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Maintenant voter pour un NON massif contre le travail de nuit

Dans la plupart des cantons, les adeptes de la consommation sans limite n’ont pas réussi à pousser plus loin les heures d’ouverture des magasins. Maintenant ils essaient de faire passer leur volonté au niveau national.

Aujourd’hui déjà, il existe plus de 1300 magasins de stations-service qui ont vu le jour essentiellement afin de profiter de l’ouverture dominicale que la loi du travail leur accorde. Car selon la loi, « les stations-services qui sont situés le long des axes de circulation importants fréquentés par des voyageurs » peuvent rester ouvert le dimanche et le soir. En réalité, ce sont essentiellement les stations-service dans les villes et dans les agglomérations qui profitent de ce « paragraphe élastique ». Ainsi il est prévisible qu’après l’assouplissement de l’interdiction du travail de nuit, un nombre toujours plus grand de magasins de stations-service resteront ouverts 24 heures sur 24. Pour contrôler s’ils en auront le droit, il faudrait faire passer chacun d’entre eux devant un tribunal, ce qui serait difficilement faisable et prendrait beaucoup de temps. Une extension non contrôlée de l’exploitation 24 heures sur 24 de ces magasins et l’augmentation du travail, des mauvaises odeurs et du bruit en seraient la conséquence, et les familles souffriront du travail de nuit.

L’enjeu est beaucoup plus important que « seulement » quelques magasins de stations-service. L’activisme parlementaire en faveur de prolongations des heures d’ouverture des commerces le montre bien. Invoquant les nouvelles règles prévues pour les magasins des stations-service et sous le slogan « Les mêmes droits pour tout le monde ! », les verts-libéraux ont déjà mis sur rail la suppression de l’interdiction du travail de nuit et du dimanche pour tous les magasins de même surface. Que le Conseil fédéral rejette cette demande ne sert pas à grand-chose. En effet, le Parlement a déjà accepté en juin dernier une extension globale des heures d’ouverture des commerces. Sous prétexte d’« encourager le tourisme », il a en outre déjà décidé d’introduire les ventes du dimanche à une grande échelle et de contraindre les cantons réticents à prolonger leurs heures d’ouvertures des commerces pour les fixer au minimum de 6 à 20 heures en semaine et de 6 à 19 heures le samedi.

Il faut mettre maintenant un terme à cette tactique du salami adoptée par le Parlement en disant NON, le 22 septembre, au démantèlement de la loi sur le travail.

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Le 9 juin 2013, la Suisse votera sur les modifications «urgentes» de la Loi sur l’asile entrées en vigueur à la fin 2012. Selon les défenseurs de ces modifications il s’agirait d’améliorations qui, loin de durcir le droit, contribueraient à l’accélération des procédures.1 Vraiment? Une analyse un peu plus précise soulève quelques questions.

Pas de protection en cas de persécution suite au refus de servir

«Ne sont pas des réfugiés les personnes qui, au motif qu’elles ont refusé de servir ou déserté, sont exposées à de sérieux préjudices ou craignent à juste titre de l’être.»2 

Article anti-Erythréens

Cette disposition est dirigé, en premier lieu, contre les requérants d’asile éritréens. Jusqu’ici, ces derniers ont obtenu l’asile relativement facilement. Il faut savoir que l’Erythrée est une dictature violente qui a complètement militarisé le pays. Sous prétexte de la menace militaire que représenteraient ses voisins, tous les citoyens âgés de 18 à 50 ans (à quelques exceptions près) doivent servir dans l’armée ou dans un service de travail quasi militaire. Sa durée est incertaine et presque illimitée : les mobilisations se succèdent, mais rares sont les démobilisations. Celui qui tente d’y échapper est considéré comme ennemi de l’Etat et doit s’attendre à la prison dans des conditions extrêmement violentes: tortures, famine, détention inhumaine; le tout bien évidemment sans véritable procédure judiciaire. Nombreux sont ceux qui n’y survivent pas.3

Rien ne change ?

Les défenseurs de la révision arguent que très peu de choses changeraient pour les objecteurs érythréens. Les personnes soumises à des peines «disproportionnées» obtiendraient toujours l’asile en Suisse.4. Mais que cela signifie-t-il? Si, par exemple, le refus de servir n’aboutit plus qu’à une admission provisoire5. , les requérants se retrouvent finalement avec une moindre protection et donc des perspectives d’avenir beaucoup plus incertaines.6. Si, par contre rien ne change ou presque, on peut se demander pourquoi il fallait changer cette disposition.

La modification de cet article paraît d’autant plus grave qu’il s’agit ici, pour la première fois non pas d’un durcissement de la procédure d’asile, mais d’une restriction très concrète d’une des raisons donnant droit à la protection en tant que réfugié. La majorité du Parlement ne se contente donc plus d’empêcher des «profiteurs» d’obtenir l’asile afin de l’accorder aux «vrais» réfugiés. Non, des personnes venant chez nous pour obtenir une protection dont nous jouissons tous grâce au libre choix entre service militaire et civil 7. , sont simplement évincées de la procédure d’asile.

La fin des demandes aux ambassades

Pour des personnes qui ne disposaient pas des moyens financiers et physiques pour entreprendre «illégalement» le voyage dangereux jusqu’en Europe (surtout les femmes et les enfants), les demandes aux ambassades8. représentaient souvent la seule possibilité pour obtenir une protection. Les défenseurs de la révision arguent, certes, que des personnes menacées dans leur intégrité physique pourront toujours poser une demande de visa humanitaire. Celle-ci sera traitée par le DFAE après consultation de l’Office fédéral de la migration.9. Mais comment évaluer le bien-fondé d’une telle demande sans vérifier les motifs de fuite? N’aboutira-t-on pas finalement à une procédure compliquée,  similaire à celle nécessaire pour traiter une demande d’asile? Ou alors, est-ce que ce «visa humanitaire» sera-t-il traité de manière tellement restrictive que, en fin de compte, même des personnes persécutées n’auront aucune chance de l’obtenir?

Réussite à 90%

Il est intéressant de constater que, depuis 1980, plus de 90% des personnes ayant obtenus l’entrée en Suisse par le biais d’une demande à l’ambassade ont ensuite obtenu l’asile (78%) ou l’admission provisoire (18%).10. De nouveau, cette révision de la loi laisse entrevoir un durcissement plutôt qu’une accélération.

L’argument, la Suisse serait le seul pays avec une procédure aux ambassades, ne tient pas debout. Ce qui doit nous intéresser n’est pas ce que font les autres, mais ce qui est juste. Quant à Jésus, il nous dit : «Ce que vous avez fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous l’avez fait…» (Matthieu 25).

Les phases de test

Cette disposition prévoit que l’Office fédéral des migrations peut tester de nouvelles procédures avant de les mettre en œuvre. Cela peut se comprendre.11. Cependant, il n’est pas clair quelle est l’étendue de ce pouvoir que le Parlement cède au Conseil fédéral. Ce dernier obtient expressément la possibilité de déroger, pendant ces deux années, à la Loi sur l’asile et celle sur les étrangers en vigueur.12. N’est-ce pas là un blanc-seing pour des expérimentations «hors contrôle» ? Est-il au moins prévu qu’une instance de contrôle indépendante ait un droit de regard ? Ou ne saurons-nous tout simplement rien de ce qui se passe pendant ces deux ans ? Il paraît justifié de craindre que les actes juridiques ainsi posés ne s’imposent comme des faits accomplis ne se laissant guère annuler.13.

Délais de recours raccourcis

En outre, les délais de recours sont ramenés de 30 à 10 jours dans certains cas. Ceci restreint fortement les droits des requérants d’asile. En effet, il n’existe aucun autre domaine du droit qui connaisse des délais aussi brefs pour recourir contre des décisions d’une autorité. Ce qui est apparemment inadmissible pour le citoyen lambda est présenté comme tout à fait supportable pour les requérants d’asile. Ainsi, ces derniers, qui se trouvent souvent dans une situation de stress et de traumatisme énorme quand ils arrivent chez nous, subissent une pression supplémentaire.

Quant à la durée de la procédure, elle ne sera pas fortement raccourcie. Certes, cette disposition n’est appliquée, pendant la phase test, que lors de procédures ordinaires qui ne nécessitent pas beaucoup de recherches. Mais il est à craindre que les politiciens du camp bourgeois ne veuillent l’étendre par la suite à d’autres procédures.

Conclusion

Il est possible que certaines propositions de cette révision contribuent à raccourcir les procédures. Cependant, de nombreuses questions restent en suspens. L’impression reste que la loi subit plusieurs durcissements conséquents afin de répondre à une certaine demande populaire ressentie par certains politiciens.

Ça ne va pas. Et d’autant moins dans un domaine si sensible où nous décidons du sort d’autrui. Depuis l’entrée en vigueur de la Loi sur l’asile en 1981 de nombreux durcissements ont été décidé et les droits des plus faibles de notre société ainsi que leurs chances de vivre dignement ont été considérablement limités. Pourtant, d’autres modifications (lire : durcissements) sont d’ores et déjà prévues!

On ne saurait guère envisager opposition plus nette avec le Dieu de la Bible qui aime l’étranger et qui a inscrit et réinscrit les droits et la dignité de l’étranger dans la loi d’Israël.14. Bien sûr, tout ne brille pas dans le domaine de l’asile. Pourtant, nous chrétiens serions bien placés afin de nous lever et nous engager pour d’autres solutions. Dès lors, nous appelons à voter Non le 9 juin 2013.


1. Arguments en faveur de la loi : parlament.ch/f/dokumentation/dossiers/asylgesetz/pages/asylgesetz-referendum.aspx

2. Art. 3, al. 3 Loi sur l’asile (nouveau).

3.  Human Rights Watch: Service for Life. New York 2009. http://www.hrw.org/reports/2009/04/16/service-life-0

4. Arguments en faveur de la loi : parlament.ch/f/dokumentation/dossiers/asylgesetz/pages/asylgesetz-referendum.aspx

5.  L’admission provisoire est octroyée lorsque la demande d’asile a été refusée et que le refoulement n’est, pour l’instant, pas légal, pas possible ou pas exigible. L’admission provisoire est réexaminée périodiquement et peut être annulée dès que la situation dans le pays d’origine s’améliore. bfm.admin.ch/content/bfm/fr/home/themen/asyl/asylverfahren/drei_bespiele/entscheid.html, «Cas B».

6. Arguments du comité référendaire, fr.asyl.ch/argumentaire, S.4

7. N’oublions pas que, jusqu’en 1996, la Suisse ne connaissait pas de service civil. Chaque année plusieurs centaines d’objecteurs étaient alors condamnés à des peines de prison de plusieurs mois.

8. Art. 19, Abs. 2 Loi sur l’asile (biffé).

9. Arguments en faveur de la loi : parlament.ch/f/dokumentation/dossiers/asylgesetz/pages/asylgesetz-referendum.aspx.

10.  Arguments du comité référendaire, fr.asyl.ch/argumentaire, S.6.

11. Art. 112b Loi sur l’asile (nouveau): Procédure d’asile dans le cadre de phases de test

12. Art 112b, al. 2 LAsi.

13. Arguments du comité référendaire, fr.asyl.ch/argumentaire, S.8.

14. Cf. Deut. 5.18; Deut. 23.16 etc.

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Réfugiés: Halte aux préjugés!

La méconnaissance des faits constitue un terreau propice aux idées-reçues. La brochure réalisée par Vivre Ensemble cherche à confronter ces préjugés à la réalité de l’asile en Suisse. L’objectif est d’inciter chacune et chacun à rester critique face aux informations, parfois erronées, véhiculées sur la problématique des réfugiés. Et à repousser les limites de l’intolérance et du rejet.
La brochure peut être commandée ici (formulaire en ligne).

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Comment s’explique la surreprésentation des étrangers dans la criminalité ?

La présente réflexion tente de montrer de manière simple combien l’usage de statistiques bivariées peut être trompeur, allant jusqu’à faire croire que la couleur d’un passeport pourrait avoir une influence sur la criminalité, alors qu’il n’en est rien.

I. Introduction : En matière de criminalité, il en va de la nationalité comme de la taille

Le lecteur de la présente contribution sait probablement que les adultes de plus de 175 centimètres commettent davantage d’infractions pénales que ceux de moins de 175 centimètres… Il s’agit là d’une évidence criminologique et la raison en est très simple : la population adulte de plus de 175 centimètres est principalement formée d’hommes, alors que les femmes sont largement surreprésentées parmi les adultes de moins de 175 centimètres. Sachant par ailleurs que les hommes sont davantage impliqués dans le phénomène criminel que les femmes, il est logique que les adultes les plus grands commettent la plus grande partie des infractions pénales. Néanmoins, chacun comprendra aisément que cette surreprésentation des grands dans la statistique criminelle n’a évidemment rien à voir avec la taille des personnes, mais bien avec leur sexe. Personne ne prônera donc une action sur l’hormone de croissance ou le coupage de jambes comme politique de prévention de la criminalité…

Mais si ce raisonnement est tellement évident, alors pourquoi bon nombre de personnes ne sont-elles pas en mesure de le reproduire en matière d’implication des étrangers dans la criminalité ?

Comme pour les adultes de plus de 175 centimètres, il est très simple de démontrer que les étrangers sont surreprésentés dans le phénomène criminel. Ces derniers représentent en effet un peu plus de 20% de la population de Suisse, mais quelque 50% des condamnés par les tribunaux suisses1 . Mais, de la même manière que pour les adultes de plus de 175 centimètres, il est aussi relativement simple de démontrer que ce sont d’autres éléments que la nationalité qui influencent la criminalité.

II. Les principales variables influençant la criminalité

Sachant que la surreprésentation des immigrants dans la criminalité est un phénomène universel – qui s’observe donc dans tous les Etats –, il paraît évident qu’il ne peut pas s’agir d’un simple problème de couleur de passeport !Mais quelles sont alors les variables déterminantes dans l’explication du phénomène criminel ? Comme il a été mentionné en introduction, l’une des principales variables explicative est le sexe. En effet, pour une distribution hommes/femmes d’environ moitié-moitié dans la population, il y a en Suisse quelque 85% d’hommes dans la statistique de condamnations pour seulement 15% de femmes.

Une autre variable importante dans l’explication du phénomène criminel est l’âge. Pour une proportion de quelque 30% de personnes de moins de 30 ans en Suisse, celles-ci sont environ 50% dans la statistique de condamnations.

C’est ainsi que le volume de la criminalité d’un Etat dépend fortement de la composition démographique de sa population. En effet, plus il y a de personnes du sexe et de la classe d’âge les plus criminogènes (soit des hommes et des jeunes), plus il y a de criminalité.

Puis vient encore le niveau socio-économique, puisqu’il ressort des derniers sondages que quelque 37% des résidents en Suisse proviennent de milieux socio-économiques modestes ou moyens inférieurs et que ces mêmes milieux produisent environ 60% de la délinquance. Pour leur part, les milieux moyens supérieurs et aisés (soit 63% de la population sondée) produisent environ 40% de la criminalité2 .

Et finalement, ce qui vaut pour les différences de statuts socio-économiques vaut également pour le niveau de formation. C’est ainsi que la moitié de notre population est de niveau de formation «modeste» (primaire, secondaire, école professionnelle, apprentissage), alors que ce même niveau de formation se retrouve pour quelque 68% de personnes en détention3 .

III. Modèle multivarié

Ce que nous avons présenté dans les deux sections précédentes permet de constater que le phénomène criminel est lié de manière bivariée à plusieurs facteurs. Mais cela ne nous avance pas beaucoup, puisque le crime proviendrait des grands, des étrangers, des jeunes, des hommes, des pauvres et/ou des plus modestement formés. A partir de là, chacun tirera ses conclusions, non pas sur la base de connaissances scientifiques, mais bien en fonction de sa tendance politique. En d’autres termes, ces corrélations bivariées ne nous disent pas grand chose – pour ne pas dire rien du tout – sur le phénomène criminel. Nous tenterons dès lors d’affiner l’analyse afin de rendre notre propos un peu plus scientifique.

Si nous avons déjà vu que la taille en tant que telle n’influence en rien le crime mais est entièrement contenue dans la variable sexe, il nous reste encore à déterminer quel est le poids respectif de chacune des cinq variables restantes dans l’explication du phénomène criminel. Pour ce faire, il est nécessaire de mettre l’ensemble des variables explicatives du crime relevées ci-dessus dans un même modèle (qui ne sera donc plus bivarié, mais multivarié), modèle qui nous permettra de déterminer laquelle de ces variables explique la plus grande partie du crime, puis la valeur explicative supplémentaire de chacune des autres variables introduites dans le modèle.

En agissant de la sorte, on observe que la variable numéro un dans l’explication de la criminalité est le sexe. Le fait d’être un homme plutôt qu’une femme est donc l’élément le plus prédicteur de la commission d’une infraction4 . En deuxième position on trouve l’âge ; ainsi, le fait d’être un jeune homme est plus criminogène que le fait d’appartenir à toute autre catégorie. En troisième position vient ensuite le niveau socio-économique et finalement le niveau de formation.

En d’autres termes, le profil type du criminel est celui d’un homme, jeune, socio-économiquement défavorisé et de niveau de formation plutôt bas.

Et alors la nationalité dans tout cela ? Eh bien la nationalité n’explique généralement aucune partie supplémentaire de la variance de la criminalité. En effet, la population migrante étant composée de manière surreprésentée de jeunes hommes défavorisés, la variable «nationalité» est comprise dans les autres et n’explique aucune part supplémentaire de la criminalité par rapport aux autres variables prises en considération ; ceci de manière identique à la taille qui est comprise dans le sexe dans l’exemple mentionné en introduction, les hommes étant – en moyenne – plus grands que les femmes.

Ce qui vient d’être exposé permet par ailleurs de comprendre pourquoi le constat que les étrangers commettent davantage de crimes que les nationaux est un phénomène universel. En effet, la migration, de manière générale, est principalement une affaire de jeunes plutôt que de vieux et d’hommes plutôt que de femmes. Sachant que les jeunes hommes représentent justement la partie de la population la plus criminogène, il est donc logique que la population migrante soit plus criminogène que ceux qui ne bougent pas de leur lieu de naissance.

Il est dès lors totalement erroné de comparer les étrangers aux nationaux, puisque l’on compare alors une population faite essentiellement de jeunes hommes à une population de nationaux vieillissants et composés des deux sexes à proportions à peu près égales. C’est ainsi que si l’on compare le taux de criminalité des étrangers à celui des nationaux du même sexe, de la même classe d’âge, de la même catégorie socio-économique et du même niveau de formation, la différence entre les nationaux et les étrangers disparaît.

Il arrive néanmoins que la nationalité explique tout de même une petite partie de la criminalité ; ceci dans le cas très particulier de migrants provenant d’un pays en guerre. En effet, l’exemple violent fourni par un Etat en guerre a tendance à désinhiber les citoyens qui deviennent alors, eux aussi, plus violents et exportent ensuite cette caractéristique dans le pays d’accueil. Ce phénomène est connu en criminologie sous le nom de «brutalisation». Ainsi, il semblerait que, lorsque l’immigration provient d’un pays en guerre, les quatre premières variables (sexe, âge, statut socio-économique et niveau de formation) ne suffisent pas à expliquer toute la criminalité ; la nationalité entre alors aussi dans le modèle explicatif, en cinquième position. Au contraire, lorsque l’immigration provient de pays non en guerre, la nationalité n’explique rien de plus que ce qui est déjà expliqué par les quatre premières variables.

Mentionnons encore que le phénomène de «brutalisation» que nous avons évoqué ci-dessus explique également pourquoi les Etats qui ont réintroduit la peine de mort aux Etats-Unis ont connu ensuite une augmentation de leur criminalité violente5 … En effet, lorsque l’État procède lui-même à des exécutions capitales, il désinhibe les citoyens en les confortant dans l’idée que la violence est une manière adéquate de résoudre les conflits, augmentant ainsi le nombre de crimes violents. Le même effet de «brutalisation» permet probablement aussi de comprendre pourquoi, en Suisse, la punition ordinaire qu’infligent certains parents à leurs enfants lorsque ceux-ci font une bêtise est l’enfermement dans la chambre, alors qu’il s’agit – aux yeux de la loi pénale – d’une séquestration, passible d’une peine privative de liberté de cinq ans… Nous sommes donc tous brutalisés par nos systèmes étatiques respectifs que nous reproduisons ensuite, sans même nous en rendre compte, à plus petite échelle.

IV. Considérations de politique criminelle

Nous savons donc maintenant que les variables qui expliquent le phénomène criminel sont dans l’ordre :

  1. Le sexe ;
  2. L’âge ;
  3. Le niveau socio-économique ;
  4. Le niveau de formation ;
  5. La nationalité (parfois).

La question qu’il reste à résoudre est de savoir comment cette connaissance peut être transposée en termes de mesures de prévention du crime. Si l’on prend les variables dans leur ordre d’importance explicative du phénomène criminel, on devrait envisager en premier lieu une politique de réduction de la masculinité… Il va néanmoins de soi que des politiques préconisant l’élimination des hommes ou l’encouragement de la natalité féminine contreviendraient non seulement à notre droit, mais seraient également fondamentalement contraires à notre sens de l’éthique. Les mêmes griefs peuvent d’ailleurs être avancés contre des politiques qui préconiseraient une élimination ou une ghettoïsation des jeunes. Quant à une politique de «dénatalisation», elle irait à l’encontre de l’intérêt de l’Etat à long terme.

Notons néanmoins que, pour ce qui est de la variable sexe, la féminisation d’une société ne passe pas forcément par une féminisation physique, mais pourrait tout aussi bien être à caractère sociologique. Cela reviendrait donc à rejeter les valeurs généralement attribuées à la gent masculine (tel le machisme) et à favoriser des valeurs que la société attribue plus volontiers aux femmes (telles que la tendresse).

En troisième lieu – donc après le sexe et l’âge –, il serait envisageable de songer à une prévention du crime passant par davantage d’égalité entre les habitants d’un pays et donc à éviter toute «société à deux vitesses». Puis, en quatrième lieu, il s’agirait d’envisager une amélioration du niveau de formation des plus démunis et des moins bien formés.

V. Conclusion

Si l’on cherche véritablement à lutter contre le crime et que l’on désire investir dans les mesures qui ont le plus grand potentiel de succès, il est impératif de commencer par envisager une action sur les variables les plus explicatives de la criminalité. Sachant par ailleurs que l’action sur le sexe et sur l’âge est difficilement réalisable et surtout éthiquement douteuse, les actions les plus à même de combattre le phénomène criminel semblent manifestement être les actions sociale6 et éducative.

Comme le fait de s’attaquer à la taille des personnes, s’en prendre aux migrants consiste donc à se tromper de cible. Sans compter par ailleurs qu’il n’est pas certain qu’une politique d’élimination des étrangers soit vraiment plus éthique qu’une politique d’élimination des hommes ou des jeunes…

André Kuhn est professeur de criminologie et de droit pénal aux Universités de Lausanne, de Neuchâtel et de Genève.

Certaines parties du présent texte – et surtout les idées qui y sont véhiculées – ont déjà été publiées par l’auteur dans des textes antérieurs. Là où certains utiliseront peut-être la notion ridicule d’«auto-plagiat», l’auteur a pour sa part tendance à considérer qu’il s’agit plutôt d’un phénomène positif, puisqu’il est le reflet d’un mode de pensée logique, cohérent et surtout constant.


1. Pour des données plus précises, nous renvoyons le lecteur au site internet de l’Office fédéral de la statistique (http://www.bfs.admin.ch/bfs/portal/fr/index.html), rubrique 19 – Criminalité, droit pénal. Cela vaut d’ailleurs pour toutes les données chiffrées contenues dans le présent texte, à l’exception de celles pour lesquelles une autre source est indiquée.

2. Sources : sondages suisses de délinquance autoreportée, de victimisation et de sentencing.

3. Sources : sondages suisses et statistiques pénitentiaires américaines. Il n’existe pas en Suisse de données sur le niveau de formation des personnes condamnées et/ou incarcérées.

4. Cela n’implique évidemment pas que tous les hommes commettent des crimes et que les femmes n’en commettraient jamais, mais simplement que, parmi les criminels, il y a une forte surreprésentation masculine.

5. Dans ce contexte, l’hypothèse de la «brutalisation» a par exemple été vérifiée dans l’Etat d’Oklahoma par W. C. Bailey, «Deterrence, Brutalization, and the Death Penalty: Another Examination of Oklahoma’s Return to Capital Punishment», Criminology, vol. 36, 1998, pp. 711ss.

6. Dont font d’ailleurs partie les politiques d’intégration des étrangers.

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Invite-toi à leur table !

« Voici le genre de jeûne que je préconise: … Partage ton pain avec celui qui a faim. » Esaïe 58:6-7

Pendant le temps de l’Avent, nous proposons avec les Rebelles de Noël et StopPauvreté, une action d’un autre genre…

De quoi s’agit-il donc, enfin ?

Sur notre planète, un tiers de la population doit se contenter d’un bol de riz par jour. Difficile de saisir la portée de cette injustice !

La campagne du bol de riz propose de t’inviter à la table des plus pauvres durant 5 jours en mangeant uniquement un bol de riz par jour. 5 jours pour expérimenter le quotidien de centaines de millions d’êtres humains. 5 jours pour découvrir la simplicité, ses enjeux, ses forces, ses faiblesses et la joie.

Relève ce défi qui te permettra de sortir grandi en compassion et en désir de vivre la justice !

Rejoins-nous sur www.bol-de-riz.ch pour vivre une expérience unique :

  • Des vidéos et des ressources autour de la justice, du partage et de la joie
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Bol de riz – Flyer

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Compte-rendu d’Anne-Sylvie

Suite au cours « Just people !? » de StopPauvreté que nous avons organisé au premier semestre 2012, notre groupe a décidé de mener une action consistant à manger moins pendant 2 semaines pour donner l’argent économisé pour un projet de développement (ADENN). Deux d’entre nous ont décidé de ne manger qu’un bol de riz par jour par solidarité avec tous les gens vivant avec cette quantité de nourriture.

Cette expérience a été marquante sur beaucoup d’aspects. Tout d’abord elle nous a permis de nous rendre compte de l’abondance dans laquelle nous vivons et nous a appris à être plus reconnaissants pour la nourriture que Dieu nous donne en quantité.

Ensuite nous avons pu réaliser qu’avec peu de nourriture, nous devenions moins efficaces dans notre quotidien, en étant plus fatigués, sans énergie. Cette sensation de vivre dans notre chair ce que vivent tant de personnes dans le Sud nous a permis de réaliser à quel point la faim fait perdre des ressources aux pays pauvres.

Enfin, nous nous sommes rencontrés plusieurs fois à midi pour un temps de méditation. Nous sommes restés interpelés par différentes nouvelles parues au cours de ces jours et en particulier par le fait que chaque ménage suisse jette l’équivalent d’un repas à la poubelle chaque jour et que le nombre de personnes dans le monde ne se nourrissant pas à leur faim est de 870 millions de personnes.

Par ailleurs, nous avons découvert quelques exhortations à plus de solidarité dont la Bible regorge. Ainsi, Paul nous interpelle à utiliser notre superflu pour servir ceux qui sont dans le besoin (2 Corinthiens 8.13).

Soyons donc dans la joie pour ce que nous avons et n’ayons pas peur de partager avec générosité ! Avec cette action « bol de riz », nous avons pu faire un petit pas dans cette direction.

Témoignage d’Alexandre

Manger moins, vivre plus: une semaine avec un bol de riz par jour

Faire l’expérience de quelques jours différents dans mon alimentation m’a beaucoup apporté. J’y ai ressenti le manque mais j’y ai aussi réalisé l’abondance dans laquelle je vis. Me priver pendant quelques jours m’a permis de voir tout ce dont je ne me prive pas au quotidien, tout ce qui me semble si naturel d’acquérir, de consommer, de jeter. Il m’a été possible ainsi de penser plus concrètement à tous les êtres humains sur cette terre qui vivent privés de tant de richesses et dont le quotidien est fait non pas d’abondance mais d’indigence.

L’expérience a été d’autant plus forte qu’elle était partagée par plusieurs personnes en même temps, comme une communion dans l’ascèse. Je ne peux que recommander ce régime (!) pour développer un esprit de justice dans nos vies et dans le monde, par la grâce de Dieu. Estimant que la vie chrétienne doit être marquée par des temps spéciaux qui donnent sens au passage du temps, je serais partant pour revivre cela chaque année!

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Le 16 août 2011, un comité interpartis a lancé l’initiative populaire «Imposer les successions de plusieurs millions pour financer notre AVS». ChristNet soutient activement cette initiative, parce qu’elle apporte une contribution concrète à la tâche biblique consistant à instaurer une justice sociale et à combler le fossé entre pauvres et riches.

Redistribution: un principe biblique

Un des thèmes de prédilection de la Bible est le comblement du fossé entre pauvres et riches. Les riches en particulier sont mis à contribution. Nous pouvons lire que nous devons «ouvrir la main au pauvre» (Dt 15.7-11). Les Proverbes nous mettent en garde: «Celui qui fait la sourde oreille quand le malheureux appelle à l’aide, appellera lui-même à l’aide sans obtenir de réponse.» (Pr 21.13)

Dans le Nouveau Testament, Jésus s’identifie aux pauvres dans la parabole sur le jugement dernier: «Chaque fois que vous avez fait cela au moindre de mes frères que voici, c’est à moi-même que vous l’avez fait.» (Mt 25.31-46) Paul insiste même: «Ordonne à ceux qui sont riches dans le présent système de choses… de travailler au bien, d’être riches en belles œuvres, d’être généreux…» (1 Tm 6.17-18).

Pour combler le fossé entre pauvres et riches, la Bible préconise, certes, avant tout la solidarité individuelle et le don d’aumônes. Mais l’Ancien Testament prévoit aussi une redistribution ancrée dans la loi.

Le jubilé

Un exemple en est le jubilé: selon la loi juive, toute parcelle vendue par nécessité doit être restituée à son propriétaire d’origine tous les 50 ans (Lv 25.8-31). Lors de la conquête de Canaan, chaque famille avait à l’origine reçu une portion du territoire. La «réforme foncière» périodique pendant l’année du jubilé devait préserver cette répartition équitable de la terre.

Ainsi, le jubilé était un fondement visant à éviter l’injustice structurelle et à permettre à chacun de subvenir à ses besoins. Car dans la société israélite à vocation agricole, qui perdait sa terre perdait sa base de subsistance.

Injustice sociale

L’invitation biblique à ne pas accumuler de biens et à distribuer les richesses n’est suivie que de manière très limitée dans notre société: les grandes fortunes, qui se transmettent de génération en génération, sont une des principales raisons de la concentration de la richesse entre les mains d’un nombre toujours plus restreint de personnes.

Il s’ensuit une pauvreté persistante1 et des problèmes sociaux, tandis que le fossé entre pauvres et riches continue de se creuser. La Suisse compte parmi les pays où l’inégalité en matière de distribution des richesses est la plus flagrante.2

AVS et impôt sur les successions

Il est avéré que l’AVS, avec son régime de répartition sans accumulation de capitaux, les recettes servant immédiatement à financer les rentes, contribue fortement à lutter contre l’injustice sociale. De plus, elle concrétise la notion de solidarité en tissant un lien entre les jeunes (et moins jeunes) travailleurs et les rentiers.3 Le renforcement de l’AVS va donc dans le sens de la pensée biblique.

De plus, l’imposition des très grandes suc-cessions (à partir de 2 millions) peut contribuer à la mise en œuvre du principe du jubilé. De fait, elle permet de réinjecter une partie des fortunes familiales au profit de la collectivité et participe ainsi à une répartition plus juste des richesses.

Voici donc une opportunité de suivre l’appel biblique, d’ouvrir la main aux pauvres et d’ordonner aux riches d’être généreux. Saisissons-la!


1. Selon Caritas, la Suisse compte près d’un million de pauvres.

2. Les deux seuls pays où la répartition de la richesse est plus inégale qu’en Suisse sont Singapour et la Namibie (Global Wealth Databook. Credit Suisse, Zurich, 2010).

3. Contrairement au 2e et au 3e piliers, où chacun accumule son capital vieillesse individuel.

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Les étrangers dans la Bible et dans la politique suisse

Les étrangers et les étrangers dans la Bible

La Bible, vieille de plus de 2000 ans, a-t-elle encore quelque chose à apporter à la politique migratoire actuelle ? Certes, il existe de nombreuses questions complexes dans le domaine de la migration auxquelles la Bible ne permet pas de répondre. Mais ce qu’elle dit sur les attitudes fondamentales et l’image de l’homme par rapport aux « étrangers » et aux « étrangers » vaut la peine d’être examiné de près encore aujourd’hui. Dans la première partie de ce texte, les déclarations bibliques sont sommairement résumées, dans la deuxième partie, les positions des principaux partis suisses sont présentées, et dans la troisième partie, elles sont évaluées.

AT : « Vous avez été des étrangers… »

Tout d’abord, quelque chose à propos du terme : le terme hébreu ger désignait les « étrangers » libres résidant en permanence en Israël, ou les membres d’autres peuples qui dépendaient des Israélites dans certaines régions. La plupart des lois des cinq livres de Moïse utilisent ce terme. Le terme nakhri inclut les étrangers au sens général du terme qui ne résident que temporairement avec le peuple d’Israël, principalement pour des raisons économiques. Apparemment, contrairement au premier groupe, ils n’avaient guère besoin d’être protégés par la loi1. L’abondance des dispositions de la loi concernant les gerim, les étrangers, je vais essayer de la résumer très sommairement :

1. la même loi appliquée aux étrangers qu’aux Israélites : Ils avaient en grande partie les mêmes droits et devoirs 2, ils pouvaient et devaient respecter le sabbat tout aussi bien 3, et ils étaient presque égaux dans le domaine cultuel également 4. Les Israélites étaient obligés de soutenir les étrangers qui s’appauvrissaient tout autant que leurs compatriotes 5. Il est surprenant de constater à quel point ils sont souvent mentionnés, alors qu’ils ne sont pas un sujet dans les collections de droit mésopotamien, par exemple. 6

Avec les veuves et les orphelins, les étrangers faisaient manifestement partie des personnes économiquement et socialement faibles en Israël. Ils avaient besoin de la protection de la loi contre l’exploitation et les excès 7.

3) En termes économiques, le glanage est mentionné à plusieurs reprises. Les fermiers avaient pour ordre de ne pas récolter leurs champs, leurs vignes et leurs oliveraies de manière trop abondante, afin qu’il reste quelque chose pour les veuves, les orphelins et les étrangers, et qu’ils puissent subvenir à leurs besoins8. Dans le 5e livre de Moïse, il est en outre mentionné que la dîme devait servir à subvenir aux besoins des lévites ainsi qu’à ceux des pauvres (veuves, orphelins et étrangers)9.

La justification de ces commandements est donnée d’une part par l’affirmation lapidaire « Je suis le Seigneur ton Dieu », mais souvent – surtout en ce qui concerne l’interdiction d’exploiter et de tirer profit des étrangers – également par la référence « pour vous, vous étiez étrangers en Égypte » 10. Les gens n’étaient donc pas censés supprimer leur « origine migratoire ». Au contraire, cela faisait partie de leur identité : « La terre ne doit pas être vendue pour de bon ; car la terre est à moi et vous n’êtes que des étrangers et des demi-citoyens avec moi » 11. Ils devaient ainsi développer une compréhension de la situation des étrangers et être ainsi inspirés à la solidarité.  Déjà les ancêtres Abraham, Isaac et Jacob, ainsi que Moïse, savaient ce que cela signifiait de vivre en terre étrangère avec un autre peuple 12.

Ce n’est qu’à l’époque des Juges et des Rois qu’Israël passe du statut de nation de migrants à celui de nation de conquérants. David s’émerveille de la mesure dans laquelle Dieu a assujetti les peuples étrangers à lui13. Salomon utilise les étrangers comme main-d’œuvre d’accueil dans ses gigantesques projets de construction14.

Dans les livres prophétiques, la peur des étrangers est d’abord présentée comme très réelle et bien fondée. Si le peuple d’Israël ne respecte pas son alliance avec Dieu, il est menacé que des étrangers deviennent les acteurs du jugement de Dieu, qu’ils le dominent, assurent le rendement de leurs champs et volent leurs objets de valeur15, et comme nous le savons, cela s’est effectivement produit. D’autre part, les actions impitoyables et immorales des Israélites contre leurs étrangers est l’une des raisons pour lesquelles Dieu leur annonce le jugement 16.

Après tout, on ne peut pas nécessairement présumer que nous, les Suisses, sommes issus de l’immigration, ce qui justifie le traitement miséricordieux que les Israéliens réservent à leurs étrangers. Y a-t-il néanmoins des indications que ces dispositions nous concernent également ? L’étude du Nouveau Testament est ici instructive. Tout d’abord, la Lettre aux Hébreux est un bon point de départ, car elle reprend de nombreux motifs de l’Ancien Testament.

NT : « Etrangers et voyageurs dans le monde ».

L’ancêtre Abraham devient ici le modèle de la foi. La foi lui a permis de vivre « comme un étranger dans la terre promise comme dans une terre étrangère » sous des tentes, « car il attendait la ville avec les solides murs de fondation que Dieu lui-même avait prévus et construits » 17 L’image que les patriarches et le peuple d’Israël ont d’eux-mêmes en tant qu’étrangers est donc également transférée ici aux disciples de Jésus. L’image des migrants ou des pèlerins en route vers la vraie patrie est développée dans les versets suivants 18 Paul se voit lui aussi comme quelqu’un qui vit dans un pays étranger 19.

De même, l’auteur de la Première Épître de Pierre s’adresse « aux élus qui vivent comme des étrangers dans la dispersion, dans le Pont, en Galatie, en Cappadoce, dans la province d’Asie et en Bithynie » 20. Il les exhorte, alors qu’ils sont étrangers, à vivre une vie de piété. Ils sont rachetés de leur « mode de vie insensé hérité des pères (…) par le précieux sang du Christ, l’Agneau sans tache ni défaut ». On a l’impression qu’ici la confession de Jésus et la nouvelle éthique qui en découle font des chrétiens « des étrangers et des voyageurs dans ce monde »21qui appartiennent en fait à un monde nouveau.

Et Jésus lui-même ? Il ne parle pas beaucoup des étrangers, mais là où il le fait, il est assez provocateur. Pour illustrer le commandement d’aimer son prochain, Jésus raconte la parabole du bon samaritain, donnant ainsi l’exemple au maître de la loi d’un étranger méprisé parmi les samaritains : « Va et fais de même » 22. Jésus retourne ici le commandement d’aimer son prochain en Lévitique 19, 33-34, qui dit : « L’étranger qui séjournera chez toi sera considéré comme un indigène, et tu l’aimeras comme toi-même ». Jésus va encore plus loin dans Matthieu 25 : dans la parabole des brebis et des chèvres, il s’identifie complètement aux plus faibles et aux plus méprisés parmi les hommes. Il est le nu, le malade, le prisonnier, l’étranger et le sans-abri à qui les « moutons » ont fait du bien. « Dans la mesure où vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait !  » Et les « chèvres » l’ont ignoré sous la forme de ces méprisés 23.

La Bible nous lance donc de nombreux défis dans le domaine de la politique et de l’éthique des migrations, et le Nouveau Testament montre que c’est aussi un aspect de notre identité : nous comprendre en tant qu’étrangers et qu’habitants d’ici, sur le chemin d’un foyer meilleur et éternel. Une telle compréhension de nous-mêmes me semble être la condition préalable pour traiter avec les migrants dans notre pays. Elle nous aidera à les considérer comme nos voisins et, pour ainsi dire, comme des camarades de destin, et à les traiter avec compassion.

Positions des parties suisses sur la politique migratoire

Comment les partis suisses envisagent-ils la politique migratoire dans la perspective des élections de 2011 ? Les programmes actuels des partis montrent beaucoup de choses auxquelles il fallait s’attendre, mais aussi des choses surprenantes.

SVP 24 : contre le « laisser-aller

Dans sa prise de position, l’UDC reconnaît que « les Suisses cohabitent pacifiquement avec une proportion comparativement très élevée d’étrangers. Et inversement, la majorité des étrangers se conforment sans problème à notre système juridique ».

Cependant, le parti se plaint que la négligence en matière d’asile au sein du FDJP a encore augmenté sous le successeur de Christoph Blocker. L’exécution des expulsions est insuffisante et les procédures d’asile sont trop longues, notamment en raison des diverses possibilités de réexamen et de recours. Un autre obstacle à un « système d’asile approprié » pour le parti est « les profiteurs tels que les travailleurs sociaux, les travailleurs humanitaires et les avocats spécialisés en matière d’asile ». Ils ne développent guère d’élan pour s’attaquer au problème plus efficacement, mais font plutôt partie du problème eux-mêmes. De plus, les organes judiciaires sapent délibérément les dispositions légales et même la volonté du peuple ».

L’UDC exige donc que seules les procédures de première instance avec possibilité de recours soient menées et que la loi sur l’asile, plus stricte, soit également appliquée de manière cohérente dans les cantons. L’UDC exige en outre : « Les commissions dites de secours dans les différents cantons ne font que semer la confusion et doivent être supprimées. Elle veut également lutter contre les décisions de justice « qui sapent le droit d’asile accepté par le souverain ». Ce qu’elle entend précisément par là n’est pas clair.

Elle veut également renégocier la libre circulation des personnes et réintroduire des quotas, en affirmant que l’immigration massive en Suisse est un fardeau de plus en plus lourd. L’initiative d’expulsion doit être mise en œuvre « sans si ni sans mais ». La naturalisation devrait coûter quelque chose, être liée à des conditions telles que la maîtrise des langues nationales et n’être accordée qu’à titre d’essai.

SP25 : pour l’égalité des droits et des chances

Le PS publie un document de discussion sur le thème « Patrie et migration » sur Internet. À plus long terme, elle aimerait acquérir la souveraineté sur l’interprétation de ces questions. Selon les auteurs, la patrie est une chose que nous créons ensemble et qui ne peut être déléguée aux politiciens. Bien sûr, les immigrants doivent respecter les règles qui s’appliquent ici, mais ils doivent également bénéficier des mêmes droits et possibilités démocratiques et sociaux que les Suisses. Le parti relie habilement cette question à d’autres revendications sociales-démocrates, comme des salaires suffisants pour vivre. Car ceux qui doivent travailler 16 heures par jour n’ont plus l’énergie nécessaire pour un cours de langue. Les auteurs reconnaissent que la coexistence de cultures différentes entraîne des frictions, mais qu’en fin de compte, l’acceptation mutuelle augmente. Il est également clair que « la Suisse ne peut pas offrir une place et un moyen de subsistance à tous les pauvres du monde. Il est donc d’autant plus urgent de mener une politique économique et de développement qui soutienne les pays pauvres au lieu de les exploiter et qui promeuve la démocratie au lieu de faire des affaires avec des dictateurs ». Selon le PS, les étrangers sont des criminels supérieurs à la moyenne. Toutefois, il ne s’agit pas d’une question de couleur de peau, mais plutôt de la place d’une personne dans la société et des perspectives qui s’offrent à elle. Il demande des quartiers mixtes, des écoles avec des structures de jour et un soutien à l’apprentissage de la langue pour tous les enfants, des salaires minimums, plus de juges pour enfants et, si nécessaire, plus de policiers. Des mesures d’accompagnement sont nécessaires pour la libre circulation des personnes. Il faut aussi se battre pour des logements abordables. Le parti s’engage également à l’équilibre social et matériel, ce qui est nécessaire pour que tous puissent mener une vie libre et autodéterminée.

FDP 26 : « Dur mais juste ».

Le FDP a élaboré des fiches d’information sur divers sujets, notamment sur la politique des étrangers et la politique d’asile. Ici, le principe du parti est « Dur mais juste ». La politique migratoire au sens du FDP « dit oui à l’immigration par la libre circulation des personnes et limite en retour l’immigration en provenance des pays tiers ». Cependant, trop de personnes de pays tiers viennent encore chez nous, notamment dans le cadre du regroupement familial, a-t-il dit. C’est pourquoi le FDP réclame des règles plus strictes en matière de regroupement familial. Dans le cadre de sa politique d’intégration, le PRD demande une application cohérente du système juridique suisse : « Il ne faut pas jouer avec notre système juridique et nos lois. Toutes les violations doivent être punies rapidement et sévèrement. Toute personne qui souhaite vivre ici est la bienvenue, à condition que notre culture et nos valeurs soient respectées. Ceux qui ne s’y conforment pas doivent en assumer les conséquences ». Concrètement, pour le FDP, cela signifie des sanctions rapides et cohérentes, l’expulsion des grands criminels, la formation des imams en Suisse et la surveillance des organisations extrémistes.

Pour le FDP, la libre circulation des personnes est un modèle réussi avec quelques effets secondaires problématiques. Afin d’y remédier, elle propose une série de mesures.

En matière de politique d’asile, elle appelle à la cohérence afin de dissuader les faux réfugiés. Les réfugiés reconnus doivent obtenir un permis d’établissement dans les mêmes conditions que les autres étrangers originaires de pays tiers qui ne sont pas entrés dans le pays via le système d’asile. Les procédures d’asile doivent être raccourcies autant que possible.

Sous la rubrique « Exiger et promouvoir l’intégration », le PFP propose des normes minimales uniformes et un contrôle des résultats dans toute la Suisse. Les accords d’intégration devraient tenir les étrangers responsables : Ceux qui ne s’intègrent pas devraient être sanctionnés. Seules les personnes véritablement intégrées devraient être naturalisées. Pour ce faire, des critères stricts de naturalisation et leur examen systématique seraient appliqués. Les lois strictes à cet effet sont en place. Mais quiconque reçoit une fois le passeport suisse doit être considéré comme suisse.

CVP 27 : pour « immigration contrôlée

Le PDC commence son « Document de base sur la migration » en faisant le point sur la situation : l’immigration a fourni à la Suisse une main-d’œuvre et une croissance économique dont elle a un besoin urgent. Malgré la forte proportion d’étrangers, le niveau des salaires est élevé et le chômage est faible. Néanmoins, la migration entraîne également des problèmes tels que la criminalité commise par les étrangers, une mauvaise intégration ou un chômage relativement élevé parmi les étrangers, des différences religieuses et culturelles, qui ont conduit à un « débat sur l’Islam », ainsi que des lacunes dans la politique de naturalisation et d’asile.

Le PDC est « engagé dans une immigration contrôlée et gérée ». Le PDC appelle donc à de nouvelles mesures ciblées, à des négociations et à des révisions partielles des lois. Elle rejette « les exigences et les mesures irréalistes et irréalisables qui conduisent à la xénophobie ou qui sont préjudiciables à la coexistence des populations étrangères et nationales ».

ou sont préjudiciables à la coexistence des populations étrangères et suisses », ainsi que des appels à la Suisse pour qu’elle fasse cavalier seul en matière de politique migratoire. Parmi les mesures concrètes proposées par le parti figurent des lois contre les mariages forcés et les mariages organisés, ainsi que la preuve de ressources suffisantes pour le regroupement familial. Dans le cas des personnes qui ne peuvent pas être intégrées ou qui sont difficiles à intégrer, il convient de créer si possible « une incitation (financière) à quitter le pays ».

L’extension des permis de séjour des citoyens de l’UE devrait être examinée de près et le versement des allocations de chômage devrait être limité. Le PDC est également favorable à ce que le permis d’établissement soit lié à un test linguistique, à des accords d’intégration et à des règles d’admission pour les enseignants, ainsi qu’à des restrictions et conditions de naturalisation.

En matière de politique d’asile, le régime d’urgence doit être appliqué de manière cohérente, les procédures doivent être raccourcies et les expulsions doivent être effectuées rapidement. Afin d’améliorer l’intégration sur le marché du travail, le PDC propose des programmes d’emploi et l’obligation pour les RAV de mettre les réfugiés reconnus sur un pied d’égalité avec les ressortissants suisses ou d’autres étrangers. Des contrôles accrus, un plus grand nombre de policiers et une expulsion systématique dans les cas graves devraient contribuer à lutter contre les abus et la criminalité. Enfin, en matière de politique de migration étrangère, la Suisse devrait coopérer plus étroitement avec l’UE et, par le biais de partenariats migratoires, avec les pays d’origine et augmenter l’aide aux personnes déplacées dans la région d’origine.

Parti des Verts 28 : pour une « politique humaine ».

Les Verts sont partisans d’une « politique de migration ouverte et humaine ». Ils demandent une loi sur l’intégration visant l’égalité des chances et le respect de la diversité culturelle, une loi plus libérale sur les étrangers qui ne fasse pas de distinction entre les citoyens de l’UE et ceux des pays tiers, et des permis de travail pour toutes les personnes travaillant correctement en Suisse, y compris les sans-papiers.

Ils sont également favorables à une naturalisation plus facile pour les étrangers de la deuxième génération et à une naturalisation quasi automatique pour ceux de la troisième génération. Le parti souhaite une politique d’asile efficace et équitable ; éventuellement aussi des quotas de réfugiés, comme le demande le HCR. Enfin, le parti souhaite que le gouvernement fédéral soutienne les organisations et associations à but non lucratif dans le domaine de la migration.

PPE : pour la lutte contre la pauvreté sur le terrain

A la mi-septembre, le PPE a adopté une résolution intitulée « 10 thèses sur la politique de migration »29, dans laquelle il recommande d’utiliser la marge de manœuvre existante en matière de libre circulation des personnes afin de maîtriser les effets négatifs. Comme d’autres partis et comme le chef du département, le PPE demande des procédures d’asile plus rapides et plus de ressources pour l’exécution des expulsions. La coopération en matière de migration et la coopération au développement devraient être liées et l’aide au retour devrait être étendue. Le parti ne veut pas d’une amnistie générale pour les sans-papiers, mais dans certains cas, un permis de séjour devrait être accordé, surtout si des enfants et des jeunes scolarisés sont concernés. Les chrétiens persécutés devraient se voir accorder l’asile. Et, comme par le passé, les quotas devraient être admis de temps en temps en dehors de la procédure d’asile. L’intégration signifie exiger et encourager, un permis d’établissement ne devrait être accordé que sur présentation d’une preuve d’intégration, l’État offrant en contrepartie des cours et d’autres aides. La naturalisation devrait être facilitée pour les deuxième et troisième générations. L’initiative d’expulsion est inefficace car la plupart des crimes sont commis par des étrangers sans permis de séjour. Ceux qui ont des perspectives dans leur pays d’origine ne prennent pas le risque d’émigrer, c’est pourquoi la Suisse devrait porter sa coopération au développement à 0,7 % de son PIB.

UDE 30 : pour une intégration volontaire

L’UDE s’engage en faveur d’une Suisse humanitaire qui apporte une aide aux personnes dans le besoin. Elle s’oppose à la régularisation des Sans-Papiers. Les immigrants illégaux et ceux qui n’ont pas de véritables motifs d’asile devraient être systématiquement expulsés. La position de l’UDE sur l’intégration est la suivante : « Selon l’UDE, l’intégration ne signifie pas nier ou rejeter ses racines ou son identité, mais simplement accepter et respecter consciemment et volontairement le mode de vie et les règles du jeu du pays d’accueil, ainsi que faire un effort actif pour communiquer dans la langue du pays d’accueil sous sa propre responsabilité ». L’intégration ne peut pas être imposée d’en haut, mais doit être poursuivie de manière volontaire, le pays d’accueil devant créer des conditions cadres appropriées. Dans le pays d’accueil, la liberté de croyance et de religion doit s’appliquer dans le cadre de la constitution et de la loi.

Un problème croissant dans la rencontre avec d’autres cultures est l’insuffisance de l’identité propre des Suisses. « C’est pourquoi, selon l’UDE, un engagement clair en faveur de la fondation chrétienne et d’une vie active et crédible de la foi chrétienne dans le Dieu de la Bible par notre peuple et notre société est la seule réponse efficace à l’islamisation croissante de l’Europe et de la Suisse ». Elle préconise donc le renforcement de sa propre identité comme « une condition préalable à la capacité d’intégrer les étrangers ; le manque d’identité provoque l’insécurité et la peur de l’étranger ». Il prévoit des cours de langue et d’intégration pour les immigrés, un soutien actif à l’intégration des secondsos dans la vie scolaire et professionnelle, et des accords d’intégration facultatifs.

Évaluation

L’UDC : difficile comme prévu

Comme prévu, l’UDC adopte la position la plus dure à l’égard des demandeurs d’asile et des étrangers ; elle ne veut pas non plus leur accorder de soutien dans la procédure d’asile suisse compliquée. Dans l’ensemble, leur attitude envers les étrangers est dominée par le scepticisme et la méfiance, ce qui correspond probablement à l’état d’esprit d’une grande partie de la population sur cette question. A ce stade, il convient de faire quelques remarques sur le style de l’UDC : la force du parti réside dans ses déclarations et ses polémiques, mais cela se fait souvent au détriment de la précision. Ainsi, elle fait de nombreuses affirmations sans les étayer. Juste deux exemples : « De plus, les organes judiciaires sapent délibérément les réglementations légales et même la volonté du peuple » 31 et « Les enquêtes montrent : Plusieurs millions de personnes voudraient immigrer en Suisse » 32. Ce sont deux affirmations audacieuses qui ne sont pas fondées. Qui a réalisé ce sondage et interrogé des millions de personnes désireuses d’immigrer ? En matière de statistiques, les citoyens naturalisés sont considérés au mieux comme des demi-Suisses par l’UDC, comme en page 53, où elle parle de la proportion d’étrangers en Suisse : « Sans les naturalisations en masse de ces dernières années, le chiffre atteindrait 34,3% ». Là, au moins, la vérité est grattée.

SP : proche de la Bible

Le PS reconnaît qu’il existe certains problèmes dans le domaine de l’asile et des étrangers, par exemple en matière de criminalité. Toutefois, elle n’en voit pas les causes dans leur origine, mais dans les moyens et les possibilités plus faibles de ces personnes, ou dans les problèmes structurels. Elle ne considère pas nécessairement les migrants comme un groupe distinct, mais simplement comme une partie (souvent plus faible) de la société, et dans cette société, que les sociaux-démocrates s’efforcent d’instaurer, chacun devrait se voir accorder les mêmes droits et les mêmes possibilités dans la mesure du possible. Le PS se positionne ainsi à proximité de la position biblique.

CVP : copie affaiblie de l’UDC

Les positions du CVP et du FDP diffèrent de celles de l’UDC, principalement en ce qui concerne la libre circulation des personnes, que le premier considère de manière positive et ne veut pas changer.

Sinon, cependant, le document du PDC semble être une copie affaiblie et moins claire du programme de l’UDC, même s’il contient quelques propositions en faveur des migrants. Au moins, le PDC prévoit également une aide accrue dans les régions d’origine, ce qui ne figure pas dans le programme de l’UDC et du FDP.

FDP : à peine conforme à la Bible

Le FDP, pour sa part, juge les immigrants principalement en fonction de leur intérêt économique pour la Suisse et veut donc limiter sévèrement l’immigration en provenance de pays tiers. Cela est compréhensible au vu de leur devise « Pour l’amour de la Suisse », mais ne peut guère être concilié avec une image biblique de l’homme et de l’étranger. Les positions du FDP sur la politique d’immigration ont également été controversées au sein du parti après leur annonce. Le conseiller national vaudois Claude Ruey, par exemple, a déclaré que le concept était « éthiquement répréhensible ». On pourrait le résumer comme suit : « Les étrangers sont une nuisance – à moins qu’ils ne nous profitent économiquement. Il faut donc tout faire pour qu’il ne vienne pas en Suisse » 33.

Les Verts : une politique migratoire compatissante

Les Verts ont les positions les plus libérales en matière de politique migratoire de tous les grands partis, à côté du PS. Comme le PS, ils considèrent les réfugiés et les sans-papiers avant tout comme un groupe socialement vulnérable ayant besoin d’aide et de soutien, et comme un atout potentiel plutôt que comme un problème pour la Suisse. En d’autres termes, ils représentent également ce que l’on peut appeler une politique migratoire compatissante.

PPE : percevoir les zones de tension

Les positions du PPE sont en partie similaires à celles du CVP et du FDP, par exemple sur les procédures d’asile, la libre circulation des personnes et l’intégration. Sur d’autres points, elle est clairement plus sociale : elle adopte une vision différenciée du problème des sans-papiers, même si ses propositions à cet égard sont probablement difficiles à mettre en œuvre. Comme les Verts, le PPE met en discussion les quotas de réfugiés, et il est le seul parti à placer l’augmentation de l’aide au développement dans le contexte de la question des migrations. Il identifie également à juste titre la tension entre la politique de migration, qui concerne principalement les immigrants dans le cadre de la libre circulation des personnes et des réfugiés en vertu de la loi sur l’asile, et la réalité selon laquelle de nombreux immigrants de pays tiers cherchent du travail et des perspectives dans notre pays. Il faudrait ici réfléchir davantage, car pour cette zone de tension, à ma connaissance, aucun parti politique n’a encore de solution, tout aussi peu que l’exécutif (par exemple l’Office fédéral des migrations).

L’UDE : difficile mais intéressant

L’UDE a une position dure sur la politique d’asile. En matière d’intégration, cependant, elle met en jeu une approche intéressante et différenciée (voir ci-dessus). Il convient également de considérer l’affirmation selon laquelle le manque d’identité de la part des Suisses est l’un des problèmes et que le renforcement de sa propre identité est une condition préalable à l’intégration réussie de personnes issues d’autres cultures. Il serait passionnant d’approfondir ce sujet : Est-il réaliste d’espérer un retour de notre société post-chrétienne aux fondements de la foi chrétienne, comme le fait l’UDE ? Sinon, sur quoi d’autre les Suisses peuvent-ils raisonnablement fonder leur identité aujourd’hui ?

Conclusion : les chrétiens doivent s’engager à la miséricorde

Bien entendu, on ne peut pas s’attendre à ce que les partis « laïques » représentent nécessairement les valeurs bibliques dans la politique migratoire ou dans d’autres domaines. Les textes bibliques sur l’étranger, les étrangers et notre propre identité nous provoquent d’abord, nous les chrétiens, et nous interpellent : sommes-nous prêts à considérer notre origine suisse non pas comme un acquis à défendre contre les étrangers avides, mais comme une bénédiction donnée ? Et, de plus, comme un arrangement provisoire ? Pourquoi de nombreux chrétiens ont-ils peur des immigrants musulmans en particulier ? Cela a-t-il un rapport avec l’absence d’identité mentionnée par l’UDE ? Sommes-nous capables, surtout envers les étrangers du secteur de l’asile, de corriger nos préjugés et de les voir sous un jour aussi positif que la Bible et surtout que Dieu lui-même le fait 34 ?

Enfin, il serait important que les chrétiens s’impliquent politiquement dans ce domaine, car nous sommes encore loin d’une politique migratoire humaine. Par exemple, l’expression froide et nette « mieux » ou « exécution plus rapide des expulsions » utilisée par plusieurs parties cache le fait choquant que des personnes sont détenues jusqu’à 24 mois uniquement en raison de leur statut de résident non légal, et sont parfois expulsées vers leur pays d’origine sans leur famille 35.

Existe-t-il une solution simple pour ceux qui ne sont pas autorisés à rester mais qui ne peuvent pas revenir de leur point de vue ? Probablement pas, mais d’un point de vue biblique, la solution ne réside certainement pas dans un nouveau durcissement de la loi, comme le suggèrent les partis bourgeois de droite.

Martin Züllig, 11 octobre 2011

 

 


1 : http://www.bibelwissenschaft.de/nc/wibilex/das-bibellexikon/details/quelle/WIBI/zeichen/f/referenz/18557/cache/462415bb459abafc2b1998897b816779/ <05.09.2011>

2 : Ex 12:49 ; Ex 9:14 ; Ex 15:29-31

3 : Ex 20:10

4 : 3Mo 17 ; 3Mo 18:26

5 : 3Mo 25:35

6 : http://www.bibelwissenschaft.de/nc/wibilex/das-bibellexikon/details/quelle/WIBI/zeichen/f/referenz/18557/cache/462415bb459abafc2b1998897b816779/ <05.09.2011>

7 : Ex 22:20 ; Ex 23:9 ; Dt 23:16, Dt 24:19 et autres lieux.

8 : 3Mo 19:10 ; 3Mo 23:22 ; 5Mo 24:19-20.

9 : 5Mo 26:12-13.

10 : Ex 23:9 ; Dt 19:33-34 ; Dt 10:19 ; Dt 24:18.

11 : 3Mo 25:23

12 : 1 mois 26:3 ; 1 mois 35:27 ; 1 mois 47:9 ; 2 mois 2:22

13 : 2Sam 22:44-46

14 : 2 Chroniques 2:16-17

15 : Ésaïe 1:7 ; Jérémie 5:19 ; Jérémie 8:10, Jérémie 32:29 ; Ézéchiel 7:20-21, etc.

16 : Jer 7:5-7 ; Mal 3:5

17 : Hébreux 11:9-10

18 : Hébreux 11:13-16 ; voir aussi Hébreux 13:14.

19 : 2Cor 5:6-8.

Le terme diáspora, utilisé en grec, est maintenant aussi utilisé dans certains endroits pour désigner les communautés ethniques vivant à l’étranger, par exemple « la diaspora tamoule en Suisse ». Cf. par exemple Par exemple, les « études sur la diaspora » de l’Office fédéral des migrations.

21 : 1Petr 2:11

22 : Lk 10,25-37

23 : Mt 25:31-46

 

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La famille est une valeur chrétienne importante et, ces dernières années, elle est enfin revenue sur le devant de la scène politique. Au cours de la prochaine législature, l’imposition des familles sera vivement débattue. Avant les élections, différents partis tentent de s’imposer comme des partis familiaux. La valeur de la famille doit être à nouveau renforcée, la cohésion doit être promue et la charge de la famille doit être réduite.

Des approches insuffisantes

Diverses études montrent que les familles sont aujourd’hui les plus exposées au risque de pauvreté en raison des coûts élevés liés au fait d’avoir des enfants. En 2007, le taux de travailleurs pauvres dans les familles avec trois enfants ou plus était de 15 %, soit trois fois la moyenne de l’ensemble des personnes concernées. Les familles reçoivent donc une aide sociale beaucoup plus souvent que la moyenne. Aujourd’hui, 20 % des enfants de la ville de Bienne sont des bénéficiaires de l’aide sociale. Les approches précédentes visant à alléger le fardeau des familles n’ont donc pas été suffisamment ambitieuses.

Soutenir les familles ou démanteler l’État ?

Les réductions d’impôts à l’aide de déductions sur le revenu imposable allègent le fardeau des mauvaises personnes et ne sont d’aucune utilité pour les familles dont le budget est serré. Après tout, ils paient déjà très peu d’impôts fédéraux aujourd’hui. Le PDC exige que les allocations familiales ne soient plus imposées. Mais cela ne profiterait guère non plus aux familles pauvres, alors que les familles plus riches en tireraient un grand avantage grâce à la fiscalité progressive. Dans une nouvelle initiative, l’UDC demande une déduction sur le revenu imposable pour les parents dont l’un d’eux reste à la maison. Là encore, ceux qui en ont le plus besoin n’en bénéficient pas du tout.

Si nous voulons réduire les impôts, il faut une déduction forfaitaire par enfant sur le montant imposable, et c’est particulièrement important pour les impôts cantonaux, car là, les impôts sont vraiment ressentis par les personnes à faibles revenus.

Parfois, les allègements fiscaux accordés à la famille servent également d’alibi à une réduction d’impôt forfaitaire. Les réductions d’impôts sont populaires, c’est pourquoi elles sont souvent proposées comme une panacée. Cependant, les réductions d’impôts entraînent généralement aussi une pénurie de recettes fiscales et, plus tard, une réduction des prestations sociales par habitant, ce qui touche très souvent les familles.

De quoi les familles ont-elles besoin ?

Certains politiciens veulent promouvoir la famille en essayant d’empêcher que les tâches familiales soient déléguées à l’État. Oui, les enfants trouvent généralement la meilleure sécurité dans la famille. Mais ce dont nous avons besoin, c’est d’une politique qui rende vraiment possible la vie de famille. Les parents doivent être libres de passer du temps de qualité avec leurs enfants.

Le premier objectif doit être que les enfants puissent être pris en charge par leurs propres parents. Il doit être possible pour l’un des parents d’être à tout moment à la maison avec les enfants (que la mère ou le père soit moins important). Cela est particulièrement important dans les premières années de la vie, lorsque la confiance de base, la stabilité intérieure et la « base solide » sont développées. Aujourd’hui, la prise en charge par la famille élargie (grands-parents, etc.) n’est plus possible pour tout le monde, en raison de la mobilité professionnelle requise et de la difficulté de trouver un appartement à l’endroit souhaité. Les parents ne devraient pas avoir à travailler plus de 100 % lorsqu’on les additionne.

Possibilités de mise en œuvre

Pour y parvenir, les conditions suivantes sont nécessaires :

1. un salaire suffisant pour une famille

Dans de nombreux secteurs de l’économie, les salaires sont si bas que les deux parents doivent travailler. Dans ce cas, il faut augmenter les salaires des groupes à faibles revenus en favorisant les conventions collectives et les salaires minimums.

2. permettre le partage de l’emploi

Pour que les deux parents puissent participer à l’éducation des enfants, il faudrait que les employeurs repensent quelque chose : le travail responsable devrait également être possible dans le cadre du travail à temps partiel. Aujourd’hui, de nombreux parents n’osent pas réduire leur enfance ou interrompre leur carrière parce qu’ils perdraient autrement le contact.

3. augmenter les allocations familiales

C’est la méthode la plus directe. Le Conseil fédéral et les deux chambres du Parlement estiment toutefois que les moyens financiers sont insuffisants et qu’il s’agit d’un principe d’arrosoir indésirable. Ce bilan contraste fortement avec les réductions d’impôts demandées par ces mêmes organismes, qui visent à supprimer des milliards d’euros de taxes, ce qui est un principe d’arrosoir puissant…

4. permettre les soins à domicile

Au lieu de financer aveuglément des crèches pour tous, comme le souhaite le PS, une partie de cet argent devrait être versée sous forme d’allocation de garde d’enfants aux parents qui restent à la maison pour certains de leurs enfants. Cette approche a déjà été testée avec succès en Allemagne.

5. crédit de garde d’enfants à l’AVS et à la caisse de pension

Si une personne ne travaille pas pendant un certain temps pour s’occuper de ses enfants, elle tombe dans un trou en ce qui concerne la prévoyance vieillesse (AVS, caisse de pension). Cela ne doit pas se produire. La garde d’enfants doit être considérée comme un travail au même titre, même si personne ne la paie !

6. des horaires de travail favorables à la famille

Depuis les années 1990, la flexibilisation du temps de travail s’est accrue. Pour des « raisons d’économie », le travail du soir, de nuit et du dimanche a été massivement étendu. La vie familiale en souffre, comme je l’ai vu de près lorsque j’étais secrétaire syndical. Nous devons nous opposer à toute nouvelle déréglementation des heures de travail et d’ouverture des magasins, sinon nous sacrifierons les familles sur l’autel de l’économie et de la consommation sans frontières.

7. de grands appartements pour les familles

Le gouvernement fédéral devrait promouvoir la construction de grands appartements au lieu de réduire les subventions aux coopératives, qui aujourd’hui construisent surtout des maisons familiales. En outre, des mesures juridiques sont nécessaires pour faciliter l’accès des familles aux grands appartements ou aux prêts immobiliers. En effet, les propriétaires et les prêteurs hypothécaires préfèrent les doubles revenus sans enfants aux familles car ces dernières représentent un « risque » financier plus important.

8. les primes d’assurance maladie

Les enfants doivent être assurés gratuitement. L’assurance de base peut être un peu vidée, mais il faut surtout introduire des primes liées au revenu.

9. vérification de la compatibilité familiale

Une évaluation de l’impact sur la famille pourrait être introduite pour les décisions politiques. Un tel test aurait été efficace, par exemple, dans le cas de la décision de la conseillère fédérale Burkhalter de ne pas faire payer les lunettes pour enfants par les caisses d’assurance maladie.

Une véritable politique familiale n’a pas besoin en premier lieu de réductions d’impôts, mais plutôt de facilités. Cela signifie également restriction et partage. Et pour se débarrasser de la peur de « l’État ». Notre société est-elle prête pour cela ?

 

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Il est récemment devenu à la mode de se moquer des contribuables qui paient les impôts en toute honnêteté. L’évasion fiscale et la fraude fiscale sont aujourd’hui considérées comme des pécadilles, voire comme un droit humain1.

Il est triste de constater que même des chrétiens entonnent ce refrain. J’ai dernièrement entendu quelqu’un défendre le secret bancaire en arguant que les autres pays étaient, entre autres, eux-mêmes coupables de l’évasion fiscale commise par leurs ressortissants –  en fin de compte, ils n’avaient qu’à ne pas percevoir des impôts aussi élevés ! (Remarque : le secret bancaire en Suisse permet aux ressortissants d’un autre pays de pratiquer l’évasion fiscale par le fait qu’en cas de soupçon d’évasion fiscale, ce pays ne peut pas obtenir d’entraide administrative et judiciaire). N’est-il pas présomptueux et injuste de faire un bénéfice grâce à des personnes pratiquant l’évasion fiscale dans d’autres pays si ceux-ci ont défini leurs taux d’imposition de manière démocratique ?

Un conseiller national chrétien a lui aussi tenu des propos choquants récemment. Interrogé sur ce qu’il trouvait particulièrement précieux de préserver en Suisse, il a loué le système fiscal suisse qui n’oblige pas simplement le contribuable à payer les impôts, mais lui permet plutôt de payer le montant de son choix2. Quel manque total de responsabilité lorsque même des conseillers fédéraux et d’autres personnalités de premier plan soufflent dans la même trompette et présentent les impôts comme quelque chose que l’on ne paie que lorsqu’on est satisfait de leur montant. Ainsi, Kaspar Villiger a dit : « Lorsque le prix des services publics est raisonnable, les gens sont prêts à payer des impôts ». Et lorsque l’Etat n’agit pas exactement selon ma compréhension de la justesse – suis-je donc en droit de refuser de m’en acquitter ? Les politiciens bourgeois s’efforcent aujourd’hui par tous les moyens de faciliter la tâche à qui souhaite éluder les impôts. Parmi les moyens dont ils disposent figurent :

·        L’exacerbation de la concurrence fiscale (entre communes, cantons et nations).

·        L’octroi d’allègements fiscaux destinés à attirer les multimillionnaires et entreprises. Il s’agit souvent de cas très peu transparents3, qui violent les principes fondamentaux de l’égalité devant la loi4.

·        Le refus de combler les lacunes importantes en matière fiscale.

·        Le secret bancaire : il constitue une injustice particulière, puisque nous permettons ainsi à des ressortissantsd’autres pays de s’adonner à l’évasion fiscale.

Quel état d’esprit trouve-t-on derrière cette attaque en règle contre toute morale fiscale digne de ce nom, aussi minimale soit-elle ? D’abord, le fait que tous – les pauvres aussi bien que les gens aisés – trouvent difficile de payer des impôts. C’est compréhensible et il n’y a pas lieu de les critiquer. Mais un tout autre facteur entre ici en jeu. C’est, en premier lieu, une quête acharnée de l’argent – une recherche qui ne permet ni répit ni générosité.

L’une des raisons fondamentales au dédain actuel face aux impôts est le fait que les citoyens ne se perçoivent plus comme faisant partie intégrante d’une collectivité : ils ne ressentent plus de lien d’appartenance à leur pays, ni le fait que leur richesse n’aurait pas vu le jour sans l’entremise de nombreuses autres personnes, ni même qu’ils tirent des avantages considérables des prestations de l’Etat. C’est ici la perception de l’Etat dans son ensemble qui a changé. Il nous faut donc recommencer à zéro…

Dominic Roser et Markus Meury, Octobre 2005

 


1. P.ex. Phil Gramm, Président adjoint d’UBS Warburg : « Les banquiers suisses sont de grands bienfaiteurs de l’humanité (…). Ils ont protégé non seulement la fortune des hommes, mais aussi leur liberté. La possibilité donnée à l’homme de déplacer son argent dans le but de le protéger (…) constitue l’une des libertés fondamentales de l’être humain sur cette planète » (voir « Guide général sur l’évasion fiscale », disponible sur www.ladb.ch). (Remarque à ce sujet : le sénateur républicain Phil Gramm se place, par ces propos, en nette opposition à la Bible, Dans la loi donnée à Moïse, le droit à la propriété ne bénéficiait nullement d’une protection absolue).

2. S’agissant de la question : « Quelle est la particularité de notre Etat suisse que nous tenons à préserver ? » : «  Nous avons une patrie qu’il vaut la peine de préserver. Nous détenons aujourd’hui encore des réglementations uniques en leur genre. C’est le cas également de notre droit fiscal : en Suisse, l’Etat confie au citoyen le soin d’indiquer lui-même sur sa déclaration d’impôts combien il gagne et à combien se chiffre sa fortune. Il imposé après coup sur la base des données fournies, selon des taux d’imposition qu’il définit lui-même. En bref : l’Etat laisse au citoyen son revenu, et celui-ci dit : je veux payer tant d’impôts. Dans d’autres pays, l’Etat prend au citoyen la part de son revenu dont il pense avoir besoin, et les taux d’imposition ne sont pas déterminés par le peuple par un processus de démocratie directe ». (Voirwww.jesus.ch/index.php/D/article/151-Schweiz/26051-30_Jahre_-_und_kein_bisschen_heiser:_Die_EDU_ersehnt_eine_bessere_Demokratie)

3. A l’automne 2005 dans le canton de Berne, le fait que même les parlementaires cantonaux ont eu de la peine à savoir quelles entreprises bénéficiaient d’un soutien, a fait parler de lui. Lorsqu’ils ont ensuite pu consulter la liste, même les politiciens bourgeois étaient étonnés du nombre élevé d’allègements fiscaux consentis (voir « Der Bund » du 08.09.2005).

4. Voir sur ce thème, sous www.christnet.ch, le texte « Imposition forfaitaire pour étrangers fortunés » et le courrier correspondant adressé à des conseillères et conseillers nationaux sélectionnés.

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