. Cela inclut également les avions Pilatus, qui peuvent donc être exportés plus facilement que les avions analogues dans l’UE. Dans la liste du matériel de guerre de l’UE (Arrangement de Wassenaar), cependant, cette dernière catégorie est clairement classée aussi comme matériel de guerre.

En outre, la Suisse et l’UE ont toutes deux une catégorie de double usage (qui est réglementée dans l’Arrangement de Wassenaar avec une liste détaillée des matériaux), qui décrit les biens civils qui peuvent également être utilisés à des fins militaires. Elle n’est pas concernée par l’initiative.

L’initiative empêche ainsi l’exportation de matériel de guerre vers des régions en crise ou vers des gouvernements non démocratiques. Cela pourrait sauver de nombreuses vies si les acheteurs ne trouvent pas d’armes aussi bonnes sur le marché, ou s’ils reçoivent moins pour leur argent ailleurs. D’autre part, elle empêche également les livraisons à des pays démocratiques et dignes de confiance qui n’utiliseraient réellement le matériel que pour leur propre défense.

Arguments

Les opposants à l’initiative soulignent plusieurs effets négatifs possibles de l’initiative :

– On prétend que la mise en œuvre de l’initiative détruirait 10 000 emplois en Suisse. Cependant, l’étude détaillée menée par le BAK pour le compte du Seco conclut que « seulement » 5000 emplois seraient perdus. En fait, l’industrie suisse de l’armement est concentrée dans certaines régions (Thoune, Kreuzlingen, Stans et Zurich). L’initiative prévoit que la Confédération aide financièrement les régions structurellement plus faibles d’entre elles dans leur reconversion économique sur une période de 10 ans. Le fait que des reconversions soient possibles est démontré par la SIG de Schaffhouse, qui ne fabrique plus d’armes, et par la Ruag elle-même, dont la moitié produit déjà des biens civils. Si l’on suppose que les acheteurs d’armes effectueront une partie de leurs achats dans un autre pays en raison d’une interdiction d’exportation suisse, des emplois supplémentaires y seront créés en conséquence. C’est une tragédie pour les personnes qui perdraient leur emploi en Suisse. Mais en tant que chrétiens, nous ne devons pas accorder plus de valeur aux Suisses, c’est-à-dire à nos propres emplois, qu’à ceux des habitants d’un autre pays. Les deux sont de valeur égale devant Dieu.

– Des pertes macroéconomiques sont également apportées sur le terrain. Même en 2008, qui a été une année forte pour l’industrie de l’armement, les armes n’ont représenté que 0,33 % de toutes les exportations. En termes économiques, l’industrie de la défense est relativement insignifiante.

– Une autre objection soulevée est qu’une interdiction des exportations d’armes entraînerait une réduction considérable de l’industrie suisse de l’armement. Cela ralentirait le développement de la technologie des armes suisses et réduirait la couverture des besoins en équipement de l’armée suisse par ses propres industries. L’indépendance militaire de la Suisse ne serait donc plus assurée. Cependant, 70 % des besoins de l’armée suisse sont déjà achetés à l’étranger, et dans le cas des matières premières pour l’industrie de la défense, ce chiffre atteint même 100 %.

– Mais surtout, la « croissance » de l’armée, c’est-à-dire le concept de réapprovisionnement en temps de crise de sécurité, n’est pas assurée, car les fournisseurs étrangers pourraient alors se heurter à des goulets d’étranglement. Cependant, il faut dire que les crises actuelles peuvent difficilement être résolues au niveau national. Sauf dans le cas d’une attaque impossible de l’UE contre la Suisse, la Suisse serait toujours impliquée dans la coopération (probablement non officielle) et ne serait donc pas à court de fournitures. De plus, en termes de défense, il serait de toute façon entouré par l’UE. Une Suisse qui pourrait se défendre de manière indépendante contre tous les États environnants est plus que jamais une dangereuse illusion.

– Si l’initiative est adoptée, certains biens à double usage pourraient également ne plus être exportés, car il n’est pas clair quels biens sont concernés. Toutefois, la liste de Wassenaar, qui est déjà appliquée avec succès dans l’UE, est considérée ici comme une ligne directrice suffisamment claire. En outre, sur la base des expériences précédentes, on ne peut pas supposer que le Conseil fédéral déciderait au détriment de l’industrie suisse ou qu’il adopterait une ligne dure en cas d’ambiguïté.

– Après tout, ce sont précisément les exportations d’armes qui pourraient devenir un instrument de la politique de sécurité en renforçant « les bonnes ». Jusqu’à présent, cependant, il n’y a aucune preuve d’une telle politique, et on ne peut donc pas supposer qu’une telle politique sera adoptée à l’avenir.

6 Conclusion : la justice au lieu de la peur

Les exportations d’armes suisses ont été à l’origine de nombreuses souffrances dans le passé. Les développements récents ne laissent pas présager une grande amélioration. Il est donc temps d’arrêter, même si cela nous coûte de l’argent et des emplois.

Maintenir une industrie de l’armement dans le but premier de préserver des emplois est inacceptable d’un point de vue éthique, même si cela implique des souffrances pour les chômeurs. Il faut les aider. Mais devant Dieu, les vies humaines sont plus importantes que les revenus monétaires. Les pertes pour l’économie suisse seraient supportables, tout comme les coûts éventuels pour le grand public. Ne nous laissons pas guider par la peur pour notre propre prospérité, mais par la justice.

Les craintes d’une perte de la capacité de défense suisse si l’industrie de l’armement est réduite sont, à mon avis, non fondées si l’on considère la situation actuelle de la sécurité en Europe : Rien ne fonctionne plus sans le multilatéralisme. Les opposants à l’initiative semblent toujours prisonniers d’une mentalité réductionniste, avec l’idée mystique, née de motifs nationalistes, que la Suisse, en tant que pays doté d’une onction spéciale, peut se défendre seule contre tous. En fait, le Baromètre des préoccupations 2008 du Credit Suisse a révélé une forte montée du nationalisme en Suisse. Le nationalisme surgit en période de changement culturel majeur et en temps de crise qui provoque la peur. Cette crainte entraîne une recherche de protection dans l’association au sens large et une mystification de l’association.

C’est pourquoi les initiateurs sont qualifiés de destructeurs de l’armée. En fait, il est quelque peu regrettable pour la cause que ce soit précisément le groupe « Suisse sans armée » qui porte une initiative pour une interdiction des exportations d’armes. Cependant, il faut s’attendre à ce que les électeurs responsables discutent de la question et non pas le messager de la question.

 

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Le 29 novembre, les Suisses votent sur l’interdiction d’exporter des armes. ChristNet s’engage en faveur de cette initiative. Voici quelques arguments (élaborés avec l’aide de StopArmut) :

1. Les conflits armés touchent globalement et en priorité les plus pauvres.

2. Des efforts de développement fournis pendant des années sont détruits par la guerre.

3. Plusieurs pays pauvres gaspillent leurs ressources en investissant dans l’armement au lieu du développement.

4. La crédibilité de la Suisse souffre si elle envoie, dans un mêmes pays, des armes et de l’aide au développement.

5. Par rapport au nombre d’habitants, la Suisse est le deuxième exportateur de matériel de guerre dans le monde ce qui peut nuire à son engagement en faveur du droit humanitaire international (Conventions de Genève etc.).

6. La loi sur le matériel de guerre n’est pas appliquée de manière conséquente.

7. L’exportation d’armes dans des pays qui ne respectent pas les droits humains est en contradiction avec la protection de la vie, valeur chrétienne fondamentale.

8. La liste des destinataires problématiques de matériel de guerre suisse est longue : la Libye, le Zimbabwe, le Soudan etc.

9. Malgré les règlementations régissant l’exportation d’armes, du matériel de guerre suisse continue d’atterrir dans des régions en crise (PC-9 au Tchad etc.).

10. Sauvegarder des emplois au prix fort de vies humaines détruites, est contraire à l’éthique chrétienne.

11. Quant à la politique de sécurité, la Suisse ne peut plus, à l’heure actuelle, se défendre toute seule et dépend de solutions multilatérales aussi pour l’acquisition de matériel de guerre.

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Nous, chrétiennes et chrétiens soussigné-e-s, ne saurons porter la responsabilité que

·        la Suisse exporte du matériel de guerre dans des pays en conflit ou dans des pays dans lesquels les droits humains ne sont pas respectés ;

·        des hommes et des femmes sont tués ou blessés par du matériel de guerre exporté par la Suisse.

Des valeurs chrétiennes fondamentales telles que l’amour du prochain et la sauvegarde de la vie nous animent à nous engager en faveur d’un renoncement des exportations de matériel de guerre.

Dès lors, nous recommandons de voter OUI à l’initiative « Pour l’interdiction d’exporter du matériel de guerre ».

Les signataires

·        Elisabeth Augustburger, Landrätin EVP, Liestal

·        Gerhard Bärtschi, Leiter Internationale Beziehungen, mission 21, Zürich

·        Claudia Bodenmann, Studentin Theologie-Diakonie und StopArmut-Aktivistin, Bern

·        Nancy Bolleter, alt Kantonsrätin EVP, Seuzach

·        Deborah Bühlmann, Doktorandin mlaw, Bern

·        Thomas Dummermuth, Vizepräsident EVP Kt. FR, Freiburg

·        Hans Eidenbenz, Dr.med., Mitglied Grosser Landrat EVP, Davos

·        Sara Fritz, Landrätin EVP, Birsfelden

·        Debora Gasser, Studentin International Management, Wabern

·        Martin Geiser, Dr., Chemiker, Gelterkinden

·        Simon Georg, Geschäftsführer blessed GmbH, Bern

·        Sylvie Hauser-Borel, Dr. theol., Marly FR

·        Michael Hefti, Lehrer, Frauenfeld

·        Benedikt Hitz, Studierendenberater Uni Bern und Physiker, Oberdiessbach

·        Stefan Hochstrasser, Theologiestudent, Burgdorf

·        Matthias Hochstrasser, Musiker und Praktikant StopArmut 2015, Lyss

·        Samuel Kullmann, Politologiestudent, Bern

·        Joël Lavanchy, Arzt, Bern

·        Andreas Lehner, Betriebsökonom, Bern

·        Patrik Locher, Chemiestudent, Köniz

·        Christa Reusser Lehner, Kunst- und Ausdruckstherapeutin, Bern

·        Dominic Roser, Ethiker, Zürich

·        Rahel Röthlisberger, Ärztin, Wynigen

·        Susanne Rüfenacht, Mitglied Generalrat EVP, Murten

·        Hans Rüttimann, ehem. Generalsekretär des Internationalen Bundes des Blauen Kreuzes, Rickenbach ZH

·        Damaris Ryter, Biologiestudentin, Bern

·        Hanspeter Schmutz, Publizist und Leiter des Instituts INSIST, Oberdiessbach

·        Regula Streckeisen, Dr. med., Kantonsrätin EVP, Romanshorn

·        Marianne Streiff-Feller, Grossrätin und Gemeinderätin EVP, Köniz

·        Heiner Studer, Vizeammann, alt Nationalrat EVP, Wettingen

·        Lilian Studer, Grossrätin EVP, Wettingen

·        Matthias Stürmer, Kampagnenleitung StopArmut 2015 und Mitglied Vineyard Bern

·        Margrit Wälti, ehem. EVP-Gemeinderatspräsidentin von Winterthur, Henggart ZH

·        Jakob Wampfler, Autor und Referent, Jegenstorf

·        Thomas Wieland, Elektro- und Umweltingenieur, Mitautor Stoparmut-Kurs

·        Mirja Zimmermann-Oswald, Gemeinderätin EVP, Worb

·        Lukas Zimmermann, Gemeinderat EVP, Worb

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Berne/Bâle, 23.9.07 ? Près de 100 participants ont pris part à la conférence ChristNet « La Suisse – connue pour sa miséricorde », samedi à Berne. ont participé. Dans la campagne électorale actuelle, marquée par la confrontation et la haine, ChristNet est convaincu que la politique suisse a besoin de plus de clémence, non seulement sur le plan du contenu mais aussi sur celui du style.

La mission de la Suisse : partager généreusement

Le matin, Hanspeter Nüesch, responsable du Campus pour le Christ, a parlé de la bénédiction du partage. La Suisse est matériellement très riche. Le salaire d’un pasteur cubain, par exemple, est environ cent fois moins élevé qu’en Suisse. Ainsi, des montants qui semblent modestes ici pourraient être une énorme bénédiction ailleurs. Si, à l’avenir, nous, les Suisses, partageons nos richesses de manière beaucoup plus généreuse avec les nécessiteux du monde, alors, soupçonne-t-il, un renouveau spirituel dans notre pays n’est pas loin.

Appelés à la pitié

Scott MacLeod, musicien et directeur du ministère ProVision dans le Tennessee (USA), a partagé comment la parabole des moutons et des chèvres de Matthew 25 a révolutionné son ministère. La charité pratique (« j’avais faim et tu m’as donné à manger ») est présentée comme la condition du salut, qui l’a conduit, lui et son équipe, à aider les plus pauvres dans leur ville.

Il a ensuite partagé sa vision pour la Suisse, qui a été publiée dans « Le Lion de lumière » [1]. Il y identifie deux courants de l’histoire suisse : D’une part, la tradition des mercenaires qui étaient prêts à défendre des idéologies invisibles pour l’argent, ce qui a conduit à une surévaluation des choses jusqu’à aujourd’hui (matérialisme). D’autre part, la tradition de la miséricorde, qui a commencé avec l’accueil des huguenots au XVIe siècle et comprend la création de la Convention de Genève pour la protection des civils, ainsi que la fondation de la Croix-Rouge. Vous serez connus dans le monde entier pour votre miséricorde », conclut-il de façon encourageante.

Miséricorde : où en est la Suisse ? Et que pouvons-nous faire ?

Dans le cadre de mini-présentations et d’ateliers politiques, divers domaines de la politique suisse ont été examinés en vue d’une plus grande clémence et des mesures concrètes ont été recherchées.

1. 7 thèses de ChristNet sur l’argent en Suisse

Une analyse de la situation met en lumière une culture de la peur, de la désolidarisation, du manque de volonté de partager, de l’accrochage à des biens injustes et de la domination de Mammon. Les alternatives sont : Confiance en Dieu, une politique de miséricorde et une nouvelle miséricorde biblique. Les sept thèses avec explications peuvent être commandées sur ChristNet.

2. sacrifice de valeurs sur l’autel de l’économie

Françoise Hänggi, géographe, a utilisé la nouvelle stratégie de formation du canton de Berne pour montrer comment la pensée économique prend également le dessus en Suisse. Selon leur vision, l’objectif le plus important est la promotion de la compétence économique. Cela signifie que la compétence sociale et des valeurs telles que la capacité à gérer les conflits, la volonté de se réconcilier et la non-violence sont sacrifiées au profit de la performance économique.

3. Le secret bancaire met un frein à la clémence

Markus Meury, sociologue, a souligné que les comptes bancaires suisses contiennent 2,5 billions de francs de fonds de fraude fiscale. La soustraction fiscale n’étant pas punissable en Suisse, aucune assistance juridique n’est offerte aux États qui en souffrent. Depuis deux ans, ChristNet s’est engagé dans un groupe de chrétiens qui cherchent à prendre des mesures spirituelles et politiques pour abolir cette injustice.

4. La miséricorde et l’aide au développement

Béatrice Steiner, experte en développement, a souligné que l’aide suisse au développement, avec 0,39% du revenu national, est encore bien en dessous des 0,7% recommandés par l’ONU. De plus, l’aide au développement est compensée par un volume de commandes pour les entreprises suisses, grâce auquel plus d’un même montant retourne en Suisse.

5. Concurrence fiscale

Thomas Tichy, politologue, a reconnu que la concurrence fiscale entre les pays et les cantons peut avoir un effet positif sur l’efficacité de la politique fiscale. Mais il s’adresse principalement aux grandes entreprises et aux grandes propriétés, qui bénéficient d’un traitement préférentiel grâce à des forfaits fiscaux. En même temps, elle conduit souvent à une extrême austérité de la part de l’État, l’aide aux plus faibles et l’éducation étant les premières à en souffrir.

6. pétition « Assez pour partager ?

Samuel Ninck, coordinateur de ChristNet, a présenté la pétition de ChristNet et ses motivations : Le Conseil fédéral définit la croissance économique et la création de richesses comme le premier objectif législatif 2003-2007. Mais l’écart de richesse en Suisse et dans le monde ne cesse de s’accroître. C’est pourquoi ChristNet demande au Conseil fédéral de placer le partage au centre de sa politique. (http://www.christnet.ch/Home.aspx?docid=521&lang=de)

7. Style de vie simple et frugalité

Tom Wieland vit dans la banlieue de Berne dans une yourte mongole. Dans son atelier, il a encouragé les participants à rechercher la simplicité comme Jésus. Cela, a-t-il dit, est un signe fort de valeurs non matérielles dans une société de consommation et, dans notre culture du jetable, c’est un plus pour notre environnement.

8. Journée de la consommation, du commerce équitable et du Chouf-nüt

Matthias Stürmer, économiste d’entreprise et informaticien, et Samuel Ninck, coordinateur de ChristNet, ont montré dans l’atelier comment notre comportement de consommateur peut affecter nos voisins (par exemple, les couturières du tiers monde) et la création. Ici, la pitié signifie être conscient de ces liens et commencer à acheter des produits issus du commerce équitable et du label écologique. La journée du Chouf-nüt, le dernier samedi de novembre, est l’occasion de réfléchir à ce sujet.

Un résumé du travail de ChristNet

L’ambiance à la conférence était extrêmement positive. Un participant a souligné la pertinence pratique des présentations et des ateliers : « La foi est devenue vraiment concrète de cette façon.

Pour ChristNet, cette conférence est un résumé du travail accompli depuis sa fondation il y a sept ans. Dès le début, ChristNet a été guidé par la promotion de la charité dans la société et la politique : « Charité : bien fondée, engagée » est le slogan.

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On entend parfois dans les milieux chrétiens que la charité est l’affaire de chacun et ne doit pas être appliquée sous la forme d’une « solidarité légalement décrétée ». Cela remet en cause toute aide d’État en faveur des personnes pauvres et nécessiteuses.

Deux voies

À notre avis, la générosité privée et l’indemnisation publique sont deux voies qui devraient toujours être menées de front. Il n’est pas bon de laisser l’État seul être responsable de la justice et de la miséricorde, comme le veulent par exemple les « cüplisocialistes » : Ils ne partagent pas leur richesse en privé parce qu’ils se battent déjà politiquement pour que l’État la redistribue. Mais il n’est pas non plus bon de partager uniquement sur le plan personnel ; il faut aussi une « solidarité imposée par l’État ». Pourquoi ?

Deux raisons

Je vais vous donner deux raisons très brèves : Tout d’abord, on voit cette « redistribution décrétée » dans les ordres que Moïse a reçus pour le peuple d’Israël. La solidarité des États – et pas seulement la générosité volontaire au niveau personnel – occupe une grande partie de l’Ancien Testament 1 Peut-être est-ce parce que les gens ne sont pas simplement bons et prêts à partager de leur propre initiative et que nous vivons dans un monde déchu ?

Deuxièmement, nous vivons aujourd’hui dans un monde extrêmement complexe où les réglementations étatiques imprègnent tout : Par le biais de la législation, l’État permet à l’économie de prospérer en fournissant des infrastructures, en négociant des accords commerciaux internationaux, en garantissant la concurrence, en investissant dans l’éducation des futurs travailleurs, en fournissant un cadre juridique fiable qui rend l’activité économique possible en premier lieu (par exemple le ZGB), etc. Ce soutien de l’État à l’économie permet à certaines personnes de s’enrichir et rend beaucoup plus difficile pour d’autres 2 de joindre les deux bouts.

Compte tenu de cette importante fonction d’encadrement de l’État, il n’est que juste que l’État fournisse également un certain montant de compensation. Pourquoi l’État ne devrait-il pas également prévoir la solidarité si sa politique économique rend souvent cette solidarité nécessaire en premier lieu ?

Dominic Roser avec Samuel Ninck, janvier 2007


1 : Pour plus de détails, voir Markus Meury (Biblische Steuerpolitik, www.ChristNet.ch, 2007) : « La dîme n’était pas seulement utilisée pour payer les lévites, mais aussi pour réduire la pauvreté : tous les trois ans, 10 % de la récolte allait aux pauvres. Le glanage après la récolte était réservé aux pauvres (Lévitique 19.10). Tous les 7 ans, un champ restait non cultivé. Les fruits appartenaient aux pauvres (Exode 23.11). Tous les 7 ans, les dettes étaient annulées (?afin qu’il n’y ait pas de pauvres parmi vous », comme le dit Genèse 14.4). Aucun intérêt ne pouvait être exigé des membres de son propre peuple. Tous les 50 ans (l’année dite du Jubilé, Exode 25:8-31), les terres vendues dans le besoin étaient rendues à leurs propriétaires d’origine afin d’éviter l’injustice structurelle et de permettre à chacun de gagner sa vie, car la privation de terre signifiait le premier pas vers l’appauvrissement.

2 : par exemple, les personnes qui sont surchargées par les progrès technologiques rapides, les agriculteurs ou les États africains affaiblis par la libéralisation du marché mondial, etc.

Traduit avec www.DeepL.com/Translator (version gratuite)

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Le nationalisme – un sérieux danger pour les Suisses (chrétiens)

·        Confusion terminologique : certaines traductions de la Bible emploient le terme „nations“ (peuples). Or, la Bible ne parle pas d’Etats territoriaux, puisque ces derniers ne sont apparus qu’au XIXe et au XXe siècles.

·        Lorsqu’une nation se dit „le peuple élu de Dieu“, cela peut conduire à des dérapages qui sont tout sauf chrétiens (légitimation du repli sur soi, politique d’asile restrictive, etc.). Cette « élection » est combinée avec une représentation mythologisée du passé.

·        Le calvinisme et l’évangile de la prospérité : notre richesse nationale a été comprise comme étant une bénédiction de Dieu. Or, ce raisonnement utilise faussement le nom de Dieu et la Bible. De plus, il donne lieu à une théologie narcissique et asociale, et aussi à une politique qui se dit „chrétienne“.

·        Le nationalisme et le repentir ne vont pas de pair; le rapport Bergier est rejeté par les nationalistes comme une attaque. Pourtant, la Bible nous dit :
„Si nous disons que nous sommes sans péché, nous nous trompons nous-mêmes et la vérité n’est pas en nous.“ I Jean 1:8

·        En s’efforçant de protéger notre pays „chrétien“, les chrétiens tombent parfois dans l’intolérance et la xénophobie (vis-à-vis des musulmans, par exemple).

Conséquences : notre identité en Jésus-Christ

·        Il est indéniable que nous avons tous besoin de savoir quelle est notre identité. Car avoir une identité nous donne de la valeur, nous confère un sentiment de sécurité et de dignité. C’est mon identité qui fait de moi une personne à part entière.

·        Cependant, en tant que chrétiens, nous ne devons pas fonder notre identité sur des choses, telles que la profession, la race ou la nationalité.
„Ainsi, il n’y a pas des non-Juifs et des Juifs, des circoncis et des incirconcis, des non-civilisés, des primitifs, des esclaves ou des hommes libres, mais le Christ est tout et il est en tous.“
Mon identité première repose en Jésus-Christ, ce qui signifie que je suis un enfant aimé et accepté par Dieu (Galates 2:20). Ma vraie „patrie“ ne se trouve dès lors pas ici en Suisse, mais auprès de mon Père céleste (Notre Père qui est aux cieux !). Il en va de même de notre citoyenneté (cf. Philippiens 3:20).

·        C’est en Jésus que nous trouvons la vraie vie. Il est le Fils de Dieu fait homme. Il vivait de sa relation avec le Père céleste, en dépit du rejet et de la contestation qu’Il a dû essuyer de la part des hommes.
En Jésus-Christ, Dieu nous donne notre vraie identité
„Créé à l’image de Dieu“ – « je suis un enfant bien-aimé de Dieu »

·        Vraie identité et confiance en soi au travers de Jésus-Christ : « JE SUIS.. »

·        Une personne a trouvé son identité, lorsqu’elle peut assumer ses erreurs (reconnaître sa faute).

·        Un amour du prochain qui est sincère surmonte toute crainte.

·        Celui qui considère la vie comme un cadeau de Dieu vit dans la reconnaissance, l’humilité et, en conséquence, dans la générosité.

·        Nous ne devons pas minimiser le nationalisme soi-disant « chrétien ». La Suisse ne doit pas se replier sur elle-même; elle doit devenir une bénédiction pour les autres.