cukup : une expérience
Souvent, la peur de manquer nous empêche de partager. Pourtant, Dieu nous promet de pourvoir à nos besoins. A Berne, pendant une année, un groupe de chrétien-ne-s a vécu selon le principe de l’ « assez » et renoncé au superflu : ça s’appelle cukup (« assez » en indonésien). A travers le silence, le chant et les enseignements, ils ont abordé les thèmes de la pauvreté et de la prospérité. Rahel Röthlisberger, médecin interne dans un hôpital, est l’une des initiatrices du projet.
Rahel, comment t’est venue l’idée de cukup ?
Après un stage de 3 mois dans un hôpital de campagne au Niger (Afrique), j’ai assisté à un congrès sur le thème « défi pauvreté, engagement chrétien dans un monde injuste ». J’ai été profondément bouleversée d’entendre parler du système mondial et des conséquences de l’injustice pour les plus pauvres des pauvres. En même temps, j’ai aussi été encouragée par l’exemple d’un homme qui a répondu à une nécessité flagrante, celle de créer des places de stage pour des jeunes sans emploi. Après la conférence, je n’avais qu’une question en tête : qu’est-ce que je peux faire concrètement ? J’ai prié avec deux collègues pour que Dieu nous donne des réponses concrètes et simples à appliquer au quotidien. Pour moi, cukup était une réponse.
Qu’est-ce qui te motive à partager ?
Pour moi, c’est une question de justice. En tant que personne voulant suivre Jésus, je considère aussi comme un devoir de partager tant qu’il y aura des hommes qui ont faim, qui ont soif, qui n’ont pas assez ou sont dans le besoin. Et cela concerne des millions de personnes. J’ignore quelle part de notre revenu nous reviendrait réellement si nous devions prendre en charge les conséquences financières des règles du commerce injustes, de l’exploitation des ressources naturelles, de notre production de gaz polluants et de ses incidences sur le climat ?
Mais on peut quand même se faire plaisir de temps en temps ?!
Dans le cadre du cukup, nous nous sommes rapidement rendus compte qu’ « assez » signifiait trouver un juste milieu : ne pas économiser et souffrir de manque en n’ayant « pas assez » pour vivre, mais se satisfaire d’un simple « assez » et redistribuer le « plus qu’assez ». Et pas à n’importe qui mais justement à ceux qui sont dans le besoin.
Est-ce que le projet cukup t’a aussi apporté quelque chose ?
J’ai découvert que le fait de renoncer mais aussi de demander et de recevoir est extrêmement enrichissant. Le partage nous oblige à entrer en relation avec les autres, nous apprend à être patients et à nous réjouir de ce que nous avons ! Je possède encore beaucoup, bien plus qu’assez ! Et puis, ça me touche beaucoup de voir qu’avec une somme qui me permettrait ici d’acheter un paquet de chewing-gum, mon amie du Niger peut s’acheter à manger pour toute une semaine au lieu de souffrir de la faim ou de n’avoir de véritable repas qu’une fois par semaine. Pour moi, la renonciation à cette somme modique n’est rien comparée à la joie de mon amie.
Photo by Herson Rodriguez on Unsplash
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !