Qui est le Seigneur de la Suisse : Dieu ou Mammon?

~ 6 min

Le thème de l?argent est de plus en plus d?actualité en Suisse. Même les orateurs évangéliques tels que Earl Pitts parcourent notre pays et nous apprennent à ne pas devenir dépendant de l?argent dans notre vie personnelle. La politique n?a pourtant pas encore été touchée par cet enseignement biblique.

Les chrétiens n?ont pour l?instant encore jamais analysé le rapport de la Suisse avec l?argent. Cela est fort surprenant. C?est comme si on était face à un mur. Pourtant, les liens de la Suisse et de sa politique avec Mammon (ce que Jésus appelle l?idolâtrie) sautent aux yeux.

Il existe de plus en plus de prophéties venant de l?étranger qui poussent la Suisse à renoncer à Mammon :

– En 1997, Bobby Connor (USA) a déclaré lors de la conférence « Feste Speise III », organisée par la Schleife (Winterthour), qu?une malédiction pesait sur la Suisse, notamment en rapport avec Michée 6.7-14, où sont décrites les conséquences d?un enrichissement injuste.

– En 2000, Scott MacLeod (USA) a reçu à Lucerne la prophétie « Le lion de lumière » qui demande à la Suisse et aux communautés de devenir des mercenaires de la miséricorde et non d?être des mercenaires de Mammon.

– Lors d?une réunion de prière, peu avant la votation de la loi sur le partenariat, une chrétienne ougandaise s?est levée et a rappelé aux Suisses que la racine du mal, notamment en Suisse, était Mammon, et aussi longtemps que l?ordre ne sera pas rétabli, le mal continuera d?agir dans ce pays tel que cette votation perdue. De nombreux chrétiens des pays du sud considèrent le secret bancaire suisse comme un péché.

Il n?y a qu?en Suisse où le fait de mentionner ce thème équivaut à soulever un lièvre. Les communautés préfèrent se taire. Et nous, nous bricolons des justifications pour ne pas renoncer à une richesse injuste. Même un responsable d?Eglise préfère contourner le sujet lors du préambule à la prophétie « Lion de lumière » et parler des bonnes racines de la Suisse et d?une conscience quant à sa mission.

Attention, cela ne signifie pas que nous, les Suisses, nous soyons un peuple plus mauvais qu?un autre ou que notre bien-être ne découle pas aussi d?un travail assidu. Mais nous aussi, nous avons notre part d?ombre comme tous les autres pays et Dieu nous invite à nous laisser purifier et guérir. En Suisse, cela concerne essentiellement Mammon et la peur de perdre nos biens.

Où Mammon a-t-il dominé dans le passé et où domine-t-il aujourd?hui ?

Au cours de l?histoire, il existe plusieurs moments où la Suisse a servi Mammon et non Dieu :

– L?époque des mercenaires : une personne entrait en guerre contre un adversaire afin de le tuer pour de l?argent au nom de son commanditaire. Cela équivaut aujourd?hui à un tueur professionnel. La Suisse a donc longtemps été un pays de « tueurs professionnels » et les mercenaires suisses étaient connus pour leur extrême fidélité au commanditaire (et donc à celui qui leur donne l?argent). Bien sûr, de nombreux Suisses ont atterri dans ce « métier » par nécessité, mais la Suisse aurait pu éviter cela au moyen d?une répartition équitable des biens.

– La Seconde guerre mondiale : de nous jours, il y a encore des politiciens qui affirment que c?est avant tout grâce à notre défense que nous avons été épargnés lors de la Seconde Guerre mondiale. Mais la plupart des historiens suisses et étrangers ainsi que les témoins de l?époque savent aujourd?hui que la Suisse n?aurait pu se défendre face à une véritable attaque. Bien sûr, il est également faux d?affirmer que la Suisse a été épargnée par la guerre uniquement parce qu?elle était importante aux yeux des Nazis. Cependant, de nombreuses affaires sombres ne sont pas encore éclaircies.

– Les fonds en déshérence : C?est déconcertant d?entendre parler aujourd?hui de « pression des juifs » souhaitant récupérer des fortunes en déshérence. La Suisse a eu largement le temps de rendre cet argent et si elle ne l?a fait que sous la pression, cela donne plutôt une mauvaise image de nôtre pays. Signalons au passage que l?agent de sécurité Meili, qui a évité que la banque d?importance internationale ne détruise les dossiers à l?époque, est encore considéré comme un criminel !

 

Et aujourd?hui ?

La Suisse s?accroche encore aujourd?hui à l?argent dans de nombreux domaines :

– Le secret bancaire : des milliards d?argent sale sommeillent encore aujourd?hui en Suisse sur des comptes numérotés : de l?argent de dictateurs qui ont volé leur peuple, de l?argent de dealers de drogues ou d?autres criminels à des fins de blanchiment et surtout de l?argent d?évasion fiscale d?un montant de plusieurs centaines de milliards de francs. Le Conseil fédéral continue de déclarer que l?argent est déposé en Suisse uniquement en raison de l?insécurité qui règne dans les pays d?où il provient. Dans le cercle bancaire, on affirme que les autres pays sont les seuls fautifs et qu?ils n?ont qu?à baisser leur taux d?imposition. Personne ne semble accorder d?importance au fait que le système d?imposition étranger est né d?un processus démocratique. Le fait est que la Suisse, grâce à son art de différencier entre soustraction fiscale et fraude fiscale, refuse dans la plupart des cas d?apporter son aide juridique à d?autres pays qui savent que de riches citoyens cachent leur argent en Suisse. Et le secret bancaire continue d?attirer de l?argent sale.

– Pour de nombreux chercheurs d?asile, il est impossible d?entrer en Suisse (cf. textes dans la rubrique « Social »). Par contre les réfugiés fiscaux semblent vraiment les bienvenus : Mobutu avait le droit d?entrer en Suisse et d?en sortir librement et certains cantons possèdent par exemple des bureaux de conseil en Allemagne pour aider de riches réfugiés fiscaux à s?installer en Suisse et faire en sorte qu?ils paient encore moins d?impôts que les Suisses. Une véritable danse autour du veau d?or !

– Par l?évasion de capital des pays du sud (argent qui se cache sur les comptes Suisses), ceux-ci perdent environ 5 milliards de francs par an en impôts. Cependant, son aide publique au développement ne représente qu?un tiers de ce montant (quant à l?aide privée, elle ne représente qu?une fraction) et la tendance est à la baisse…

– En automne dernier, le Conseil fédéral a refusé une remise de dette aux pays pauvres malgré le fait qu?une bonne partie de ces dettes ont été accumulées par des dictateurs courtisés aussi par la Suisse. En outre, une grande partie des dettes ont déjà été remboursées aux travers des intérêts usuraires. La Suisse s?accroche à cet argent contrairement aux états du G8 qui souhaitent annuler la dette de 18 pays pauvres.

– Le plus important objectif législatif 04-07 s?intitule promotion de la croissance, autrement dit accumulation de richesses. C?est étonnant : la Suisse demeure un des pays les plus riches du monde mais comme nous ne savons pas suffisamment partager, nous exigeons de la croissance afin de créer des emplois et d?apporter un revenu suffisant à la plupart des personnes (même pas à toutes) désirant travailler. La morale, l?éthique et la justice sont sacrifiées au nom de la croissance. Le dimanche, les embryons, les familles, etc., en sont quelques exemples. On débite aveuglément que le marché est la panacée et qu?il doit être libéralisé pour que tout aille bien. Le marché est dirigé par Mammon. Un marché libéralisé est une porte ouverte à Mammon. Nous libérons Mammon de règles restrictives afin qu?il puisse agir à sa guise car nous croyons en lui. Selon nos propres dires, nous ne pouvons nous permettre d?établir des restrictions car le marché nous pénaliserait (c?est-à-dire Mammon).

Il est écrit dans la Bible : « Ouvrez le chemin de l?Eternel » (Esaïe 40, 3). Ce verset est également la devise de la journée nationale de prière qui se tiendra le 1er août à Winterthour. La question qui se pose par rapport à ce verset est de savoir qui est notre Eternel. Jésus déclare également que nous ne pouvons pas servir deux seigneurs, à savoir Dieu et Mammon (Matthieu 6, 24). Nous devons faire un choix. De nos jours, de nombreux prophètes nous invitent à faire ce choix. Ne fermons pas notre c?ur à cet appel. Revenons en arrière, purifions notre vie, notre politique, notre économie et nos banques. « Car l?amour de l?argent est une racine de tous les maux », (1 Timothée 6.10), et nous en sentons déjà aujourd?hui les conséquences. Dieu, au contraire, promet de veiller sur nous si nous agissons de manière juste et si nous le prions (et non Mammon). Nous n?avons alors aucune raison d?avoir peur de perdre de la richesse ou des emplois si nous suivons le bon chemin et si nous nous séparons d?un Mammon injuste. La prévoyance et la paix de Dieu nous soutiendront.


Photo by Claudio Schwarz | @purzlbaum on Unsplash

0 réponses

Laisser un commentaire

Rejoindre la discussion?
N’hésitez pas à contribuer !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.