La crise pèse sur les petits

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La pandémie actuelle provoque un fort bouleversement aussi pour l’économie. Comme à l’habitude quand une crise économique se déploie, ce sont souvent les Petites et Moyennes Entreprises et les indépendants (PME) qui dégustent. Les grandes entreprises de par leur poids économique peuvent beaucoup plus facilement demander des aides et justifier pourquoi cela est important en présentant le nombre de licenciement que l’absence d’aide pourrait occasionner.

La valeur mal protégée des PME

Il est pourtant clair que la richesse d’un pays ne provient pas à elle seule des grandes entreprises. Souvent ces dernières ont besoin d’un terreau de PME pour pouvoir bien se développer. Et vice-versa les PME profitent également quand elles peuvent travailler pour des grandes entreprises. Ainsi va l’économie. Pourtant la multiplication des crises, l’importance du too big to fail (trop gros pour faire faillite) qui favorisent les grandes entreprises, les maints accords entre grandes entreprises et l’Etat, les législations pro-grandes entreprises et les retards de payements plombent le dynamisme des PME. La France n’est pas épargnée : elle comporte environ 3,8 millions de PME, qui emploient 6,3 millions de salariés et réalisant 43% de la valeur ajoutée. Elles sont très importantes pour l’économie puisqu’elles apportent une immense diversité de biens et services.

Il se trouve même que certaines mesures proposées ou appliquées pour réguler le capitalisme n’entravent pas seulement les grandes entreprises mais surtout les PME qui ne disposent pas d’une voix assez forte pour se défendre. Les régulations supplémentaires sont plus faciles à mettre en œuvre dans les grandes entreprises puisque les coûts occasionnés sont plus petits en proportion du chiffre d’affaires. Elles disposent souvent d’une division juridique solide. En fin de compte, l’esprit d’entreprise est mis à mal par des bureaucraties lourdes. Les grandes sont favorisées et les petites oubliées.

Dégâts des monopoles

Ce qui se passe au niveau économique, c’est aussi ce que décrie la Bible. Dans le comportement des humains, ce qui est digne d’intérêt c’est le plus souvent ce qui est grand : les chefs, les grands édifices, les grandes entreprises humaines et les modes. La théorie économique décrie de son côté les situations où des entreprises deviennent des monopoles. Souvent les abus s’accumulent sur la détermination des prix à l’avantage de la détentrice du monopole.

Déjà dans l’Ancien testament, les prophètes pointaient du doigt les riches qui s’appropriaient à l’excès des terres et des maisons (Esaïe 5.8). Dans le Nouveau Testament, il en va de même puisque l’accumulation de richesse est sévèrement condamnée surtout si le pauvre est exploité (Jacques 5.1-6). Il est demandé aux chrétiens de ne pas faire de favoritisme suivant les conditions sociales ni d’abuser du pauvre (Jacques 2.1-9), de se contenter dans la simplicité et d’être généreux (1 Timothée 6.17-19). En serait-il de même en économie où les plus grands sont favorisés ? En tant que chrétiens, nous sommes appelés à témoigner du règne de justice et de paix inauguré par Christ. Cela touche aussi à notre consommation : ne devrions-nous pas arrêter de contribuer à des monopoles écrasant les petits, en privilégiant des biens et services plus locaux, favorisant les PME et une économie respectueuse de tous ?


Tribune parue sous la rubrique « Regards » dans Christ Seul (mensuel des Eglises évangéliques mennonites de France), n° 1114, Décembre 2020, www.editions-mennonites.fr.

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