Le cas Delphi : où s’arrête donc la mondialisation ?!

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L?entreprise Delphi, premier équipementier automobile mondial, possède d?innombrables firmes dans le monde entier et emploie aujourd?hui 185 000 personnes, dont un quart aux Etats-Unis. Pour faire face à la concurrence, le PDG de Delphi, Robert Miller, voulait réduire de 60% le salaire des employés américains dans un premier projet, passant ainsi à une moyenne de 13 francs par heure (tout juste au dessus du seuil de pauvreté) ; à cela s’ajoute une suppression de la caisse maladie, une réduction de moitié des versements de la caisse de retraite, et des vacances réduites de deux semaines. Un projet plus récent prévoit des coupes légèrement plus modestes ; du moins pour les employés actuels, sans parler de ceux à venir?

Il s?agit d?une « collision infernale entre forces économiques », expliqua Miller lors d?une conférence. Selon lui, de nombreux employés de chez Delphi auraient l?impression d?être encore dans les années soixante-dix, mais les salaires généreux et les avantages sociaux auxquels ils avaient été habitués ne seraient plus abordables. Ce qui était arrivé dans le domaine de l?acier et de l?aéronautique devrait aussi se passer dans l?industrie automobile. De plus, Delphi serait en concurrence directe avec des fournisseurs bon marché d?Amérique du Sud et d?Asie. D?après M. Miller, la mondialisation ne laisse pas d?autre choix, nous serions tous pris dans son tourbillon. Celui qui fait la grève ne ferait que précipiter son licenciement.

Ces procédés et déclarations dramatiques donnent lieu à des questions fondamentales :

  • S?il s?avère qu?à cause de la mondialisation, il ne peut plus y avoir de salaire digne et que l?on ne peut plus mener de vie normale, alors n?est-ce pas un signe de faillite du système économique mondialisé ?
  • Quand on lit que, même dans de nombreux pays en développement, les salaires sont diminués « pour cause de concurrence » et la protection sociale supprimée, on peut se demander où s’arrête le tourbillon de la mondialisation.
  • A quoi sert cette économie mondialisée dans laquelle la vie des plus pauvres, précisément ceux qui auraient le plus besoin d?une amélioration, devient de plus en plus difficile alors que parallèlement, les classes supérieures sont de plus en plus riches ?
  • En observant le développement de ces 20 dernières années, on constate l?apparition d?une nouvelle forme d?esclavage ; en effet, les gens doivent travailler toujours plus et nombre d?entre eux ne gagnent même pas assez pour vivre tout en s?imaginant de participer à une lutte mondialisée pour la survie dans laquelle il est impossible de se révolter.
  • Pourquoi les idéologies libérales, qui contestent toute intervention de l?Etat, prennent-elles justement maintenant une place si importante ? Les milieux qui tirent profit de ce genre d?économie auraient-ils une trop grande influence sur l?opinion publique ?
  • Pourquoi l?Evangile de la prospérité, dans les milieux chrétiens, gagne-t-il du terrain sur l?enseignement de la Bible, en ce qu?il justifie les classes supérieures tout en représentant le seul et dernier espoir pour les classes inférieures ? Pourquoi n?y a-t-il eu, jusqu’à maintenant, qu?un tout petit nombre (qui heureusement augmente) de chrétiens réclamant la justice et une restriction du pouvoir de l?argent, alors que la Bible l?exprime clairement ?
  • Les perdants de la mondialisation se révolteront-ils un jour, ou sont-ils à ce point endoctrinés par la concurrence mondialisée qu?ils acceptent et se soumettent à une cimentation et à un durcissement sournois du système (de plus en plus de contrôle des médias par les milieux intéressés comme en Italie et aux Etats-Unis ; suppression de l?égalité des chances par le biais de la privatisation de l?enseignement, etc.) ?
  • Quel scénario nous attend ? Les chrétiens vont-ils se réveiller assez vite et corriger le tir, avant que peut-être, dans un futur lointain, des guerres civiles n?aient lieu, justifiant encore davantage de durcissement et une répression qui serait alors légitimée.

Ces réflexions sont, j’en conviens, quelque peu provocatrices et alarmistes, puisqu?elles sont en partie des scénarios catastrophes, qui, espérons-le, n?auront pas lieu. Le monde a souvent vu de tels processus. Cela ne tient qu?à nous de façonner le monde de manière à ce que nous et nos prochains puissions mener une vie digne, en accord avec Dieu.

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