Une foi qui nourrit : des paysans chrétiens optent pour la durabilité

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En septembre dernier, la population suisse était invitée à se prononcer sur la politique agricole de son pays. Deux initiatives populaires visaient à changer la Constitution. Si elles n’ont pas été acceptées, elles témoignent néanmoins de l’actualité des enjeux liés à la production de notre nourriture.

Derrière ces textes, le désir de promouvoir une agriculture respectueuse de l’environnement, favorisant les produits locaux et un revenu digne. Dans ce sens, les Français connaissent les Associations pour le maintien de l’agriculture paysanne (AMAP)1 , essaimant depuis quelques années dans tout le pays et destinées à relier directement producteurs et consommateurs.

 

Des pratiques plus durables

Face au constat d’une crise écologique aux impacts sociaux colossaux, il n’est pas surprenant qu’un secteur tel que l’agriculture soit concerné. Olivier de Schutter, ancien Rapporteur spécial des Nations Unies pour le droit à l’alimentation, avançait en 2014 : « notre modèle agricole, fondé sur des intrants intensifs (engrais et pesticides) et dépendant de l’industrialisation toujours plus poussée de l’agriculture, est à bout de souffle. Il faut donc changer de cap et aller vers l’agroécologie »2 . La promotion de l’agriculture paysanne, résolument tournée vers le local et le biologique, est une tentative parmi d’autres d’adopter des pratiques plus durables.

A partir de là, une quête d’amour et d’équité inspirée de Dieu peut alimenter ces raisonnements et les choix de vie en conséquence. Les engagements pris par certains paysans chrétiens de Suisse romande servent d’exemple. Dans le cadre de mes recherches3 , j’ai eu l’occasion de rencontrer quelques professionnels de la terre désireux de se mettre en réseau pour allier foi et agriculture.

 

Une transition qui compte sur la prière

Comment la foi affecte-t-elle leur comportement ? Loin de chercher une action idéologiquement uniforme, ils s’engagent pour une agriculture qui aime son prochain, reflète le royaume de Dieu, témoigne de la Bonne Nouvelle et invite à la réconciliation avec la création. Ils expriment le désir de produire une alimentation saine qui prenne soin de son prochain et du sol, sans oublier que l’essentiel se trouve dans l’Évangile. L’un d’eux évoque la richesse de pouvoir orienter la transition de sa ferme en comptant sur la prière et l’écoute de Dieu entre chrétiens. Ainsi, leur foi sert de toile de fond pour appréhender les alternatives agricoles et de catalyseur pour motiver leur action « ici et maintenant », tout en étant portés par une espérance qui va au-delà.

Et vous, dans votre quotidien, comment votre foi nourrit-elle votre action ?


Tribune parue sous la rubrique « Regards » dans Christ Seul (mensuel des Eglises évangéliques mennonites de France), n° 1095, février 2019, www.editions-mennonites.fr.

1. AMAP : http://www.reseau-amap.org/.

2. 2014, 29 avril.Le Monde. Olivier De Schutter : « Notre modèle agricole mondial est à bout de souffle ». url : https://www.lemonde.fr/planete/article/2014/04/29/olivier-de-schutter-notre-modele-agricole-est-a-bout-de-souffle_4408689_3244.html.

3. Recherches effectuées pour le mémoire de Master en Anthropologie et sociologie à l’Institut de hautes études internationales et du développement (IHEID) à Genève. Travail intitulé : Agriculture réconciliée et paysans évangéliques reliés : comment concilier foi et agriculture ? Ethnographie d’un réseau informel ‘chrétien’ et ‘permacole’.