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Conférence au ChristNetForum « I.D. Suisse » le 15 juin 2002 à Berne.

Le nationalisme – un grave danger pour les Suisses (chrétiens)

  • Confusion des termes : certaines traductions de la Bible parlent de nations (peuples). Cependant, la Bible ne parle pas d’états terrestres. Il s’agit d’une évolution du XIXe et du XXe siècle.
  • Si une nation se considère comme « le peuple élu de Dieu », des « effets secondaires » non chrétiens peuvent se produire (par exemple, légitimation de l’isolement, politique d’asile restrictive). À cette « élite » s’ajoute un récit mythifié du passé.
  • Calvinisme et prospérité Evangile : La richesse nationale est comprise comme une bénédiction de Dieu. Cependant, cette pensée abuse du nom de Dieu et de la Bible et promeut une théologie narcissique et antisociale ou une politique prétendument « chrétienne ».
  • Le nationalisme peut difficilement percevoir la culpabilité ; le « Rapport Bergier » est rejeté par les nationalistes comme une attaque. Ici, la Bible nous met en garde :

« Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous séduisons nous-mêmes, et la vérité n’est pas avec nous » 1 Jean 1:8.

  • Dans un effort pour préserver notre pays « chrétien », les chrétiens tombent souvent dans l’intolérance et la xénophobie (par exemple envers les musulmans).

Conséquences : Notre identité en Jésus-Christ

En tant qu’êtres humains, nous avons sans aucun doute besoin d’identité. L’identité me donne de la valeur, de la sécurité et de la dignité. L’identité « fait de moi une personne ».

En tant que chrétiens, cependant, notre identité ne doit pas être basée sur des choses comme la profession, le sexe, la race et la nationalité.

« Il n’y a ni Juif ni Grec, il n’y a ni esclave ni homme libre, il n’y a ni homme ni femme, car vous êtes tous un dans le Christ Jésus » (Galates 3:28)

Mon identité première est en Jésus-Christ. C’est-à-dire que je suis un enfant de Dieu bien-aimé et adopté (Galates 2:20). Ma « patrie » première n’est donc pas ici en Suisse, mais auprès du Père céleste (Notre Père qui est aux cieux !). De même que notre citoyenneté (cf. Philippiens 3:20).

  • En Jésus-Christ, nous recevons la vraie vie. Il est le Fils de l’Homme et le Fils de Dieu. Il a vécu en dehors de toute relation avec le Père céleste, malgré toutes les tentations et le rejet des hommes.
    En Jésus-Christ, Dieu nous donne une véritable identité.
    « Fait à l’image de Dieu » – « Je suis un enfant bien-aimé de Dieu ».
  • Identité réelle et confiance en Jésus-Christ : « JE SUIS … »
  • L’identité a la personne qui peut supporter ses fautes (avouer sa culpabilité).
  • L’amour authentique du prochain surmonte la peur.
  • Ceux qui considèrent la vie comme un don de Dieu restent reconnaissants, humbles et, par conséquent, généreux.
  • Nous ne devons pas simplement banaliser le nationalisme prétendument « chrétien ». La Suisse ne doit pas se fermer, mais doit devenir une bénédiction pour les autres !
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Exposé donné lors du ForumChristNet « I.D. Suisse » le 15 juin 2002 à Berne.

Introduction

Il existe un complexe de lois s?appliquant à l?étranger en Suisse, suivant sa situation personnelle et en fonction de sa nationalité.

Les étrangers ressortissant de l?union européenne sont soumis à l?ALCP (accord sur la libre circulation des personnes). Quant aux autres, ils sont soumis soit à la LSEE (loi sur le séjour et l?établissement sur les étrangers), soit à la LASI (loi sur l?asile).

L?accord sur la libre circulation des personnes ALCP

L?accord comporte un régime transitoire, contenant un système de contingentements et de préférences aux ressortissants suisses ou travaillant déjà en Suisse, avant que la libre circulation des personnes soit effective. Ce système évolutif devra durer 12 ans et ce n?est qu?au bout de la 13ème année que la libre circulation des personne sera introduite à titre définitif. Nous rappelons que la Suisse devra se prononcer dans 7 ans sur la reconduction de ces accords.

La principale ligne directive de cet accord est l?interdiction de discriminer une personne en raison de sa nationalité, de façon directe (« cherche travailleur suisse ») ou indirecte (accepter uniquement le diplôme délivré par une institution suisse). Les exceptions au principe de non-discrimination concernent: les droits politiques (éligibilité et droit de vote reconnus aux seuls ressortissants suisses), l?aide sociale et l?administration publique (les fonctionnaires doivent être de nationalité suisse, pour certaines fonctions).

L?étranger ressortissant de l?UE aura ainsi le droit d?entrer, de sortir et de séjourner librement en Suisse. Des limitations à ce droit ne pourront être imposées que pour des raisons d?ordre public, de santé publique ou de sécurité publique. Les personnes actives recevront une autorisation déclarative (ne fait que déclarer le droit), alors que les personnes passives (étudiants, malades, retraités) recevront une autorisation constitutive (sans celle-ci l?étranger n?a pas le droit de séjourner en Suisse). Les autorisations constitutives seront délivrées, si l?étranger apporte la preuve qu?il est couvert par un assurance maladie et qu?il a les ressources nécessaires pour vivre.

Le regroupement familial est admis de manière extrêmement large. Le mari chiapanais d?une française sera mieux loti que celui d?une suissesse en Suisse!

Loi sur le séjour et l?établissement des étrangers LSEE ? Loi sur les étrangers LEtr.

La LSEE « offre » actuellement 6 permis de séjour différents, soit les permis A, B, C, L, F, G. Tous les permis sauf le permis C sont des permis causaux, c?est-à-dire qu?il sont liés à une cause (place de travail, mariage, situation de détresse etc.) et qu?en conséquence, si la cause disparaît, le permis aussi. Actuellement c?est souvent le nombre d?année de permis A qui donne le B puis le C.

La LEtr., actuellement en discussion dans les Chambres fédérales est un projet de loi tendant à asseoir juridiquement la pratique de nos autorités en matière d?immigration. Ce projet, s?il est accepté – et il risque fort de l?être – sera soumis en votation si un référendum est lancé et abouti.

Cette nouvelle loi s?appliquera à tous les étrangers ne ressortissant pas à l?UE. Elle confirme le système binaire actuellement en vigueur. Soit pour être plus clair, il y a les « bons étrangers », les ressortissants de l?UE et les « mauvais », les autres, soit plus des 4/5ème de la planète.

L?autorisation de séjour ne sera octroyée au « mauvais étranger » que si aucun ressortissant de l?UE souhaite occuper le poste et si l?étranger est un spécialiste, car « l?admission des étrangers en vue de l?exercice d?une activité lucrative doit servir les intérêts de l?économie suisse ».

Les systèmes d?autorisation ne correspondront plus strictement aux permis A, B et C. Il n?y aura plus de transformation du permis A en B et ceci parce qu? « il ne faut pas stimuler au premier chef les intérêts économiques à court terme. Les dispositions légales devraient surtout éviter que l?entrée en Suisse des nouveaux étrangers en provenance des Etats tiers ne se traduise par une nouvelle vague d?immigration de main d?oeuvre peu qualifiée, présentant des problèmes accrus d?intégration. Il convient aussi d?éviter que les étrangers nouvellement entrés dans notre pays fassent une concurrence inopportune aux travailleurs en Suisse. (…) En outre, la politique d?admission doit favoriser une immigration qui n?entraîne pas de problèmes de politique sociale, qui améliore la structure du marché du travail et qui vise à plus long terme un marché du travail équilibré. »

Le travailleur pourra se déplacer d?un canton à l?autre. Il s?agit là d?une clause qui semble plus généreuse que le texte actuel, elle est là pour ne pas poser de problème à l?employeur suisse qui souhaiterai engager un étranger muni d?une autorisation de séjour dans un autre canton…

Le regroupement familial sera admis très restrictivement, le système actuel sera endurci au point que l?officier d?état civil pourra refuser de marier deux personnes s?il se doute qu?il s?agit d?un mariage en blanc (et vive l?arbitraire!).

Aspects répressifs de la LEtr

Les étrangers qui entrent en Suisse sans autorisation de séjour ou ceux qui ont reçu une réponse négative à leur demande de permis peuvent être détenus administrativement en Suisse, pour faciliter leur renvoi. Actuellement il existe 10?000 personnes détenues dont le seul crime est d?avoir voulu travailler dans notre si beau pays.

Et puis pour garder notre belle politique d?accueil, le projet de loi tend à renforcer les mesures de contraintes, dont plusieurs apparaissent aux yeux de certains comme contraire à la CEDH (Convention européenne des Droits de l?Homme), alors même que nous en sommes partie.

Jusqu?alors, la détention en vue du refoulement suite à une décision de non-entrée en matière ne pouvait avoir lieu que s?il existait un risque d?insoumission à la décision de renvoi, dans le projet, la décision de non-entrée en matière suffit. La détention en vue du refoulement sera également possible en cas d?absence de papiers valables et si ce sont les autorités qui se chargent de récupérer ces papiers, ce qui constitue une lacune du droit actuel… La détention en vue du refoulement sera en outre possible s?il existe un risque de fuite (ce qui existe déjà), en particulier en l?absence de collaboration pour l?obtention des documents de voyage (encore une lacune du droit actuel), ainsi un comportement passif peut engendrer une détention administrative.

Il y a lieu de préciser encore que si le renvoi est possible dans les 8 j. l?étranger peut renoncer à la procédure orale (procédure juridique où il est entendu). Or pour renoncer à un tel droit, il faudrait premièrement qu?il comprenne la langue du document et secondement qu?il connaisse le droit suisse, pour savoir à quel droit il renonce, ce qui n?est à l?évidence, pour la majorité des étranger, pas le cas.

En bref, il nous semble que ces mesures sont complètement disproportionnées, contraires à la CEDH et ne font que renforcer le sentiment d?injustice de l?étranger en Suisse.

Femmes migrantes et réfugiées

Cela n?étonnera personne, la femme est encore plus discriminée que l?homme, lorsqu?elle est migrante ou réfugiée en Suisse. Premièrement il n?y a aucune disposition légale qui tienne compte de la situation particulière de la femme. Elle est toujours au bénéfice d?un permis causal, il est rare qu?une femme d?un Etat tiers vienne en Suisse pour des études ou parce qu?elle est une spécialiste dans un domaine professionnel pointu. Elle obtient donc généralement son permis grâce à celui de son mari, avec le travers qu?elle préféra être battue plutôt que divorcer et retourner dans un pays où elle n?aura pas les moyens économiques de vivre.

Elle est aussi discriminée en matière d?Asile de façon indirecte. En effet, il n?est pas entré en matière sur une demande d?Asile, si le requérant ne fournit pas de papier d?identité, or la femme des pays du Tiers Monde n?a que rarement des papiers d?identité. De même la femme qui accueille des révolutionnaires met en jeu sa vie autant que celui qui se réclame d?une opinion dissidente dans un régime totalitaire, mais elle ne serait pas considérée comme étant en danger en raison d?agissements politiques, et n?obtiendra pas l?Asile, au contraire du militant qui aura fait part de son opposition au régime en vigueur.

Voilà en quelques mots, même si trop nombreux pour n?être qu?un résumé, pour ébaucher mon opinion sur nos prétendus bras ouverts aux étrangers. Sans pouvoir proposer de solutions concrètes face aux problèmes réels liés à l?émigration, je ne puis qu?encourager à rejeter clairement cette loi,. qui me paraît précisément contraire à la CEDH, soit inhumaine.

Chloé Bregnard, juillet 2002

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Pour plus de compréhension envers les étrangers

« Tu ne maltraiteras point l’étranger, et tu ne l’opprimeras point. »  (Exode 22:21)

A plus de 100 reprises, l’Ancien Testament ordonne de protéger les étrangers. La formule récurrente « l’étranger, la veuve et l’orphelin  » montre que pour Dieu, les étrangers font partie de ceux qui ont le plus besoin de protection. La raison de cette protection est expliquée clairement à la suite du passage précité : « Car vous avez été étrangers dans le pays d’Egypte. » Or, Jacob était un immigrant économique en Egypte avec ses fils, puisqu’il y eut une famine dans le pays de Canaan (cf. Genèse 42ss.).

 

La raison d’accueillir l’étranger que donne l’Ancien Testament est donc de l’ordre de l’identification avec la souffrance des Israélites.

 

Que dit Jésus et le NT ?

On constate que l’attitude de Dieu envers l’étranger transparaît encore plus clairement dans le Nouveau Testament : l’Homme s’étant éloigné de Dieu, c’est Dieu qui rejoint sa Création en tant qu’étranger incarné en Jésus : « [Il] est venu chez les siens, et les siens ne l’ont point reçu. » (Jean 1:11)

 

Toute la vie de Jésus montre qu’il est étranger ; non seulement il quitte la maison de son Père céleste et vient à naître dans une bergerie puante, mais il doit aussi fuir en Egypte dès sa naissance ; il est considéré comme un enfant illégitime ; dans son ministère, on le traite constamment d’hérétique ; ses amis les plus proches ne le comprennent pas et l’abandonnent ; et finalement, il est tué. Tout cela exprime à quel point il était étranger sur cette terre.

 

L’appel des chrétiens

Jésus appelle ses disciples à être étrangers au même titre que lui : Comme lui, ils sont dans le monde, mais non pas du monde (cf. Jean 17:11.14).  L’Epître aux Hébreux illustre cette réalité très clairement : « [Les héros de la foi reconnaissaient] qu’ils étaient étrangers et voyageurs sur la terre. » (Hébreux 11:13)  Par conséquent, nous, chrétiens de Suisse, sommes des étrangers en Suisse. Cela ne devrait-il pas susciter en nous une prise de conscience du sort des étrangers, une sorte de complicité ?

 

Cela ne veut pas dire que les étrangers sont des saints. Ils sont des êtres humains au même titre que nous, ni meilleurs, ni pires. Malheureusement, nous tendons à les voir comme des ennemis, plutôt que des personnes qui nous ressemblent. Or, nous oublions que nous ne serons héritiers du Royaume du Père que si nous « recueillons » Jésus quand il est étranger. (Mathieu 25:35)

 

Face à notre peur

Notre réaction face à l’étranger est souvent fondée sur la peur : la peur de « l’Überfremdung » (la « surpopulation étrangère »), la peur que les étrangers nous prennent nos emplois, que la qualité de l’enseignement que reçoivent nos enfants diminue, que les valeurs chrétiennes soient délaissées.

 

Jésus est très clair : Si nous voulons obéir à Dieu, nous devons l’aimer Lui et notre prochain (cf. Mathieu 22:37-39). C’est l’amour qui nous permettra de vaincre la peur de ce qui est étranger, car « la crainte n’est pas dans l’amour, mais l’amour parfait bannit la crainte ». (1Jean 4:18)

 

Il est certain que Dieu ne nous abandonnera pas si nous suivons son commandement. Il a de bons projets pour nous, nos enfants, notre pays et notre monde.


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