Perdu ? mais en force !

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Il y a un an et demi, les syndicats doutaient des chances de succès d?un référendum, et les Eglises dormaient du sommeil du juste (ChristNet donna une impulsion importante en vue de la décision de saisir le référendum et contribua par la suite à mobiliser les églises). D?autre part, l?été dernier encore, les sondages ne nous accordaient aucune chance de l?emporter. Depuis, nous n?avons pas cessé de gagner du terrain, et finalement, ce n?est qu?après le décompte des voix dans le dernier canton que l?on sut à quoi s?en tenir : 0.6% des voix (soit 20’000) manquaient pour faire pencher la balance en notre faveur. Un bref regard sur la topographie des résultats et les sondages de l?institut gfs révèlent quelques faits intéressants :

– Les progrès que nous avons faits dans l?opinion publique furent linéaires à dater du moment où celle-ci se rendit compte qu?il s?agissait en fait de bien plus que de quelques gares. Il est permis d?admettre que nous l?aurions emporté si la votation avait eu lieu ne serait-ce qu?une semaine plus tard.

– La libéralisation fut approuvée en première ligne dans les centres urbains et les régions touristiques. Les villes sont de plus en plus caractérisées par une culture du « vingt-quatre heures sur vingt-quatre ». La vie y est de moins en moins structurée par la famille, la convivialité et des horaires de travail réguliers, ce qui encourage à son tour la déstructuration de la consommation. De même, la solitude croissante de la vie urbaine (rappelons qu?à Bâle par exemple, la majorité des ménages ne compte qu?une personne) encourage le consumérisme. Dans les régions touristiques par contre, l?on s?est déjà tant habitué au travail dominical, que le dimanche y a en grande partie perdu sa signification ? ceci vaut, à un moindre degré peut-être, de la société des services marquant le paysage urbain actuel.

Les déclarations tendancieuses du Conseil fédéral et de certaines grandes entreprises nous ont certainement coûté plus de 20’000 voix :

– M. le Conseiller fédéral Deiss déclara contre toute bonne foi qu?un non à la libéralisation coûterait 2000 emplois ; le 5 novembre, le Conseiller fédéral Blocher prétendit même que dans ce cas, une bonne partie des commerces dans les gares devraient mettre la clef sous le paillasson.

– Encore et encore, il fut prétendu que la votation ne portait que sur les gares. Dans son message officiel, le Conseil fédéral n?avait pas de scrupules à écrire que le dimanche doit rester un jour de calme et de repos ? malgré que notre gouvernement venait de soutenir une motion du Conseil des Etats ayant pour but la dérégulation totale du travail dominical dans le secteur des services !

– La Coop ne recula pas devant la menace envers ses propres employés: dans une circulaire, l?entreprise avertit ses employés qu?un non l?obligerait à fermer nombre de filiales, entre autres celles dans la gare de Berne ? encore un mensonge criant.

Flairant une mine d?or, les CFF, la Migros et la Coop ont dépensé cinq millions de francs pour la campagne. Du côté des adversaires, des milliers de personnes se sont investies ; ne leur faisaient face pratiquement que des grandes entreprises luttant pour la maximisation de leurs profits?

Toutefois, nous aurions emporté la victoire sans autre, si tous les chrétiens de ce pays s?étaient mobilisés. Un grand potentiel est resté en friche, potentiel que nous devons absolument mettre à contribution. En effet, une motion du Conseil des Etats oblige le gouvernement à élaborer un projet de loi libéralisant le travail du dimanche dans l?entier du secteur des services. Le Conseil national, qui entendait débattre de la motion (et l?accepter) le mercredi suivant la votation, a, vu le résultat extrêmement juste du scrutin, décidé de reporter ses délibérations. Les dérégulateurs étaient probablement convaincus qu?ils pourraient faire un « forcing ». Le Conseiller fédéral implora le Conseil national de ne pas commettre d?imprudence.

Quoi qu?il en soit: au lendemain du scrutin, l?équipe des ?gardiens du dimanche? est bien entraînée, rodée et sûre de soi. La prochaine attaque se herutera au mur du référendum, c?est chose acquise ? et cette fois, l?issue de la votation sera en notre faveur ! Il nous faudra rester vigilants, cas les « abolisseurs du dimanche » ont une prédilection pour la tactique du salami, et se servir des cantons pour avancer leurs projets. Mais nous sommes forts, et nous ne lâchons pas le morceau !


Photo by Dan Visan on Unsplash

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