~ 5 min

Exposé de Hanspeter Nüesch lors de la ConférenceChristNet 2007 « La Suisse – connue pour sa générosité ? ».

 

J’habite dans un village de 100 habitants. Parmi eux, plus de 70 sont pauvres. A peu près 30 d’entre nous ont une situation variable mais que l’on peut qualifier de bonne. Les sept personnes les plus riches dépensent à elles seules deux tiers de l’argent à disposition. Elles consomment la moitié des ressources énergétiques dont dispose la commune. Elles sollicitent les services du médecin de village plus de 330 jours par an, si bien qu’il ne lui reste que 30 jours pour s’occuper des 93 autres habitants. Et à l’avenir, les sept personnes aisées s’enrichiront encore et les 93 pauvres s’appauvriront.

« Mon village », c’est le monde en miniature. Parmi les personnes ici présentes, la plupart, si ce n’est toutes, font partie des 7 % de riches. Et le fossé entre nous autres, Suisses privilégiés, et la majeure partie de la population mondiale se creuse chaque année un peu plus. En moyenne, un pasteur gagne au moins 4500 francs par mois en Suisse, en Russie ce chiffre passe à 450, soit un dixième, en Chine il tombe à 150 francs, soit un trentième, et à Cuba à 45 francs par mois, soit un centième de ce que touche un pasteur suisse. Le travail que nous menons depuis des années avec plusieurs centaines de pasteurs exerçant dans ces pays nous permet d’affirmer que ces chiffres correspondent à la réalité. .

Si le village que nous venons de décrire était le vôtre, vous feriez certainement quelque chose pour lutter contre ces inégalités au niveau des richesse ? Comme ces problèmes touchent les habitants de pays lointains tels que le Rwanda ou Cuba, nous nous sentons souvent moins concernés. Il faut que ça change.

S’il est un thème maintes fois évoqué dans l’Ancien Testament au point d’y occuper une place prédominante (à côté de l’idolâtrie), c’est bien celui de l’urgence face à la pauvreté et le point de vue de Dieu par rapport à l’injustice. Dans l’Evangile de Luc, un verset sur sept est consacré à la gestion correcte et responsable des biens qui nous sont confiés. Le sermon sur la montagne révèle une inversion des valeurs dominantes (Matthieu 5.3-12) : les riches en tous genres, les personnes infatuées ou satisfaites d’elles-mêmes, les personnes influentes et celles qui se croient cool ne sont soudain plus aussi cool aux yeux de Dieu. Au contraire, Jésus fait l’éloge des catégories de personnes qui peinent à trouver un emploi sur le marché suisse du travail : ceux qui se sentent pauvres, faibles et dépendants de Dieu, ceux qui se tiennent en retrait, ceux qui sont modestes, les doux qui donnent toujours la priorité aux autres et préfèrent tendre l’autre joue plutôt que de renvoyer les coups. Jésus ajoute qu’au travers des pauvres et des déshérités, c’est lui-même que nous rencontrons. « Ce que vous avez fait au moindre de mes frères, c’est à moi-même que vous l’avez fait », ou pas fait justement (Matthieu 25.40-43).

Jésus a fait du double commandement d’aimer  – aimer Dieu de tout son cœur et son prochain comme soi-même (Matthieu 22.37-40) – le commandement le plus important pour ses disciples. On ne peut pas aimer Dieu sans aimer son prochain. Et on ne peut pas aimer son prochain sans démontrer l’amour par des gestes pratiques. Paul souligne le fait que l’amour de Dieu se répand dans nos cœurs à travers l’Esprit Saint qui nous a été donné (voir Romains 5.5). Les Chrétiens remplis de l’Esprit Saint témoignent de leur amour en aidant pleinement leurs semblables. Ce qui implique également de les conduire à Jésus. C’est là la plus grande preuve d’amour. Mais ce n’est pas la seule. L’amour de Dieu doit aussi se manifester de manière concrète. Donner des preuves d’amour concrètes à ceux qui sont dans le besoin, c’est leur apprendre à connaître Dieu et son amour. Nos actes ont plus d’effet que nos paroles, mais ils doivent malgré tout être accompagnés d’explications afin de permettre aux hommes de comprendre la source de l’amour et de se tourner directement vers cette source divine.

Le premier fruit de la présence de l’Esprit Saint, c’est l’amour (Galates 5.22). Qu’ont fait les premiers Chrétiens après avoir été remplis de l’Esprit Saint et transformés le jour de Pâques ? Ils ont tout partagé entre eux. Les plus riches ont vendu leurs biens afin de partager le produit avec les plus pauvres (Actes 2.44). Jim Wallis explique dans God’s Politics que notre pauvreté spirituelle est directement liée à notre faible propension au partage et que la clef pour en sortir se trouve dans un engagement en faveur des pauvres et de la justice sociale. Jim Wallis déclare: « La question n’est pas que quelques personnes agissent en faveur d’autrui, mais que nous parvenions tous à la guérison ».

Une guérison complète, c’est ainsi que Jésus a décrit sa mission dans Luc 4.18 : « L’Esprit du Seigneur repose sur moi parce qu’il m’a désigné par l’onction pour annoncer une bonne nouvelle aux pauvres. Il m’a envoyé pour proclamer aux captifs la libération, aux aveugles le recouvrement de la vue, pour apporter la délivrance aux opprimés et proclamer l’année de grâce accordée par le Seigneur ». Et Jésus nous a donné à nous, ses enfants, la même mission : « Comme mon Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie » (Jean 20.21). A la différence fondamentale qu’il est bien évidemment le seul à avoir pu racheter nos pêchés par sa mort. Seul Jésus a pu offrir une vie nouvelle à Lazare. Cependant, il nous confie une tâche : celle de libérer Lazare de son linceul.

Demandons-nous: où se trouvent ceux qui, prisonniers de plusieurs linceuls,, se trouvent privés de la liberté que le Christ a promise à tous les hommes ? Peut-être s’agit-il de pauvreté matérielle, peut-être de structures injustes, peut-être de formes d’oppression, peut-être d’abus commis par ceux qui détiennent le pouvoir, peut-être de catastrophes. Qui sait, peut-être nous retrouverons nous un jour à la place de ces pauvres, de ces prisonniers et opprimés qui dépendent de l’aide de leurs frères et sœurs ?

Et la Suisse

La Suisse est riche, très riche, du moins sur le plan matériel. Elle a pour mission de partager sa richesse avec le reste du monde. Elle a au moins autant besoin de donner que les pauvres ont besoin de recevoir. Celui qui donne se bénit lui-même. Notre pauvreté spirituelle est également due au fait que nous ne mettons pas nos dons au service des autres. Quelle bénédiction ce serait pour la planète si nous utilisions généreusement les talents dont nous avons été dotés pour apaiser la misère dans le monde (voir Matthieu 25) ! Un franc suisse a tellement plus de valeur à l’étranger. Je rejoins Scott MacLeod (Le Lion de lumière) lorsqu’il affirme que Dieu nous a donné, à nous autres Suisses, le don de la charité. Seulement, nous n’exploitons ce don que de façon très insuffisante. Au sein de Campus pour Christ, nous nous sommes plus d’une fois rendu compte que lorsque nous étions dans des impasses sur le plan matériel mais que nous poursuivions malgré tout nos efforts pour les nécessiteux de Cuba, de la Corée du Nord, de Russie ou encore du Rwanda, Dieu lui-même nous aidait à ressortir de la misère. Nous avons souvent eu l’impression de recevoir davantage que ce que nous avions donné, non pas sous forme de biens matériels, mais de biens spirituels. Donner aux pauvres, c’est donner à Dieu. Or, « nous ne donnerons jamais trop à Dieu ». D’une manière ou d’une autre, il nous rend toujours plus que ce que nous donnons aux pauvres et donc à lui. Nous serions vraiment sots de ne pas commencer à donner généreusement, au cas où nous ne l’aurions pas fait jusqu’à présent.

« Donnez, et il vous sera donné : on versera dans votre sein une bonne mesure, serrée, secouée et qui déborde ; car on vous mesurera avec la mesure dont vous vous serez servis ». Luc 6, 38

Il y a 25 ans, des personnes partageant les mêmes convictions ont constaté que des courants spirituels partaient de la Suisse vers les quatre coins du monde. Cette vision des choses m’a fortement marqué dans mes activités de coordinateur de projet. Plus que jamais, je suis persuadé que notre pays a les moyens de contribuer grandement à accomplir au cours des prochaines années et dans le monde entier la mission de Jésus-Christ. Cependant, nous autres Suisses devons partager notre richesse avec les miséreux dans le monde de manière bien plus généreuse que par le passé. Je pense qu’un renouveau spirituel sera alors plus proche que jamais dans notre pays.


Photo by Elaine Casap on Unsplash

~ < 1 min

L’écologie est devenu un thème omniprésent. Il est de plus en plus clair que notre mode de vie a un impact durable sur les plus pauvres et les générations futures. Comment se positionner alors en tant que chrétiens ? Comment relever ces défis dramatiques sans nous laisser animer par le catastrophisme et la peur ?

Voilà les questions dont traite le ChristNetInput « Après nous le déluge » : interventions du Forum du même nom (automne 08), une interview et des liens pour aller plus loin.

 

 ChristNet_deluge

~ 2 min

La crise financière, surtout en Suisse, est aussi une crise de la foi : qui vient en premier, Dieu ou Mammon ?

Même peu de temps avant la grande crise, le Conseil fédéral et les milieux proches des banques pensaient que la crise passerait à côté de la Suisse. Et selon le baromètre des préoccupations du Credit Suisse de septembre 2008, les banques (après la police et le Tribunal fédéral) ont le troisième niveau de confiance de la population parmi toutes les institutions. Dans probablement aucun autre pays du monde, les banques n’ont autant de pouvoir qu’en Suisse. Cela explique aussi pourquoi l’UBS a été renflouée à hauteur de plus de 60 milliards de francs en une nuit sans discussion parlementaire et sans aucune condition, comme c’est rarement le cas dans le reste du monde occidental. Notre gouvernement n’a même pas pris de participation dans le capital de la banque pour pouvoir influencer la façon dont elle fait des affaires, mais a simplement « éliminé les déchets ».

C’est un signal dévastateur pour les banques : continuez à spéculer, nous vous aiderons si ça ne marche pas. La façon précédente de faire des affaires est ainsi confirmée. Cependant, sur le plan économique et moral, cette situation est destructrice. En outre, le siège de la société créée pour le renflouement a été déplacé vers le paradis fiscal des îles Caïmans. C’est aussi un signal moral.

Dans le même temps, l’UBS était l’une des banques les plus touchées au monde, avec 60 milliards de francs de pertes, et l’un des plus grands spéculateurs sur le marché des subprimes à haut risque. On savait depuis 2005 que la bulle immobilière aux États-Unis allait éclater. Mais dans la course à des rendements encore plus élevés, tous les investisseurs et les banques ont fermé les yeux et espéré s’en tirer à bon compte ou pouvoir s’en sortir à temps. C’était comme à la roulette, où tout est mis en jeu à chaque nouveau tour. La croyance en Mammon était plus grande que la vérité. En achetant des obligations de pacotille, le Conseil fédéral a poursuivi cette conviction : La croyance que le prix de ces actions désormais sans valeur finirait par remonter et que nous ne perdrions rien.

L’UBS elle-même se défend aujourd’hui contre une loi visant à renforcer sa base d’équité, même si c’était son problème. Elle n’a rien appris et veut continuer à suivre un cours à haut risque. Pas plus tard qu’en décembre, l’actuel nouveau PDG de l’UBS, Oswald Grübel, a déclaré que la crise n’avait rien à voir avec un risque excessif ou de mauvaises incitations sous forme de primes.

La crise financière est donc aussi une crise de foi : voulons-nous continuer à croire à l’augmentation de la richesse ou voulons-nous poursuivre d’autres objectifs ? Après tout, une grande partie de la valeur créée n’était que virtuelle. Soudain, des billions de francs avaient disparu dans le monde entier. Cela me rappelle fortement Matthieu 6.19 : « Ne vous amassez pas des trésors sur la terre, où les mites et la rouille corrompent, et où les voleurs percent et volent ». Nous ne devrions pas non plus être comme le riche céréalier qui a construit des granges de plus en plus grandes et qui a vu son âme revendiquée du jour au lendemain (Luc 12.16-21).

Markus Meury, chronique dans le magazine Insist, n° 3, avril 2009. www.insist.ch.


Photo by Ben White on Unsplash

~ 4 min

Shane Claiborne écrit dans l’introduction de son livre (titre original : The Irresistible Revolution. Living as an Ordinary Radical) qu’il l’écrit pour des radicaux ordinaires, des gens qui sont radicaux au sens propre du terme, qui veulent aller au fond des choses et ne sont pas satisfaits de l’état actuel de notre monde. Des gens qui soupçonneraient en douce qu’il pourrait y avoir plus que le capitalisme et le « christianisme pop », comme Shane aime l’appeler. Il a dédié le livre à tous les « hypocrites, lâches et fous », comme il en était un, avec l’espoir « que dans ce monde de raccourcis, de tromperies et de morts, nous puissions trouver le chemin, la vérité et la vie ».

« On m’avait enseigné ce que les chrétiens croient, mais personne ne m’avait dit comment vivent les chrétiens. » Cette déclaration encadre son récit. Shane décrit sa recherche de l’orthopraxie, la bonne chose à faire selon l’évangile. Il constate avec consternation qu’il a consommé « toute la gamme des offrandes du complexe industriel chrétien » mais qu’il risque de mourir de faim spirituelle dans le processus. La recherche de ce que signifie être chrétien l’amène dans divers endroits, qu’il s’agisse de cathédrales squattées en Amérique, de maisons vides dans les banlieues, des bidonvilles de Calcutta ou de la zone de guerre de Bagdad. Tout comme ces lieux ne sont pas des lieux glamour, les personnes que Shane rencontre dans sa quête sont également des étrangers à notre société : des perdants, des malades, des impuissants, des sans-abri, des marginaux.

Sa critique à notre égard est simple : il y a beaucoup de chrétiens qui connaissent l’Évangile, mais presque jamais ceux qui essaient de le vivre. Avec Søren Kierkegaard, il nous reproche de « dire que la Bible est en fait très facile à comprendre, mais nous faisons semblant de ne pas comprendre, car si nous comprenions, nous devrions agir en conséquence ».
« Dans la mesure où vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » Avec force, Shane nous renvoie à ce qui est écrit dans Matthieu 25:31-46. D’après cela, Jésus nous rencontre sous la forme de l’affamé, de l’assoiffé, de l’étranger, du nu, du malade et du prisonnier. Et quel que soit le bien que nous leur faisons, nous l’avons fait à Jésus. Shane ne cesse de demander rhétoriquement : « Et si Jésus était sérieux dans ce qu’il a dit ?

En cours de route, Shane participe à une expérience ; il s’installe dans le ghetto de Pennsylvanie avec des amis avec la vision « Aimez Dieu, aimez les gens, suivez Jésus ». Leur modèle est celui des premiers chrétiens de l’église primitive. Bien que Shane écrive qu’ils « n’auraient jamais appris le secret de la manière de parvenir à ne pas se faire de mal », il est touchant de lire les expériences émouvantes qu’ils ont faites avec cette expérience, « The Simple Way ». Selon Shane, l’isolement des riches et des pauvres est l’une des principales raisons de l’existence de la pauvreté. L’une des choses qu’ils veulent faire avec « The Simple Way » est de briser cette séparation entre riches et pauvres. Un christianisme qui ne cherche pas avec insistance le bien-être des personnes défavorisées n’en est pas un. Poussés par l’amour du prochain, Shane et ses amis vivent un petit coin de paradis sur terre et n’ont pas à se remettre en question pour l’éternité.
« La plupart des choses ont été dites beaucoup trop souvent et doivent enfin être vécues. » Avec cette phrase, Shane met son livre en perspective de manière honnête dès le départ. Quiconque lit la Bible les yeux ouverts et le cœur large tombera inévitablement sur les mêmes vérités que Shane. Et pourtant, son livre est important. Comme un encouragement pour nous, « hypocrites, lâches et fous », à qui il est, après tout, dédié. Pour nous encourager à « changer nous-mêmes et nos vies et à nous tourner vers Dieu » ! (Actes 2:38).
A sa manière humble, Shane nous met en garde contre la tentation d’une révolution forte et puissante. Lancer des programmes de croissance toujours plus élaborés dans nos églises avec la grande truelle. Il ne cesse de souligner que la révolution de Jésus a été une révolution douce et, à première vue, peu impressionnante. Avec Mère Teresa, il pense que « ce n’est pas ce que nous faisons, mais l’amour avec lequel nous le faisons qui compte ».

Shane ne veut délibérément pas nous donner de réponses sur la façon de changer nos vies. Il préfère poser des questions. Shane est un talentueux conteur d’histoires. Il raconte toujours ses histoires captivantes avec un clin d’œil, ce qui lui évite d’être pris trop au sérieux. Pourtant, son livre traite sans aucun doute de sujets graves et mortels. En particulier, Shane ne prêche pas un évangile de prospérité ; il fait remarquer que suivre le Christ nous coûtera tout.

C’est pourquoi je suis un peu sceptique quant au fait que Shane soit actuellement très excité dans les cercles chrétiens, ce qui le met personnellement mal à l’aise. Il est facile de se laisser entraîner dans ses histoires. Mais pour que nous restions infectés par cette charité même après la fermeture des couvertures de I Must Be Crazy to Live This Way, il nous faut avant tout une chose : un changement de l’amour que seul Dieu peut donner de cette manière. Et telle doit être notre prière accompagnant ce livre : « Seigneur, laisse-moi par mes actions être témoin de Ton amour dans ce monde sans amour !
Ce faisant, je peux très bien imaginer que Dieu nous appelle aussi à d’autres endroits, comme il l’a fait avec Shane. Mère Teresa disait que c’est chez les riches que l’on trouve la plus terrible des pauvretés : la solitude. Ces « pauvres » ont aussi besoin de vrais chrétiens qui non seulement croient ce que Jésus dit, mais aussi font ce que Jésus fait !

 

~ 5 min

Wolfgang Simson est né en Allemagne et a exercé son ministère dans plusieurs pays. Il a étudié la théologie à Bâle, mais a aussi été chauffeur de taxi. Il a une vision particulière sur la confiance en Dieu qu?il cherche à partager.

Introduction

Tout d?abord une précision : je n?ai pas une vision, mais je suis caractérisé par une vision. Ce n?est pas la même chose. Dieu nous dit de faire certaines choses, mais ce n?est pas à nous de dire à Dieu ce qu?Il doit faire !

Dieu donne trois choses aux hommes : l?amour, la grâce et la bénédiction. Les deux premiers, Il les donne sans conditions. La troisième, la bénédiction est liée à la condition d?obéir Dieu. C?est donc parce que nous suivons la vision de Dieu que nous recevons la bénédiction. Les hommes ne doivent pas inviter Dieu à soutenir leur propre vision.

Trois choses me tiennent particulièrement à c?ur : un retour aux sources historiques de l?Eglise ; l?unité du corps de Christ ; une gestion biblique des finances.

La confiance en Dieu : une expérience à vivre

Commençons par une expérience que j?ai faite en Egypte, au Caire. En début de journée, j?ai parlé dans un bidonville devant 3000 personnes et je devais être à 18 heures à l?autre bout de la ville pour parler dans une Eglise catholique. J?ai donc pris un taxi, le conducteur était plutôt âgé et quand je lui ai donné le billet sur lequel était notée l?adresse, celui-ci est tombé à terre et le chauffeur a démarré. Comme il partait du principe que tous les touristes voulaient aller soit aux pyramides soit au Hilton, et vu qu?il faisait déjà nuit, il m?a conduit au Hilton.

Me voilà donc au Hilton sans savoir où aller. Il ne me restait plus que 15 minutes jusqu?à mon rendez-vous et je ne parlais que deux mots d?arabe. C?est là que j?ai entendu une voix qui me disait que ce n?était pas tout à fait juste. En effet, je savais dire « en avant ! », « chéri », « à droite », « à gauche » et « tout droit ». J?ai reconnu que c?était Dieu qui me parlait et j?ai décidé de lui faire confiance. J?ai donc dit : « En avant, chéri ! » et il est parti. J?ai prié Dieu de me conduire où je devais aller. « Dis-moi à chaque carrefour la direction que je dois prendre et dirai au chauffeur : ?A droite? ou ?A gauche? ! » C?est ce que j?ai fait et après quelques raccourcis, on est arrivés par des petits chemins que seul des personnes du lieu connaissent? Par cette expérience, Dieu m?a appris ce que signifie lui faire confiance.

 

Le royaume de Dieu : la peur n?est plus

Actuellement, nous vivons une époque caractérisé par la peur. Mais Dieu nous dit : « N?aie pas peur petit troupeau. » Le royaume de Dieu est le lieu de la pleine royauté de Dieu. Il faut abandonner notre idée de « démocratie » pour passer à la « théocratie ». Jésus nous y invite. Dans une théocratie, la peur n?a pas de raison d?être, car Dieu nous apporte ce dont nous avons besoin.

Aujourd?hui, je ne suis plus Allemand : mon royaume est celui de Dieu. Je ne suis plus patriote, car le royaume de Dieu est ma patrie. Pour cela, il faut accepter la royauté de Dieu. Ce message est plus difficile à faire passer en Occident que dans d?autres endroits du monde, comme en Asie. Pour les gens là-bas, qui viventsous une dictature, cela a du sens. En Occident, en tant qu?héritiers de mai 68, nous avons tendance à voir le royaume de Dieu d?une manière démocratique et antiautoritaire. « Chercher d?abord le royaume de Dieu et sa constitution », implique avant tout deux choses : accepter la seigneurie de Jésus sur moi et ensuite s?occuper de la constitution de ce royaume. Souvent le mot grec « dikaïosuné » est traduit par « justice », mais c?est vraiment la constitution au sens juridique du terme.

Les gens croient à un Jésus théorique qui les aide mais qui n?est pas le roi de leur vie. Pourtant, le plus important n?est pas ce que l?on dit, mais comment on vit ! Montre-moi comment tu vis et je te dirai ce que tu crois. La première chose à faire est de renoncer à sa peur et de placer sa confiance dans le royaume de Dieu.

 

Voir ou croire ?

Chaque année, une compagnie d?assurance allemande commande une étude sur les sept principaux motifs de peur des Allemands : les Allemands ont en premier lieu peur de l?avenir, du manque d?argent et de l?augmentation des prix. La peur est le maître du monde. L?Allemagne est un pays qui est dirigé par la peur, mais à mon avis, deux pays sont encore pires : le Japon et la Suisse. Nous sommes des fanatiques des assurances et cherchons toujours à assurer notre insécurité.

La foi, elle, va dans la direction opposée. En effet, il existe deux manières de vivre : une vie par la foi et une vie par la vue. Dans le premier type de vie, on reçoit de Dieu ce qu?il faut ; dans le deuxième, on entre dans une logique arithmétique: si je travaille 40 heures, si je fais ci et ça, je recevrai ceci et pourrai payer cela. Même nous, les chrétiens, essayons d?avoir la mainmise sur nos finances. Dieu nous dit pourtant d?arrêter de faire confiance à nos finances. C?est une condition pour entrer dans la vie promise par Dieu.[1] Avec Jésus et son Royaume, nous avons une solution pour notre vie et nos finances.

Conclusion : une économie du partage

La plupart des gens sont esclaves de leur travail et de leurs finances. Dans l?Eglise primitive, les gens ne vendaient pas ce qu?ils possédaient aux autres, ils le partageaient. Nous faisons de même avec notre littérature : elle n?est pas à acheter, mais à lire simplement. Si l?ouvrage ne vous plaît pas, donnez-le plus loin. Mais s?il vous a parlé, donnez-le à dix autres personnes et contribuez ainsi à une économie du partage (« gift economy »). Nous avons créé une fondation pour soutenir ce système afin que la vision de partager sans payer puisse se propager : http://starfishportal.net/ (en allemand).

 

Questions

Pourrais-tu préciser ce que tu entends par « économie du partage » ?

Dans le courant du Nouvel Âge, il y a des festivals qui fonctionnent comme cela, on ne peut rien acheter. Chacun apporte quelque chose et le met en commun, mais cela fonctionne pendant deux semaines. Dieu nous demande de partager ce que l?on a. Aujourd?hui, on a un système bancaire qui n?existait pas au début. Il fallait alors compter sur les autres. Aujourd?hui, nous vivons dans une société de consommation, qui est notamment soutenue par les chrétiens. Toute la chrétienté est basée sur cette consommation commerciale.

Afin de contrer ce mouvement, nous avons décidé de tout donner gratuitement : livres, lettres de nouvelles, musiciens. Nous mettons tout cela dans le domaine public.

As-tu rencontré des oppositions ?

Non, au contraire. En Inde, j?ai prêché devant 10 000 personnes sans opposition. Les gens comprennent, mais ils ont de la peine à sortir de ce système, car ils en dépendent.

N?avez-vous pas peur de vous sentir exploités ?

Est-ce que les gens n?exploitaient pas Jésus ? Ils font du commerce avec lui donc ils peuvent aussi faire la même chose avec moi. Ou Dieu m?aide, ou je coule. Ce n?est pas facile, cela implique des nuits blanches à pleurer, mais cela fait partie de la vie chrétienne. Le domaine financier est la partie la plus visible de notre spiritualité.

Wolfgang Simson

Transcription : Anne-Sylvie Giolo, Samuel Ninck

Révision : Sarah Martinez

 


[1] cf. Luc 14

Photo by Liane Metzler on Unsplash

~ 2 min

Appelés à aimer la miséricorde

L’Eglise de Suisse sera connue dans le monde entier comme une Eglise de miséricorde.

Faire preuve de miséricorde, c’est exprimer l’amour de Dieu dans toute sa profondeur. Notre Dieu veut non seulement que nous marchions dans la miséricorde, mais II nous ordonne aussi d’aimer la miséricorde : On t’a fait connaître, ô homme, ce qui est bien ; et ce que l’Eternel demande de toi, c’est que tu pratiques la justice, que tu aimes la miséricorde, et que tu marches humblement avec ton Dieu (Michée 6:8).

Mammon : l’amour des biens

Il faut que le dieu Mammon soit affronté. Et pour que cela se produise, l’Eglise de Suisse doit cesser de vénérer l’argent et d’être à son service ; elle doit commencer à marcher dans l’esprit opposé. Car «l’amour de l’argent» est intimement lié à l’égoïsme et à la cupidité endémiques que l’on retrouve dans la théologie déformée du matérialisme. Le matérialisme est un esprit qui fait des ravages et qui accorde plus de valeur aux choses qu’aux personnes. Ceux qui se trouvent sous son pouvoir négligent et oppriment les faibles pour obtenir leur drogue temporelle.

Jésus : l’amour des personnes

Le matérialisme, ou l’amour de l’argent, est la principale force qui motive presque toute notre société et, tragiquement, une grande partie de l’Eglise aussi. Un jour, l’esprit de l’antichrist gagnera l’affection du monde entier en contrôlant ce que les hommes aiment le plus : l’argent. L’Evangile de Jésus-Christ est à l’opposé de cet esprit qui souille et pollue… car son message ne se rapporte en rien aux biens et aux possessions ; il est totalement orienté vers les personnes. Tout dans le message et l’exemple que Jésus nous a laissés parle de relever ceux qui sont brisés et de donner à ceux qui ne peuvent rendre en retour… en particulier les pauvres, les exclus et les faibles. Ainsi, Jésus toucha personnellement les lépreux, si méprisés à son époque, et II nous ordonne d’aller et de faire de même. Celui qui déclare demeurer en lui doit marcher aussi comme lui (le Seigneur) a marché (1 Jean 2:6). Si notre bouche le confesse, notre marche doit aussi le refléter !

Miséricorde ou argent – à nous de choisir

Le véritable Evangile se soucie des âmes, pas du commerce ! L’esprit de miséricorde est l’antithèse de l’esprit de cupidité. Aujourd’hui, de nombreuses personnes, même au sein de l’Eglise, sont à un point critique… elles doivent décider : vont-elles servir le Dieu de Miséricorde ou le dieu de l’argent ? C’est à nous de choisir !

Jésus nous l’explique clairement : Nul ne peut servir deux maîtres ; car ou il haïra l’un et aimera l’autre, ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon (Matthieu 6:24).

Tiré de : MacLeod, Scott : « Le lion de lumière », Editions Schleife, Winterthour : 2001. p. 33s.


Photo by Sergey Shmidt on Unsplash

~ 2 min

On entend parfois dans les milieux chrétiens que la charité est l’affaire de chacun et ne doit pas être appliquée sous la forme d’une « solidarité légalement décrétée ». Cela remet en cause toute aide d’État en faveur des personnes pauvres et nécessiteuses.

Deux voies

À notre avis, la générosité privée et l’indemnisation publique sont deux voies qui devraient toujours être menées de front. Il n’est pas bon de laisser l’État seul être responsable de la justice et de la miséricorde, comme le veulent par exemple les « cüplisocialistes » : Ils ne partagent pas leur richesse en privé parce qu’ils se battent déjà politiquement pour que l’État la redistribue. Mais il n’est pas non plus bon de partager uniquement sur le plan personnel ; il faut aussi une « solidarité imposée par l’État ». Pourquoi ?

Deux raisons

Je vais vous donner deux raisons très brèves : Tout d’abord, on voit cette « redistribution décrétée » dans les ordres que Moïse a reçus pour le peuple d’Israël. La solidarité des États – et pas seulement la générosité volontaire au niveau personnel – occupe une grande partie de l’Ancien Testament 1 Peut-être est-ce parce que les gens ne sont pas simplement bons et prêts à partager de leur propre initiative et que nous vivons dans un monde déchu ?

Deuxièmement, nous vivons aujourd’hui dans un monde extrêmement complexe où les réglementations étatiques imprègnent tout : Par le biais de la législation, l’État permet à l’économie de prospérer en fournissant des infrastructures, en négociant des accords commerciaux internationaux, en garantissant la concurrence, en investissant dans l’éducation des futurs travailleurs, en fournissant un cadre juridique fiable qui rend l’activité économique possible en premier lieu (par exemple le ZGB), etc. Ce soutien de l’État à l’économie permet à certaines personnes de s’enrichir et rend beaucoup plus difficile pour d’autres 2 de joindre les deux bouts.

Compte tenu de cette importante fonction d’encadrement de l’État, il n’est que juste que l’État fournisse également un certain montant de compensation. Pourquoi l’État ne devrait-il pas également prévoir la solidarité si sa politique économique rend souvent cette solidarité nécessaire en premier lieu ?

Dominic Roser avec Samuel Ninck, janvier 2007


1 : Pour plus de détails, voir Markus Meury (Biblische Steuerpolitik, www.ChristNet.ch, 2007) : « La dîme n’était pas seulement utilisée pour payer les lévites, mais aussi pour réduire la pauvreté : tous les trois ans, 10 % de la récolte allait aux pauvres. Le glanage après la récolte était réservé aux pauvres (Lévitique 19.10). Tous les 7 ans, un champ restait non cultivé. Les fruits appartenaient aux pauvres (Exode 23.11). Tous les 7 ans, les dettes étaient annulées (?afin qu’il n’y ait pas de pauvres parmi vous », comme le dit Genèse 14.4). Aucun intérêt ne pouvait être exigé des membres de son propre peuple. Tous les 50 ans (l’année dite du Jubilé, Exode 25:8-31), les terres vendues dans le besoin étaient rendues à leurs propriétaires d’origine afin d’éviter l’injustice structurelle et de permettre à chacun de gagner sa vie, car la privation de terre signifiait le premier pas vers l’appauvrissement.

2 : par exemple, les personnes qui sont surchargées par les progrès technologiques rapides, les agriculteurs ou les États africains affaiblis par la libéralisation du marché mondial, etc.

Traduit avec www.DeepL.com/Translator (version gratuite)

~ 3 min

Au cours des siècles précédents, une grande partie de l’Eglise s’est comportée comme une institution uniquement préoccupée de « rechercher des nouvelles âmes ». L’être humain a ainsi souvent été laissé à lui-même, seul face à ses problèmes existentiels. Au lieu de prendre soin des nécessiteux, l’Eglise dominante du Moyen Age a amassé de grandes richesses, en utilisant à cette fin la peur de mourir de l’être humain1 . En réaction à ce trafic, certaines théologies modernes ont parfois réduit l’Evangile à un plaidoyer en faveur de réformes sociales.2 Conscients de cela, nous ne nous étonnons plus qu’un si grand nombre de personnes tournent le dos à l’Eglise.

Mais Dieu est-il seulement un « convertisseur d’âmes » ? L’Evangile n’est-il qu’un programme de réformes sociales ? Une considération attentive des textes bibliques nous permet de répondre par la négative à ces deux questions.

La Bible nous enseigne que Dieu a créé l’homme et la femme avec un corps, une âme et un esprit. A noter que le terme « âme », en hébreu, signifie l’être humain en tant qu’entité. De même que Dieu a créé des êtres « totaux », il prend soin de nous en tant que tel.

Dans l’Evangile, Dieu vient entièrement à notre rencontre, à travers Jésus Christ. Cette rencontre entraîne de sérieux changements dans tous les domaines de notre vie :

1 Au niveau spirituel : par la mort expiatoire de Jésus, Dieu nous donne la possibilité de trouver le vrai pardon à nos péchés.

2 Au niveau physique : Jésus guérit et libère les malades, s’occupe des pauvres et des marginaux. Il soulage ceux que le manque d’équité dans le monde font souffrir.

3 Au niveau moral et social : Jésus parle d’un nouveau monde dans lequel les valeurs sont renversées. Ce Royaume de Dieu, qui a déjà commencé avec la venue de Jésus, est empreint de joie, de paix et de justice.

Parce que l’Evangile de Jésus est « total » et qu’il considère l’être humain dans son entier, nous devrions garder à l’esprit les deux aspects suivants lorsque nous lisons la Bible: d’un côté, une signification pour le monde actuel, c’est-à-dire existentielle, de l’autre, une signification pour le royaume à venir, id est spirituelle. En voici un petit exemple :

La guérison des dix lépreux (Luc 17 : 11-19)

 

 

Aspect social (monde actuel) Aspect spirituel (monde à venir)
Jésus ne rejette pas les lépreux, alors qu’ils sont impurs selon la loi juive (acceptation). Dieu ne regarde pas à l’extérieur, Il regarde au cœur.
Jésus les guérit – miséricorde / compassion. Dieu veut que chacun trouve l’aide dont il a besoin. Les miracles sont des signes du Royaume de Dieu.
Les lépreux sont guéris – ils peuvent retrouver leur place dans la société. Dorénavant, ils ne doivent plus vivre d’aumônes ; ils peuvent recommencer à travailler. Le lépreux guéri expérimente Dieu personnellement – il Le loue et se convertit (à vie éternelle).
Transformations sociales et économiques : la société compte dix malades en moins et dix travailleurs en bonne santé de plus.
Une guérison miraculeuse amène au moins une personne à devenir un témoin zélé de Jésus.
Jésus exhorte ses disciples à se préoccuper des malades et des personnes rejetées.
Les disciples de Jésus expérimentent la puissance surnaturelle de Dieu, ce qui ne manque pas de fortifier leur foi.

 

Dieu se préoccupe du salut de notre âme, tout comme Il se soucie des problèmes liés à notre existence terrestre. C’est pourquoi, les chrétiens qui se considèrent comme des disciples de Jésus, devraient appréhender l’Evangile du point de vue de cette double perspective et agir en conséquence.

Tom Hertig, septembre 2001

——————————————————————————–

1.  On appelait cela le « trafic des indulgences ».

2.  Par exemple la théologie de la libération.

~ 5 min

Se détacher des richesses (1er et 2e siècles)

La notion de « vie simple » est intrinsèque à la vie des premiers chrétiens : vendre ses biens et les partager est considéré comme quelque chose de normal. En se convertissant, on devient symboliquement frère car enfant d’un même Père. Ce n’est pas ici la pauvreté pour elle-même qui est recherchée mais l’abandon de la richesse au profit de ceux qui possèdent moins. L’histoire du jeune homme riche (Mat. 19.16-22) a interpellé les chrétiens tout au long de l’histoire de l’Eglise et ce texte a été interprété de manière fort diverse. Au Ier et au IIème siècle, cette histoire est interprétée de la manière suivante : ce n’est pas la richesse en tant que telle qui est mauvaise, mais l’attachement aux richesses qui empêche le salut. Pour les premiers chrétiens, il s’agit davantage d’une question de solidarité et de soutien fraternel. Mais la question du jeune homme riche revient fréquemment dans les discussions et l’on commence à se demander si les riches peuvent vraiment être sauvés. L’Eglise constate que les richesses sont utiles, mais qu’il faut dépouiller les âmes de tout désir charnel, c’est-à-dire l’amour désordonné de l’argent.

Le luxe : une usurpation (3e au 5e siècle)

Par la suite, des courants plus militants se développent, courants qui vont jusqu’à chercher le martyre en renonçant à tous les biens et au mariage. La possession de biens est considérée comme démoniaque. L’Eglise condamne ces courants que l’on retrouve pourtant, sous une forme ou sous une autre, tout au long de l’histoire du christianisme. Au IVe et au Ve siècle, Basile de Césarée interprète l’histoire du jeune homme riche en disant que celui-ci n’a pas respecté tous les commandements comme il le prétend puisque, malgré toutes ses richesses, il a laissé mourir de faim ses frères pauvres. Il est pratiquement impossible d’amasser autant de richesses sans violer certains commandements. Basile en conclut que le luxe est une usurpation. Il ne critique donc pas la richesse en elle-même, mais bien la taille de la fortune. D’autres concluent que l’accumulation de grosses fortunes est forcément productrice d’injustices. L‘idée selon laquelle nous ne serions pas les propriétaires des ressources terrestres, mais les gérants de ce que Dieu nous a confié se développe également à cette époque : les ressources globales doivent servir à l’usage de tous.

La pauvreté : un fait matériel

Lorsque le christianisme devient religion officielle de l’Empire, l’idée de martyre disparaît et elle est remplacée par le souci de fuir le monde. Les premiers monastères voient le jour. Ceux-ci permettent aux gens de quitter « le monde » et ses richesses, la perfection évangélique n’y étant pas possible, estiment les adeptes de ces courants monastiques. En même temps, la pauvreté augmente de manière notoire, du fait des famines successives et des épidémies. Les mouvements d’aide aux plus faibles et aux pauvres s’amplifient. Les riches se voient reprocher leurs richesses, acquises aux dépens des pauvres.

C’est à cette époque que l’Eglise commence à recevoir des héritages, qu’elle utilise pour soulager les souffrances des pauvres. L’aide caritative des Eglises s’institutionnalise et l’on assiste à la création des premiers hôpitaux pour accueillir les malades et les pauvres. La pauvreté est essentiellement perçue, à cette époque, sous l’angle matériel, et non plus comme une question spirituelle.

La recherche de la simplicité (11e et 12e siècles)

Aux XIe et XIIe siècles, de nouveaux ordres – qui prônent le retour à la pauvreté – voient le jour. L’objectif est de vivre la simplicité en communauté. Il est intéressant de noter qu’un double discours co-existe : d’un côté la hiérarchie ecclésiastique prône la pauvreté comme voulue par Dieu ; de l’autre côté l’augmentation du nombre de pauvres fait peur à l’Eglise. Les ermites, les gens qui sont sortis du monde, commencent à critiquer de plus en plus le clergé et les prêtres qui prônent la pauvreté sans pour autant la pratiquer. On assiste à l’émergence de mouvements dissidents et conflictuels. Au sein de cette controverse, deux hommes très importants : Saint François d’Assise et Saint Dominique. Tous deux parviennent à trouver des positions médianes : tout en restant attachés à l’Eglise institutionnelle, ils réussissent à ramener le pauvre au centre des préoccupations. Saint François d’Assise et Saint Dominique sont à l’origine de nombreuses aumôneries.

La peur du pauvre (14e siècle)

Au XIVe siècle, la question de la pauvreté du Christ fait surface. A-t-il vraiment vécu dans la pauvreté jusqu’au bout ? Ses disciples n’ont-ils vraiment rien possédé? Le Pape Jean XII déclare hérétique la doctrine selon laquelle le Christ aurait vécu dans une pauvreté absolue. Par la suite, le pauvre devient suspect. Le seul aspect qui rend la pauvreté acceptable, c’est la pratique de l’indulgence par laquelle les riches, avant de mourir, remettent une partie de leurs richesses aux pauvres, afin de s’ouvrir la porte du paradis. Mais le pauvre et la pauvreté sont de plus en plus perçus comme dangereux et le choix de la pauvreté comme mode de vie est de moins en moins accepté. On ne voit plus dans le pauvre l’image de Jésus. Même si certains continuent à s’exprimer en faveur des pauvres – comme Erasme de Rotterdam – la peur est telle que l’on commence à les enfermer.

Entre béatification de la pauvreté et critique social (17e au 20e siècle)

Au XVIIe siècle le service aux pauvres continue de se développer. L’Etat y prend une part de plus en plus active et préconise l’aide à domicile, mouvement qui prendra une grande envergure. Après la recherche de la vie simple, c’est maintenant le service aux pauvres qui est d’actualité. Avec l’avènement du siècle des Lumières, le choix de la vie simple devient insolite. Des monastères sont fermés, et la pauvreté des moines et le martyre, sont ouvertement critiqués. L’Eglise se retire de plus en plus du service public aux pauvres.

Au XVIIIe siècle, la pauvreté perd son statut d’idéal à suivre et laisse la place à une voie intermédiaire. Ni la pauvreté ni la richesse ne sont recherchées, mais une vie frugale. En même temps, le marché se développe ; son existence se fonde sur le principe de la diversité. L’inégalité des fortunes cimente la société en ce qu’elle n’existe que parce qu’il y a des pauvres qui ont besoin de travailler pour vivre. La pauvreté est de plus en plus perçue comme quelque chose de naturel. L’Eglise béatifie non plus la pauvreté du Christ, mais celle de l’être humain qui est nécessaire aux besoins de la société.

Avec la montée du socialisme au XIXe siècle, l’Eglise commence à critiquer les conditions de vie et de travail des ouvriers. La hiérarchie ecclésiastique critique l’exploitation de l’être humain. Cependant, cette critique sociale a souvent été étouffée par la branche traditionnelle de l’Eglise. Ce phénomène s’est poursuivi jusqu’à nos jours où l’Eglise continue à  « réprimer », plus ou moins vigoureusement, la théologie de la libération.

Conclusion

On constate ainsi, pour conclure, que, au cours de l’histoire, le regard de l’Eglise sur les pauvres, ainsi que sa réaction face à la pauvreté et l’injustice, n’ont cessé de changer. Quel regard portons-nous aujourd’hui sur les pauvres et sur la pauvreté ? Quelle est notre action en leur faveur? Peut-être sommes-nous appelés à trouver un juste milieu entre l’indigence et la richesse. Ne serait-ce pas celui de la suffisance ? De même, peut-être sommes-nous appelés à refaire nôtre l’idée de la gérance (Basile de Césarée), à savoir l’idée selon laquelle chacun serait appelé à gérer une partie de la fortune globale de Dieu en faveur de l’ensemble de l’humanité.

 

Lectures conseillées

CHRISTOPHE Paul, Les pauvres et la pauvreté. Des origines au XVe siècle. 1ère partie, Desclée, Paris, 1985.

CHRISTOPHE Paul, Les pauvres et la pauvreté. Du XVIe siècle à nos jours. 2ère partie, Desclée, Paris, 1987.

DOMMEN Edouard, Laisser des grappilles. Contre la convoitise, la fête !, Repères, Pain Pour le Prochain, 2000.

RAHNEMA Majid, Quand la misère chasse la pauvreté, Paris, Fayard; Acte Sud, 2003.

 

Transcription : Silvia Hyka/sn

Cet exposé est très largement inspiré des deux ouvrages suivants:

CHRISTOPHE Paul, Les pauvres et la pauvreté. Des origines au XVe siècle. 1ère partie, Desclée, Paris, 1985.

CHRISTOPHE Paul, Les pauvres et la pauvreté. Du XVIe siècle à nos jours. 2e partie, Desclée, Paris, 1987.

~ 5 min

Jesus war immer provokativ, darum darf ich es ohne schlechtes Gewissen auch sein: Der Gott der Bibel ist ein Gott der materiell (nicht ?geistlich?!) Armen. Diese plakative Aussage stelle ich an den Anfang und beginne nun mit meinen Ausführungen.

Über Armut aus biblischer Sicht wird in Kirchen, Hauskreisen, Jugendgruppen usw. nur wenig diskutiert. Als Schweizer sind wir kaum mit existentieller Armut konfrontiert und daher widmen wir uns anderen Glaubensthemen. Dabei wird trotz meist intensiver Bibellektüre übersehen, wie zentral das Thema Armut respektive Armutsbekämpfung in der Bibel behandelt wird. Die Frage sei erlaubt, ob wir in dieser Hinsicht einfach durch unseren Reichtum geblendet sind.

Gott erwählte im Alten Testament keine antike Supermacht, sondern ein armes Sklavenvolk. Dies ist nur der erste grosse Akt der Solidarität Gottes mit den Armen, der sich im 2. Buch Mose sofort niederschlägt, da die Armenfürsorge bei den Landwirtschaftsgesetzen einen grossen Platz einnimmt. Hier bestimmt Gott z.B. das sogenannte Sabbatjahr: ?Sechs Jahre sollst du dein Land besäen und seine Früchte einsammeln. Aber im siebenten Jahr sollst du es ruhen und liegen lassen, dass die Armen unter deinem Volk davon essen; …? (2. Mose 23,10-11)

Später setzen sich auch die Propheten stark für die Armen ein: ?Höret dies, die ihr die Armen unterdrückt und die Elenden im Lande zugrunde richtet…? (Amos 8,4) Sie verheissen den Armen insbesondere Gottes Beistand: ?Die Elenden und Armen suchen Wasser, und es ist nichts da, ihre Zunge verdorrt vor Durst. Aber ich, der HERR, will sie erhören; ich, der Gott Israels, will sie nicht verlassen.? (Jesaja 41,17)

Als reiche Schweizer Christen überlesen wir solche Stellen meist und begeben uns eher auf die Suche nach Bibelzitaten, die unseren Reichtum legitimieren würden. In den Sprüchen finden wir dann das Übel der selbstverschuldeten Armut beschrieben, in 6,10+11 z.B. folgendermassen: ?Ja, schlafe noch ein wenig, schlummre ein wenig, schlage die Hände ineinander ein wenig, dass du schläfst, so wird dich die Armut übereilen wie ein Räuber und der Mangel wie ein gewappneter Mann.? Natürlich wird hier deutlich, dass Armut in der Bibel nicht glorifiziert wird, doch lässt sich aufgrund dieser und ähnlichen Stelle keine Antwort auf die so oft gestellte Frage finden, ob wir unseren Reichtum nicht auch etwas geniessen dürfen.

Bezüge zu Salomos riesigen Prunktempel gelten auch nicht, obwohl sie heute manchmal dazu verwendet werden, um wenigstens unsere neuen pompösen Kirchenbauten biblisch in ein helles Licht zu rücken. Nein, der Aspekt der Armenfürsorge nimmt in der Bibel einen derart tragenden Charakter ein, dass wir nicht von einem biblisch-legitimierten ?Reichtum-Geniessen? sprechen können.

Wie schon oben angeführt zieht sich die Armenfürsorge von Anfang an durch die Bibel hindurch. So entwirft Josef ein System derselbigen in 1. Mose 41,47-57, indem er in den sieben reichen Jahren genug Ernte einsammelt, um in den sieben Hungerjahren die Armen versorgen zu können. Im 5. Mose 14,22-29 ist dann die Abgabe des Zehnten geregelt, eine für uns bis heute zentrale Methode der Armenfürsorge. Ursprünglich war der Zehnte eine Naturalien-Abgabe aus dem bäuerlichen Jahresertrag und Viehbestand an die Ortsheiligtümer. Diese war in der alttestamentlichen und der neutestamentlichen Zeit überall in der Welt verbreitet. Fälschlicherweise gehen wir heute beim Zehnten immer von genau 10% aus.

Doch beinhaltete die Abgabe des Zehnten in der jüdischen Praxis ca. 2-3% für die Priester, ca. 10% für die Leviten und noch einmal ca. 10% als sogenannter ?Zweiter Zehnt?, der unter anderem an die Armen verteilt wurde. Dies in einem Kontext, wo der Grossteil der der jüdischen Bevölkerung von der Landwirtschaft lebte und der Hauptteil der Einkünfte für die Ernährung aufgewendet werden musste! Und nicht zu vergessen: Es mussten zusätzlich noch 12.5% Steuern an den Staat entrichtet werden.

Der Zehnte ist für uns ein enorm wichtiges Gebot, doch erstaunlicherweise wird diese von Jesus Christus nur ein einziges Mal in Matthäus 23,23 erwähnt (und nicht etwa als Gebot, sondern nur als Reaktion auf die falsche Praxis des Zehnten).

Damit sind wir im Neuen Testament angelangt: Jesus ?personifiziert? Gott vollends als Anwalt der Armen. Im Lukas-Evangelium Kapitel 4-19, die das Wirken Jesu von der Taufe bis vor der Passion beschreiben, geht es in 20% der Verse um Geld und Besitz, sehr oft im Sinne des rechten Umgangs damit, der sich praktisch ausschliesslich in der Armenfürsorge zeigt. Jesus zeigt sich schon zu Beginn solidarisch mit den Armen: Er kommt als armer Säugling eines armen Teenagerpaares in einem (ziemlich sicher) ungemütlichen Stall auf die Welt. Bei seiner ?Antrittspredigt? in Lukas 4,16-30 wendet er sich zuallererst an die Armen: ?Der Geist des Herrn ist auf mir, weil er mich gesalbt hat, zu verkündigen das Evangelium den Armen…? (Lukas 4,18a). Die Seligpreisungen in Lukas 6,20 beginnt er mit folgenden Worten: ?Selig seid ihr Armen; denn das Reich Gottes ist euer.? In der Parallelstelle Matthäus 5,3 wird bei den Armen noch ein ?geistlich? hinzugefügt, Lukas aber spricht hier auf die materiell Armen an. Schenkt Gott den angesprochenen Menschen denn nur aufgrund ihrer Armut ewiges Heil? Anhand dieser Stelle kann diese Frage jedenfalls nicht einfach mit Nein beantwortet werden. Es muss uns schon auffallen, dass nichts von ?Selig, die ihr an mich glaubt? oder ähnliches steht. Natürlich darf aber daraus auch nicht geschlossen werden, dass Armut gar nicht zu bekämpfen ist. Vielleicht kann man aus dieser Stelle folgendes Fazit ziehen: Es wird deutlich, wie sehr sich Gott mit den Armen solidarisiert.

Der rechte Umgang mit Geld und Besitz respektive Armutsbekämpfung ist eines der grossen Themen im Schwerpunkteprogramm Jesu. In der Bergpredigt (Matthäus 5-7) werden die Richtlinien betreffend Gebetsleben von diesem Thema umrahmt, was dessen Wichtigkeit unterstreicht. Nachzulesen ist dies in Matthäus 6.

Jesu Aussagen zu diesem Thema sind absolut kompromisslos. Trotzdem versuchen seine Nachfolger bis heute immer wieder Kompromisse zu machen. Auch der ?radikalste? Christ macht spätestens hier meistens Kompromisse. Jesus hat den reichen Jüngling in Markus 10,17-27 nämlich unmissverständlich aufgefordert, seinen ganzen Besitz zu verkaufen und den Armen zu geben. Der Lohn ist schliesslich ein Schatz im Himmel, was will man mehr…

In vielen Predigten zum reichen Jüngling kann man einen ?Aber-das-heisst-nicht- Mechanismus? ausmachen. Die Geschichte wird erzählt und gleich anschliessend wird deutlich postuliert, dass diese Aufforderung Jesu spezifisch dem reichen Jüngling in seiner Situation gegolten hat und nicht eins zu eins auf uns heute übertragen werden muss. Im Hinblick auf Lukas 12,33, wo Jesus vom Jüngerkreis (!) genau das Gleiche verlangt, müssen wir uns dieser Aufforderung dennoch stellen. Sie bleibt ein Stachel im Fleisch und darf nicht leichtfertig übergangen werden. Zachäus gab die Hälfte seines Besitzes den Armen und zahlte seine Schulden vierfach zurück (wie viel von seinem Besitz ist da wohl übrigggeblieben?…) und aufgrund von diesem konsequenten Geben ist in seinem Haus Heil widerfahren, wie in Lukas 19,9 steht.

In Matthäus 25,31-46 nennt Jesus seine Strategie der Armutsbekämpfung: Hungernde nähren, Dürstende tränken, Fremde beherbergen, Nackte kleiden, Kranke und Gefangene besuchen. Aufgrund dieser Kriterien wird er beim Weltgericht die Menschen voneinander scheiden. Hier geht es also nicht um beiläufige christliche Liebenswerke, hier geht es um Faktoren, die nach dieser Endzeitrede über Heil und Unheil entscheiden…! Natürlich argumentiert Jesus hier nahe an der Werkgerechtigkeit und wir fragen uns, wo denn die Gnade allein aus Glauben bleibt. An dieser Stelle sind die Worte Jesu einfach sehr deutlich und wir dürfen sie nicht zu schnell mit der ?bedingungslosen Gnade? überdecken, sonst werden wir ihnen nicht gerecht.

Die Liste von Jesu Aussagen könnte noch um einiges erweitert werden. Abschliessend sei noch einmal gesagt: Die Bibel glorifiziert Armut nicht, sondern setzt sie voraus. Der Schwerpunkt liegt daher bei der Armutsbekämpfung. Deshalb werden die Reichen so enorm herausgefordert. Gott hat sich mit den Armen solidarisiert, vielleicht kann man wie in der Einleitung sogar sagen: Beim Gott der Bibel handelt es sich um einen Gott der materiell (nicht ?geistlich?!) Armen. Eine gewagte These. Fakt bleibt, dass Armut aus biblischer Sicht im reichen Kontext der Schweiz viel zu wenig thematisiert wird.

Autor: Stefan Hochstrasser

Quellen

Brandscheidt, Renate. ?Zehnt.? Lexikon für Theologie und Kirche. Hrsg. Walter Kasper. 3. völlig neu bearb. Aufl. Bd. 10. Freiburg: Herder, 2001, 1394-1398.

Goldberger, Michael. ?Zeit-Spiegel: Jüdische Feiertage.? Universität Bern, Bern. 15. Juni 2005.

Hochstrasser, Stefan. ?Über Geld spricht man nicht… ? Eine Analyse von Predigten zum Thema Umgang mit Geld und Besitz.? Diplomarbeit Theologisch-Diakonisches Seminar Aarau, 2005.

Kutsch, E. ?Armut.? Die Religion in Geschichte und Gegenwart. Handwörterbuch für Theologie und Religionswissenschaft. Hrsg. Kurt Galling. 3. völlig neu bearb. Aufl. Bd. 1. Tübingen: J.C.B. Mohr, 1958, 622-624.

Lohse, Eduard. Umwelt des Neuen Testaments. Das Neue Testament Deutsch. 10., durchges. Aufl. Ergänzungsreihe Bd. 1. Göttingen: Vandenhoeck&Ruprecht, 2000.

Lutherbibel 1984

Schröder, Heinz. Jesus und das Geld. Wirtschafskommentar zum Neuen Testament. 3.erw.Aufl. Karlsruhe: Gesellschaft für kulturhistorische Dokumentationen e.V., 1981.

Stückelberger, Christoph. ?Gottes Strategie der Armutsbekämpfung ? und unsere Antwort.? EVP-Bettagskonferenz, Olten. 17. Sept. 2005.