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Exposé donné par Roland Hardmeier (Kloten) lors de la ConferenceChristNet du 1er février 2003 à Berne.

Introduction

Autrefois, je pensais que l?Evangile de Jésus n?avait pas d?influence sur la marche du monde. Ayant grandi dans un milieu chrétien conservateur, je voyais Jésus comme un Sauveur personnel mais il ne me serait jamais venu à l?idée de le considérer comme un homme faisant de la politique ! L?idée de changer le monde était pour moi en contradiction avec l?Evangile. A mon sens, la foi n?avait rien à voir avec les affaires du monde et c?était pour moi un moyen de fuir la réalité. Si j?avais reçu, il y a quelques années, une invitation à une conférence sur le thème: ?Jésus en politique ??, j?aurais répondu: ?Ce sujet n?a pas de sens, cela ne m?intéresse pas !?.

Aujourd?hui j?ai changé d?avis. Je suis convaincu que la vie et les enseignements de Jésus apportent une réponse pertinente aux défis éthiques et sociaux de notre temps.

A la suite du 11 septembre 2001, le chancelier allemand Gerhard Schröder a fait la déclaration suivante : ?Nous savons que les attentats de New York et Washington n?ont absolument rien à voir avec la religion??. Au contraire, le théologien catholique Hans Küng affirme: ?Pas besoin d?être religieux pour prendre la religion au sérieux. Une analyse de notre époque qui laisse de côté la dimension religieuse est lacunaire??1 .

En effet, on risque de tomber dans un extrême ou l?autre : une analyse de notre époque qui laisse de côté la dimension religieuse ? comme celle que fait Schröder ? est lacunaire ; mais une foi qui laisse de côté la dimension politique est également incomplète. La foi a une dimension politique de la même manière que la politique a une dimension religieuse.

Jim Wallis, chrétien évangélique américain et militant pour la paix, montre que les vieilles catégories politiques telles que nous les connaissons sont devenues inutilisables. L?analyse qu?il fait de la politique de son pays peut également s?appliquer au nôtre :

?Le mouvement de gauche progressiste est voué à l?échec car il est incapable d?intégrer les valeurs que revendiquent les mouvements cherchant à changer la société en profondeur. Il manque à la gauche la synthèse de la notion de responsabilité personnelle et celle du désir de changer la société.?

?Au contraire, les conservateurs nient l?existence d?injustices structurelles et d?oppression sociale. Lorsque l?on prêche le retour aux valeurs familiales tout en fermant les yeux sur les effets dévastateurs de la pauvreté, du racisme et du sexisme, on ne fait que déplacer la faute sur la victime.?2

Après avoir fait le procès de la Gauche et de la Droite, il continue:

?Les deux grands courants idéologiques sont incapables de résoudre la crise sociale à laquelle nous sommes confrontés à cause de la complexité de cette crise et de ses multiples facettes.?3

Ce dont nous avons besoin, c?est de construire un pont entre la gauche et la droite, un pont qui unirait les avantages de chacun des côtés en gommant leurs défauts.

Nous avons besoin d?introduire des valeurs spirituelles dans la politique, des valeurs qui nous donnent une force morale pour mettre le bien-être commun au centre des préoccupations politiques. Je crois que l?Evangile de Jésus-Christ permet de construire ce pont, dans la mesure où il est bien compris et vécu de manière radicale.

I. La situation sociale et politique au temps de Jésus

Au moment où Jésus a commencé son ministère, le peuple juif se trouvait dans un état de discorde profonde :

Le pouvoir politique du pays était réparti entre trois camps. Premièrement, les Romains, qui détenaient le pouvoir principal et auxquels les Juifs vouaient une haine viscérale. Deuxièmement, la famille royale d?Hérode, à laquelle les Romains laissaient une grande marge de man?uvre ; mais celle-ci en abusait en exploitant le peuple selon son bon plaisir. Troisièmement, les familles des grands prêtres dont le centre névralgique se trouvait dans le Temple.

Au niveau économique, le fossé entre riches et pauvres se creusait. Dans la couche supérieure, on trouvait les familles des grands prêtres et leurs acolytes. La classe moyenne pauvre était composée de la plus grande partie de la population. C?est de cette classe que venait Jésus et probablement la majorité de ses disciples. Finalement, dans la couche la plus défavorisée, on trouvait les mendiants, les lépreux et les vagabonds. Ces derniers ne possédaient même pas le minimum vital.

Face à cette situation d?infortune, les Juifs réagissaient de différentes manières :

·        LA REVOLUTION. Les zélotes avaient choisi le chemin de la révolution. Ils haïssaient particulièrement les Romains et les Juifs « collabos ». Ils prônaient la « théologie de la libération » de leur temps.

·        LE REFUS PARTIEL DE COOPERER. Les pharisiens et les docteurs de la loi refusaient partiellement de coopérer en développant l?art du compromis. Leur tentative de changer la situation à l?aide d?une pratique religieuse très stricte tombait plutôt dans un excès de bigoterie.

·        LE REFUS TOTAL DE COOPERER. Les esséniens, dans un refus total de coopérer, avaient pris le chemin du désert. Ils vivaient dans un ghetto spirituel et refusaient de participer à la vie sociale.

·        L?ADAPTATION AU SYSTEME. Les saducéens suivaient le système. Ils étaient issus de l?aristocratie ecclésiale et se révélèrent être des opportunistes. Ils tentaient de conserver leur pouvoir et avaient une vision du monde progressiste mais modérée.

·        L?ATTITUDE ALTERNATIVE. Finalement, on trouvait également des Juifs qui s?efforçaient de suivre une voie médiane entre collaboration et refus de coopérer mais sans pour autant compromettre leur foi. Une minorité d?entre eux servaient Dieu et la société auprès des décideurs, mais la majorité menait une vie discrète.

Force est de constater qu?il existe beaucoup de points communs entre la société de l?époque et la nôtre. Comme aujourd?hui, il y avait au temps de Jésus un fossé entre riches et pauvres, puissants et faibles, personnes prêtes à user de la violence et pacifistes. Les nombreux parallèles entre la situation d?alors et d?aujourd?hui permettent de mieux comprendre le présent à la lumière du passé.

II. L?action radicale et révolutionnaire du Christ

Certains pensent que Jésus ne s?est jamais intéressé à la politique. Cependant, ce point de vue ne résiste pas à une analyse plus approfondie. Nous devons tout d?abord comprendre la situation particulière dans laquelle se trouvait Jésus. Il vivait dans une province romaine gouvernée par un régime dictatorial. N?ayant pas la citoyenneté romaine, Jésus n?avait aucun droit civique, ce qui rendait ses possibilités d?action politiques extrêmement limitées.

A première vue, les commandements de Jésus n?étaient pas de nature politique dans le sens où le centre de son message était la venue du Royaume de Dieu. Jésus appelait les gens à sa suite en les exhortant à mettre Dieu à la première place dans leur vie. Or, l?enseignement de Jésus est si radical qu?il possède de manière intrinsèque des implications au niveau politique. Dans la mesure où Jésus ne faisait pas de compromis et cherchait à changer le monde, il est devenu naturellement une figure politique.

?Si l?on affirme que le message messianique de Jésus à la nation juive n?avait pas de contenu politique, cela constitue une méprise dans la mesure où l?on spiritualise complètement l?Evangile et la venue du Royaume de Dieu.?4

Comment Jésus a-t-il réagi face à la situation d?infortune du peuple juif ? J?aimerais répondre à cette question en utilisant une série de mots clés accompagnés d?un verset biblique illustratif.

1. Non-violence (Matthieu 16.21-23[^i] )

Cet épisode reflète bien à quel point Jésus a été tenté d?opter pour la voie zélote. De plus, la personne et le message du Christ attiraient particulièrement les zélotes. Nous voyons, dans l?Evangile, qu?au moins un de ses disciples les plus proches était zélote. Depuis l?épisode de la tentation dans le désert jusqu?à son combat personnel précédent son arrestation, Jésus s?est battu contre l?envie de suivre l?option zélote. Le Fils de Dieu a su distinguer la voix du tentateur jusque dans les mots de Pierre le réprimandant violemment en disant: ?Arrière Satan !? lorsque ce dernier lui proposait de se battre à ses côtés.

Jésus aurait pu facilement mobiliser les Juifs contre les Romains. Les gens l?auraient suivi et les zélotes étaient prêts à se battre. La tentation d?accéder au pouvoir sans être serviteur et sans accepter la souffrance était réelle pour le Fils de Dieu. Mais Jésus avait choisi le chemin de la croix car il savait que c?était le chemin du Père. Il savait aussi que le combat armé contre les autorités romaines aurait conduit à un désastre. Effectivement, en 70 ap. J.-C., l?insurrection contre les Romains s?est soldée par la destruction de Jérusalem par les légions romaines. Ce combat n?apporta pas de grand changement à la situation du peuple juif.

Le réel obstacle à l?édification d?un monde où règne la justice et la paix est à chercher dans la nature même de l?Homme. La mission du Christ accomplie par sa mort sur la croix était de réconcilier les hommes avec Dieu et d?initier un changement profond dans le c?ur de chaque personne. Comment quelqu?un peut-il être porteur de paix lorsqu?il n?est pas en paix avec Dieu et avec ses prochains ?

2. Solidarité (Luc 4.16-19[^ii] )

Dans le « Manifeste de Nazareth », Jésus définit sa tâche. Il se savait appelé auprès des pauvres et des opprimés. Dans le Nouveau Testament, le terme de « pauvre » se réfère à deux groupes de personnes : ceux qui étaient devenus pauvres à cause du système ou suite à une catastrophe ; et ceux qui, démunis, cherchaient leur espérance en Dieu et qu?on appelait les « pauvres en esprit »5 . Dans l?Evangile de Luc, « pauvres » est un terme qui rassemble tous les types de défavorisés6 .

Jésus, dans le « Manifeste de Nazareth », se montra solidaire avec les pauvres et les opprimés. Son but était de les libérer et de les guérir. Jésus s?est toujours intéressé à chaque homme personnellement, mais il a porté une attention toute particulière à ceux qui se trouvaient en marge de la société ? que ce soit des femmes discriminées, des malades abandonnés ou autres marginaux. Jésus allait vers ces personnes, il leur rendait leur dignité, il les aimait.

Face aux marginaux, on avait à l?époque une étiquette pratique: on les appelait les « pécheurs ». Ces pécheurs étaient des prostituées, des collecteurs d?impôts, des malades, etc. Lorsque Jésus rencontrait un « pécheur », il voyait en lui un enfant de Dieu égaré. Jésus s?est attiré les foudres de l?establishment juif alors qu?il annonçait la grâce de Dieu aux « pécheurs » et qu?il annonçait le jugement aux « religieux ». Pourquoi cela ? Parce que les religieux, à cause de leur fierté, étaient devenus plus malades que les pécheurs!

Par son attitude solidaire, Jésus nous interpelle. Il a considéré les hommes de manière globale, le corps et l?âme étant autant important l?un que l?autre. Dans un même ordre d?idée, nous pouvons affirmer qu?il est faux de faire une différence entre un évangile personnel et un évangile social. Il n?y a qu?un seul Evangile, celui de Jésus7 .

Au travers de sa vie hors du commun, Jésus nous a donné un exemple concret de ce que la Bible appelle l?amour du prochain. Vivre cet amour du prochain signifie être solidaire avec les pauvres et les opprimés. Si Jésus vivait encore aujourd?hui, il élargirait certainement la notion d?amour du prochain en s?engageant en faveur des laissés-pour-compte du marché libre qui profite principalement aux riches pays du Nord et à une petite élite du Tiers Monde.

La plus grande partie de la population mondiale n?a jamais rien vu des soit-disant bénéfices de la mondialisation ? au contraire ! Aujourd?hui, nous vivons « global » : nous mangeons des bananes du Honduras, buvons du café du Brésil et portons des habits produits en Chine. Ainsi, malgré les milliers de kilomètres qui nous séparent, les personnes qui fabriquent ces produits de consommation sont nos prochains. Nous sommes reliés à eux par le biais du commerce mondial et sommes donc appelés à nous engager en leur faveur par amour du prochain. Celui qui veut suivre Christ de nos jours doit vivre un amour du prochain global !

3. Prophétie (Matthieu 21.12-13[^iii] )

L?épisode de l?expulsion des marchands du Temple nous montre que la violence était également une attitude possible. Le théologien mennonite John H. Yoder écrit à ce sujet dans son livre pionnier Die Politik Jesu :

« A présent, Jésus contrôle la suite des événements. Il n?aurait qu?à faire un pas de plus pour affermir ce pouvoir et se laisser porter par l?admiration des foules? Un coup d?Etat potentiel menaçait, il ne restait plus qu?à attaquer le fort romain voisin. Cependant, dans le nouvel ordre de Jésus, bien que l?ancienne nature de l?homme est honnie et doit être remplacée, il ne convient pas de le faire par les armes8 . »

Jésus suivait la ligne des prophètes de l?Ancien Testament en s?élevant contre les injustices. L?épisode de l?expulsion des marchands du Temple en est un bon exemple. La réaction du Christ constituait un acte de désobéissance civile, qui n?était pas seulement un acte religieux mais également un acte économique et politique :

C?était un acte religieux car Jésus voulait démontrer que les choses relatives à Dieu devaient rester sacrées. Le Christ était bouleversé par le fait que le Temple perde sa fonction de lieu de prière. Mais cet acte était aussi économique puisque le Temple n?était pas seulement le centre religieux mais aussi le centre économique du pays9 .

Finalement, l?expulsion des marchands du Temple était aussi un acte politique. Par son attaque contre le matérialisme débridé qui était devenu monnaie courante dans le Temple, le Christ s?en prenait au nerf sensible de l?aristocratie religieuse. Jésus les attaquait de front en dénonçant l?injustice de laquelle ils étaient responsables.

« L?acte prophétique de l?Eglise » développé dans la missiologie oecuménique10  et récemment dans la missiologie évangélique11  est dérivé des actions des prophètes de l?Ancien Testament comme de l?épisode de l?expulsion des marchands du Temple. Cet acte stipule que la tâche de l?Eglise n?est pas seulement d?annoncer l?Evangile mais aussi de mettre en lumière les situations d?injustice. Cependant, l?acte prophétique ne constitue pas une idée nouvelle car Martin Luther, par exemple, a lui aussi clairement dit que son devoir de prédicateur était de critiquer les injustices commises par les puissants12 .

Jésus s?est également comporté de manière solidaire et a eu des gestes et des paroles prophétiques. La solidarité et la prophétie sont en fait les deux faces d?une même pièce. Dans la mesure où les puissants sont co-responsables de la misère des pauvres, la solidarité de Jésus avec les exploités prend la forme, entre autres, d?une accusation prophétique. Jésus ne s?est pas seulement limité aux actions sociales au sein de l?Eglise mais s?est aussi battu contre les causes structurelles de la misère. N?est-ce pas finalement une manière d?agir résolument politique ?

4. Critique du pouvoir (Matthieu 20.25[^iv] )

Ce verset résume bien l?analyse politico-économique de Jésus13 . Rome et ses alliés abusaient de leur pouvoir. La Pax Romana était fondée sur l?oppression et l?exploitation. Face à cela, Jésus est dans le rôle d?un prophète. Dans l?Ancien Testament, c?est sous le règne de Salomon que l?activité des prophètes est maximale. Ces derniers mettaient en lumière la face cachée de l?opulence étatique du roi. La croissance économique et la prospérité avaient changé en profondeur la société juive et à la mort de Salomon la division du royaume provoqua une rupture éthico-sociale. Les propriétaires de capitaux s?assurèrent le pouvoir économique ce qui eut pour conséquence de créer un fossé entre riches et pauvres. Poussés par l?Esprit de Dieu, les prophètes de l?Ancien Testament condamnèrent cette situation et critiquèrent le pouvoir en se mettant, au nom de Dieu, du côté des pauvres et opprimés.

On retrouve chez Jésus la même critique du pouvoir, ce que souligne Jürgen Moltman: « Jésus était folie pour les sages, source de colère pour les religieux et trouble-fête pour les puissants14 . » Le Christ a critiqué le pouvoir mais ne s?est jamais positionné contre les autorités. On observe cela dans ses célèbres paroles : « Payez à l?empereur ce qui lui appartient et payez à Dieu ce qui lui appartient » (Marc 12.17, français courant). Par ces mots, Jésus reconnaît le droit à l?empire romain de percevoir des impôts. Même si un Etat ? comme l?Etat romain à l?époque ? a des aspects totalitaires, l?autorité publique reste indispensable. L?Etat ne doit cependant pas se montrer absolu. A travers l?affirmation « payez à Dieu ce qui lui appartient », Jésus refuse aussi le culte de l?empereur.

Tant les prophètes que Jésus ont développé au travers de l?amour de Dieu, une réflexion critique du pouvoir de leur nation. Nous pouvons en tirer la conclusion suivante pour aujourd?hui : il nous faut analyser la situation de statu quo contemporaine afin de prendre une distance critique par rapport à notre contexte personnel. C?est de cette manière que nous serons dans la meilleure disposition possible pour servir notre nation.

5. Service (Matthieu 20.26-28[^v] )

Dans ces paroles, Jésus présente une alternative au pouvoir : le service. Comme nous l?avons déjà souligné précédemment, Jésus avait très peu de possibilités d?agir au niveau politique. L?unique « chemin politique » existant était la création d?une société alternative. C?est pourquoi Jésus n?a pas seulement appelé à sa suite des personnes individuellement en leur annonçant la venue du Royaume de Dieu, mais a aussi commencé à rassembler le peuple à qui ce royaume est destiné15 . C?est lorsque des personnes commencent à se laisser transformer par Dieu individuellement et vivent cette transformation ensemble, en communauté, que le monde commence vraiment à changer.

Il est intéressant de constater comment Jésus a réagi à la situation d?infortune de son peuple : Il lui a donné un nouvel état d?esprit sur le plan spirituel et social. Pour cela, Jésus n?a choisi ni le chemin de la révolution ni celui du refus de coopérer. Il ne s?est pas non plus adapté au système en place et n?a proposé aucun programme politique. Comme le rappelle Ulrich Duchrow, la stratégie de Jésus consistait à construire une société alternative contrastant avec le système en place. Jésus a commencé par transformer les relations entre les hommes en leur donnant une relation à Dieu renouvelée ; il les a appelés à changer radicalement de comportement en suivant son exemple. Et c?est cela qui change le monde !

Si l?on prend le message du Christ au sens strict, il ne s?agit pas d?un programme politique. Cependant les effets d?un tel message devraient se faire ressentir au niveau politique également.

La vie de Jésus représente le meilleur exemple de cette voie alternative visant à changer le monde. Depuis le début, le Christ a affirmé à ses disciples qu?il était venu pour donner sa vie en rançon afin d?en sauver beaucoup (v. 28) et son amour radical a été poussé jusqu?à l?extrême par sa mort sur la croix. Lui, le Fils de Dieu, sans péchés, est mort d?une mort ignoble, cloué au poteau des criminels, considéré comme un insurgé juif. Le Christ ne s?opposait pas à l?injustice avec violence. Au contraire, il était capable de la faire taire et de la dépasser avec son amour, son service et son pardon. La vie de Jésus marque le début d?un nouvel art de vivre. Au travers de son existence, le Christ a montré comment transformer la haine en amour, le pouvoir en service et la ranc?ur en pardon.

III. Conclusion : principes pour l?Eglise, la société et la politique aujourd?hui

Dans cette dernière partie, j?aimerais souligner quelques principes basés sur les idées développées jusqu?ici, qui sont applicables à l?église, la société et la politique. En me basant sur les actes du Christ, j?aimerais tenter de définir quel est notre devoir dans la situation actuelle.

1. Annoncer la Bonne Nouvelle

Tout d?abord, notre tâche principale est l?annonce de la Bonne Nouvelle et de la grâce que Dieu nous a faite en Jésus-Christ.

Cela peut être résumé de la manière suivante :

  • L?homme est crée à l?image de Dieu et, de ce fait, il possède une dignité innée et a droit à la justice et à la liberté.
  • Cependant, l?homme est une créature déchue, coupable envers Dieu et qui a besoin de se réconcilier avec lui par l?action de Jésus-Christ notre Sauveur.
  • Jésus est mort afin que nos péchés soient pardonnés. Nous sommes appelés à sa suite à travers la conversion et la foi en lui.
  • Les chrétiens doivent élever leurs voix au sein de la société. Nous ne devons pas nous taire face aux questions comme l?avortement, l?homosexualité et devons dénoncer le matérialisme débridé, la libéralisation effrontée du marché et l?absence d?un commerce mondial équitable.
  • Dieu aime ce monde et Il lui a prévu un avenir, dans le sens où il renouvellera tout l?Univers.

Un évangile qui tait une de ces vérités est un évangile incomplet.

2. Incarner la guérison

En tant qu?Eglise, notre deuxième devoir, qui doit forcément suivre le premier, est d?incarner la guérison que nous annonçons.

Lorsque la vie d?église ne représente pas une alternative à la situation actuelle de statu quo, alors elle ne mérite pas d?être prise au sérieux. L?Eglise a un rôle important à jouer et représente plus qu?un groupement d?individus suivant le Christ. L?Evangile se manifeste vraiment au travers d?une vie véritable en communauté, le but de cette dernière étant de changer le monde. L?appel de l?Eglise devrait être de devenir une preuve visible de la guérison divine. Le plus important est de développer l?amour du prochain. Dans ce sens, l?Eglise devrait montrer l?exemple en une manière de vivre alternative. La vie de ses membres devrait témoigner qu?il est possible de vivre dans l?amour, la solidarité et la justice et ce dans la vie de tous les jours. Jésus demande à ceux qui le suivent de vivre sans compromis. Dans un monde rempli de relations brisées, l?amour des chrétiens entre eux représente un témoignage évident aux yeux de tous..

3. Laisser Jésus régner sut tous les domaines de la vie

Finalement, nous devons annoncer l?Evangile de par le monde dans le but de laisser Jésus régner sur tous les domaines de notre vie.

En se retournant sur les ?uvres accomplies au cours de sa vie, Francis Schaeffer décrit ce qui lui permis de persévérer durant toutes ces années :

« Quand Jésus est vraiment reconnu comme Seigneur, alors il doit être Seigneur dans tous les domaines de notre vie : autant dans nos réflexions d?ordre spirituel (?) que dans tous les recoins de l?existence, y compris dans les questions intellectuelles, culturelles, législatives et dans l?autorité de l?Etat16 . »

Christ doit régner dans tous les domaines de notre vie : quelles en sont les implications?

·        Dans le domaine religieux : lançons un appel à la conversion. Dieu demande à tous les hommes d?avoir une relation sereine avec lui, de laquelle dépend notre foi en Jésus-Christ et la reconnaissance de sa Seigneurie. Nombreux sont ceux qui rechignent à entendre cela ! Cependant, nous ne devons pas nous taire ! Il ne s?agit pas de mettre l?accent uniquement sur le message mais aussi et surtout sur la personne du Christ ressuscité. A quoi nous sert le sermon sur la montagne sans la personne qui l?incarne ?

·        Dans le domaine social : continuons le combat contre les injustices structurelles. Le mal ne se trouve pas seulement dans les comportements individuels, mais aussi dans certaines institutions et certaines lois. Ces dernières doivent êtres combattues et/ou améliorées. Grâce à la démocratie, nous avons des moyens de pression qui étaient inexistants par le passé.

·        Dans le domaine économique : cherchons à faire cesser l?exploitation. Le but doit être de développer un ordre économique juste dans lequel l?idée d?accumulation de biens est dénoncée comme inhumaine.

·        Dans le domaine culturel : utilisons avec enthousiasme la créativité que le Créateur a mis en l?homme tout en restant dans les limites de ses préceptes moraux.

·        Dans le domaine écologique : engageons-nous activement dans la préservation de la Création puisque celle-ci révèle le Seigneur.

L?amour radical de Jésus répond aux défis éthico-sociaux de notre époque. A travers sa vie et sa mort à la croix, le Christ nous a montré un chemin de pensée et d?action. L?amour de Dieu s?est révélé complètement dans la vie et la mort de Jésus et c?est là qu?il faut y chercher le sens et le but de nos actions. En se calquant sur Jésus, nous pourrons construire ce pont dont nous avons tellement besoin. La politique sera alors vécue à travers des valeurs spirituelles qui nous donneront la force morale de mettre le bien-être commun au centre de nos préoccupations politiques. Il faudra beaucoup de temps et d?efforts pour mettre en pratique l?Evangile et ses implications dans notre société contemporaine. Pourtant, même si le chemin est long, il en vaut la peine !

Bibliographie

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Wallis, Jim. 1995. Die Seele der Politik. Eine Vision zur spirituellen Erneuerung der Gesellschaft. München: Claudius.

Yoder, John Howard. 1981. Die Politik Jesu – der Weg des Kreuzes. Maxdorf: Agape.

 


[^i]: « Dès lors Jésus commença à faire connaître à ses disciples qu?il fallait qu?il allât à Jérusalem, qu?il souffrît beaucoup de la part des anciens, des principaux sacrificateurs et des scribes, qu?il fût mis à mort, et qu?il ressuscitât le troisième jour. Pierre, l?ayant pris à part, se mit à le reprendre, et dit: A Dieu ne plaise, Seigneur! Cela ne t?arrivera pas. Mais Jésus, se retournant, dit à Pierre: Arrière de moi, Satan! tu m?es en scandale; car tes pensées ne sont pas les pensées de Dieu, mais celles des hommes. »

[^ii]: « Il se rendit à Nazareth, où il avait été élevé, et, selon sa coutume, il entra dans la synagogue le jour du sabbat. Il se leva pour faire la lecture, et on lui remit le livre du prophète Esaïe. L?ayant déroulé, il trouva l?endroit où il était écrit: L?Esprit du Seigneur est sur moi, Parce qu?il m?a oint pour annoncer une bonne nouvelle aux pauvres; Il m?a envoyé pour guérir ceux qui ont le coeur brisé, (4-19) Pour proclamer aux captifs la délivrance, Et aux aveugles le recouvrement de la vue, Pour renvoyer libres les opprimés, Pour publier une année de grâce du Seigneur. »

[^iii]: « Jésus entra dans le temple de Dieu. Il chassa tous ceux qui vendaient et qui achetaient dans le temple; il renversa les tables des changeurs, et les sièges des vendeurs de pigeons. Et il leur dit: Il est écrit: Ma maison sera appelée une maison de prière. Mais vous, vous en faites une caverne de voleurs. »

[^iv]:  « Jésus les appela, et dit: Vous savez que les chefs des nations les tyrannisent, et que les grands les asservissent. »

[^v]: Il n?en sera pas de même au milieu de vous. Mais quiconque veut être grand parmi vous, qu?il soit votre serviteur; et quiconque veut être le premier parmi vous, qu?il soit votre esclave. C?est ainsi que le Fils de l?homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie comme la rançon de plusieurs.

 


1. Küng, Weltethos für Weltpolitik und Weltwirtschaft, 167.

2. Wallis, Die Seele der Politik, 22.

3. Wallis, Die Seele der Politik, 22.

4. Sidler, Denn sie tun nicht, was sie wissen, 166.

5. Sider, Rich Christians in an Age of Hunger, 41 ; Kirk, What is mission ?, 48 ; Wenk, Community-forming Power, 211-217.

6. Houston in ?Evangelisation mit Leidenschaft?, 109-112.

7. Kuzmic in ?Evangelisation mit Leidenschaft?, 109-112.

8. Yoder, Die Politik Jesu ? der Weg des Kreuzes.

9. Jeremias, Jerusalem zur Zeit Jesu, 16, 59

10. Beyerhaus, Er sandte sein Wort, Vol. 1, 225-234.

11. Costas, Liberating News, 63 ; Steuernagel in Evangelisation mit Leidenschaft, 150-152.

12. Duchrow, Alternativ zur kapitalistischen Weltwirtschaft, 206.

13. Duchrow, Alternativ zur kapitalistischen Weltwirtschaft, 177.

14. Moltman, Der gekreuzigte Gott, 29.

15. Kittel, Der Name II, 186-187.

16. Schaeffer, Die grosse Anpassung, 189-191.

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Une étude biblique sur Rom. 14,1 ? 15,13

 

Réflexions introductives

 

A partir du chapitre 14,1 Paul aborde un problème de l’église à Rome. Il est évident qu’il y avait deux groupes en désaccord : les « forts » et les « faibles ». La cause de la querelle était la question des règles diététiques et du respect des jours spéciaux. Le problème n’est pas nouveau, il a déjà été débattu au Conseil de Jérusalem (Actes 15).

 

Avant de nous plonger dans le texte, nous notons deux observations :

 

– Contrairement aux Gal. 4,10 et suivantes et aux Col. 2,16-23, où l’on parle aussi de réglementation alimentaire, Paul se montre très tolérant et généreux envers les Romains. Dans les deux autres lettres, il est conflictuel. Il y a évidemment une différence entre le problème de Rome et celui des Galates et des Colossiens : dans les Colossiens et les Galates, Paul s’oppose aux maîtres de la loi qui prétendent que les règles alimentaires et autres actions spéciales sont obligatoires pour la spiritualité et le salut des hommes. Cela touche au cœur de l’évangile. C’est différent dans l’Epître aux Romains : Ici, le sujet est d’ordre général et s’inscrit dans le cadre des paroles de Jésus : « Ce qu’un homme mange ne le souille pas, mais ce qui sort de son cœur ». Le sujet n’est donc pas la question du salut ou de la voie vers une spiritualité plus élevée, mais simplement des opinions divergentes sur certains aspects de la vie de disciple.

– Alors que les personnes qui ne mangent pas certains aliments ou ne prêtent pas attention à certains jours se considèrent généralement comme les plus spirituels, Paul affirme tout le contraire : les faibles sont ceux qui pensent devoir prêter une attention particulière à certaines choses. Les forts sont ceux qui n’ont pas à le faire. Dans de nombreux conflits actuels, Paul répartirait probablement les rôles différemment de ce qui se fait parfois…..

 

Paul construit son argumentation :

 

1. avant de dire quoi que ce soit, Paul appelle à l’unité (14:3-4, 13, 15:7-13). Évidemment, cela se passait avec les chrétiens de Rome comme cela se passe encore avec nous aujourd’hui : Les forts courent le risque de ridiculiser ou même de mépriser les autres – c’est leur façon d’éviter la pression des faibles : Les rejeter comme des faibles, des arriérés, ou comme ceux qui ne connaissent pas encore la liberté en Christ. Et les faibles ? Ils se battent aussi avec succès, attaquant les forts comme les impies, les mondains et les libéraux. Toujours un argument très efficace dans l’église de Jésus ! Mais dans les deux cas, Paul ne connaît aucune pitié : Celui qui méprise le faible fait de sa liberté un joug pour l’autre. Et celui qui n’accepte pas les forts dans sa liberté veut être plus saint que Dieu, car Dieu l’a accepté depuis longtemps (14:6-12).

 

L’apôtre définit maintenant l’unité (12:5) : les croyants individuels ont le droit de voir certaines choses différemment. Pour Paul, l’unité n’est pas fondée sur l’accord des opinions, mais sur l’acceptation de l’autre dans sa différence. L’unité dans la diversité est sa devise !

 

En 14:23, il présuppose la foi de l’individu comme base de ses actions. Tout ce qu’une personne ne fait pas dans le cadre d’une relation de confiance avec Dieu est un péché. Paul suppose que le chrétien individuel est très capable de décider lui-même ce qui pourrait violer sa relation avec Dieu. Dans l’église, tout ne doit pas être réglé pour tout le monde, car Paul est sérieux sur le fait que l’Esprit habite en chaque chrétien. Il lui accorde sa propre relation, mûre, avec Dieu. 4.

 

Mais maintenant, il fixe des limites à la liberté personnelle : Le compagnon chrétien (14:13ff.). Par amour pour son prochain, Paul préfère limiter sa liberté et faire preuve de considération. Ainsi, d’une part, il met l’accent sur la responsabilité personnelle et l’espace libre, mais d’autre part, il souligne que l’église est un seul corps et que les croyants sont donc indissolublement liés les uns aux autres. Il tient aux deux à parts égales. 5.

 

5 La frontière entre les deux est définie plus précisément : elle est atteinte là où un compagnon chrétien « s’offusque ». Notre terme allemand est ici quelque peu trompeur. Ich stosse mich daran » peut également signifier : Cela m’agace, ou cela ne me convient pas. Mais ce n’est pas ce que Paul veut dire ici, il ne veut plutôt pas tenter qui que ce soit par son comportement d’agir contre sa foi et donc de pécher. Le sujet n’est donc pas une opinion, un « goût » ou quelque chose qui met quelqu’un en colère, mais une relation compromise avec Dieu. Celui qui manipule les autres en disant qu’il « en veut » mais que cela ne compromet en rien sa relation avec Dieu abuse de Paul et doit voir par lui-même comment gérer son ressentiment et sa « rancune ». C’est son problème, son « péché », et non pas le problème de l’autre. 6.

 

6. Paul complète son exhortation par l’exemple de Jésus (15:1-6) et appelle à nouveau à l’unité ((15:7-13).

 

Conclusion :

– Avec les sourires compatissants de la manipulation libérée (forte) ou pieuse et la pression de la très spirituelle (faible), Paul ne connaît qu’une chose : l’acceptation et l’appréciation mutuelles.

 

– Pour Paul (et probablement pour nous…), il y a des choses qui sont éthiquement neutres. Afin qu’elles ne conduisent pas à la division, il présente le code de conduite suivant :

 

1. les choses éthiquement neutres ne doivent pas être déclarées nécessaires pour le salut, et il ne faut pas non plus prétendre que certains comportements sont particulièrement spirituels.

 

2. nul ne doit, par sa conduite, inciter quiconque à agir contrairement à sa conviction de foi. La liberté commandée n’est pas une vraie liberté et ne libère personne.

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Atten. Getter : Vous donnez un cadeau à quelqu’un et cette personne le prend et en un rien de temps, il est cassé parce qu’elle a fait des choses avec ce cadeau qui n’étaient pas prévues. Comment vous sentez-vous ? C’est ainsi ou de manière similaire que Dieu se sentira lorsqu’il pensera à ce qu’il nous a confié sa création.

Introduction :

Dieu a préparé une création glorieuse à partir de rien, à partir du chaos, et nous a ainsi donné, à nous les humains, un habitat dans lequel s’épanouir. En même temps, il nous a placés dans cette création comme une image de sa gloire et l’a confiée à nos soins. Mais qu’en avons-nous fait ? C’est maintenant un secret de polichinelle que nous sommes au bord de l’effondrement écologique. L’espace de vie que Dieu nous a confié devient une zone de mort pour nous, et nous, les chrétiens, ne pouvons pas fermer notre esprit à cela si nous sommes vraiment sérieux sur le fait que cette création est l’œuvre de Dieu.

Dans un premier temps, examinons ouvertement la crise de notre environnement et voyons ensuite quelle est notre mission en tant que chrétiens.

1 La crise

Tout d’abord, rassemblons les moyens par lesquels la création de Dieu est actuellement menacée :

– Gaz d’échappement (carburants) – Trou d’ozone

– La surexploitation des matières premières

– Déchets atomiques et nucléaires

– des montagnes d’ordures

– Toxines dans l’eau, la terre et l’air

– La chimie et ses déchets

– Déforestation de la forêt tropicale

– L’extinction de nombreuses espèces animales au quotidien

– La surpêche des océans

– Les animaux engraissés avec des antibiotiques rendent les bactéries résistantes

– Augmentation des maladies respiratoires ; cancer et autres maladies de civilisation

L’habitat que Dieu a créé pour nous a perdu son équilibre dans le monde entier et le plus grand danger de cette crise est que nous devenions immunisés contre elle et que nous ne réagissions plus du tout aux problèmes.

Si nous réfléchissons à l’origine de tous ces problèmes, nous arrivons rapidement à l’un des problèmes principaux : les gens voulaient satisfaire des demandes illimitées avec des possibilités limitées : toujours plus vite, toujours plus, toujours mieux. En outre, les gens ont administré la terre selon les valeurs du développement de la puissance humaine et non selon les normes de la justice divine. Là, nous nous sommes heurtés à un couteau ouvert ; ou pour le dire autrement : avec notre désir de possibilités illimitées, nous scions la branche sur laquelle nous sommes nous-mêmes assis. Au lieu de servir cette création de manière bienveillante, nous avons fait en sorte que la création nous serve et, par conséquent, elle a perdu son équilibre. Nous voulons seulement briser et surmonter les frontières au lieu de vivre dans des frontières. Le progrès n’est pas tout ? il y a aussi l’équilibre.

La déclaration de Paul dans Rom. 8:19-23 est plus vraie aujourd’hui que jamais : toute la création a été touchée et gémit et attend la rédemption.

En tant que chrétiens, nous devons apprendre que lorsque nous parlons de péché humain, nous ne parlons pas seulement de divorce, d’avortement, d’alcool ou d’autres choses, mais de l’exploitation de la création de Dieu, des péchés environnementaux et de la croyance qu’il n’y a pas de limites au progrès. Les péchés environnementaux sont aussi des péchés contre Dieu et contre nos semblables, tout comme l’avortement, le racisme, la pornographie et toute forme d’impiété. Dans le domaine des péchés environnementaux, l’œuvre de Dieu est piétinée quotidiennement, et nous ne pouvons pas nous permettre, en tant qu’église, de nous limiter à quelques questions particulières et de laisser simplement ce domaine à d’autres. Après tout, le soin de la création a été le premier mandat de l’homme et est, pour ainsi dire, sa mission première. Bien sûr, nous savons d’où viennent ces problèmes, et c’est précisément pour cette raison que nous avons une contribution essentielle à apporter. Si pour la congrégation, le soin de la création de Dieu n’est pas un problème simplement parce qu’elle est occupée par les Verts, c’est un signe de pauvreté plutôt qu’un signe de spiritualité.

Cela nous conduit maintenant à notre mission de création

2 Notre mission

Notre mission, en un mot, est la préservation et le développement de la création de Dieu, c’est-à-dire l’espace qu’il nous a donné. Aujourd’hui, nous ne pouvons pas amener Bush ou un autre gouvernement à réduire les émissions de CO2, nous ne pouvons pas amener les entreprises chimiques à déverser leurs matières polluantes dans l’eau, l’air et le sol, et nous n’allons pas empêcher les grands abattoirs de nourrir leurs animaux avec des antibiotiques pour leur faire produire plus de viande en encore moins de temps. Je ne sais pas si je suis prêt à abandonner ma voiture, à n’acheter qu’aux agriculteurs et à réduire la quantité de déchets. Bien que tout cela soit très souhaitable et peut-être la seule façon de nous sauver du désastre.

Je crois que l’une de nos premières contributions à la mission de la création de Dieu est d’apprendre à nouveau à vivre avec des limites et à les considérer comme une protection et une aide et non comme une restriction. L’immodéréité et l’immensité de notre époque conduisent littéralement à une catastrophe immodérée et sans limites et notre volonté d’être modérés, d’accepter les limites, touche au problème de fond. En ce qui concerne la création, la bible dit et redit que Dieu a fixé des limites ; à l’eau, à la terre et à tout ce qui se trouve sur cette terre. Les frontières ne sont pas simplement un défi pour chercher un moyen de les briser, mais une ligne que Dieu nous a donnée pour qu’elle ne soit pas franchie.

En outre, je crois qu’en tant qu’église, nous devons élever nos voix sur les questions environnementales, tout comme nous le faisons contre l’avortement ou le racisme. Dieu nous a donné le monde naturel, qui est sa création, non seulement pour que certains puissent en profiter et en tirer le plus grand profit possible, mais aussi pour qu’il existe en équilibre afin que tous puissent y prospérer. Si nous restons silencieux sur ces questions, nous avons effectivement renoncé à Dieu en tant que créateur de ce monde, quelle que soit la véhémence avec laquelle nous préconisons que Dieu ait créé ce monde en sept jours littéraux. Si nous restons silencieux sur la façon dont nous traitons la création, peu importe qui l’a créée ou à quelle époque.

Et finalement, ce sera toujours une question de style de vie. Nous ne pourrons pas éviter de nous remettre en question de manière critique encore et encore. Le prix des produits plus chers et plus écologiques est peut-être le prix le plus bas à long terme, car le prix des produits bon marché et nocifs pour l’environnement pourrait s’effondrer et entraîner la mort. Encore une fois, nous ne devrions pas vouloir être plus intelligents que Dieu.

Conclusion

Nous devons discuter plus avant de la manière dont nous pouvons vivre cela en détail, des possibilités et des tâches que nous avons ici en termes concrets. Mais une chose est sûre : Dieu a confié sa création à nos soins ; c’est aussi l’une de ces fourrières confiées avec lesquelles nous devons créer. Laisser simplement cela à certains spécialistes est une négligence criminelle de notre mission.


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Atten. Getter : « En fin de compte, tout ce qui nous reste, c’est ce que nous avons donné ». En gardant cette déclaration à l’esprit, passons au texte :

Contexte :

Le passage que nous lisons appartient probablement de façon indissociable au précédent. Au chapitre 20, 45-47, Jésus attaque massivement la piété des scribes et les accuse, entre autres, d’être des requins de l’immobilier qui s’enrichissent aux dépens des pauvres. Et maintenant, il oppose l’offre insignifiante de cette pauvre veuve, vue sous l’angle de l’argent, aux sommes élevées des riches. Mais juste, au moins depuis Einstein, nous savons que tout est relatif. Jésus le savait bien avant Einstein : le montant des dons est relatif. Pour la veuve pauvre, deux heller c’est relativement beaucoup, c’est-à-dire tout son gagne-pain, pour une autre personne, deux heller ce n’est pas beaucoup, juste 1 ½ % d’un salaire journalier moyen ; et pour une personne riche, c’est quelque chose qu’elle ne ressent même pas.

Sur la base de ce passage, je voudrais faire deux déclarations sur les dîmes et les offrandes pour nous en tant qu’église, puis tirer quelques conclusions :

1. le NT n’a aucun moyen légal de traiter les dîmes ou les offrandes.

Lorsqu’il s’agit de dîmes ou d’offrandes dans la Bible, nous sommes confrontés à des déclarations extrêmement réalistes. Dans l’Antiquité, c’était très simple : les lévites sont responsables du culte et du temple, et le reste du peuple est responsable de la vie des lévites. Malachi s’en prend alors aussi au peuple de Dieu et lui fait des reproches : parce qu’ils ne paient pas la dîme, les lévites doivent négliger leur service pour subvenir à leurs besoins.

Dans le Nouveau Testament, nous trouvons des déclarations similaires : ceux qui travaillent pour l’Evangile doivent aussi en vivre. Mais nulle part la dîme n’est préconisée comme une approche juridiquement obligatoire ; nulle part on ne nous donne un pourcentage, un montant minimum ou une somme obligatoire pour tous. Le NT ne connaît aucune approche légale concernant l’argent, les dîmes ou autres offrandes, bien que le NT s’inspire clairement du principe de l’OT selon lequel le peuple de Dieu paie pour l’argent nécessaire à l’accomplissement efficace du ministère de l’église.

Mais comme l’église sait que même les sacrifices et les offrandes sont relatifs, elle n’en a jamais fait un droit ferme. Pour quelqu’un qui gagne Fr. 4000.?net et qui a trois enfants, 10% de prélèvement est relativement important, quelqu’un qui gagne Fr. 12’000.?et qui a trois enfants remarque 10% nettement moins, et quelqu’un qui gagne 6 millions de francs par mois comme Michael Schuhmacher ne ressent même pas les 10%. Et comme le NT ne connaît pas de moyen légal de traiter la dîme, nous ne le savons pas non plus.

2. Le NT a une attitude généreuse envers les dons et l’argent.

Contrairement à un quota, un pourcentage ou un montant minimum légal, le NT ne connaît qu’une attitude généreuse en matière d’argent et de dons. Paul rapporte, à partir de la collecte en Macédoine, que les églises ont donné au-delà de leurs moyens, Jésus parle de la veuve qui a donné tout son gagne-pain et Zachée a donné une grande partie de sa richesse par reconnaissance et joie du salut qu’il a connu.

Un pourcentage prescrit permet seulement à nous, les humains, de dire : j’ai fait mon devoir, le reste est à moi. Mais Jésus ne connaît pas le devoir dans ce sens. Notre vie appartient à Dieu, comme nous l’avons entendu la dernière fois. Il ne peut jamais être question que nous ayons fait notre devoir en ce sens. Toutes les opérations de dons qui visent à faire son propre devoir puis à disposer librement du reste, sans être liées à Dieu, passent à côté de l’objet de ce que Jésus aborde ici.

Ce n’est pas le pourcentage ou le montant qui fait la différence, mais l’attitude généreuse. Ni pour Jésus ni pour l’église primitive, les dons n’ont jamais été une question d’obligation, mais ils étaient des expressions tout à fait naturelles de leur relation avec Dieu. Tout comme Dieu a été généreux avec eux, ils ont été généreux les uns envers les autres en matière d’argent. Le récit de l’église après la Pentecôte ne fait que le souligner.

En ce sens, le NT est encore plus radical que l’OT sans jamais tomber dans une posture légaliste. Pour l’un, une dîme peut être littéralement trop élevée, mais pour un autre, trop faible. Mais les deux sont généreux. Que quelqu’un du NT ait donné 5% ou 20%, tous deux l’ont fait d’un coeur joyeux et en sachant que leur vie entière appartenait à Dieu de toute façon.

Conclusion

Je voudrais en tirer quelques conclusions.

1. sans dons, nous ne pouvons pas, en tant qu’église, exercer pleinement notre ministère. Cela n’a pas changé depuis la plainte de Malachi concernant le manque de dîme et le manque de ministère des lévites dans le temple qui en résulte. C’est aussi simple et aussi clair que le 1 + 1 = 2.

2. le pourcentage ou le montant de l’argent que nous donnons est basé sur notre cœur et notre capacité Il s’agit toujours des deux. Qu’ils soient pauvres ou riches, qu’ils soient petits ou grands, les dons sont toujours faits avec un cœur reconnaissant et généreux, et alors peu importe que quelqu’un donne 10 centimes ou Fr. 1 000.

Cette conclusion est peut-être la plus critique : ce qui vaut quelque chose pour moi, je le laisse me coûter quelque chose. Ou en d’autres termes : je vous montre à quoi je dépense mon argent et vous me dites ce qui signifie quelque chose pour moi. – Que nous puissions donner 10 % ou non n’a pas d’importance, mais si l’église a un sens pour nous, si elle est importante pour nous parce que nous y puisons de la nourriture pour notre vie spirituelle, parce qu’elle nous aide dans le développement de notre personnalité, parce que nous rencontrons Dieu à travers elle, parce que nous l’aimons avec toutes les personnes colorées qui la composent, alors nous trouverons toujours un moyen de la soutenir, parce que pour les choses qui sont importantes pour nous, nous trouvons souvent un moyen de les financer.  C’est comme ça avec tous les gens, riches ou pauvres. Je remarque qu’avec moi, si je tiens vraiment à quelque chose, je trouve un moyen de le financer. Je peux aussi regarder nos garçons et voir à quoi sert l’argent de poche et à quoi il ne sert pas…. Alors je sais parfaitement ce qu’ils ont à cœur.

4) Ce qui est vrai sur le plan personnel l’est également pour les finances de l’église. Parce que nous mettons un prix sur ce que nous apprécions, mon désir et mon objectif sont d’exprimer cela dans le budget de notre église. Nos valeurs en tant qu’église se reflètent dans les postes budgétaires, mais pas nécessairement dans le montant. C’est pourquoi nous avons déplacé la collecte de la mission vers le dimanche, plus au centre de la vie de l’église. Et parce que nous sommes sérieux quant au fait que Jésus est venu pour les pauvres et les impuissants de ce monde, même nous, en tant que petite congrégation avec une situation financière plutôt serrée, trouvons toujours des moyens d’utiliser l’argent à des fins sociales ; que ce soit en donnant une fois de plus quelque chose aux mères célibataires de la région, ou en soutenant les enfants pour le camp de jeunes à l’automne, ou les familles pour le camp familial.  Nous trouvons des moyens, et alors peu importe que nous ne puissions pas investir autant que les autres pour le moment, mais nous investissons. L’amour rend inventif et créatif. Et si nous n’avons pas d’argent, alors il y a peut-être d’autres moyens. Pourquoi ne pas offrir l’automne prochain à toutes les femmes célibataires du village de monter gratuitement les pneus d’hiver ?


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Le commandement de Dieu:

Le récit de la création, relaté dans la Genèse, décrit la création du monde et des hommes. Généralement, la place particulière donnée par Dieu à l?homme par rapport au reste de la création est la première chose mise en avant dans les différents commentaires de ce texte. Ceci est pleinement justifié par le fait que Dieu rend l?homme responsable de la création et lui donne le pouvoir de régner sur tous les animaux1 . En fait, Dieu rend l?avenir de la création soumis à la volonté des hommes et je ne veux aucunement remettre cela en cause. Cependant il est intéressant de se demander comment l?homme peut exercer son autorité sur la nature tout en restant conforme à la volonté de Dieu (ndlt : j?ai ajouté cette phrase).

Il est tout d?abord intéressant de noter que si la création de la Nature entière s?étale sur 5 « jours » ou 25 versets dans la Genèse2, celle de l?Homme ne prend qu?un jour, ou 6 versets ! Le temps nécessaire à Dieu pour créer notre environnement est donc cinq fois supérieur à celui utile utilisé pour créer l?Homme.

« Le Seigneur Dieu prit l?homme et l?établit dans le jardin d?éden pour le cultiver et le garder. »3 Dieu a donc placé les hommes au centre de sa création avec un double commandement que l?on pourrait qualifier d?appel au « développement durable » : l?homme doit utiliser le fruit de la terre pour continuer son existence. Ceci est le traît plutôt progressif (ndlt : je suis toujours pas convaincue) du commandement divin. Un autre aspect, celui-ci plutôt conservatif, est le fait que l?homme doit protéger la création. Dieu nous a donné la double autorité d?utiliser et de protéger. Dans ce sens, selon le plan divin, l?Homme ne doit pas abuser de son autorité en exploitant la création, mais l?utiliser, en tant que commanditaire et représentant de Dieu, pour satisfaire ses besoins vitaux 4. L?homme sert Dieu de ce fait aussi en protégeant Sa création.

Participer à l??uvre salvatrice

Le commandement de Dieu de protéger la création reste aussi valable après l?expulsion de l?homme du jardin d?éden. Selon l?apôtre Paul, la nature est la preuve visible de l??uvre de Dieu[5]. Toutefois, vu que la création est soumise à l?autorité de l?homme, elle sera également exposée à sa nature pécheresse et donc à la destruction. De la même manière que les hommes, toute la création doit être délivrés du péché6.

En tant qu?enfants de Dieu, il est de notre devoir de se demander comment nous pouvons préparer cette libération annoncée de la création. Une réponse possible est de s?appliquer à vivre dans la sainteté ( ???clair ??), même si nous savons pertinemment bien que cette sainteté ne sera véritablement possible que dans le Royaume des Cieux.

Participer à la réconciliation du Christ

La création dans sa totalité est si importante à Dieu que celle-ci est incluse dans son plan de salut. Au moment de la création du monde, la nature et l?homme étaient en harmonie. L?homme, en tant que représentant de Dieu, utilisait et protégeait la création, en tant qu?humble serviteur. La chute a mis fin a cette unité. L?homme se considère dorénavant comme mis à part de la création. La nature lui devient une entité séparée opposée.

En latin, natura signifie : celle qui mettra au monde. Ceci exprime la tendance de l?homme à considérer la création comme une force qui se renouvelle et se suffit à elle-même. Il la perçoit comme ennemi, mais il est également fasciné par sa nature étrange. On peut citer en exemple le nombre cultes de la fertilité des tribus primitives..

Or, le Christ est non seulement décrit comme « premier-né de la création »7, mais il est également à l?origine de toute création : « Car c?est par lui que Dieu a tout créé dans les cieux et sur la terre, ce qui est visible et ce qui est invisible? Il existait avant toutes choses et dans leur relation avec lui, toutes les parties de la création sont maintenues à leur place. »8 A travers la mort de Jésus sur la croix, la brisure entre Dieu et sa création est réparée : « [Dieu] a voulu [par le Christ] réconcilier tout avec lui-même, tant ce qui est sur la terre que ce qui est dans les cieux, en faisant la paix par lui, par le sang de sa croix. »9 L??uvre de réconciliation de Dieu commence par l?homme mais s?étend également à toute la création. Le sacrifice de Jésus réconcilie non seulement les hommes entre eux mais également les hommes avec la nature.

En résumé, l?homme a reçu de Dieu l?autorité sur toute la création mais en abuse depuis sa Chute. Cependant Dieu aimerait réconcilier les hommes avec leur environnement. L?homme qui a vécu et qui continue à vivre cette réconciliation avec Dieu, doit donc également rechercher à se réconcilier avec son environnement. Il ne peut pas être disciple du Fils-serviteur de Dieu et en même temps exploiter les autres créatures. C?est pour cela que nous devons « convertir » notre relation à l?environnement pour arriver à le ménager et a le gérer de manière durable.

Qui adorons-nous ?

On rencontre souvent l?argument que protéger l?environnement reviendrait à accorder à la création ce qui revient au Créateur, que cela reviendrait à commettre l?erreur d?adorer la création au lieu du Créateur[ ^10]. Il faut dire que cette attitude, effectivement assez rependue dans les milieux écolos et alternatifs, a pu prendre de l?ampleur seulement parce que les chrétiens se sont intéressés très tard aux problèmes de l?écologie et de par leur absence ont laissé le champ libre à ces pensées ésotériques. C?est justement pour cela, qu?il est important que nous, chrétiens, nous sachions pourquoi nous sommes appelés à nous mobiliser pour l?environnement.

Laissez-moi conclure par quelques remarques :

Il est clairement dit dans la Bible que Dieu a créé le monde par un acte souverain11. Dans ce sens, Dieu est le sujet et la création, et la création, l?objet. Nulle part dans la Bible, cette distinction n?est remise en cause. C?est à Dieu qu?est due l?adoration. La préservation de l?environnement ne peut donc se faire que dans le cadre cette adoration. De plus, quand nous détruisons la création, qui est un prêt de Dieu, cela ne refl`ete pas une grand estime de notre part envers le créateur ! C?est un acte d?amour pour Dieu que de la préserver.

Dans le livre de Job, ainsi que dans de nombreux Psaumes, la création est décrite comme l?expression de la toute-puissance et de la créativité de Dieu12. L?exploitation abusive de celle-ci est une marque de la folie de l?homme qui croit d?être, lui, tout-puissant. Comment pouvons-nous louer le Seigneur avec des Psaumes parlant de la beauté et de la perfection de la création divine et en même temps la gaspiller et la détruire ?

Au contraire de la nature qui est éphémère, Dieu ne change pas. Gardons-nous donc de penser que nous pouvons sauver la création. Si quelqu?un peut sauver quelque chose, c?est seulement le Christ. Nous savons que la nature a été faite parfaite mais que par la faute du péché humain, elle est corrompue et exprime effectivement un côté destructeur. Mais ne l?oublions pas, Dieu ne nous condamne pas pour notre mortalité et notre nature pécheresse. Il nous appelle plutôt à le suivre et le servir dans notre vie présente, éphémère, bien que celle-ci soit appelée à se terminer un jour. De la même manière, nous sommes appelés à préserver la création présente, éphémère, car elle appartient à Dieu. Ce qui veut dire d?utiliser de manière saine l?autorité que Dieu nous a donnée.

Dans son épître, Jacques décrit les hommes comme étant « les prémices » de la création13. Il renverse ainsi la chronologie du récit de la création. Si cela signifie que la création a été faite pour les hommes, il est toutefois clair que Dieu a créé celle-ci par amour ? puisque lui-même est amour ? et que l?homme doit utiliser en premier lieu la création pour témoigner de son amour du créateur. Ceci est le « culte raisonnable »14.

Préserver l?environnement

La création sert les hommes :

Elle permet un repos physique, psychique et spirituel.
Elle lui fournit les moyens de subsistance.
Elle les rappelle la toute-puissance de Dieu.
Dans ce sens, l?homme suit deux buts en préservant l?environnement :

Il glorifie Dieu.
Il préserve ses ressources et celles de ses enfants. En effet, ceci nous ramène au but de glorifier Dieu, puisque ce ne sont que les vivants qui célèbrent Dieu[15].
La préservation de l?environnement est pour toutes ces raisons un signe et un témoignage de notre amour pour le Créateur.

Samuel Ninck, octobre 2001

Traduit de l?allemand : Anne-Sylvie Nicollerat, décembre 2001

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1. « Dieu créa les êtres humains à sa propre ressemblance; il les créa homme et femme. Puis il les bénit en leur disant : ? Ayez des enfants, devenez nombreux, peuplez toute la terre et dominez-la: soyez les maîtres des poisons dans la mer, des oiseaux dans le ciel et de tous les animaux qui se meuvent sur la terre.? » Genèse 1.27-28

2. Genèse 1.1-25

3. Genèse 2.15

4. « Sur toute la surface de la terre, je vous donne les plantes produisant des graines et les arbres qui portent des fruits avec pépins et noyaux. Leurs graines ou leurs fruits vous serviront de nourriture. » Genèse 1.29

5. « Depuis que Dieu a créé le monde, ses qualités invisibles, c?est-à-dire sa puissance éternelle et sa nature divine, se voient dans les oeuvres qu?il a faites » Romains 1.20

6. « Le monde entier attend avec impatience le moment où Dieu révélera ses fils. Car le monde est tombé sous le pouvoir de ce qui ne mène à rien, non parce qu?il l?a voulu lui-même, mais parce que Dieu l?y a mis. Il y a toutefois une espérance: c?est que le monde lui-même sera libéré un jour du pouvoir destructeur qui le tient en esclavage et qu?il aura part à la glorieuse liberté des enfants de Dieu. » Romains 8.19-22

7. « Le Christ est [?] le Fils premier-né, supérieur à tout ce qui a été créé. » Colossiens 1.15

8. Colossiens 1.16-17, Apocalypse 3.14: « ?l?origine de tout ce qui a été créé? »

9. Colossiens 1.20

10. Cet argument associe la protection de l?environnement au passage dans Romains 1.25 : « Ils adorent et servent ce que Dieu a créé au lieu du créateur. »

11. Genèse 1 et 2

12. Job 38-41; Psaume 8,19,29,65,104,136 et al.

13. Jacques 1.18

14. cf. Romains 12.1

15. cf. Psaume 115.17

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Le Royaume de Dieu en tant que pouvoir en évolution de la société

1. l’intervention salvatrice de Dieu change toujours une société.

Ceux qui ne se tournent vers la Bible que pour obtenir des instructions sur la paix intérieure ou le bien-être privé et religieux seront rapidement déçus. Là où Dieu travaille et intervient pour sauver, cela a toujours des conséquences pour la société. De plus, l’espoir des auteurs bibliques est que le royaume de Dieu imprègne et renouvelle un jour pleinement ce monde entier (par exemple, Ésaïe 32:1-20 ; 66 ; Ézék 34). Cette puissance envahissante du royaume de Dieu devrait également remodeler les réalités sociales, économiques, politiques et écologiques de notre monde. Garder cela à l’esprit nous évite de voir le salut de Dieu en termes purement individualistes, en le limitant à l' »âme » de l’homme. La vision du royaume de Dieu n’est pas moins que celle d’une terre et d’un ciel renouvelés. Partout où Dieu sauve, cela concerne toute la réalité d’un être humain, c’est-à-dire aussi son existence sociale, écologique, spirituelle et physique. Trois exemples tirés de la Bible illustreront ce point.

1.1 Le scandale de l’exode : un Dieu qui prend soin des esclaves

Lors de la libération d’Israël de l’Égypte, il s’est passé quelque chose d’unique, sans précédent dans toute l’histoire ancienne : un Dieu écoute les cris des esclaves. Son attention se porte sur les impuissants, et il défie le puissant pharaon ainsi que son puissant dieu Râ. Ce faisant, il a défié l’ordre social qui était courant à l’époque, car dans la société ancienne, il était considéré comme naturel de garder des esclaves. Le monde était « organisé » avec des pharaons et des esclaves qui devaient travailler pour lui et qui n’avaient aucun droit et aucun accès aux dieux puissants.

Mais Yahvé, le Dieu d’Israël, a changé cela et a accompli l’inimaginable. Il a annulé les normes existantes et a donné la liberté à ceux qui n’ont jamais pu se libérer ; il a rendu justice à ceux à qui personne n’aurait jamais rendu justice. Le pharaon et ses prétentions au pouvoir ont été simplement suspendus. Dieu, qui était plus puissant que Râ, accordait sa faveur et ses soins aux esclaves, aux insignifiants, à ceux qui n’étaient là que pour permettre aux puissants de vivre leur vie confortable. La puissance de Dieu a complètement changé tout l’ordre social.

Depuis l’Exode d’Egypte, nous savons que Dieu est le Dieu de la liberté et de la justice, et qu’avec lui il n’y a pas de respect de la personne. Et parce qu’Israël faisait ainsi l’expérience de Dieu, ils devaient aussi se traiter mutuellement en conséquence : « Vous ne devez pas profiter d’un étranger ni l’exploiter, car vous étiez vous-mêmes étrangers en Égypte. Vous ne devez pas profiter d’une veuve ou d’un orphelin. Si vous profitez d’elle et qu’elle me crie dessus, je l’écouterai crier de lamentation ». (Ex 22, 20-22, cf. Pr 21, 13). Les prophètes parlent ensuite d’Israël oubliant comment le salut radical de Yahvé a également produit un nouvel ordre social (par exemple, Ésaïe 1:11-17 ; 58 ; Amos, etc.).

Nous sommes d’accord : l’Exode n’est pas un salut purement « interne, spirituel » d’Israël. L’Exode n’est pas un salut purement interne et spirituel d’Israël, mais l’expérience de la grâce de Dieu qui a redéfini l’ordre et la structure sociale existants.

1.2 La vie et l’œuvre de Jésus : une société contrastée émerge

Avec la venue de Jésus sur cette terre, quelque chose de similaire se produit. Il est prophétiquement dit de lui : « Il renverse les puissants de leurs trônes et élève les humbles » (Lc 1, 52). (Lc 1:52). Cette fois-ci, c’est l’élite pieuse qui a établi l’ordre hiérarchique et a exclu et privé de dignité tous ceux qui ne répondaient pas à ses critères.

Le sermon de Jésus à Nazareth, où il promet le salut de Dieu aux pauvres, aux impuissants et aux marginaux (Lc 4, 16-30), est fondamental pour comprendre que son ministère a également changé la société. Il s’agit de personnes qui ont besoin d’aide dans un domaine de leur vie – par exemple, spirituel, physique, matériel ou psychologique. Ils ne peuvent rien faire de leur propre chef pour changer cette situation négative de la vie.

La bonne nouvelle de l’arrivée du royaume de Dieu a changé la situation désespérée de ces personnes sans défense :

– Au criminel sur la croix, il a dit : « Aujourd’hui, tu seras avec moi au paradis ».

– À la prostituée, il a dit la paix de Dieu (Lc 7, 36-50).

– À ceux qui étaient exclus de tous les autres parce qu’ils étaient moralement et religieusement « faibles », Jésus a communiqué qu’ils appartenaient à la société. Pour lui, ils appartiennent aussi au peuple de Dieu (Mc 2,13-17 ; Lc 7,36-50 ; 19,1-9).

– Il a touché l’intouchable (le lépreux), rendu l’innocence à celui que tous soupçonnaient (le paralytique en Lc 5,17-26), et célébré avec Lévi avec qui personne n’aimait faire la fête (Lc 5,27-32).

Le Royaume de Dieu en tant que pouvoir en évolution de la société
Dans une société où la maladie n’est pas une chose purement physique, mais aussi une question de culpabilité, de honte et d’isolement social, toute guérison est un changement radical dans le tissu social d’une personne guérie (cf. Mat 9, 20).

Avec lui, ceux que personne ne veut appartiennent ; avec lui, ceux dont la dignité a été détruite et foulée aux pieds par d’autres reçoivent la dignité. La bonne nouvelle de Dieu est pour ceux qui ne peuvent pas vivre une vie joyeuse. Ainsi, comme dans l’Exode, une société contrastée a vu le jour (Actes 2:42-47), dans laquelle il n’y a ni hommes ni femmes, ni Juifs ni Grecs, ni esclaves ni libres (Gal 3:28).

Le salut que Jésus a apporté doit être socialement transformateur de la manière la plus radicale ? il ne peut en être autrement.

1.3 L’expérience spirituelle de l’Église : tous ont quelque chose à apporter

Cette puissance sociale explosive du royaume de Dieu se manifeste, entre autres, dans l’expérience spirituelle de l’église. A la Pentecôte, l’Esprit a été répandu sur tous les peuples (« toute chair ») sans distinction de sexe, d’origine sociale ou ethnique ; par l’Esprit, ces distinctions s’effacent, et tous ont quelque chose à dire dans l’église 1.

On peut dire la même chose des dons spirituels (cf. 1 Cor. 12-14) : dans les églises de Paul, tous avaient quelque chose à apporter, indépendamment de leur origine sociale ou ethnique ou de leur sexe. Il n’y a personne qui soit autosuffisant, il n’y a personne qui n’ait rien à contribuer. Il ne s’agit pas d’un cas de « comme et comme vont ensemble », mais plutôt d’un cas d’inégalité et d’inégalité qui est formé en un seul corps, qui ne reflète la gloire de Dieu que dans sa diversité. Ici, littéralement, les premiers sont les derniers, et les normes sociales habituelles sont mises de côté.

Les manifestations du Saint-Esprit ont toujours conduit à la réconciliation. Il y a donc eu une réconciliation

– entre Juifs et Gentils (Actes 10)

– entre un juif et un eunuque impur (Actes 8)

– entre les Juifs et les Samaritains qui les détestaient (Actes 8).

Chaque fois, c’est l’Esprit de Dieu qui prend l’initiative pour que des personnes qui autrement n’auraient rien à voir les unes avec les autres trouvent leur chemin les unes vers les autres et vers la réconciliation. Une constellation sociale unique a ainsi vu le jour : une église s’est formée à partir de personnes qui, autrement, n’auraient été que méprisantes, dédaigneuses et hostiles les unes envers les autres.

2. même aujourd’hui : les personnes transformées sont libérées des règles de la société et ne sont donc pas inoffensives.

Les exemples bibliques montrent que le royaume de Dieu ne s’étend jamais sans que la société ne change. Dans une certaine mesure, cependant, ces changements ne se concrétisent pleinement que dans l’église (et, espérons-le, dans nos églises aussi !). Mais en créant une société contrastée, où l’ordre habituel de la hiérarchie ne s’applique plus et où les faveurs ne sont plus distribuées selon les règles habituelles du jeu2, le renouveau ultime brille à tout jamais sous nos yeux.

A notre époque, le royaume de Dieu n’en est pas moins une force sociale explosive. Chez nous, ce sont les personnes qui réussissent, les belles, les fortes et l’argent qui fixent les règles du jeu de la société : le succès justifie, l’argent règne, la beauté rend aimable, et la force s’affirme et rend indépendant. Avec Dieu, cependant, nous faisons l’expérience :

– Celui qui est fidèle et qui pardonne a raison.

– aimable est celui qui est humain .

– qui veut commander, sert .

– Celui qui veut s’affirmer se renie lui-même et éprouve sa dépendance.

– La toute-puissance de Dieu se réalise dans l’impuissance de nous, les humains.

Le royaume de Dieu est encore en train de changer la société aujourd’hui parce que les personnes qu’il accueille passent par un processus de changement. Ceux qui suivent Jésus de Nazareth se rendent compte que leur valeur et leur raison d’être ne sont plus définies par la performance ou le succès, mais par l’acceptation inconditionnelle qui leur vient de Jésus. Une telle expérience, à son tour, ne peut rester sans répercussions dans les rapports avec les autres. Un disciple de Jésus est libéré de l’obligation de juger les autres en fonction de leurs réalisations (qu’elles soient économiques ou « religieuses »). L’Église de Jésus est libérée de toutes les valeurs oppressives et dégradantes de notre société et a donc un effet de guérison sur notre société. Les disciples de Jésus sont libérés du jeu de la société. Ce jeu se joue différemment selon les lieux et les moments, mais les deux thèmes principaux restent les mêmes : l’argent et le pouvoir ? que ce soit par le succès, la beauté, la force, l’indépendance ou autre. Lorsque ni l’argent ni le pouvoir ne régissent les relations, mais que l’amour, l’acceptation et le pardon le font, cela ne peut pas être sans conséquences pour la politique et l’économie. L’expérience de notre justification par la grâce ne peut pas passer sans laisser de traces dans nos relations avec les autres. Dans une pratique de vie chrétienne constante, l’expérience de notre propre acceptation inconditionnelle par Dieu devient un guide et une ligne directrice pour notre comportement. Et cela n’est pas considéré comme inoffensif par les pouvoirs et les patrons de notre époque, pas plus que le fait que Jésus se soit tourné vers les « mauvaises personnes » ne peut être considéré comme inoffensif. Elle sera toujours scandaleuse, non économique et peu commode aux yeux des acteurs de notre société. Un style de vie chrétien cohérent devient ainsi la voix prophétique de Dieu, qui a toujours été utile aux « derniers » et incommode aux « premiers » (Luc 13:30).

Notre vision est et reste celle d’une terre renouvelée avec une société renouvelée : parce que Dieu lui-même habitera avec nous et essuiera toutes les larmes (Ap 21, 1-4), tous ceux qui ont faim, souffrent, se lamentent, sont doux, méprisés et persécutés peuvent se réjouir dès maintenant.

Le Dr Matthias Wenk (41 ans) est suisse, a étudié la théologie aux États-Unis et a obtenu son doctorat en Angleterre. Il travaille comme pasteur de BewegungPlus à Hindelbank et, à temps partiel, comme professeur au séminaire théologique-diaconal d’Aarau. Il est marié et père de trois fils (16, 13, 6 ans).

Toutes les citations de la Bible sont tirées de la Einheitsübersetzung.


1 : Le choix des catégories sociales était délibéré et, à l’exception des anciens, reflète ceux qui, dans la société orientale, n’avaient généralement rien à dire.

2 : Alors que chez les Égyptiens, ce sont les dirigeants qui définissent la vie sociale, chez les Juifs du temps de Jésus, ce sont les pieux et les bien-pensants, et chez les Grecs, ce sont les sages et les forts. Chaque fois, Dieu a défié les barrières sociales habituelles. Il a démontré sa puissance à travers les esclaves, sa pureté et sa sainteté à travers les méprisés et les pécheurs, et sa sagesse à travers la croix et les fous. (1 Cor 1:18-31).

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Il suffit d’ouvrir le journal ou d’allumer un poste de radio pour être informé des nombreuses injustices dont sont victimes les Hommes à travers le monde. On déplore, en particulier, le fossé qui ne finit pas de se creuser entre le Nord et le Sud, les nouvelles formes d’esclavage moderne 1 ou encore les violations récurrentes des Droits de l’Homme dans de nombreux Etats. Et bien sûr, tous ces exemples ne représentent que la pointe de l’iceberg.

Depuis la nuit des temps, l’injustice – causée par l’esclavage et tous types d’oppressions  – a asservi et exploité notre monde. La Bible ne manque pas de nous parle de ces injustices. La source de cette iniquité n’est cependant pas à rechercher en Dieu mais en l’Homme, en son égoïsme et en son indifférence vis à vis d’autrui. Le développement d’un système de valeurs hiérarchisé – les forts oppriment les faibles et leur imposent leurs valeurs – découle directement de ces injustices à répétition.

La Bible nous raconte ainsi l’asservissement de son peuple par les Egyptiens, l’injustice de cet esclavage?. Notons pourtant que Dieu s’est révélé de manière frappante dans cette partie du monde. Et le livre de l’Exode nous conte la libération de ce peuple: « Je suis le Seigneur ton Dieu, c’est moi qui t’ai fait sortir d’Egypte ou tu étais esclave ». (Exode 20.2) Et c’est dansce présent contexte que les fondements mêmes de la Loi mosaïque sont posés. Leurs objectifs étant de combattre l’injustice. En plus des dispositions morales protectrices des défavorisés, cette loi introduit le concept de « Jubilé ».2 Cette institution avait pour but, tous les cinquante ans, d’effacer l’ardoise des pauvres. Ainsi, les terres étaient redistribuées et les esclaves libérés. Cette loi ne fut malheureusement que rarement observée, et ce malgré les avertissements de nombreux prophètes.3

Par ailleurs, les écrits prophétiques de l’Ancien Testament ne sont pas les seuls à aborder les relations entre les riches et les pauvres. Les Proverbes et les Psaumes traitent également de cette problématique. De même, bien sûr, que le  Nouveau Testament. Jésus consacra une partie importante de sa vie aux pauvres. S’intéressant aussi bien aux gens de basse condition, qu’aux malades physiques et psychiques. N’oublions pas qu’à cette époque, l’absence de structures sociales privait automatiquement nombres malades des ressources de base.

Les Béatitudes ainsi que les livres de Matthieu et de Luc 4 introduisent un système de valeurs totalement nouveau : les faibles ont désormais accès à la dignité, à l’espérance et à la liberté. Dans l’Evangile de Luc, Jésus s’adresse avec sévérité aux puissants : « Mais malheur à vous qui êtes riches, car vous avez déjà eu votre bonheur. » (ch. 6, v. 24)  Des paroles plus dures encore parsèment l’épître de Jacques: « Et maintenant écoutez-moi, vous les riches ! Pleurez et gémissez à cause des malheurs qui vont venir sur vous ! Vos richesses sont pourries 5 Vous n’avez pas payé le salaire des ouvriers qui travaillent dans vos champs. Ecoutez leurs plaintes ! Les cris de ceux qui rentrent vos richesses sont parvenus jusqu’aux oreilles de Dieu le Seigneur de l’Univers? » (chap. 5, v. 1 à 6)

La justice représente ainsi un aspect fondamental du Royaume de Dieu. Et chaque fois que nous prions « que ton règne vienne , nous demandons à Dieu plus de justice. Or,Le Royaume de Dieu n’adviendra pas seulement à la fin des temps. Nous sommes appelés à le vivre dès maintenant. Le système dégradant d’oppression des faibles par les forts ne durera pas éternellement. Justice sera faite !

Mais une conclusion trop hâtive ne devrait pas nous faire imaginer que notre monde sera sauvé en expropriant les riches et en détrônant les puissants de leur pouvoir. La question est plus complexe et Jésus nous avertit de ne pas poser de conclusions trop rapides, voire simplistes.

Le Seigneur nous recommande vivement de développer une pensée critique. Envers le monde mais également nous-mêmes. N’imaginons pas que les faibles et les opprimés soient par nature meilleurs que les autres. Le Mal ne se limite pas à une couche sociale.

·         Jésus nous exhorte à aimer et à prier pour nos ennemis. Il est ainsi fondamental de différencier les injustices sociales – hautement condamnables – des hommes eux-mêmes que nous ne devons jamais condamner,et ce même s’ils sont à l’origine de ces injustices. En outrepassant cette distinction, nous risquerions de nous apparenter aux Croisés, justifiés par la Loi du Talion et luttant pour elle.

·         La repentance  n’est pas un acte unilatéral.Il arrive, en effet, que les opprimés d’hier deviennent à leur tour oppresseurs, une fois accédés au pouvoir. Si  l’on tient réellement à amener des changements durables, il est fondamental de se laisser transformer en profondeur et en permanence par Dieu.

Et maintenant ?

Que pouvons-nous faire dans le cadre de ChristNet pour participer plus concrètement à cette recherche de justice sociale dans le monde ? Quelques pistes :

·         Prière – Que ton règne vienne !Dieu peut l’impossible !

·         Intercession pour les opprimés ainsi que pour leurs oppresseurs

·         Favoriser une pensée critique et autocritique

·         Remettre en question notre style de vie occidental, notre consumérisme à tout crin.

·         Soutenir financièrement et moralement des associations engagées en faveur de la justice sociale.

·         Nouer des liens avec des associations – et groupes – déjà existants.

·         Sensibilisation les chrétiens et le grand   public à ces problèmes.

·         Engagement politique direct.

1. Par exemple, le travail des enfants, le trafic humain et les salaires misérables attribués par les entreprises dans certains pays du Tiers Monde.

2. Cf Lévitique 25ss

3. L’Ancien Testament nous le rapporte, par exemple, dans les livres d’Esaïe au verset 58 et d?Amos (2,3,5,6,8).

4. Matthieu 5.3-12 et Luc 6.20-23

5. Passages bibliques : La Bible en français courant

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« C’est à moi ! » – une petite phrase que chaque enfant en bas âge acquiert à un âge précoce. La société occidentale est pratiquement « obsédée » par l’idée de la propriété privée. Il semble que ce soit un passe-temps courant d’utiliser toutes sortes d’astuces pour remplir sa déclaration d’impôts afin de ne pas avoir à mettre un franc de trop dans les caisses générales.

Certains chrétiens considèrent le commandement « Tu ne voleras pas » comme un plaidoyer en faveur de la propriété privée. Certains vont même jusqu’à considérer l’État-providence actuel comme quelque chose de non chrétien – un voleur qui cherche à s’emparer de nos biens privés. De même, plus d’un chrétien appelle à un « État allégé ».

Or, en ce qui concerne les récits bibliques, on trouve effectivement de nombreux exemples de propriété privée. Mais nous devons veiller à déclarer qu’il s’agit du seul système social adéquat. Et le commandement « tu ne voleras pas » n’est pas vraiment limité au niveau privé.

En fait, on trouve déjà dans le judaïsme ancien des institutions qui sont très similaires à l’État-providence d’aujourd’hui. Il y avait divers impôts (comme la « dîme ») ainsi que d’autres prélèvements en argent et en nature. En outre, tous les 50 ans, toutes les terres étaient redistribuées et tous les esclaves étaient libérés (l’année de la rémission). Il est donc étonnant que les chrétiens croyants d’aujourd’hui soient anti-étatiques et anti-fiscales.

Le livre des Actes nous donne une image tout à fait radicale. À Jérusalem, tout l’argent de l’église était mis en commun. Les riches ont vendu leur propriété et ont donné l’argent à l’église. L’argent était ensuite redistribué à tous ceux qui étaient dans le besoin (Actes 4:32-37).

« Tu ne voleras pas » était plutôt compris dans le contexte de la propriété collective, c’est-à-dire que le vol consistait à tricher et à soustraire une partie de son argent à la communauté (Actes 5:1-11).

Aussi inimaginable que cela puisse paraître, la première communauté chrétienne a volontairement vécu dans une société collective. Plus tard, dans les églises où Paul s’est rendu, de l’argent a été collecté en solidarité avec l’église mère de Jérusalem (Jérusalem accueillait un nombre de pèlerins pauvres supérieur à la moyenne, ce qui a conduit à l’état d’urgence pendant la grande famine). Ainsi, la solidarité internationale et la redistribution existaient déjà à l’époque.

Une liste simplifiée des développements bibliques internes :

 

Temps des patriarches Loi mosaïque Première communauté chrétienne Christianisme d’aujourd’hui.
vers 2000 avant J.-C. à partir de 1200 avant J.-C. vers 30 après J.-C. 2001 après J.-C.
propriété privée / patriarches, clans propriété privée, introduction d’impôts ; personnes en tant qu' »administrateurs » de propriétés » vente de propriétés privées, société collective vivante, soutien d’autres communautés ?

Le diagramme très simplifié montre une évolution dans la compréhension biblique de la propriété privée et collective. Je suis conscient que le modèle de la société collective ne peut pas être simplement transféré 1 à 1. Nous ne devrions certainement pas forcer une société collective de manière dictatoriale, comme c’était le cas dans les États soviétiques. Mais cela devrait quand même nous donner matière à réflexion. Se pourrait-il que l’Esprit Saint veuille nous remplir, nous les chrétiens, afin que nous puissions surmonter notre société occidentale individuelle ? Se pourrait-il que nous devions revoir notre attitude à l’égard des impôts, par exemple ? On peut certainement discuter du montant et de l’utilisation de l’argent des impôts. En principe, les impôts et la redistribution sont cependant largement ancrés dans la Bible, de sorte que Paul aborde également ce sujet dans le chapitre 13 de Romains: :  » … c’est pourquoi vous payez également des impôts ; car les pouvoirs de l’État sont les serviteurs de Dieu, qui sont continuellement employés à cette fin. Donnez à tous ce qui leur est dû : l’impôt à qui l’impôt est dû, le devoir à qui le devoir est dû, la révérence à qui la révérence est due, l’honneur à qui l’honneur est dû (Romains 13, verset 6+7).


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