Le chaos de l’asile en Suisse ?

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Le « Bad Horn » est un hôtel tranquille situé dans le village thurgovien de Horn, directement au bord du lac de Constance. Un week-end de janvier 2025, il y a pourtant eu une alerte à l’asile, comme l’a rapporté la « Weltwoche ». Que s’est-il passé ?

Le « chef de l’asile » de l’UDC et conseiller national thurgovien Pascal Schmid avait invité à la réunion des cadres de l’UDC et a présenté des chiffres alarmants. Alors que les pays voisins sont parvenus à réduire le nombre de demandes d’asile, celles-ci se maintiennent à un niveau record en Suisse. Mais ce n’est pas vrai. Au contraire, les demandes d’asile en Suisse ont nettement diminué à partir de l’été 2024. Certes, le recul a commencé plus tôt en Allemagne qu’en Suisse, mais l’évolution a été similaire en pourcentage au cours du second semestre. Pour la Suisse, cela se présentait ainsi – toujours en comparaison avec le même mois de l’année précédente : moins 26 % en août, moins 40 % en septembre et moins 26 % en octobre et novembre, moins 8 % sur l’ensemble de l’année. Selon le SEM, les raisons de cette situation échappent largement à la sphère d’influence de la Suisse : un recul des mouvements de fuite des Syriens et des Afghans via la Turquie et beaucoup moins de traversées vers l’Europe via la Méditerranée centrale.

Des Nord-Africains extrêmement criminels ?

Le sous-titre du paragraphe suivant de l’article de la Weltwoche était encore plus alarmant : « 90 pour cent des délinquants sont originaires d’Afrique du Nord » ! Mais doucement. Tout d’abord, Monsieur Schmid a affirmé que 56 pour cent des 522’558 délits commis en 2023 l’étaient par des étrangers. C’est vrai selon les statistiques criminelles 2024, la police parlant de « personnes accusées » et non de personnes condamnées. Quant au chiffre de 90% mentionné, il s’agissait d’un raccourci dramatisant de la part du journaliste de la Weltwoche. En effet, ce chiffre ne se référait pas à l’ensemble des délits, mais uniquement aux cambriolages de véhicules dans le canton de Thurgovie. De plus, les statistiques criminelles de la police cantonale thurgovienne ne répartissent pas les différents types de délits par nationalité. Il est donc difficile de savoir sur quelles sources Schmid fonde son affirmation. Quoi qu’il en soit, le chef de l’asile de l’UDC avait choisi un type de délit pour lequel l’augmentation – avec des chiffres relativement faibles – était particulièrement impressionnante : une multiplication par cinq en trois ans ! Pour le vol de véhicules, la hausse n’a été « que » de 85 pour cent sur la même période.

Des statistiques utilisées de manière sélective

C’est incontestable : tant en 2023 qu’en 2024, la criminalité a nettement augmenté en Suisse, surtout en ce qui concerne les délits contre la propriété, notamment dans le domaine numérique. Que faut-il faire ? En principe, le code pénal s’applique à tous et, pour les étrangers, la loi sur l’asile ou sur les étrangers. Une analyse sérieuse devrait montrer où des mesures supplémentaires sont ponctuellement nécessaires. L’UDC poursuit depuis de nombreuses années une autre stratégie : elle présente des statistiques alarmantes triées sur le volet. Celles-ci constituent à chaque fois la base d’une « analyse » de la situation : la Suisse, telle que la voit l’UDC, est en crise permanente en matière de migration, on lit des titres comme « Un cambrioleur attrapé – c’était un Algérien ! » ou « Nouvelle normalité ? A peine arrivés en Suisse, ils ont déjà été poignardés, cambriolés et volés », le tout accompagné d’un bashing permanent du DFJP. Actuellement, c’est le conseiller fédéral socialiste Beat Jans qui doit faire face à un feu roulant de reproches et d’insultes.

Et le plus grand parti populaire en déduit à son tour ses exigences politiques radicales. Dans le « Bad Horn », on entendait ainsi : « Il ne doit plus y avoir de droit de séjour permanent pour les réfugiés. Pour les non-réfugiés, il ne doit pas y avoir de droit de séjour du tout ». L’admission provisoire doit être supprimée et le regroupement familial limité, a-t-il ajouté. La collègue cantonale de Pascal Schmid, la conseillère nationale PS Nina Schläfli, a rapporté de la session de printemps que les revendications s’enchaînaient de semaine en semaine. L’UDC pose des exigences démesurées, dont certaines ne sont même pas réalisables. Les déclarations contenues dans les interventions de l’UDC sont en partie contraires aux faits.

Regroupement familial limité rejeté de justesse

Pourtant, ce printemps, des durcissements ont également été décidés. C’est ainsi que sont entrés en vigueur, à la demande de l’UDC, le renforcement des contrôles à la frontière, la possibilité d’expulser les jeunes Afghans vers l’Afghanistan dans certaines circonstances, le retrait du statut de réfugié aux réfugiés reconnus qui ont commis des délits – bien qu’une loi correspondante existe déjà. Une intervention visant à restreindre le regroupement familial des réfugiés reconnus a été rejetée de justesse au Conseil national. Elle aurait également impliqué que les enfants ne puissent venir en Suisse que jusqu’à l’âge de 15 ans. Une procédure de 24 heures est déjà en vigueur depuis longtemps pour les demandeurs d’asile d’Afrique du Nord, ce qui permet de renvoyer rapidement les demandeurs d’asile non autorisés de cette région.

L’UDC mélange donc volontiers dans ses statistiques le « chronomètre et la carotte » et dans ses interventions les délinquants et les familles de réfugiés sans reproche, afin de créer une ambiance contre les demandeurs d’asile et les réfugiés – et obtient, malgré de nombreuses défaites au Parlement ou dans les urnes, durcissement après durcissement des lois.

Il y a plus de 2000 ans, Dieu avait demandé aux Israélites – eux-mêmes un peuple issu de l’immigration – de respecter l’égalité des droits et des dispositions spéciales de protection pour les étrangers de toutes sortes. Malgré nos « progrès », nous pourrions peut-être encore apprendre quelque chose d’eux. Jésus lui-même a dû fuir en Egypte lorsqu’il était petit, il sait donc ce que cela signifie de grandir dans un pays étranger en tant qu’enfant issu de l’immigration.


Foto de Maël BALLAND sur Unsplash

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