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Semaine 5 – 9-15 octobre

Méditation

« Faites donc du règne de Dieu et ce qui est juste à ses yeux votre préoccupation première, et toutes ces choses vous seront données en plus. » Matthieu 6.33

Jésus nous promet de s’occuper de nous afin que nous soyons libres pour construire le Royaume de Dieu. Notre première priorité doit être notre amour envers Dieu et notre prochain. Cela implique aussi que nous veillions à faire la justice et non pas que nous rechercherions à assouvir nos propres intérêts (Esaïe 25). Si nous nous soucions constamment de notre propre bien-être et de celui de notre pays, Dieu ne peut pas nous utiliser, ni même nous en tant que pays car« toutes ces choses, les païens [les nations] s’en préoccupent sans cesse… » (Matt. 6.32)

 

Dieu nous met surtout en garde contre l’accumulation des richesses : pas seulement parce que notre cœur s’attache à ces richesses mais justement parce que nous n’avons plus de temps pour notre prochain et sommes obsédés par nos propres intérêts.

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Aussi longtemps que nous vivons dans ce monde, nous avons effectivement des peurs humaines. Toutefois, nous ne sommes pas seuls. Jésus nous dit : « … Courage ! Moi, j’ai vaincu le monde. » (Jean 16.33)

Réflexions politiques

La Suisse devient de plus en plus riche mais elle est remplie de crainte quant à son propre bien-être et se cramponne à sa prospérité. D’un point de vue politique, la Suisse place en priorité la croissance économique et l’accumulation des richesses. D’après Matthieu 6.33, est-ce que cette attitude ne ferait pas de nous une nation païenne ?

Lors de débats publics, la « peur de manquer » fait tenir des propos agressifs face aux groupes de personnes dans le besoin (sans emploi, rentiers AI, demandeurs d’asile, le Sud pauvre etc.) Il règne un climat de méfiance envers notre prochain, surtout, si ce dernier est dépendant de l’argent de nos impôts.

Aussi, la peur de la criminalité a beaucoup augmenté durant la dernière décennie bien que statistiquement guère plus de crimes n’aient été commis (à l’exception de certaines catégories de violence). A ceci s’ajoutent les médias qui jouent un rôle important : dans la guerre à l’audimat et au tirage, les scènes d’horreur figurent en première page. Nous aussi, chrétien-ne-s, nous nous laissons contaminer par cette peur fébrile et avons une image faussée de l’être humain selon laquelle notre prochain voudrait de toute façon nous causer du tort. Pourtant la Bible croit que les chrétiens et les non-chrétiens sont capables du bien (et du mal) (Romains 2.14ss.).

Questions

·                    A quel moment mon attitude envers mon prochain est-elle empreinte de méfiance ? A tort ou à raison ?

·                    A quel moment est-ce que je place mes intérêts ou ceux de la Suisse au-dessus des besoins de ceux qui sont moins bien lotis ?

Sujets de prière

– Dimanche 9 octobre : Jean 16.331
Aide-nous, Suisses, à t’exprimer notre peur, à Te la déposer et à être confiant-e-s, c’est à dire à Te faire confiance et à croire que Ton amour est plus fort que notre peur.

– Lundi 10 octobre : Romains 2.142
Aide-nous, chrétien-ne-s suisses, à avoir une conception de l’homme qui soit correcte ; protège-nous d’une certaine arrogance chrétienne et de la fausse croyance selon laquelle les non-chrétiens seraient fondamentalement moins bons que nous.

– Mardi 11 octobre : Luc 10.25-373
Aide-nous, Suisses, à déposer devant Toi la peur et la méfiance que nous pouvons éprouver face à notre prochain et nos concitoyens.

– Mercredi 12 octobre : Luc 10.334
Aide-nous à percevoir réellement la détresse et les besoins de nos concitoyens ; aide-nous à surmonter nos barrières et nos préjugés et à apprendre à connaître véritablement notre prochain.

– Jeudi 13 octobre : Romains 13.35
Aide-nous à reconnaître que l’Etat n’est pas un ennemi qui veut nous imposer des restrictions mais que nous formons l’Etat tous ensemble ; aide-nous à contribuer au bien-être de chacun.

– Vendredi 14 octobre : Matthieu 6.326
Aide-nous à reconnaître que Tu nous donnes toujours en suffisance et que nous pouvons nous consacrer à la justice de Dieu sans être préoccupés par notre bien-être personnel.

– Samedi 15 octobre : Matthieu 25.357
Aide-nous, Suisses, à considérer les étrangers d’abord comme des humains qui sont tout autant aimés par Toi. Aide-nous à ne pas seulement revendiquer leur intégration mais aussi à y contribuer.

Liens

Gouverner par la peur ou par l’espérance? http://www.christnet.ch/Home.aspx?docid=957&lang=fr&topmenu=Politics

 


1. Jean 16.33 : «Il fallait que je vous dise aussi cela pour que vous trouviez la paix en moi. Dans le monde vous aurez à souffrir bien des afflictions. Mais courage ! Moi, j’ai vaincu le monde. »

2. Romains 2.14 : « En effet, lorsque les païens qui n’ont pas la loi de Moïse accomplissent naturellement ce que demande cette Loi, ils se tiennent lieu de loi à eux-mêmes, alors qu’ils n’ont pas la Loi. »

3. Luc 10.30-37 : « …Mais qui donc est mon prochain ? En réponse, Jésus lui dit : Il y avait un homme qui descendait de Jérusalem à Jéricho, quand il fut attaqué par des brigands. […] »

4. Luc 10.33 : «Mais un Samaritain qui passait par là arriva près de cet homme. En le voyant il fut pris de pitié. »

5. Romains 13.3: « Car ce sont les malfaiteurs, et non ceux qui pratiquent le bien, qui ont à redouter les magistrats. Tu ne veux pas avoir peur de l’autorité ? Fais le bien, et l’autorité t’approuvera. »

6. Matthieu 6.32 : «… Mais votre Père, qui est aux cieux, sait que vous en avez besoin »

7.  Matthieu 25.35 : « Car j’ai souffert de la faim et vous m’avez donné à manger. J’ai eu soif et vous m’avez donné à boire, j’étais un étranger et vous m’avez accueilli chez vous. »

 

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Semaine 4 – 2 – 8 octobre

Méditation

« Le jeûne qui me plaît est celui qui consiste à détacher les liens de la méchanceté, à délier les courroies de toute servitude, à mettre en liberté tous ceux que l’on opprime et à briser toute espèce de joug. … Oui, alors la justice marchera devant toi, et la gloire de l’Eternel sera l’arrière-garde. » Esaïe 58.6-8

Le mot « jeûner » dans le langage populaire signifie « ne pas manger pendant un certain temps, se priver de plaisirs ». Mais dans ce texte, dans lequel Esaïe décrit le « vrai jeûne », il s’agit de bien plus. Il parle de personnes qui vivent dans la misère fût-ce à cause de traitements injustes ou pour d’autres raisons. « Ne te détourne pas de ton prochain » – c’est un message clair !

 

Réflexions politiques

Dans un contexte politique où  « être radin, c’est bien » et dans lequel prédomine une mentalité de vainqueurs, la Bible nous donne comme mission de chercher des solutions qui servent à nos prochains en souffrance (dans notre pays ou dans le monde). Cela implique par exemple d’obtenir l’égalité salariale entre les hommes et les femmes pour le même travail fourni ; de percevoir des taxes là où certaines personnes accèdent facilement à la fortune afin de soulager le sort des moins aisés ; d’intervenir en faveur du commerce équitable en prenant garde d’acheter des aliments produits et négociés de façon équitable ; mais aussi de s’engager pour des lois du commerce international qui soient justes.

En conséquence, nous pouvons également exercer une pression sur les parlementaires pour lesquels nous votons.

Questions

·         Comment puis-je investir (une partie de) mes richesses afin de pouvoir en faire bénéficier les plus pauvres ?

·         Dans quels domaines puis-je acheter des produits du commerce équitable (et payer plus cher) au lieu d’acheter des produits  bon marché chez un grossiste ?

·         Vais-je me renseigner sur le/la politicien-ne que je souhaite élire, pour savoir notamment si il/elle est saisi-e par la miséricorde de Dieu ?

 

Sujets de prière

·         Dimanche 2 octobre : Esaïe 58.61
Montre-nous, chrétien-ne-s suisses, les personnes autour de nous qui sont opprimées – p.ex. des personnes appartenant à un certain groupe que le monde dévalorise – et montre-nous comment nous pouvons les délivrer de cette oppression.

·         Lundi 3 octobre : Esaïe 58.72
Montre-nous, chrétien-ne-s suisses, où se trouvent les nécessiteux dans notre entourage proche ou d’ailleurs –p.ex. les personnes âgées, les personnes avec un revenu modeste – afin que nous puissions leur donner ce dont ils ont besoin.

·         Mardi 4 octobre : Esaïe 58.83
Montre-nous, chrétien-ne-s suisses, les blessures de notre peuple : les doutes quant à la bienveillance de nos dirigeants, la peur pour nos enfants et nos petits-enfants, la peur concernant nos pensions de retraite.
[Donne ces soucis au Seigneur.]

·         Mercredi 5 octobre : Psaume 25.74
Pardonne-nous – moi, ma famille et notre pays – nos attitudes impitoyables et sans miséricorde, [énumérer des exemples concrets] ; nous sommes dépendants de Ta miséricorde pour pouvoir survivre.
[Prends le temps de vivre un processus de repentance – pour toi et les responsables.]

·         Jeudi 6 octobre : Luc 10.255
Donne-nous, Suisses, des yeux pour voir ceux qui se sont fait agresser et aide-nous à faire ce qui est dans nos cordes pour les aider à vivre ; aide-nous afin que nous puissions faire des pas décisifs pour instaurerdes lois justes dans notre pays ; aide-nous aussi à écouter les suggestions des étrangers.

·         Vendredi 7 octobre : Luc 15.206
Aide les politiciennes et politiciens suisses à faire de la place à la compassion.
[Dans la parabole, le père a accueilli le fils perdu avec beaucoup de compassion – « il fut pris d’une profonde pitié pour lui». Sois ouvert à ce que le Seigneur met en mouvement dans ton for intérieur.]

·         Samedi 8 octobre : Matthieu 5.77
Aide-nous, Suisses, à comprendre plus profondément cette vérité : une attitude miséricordieuse nous ouvre à Ta miséricorde.
Si tu es compatissant, tu récolteras une grande promesse – tu feras toi-même l’expérience de la compassion.

 


1. Esaïe 25.6 : «Le jeûne qui me plaît est celui qui consiste à détacher les liens de la méchanceté, à délier les courroies de toute servitude, à mettre en liberté tous ceux que l’on opprime et à briser toute espèce de joug. »

2. Esaïe 58.7 : « C’est partager ton pain avec ceux qui ont faim, et offrir l’hospitalité aux pauvres sans abri, c’est donner des habits à ceux que l’on voit nu, ne pas te détourner de ton prochain. »

3. Esaïe 58.8 : « Alors, comme l’aurore, jaillira ta lumière, ton rétablissement s’opérera bien vite. Oui, alors la justice marchera devant toi, et la gloire de l’Eternel sera l’arrière-garde. »

4. Psaume 25.7 : «Ne tiens plus compte de ce péchés de ma jeunesse, de mes fautes passées, mais traite-moi selon ta grâce, ô Eternel, toi qui est bon ! »

5. Luc 10.25 et suivants : Parabole du bon samaritain – le plus important des commandements.

6. Luc 15.20 : «Il se mit donc en route pour se rendre chez son père. Comme il se trouvait encore à une bonne distance de la maison, son père l’aperçut et fut pris d’une profonde pitié pour lui. Il courut à la rencontre de son fils, se jeta à son cou et l’embrassa longuement. »

7. Matthieu 5.7 « Heureux ceux qui témoignent de la bonté, car Dieu sera bon pour eux. »

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Semaine 3 – 25 septembre – 1 octobre

Méditation

« Il a aussi le pouvoir de vous combler de toutes sortes de bienfaits : ainsi vous aurez en tout temps et en toutes choses, tout ce dont vous avez besoin, et il vous en restera encore du superflu pour toutes sortes d’œuvres bonnes, ainsi qu’il est écrit : On le voit donner largement aux indigents. Il demeure pour toujours approuvé par Dieu. » (2 Cor. 8.10).

Qui de nous ne se soucie pas de temps à autre de savoir s’il a assez d’argent ? S’il peut ou non se permettre telle ou telle dépense ? Si son argent suffit pour couvrir ses besoins élémentaires ? Nous n’avons pas besoin de nous faire de souci. Dieu est celui qui pourvoit. Il nous offre tout. Il ne veut pas seulement nous couvrir de cadeaux, mais Il veut que tous en profitent. Au travers de nous. Il nous donne assez afin que nous puissions généreusement partager avec les nécessiteux. Il en résulte alors une situation de « gagnant-gagnant » : les nécessiteux obtiennent ainsi les moyens de subsistance nécessaires et nous pouvons en tirer parti. La richesse – et surtout l’avidité susceptible de l’accompagner – peut en effet nous séparer de Dieu. En nous séparant de nos richesses, nous les remettons à la bonne place et nous nous délivrons de l’obstacle qui nous empêche de vivre une vie en abondance.

Réflexions politiques

« C’est l’économie, idiot ! » Cette phrase de la campagne électorale de Clinton est devenue proverbiale. Elle signifie que celui qui veut gagner les élections doit mettre l’économie au centre de sa campagne. Une politicienne qui ne promet pas de croissance économique ne peut pas gagner. En Suisse, la sécurité financière est tout en haut de la liste des priorités.

Tous les pays (ou presque) ne peuvent qu’envier le niveau de vie que la Suisse a atteint. Ce pays est en outre l’un des centres financiers les plus importants. C’est un cadeau, une responsabilité mais aussi un danger ; et ce danger se manifeste lorsque nous nous sacrifions pour maintenir ce niveau de vie. C’est le cas lorsque nos banques engrangent des bénéfices malpropres tous azimuts alors que la politique se contente de sourire béatement sans prendre de mesures (secret bancaire, « too big to fail » etc.)

Le fait que des entreprises pilotent la politique en donnant aux partis plusieurs millions de francs est aussi un sujet très délicat. La Suisse est le seul pays démocratique qui ne connaît pas de régulation sur le financement des partis.

Le texte biblique en introduction montre que nous ne devons pas laisser le dieu Mammon donner le ton. Notre seul chef est au ciel. Il peut remplacer notre peur du « pas assez » par une passion pour le partage, même jusqu’en politique.

Questions

·           Quelles sont les valeurs que je sacrifie sous prétexte de vouloir garder le bien-être de la Suisse ?

·           Quels actes empreints de générosité est-ce que je pourrais promouvoir politiquement ?

Sujets de prière

·         Dimanche 25 septembre : 1 Timothée 6.181
Aide-nous, Suisses rassasiés, à placer les besoins des nécessiteux au-dessus de l’augmentation de notre niveau de vie.

·         Lundi 26 septembre : Jérémie 22.132
Aide-nous, Suisses, à dire oui à des pratiques légales et morales du commerce, et bénis particulièrement les banques et les sociétés de matières premières qui suivent ces pratiques et se privent ainsi de plus gros bénéfices.

·         Mardi 27 septembre : Lévitiques 19.153
Aide-nous, Suisses, afin que l’argent des riches ne puisse pas acheter l’influence politique et procure personnellement aux démunis une voix forte et solide au parlement.

·         Mercredi 28 septembre : Matthieu 6.244
Aide-nous, Suisses, à utiliser les marchés pour le bien-être des personnes et puisses-Tu renverser les marchés là où ces derniers sont devenus un dieu.

·         Jeudi 29 septembre : Matthieu 6.335
Sois Celui qui pourvoit pour nous, donne tout ce dont nous avons besoin dans notre pays – la paix et la prospérité nécessaires à la vie – et donne-nous la confiance que Tu vas le faire.

·         Vendredi 30 septembre : Esaïe 25.4 6
Nous te demandons la protection pour les personnes qui souffrent des conséquences des spéculations – sur la nourriture et les matières premières – menées par des sociétés dont le siège est en Suisse ; mets en lumière ces rapports complexes entres les marchés mondiaux et qui souvent dépassent l’entendement de nos politiciens.

·         Samedi 1er octobre : Amos 5.247
Nous te demandons que la voix de la justice prévale dans les débats politiques sur la baisse des impôts, la fraude fiscale et la concurrence fiscale.

 


1. 1 Timothée 6.18 : «Recommande-leur de faire le bien, d’être riche en œuvres bonnes, d’être généreux et de partager avec les autres. »

2. Jérémie 22.13 : « Malheur à celui qui bâtit sa maison par l’injustice et qui ajoute des pièces à l’étage en violant l’équité, qui fait travailler son prochain pour rien, sans lui donner ce que vaut son travail. »

3. Lévitiques 19.15 : « Vous ne commettrez pas d’injustice dans les jugements. Tu n’avantageras pas le pauvre, et tu ne favoriseras pas le grand ; tu jugeras ton prochain selon la justice. »

4. Matthieu 6.24 : « Nul ne peut en même temps être au service de deux maîtres, car ou bien il détestera l’un et aimera l’autre, ou bien il sera dévoué au premier et méprisera le second. Vous ne pouvez pas servir en même temps Dieu et l’Argent. »

5. Matthieu 6.33 : « Faites donc du règne de Dieu et de ce qui est juste à ses yeux votre préoccupation première, et toutes ces choses vous seront données en plus. »

6. Esaïe 25.4 : « Car tu es un refuge pour celui qui est pauvre et une forteresse pour l’indigent dans sa détresse. Tu es un sûr abri contre la pluie d’orage et tu es notre ombrage au temps de la chaleur. »

7. Amos 5.24 : « Mais que le droit jaillisse comme une source d’eau, que la justice coule comme un torrent puissant ! »

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Semaine 2 – 18-24 septembre

Méditation

« Tu n’exploiteras pas l’étranger qui vit dans ton pays et tu ne l’opprimeras pas, car vous avez été vous-mêmes étrangers en Egypte. » Exode 22.20

« C’est dans la foi que tous [les héros de la foi] sont morts sans avoir reçu ce qui leur avait été promis. Mais ils l’ont vu et salué de loin, et ils ont reconnu qu’ils étaient eux-mêmes étrangers et voyageurs sur la terre. » Hébreux 11.13

A des dizaines de reprises, l’Ancien Testament ordonne de protéger les étrangers. Pour Dieu, les étrangers font partie de ceux qui ont le plus besoin de protection. La raison de cette protection est expliquée par le fait qu’Israël aussi a été étranger (cf. ci-dessus). Or, Jacob était un immigrant économique en Egypte avec ses fils (Gen. 42ss.).

L’attitude de Dieu envers l’étranger transparaît encore plus clairement dans le Nouveau Testament : Dieu rejoint Sa Création en tant qu’étranger incarné en Jésus (Jean 1.11).

Jésus appelle ses disciples à être étrangers au même titre que lui : comme lui, ils sont dans le monde, mais non pas du monde (cf. Jean 17:11.14). Le passage de l’Epître aux Hébreux (cité ci-dessus) illustre cette réalité de manière très nette. En tant que «voyageurs sur terre» nous autres chrétien-ne-s suisses sommes des étrangers dans notre pays ! Ceci nous rendra humbles et nous donnera une compréhension particulière pour nos contemporains étrangers.

Jésus a été clair : grâce à son amour, il nous permet de vaincre nos peurs de l’étranger. Il est certain que Dieu ne nous abandonnera pas si nous suivons son commandement en accueillant l’étranger le cœur ouvert.

Réflexions politiques

Dans le contexte politique actuel, le sujet des étrangers et presque toujours abordé d’un point de vue négatif : surpopulation étrangère, chômage, manque d’intégration, criminalité. Ceci exprime des angoisses que la politique se doit de considérer pour autant qu’elles soient justifiées par les faits. Malheureusement, les aspects positifs ne sont évoqués que rarement : enrichissement culturel (musique), innovation (Nicolas Hayek), joie de vivre, mets (kebab !) etc.

Dans ce contexte, le peuple suisse a fortement durci la politique des étrangers ces dernières années.1 Aujourd’hui, des efforts sont même fournis pour abroger la loi contre le racisme. La seule raison logique pour une telle mesure serait de pouvoir dénigrer, impunément, des populations entières. Pourtant, en tant que chrétien-ne-s, nous ne devrions pas juger une personne selon ses origines.

Questions

·        Qu’est-ce qui me fait peur par rapport aux étrangers ? Que me fait plaisir ?

·        Comment puis-je vivre l’hospitalité divine face aux étrangers ? Personnellement, avec mon Eglise, en politique ?

Prière

§         Dimanche 18.9. : Jean 1.112
Aide-nous, chrétien-ne-s suisses, à mieux comprendre ta nature « étrangère » dans le monde et en Suisse ;merci d’être venu à nous.

§         Lundi 19.9. : Hébreux 11.133
Aide-nous, chrétien-ne-s suisses, à mieux ressentir d’être étrangers en Suisse et, malgré cela, à nous décider d’être « dans » la Suisse.

§         Mardi 20.9. : Exode 22.204
Aide-nous, chrétien-ne-s suisses, à nous identifier avec nos contemporains étrangers ; donne-nous des rencontres génératrices de confiance.

§         Mercredi 21.9. : Jean 13.85
Aide-nous, Suisses, à déposer notre suffisance, à ne plus croire que nous (Suisses, chrétiens etc.) serions meilleures et nos arguments infaillibles ; apprends-nous discuter de façon humble et factuelle.

§         Jeudi 22.9. : Mathieu 25.356
Aide-nous, Suisses, à ouvrir nos cœurs, nos maisons et notre pays pour les étrangers, afin d’honorer Toi et Ton nom.

§         Vendredi 23.9. : Philippiens 3.4-5,7-87
Aide-nous, Suisses, à ne pas nous enorgueillir pour notre origine, mais que nous puissions te « gagner, le Christ ».

§         Samedi 24.9. : Jérémie 29.78
Aide les étrangers en Suisse à être reconnaissants pour leur pays d’accueil et à s’engager dans la prière et par des actions concrètes en faveur de la Suisse.

 


1. Loi sur l’asile et les étrangers, interdiction des minarets, initiative pour le refoulement…

2. Jean 1.11 : « Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas accueilli. »

3. Hébreux 11.13 : « C’est dans la foi que tous ces gens [les héros de la foi] sont morts sans avoir reçu ce qui leur avait été promis. Mais ils l’ont vu et salué de loin, et ils ont reconnu qu’ils étaient eux-mêmes étrangers et voyageurs sur la terre. »

4. Exode 22.20 : « Tu n’exploiteras pas l’étranger qui vit dans ton pays et tu ne l’opprimeras pas, car vous avez été vous-mêmes étrangers en Egypte. »

5. Jean 13.8 : « Jésus répondit à Pierre : Si je ne te lave pas, il n’y a plus rien de commun entre toi et moi. »

6. Mathieu 25.35,40 : Jésus dit : « J’étais un étranger, et vous m’avez accueilli chez vous… Vraiment, je vous l’assure : chaque fois que vous avez fait cela au moindre de mes frères que voici, c’est à moi-même que vous l’avez fait. »

7. Philippiens 3.4-5,7-8 : « Si quelqu’un croit pouvoir se confier en ce qui vient de l’homme, je le puis bien davantage : … je suis Israélite de naissance, de la tribu de Benjamin, de pur sang hébreu… Toutes ces choses constituaient, à mes yeux, un gain, mais à cause du Christ, je les considère désormais comme une perte. Je vais même plus loin : tout ce en quoi je pourrais me confier, je le considère comme bon à être mis au rebut, afin de gagner le Christ. »

8. Jérémie 29.7 : « Recherchez la prospérité de la ville où je vous ai déportés et priez l’Eternel en sa faveur, car de sa prospérité dépend la vôtre. »

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Semaine 1 – 13-17 septembre

Méditation

« « Que celui d’entre vous qui n’a jamais péché lui jette la première pierre ! « … Après avoir entendu ces paroles, ils s’esquivèrent l’un après l’autre, à commencer par les plus âgés… » (Jean 8.7,9). En effet, les pharisiens et les scribes réalisent qu’ils ont tous péché.

Même nous, croyants, nous ne sommes pas automatiquement « bons ». Nous aussi, nous continuons à pécher et avons besoin d’être pardonnés. C’est pour cela que Jésus lavera les pieds de ses disciples et les exhortera à en faire autant les uns pour les autres (Jean 13). La Bible nous enseigne que nous devons haïr le péché, mais aimer le pécheur…jusqu’à aimer notre ennemi (Matt. 5.44). De même pour l’adversaire politique : il est avant tout une personne aimée de Dieu. Nous devons l’aimer à notre tour, c’est à dire le regarder comme une créature de Dieu. Lui aussi cherche probablement à faire le bien, mais au plus profond de lui il est sous l’emprise de la peur (comme nous), ce qui peut engendrer des attitudes stériles.

 

Réflexions politiques

L’attitude face aux adversaires politiques s’est modifiée au cours des années 1990. Elle est aujourd’hui davantage marquée par le mépris. Les adversaires sont tournés en ridicule, comme ce fut le cas pour le Conseiller fédéral Joseph Deiss lorsqu’il annonça sa démission. Le conseiller national Christoph Mörgeli insulte régulièrement ses opposants en les traitant de petit bourgeois, d’illuminé, d’envieux, etc. Et les Jeunes UDC zurichois ont publié une bande dessinée dans laquelle certains conseillers fédéraux sont présentés comme des prostituées, des homosexuels ou des fainéants. Certaines affiches politiques présentent les opposants comme des rats ou des corbeaux.

A gauche, les attaques verbales ciblent les riches (p.ex: M. Ospel) et le Black bloc pousse jusqu’au recours à la violence. Malheureusement, seule une partie de la gauche s’en démarque clairement. Ainsi, une culture de la dévalorisation de la personne, doublée d’attaques personnelles, s’est installée. Souvent, on part du principe que l’« autre » est « de toute façon malveillant », voire simplement naïf ou stupide. Il ne s’agit plus d’idées ou d’actes qui seraient bons ou mauvais: leurs auteurs sont tout simplement classés « bons » ou « méchants ».

Pourtant, devant Dieu nous n’avons aucun droit de nier aux autres leur dignité, car toute personne est créée et aimée par Lui. La Bible parle ouvertement du péché et de la grâce sans pour autant remettre en cause l’amour réservé aux êtres humains. Bien plus : elle nous met face à un miroir et affirme que nous ne sommes pas meilleurs que les autres (Rom. 3.10).

 

Questions

·        Comment est-ce que je parle de ceux qui ont un avis politique différent ?

·        Quand ai-je intercédé pour la dernière fois en faveur d’un adversaire politique ?

 

Sujets de prière

·        Mardi 13 septembre : Jean 8.71
Aide-nous, Suisses, à ne pas chercher de bouc émissaire, mais à comprendre les aspects structurels derrière une problématique et à en chercher une solution bonne pour tous.

·        Mercredi 14 septembre : Matthieu 5.442
Aide-nous, Suisses, à ne pas voir l’autre comme un danger, mais à croire que Dieu pourvoira à nos besoins.

·        Jeudi 15 septembre : Romains 5.83
Aide-nous, Suisses, à ne pas classer les gens en « bons » et « méchants », mais à déposer notre peur d’autrui et à voir en chacun une personne aimée de Dieu.

·        Vendredi 16 septembre : 2 Timothée 1.74
Aide-nous, Suisses, à ne pas laisser la place aux peurs et au mépris, mais ouvre nos yeux et oreilles à ta force, ton amour et ton intelligence ; fais que les voix de la crainte et du dédain ne soient pas écoutées.

·        Samedi 17 septembre : Matthieu 5.21+225
Garde-nous, Suisses, d’utiliser la violence comme moyen politique, y compris pour amener le bien ; envoie Ton Esprit dans nos cœurs et protège la Suisse.

 


1. Jean 8.7 : « Que celui d’entre vous qui n’a jamais péché lui jette la première pierre ! »

2. Matthieu 5.44,45 : « Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent. Ainsi vous vous comporterez vraiment comme des enfants de votre Père céleste, car lui, il fait luire son soleil sur les méchants aussi bien que sur les bons, et il accorde sa pluie à ceux qui sont justes comme aux injustes. »

3. Romains 5.7,8 : « Mais voici comment Dieu nous montre l’amour qu’il a pour nous : alors que nous étions encore des pécheurs, le Christ est mort pour nous. »

4. 2 Timothée 1.7 : « Dieu nous a donné un Esprit qui, loin de faire de nous des lâches, nous rend forts, aimants et réfléchis. »

5. Matthieu 5.21,22 : « Vous avez appris qu’il a été dit à nos ancêtres : ‘Tu ne commettras pas de meurtre. Si quelqu’un a commis un meurtre, il en répondra devant le tribunal.’ Eh bien, moi, je vous dis : Celui qui se met en colère contre son frère sera traduit en justice. Celui qui lui dit ‘imbécile’ passera devant le tribunal, et celui qui le traite de fou est bon pour le feu de l’enfer. »

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40 jours de prière : pour une Suisse où l’amour se manifeste

Avant les élections fédérales (23.10.11) ChristNet lance une campagne de prière de 40 jours : «Prier+Voter2011». Seul l’Esprit Saint peut pousser les Suisses à donner plus d’importance à la miséricorde qu’à leurs peurs et à élire des candidats en fonction. As-tu envie d’une Suisse où l’amour se manifeste ? Alors participe à ce mouvement de prière avant les élections !

Emotions ou politique factuelle ?

Lors des votations, les émotions sont décisives. Les agences de marketing en sont conscientes et préparent les campagnes en tenant compte de cette réalité. Les émotions et les peurs présentes sont exploitées et, si possible, renforcées. Les élections fédérales du 23 octobre ne feront pas exception. Des émotions à exploiter, il y en a. Voici les soucis principaux des Suisses : les «étrangers», l’énergie nucléaire et la préservation de notre opulence.

Depuis les années 1990, le «Baromètre des craintes» (Institut GfS) est à la hausse et, depuis dix ans, le climat psychologique de la Suisse (Institut Demoscope) reflète une tendance à se méfier davantage, à se replier sur soi et à rechercher de l’appui dans les traditions et la communauté nationale. Ces peurs ont contribué à envenimer le climat politique, l’autre étant perçu comme un danger pour le bien commun.

La peur et l’argent

Parallèlement, Mammon est puissant en Suisse : nous dépensons plus d’argent par habitant pour les campagnes politiques qu’aux Etats-Unis, par exemple. Il a été démontré que la propagande électorale développe d’importants effets : nous autres, êtres humains, avons tendance à écouter les arguments qui sont criés avec le plus de force. Nous croyons ceux qui confirment notre vision du monde et proposent des solutions faciles. Seule une perception simple du monde nous donne la fausse garantie que des solutions prétendument simples sont à portée de main…

Depuis dix ans, ChristNet s’engage par la sensibilisation, l’information et la prière pour que l’amour du prochain trouve sa place dans la politique et la société. Parfois, on a l’impression que la sensibilisation et l’argumentation en faveur de l’amour du prochain n’a pas l’effet souhaité. Si Dieu n’ouvre pas les cœurs, l’argument de l’amour peut, même parmi des chrétiens, tomber dans un terrain infertile. Dès lors, prions Dieu afin qu’Il nous transforme par son Esprit et qu’Il nous libère, nous (chrétiens) Suisses, des griffes de la peur.

Prier pour plus d’amour

Dès ses débuts, ChristNet s’est fondé sur la prière et a mis sur pied des Groupes de prière régionaux. Ces élections fédérales sont une période importante pouvant inspirer un véritable mouvement de prière. Le Parlement et le Conseil fédéral jouent un rôle prépondérant dans le sort de notre pays. Prions pour que les citoyens élisent des candidats qui s’engagent en faveur des plus faibles, sans peur pour leur propre bien, sans crainte des «méchants» et sans arrogance nationale.

«Prier+Voter2011», c’est une prière de 40 jours du 13 septembre au 23 octobre. Chaque samedi, ChristNet proposera une feuille hebdomadaire avec une méditation biblique, une analyse politique et un sujet de prière pour chaque jour. Certains thèmes seront mis en lien avec des articles de fond sur www.christnet.ch.

Voici les 6 thèmes hebdomadaires :

1.         L’adversaire politique

2.         Nationalisme et étrangers

3.         L’argent en Suisse

4.         Les peurs en Suisse

5.         Solidarité, miséricorde et justice

6.         Valeurs chrétiennes

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En vue des élections fédérales du 23 octobre 2011, ChristNet lance une prière de 40 jours. Ainsi, nous voulons encourager les chrétiennes et chrétiens suisses à prier afin que les candidats et la campagne soient marqués par l’amour.

Suivez les sujets de prière par la Newsmail de ChristNet (Inscription) ou sur Facebook : www.facebook.com/christnet.ch

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Les entreprises et les associations rétribuent des politiciens triés sur le volet. Que font ces politiciens en retour ? Et quelles sommes sont en jeu ? Cela, le citoyen moyen ne le saura jamais.

1 —Une démocratie parfaite

Peut-être penses-tu que la Suisse est une démocratie normale.

Le peuple élit régulièrement ses représentants, qui se déplacent à Berne 4 à 5 fois par année, y  réservent une chambre d’hôtel et, chaque matin, se rendent au Palais fédéral pour y décréter ou changer des lois ou encore, pour y soumettre leurs propositions. Ce sont des agriculteurs, des enseignants, des avocats, qui apportent ainsi leurs connaissances et les mettent à profit dans leurs travaux politiques. Leur siège au parlement représente pour eux une activité secondaire et ils ne perçoivent guère qu’une indemnité pour ce travail. Ces gens appartiennent à tel ou tel parti, c’est pourquoi chaque citoyen sait d’emblée quels intérêts ils défendent. Tout cela ne semble-t-il pas être un système parfait ? Peut-être même penses-tu que nous possédons la meilleure démocratie au monde.

C’est alors que tu entends l’histoire suivante :

C’est l’histoire de Félix Gutzwiller. Il est conseiller aux Etats (PLR) représentant le canton de Zurich depuis une bonne dizaine d’années  au parlement. Il est un politicien très connu des médias et est par ailleurs professeur d’université. Il a la réputation d’être très compétent. Ce politicien éveille tout particulièrement la confiance des téléspectateurs en tenant une rubrique dans l’émission de la télévision suisse alémanique « 10 vor 10 ». Ce personnage en vue, apprends-tu, siégeait au Comité consultatif du Credit Suisse jusqu’en automne 2007. Ce conseil, dissous entre-temps, était convoqué deux fois par année. Lors de ses séances, il procédait à des « évaluations sur des thèmes  et des évolutions », comme l’avait indiqué l’attaché de presse de la banque. Rétribution accordée pour cette activité : 100 000 francs. C’est beaucoup d’argent pour deux séances. Ce qui peut passer pour un magnifique cadeau est en réalité une affaire rondement menée. Lorsqu’au parlement par exemple, est votée un nouveau droit des actions, le Credit Suisse peut s’attendre à ce que ses intérêts soient dûment pris en considération. Lorsque beaucoup de personnes s’emportaient contre le marché concus avec les autorités américaines à propos du secret bancaire en août dernier, Félix Gutzwiller est descendu dans l’ « arène » pour  défendre, impassible,les intérêts des grandes banques. Et alors que toi tu te demandes si cet imbroglio n’est pas déjà de la corruption, tu entends dire que Gutzwiller, qui a eu vent de ces recherches, décroche lui-même le téléphone pour déclarer : « Je n’étais guère à mon aise ».

Le sentiment de malaise se répand. Il y a deux semaines à peine, le Tribunal administratif fédéral a considéré que l’accord passé avec les Etats-Unis en vue de régler le différend fiscal était illégal. La Suisse s’est alors engagée à fournir aux autorités américaines les données de 4450 clients de l’UBS  afin de se préserver d’une plainte pénale et, partant, d’éviter l’effondrement de la banque. Or, cet accord parvient tout de même devant le parlement et sera avalisé après coup.

Jusqu’à ce jour, l’UBS pouvait avoir confiance dans le parlement. Ainsi, le PLR possède avec son cercle d’amis :  « Amis du PLR » une puissante association de soutien. C’est un club de la finance mondiale présidé par Peter Wuffli,ancien responsable de l’UBS. On notera qu’il y a aussi la participation de Walter Kielholz , ancien président du Credit Suisse ou encore de Kaspar Villiger, président actuel de l’UBS. Auprès du PDC, le club de soutien financier homologue se nomme  « Association pour le soutien de la sphère scientifique, économique et politique ». Mais depuis peu, les premiers politiciens du clan bourgeois se rebellent contre l’emprise sur les grandes banques. Le conseiller national radical Philippe Müller  exige de son parti qu’il se démarque de cette généreuse association:  « jusqu’à présent, nous avons fait fausse route ». Son collègue de parti Otto Ineichen ajoute : « depuis que je suis parlementaire, je n’ai encore jamais constaté d’efforts aussi massifs et ciblés des lobbyistes que pendant la campagne menée actuellement par les grandes banques. Elles veulent s’assurer qu’en matière de régulation bancaire, tout se déroule selon leurs attentes ».

Alors, tu commences à te poser certaines questions. Ce sont il est vrai de vieilles questions, des questions qui se posent telle une légère poussière sur notre système. A maintes reprises ces questions sont évoquées à haute voix, mais invariablement elles restent sans réponses.

Quels sont les destinataires de ces versements?

Qui verse cet argent?

Combien faut-t-il mettre d’argent sur la table pour obtenir telle ou telle influence?

Personne ne souhaite en parler. On essaie de noyer le poisson. Mais non, mais non, en Suisse tout est parfaitement en ordre.

Certains toutefois en parlent et fournissent des informations. Ce sont ceux qui n’ont plus rien à perdre: les anciens. Depuis longtemps ils ont quitté  l’arène politique, ils ne font plus d’apparitions publiques, ils n’ont plus besoin de se faire du souci pour leur image. Ils disent ce qu’ils pensent. Des relations de dépendance? Bien sûr qu’il y en a.

Et ils racontent des histoires.

Par exemple l’histoire de Flavio Cotti. Il a commencé en tant que conseiller communal et est parvenu à se hisser tout en haut, au Conseil fédéral. C’est une histoire de luttes, de planifications, de bonheur, d’intrigues, d’alliances qui offrent un soutien au momentopportun. Cette histoire bien entendu, parle aussi d’argent et de la façon dont il est utilisé. Flavio Cotti passe sa maturité au gymnase des Bénédictins de Sarnen en 1959, puis dans les années 1960, il étudie le droit à Fribourg. Il est par ailleurs membre d’une association d’étudiants catholiques. Il y fait la connaissance de Franz Lusser, fils d’Augustin Lusser qui avait longtemps siégé comme conseiller d’Etat PDC de Zoug. Plus tard, Franz Lusser deviendra secrétaire général de la Société de Banques Suisses (devenue entre-temps l’UBS). Flavio Cotti a 25 ans lorsqu’il rejoint les rangs des conseillers communaux de la ville de Locarno, et trois ans plus tard, il réussit son entrée au Grand conseil du Tessin, puis en 1975 au gouvernement cantonal. Huit ans plus tard, Flavio Cotti se retire et touche une rente de 100 000 francs. Il est alors âgé de 44 ans et il a de plus grands projets en vue. Il dit à son entourage qu’il veut devenir conseiller fédéral.

En automne 1983, Flavio Cotti obtient de haute lutte un siège au Conseil des Etats. A peine se trouve-t-il au parlement qu’il est élu président du PDC Suisse. Il prend ainsi le relais du Valaisan Hans Wyer, Presque du jour au lendemain, le « petit nouveau » se retrouve numéro un du parti. Ce Tessinois jusqu’alors peu connu se retrouve en première page des journaux. Désormais, il peut envisager la fonction la plus élevée. Comment tout ceci s’est-t-il produit si rapidement ? Dans les caisses du parti il y avait un trou béant. Parallèlement à l’élection de Cotti comme président du PDC, la Société de Banques Suisses a fait don, à la demande de son secrétaire général Franz Lusser, d’un versement de 350 000 en faveur du parti. Tant Lusser que Philippe de Weck, membre du conseil d’administration de la banque, faisaient partie du PDC. Ces détails sont fournis par un témoin qui avait suivi de près ces tractations et qui souhaite préserver son anonymat.

Ce témoin ajoute que ce payement de la SBS était lié à la condition que Flavio Cotti devienne président du parti. « Pour les banques, Hans Wyer n’était pas la bonne personne : trop social, trop occupé par des thèmes liés à la famille, trop éloigné de la sphère économique ». Les banques voulaient le Tessinois avide de pouvoir.

Ceci est une information, rien de plus. Elle provenant d’une source fiable mais anonyme. Est-ce la vérité ? Une grande banque suisse aurait versé 350 000 francs à un parti pour qu’il change de président. Il n’y a pas de preuves, mais il y a des participants et ce qu’ils ont à raconter longtemps après les faits.

Hans Wyer, l’ancien président du parti dit en substance: « j’ai bientôt 84 ans et à cet âge on n’a plus toute sa mémoire, Je ne peux pas reconstruire tout cette affaire. Mais connaissez-vous un parti qui échappe à toute influence ?»

Arnold Koller, en son temps président du groupe PDC et devenu plus tard conseiller fédéral, déclare: « Je dois malheureusement dire que je n’ai pas beaucoup de souvenirs à ce sujet, je ne saurais dire quel était précisément mon rôle lors du remplacement de Hans Wyer par Flavio Cotti. Une quelconque influence de la SBS ne m’est pas connue. Mais naturellement en politique, beaucoup de choses sont possibles ». Tout à coup, il éclate de rire. Puis il reprend son sérieux et ajoute: « Tout ce que je peux dire, c’est que je ne savais rien ». Flavio Cotti, quivit non loin de Locarno, au-dessus du lac Majeur, n’était pas joignable par téléphone.

Et celui qui sait tout sur les dons et les payements de la SBS en son temps, le secrétaire général Franz Lusser, qui a tenu sa fonction des années durant, dit dans le fil de la discussion: « Oui, cette banque a déjà débloqué des moyens financiers en faveur du PDC mais non, au grand jamais cela était couplé à de quelconques conditions. Jamais ? Vraiment? Mettrait-il sa main au feu que cet argent qui autrefois a passé de la SBS au PDC n’était pas lié à la condition que le parti  désigne Flavio Cotti comme son président?

Franz Lusser ne dit ni oui ni non.

Il répond au conditionnel:  « je ne pourrais pas me l’imaginer. Je ne verrais pas non plus pourquoi… Wyer menait une politique équilibrée, il avait de la compréhension pour les questions économiques. Wyer avait sauf erreur  lui-même décidé de quitter ses fonctions. Que Flavio Cotti ait eu des relations spécifiques avec la SBS, cela est pour moi nouveau ».

2 — La fin du parlement de milice

Les personnes élues par le peuple sont appelées représentants du peuple. En tous cas, c’est à souhaiter. Cela signifie que le parlementaire, dans son esprit politique, s’efforce de voir le peuple ou ce qu’on entend par ce joli terme.  Il repréente ce qui nous unit. Naturellement, tu sais que cela n’est qu’une demi-vérité. Bon nombre de politiciens à Berne ne sont pas seulement les représentants du peuple mais ils représentent en outre divers intérêts. Ils jouent ainsi un double rôle, qui est encouragé par notre système. « Le plus dur à Berne, c’est de rester fidèle à soi-même ».

Cette petite phrase, c’est un politicien bâlois qui l’a prononcée après 20 années passées au Conseil national. Le radical Félix Auer, ancien vice-directeur auprès de Ciba-Geigy n’est pas un rêveur mais un homme aux inclinaisons pragmatiques, il sait ce que signifie faire le grand écart entre les intérêts de la société et les intérêts personnels. Le grand incendie de Sandoz à Schweizerhalle au petit matin du 1er novembre 1986 a secoué la Suisse entière; cet incendie a rappelé au peuple la vulnérabilité de la nature. Pour Félix Auer cela a représenté un dilemme, devait-t-il prendre la parole au parlement en faveur de la population ou en faveur de l’industrie chimique ? « Ce fut un moment pénible », se souvient Félix Auer, qui a aujourd’hui 84 ans. Lui, l’homme de Ciba-Geigy  au Conseil national, a défendu sans compromis les intérêts de Sandoz. C’était, comme il le souligne, une situation exceptionnelle, les tentations par contre étaient nombreuses. « Lorsque j’ai été élu au Conseil national, on m’a proposé plusieurs siègles dans des conseils d’administration. Je les ai tous refusés. Je voulais me sentir libre, c’est une question de caractère: tout dépend de l’influence que ces relations d’intérêt ont sur les décisions politiques.  Mais naturellement, elles ont toujours une influence.

Ainsi parlent les anciens, ceux qui n’ont rien à perdre.

Puis, tu discutes avec des jeunes, ceux qui ont encore une carrière devant eux. Eux disent par exemple : « le rapport de dépendance ne restreint pas nécessairement la liberté de décision ». Voilà bien une phrase politique.

Une phrase qui siérait bien à Beat Walti; ce politicien pense que la dépendance vis-à-vis des donateurs est une construction de l’esprit. Walti est président du parti radical du canton de Zurich. En 2007, il était candidat au Conseil national. Comme un de ses collègues du parti radical le souligne, Walti s’est fait payer sa campagne politique par une grande banque zurichoise. Walti affirme seulement : « j’ai financé ma campagne par mes propres moyens mais il est vrai, aussi avec un grand nombre de dons. Je ne donnerai aucune indication au sujet des montants reçus ».

On entend toujours la même rengaine : c’est justement parce qu’ils ne sont pas des politiciens professionnels que nos représentants sont protégés contre les influences inopportunes. Nos représentants exercent leurs fonctions seulement comme une activité accessoire. C’est le système de milice.

Mais, jusqu’où s’étend aujourd’hui l’activité accessoire?

Une personne de bon conseil et au-dessus de tout soupçon dans ce domaine est Gerhard Pfister, un bourgeoisbien ancré dans l’économie. Il représente le PDC depuis 2003 au Conseil national et ayant siégé longtemps à la Commission des institutions politiques, il a pu suivre bon nombre de débats sur l’argent et la politique. « On parle du caractère de milice de notre système et on entend par là qu’une séparation entre la politique et l’économie n’est pas possible ». Cet argument est désormais douteux, estime Pfister. « On ne trouve presque plus de parlementaires de milice. Il n’y a presque plus personne qui exerce une activité bourgeoise et qui, ensuite, siège au parlement quelques semaines par année. La plupart sont des politiciens à plein temps, comme on peut le constater au travers de leurs revenus. A côté du salaire de parlementaire d’env. 100 000 francs par an, ils comprennent des rétributions pour l’engagement de ces parlementaires en faveur d’intérêts divers. Et, aussi pour des mandats au sein de conseils d’administration. On constate aussi comment ces politiciens décrochent ces mandats : ils ne sont pas intéressants parce qu’ils sont bons, mais parce qu’ils sont parlementaires. Les entreprises, les associations, les ONG et les syndicats ont par leur biais un accès direct au pouvoir législatif ». Otto Ineichen a été récemment élu politicien de l’année par la télévision suisse. Au-delà des consignes de son parti (PDC), Otto Ineichen a su s’engager pour une politique de la santé moins onéreuse et pour plus de places d’apprentissage pour les jeunes. Il souligne:  « L’influence des représentants d’intérêts spécifiques au parlement a fortement augmenté lors de ces dernières années. Nous perdons de plus en plus de vue l’intérêt général de notre société ». Marianne Kleiner fait aussi partie des parlementaires qui ne prennent aucun plaisir au jeu de dupes en politique. « Les trucs par derrière,  les mensonges, les petites tactiques – cela je ne veux pas l’apprendre, jamais » dit-t-elle. Cette radicale qui a grandi dans une famille bourgeoise bien connue dans l’arrière-pays d’Appenzell n’aime pas les manœuvres en coulisses. Elle raconte comment se font au parlement les contacts avec les lobbyistes. « Lorsque j’ai siégé à la Commission des affaires sanitaires, j’ai été approchée, voici comment cela se passe : à la Salle des pas perdus on est approché par quelqu’un et on se met à discuter. La personne nous invite à déjeuner. On demande de quoi il en retourne et la plupart du temps on en reçoit déjà l’explication. Si on accepte,  on devient membre d’un comité ou d’un conseil d’administration et on touche peut-être 50 000 ou 80 000 francs par année. Une belle somme d’argent en l’occurrence ». Pourrait-elle nous dévoiler quelques noms?

« Je ne le ferais pas! Je suis tout de même loyale », dit Kleiner. Elle respecte donc le devoir de confidentialité. Elle a décliné toutes les offres qui lui ont été faites « Je veux faire de la politique en gardant mon indépendance ».

Hilmar Gernet, ancien secrétaire général du PCD Suisse dit: « Tous ceux qui entrent dans un conseil d’administration ou dans une commission savent ce qu’on attend d’eux. En l’occurrence, qu’ils défendent  certains intérêts au parlement ». Gernet va publier au printemps un livre sur le financement de la politique. Actuellement il travaille en tant que directeur de la section Politique et économie auprès de la banque Raiffeisen. Il en est donc le lobbyiste en chef.

Un cas d’école d’un de ces représentants d’intérêts se nomme Eugen David. Ce politicien UDC siège depuis 22 ans au parlement. Une fois élu, il a rejoint des conseils d’administration, des comités consultatifs et des conseils de fondation. Actuellement, il remplit 16 mandats de cette nature. Pour la présidence du conseil d’administration de la caisse maladie Helsana, il a touché l’année dernière 126 000 francs (selon le Rapport de gestion). Lorsqu’Eugen David est questionné sur ses multiples connexions bien rémunérées, il donne une réponse, puis demande qu’elle ne soit pas publiée. Il veut voir imprimer quelque chose qu’il n’a pas dite. « Dans le cas contraire je vous demande expressément de renoncer à mes citations », écrit-t-il dans un e-mail. Auparavant, il s’est arrogé le droit de contrôler toutes les citations (ce qui est un procédé habituel). Quant à nous, nous refusons d’accéder à sa demande.

Christoph Blocher, qui siégeait autrefois au conseil d’administration de la Société de banques suisses, a dit un jour (en 1993, dans le journal « Cash ») : aujourd’hui les parlementaires qui siègent dans des conseils d’administration des grandes entreprises sont plus sous pression qu’avant. Les parlementaires doivent désormais suivre des instructions comme si ils étaient des marionnettes. Le respect vis-à-vis de l’indépendance des conseillers nationaux et des conseillers aux Etats était autrefois beaucoup plus marqué ».

Cela est-il vrai pour Caspar Baader, le président du groupe UDC au parlement ? Baader est membre du conseil d’administration de la Fenaco, il est aussi membre de la direction de Swissoil. Fenaco est un groupe qui pèse des milliards, est actif dans le secteur de l’agriculture et profite financièrement de la protection que l’Etat offre aux paysans. Le groupe s’érige dès lors contre l’ouverture des marchés qui se profile à l’horizon. Swissoil, l’organisation faîtière des négociants en pétrole, est comme son nom l’indique un acteur dans la lutte féroce qui a cours en matière de politique énergétique. Baader, qui tire une grande partie de ses revenus de ces deux mandats,  déclare : « les indemnités proposées chez Fenaco et Swissoil sont, en comparaison avec d’autres entreprises et associations, relativement modestes. Je ne dévoilerai pas de chiffres. La plupart des parlementaires représentent des intérêts divers, que ce soit pour l’économie, pour des ONG et d’autres organisations. Ces intérêts sont dûment déclarés au registre du parlement, chacun peut consulter qui entretient quelle relation. En cas de déclaration correcte, cela ne pose pas de problèmes pour notre démocratie. Par contre, parler ouvertement des indemnités perçues ne servirait qu’à alimenter le voyeurisme ».

3 — Omerta

Lorsque tu recherches en Suisse des infos sur le thème du financement de la politique, tu fais là une expérience particulière. Partout c’est le règne du silence. C’est comme si c’était indécent, dans notre pays, de parler des intérêts financiers en politique.

Seule la discrétion est prônée.

Stefan Brupbacher, secrétaire général du parti radical suisse, déclare : « nous ne fournissons pas de renseignement sur nos donateurs, car la confidentialité est un des éléments centraux de notre système politique. Etant donné que seuls le président du parti et moi-même connaissons les finances, un second élément s’en trouve renforcé, à savoir l’indépendance du groupe. Nous ignorons par exemple qui soutient tel ou tel politicien lors d’une élection. Celui qui exige de la transparence cherche à mêler les politiques dans son entourage à des combines douteuses, mais personne ne veut exposer nos politiciens à un soupçon généralisé. Car cela aurait pour effet de décourager encore plus les entrepreneurs de s’engager dans le système de milice. Ainsi, nous élevons des politiciens hors sol ».

Tim Frey, secrétaire général du PDC, déclare: « Dans le système de milice, un candidat est élu précisément en fonction de ses activités et des intérêts qu’il défend. Il est donc impossible, ou très rare, de pouvoir acheter après coup un politicien. Je ne connais personne au parlement qui modifie ses décisions parce qu’il tire ses revenus d’une organisation quelconque. C’est tout à fait impensable. Les politiciens ont déjà leur opinion arrêtée avant leur élection.

Impensable ? N’est-ce pas au contraire plausible? Si toutes ces rétributions n’amenaient pas de résultats tangibles, les entreprises et les associations ne les verseraient pas. Et si le montant de ces rétributions ne posait pas problème, alors on pourrait le divulguer en toute transparence.

En toute transparence ? Tim Frey pense que non. « Nous n’avons pratiquement aucun politicien professionnel en Suisse et nos parlementaires sont en premier lieu des citoyens qui exercent un emploi en plus de leur fonction. En bref, des citoyens ayant droit au respect de leur sphère privée, notamment en ce qui concerne leurs revenus ».

Pouvoir voter en connaissance de cause: c’est la base de toute démocratie. On te l’a enseigné à l’école. Et c’est ce que tu te dis maintenant.

«L’électeur informé était un concept élaboré en sciences politiques dans les années septante » répond Tim Frey. « Bon nombre de recherches empiriques ont démontré que les décisions des électeurs se prenaient le plus souvent sur la base d’une communication fondée sur des symboles ou des sentiments plutôt que sur des raisonnements intellectuels ».

Le PDC ne pense donc pas que les électeurs devraient savoir dans quels rapports de dépendance leurs politiciens se trouvent ?

« Ces dépendances sont visibles. Chaque comité consultatif, conseil d’administration ou conseil de fondation est inscrit au registre du parlement. C’est suffisant. Combien ces politiciens gagnent avec leurs mandats ? Cela n’intéresse personne. Lorsqu’un électeur pense qu’un politicien a été acheté, ce politicien est banni de ses intentions de vote. Le citoyen ne vote plus pour lui. Un point c’est tout. »

Les sentiments : c’est justement là que le bât blesse. Bon nombre de citoyens ne pensent-ils pas qu’à Berne quelque chose va de travers, qu’il y un genre de magouilles, quel que soit le nom qu’on lui donne ?  Or, ce sentiment diffus ébranle la confiance que le citoyen a dans la politique.

« Nos électeurs nous font confiance », répond  Tim Frey du PDC. Autrement, ils ne nous éliraient pas. Je connais mes électeurs. Le mode de financement de nos politiciens n’est pas un thème d’actualité. Le sujet est monté en épingle par deux ou trois journalistes ».

Et puis Tim Frey ajoute : une loi régissant les partis serait envisageable et, donc, on aurait un parlement professionnel, avec une loi qui interdirait aux politiciens d’accepter de l’argent. En parallèle il ajoute : tout cela n’apporterait pas un plus pour notre démocratie. Cette expérience, je l’ai faite par exemple au Mali  : ces réglementations sont souvent contournées. En Suisse, avec le droit d’association qui est très libéral, cela serait très facile. Notre système paraît quelque peu flou, on y reconnaît un certain bricolage, quelque chose d’amateur. Mais cela me paraît plus sympathique car on ne suggère à aucun moment une transparence qui n’existe pas.

La Suisse est donc différente du Mali. Mais comment les choses fonctionnent-elles en Suisse? Il existe un rapport du Conseil fédéral intitulé : « Moneypulation… ? ». Ce rapport a été rédigé en réponse au postulat du social-démocrate Andreas Gross, qui en 1995 avait exigé qu’une fois pour toutes, soit élucidée la question de l’apport d’argent dans la politique. Autremet dit, notre démocratie est-elle à vendre? Gross écrit : « Il est d’une importance vitale pour notre Etat de déterminer la valeur de cette thèse ».  ». Ce n’était pas le premier essai de la gauche en la matière et, comme l’écrivait le PS, ce ne serait pas non plus le dernier. Le Conseil fédéral a chargé la Chancellerie fédérale de mener une étude : trois ans plus tard, le « Rapport sur le rôle de l’argent dans la démocratie directe » était ficelé. Ses 126 pages ne contenaient… rien. La Chancellerie fédérale avait mené une enquête sur la question auprès de 16 partis, de 8 associations et de 21 autres organisations politiques. Avec ce questionnaire, les événements politiques des années 1994 et 95, ainsi que les élections au Conseil national de l’automne 1995, ont été passés sous la loupe, l’examen portant sur l’utilisation des moyens financiers. Une complète confidentialité fut assurée aux répondants les résultats ont été anonymisés. Finalement, sur les 45 organisations auxquelles on avait écrit, seules 12 ont répondu (le PS suisse faisant partie de la majorité silencieuse). Le Rapport conclut en faisant remarquer, en substance, qu’au vu des montants financiers, des budgets et des moyens financiers cités, il est présomptueux d’affirmer que l’argent ne joue aucun rôle dans la démocratie. Néanmoins, l’importance à accorder aux efforts financiers demeure peu claire ».

Lorsqu’en 2001 l’ancien conseiller national PS Pierre-Yves Maillard a relancé la question par une interpellation intitulée « Argent et démocratie. Liaisons dangereuses ». Le Conseil fédéral lui a répondu en se référant au le rapport laconique de la chancellerie. « Vu l’absence générale de transparence manifestée en la matière, le Conseil fédéral doute qu’une nouvelle enquête puisse apporter de nouveaux enseignements », écrit-il. Telle est donc la situation de notre nation : la plus haute instance, le gouvernement de ce pays, aimerait savoir qui finance chez nous la politique. Mais en vain. L’omerta ne sera pas rompue. Les débats politiques et la mise en lumière des flux d’argent suivent actuellement un schéma qui oppose la gauche à la bourgeoisie. La gauche prône la transparence, les bourgeois la rejettent. Il n’en a pas toujours été ainsi. Dans l’ère qui a précédé Blocher, l’UDC a mené le combat sur cette question aux côtés des sociaux-démocrates, avec une argumentation pareille en tous points : si on doit constamment lever des fonds, on se lie à ceux qui versent cet argent et on perd sa liberté. Donc, l’Etat devait financer  la politique. Aujourd’hui, l’UDC refuse formellement de dévoiler le nom de ses donateurs. L’attitude d’un parti vis-à-vis de la transparence semble donc toujours dépendre du profit qu’il retire lui-même, en secret, de ses propres donateurs.

4 — Des chiffres et des estimations

La question de savoir d’où provient l’argent demeure sans réponse. Tu tentes alors de prendre ce problème par l’autre bout de la lorgnette : à qui cet argent est-il destiné ?

Une partie va directement sur les comptes des politiciens.

Une part va aux centrales des partis (financement des partis).

Une partie sert à couvrir les frais des campagnes de votation.

Il existe des estimations dans ce domaine.

Commençons par les élections et prenons la campagne des élections au Conseil national de 2007, la plus coûteuse à ce jour. Hilmar Gernet la décrit dans son livre. Les partis ont dépensé environ 50 millions de francs pour les affiches, les annonces et les brochures. Les budgets consacrés à ces élections par les partis représentés au Conseil fédéral (plus les Verts) se sont montés à 16,6 millions de francs au total. Reste donc une lacune d’environ 34 millions de francs. Les candidats se sont, semble-t-il, procuré par eux-mêmes cette somme.

Auprès de qui ?! Nous ne le savons pas.

Le financement des partis donne également lieu à des estimations. Selon les données des secrétariats généraux, la situation est la suivante : chiffre d’affaires de l’UDC Suisse en 2009 : environ 2,5 millions de francs (Christophe Blocher ne verse rien à la caisse du parti, mais son aide financière va directement aux campagnes pour les élections et les votations). Le PS Suisse a dépensé l’an passé 4,83 millions de francs, dont 1,2 million de francs pour les campagnes électorales. Chiffre d’affaires du PLR Suisse en 2009 : environ 3 millions de francs. Le PDC compte un budget annuel de 2,5 millions de francs qui, les années d’élections, est augmenté d’un million de francs.

Comme tu peux le calculer, le travail de plus en plus coûteux effectué dans les centrales des partis représentés au Conseil fédéral s’élève donc à environ 12 millions de francs. Alors que le PS vit essentiellement des cotisations de ses membres, les partis bourgeois sont financés surtout par des dons. D’après Hilmar Gernet, les six principaux donateurs sont Credit Suisse, Novartis, Roche, Nestlé, une grande entreprise de construction et, jusqu’à l’année dernière l’UBS.

Pourtant, ces 12 millions de francs ne représentent que peu d’argent par rapport aux sommes utilisées dans le cadre des campagnes. La société Media Focus évalue chaque année le volume de la publicité politique dans les médias et son coût. En 2007, la sphère politique a passé pour 58 millions de francs d’annonces diverses. En 2008 pour 53 millions, l’année dernière, pour à peu près le même montant. Ce montant élevé, de 50 à 60 millions de francs par an, comprend toutefois les coûts inhérents aux campagnes de votations et d’élections cantonales et communales. Si tu tiens compte uniquement des campagnes nationales, la somme en jeu s’élève à environ 25 millions de francs par an.

Qui paie ces millions pour les votations et les élections ?

On te répond : les cercles intéressés.

Tu penses peut-être à Christophe Blocher ou à Walter Frey de l’UDC, ce qui n’est pas faux en soi. Bien que Walter Frey soit « un peu moins actif depuis huit ans », comme il le dit lui-même. Autrefois, lui et Christophe Blocher auraient supporté ces dépenses à part égale, alors qu’actuellement, Blocher est plus fortement impliqué. Blocher déclare qu’il ne veut pas s’exprimer sur ce sujet.

Puis, Economiesuisse vient à l’esprit. Economiesuisse est l’organisation faîtière de l’économie suisse. Economiesuisse représente l’agence la plus professionnelle pour les campagnes politiques en Suisse. Dans cette liste des puissants groupes d’intérêts, elle est suivie, à une certaine distance, par les syndicats et de nombreuses associations, telles que l’Union patronale, l’Union des arts et métiers, l’Union des paysans et des organisations environnementales. Ces dernières disposent de moins de moyens financiers, mais leurs nombreux membres leur donnent un moyen d’influence.

5 — L’association

Un jour, tu te retrouves assis en face d’un homme au visage rond et enjoué, qui porte une cravate à la mode et qui, au cours d’une conversation détendue, répond à tes questions. Cet homme se nomme Urs Rellstab. Il est directeur adjoint d’Economiesuisse. Avec un budget d’environ 15 millions de francs, cette fédération emploie plus de cinquante personnes.  Economiesuisse a ainsi un budget plus élevé que la totalité des partis politiques. Ce critère à lui seul démontre où se situent les rapports de force.

Mais le véritable instrument pour le combat politique est le fonds de campagne d’Economiesuisse. Urs Rellstab ne dit mot sur le montant de ce fonds. Il est cependant suffisamment alimenté pour qu’Economiesuisse puisse s’engager dans la bataille sur toutes les questions importantes. Lors de campagnes de moindre envergure, Economiesuisse engage un montant de 1 à 2 millions de francs, pour celles de moyenne importance, elle engage de 2 à 5 millions de francs et pour les campagnes majeures, comme celle sur la libre circulation des personnes, elle peut investir jusqu’à 10 millions de francs. On évalue à 15 millions de francs par an le montant à disposition pour des campagnes politiques. Depuis le vote sur le paquet fiscal, (il y a presque six ans, la Fédération des entreprises suisses n’a plus perdu aucun vote dans lequel elle était impliquée. On peut en déduire que l’argent est important. Très important. Urs Rellstab ne remet pas cela en question. « Quand il y a une votation aux résultats serrés, l’apport financier dans les dernières semaines peut se révéler être un facteur pertinent. Au cours de cette phase, il est important de répéter le message par des annonces dans les journaux ».

Tu demandes à cet homme de te fournir une liste de toutes les votations populaires et des montants financiers qu’Economiesuisse a engagés lors de ces campagnes. Urs Rellstab sourit d’un air entendu et dit : « Le montant que nous engageons lors d’une campagne politique, nous ne le rendons pas public. En tant qu’association faîtière de l’économie, nous ne pouvons pas mentir. Souvent, nos adversaires tentent de jouer à David et Goliath et, début d’une campagne, avancent des chiffres qui, finalement, n’ont rien à voir avec la réalité ».

Le politologue Hans-Peter Kriesi, de l’université de Zurich, a étudié il y a plus de vingt ans le rôle des associations économiques en Suisse. Dans son livre qui reste en grande partie d’actualité, Kriesi confirme la forte position occupée par les associations économiques : la Suisse pourrait fonctionner un certain laps de temps sans partis politiques, mais elle ne pourrait se passer des groupes d’intérêts. « L’implication des associations dans la politique va en Suisse bien au delà de leur reconnaissance juridique ». Selon la Constitution fédérale, lors de l’élaboration de la législation, les associations devraient , être que consultées et, le cas échéant, impliquées dans sa mise en œuvre. Or, elles fonctionnent comme des partis, comme si elles contribuaient à la formation de l’opinion et avaient un droit d’intervention. « Il est démontré que les associations en Suisse ne sont pas seulement en mesure de faire valoir leurs intérêts, mais qu’elles savent les concrétiser pour que soient prises des décisions contraignantes ». Naturellement, tu penses ici aux grandes multinationales car, ces dernières n’ont plus besoin des associations et font part de leurs exigences directement au gouvernement, comme nous avons pu le constater dans l’affaire UBS).

6 — A la commission

Nous le constatons, beaucoup d’argent est injecté dans les campagnes de votations. Mais cet argent n’est que le dernier maillon d’une longue chaîne de décisions politiques. Une campagne lors d’une votation représente pour les groupes d’intérêts la toute dernière possibilité de gagner de l’influence. Il est plus efficace d’entamer cette démarche en amont, au début du processus législatif, c’est-à-dire dans les commissions. En effet, les commissions sont les ateliers du parlement. Elles représentent une charnière entre la société et l’Etat. C’est lors de ces commissions que se produit l’essentiel. C’est ici que les propositions de loi sont formulées et que toutes les décisions préliminaires sont prises. Le parlement devra certes voter sur les propositions des commissions mais la voie est déjà tracée. En même temps, le procédé de formation d’opinion y échappe à tout contrôle, car les délibérations y sont secrètes et les procès-verbaux confidentiels. En d’autres termes, les commissions représentent le parfait terrain d’action pour les groupes d’intérêts.

Il n’y a pas que les membres des commissions des partis bourgeois qui soient au service des entreprises et des associations ; des parlementaires de  gauche bénéficient aussi de mandats dûment rétribués, par exemple la conseillère aux Etats sociodémocrate Simonetta Sommaruga. Jusqu’en juin 2008, Sommaruga a présidé le conseil de fondation de l’œuvre d’entraide Swissaid tout en étant membre, au parlement, de la commission de politique extérieure. Dans cette commission, elle a fait partie de ceux qui ont décidé d’augmenter l’argent de la Confédération consacre à l’aide au développement de 0,4% à 0,5%, ce dont l’œuvre d’entraide a directement profité. Sommaruga percevait également une partie de ses revenus de cette institution.

Elle déclare : « Dans un parlement de milice, il est légitime de percevoir des regrenus supplémentaires du secteur politique. Un mandat de ce type permet en outre d’acquérir des connaissances spécialisées. Toutefois, on devrait rendre public l’ensemble des montants perçus. Il y a une profonde différence entre le fait de présider une œuvre d’entraide et de siéger dans un conseil d’administration, où la rémunération est dix ou même cinquante fois supérieure ». Sommaruga a reçu annuellement 4800 francs de la part de Swissaid.

Ceci est la principale différence entre la gauche et les partis bourgeois : les politiciens de gauche dévoilent combien d’argent est en jeu. Sur demande, le secrétaire général du PS Suisse nomme « tous les parlementaires qui sont employés par une association ». Ensuite, il indique également leurs revenus. Cinq parlementaires sont concernés, et leurs revenus provenant du travail associatif vont de 5000 francs par an (Evi Allemann)  à 50 000 francs annuels (Paul Rechtsteiner).

Est-ce que le montant en tant que tel joue un rôle ? Vraisemblablement penses-tu que oui, qu’il joue un certain rôle. Car  plus un politicien gagne d’argent en raison de ses liens avec des groupes d’intérêts,  plus la part de son revenu couverte par des mandats de ce type est importante, plus il est dépendant de ces groupes donateurs. Est-ce le cas ou  non ?

A l’autre bout de l’échiquier politique, tu rencontres Roland Borer conseiller d’Etat UDC, lequel fait de la politique depuis des années au sein de la Commission de la politique de sécurité. Dans cette commission, Borer s’est battu contre l’idée d’un registre fédéral des armes, il s’est aussi battu pour la privatisation de l’entreprise d’armement de la Confédération RUAG. En même temps, il a siégé au conseil d’administration d’une entreprise concurrente, Micro Technology Hérémence SA, dans laquelle Borer a investi des fonds personnels (jusqu’à ce que cette dernière soit vendue en 2008 à un acheteur norvégien).

Roland Borer déclare : « J’ai toujours déclaré ouvertement que j’étais au conseil d’administration de la MTH SA. Dans les moments cruciaux, je me suis abstenu de donner ma voix dans la commission. Pour moi, il était aussi évident que je ne pouvais pas accéder à la présidence de la Commission de la politique de sécurité ».

Pour toi il n’y a aucune possibilité de constater par toi-même combien les différentes influences orientent les commissions, car comme nous l’avons dit, tout est strictement confidentiel. Mais un jour, un journaliste romand, Titus Plattner a réussi à mettre en lumière un épisode significatif de ce processus. Cette anecdote démontre ce que signifie concrètement représenter les intérêts d’un groupe.

Le 10 février 2004, la Commission de l’économie et des redevances du Conseil des Etats a siégé pour préparer la révision totale de la loi sur les douanes. Gregor Kündig, alors membre de la direction de l’association économique Economiesuisse, avait distribué à une sélection de parlementaires, une liasse de documents répertoriant trente points de la législation, partiellement reformulés selon les souhaits d’Economiesuisse et classés par ordre d’importance. Les sujets pourvus d’une étoile étaient considérés comme « importants »pour l’économie, les documents ayant deux étoiles étaient « très importants », et ceux avec trois étoiles étaient « absolument vitaux ». Lors des pourparlers sur le projet de révision, Eugen David, président de la commission, marque une longue pause à chaque article marqué par Economiesuisse. En effet, chaque modification du projet de loi doit être demandée par l’un des membres de la commission. Chaque fois, un membre s’annonce. Mais, tout d’un coup, cette machine bien huilée s’arrête. « Quelqu’un a-t-il quelque chose à ajouter ? » demande Eugen David.

Silence

« Personne? »

Le silence persiste.

« Mais dites voir, c’est une proposition trois étoiles!. Quelqu’un devrait présenter une proposition à Economiesuisse ».

Finalement, un conseiller aux Etats répond à la demande du président de la commission. C’est une anecdote très représentative,  qualifiée par Economiesuisse de « tout à fait correcte ». Urs Rellstab explique : « Si on n’avait pas dit auparavant aux parlementaires qui sont les plus proches de nous, ce qui est essentiel, on serait parti sur une mauvaise voie. Les intérêts doivent s’articulés dans le processus politique. Nous y veillons ».

Rudolf Strahm, social-démocrate ayant siégé pendant treize ans au Conseil national et a présidé pendant un certain temps la Comission de l’économie et des redevances, a constaté que les membres bourgeois de la commission venaient avec, en main, des prises de position préparées à l’avance, comme il les décrit. Il a aussi remarqué un amusant jeu du chat et de la souris entre l’Administration fédérale et les groupes d’intérêts. Avant que qu’une nouvelle loi ne puisse être débattue en commission, il faut  en effet  préparer un message et un projet de loi. C’est l’affaire des spécialistes de l’administration. Or Rudolf Strahm raconte : «lorsque plusieurs demandes émanant de la commission ont une chance d’aboutir, il arrive que l’Administration propose des modifications de dernière minute. Les parlementaires qui représentent des groupes d’intérêts dans la commission, sont parfois pris au dépourvu par ces propositions de dernière minute et ne sont pas en mesure de décider si la modification va dans le sens de l’intérêt économique qu’ils représentent. Nous avons constaté qu’à la suite d’une proposition de dernière minute de l’administration, on a demandé une pause urgente de la séance de la commission. Les membres de la commission ont filé dans les couloirs, se sont emparés de leurs téléphones portables pour  demander l’avis  d’un lobbyiste de l’association économique ou du groupe concerné ».

Le parlement est faible à certains égards. Et celui qui est faible aime qu’un plus fort que lui lui tienne la main. C’est ce qu’affirme en substance Xavier Comtesse, directeur romand d’Avenir Suisse, le laboratoire d’idées des grandes entreprises suisses. « Le problème principal n’est pas qu’on puisse acheter les parlementaires ou que ceux-ci soient livrés pieds et poings liés à des groupes d’intérêts, le problème crucial c’est qu’ils sont souvent surchargés. Il  est presque impossible d’avoirune vue d’ensemble des affaires souvent complexes dont il faut traiter. Même les politiciens les plus zélés et les plus aguerris atteignent ainsi leurs limites. Cela laisse une chance aux lobbyistes, tout simplement parce que les parlementaires sont heureux que quelqu’un leur prête main-forte ». Selon Xavier Comtesse, celle qui profite le plus de cette faiblesse, c’est l’administration. « Elle dispose des ressources humaines nécessaires pour gérer les affaires. Elle peut tirer les ficelles en toute tranquillité ou presque ».

7 — Un cas unique en Europe

Peut-être penses-tu que la démocratie suisse est loin d’être parfaite. Mais tu le sais bien, les démocraties parfaites n’existent pas. Le financement de la politique n’est pas un problème typiquement suisse, dans d’autres pays aussi l’argent occupe une place très importante dans la vie publique. Il occupe souvent une place indue. Des scandales ne se sont-t-ils pas produits dans de nombreux pays ? L’affaire de l’argent sale en Allemagne a causé un tremblement de terre politique et à coûté le siège d’honneur de la CDU à Helmut Kohl ? N’y a-t-il pas eu l’affaire Elf-Aquitaine en France, où une courageuse juge d’instruction a pu démontrer qu’un groupe pétrolier avait investi près de 300 millions d’euros pour obtenir des faveurs politiques et avait permis à Roland Dumas, l’ancien ministre des affaires étrangères, d’entretenir à grands frais une maîtresse ?

Le premier mandat de Tony Blair n’a-t-il pas presque échoué lorsqu’il s’est avéré que le parti du Labour a reçu un million de livres des organisateurs du sport automobile  en échange des efforts consentis pour que la publicité pour les cigarettes soit maintenue sur les grands prix de Formule un.

Il n’y a que la Suisse qui n’ait pas encore connu de véritable scandale lié au financement des partis. Occasionnellement, tu entends l’argument selon lequel la supériorité de notre système helvétique serait ainsi démontrée. N’est-ce pas du cynisme ? En Suisse, il n’y a pas de scandales financiers, car l’achat de décisions politiques n’est pas prohibé. Aucun juge d’instruction ne peut donc entamer de  procédure. Aucun parti n’est tenu de laisser quiconque consulter ses comptes. Ce qui, à l’étranger cause des scandales retentissants se trouve être accepté par notre système juridique.

On peut bel et bien parler de spécificité helvétique. Il n’y a que chez nous que le financement de la politique ne fait l’objet de pratiquement aucune réglementation. Les parlementaires doivent certes déclarer les liens qu’ils entretiennent avec des groupes d’intérêts, mais les montants versés demeurent secrets. Par ailleurs les mandats d’avocat, les montants versés pour des consultations et d’autres formes de payements indirects pour des services rendus demeurent cachés. Dans la plupart des démocraties, ces dernières décennies, des mesures ont été prises pour que les puissants groupes financiers ne puissent pas influencer facilement les décisions politiques. Partout le critère central se nomme transparence. Parmi les derniers pays européens qui ont rendu obligatoire la publication de ces montants, on trouve les Pays-Bas et la Grande-Bretagne. Ainsi, depuis l’an 2000, tous les dons faits aux partis en Grande-Bretagne doivent être divulgués. Malgré cela, les Britanniques, forts d’une fière tradition libérale, s’en sortent avec un faible financement de la politique par l’Etat. Cette contribution par personne est sensiblement plus faible que celle déboursée par chaque contribuable suisse au titre de la contribution aux groupes politiques. La transparence et une contribution financière minimale par l’Etat  peuvent donc faire bon ménage.

Aujourd’hui, la politique suisse de financement des partis est perçue à l’étranger comme une sorte de relique. L’OSCE, dont fait partie la Suisse, comme chacun sait, constate dans son rapport sur les élections parlementaires de 2007 que l’obligation de publication en Suisse est insuffisante. Le rapport de l’ONU sur la corruption dans le monde de 2004 fait remarquer sèchement qu’en matière de transparence du financement des partis, la Suisse se trouve sur un pied d’égalité avec l’Albanie, les Bahamas ou encore le Sri Lanka.

Les politiciens suisses ne sont ni meilleurs ni pires que ceux d’autres pays. Tu le sais naturellement et tu veux volontiers croire que beaucoup d’entre eux s’efforcent d’assumer le mandat que les électeurs leur ont confié du mieux de leur capacité et de leur conscience. Malgré cela, la réputation des représentants du peuple est en train de se dégrader. Nos politiciens souffrent d’une perte d’autorité. Les soupçons de corruption finissent par entacher la crédibilité de notre système.

 


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Il est récemment devenu à la mode de se moquer des contribuables qui paient les impôts en toute honnêteté. L’évasion fiscale et la fraude fiscale sont aujourd’hui considérées comme des pécadilles, voire comme un droit humain1.

Il est triste de constater que même des chrétiens entonnent ce refrain. J’ai dernièrement entendu quelqu’un défendre le secret bancaire en arguant que les autres pays étaient, entre autres, eux-mêmes coupables de l’évasion fiscale commise par leurs ressortissants –  en fin de compte, ils n’avaient qu’à ne pas percevoir des impôts aussi élevés ! (Remarque : le secret bancaire en Suisse permet aux ressortissants d’un autre pays de pratiquer l’évasion fiscale par le fait qu’en cas de soupçon d’évasion fiscale, ce pays ne peut pas obtenir d’entraide administrative et judiciaire). N’est-il pas présomptueux et injuste de faire un bénéfice grâce à des personnes pratiquant l’évasion fiscale dans d’autres pays si ceux-ci ont défini leurs taux d’imposition de manière démocratique ?

Un conseiller national chrétien a lui aussi tenu des propos choquants récemment. Interrogé sur ce qu’il trouvait particulièrement précieux de préserver en Suisse, il a loué le système fiscal suisse qui n’oblige pas simplement le contribuable à payer les impôts, mais lui permet plutôt de payer le montant de son choix2. Quel manque total de responsabilité lorsque même des conseillers fédéraux et d’autres personnalités de premier plan soufflent dans la même trompette et présentent les impôts comme quelque chose que l’on ne paie que lorsqu’on est satisfait de leur montant. Ainsi, Kaspar Villiger a dit : « Lorsque le prix des services publics est raisonnable, les gens sont prêts à payer des impôts ». Et lorsque l’Etat n’agit pas exactement selon ma compréhension de la justesse – suis-je donc en droit de refuser de m’en acquitter ? Les politiciens bourgeois s’efforcent aujourd’hui par tous les moyens de faciliter la tâche à qui souhaite éluder les impôts. Parmi les moyens dont ils disposent figurent :

·        L’exacerbation de la concurrence fiscale (entre communes, cantons et nations).

·        L’octroi d’allègements fiscaux destinés à attirer les multimillionnaires et entreprises. Il s’agit souvent de cas très peu transparents3, qui violent les principes fondamentaux de l’égalité devant la loi4.

·        Le refus de combler les lacunes importantes en matière fiscale.

·        Le secret bancaire : il constitue une injustice particulière, puisque nous permettons ainsi à des ressortissantsd’autres pays de s’adonner à l’évasion fiscale.

Quel état d’esprit trouve-t-on derrière cette attaque en règle contre toute morale fiscale digne de ce nom, aussi minimale soit-elle ? D’abord, le fait que tous – les pauvres aussi bien que les gens aisés – trouvent difficile de payer des impôts. C’est compréhensible et il n’y a pas lieu de les critiquer. Mais un tout autre facteur entre ici en jeu. C’est, en premier lieu, une quête acharnée de l’argent – une recherche qui ne permet ni répit ni générosité.

L’une des raisons fondamentales au dédain actuel face aux impôts est le fait que les citoyens ne se perçoivent plus comme faisant partie intégrante d’une collectivité : ils ne ressentent plus de lien d’appartenance à leur pays, ni le fait que leur richesse n’aurait pas vu le jour sans l’entremise de nombreuses autres personnes, ni même qu’ils tirent des avantages considérables des prestations de l’Etat. C’est ici la perception de l’Etat dans son ensemble qui a changé. Il nous faut donc recommencer à zéro…

Dominic Roser et Markus Meury, Octobre 2005

 


1. P.ex. Phil Gramm, Président adjoint d’UBS Warburg : « Les banquiers suisses sont de grands bienfaiteurs de l’humanité (…). Ils ont protégé non seulement la fortune des hommes, mais aussi leur liberté. La possibilité donnée à l’homme de déplacer son argent dans le but de le protéger (…) constitue l’une des libertés fondamentales de l’être humain sur cette planète » (voir « Guide général sur l’évasion fiscale », disponible sur www.ladb.ch). (Remarque à ce sujet : le sénateur républicain Phil Gramm se place, par ces propos, en nette opposition à la Bible, Dans la loi donnée à Moïse, le droit à la propriété ne bénéficiait nullement d’une protection absolue).

2. S’agissant de la question : « Quelle est la particularité de notre Etat suisse que nous tenons à préserver ? » : «  Nous avons une patrie qu’il vaut la peine de préserver. Nous détenons aujourd’hui encore des réglementations uniques en leur genre. C’est le cas également de notre droit fiscal : en Suisse, l’Etat confie au citoyen le soin d’indiquer lui-même sur sa déclaration d’impôts combien il gagne et à combien se chiffre sa fortune. Il imposé après coup sur la base des données fournies, selon des taux d’imposition qu’il définit lui-même. En bref : l’Etat laisse au citoyen son revenu, et celui-ci dit : je veux payer tant d’impôts. Dans d’autres pays, l’Etat prend au citoyen la part de son revenu dont il pense avoir besoin, et les taux d’imposition ne sont pas déterminés par le peuple par un processus de démocratie directe ». (Voirwww.jesus.ch/index.php/D/article/151-Schweiz/26051-30_Jahre_-_und_kein_bisschen_heiser:_Die_EDU_ersehnt_eine_bessere_Demokratie)

3. A l’automne 2005 dans le canton de Berne, le fait que même les parlementaires cantonaux ont eu de la peine à savoir quelles entreprises bénéficiaient d’un soutien, a fait parler de lui. Lorsqu’ils ont ensuite pu consulter la liste, même les politiciens bourgeois étaient étonnés du nombre élevé d’allègements fiscaux consentis (voir « Der Bund » du 08.09.2005).

4. Voir sur ce thème, sous www.christnet.ch, le texte « Imposition forfaitaire pour étrangers fortunés » et le courrier correspondant adressé à des conseillères et conseillers nationaux sélectionnés.

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1) Staat und Steuern in der Bibel

Wegen dem Stand der Technik (Transport, Kommunikation etc.) ist die Situation zu biblischen Zeiten kaum mit heute vergleichbar. Eine kollektive Organisation war nicht machbar wie in unserer Zeit. Trotzdem finden wir seit Mose Gesetzgebungen zum Thema Ausgleich, und seit den Königen noch mehr. Jesus bejaht den Staat als notwendige Realität («Gebt dem Kaiser…»), gibt aber keine direkte Antwort darauf, wie viel Staat und welche Staatsform. Achtung aber auch vor dem Irrglauben, dass der Staat nur dann gut ist, wenn er von Christen regiert wird, oder auch, dass eine christliche Regierung immer tut, was Gott will…

Einzel- und Kollektivverantwortung

Neben der Betonung der individuellen Verantwortung wurde im alten Testament auch anerkannt, dass verschiedene Aufgaben kollektiv gelöst werden sollten. Dies gilt z. B. für die Gesetzgebung, die Organisation gemeinsamer Aufgaben (religiöse Organisation, aber auch Strassenbau, Sicherheit etc.) und eine gewisse Umverteilung.

Teilen

Einerseits sehen wir in der Bibel die Aufforderung zum Teilen, Almosengeben, zur Barmherzigkeit, und zwar aus Solidarität mit den Benachteiligten. Das Thema Solidarität nimmt in der Bibel einen erstaunlich breiten Raum ein. Zentral ist dabei der Begriff der Armen. Dieser Begriff wird im Zusammenhang mit materieller Armut und Unterdrückung verwendet («Elende», «Geringe», etc.), aber auch für geistlich Arme, das heisst Demütige. Ich befasse mich hier nur mit den zwei ersten Gebrauchsweisen.

Die Armen

Wie werden die Armen in der Bibel betrachtet? Welche Schuld haben sie an ihrer Situation? Die Stellen, wo Armut mit Selbstverschulden in Verbindung gebracht wird, sind rar. Sie finden sich nur im Buch der Sprüche und in der Aussage im Neuen Testament, wer nicht arbeiten will, soll auch nicht essen. Ansonsten wird Armut als gesellschaftliches Übel, oft in Verbindung mit sozialer Benachteiligung und Unterdrückung beschrieben. Natürlich kann man deshalb nicht sagen, dass die Armen heute generell an ihrer Situation nicht schuld sind, aber ich sehe gewisse Parallelen.

Das Alte wie das Neue Testament sind darum voll von Aufrufen, die Armen zu schützen (physisch und rechtlich) und mit ihnen zu teilen. Als Beispiele lesen wir in 5. Mose 15. 7-11, wir sollen «dem Armen die Hand grosszügig offnen». Und in Sprüche 21.13 gar: «Wer Ohren verstopft vor dem Hilfeschrei der Geringen, der wird einst rufen und keine Antwort erhalten.» Jesus erklärt den Jüngern auch, wonach gerichtet werden wird: «Ich war hungrig, und ihr habt mir zu Essen gegeben.» (Mat. 25)

Gesetzliche Umverteilung

Almosen werden in der Bibel allgemein als gut angesehen. Es gab im Alten Testament aber auch gesetzlich geregelte Umverteilung:

·        Der Zehnte diente nicht nur der Bezahlung der Leviten, sondern auch der Armutslinderung.

·        Alle 3 Jahre gingen 10 % der Ernte an die Armen.

·        Die Nachlese nach der Ernte war den Armen vorbehalten (3. Mose 19,10).

·        Alle 7 Jahre blieb ein Feld unbestellt. Die Frucht gehörte den Armen (2. Mose 23,11).

·        Alle 7 Jahre wurden die Schulden erlassen («damit kein Armer unter Euch sei», wie es in 5. Mose 14,4 heisst).

·        Von den Angehörigen des eigenen Volkes durften keine Zinsen verlangt werden.

·        Alle 50 Jahre (im sogenannten Jubeljahr, 3. Mose 25,8-31) ging Land, das in der Not verkauft werden musste, an die ursprünglichen Besitzer zurück, um der strukturellen Ungerechtigkeit vorzubeugen und allen ein Auskommen zu ermöglichen, denn Landlosigkeit stellte den ersten Schritt in die Verarmung dar.

Es gibt Christen, die sagen, gesetzliche Umverteilung sei Raub. Wie wir sehen, ist dies in der Bibel aber nicht so.

Im Neuen Testament ist die zentrale Botschaft die Nächstenliebe, was sich konkret als Solidarität übersetzen lässt. Praktische Hinweise, was Solidarität im Bereich des Teilens, des Umgangs mit den Benachteiligten meinen kann, finden wir in der Bergpredigt (Mat. 5), im Gleichnis vom barmherzigen Samariter (Lk. 10,25-37) oder auch im Gleichnis vom Weltgericht (Mat. 25). Danach sehen wir auch hier, dass das Gewicht auf die Forderung nach Solidarität und Barmherzigkeit gelegt wird und nicht sosehr auf die Idee, nur ja nicht zu viel zu teilen, weil wir sonst Abhängigkeit und Faulheit fördern könnten.

2) Christlich verbrämte Hartherzigkeit

Eines ist klar: Im Lichte des Gesagten scheint es nicht möglich, die Theorien des «Compassionate Conservativism» und des Wohlfahrtsevangeliums aufrecht zu erhalten, die im Namen des Glaubens Teilen und Solidarität verneinen. Um was geht es bei diesen Theorien?

Wohlstandsevangelium

Das Wohlfahrtsevangelium (auch «Prosperity Gospel») besagt, dass ein guter Christ automatisch auch materiell gesegnet wird. So ist das Teilen nicht mehr nötig, denn der Nächste müsste ja nur Christ werden, alles würde gut und er wohlhabend. Nun sehen wir in der Realität, dass auf der Welt viele gute Christen arm sind. Sollen wir sie deswegen alle verurteilen? Warum haben dann eigentlich die ersten Christen alles geteilt? Und sollen wir diejenigen, die noch nicht Christen sind, einfach in ihrer Armut lassen?

Genau betrachtet ignoriert das Wohlstandsevangelium alles, was die Bibel über das Teilen, die Almosen, den Schutz der Schwachen etc. sagt. Natürlich segnet uns Gott und verspricht uns Wohlergehen, aber nie absolut und nie insofern, als dass wir dann vom Teilen ausgenommen wären. Schon nur deshalb, weil nicht wir selber unseren Reichtum erschaffen haben, sondern Gott. Bei amerikanischen und westeuropäischen Christen ist zudem sehr stark der calvinistische Einfluss und die calvinistische Arbeitsethik zu spüren, bei der versucht wird, die eigene göttliche Auserwählung durch wirtschaftlichen Erfolg zu «beweisen».

Konservativ mit Mitgefühl?

Seit der Mitte der 1990er Jahre wurde in den USA die Unlust zum Teilen und die Staats-Phobie zur komfortablen Theorie des «Compassionate Conservativism» (mitfühlender Konservativismus) weiterentwickelt. Mit der Begründung, der Sozialstaat lähme die Eigenverantwortung der Menschen, wird den Elenden praktisch jede Hilfe verweigert: kaum Hilfsleistungen für Menschen, die nicht arbeiten können, keine Steuererleichterungen und kein Zugang zu arbeitsfördernden Massnahmen (z. B. Bildung und Kinderkrippen). Dies trotz 10 % Arbeitslosigkeit (nach europäischen Kriterien) und einer quasi inexistenten Chancengleichheit. Hartherzigkeit und Desinteresse für die Lebenssituation der betroffenen Menschen wir hier gar noch als mitfühlend bezeichnet. Ist es das, was in der Bibel als Verhärtung der Herzen in der Endzeit bezeichnet wird?

3) Biblische Steuerpolitik ?

Eine biblische Steuerpolitik, die auf Gerechtigkeit und Solidarität beruht, könnte sich an folgenden Leitlinien orientieren:

Gemeinsame Aufgaben

Es gibt eine Reihe von Aufgaben, die am besten gemeinsam organisiert werden:

·        Angebote, die die Gerechtigkeit sicherstellen: Zugang zu Grundbedürfnissen, Bildung, Gesundheit, etc.

·        Aufgaben, die der Markt nicht selber erbringen kann, da die Investitionskosten zu hoch wären oder die Zielgruppe nicht genügend kaufkräftig ist, oder will (Umweltschutz, etc.). Hier gilt es, einen sinnvollen Mix von Staat und Markt zu finden. Ideologen, die alles dem Markt überlassen wollen, glauben oft an die Wohltat des egoistischen homo oeconomicusund der «unsichtbaren Hand» von Adam Smith. Auch wenn der Mensch tatsächlich oft egoistisch handelt, so ist es doch gefährlich, zu glauben, dieser Egoismus führe zum Guten…

Teilen

Wir sehen in der Bibel neben der Aufforderung zu privater Wohltätigkeit auch eine staatlich verordnete Solidarität. Dies einerseits über Umverteilung (Zehnter), aber auch dadurch, dass gewisse Produkte für die Armen reserviert sind. Zudem wurde mit gesetzlichen Vorschriften wie dem Halljahr, Zinsverbot etc. darauf geachtet, dass es keine zu grosse Differenz zwischen Arm und Reich gab.

4) Umsetzen heute?

Wie können diese Leitlinien heute politisch umgesetzt werden?

1.      Gewährleistung der Chancengleichheit: Bildung, etc.

2.      Bekämpfung der Arm-Reich-Schere: Einführung hoher Erbschaftssteuern und Umverteilung der Einkommen. Letzteres ist nur limitiert nötig, wenn die Chancengleichheit verbessert und die Erbschaftssteuer hoch angesetzt wird. Andererseits waren die Einkommensunterschiede zu biblischen Zeiten viel weniger gross als heute! Kostenloser Zugang zu verschiedenen Gütern.

3.      Solidarität: Versicherungen; zusätzliche Unterstützung, wo nötig; KEIN Giesskannenprinzip.

4.      Progressive Steuern: Jeder soll soviel Steuern bezahlen, wie er KANN. Das Steuersystem zu biblischen Zeiten war zwar linear (Zehnter), aber damals waren die technischen Möglichkeiten für ausdifferenzierte Systeme gar nicht vorhanden. Wichtig ist auch der Hinweis auf Lukas 21 und Markus 12 wo das Scherflein der Witwe mehr zählt als die grossen Gaben der Reichen, die nur von ihrem Überfluss gaben.

Leistungslohn oder Marktlohn?

Hier muss gesagt werden, dass bei Einkommen, die nur noch vom Marktwert abhängig sind, nicht mehr gesagt werden kann, nicht mehr gesagt werden kann, dass sie einer erbrachten Leistung entsprechen. Marcel Ospel leistet nicht 500 mal so viel wie eine Kassiererin in der Migros! Wenn nun Herr Ospel zehn von seinen 20 Millionen der Allgemeinheit abliefern muss, so wird seine Leistung dennoch hinreichend honoriert, und er kann vom Rest noch ganz wunderbar leben. Hier brauchen wir auch eine neue Optik: Die Frage ist nicht, wie viel wir von unserem Lohn abgeben müssen, sondern wie viel uns noch bleibt. Und wenn wir uns darüber beklagen, wie lange wir für die Allgemeinheit arbeiten müssen, so stellt sich schon die ethische Frage: Ist es denn so schlimm, für die Allgemeinheit und nicht nur für sich selber zu arbeiten?

Der Mythos, dass sich Arbeit nicht mehr lohnt, ist rechnerisch jedenfalls nicht aufrecht zu halten. Wenn nur gearbeitet wird, weil wir viel mehr verdienen, dann stellt sich schon die Frage, was denn unsere Arbeitsethik ist… Eine Flat Tax, d. h. eine lineare Besteuerung wie in der Bibel, ist im heutigen Umfeld mit seinen technischen Möglichkeiten und Einkommensdifferenzen jedenfalls nicht mehr zu rechtfertigen.

Wie viel braucht der Staat?

Auf die Frage, wie viel Steuereinnahmen der Staat nun braucht, gibt uns die Bibel wenig Anhaltspunkte. Zwar waren die Steuern zur Zeit des Alten Testamentes relativ tief. Dies widerspiegelt aber auch den geringen Komplexitätsgrad einer ländlichen Gesellschaft und den kleinen Investitionsbedarf in Infrastrukturen.

Ich glaube, der Staat sollte soviel Geld erhalten, wie für die Erfüllung seiner Postulate nötig ist, aber trotzdem nicht zu viel, damit nicht die Staatsquote zu hoch wird und dem Markt die Mittel für Innovation und Effizienzsteigerung vorenthält. Vielleicht spielt Sprüche 29,4 hierauf an, wenn es heisst: «Ein König gibt durch das Recht dem Land Bestand, aber wer nur Abgaben erhebt, zerstört es.»


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