D. Conversion et simplicité : un engagement individuel

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Nous avons vu dans les exposés précédents combien la situation environnementale est critique, et combien elle interpelle toutes les personnes sensées. La dégradation environnementale questionne les chrétiens à plus forte raison, qui sont face à des questions théologiques, éthiques et en fin de compte profondément spirituelles, c?est-à-dire en lien avec notre attitude de c?ur, notre relation profonde à Dieu, à nous-mêmes, aux autres et à la Création toute entière. Nous exposerons succinctement la réponse qui s?offre à tous les humains de bonne volonté, à savoir la réponse de la décroissance, pour ensuite explorer plus en détail une réponse plus profonde, plus radicale, qui peut s?exprimer par un mode de vie décroissant, fondé sur des motivations évangéliques.

 

1. Réponses individuelles aux enjeux environnementaux

a. Une réponse générale possible : la décroissance et la simplicité volontaire

Face aux problèmes économiques, écologiques et par conséquent sociétaux, c?est-à-dire sanitaires, culturels, relationnels, professionnels générés par la surconsommation, une question importante se pose. Elle n?est ni nouvelle, ni spécifiquement chrétienne : c?est celle de la décroissance, qui découle de « la simplicité volontaire ».

La théorie de la décroissance part de quatre hypothèses

1 :

1.              Le fonctionnement du système économique actuel dépend essentiellement de ressources épuisables dont la consommation s’accélère.

2.              Personne n’a encore prouvé que la croissance économique n’accroissait pas les impacts négatifs sur l’écologie.

3.              L’accroissement de la richesse marchande ne peut se faire qu’au détriment d’autres types de richesses comme notamment la santé des écosystèmes, la justice, les bonnes relations entre les personnes au sein d’une même société, l’égalité, le caractère démocratique des institutions.

4.              Les sociétés occidentales, dont le développement économique s’est essentiellement basé sur l’augmentation de la consommation de biens matériels, ne seraient pas conscientes de la dégradation de richesses essentielles comme la qualité de vie (silence, air non pollué, eau pure…) et sous-estimeraient les frustrations générées auprès des populations exclues de cette abondance, que ce soit dans les couches populaires ou dans les pays du Sud.

Extrait de la Charte de la décroissance

2  : Nous ne croyons pas qu’il faille choisir entre la question écologique et la question sociale, qui sont pour nous intimement liées. La décroissance vise à rendre aux générations futures une planète sur laquelle non seulement il sera encore possible de vivre mais où il fera bon vivre. La décroissance ne propose pas de vivre « moins » mais « mieux », avec « moins de biens et plus de liens ».

La simplicité volontaire, quant à elle, se définit comme « un mouvement de société actuel à base plus individuelle qu’institutionnelle, qui propose à chacun de réduire sa dépendance à l’argent et à la vitesse, à libérer du temps pour la communauté plutôt que de l’utiliser pour gagner plus d’argent, de favoriser les comportements écologiques et respectueux de la société. » 3

Ces approches ne sont pas spécifiquement chrétiennes. Elles puisent dans différentes visions du monde.

Par contre, nous avons en tant que chrétiens toute une tradition de valorisation de la simplicité, à commencer par l?enseignement de Jésus dans les Evangiles : premièrement, l?invitation à la conversion de vie ; et deuxièmement, le premier enseignement donné par Jésus, considéré comme son programme « politique » : les béatitudes, que l?on pourrait appeler B-attitudes, attitudes (ou aptitudes) au bonheur !

b. La réponse plus spécifique de l?Evangile : la conversion

Dans une perspective chrétienne, les problèmes humains, qu?ils soient psychologiques, sociologiques, économiques ou encore écologiques, ont leur source dans notre c?ur, dans notre mentalité déchue et tordue.

Il va de soi qu?il est bon de faire des gestes pour sauver la planète, qu?il est utile de récupérer, d?économiser l?énergie, de valoriser toutes les mesures susceptibles de diminuer l?impact environnemental négatif. Cependant, beaucoup sont conscients que ce ne sera pas suffisant. Il est même à craindre que nombre de mesures vraiment nécessaires ne seront jamais prises, à cause des résistances individuelles et collectives qu?elles susciteraient. Et si des mesures drastiques étaient imposées au niveau gouvernemental, nous assisterions à toutes sortes d?abus et d?exceptions.

2. Réponse chrétienne aux enjeux environnementaux : la révolution intérieure

En tant que chrétiens, nous devons réaliser que la révolution verte (écologique) peut être une illusion de plus, au même titre que la révolution rouge (marxiste). La vraie révolution doit commencer dans le c?ur de l?homme, dans l?ordre suivant :

le cycle conversion-bonheur<br />  Spirale évolutive conversion-bonheur

a. Conversion

Tout le ministère de Jésus commence par cette seule parole : « Repentez-vous ». L?accent sur la conversion personnelle, le changement, la réorientation de l?être vers Dieu et vers le prochain est constant dans les Evangiles. En tant qu?êtres humains, nous cherchons naturellement la sécurité, le plaisir, la facilité et le confort, afin de préserver, voire de développer notre qualité de vie.

Le problème de l?Occident consiste en ce que nous avons donné une telle importance à la sécurité, au plaisir, à la facilité et au confort que nous sommes devenus hyper individualistes, hyper exigeants, hyper calculateurs. Notre « ego », protégé et nourri par une foule de produits, services et moyens technologiques, est devenu hypertrophié. Par l?abondance, notre seuil de résistance à la frustration est très bas : nous sommes tellement habitués à tout avoir, tout de suite et en tout temps qu?une file d?attente à la Poste ou au magasin, une panne électrique ou un retard de notre bus nous est insupportable.

Ce faisant, nous sommes devenus exigeants envers les objets, les services et les gens, attendant d?eux une efficacité et une performance sans défaillance, augmentant par là-même la pression sur l?ensemble de la Création : sur les travailleurs (salaires injustes pour maintenir notre pouvoir d?achat), les producteurs (demande accrue en produits), le sol (traitements chimiques, pollution), la végétation (défrichage et déforestation, disparition d?espèces utiles), l?air (intensification des transports), l?eau (pollution des rivières, des lacs, des nappes phréatiques, des mers), pour ne citer que ces exemples.

La peur est innée chez l?être humain : elle génère une multitude de comportements que nous considérons comme normaux, et motive notamment la recherche constante de sécurité, le besoin de contrôle et de pouvoir. Elle provoque du souci. Jésus, par une parole provocatrice, invite ses disciples à l?insouciance :

« C?est pourquoi je vous dis : Ne vous inquiétez pas, pour votre vie, de ce que vous mangerez ou de ce que vous boirez, ni, pour votre corps, de ce dont vous serez vêtus. La vie n?est?elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement ? » (Matthieu 6.25)

Cette insouciance est basée sur la foi que Dieu prend soin de toute la création et pourvoit jusqu?à la parure de l?herbe et la pitance des moindres moineaux ; Il est notre Père qui anticipe nos besoins. La foi est le contraire de la peur. Cette foi, première dans une attitude de conversion chrétienne, favorise le contentement et la saine insouciance.

Seule une conversion profonde, un changement de c?ur de pierre en c?ur de chair 4 peut nous libérer de ces attitudes et de leurs conséquences. Notons que les caractéristiques de l?homo consumerus contemporain sont l?individualisme, la peur, la solitude, l?enfermement. Or l?enfermement, c?est le sens même de l?enfer? Sans conversion profonde (la conversion étant un processus et non un état statique et définitif), nous sommes enfermés dans notre ego, nos sécurités, notre bien-être individuel, notre confort exclusif, notre solitude et notre non-sens? C?est l?enfer. Un enfer où l?on est séparé de Dieu, de soi, des autres, un enfer peuplé de choses, d?exigences, de revendications, d?aspirations jamais comblées, amenant à consommer toujours plus et à chosifier les êtres.

Un enfer dont les symptômes sociaux sont l?augmentation de la pornographie (chosification des corps), du taux de suicides dans les pays nantis, de la violence et de l?incivilité (chosification des personnes, peur, égoïsme), des problèmes psychiatriques (solitude, non-sens, absurdité), et enfin celle des conduites à risque et de la consommation (tiens !) de produits toxiques (drogues, tabac, alcool). Les symptômes écologiques de cet enfer sont le réchauffement climatique (eh oui, fait chaud ici !), la fonte des calottes polaires, l?augmentation du niveau des eaux, les catastrophes naturelles, les nouvelles pandémies – pour ne pas citer d?autres problèmes bien connus tels que la pollution, la multiplication des déchets, l?épuisement des ressources naturelles.

La conversion, la réorientation, le changement d?attitude et le retour à Dieu et aux valeurs essentielles, est la seule issue durable face à la situation, c?est la seule issue à l?enfer(-mement).

b. Renoncement

L?enseignement de Jésus évoque à plusieurs reprises le renoncement : renoncement à l?ego insatiable, comme condition sine qua none pour prétendre devenir disciple.

Peut-on se prétendre disciples de Jésus si nous ne renonçons pas à certaines attitudes, à certains comportements ? Bien sûr, nous avons à renoncer au péché, mais bien plus encore, nous sommes invités à renoncer à nous-mêmes, à prendre notre croix, à nous décentrer et à nous déprendre de nous-mêmes, à nous abandonner à Dieu. Telle est la suite du chemin de conversion et la preuve de sa réalité.

Le renoncement n?est pas à la mode, et ne saurait l?être. Mais il est au c?ur de la Bonne Nouvelle : tout au long de l?Evangile, Jésus renonce à sa volonté personnelle, à ses choix légitimes, pour consentir à la volonté du Père. Cela commence avec l?incarnation, continue avec les tentations diverses et culmine avec l?acceptation volontaire de la Croix pour le salut de l?humanité.

Pour nous, outre le péché auquel il faut radicalement renoncer, il en va de tous les petits renoncements quotidiens susceptibles de modérer nos mouvements intérieurs, nos avidités, notre tendance à avoir « encore plus bien mieux » 5.

c. Contentement

L?Evangile nous invite au contentement. C?est le discours de Jean-Baptiste aux soldats venus lui demander conseil ; « Contentez-vous de votre solde », leur répond-t-il 6 .

Le contentement était déjà prôné par des philosophes grecs, notamment les stoïciens. Toutefois, le contentement chrétien se fonde sur d?autres motivations. Le chrétien peut se contenter de ce qu?il a, dans la perspective des biens à venir, conscient qu?il est pèlerin sur terre, qu?il est en route vers un ailleurs 7 . Le contentement permet de diminuer l?angoisse, le souci du toujours plus, toujours mieux.

Le contentement est à la fois source et aboutissement d?une attitude de c?ur qu?est la reconnaissance. La louange, tant prônée dans certains milieux, devrait conduire au contentement, et celui-ci orienter et fonder la louange et la reconnaissance.

Le contentement est le contraire de l?avidité, qui fait plusieurs victimes :

1.      la personne avide (qui n?arrive jamais à se satisfaire d?une situation et, par conséquent, s?en portera plus mal et aura toujours moins d?amis, de temps et de capacités) ;

2.      les producteurs et travailleurs des pays les plus pauvres (qui travaillent plus pour moins, afin de produire les « plus » convoités par la personne avide) ;

3.      l?environnement (qui pâtit de la consommation démesurée de café, de chocolat, de sucre, de pétrole, provoquée par l?avidité.)

Le contentement, fruit de la modération, conduit à un vrai plaisir. Etre content de ce que l?on a, de ce que l?on vit, apprécier l?extraordinaire dans l?ordinaire, célébrer ce qui est bon, user sans abuser des biens que Dieu dispense généreusement et être reconnaissant, telle est la voie du contentement et du plaisir. Deux exemples parmi tant d?autres : savourer une ou deux tasses de café par jour plutôt que s?intoxiquer avec dix, sans plaisir aucun ; savoir faire la fête occasionnellement et y prendre vraiment plaisir, plutôt que s?épuiser lors d?évènements et autres fêtes qui se succèdent tristement les unes aux autres.

d. Simplification

La simplification est enseignée dans les Evangiles, en lien d?ailleurs avec les richesses : « Si ton ?il est simple, tout ton corps est éclairé, mais si tu vois double, tu es dans la nuit » (Matt. 6.19-24). Quant à la simplicité, elle est définie dans le Petit Robert comme étant la « qualité de ce qui n?est pas chargé d?éléments superflus, de ce qui obtient un effet esthétique avec peu de moyens ». Cette définition est intéressante, car elle montre que ce qui caractérise la simplicité, c?est l?absence du superflu. Elle la met aussi en lien avec la beauté, en soulignant que la simplicité ne doit pas être laide, triste et fade. Dans la pensée chrétienne, la simplicité est surtout une attitude intérieure

8 , comme l?unification du propos, l?unification du dessein. Avoir l??il intérieur unifié, c?est avoir le c?ur purifié9 , sans mélange, sans confusion.

Simplifier sa vie, c?est renoncer aux richesses, au surplus de nourriture, de biens, de relations, de sollicitations, d?implications. C?est accepter une vie plus modeste, mais plus harmonieuse.

Notons que la première béatitude est « heureux les pauvres » ou « les pauvres en esprit » (Matt. 5.3) Cette béatitude est le prolongement de toute une tradition dans l?AT qui valorisait les personnes dépendantes de YHWH, de par leur faiblesse socio-économique (veuves, orphelins, pauvres, etc.).

Lorsque Jésus dit « heureux les pauvres », cela ne signifie pas que la pauvreté est une vertu morale, ni qu?elle acquiert un statut de supériorité : on peut être matériellement pauvre, sans être pauvre en esprit, mais aussi pauvre et rongé par l?avidité des richesses inaccessibles. En fait, Jésus valorise la pauvreté en tant qu?elle favorise une déprise quant aux fausses sécurités, une conversion des priorités, une ouverture à la dépendance et à la confiance. Le jeune homme riche est attristé lorsque Jésus le teste en lui enjoignant de tout donner avant de Le suivre. Il est enfermé dans son statut de riche, lié par ses richesses qui l?empêchent de suivre Jésus.

Au cours de l?histoire de l?Eglise, il y a eu des périodes de forte valorisation de la pauvreté. La juste perspective de cette valorisation était la même que celle des Evangiles : la pauvreté peut favoriser la foi, la dépendance, la confiance, la déprise de soi et l?ouverture à l?essentiel. Elle était également un signe prophétique face à l?enrichissement du clergé, une contestation du matérialisme des dignitaires religieux.

Mais les mouvements du Moyen Age, dits « mouvements de pauvreté », comme les Pauvres de Lyon ou les Franciscains, ne montrèrent pas un visage misérabiliste de la pauvreté, mais un visage joyeux, le renoncement au confort matériel ouvrant à une joie du c?ur bien supérieure.

Le mouvement de simplicité volontaire contemporain ne vient pas de nulle part : il est né en Occident, et en particulier au Canada, en réaction à la surconsommation nord-américaine.

Il est intéressant de prendre connaissance des stratégies prônées par ce mouvement pour vivre plus simplement. Elles peuvent êtres avantageusement reprises par des chrétiens, sans toutefois perdre de vue la notion de conversion dans lesquelles elles doivent s?articuler, dans une perspective chrétienne.

Notons que les mouvements de simplicité volontaire et de décroissance ne sont pas favorables au développement durable : selon eux, seule la modération de notre consommation est vraiment « durable » et soutenable pour l?environnement et la société.

Concrètement, il est bon de ne pas absolutiser la simplicité. Elle n?est pas absolue, mais relative à une situation donnée. Comme nous l?avons vu, la simplicité est l?absence de superflu. Dès lors, il est important de discerner le nécessaire du superflu. Un Occidental obligé de payer taxes, impôts, assurances obligatoires, etc. pour contribuer au système social et non seulement en bénéficier n’est pas confronté au défi de la simplicité de la même manière qu’un habitant du Tiers-monde. De même, la simplicité qui peut être celle d?un chef d?entreprise n?est pas la même que celle d?un employé. A statut différent, contraintes extérieures (déplacements, crédibilité, standing) et aspirations (culturelles, par exemple) différentes.

Il est aussi utile de distinguer simplicité et médiocrité ou moindre qualité : les objets choisis dans une perspective de simplicité devraient être des objets solides, pratiques

10 , intelligents, voire beaux, et surtout durables ! Autant dire que cela peut, dans une économie centrée sur la consommation de masse et l?obsolescence rapide, impliquer des coûts importants ! Acheter un objet dont on a vraiment besoin selon des critères de qualité, ce qui est souvent coûteux, est tout autre chose que de faire une grande dépense pour un objet de luxe sur un coup de tête.

e. Désencombrement

Le mouvement de conversion de l?être vers l?essentiel amène à un certain désencombrement. Bien sûr, il ne s?agit pas de vivre sur une paillasse et manquer du nécessaire. Le désencombrement a trait au superflu. Il concerne autant l?intérieur que l?extérieur, le c?ur que le contexte, le contenu que le contenant. L?invitation répétée de Jésus à tout laisser, à tout quitter, peut être interprétée (non de façon univoque, certes) dans le sens d?un appel au désencombrement, à l?exemple de l?image utilisée par Jésus, disant qu?il est plus facile à un chameau de passer par le trou d?une aiguille qu?à un riche d?entrer dans le Royaume. En effet, en Orient, les chameaux étaient utilisés pour transporter des biens et des personnes. Donc Jésus dit en substance : bien qu?un chameau soit chargé, il lui est plus facile de passer par une porte étroite qu?un riche encombré intérieurement et extérieurement par ses nombreux biens celle du Royaume?

Ne nous leurrons pas : nos biens nous pèsent, nous alourdissent, nous fatiguent. Considérons nos préoccupations, nos peurs, nos soucis : ils sont souvent en lien avec nos biens, nos attaches, nos objets mobiliers ou immobiliers. Il faut s?occuper de toutes ces choses, les entretenir, les assurer, les réparer, les protéger, etc. Tout cela consomme de l?énergie psychique (affective, intellectuelle) et de l?énergie physique (électricité, transports, démarches).

Le lien entre foi, insouciance et contentement a déjà été évoqué. Il est bon cependant de se souvenir que nos soucis et nos peurs relatives à notre existence sont autant de fardeaux qui nous encombrent, fardeaux dont seule la foi peut nous décharger, nous désencombrer.

Plus concrètement, parler de désencombrement n?équivaut pas à prêcher le dénuement. C?est le superflu qui est visé, pas le nécessaire. Car beaucoup de choses sont nécessaires aux humains ; elles vont des choses matérielles (nourriture, habits, toit, transports) aux choses symboliques (culture, instruction, divertissements).

Dès lors, il appartient à chacun de faire la différence entre ce qui est pour lui nécessaire et ce qui est de l?ordre du superflu. La mesure est différente pour chacun, selon la vocation, la fonction, le statut, « la surface sociale » (p. ex. la famille) qui lui est propre. Aussi, il ne faut jamais juger de ce qui est superflu pour les autres, mais seulement pour soi.

Relevons encore que la première béatitude comporte deux versions dans les Evangiles : « heureux les pauvres »

11 et « heureux les pauvres en esprit »12.  La première version nous invite à un désencombrement matériel, la seconde, à un désencombrement et une simplification immatériels, le désencombrement du c?ur : tant de savoirs, de souvenirs, de désirs, d?aspirations, de fantasmes encombrent nos c?urs. La simplification et le désencombrement sont à vivre dans les deux registres : extérieur et intérieur, qui se soutiennent et se renforcent mutuellement. Une des choses qui encombre le plus l?homme contemporain, c?est le bruit : bruit de la télévision, de la radio, de la musique omniprésente dans les gares, supermarchés, cafés, restaurants, lieux publics et privés. Sans compter le bruit permanent des villes, avec leurs climatisations, leur circulation, leurs sirènes, leur rumeur continuelle.

Pour le chrétien, le désencombrement concerne également le bruit, grand vecteur de maux physiques, psychiques et spirituels. Apprendre à vivre en silence, chercher le silence extérieur, pour parvenir au silence intérieur, pour parvenir à une ouverture nouvelle, voilà tout un programme de conversion.

f. Disponibilité

Nous avons vu que bien des choses nous encombrent le c?ur et le corps, l?intériorité comme l?extériorité. Se dépouiller du superflu, qu?il soit matériel ou mental, est indispensable. Pourquoi ? Parce que ce qui encombre obstrue, ferme et obture la porte du c?ur, profondeur d?où jaillit la source.

Se désencombrer redonne une disponibilité, une ouverture, une capacité d?accueil. Un puits rempli de cailloux ou de sable ne pourra se remplir d?eau ! De même une vie remplie d?activités, de bruit, d?objets, de préoccupations, de soucis, d?agitation, ne saurait être remplie de Dieu, de Sa Parole, de Sa paix, de Sa présence. Elle ne saurait non plus être ouverte à l?autre, disponible à la rencontre, à l?écoute, à la gratuité et tant d?autres bénédictions.

La disponibilité est le fruit d?un vide, d?une béance, d?un dépouillement, comme le puits est le résultat d?un creusement, d?un évidement de la surface terrestre. Le plein ne vient que là où il y a du vide, c?est simpliste, et pourtant profond !

Notons, dans la perspective chrétienne, l?importance des notions de « fête », de « paix » et de « repos ». Pour se reposer, il faut que le travail s?arrête. Pour avoir la paix, il faut que l?agitation, la confusion ou le conflit s?interrompent. Pour faire la fête, il faut que le quotidien soit mis entre parenthèses. La fête, la paix, le repos, sont contenus dans le sabbat. Non qu?il faille revenir à une pratique rigoriste du sabbat (que ce soit le samedi ou le dimanche). Plutôt vivre le principe du sabbat en prenant chaque jour, chaque semaine, chaque mois, chaque année du temps pour se désencombrer du superflu, afin de s?ouvrir à l?essentiel.

Historiquement, les chrétiens qui voulaient vivre l?Evangile de façon radicale  ont été amenés à respecter trois observances qui se voulaient libératrices : l?obéissance, la pauvreté et la chasteté.

En effet, la finalité ultime de ces trois v?ux traditionnels était la disponibilité à Dieu et aux autres, et non le refus de la Création. Ces trois v?ux et leur observance plus ou moins fidèle ont été source de fécondité spirituelle et culturelle en Europe : lieux de prière, monastères, hôtelleries pour les voyageurs, hôpitaux pour les malades, écoles, universités, ingénierie agricole, architecture, cathédrales, villages, villes, etc. Nous voyons par cet exemple historique que la disponibilité par la dépossession de soi est en fin de compte source de développement.

g. Bonheur

La conversion conduit au bonheur. Notons que le bonheur est une invitation constante dans la Bible. Le fil rouge de l?histoire biblique est fait de don, de perte et de restauration du bonheur. Utilisez cette clé de lecture de la Bible et vous serez surpris de sa pertinence. Voyez les références pour les mots « béni »« heureux »« bienheureux »« joie »« fête »« repos »« paix », résumés dans le concept de « vie », et vous serez émerveillés du projet de Dieu, projet de bonheur. Et qu?est-ce que le « salut » ultimement, si ce n?est la participation à la félicité et au bonheur divins ?

Plus prosaïquement, le bonheur, c?est le subtil dosage de tout ce que nous avons évoqué précédemment, le fruit savoureux d?une existence ajustée aux vraies richesses.

3. Applications pratiques

La conversion doit toucher tous les domaines de notre existence, à savoir nos relations, notre emploi du temps, notre personne, nos biens, notre santé, notre habitat. Dans les lignes qui suivent, nous allons évoquer brièvement des pistes de simplification concrètes.

a. Simplification des relations

Nous vivons dans une société de consommation des biens, mais également de consommation des liens. Les relations peuvent être aussi un bien que l?on consomme de façon immodérée. C?est utiliser l?autre pour combler en soi un besoin de reconnaissance, d?approbation, ou tout autre besoin narcissique. Faire savoir à la cantonade que l?on a beaucoup d?amis (si possible intéressants, riches et bien placés), chercher à avoir une « surface sociale » importante, zapper de contact en contact pour fuir la solitude fondamentale, tels sont des symptômes d?une approche inconsciemment utilitariste des relations humaines.

Parfois, nous préférons des relations humaines compliquées, difficiles, voire destructrices, plutôt qu?une certaine solitude. Se pencher sur le type de relations instaurées dans notre vie, pour les simplifier, peut être un exercice fort utile. Il s?agit de parvenir à plus d?authenticité, plus de profondeur, plus de qualité dans nos relations. Les pistes suivantes pourraient être explorées :

–         Chercher des contacts plutôt qualitatifs que quantitatifs

–         Chercher plus d?authenticité dans les relations humaines

–         Chercher davantage à écouter qu?à être écouté

–         Chercher une communication plus constructive (par ex. : communication non-violente) en famille, en couple, au travail, etc.

b. Simplification de l?emploi du temps

Avez-vous remarqué combien nous apprécions faire étalage de notre emploi du temps « surchargé » ? L?agenda overbooké est un signal social de notre importance supposée. C?est bien vu dans un environnement socio-économique prônant efficacité, rapidité, diversité et mobilité. D?ailleurs, « on donnera à celui qui a ». Donc, si votre agenda est chargé, on vous proposera davantage d?activités et d?engagements, c?est sûr ! Cela peut conforter une identité quelque peu fragile, dans le registre du « je suis aimé, puisque je suis sollicité ».

Nous avons naturellement différents rôles à jouer et à tenir : celui de membre d?une famille, d?une église, d?une association donnée, employé d?une entreprise, citoyen d?une nation, avec des devoirs et des droits y relatifs. Et évidemment, ces engagements prennent du temps, en fonction du degré d?implication de chacun.

Simplifier son emploi du temps, cela ne signifie pas nécessairement se retirer dans un ermitage, mais établir des priorités, se concentrer sur les tâches et les engagements les plus en harmonie avec ce qui est le plus important à nos yeux. On pourrait proposer les orientations suivantes :

–         Déterminer quel est sa mission personnelle et les objectifs qui s?y rapportent

–         Se fixer des objectifs annuels et des priorités, et y revenir tout au long de l?année

–         Eviter les chronophages multiples où le temps est gaspillé de façon inutile (surf internet débile, zapping télévisuel stérile, conversations inutiles)

–         Inscrire nos activités dans le temps, avec une date butoir pour achever le travail

–         Favoriser des temps sabbatiques, des retraites, des moments pour faire le point et s?arrêter pour célébrer la vie.

c. Simplification du c?ur

Il est dit que le c?ur de l?homme est insondable (Psaumes 64.6) et tortueux (Jérémie 17.9 ; Marc 7.21). Des pensées multiples virevoltent dans nos c?urs. Des émotions ambivalentes polluent nos relations et notre existence. Des vouloirs contradictoires s?opposent sur les champs de bataille de nos vies.

Simplifier nos vies, c?est avant tout devenir simples et unifiés à l?intérieur. Nous pourrions travailler sur les axes suivants :

–         Apprendre à être davantage dans le moment présent plutôt que de laisser nos pensées papillonner au gré du vent entre souvenirs, désirs, projets, dialogues intérieurs sans objet

–         Chercher à concentrer notre énergie mentale dans chaque activité

–         Apprendre à aimer ce que Dieu aime et à haïr ce qu?Il hait.

–         ?pour enfin choisir Sa volonté

« Seigneur, unifie mon c?ur dans la crainte de Ton nom » (Psaume 93.16)

d. Simplification des biens

Nos logements, nos armoires, nos greniers, nos tiroirs regorgent de biens : objets à double ou à triple, appareils plus ou moins obsolètes, livres jamais lus s?entassant sur une bibliothèque aussi chargée qu?empoussiérée? Les stratégies de simplification matérielle pourraient être :

–         Donner ce qui nous est inutile, mais qui pourrait être utile à d?autres

–         Jeter ce qui est inutile pour tous

–         Recycler ce qui peut l?être

–         Trier régulièrement notre espace vital pour le purifier de l?inutile, du laid, de l?énergivore

e. Simplification corporelle

En Suisse en particulier, et en Occident de façon générale, nous avons survalorisé l?hygiène et la propreté, avec raison. Cependant, ces notions sont devenues un véritable marché, source de multiples nuisances : marché des produits de nettoyage, source de pollution des eaux. Marché des cosmétiques, source d?exploitation d?animaux (graisse de baleines et autres mammifères, expérimentation animale, etc.).

Dès lors, il convient peut-être de remettre en question un certain nombre de standards « hygiéniques » occidentaux : par exemple, est-ce vraiment nécessaire, recommandé et justifié de prendre un bain chaque jour ? Serons-nous moins « propres » si nous limitons notre usage de l?eau ? Voici quelques idées de simplification en lien avec le corps et la santé :

–         Baisser l?intensité du chauffage et davantage s?habiller en hiver

–         Boire de l?eau plutôt que des boissons gazeuses sucrées et chères

–         Valoriser l?exercice physique plutôt que les moyens mécaniques motorisés (escaliers plutôt qu?ascenseur ou escalator, vélo plutôt qu?auto)

–         Apprendre à manger mieux et moins, en mâchant, en savourant, plutôt qu?en engloutissant des quantités de nourriture devant la télé

–         Apprendre à respirer plus à fond, à se détendre, à sentir la vie plutôt que de surfer en périphérie de soi

f. Simplification de l?habitat et de l?espace vital

Magnifiques propriétés avec des gazons de rêve, jardins merveilleusement fleuris avec force engrais et traitements chimiques, habitats surchauffés, environnement sonore permanent (chaîne hi-fi, radio, tv), mobiliers nocifs (mousses synthétiques des revêtements, meubles en panneaux de particules agglomérées), la liste des atteintes à notre santé par l?habitat est longue. Or, ces atteintes pourraient être réduites par une simplification de notre style de vie.

4. Conclusion : le plaisir dans l?exception et la qualité

L?homme occidental est parfois désabusé. Dès lors, il court de nouveautés technologiques en nouvelles radiophoniques, consommant ça et là voyages, technologie, mets, évènements culturels, expériences sexuelles multiples, formations, arts, biens et services.

Est-ce que tout cela lui donne du bonheur ? La réponse est connue. Mais a-t-il seulement du plaisir ? On peut en douter : celui qui fume un ou deux paquets de cigarettes par jour, ou qui a tout toujours et tout de suite a-t-il du plaisir ? Non, il souffre, il est en manque, il est esclave de sa consommation, de sa compulsion.

Pourquoi ? Parce que le plaisir, en fin de compte, se trouve dans la rareté ou dans l?exception. Ce qui est rare est précieux, ce qui est précieux est plaisant et contribue à la beauté de la vie, et donc au bonheur.

La simplification de vie pourrait être illustrée par l?image de la taille d?un arbre : tailler un arbre ou un arbuste (vigne), c?est lui permettre de concentrer toute sa sève aux bons endroits, afin de produire des fruits de qualité. En taillant un arbre, on le simplifie, sachant qu?en laissant ses branches se multiplier de façon anarchique, on va l?exposer à la faiblesse et à la maladie. Il en va de même dans notre existence : nos facultés ont besoin d?être canalisées, et pour ce faire, une certaine simplification, conduisant à la concentration, doit s?opérer. Paradoxalement, cette opération de simplification amène un réel développement, un réel accroissement.

Bien plus, il y a probablement un lien entre simplicité et beauté : la beauté découle de l?impression d?harmonie se dégageant d?un ensemble. Or, la simplicité, en épurant et en dépouillant, harmonise les formes, les êtres et les vies. Ce qui est simple est souvent beau, ce qui est beau est simple. La surcharge, qu?elle soit d?ordre architectural, musical, spatial, est rarement belle.

Enfin, on pourrait tenter un lien entre simplicité et sainteté : la sainteté c?est, dans une acception primaire, la séparation d?avec le mal. Plus profondément, c?est ce qui est distinct, ce qui se différencie : c?est le contraire de l?indifférencié, du fusionnel, de l?indistinct, du confus, du chaotique. On pourrait aller jusqu?à dire que la sainteté c?est la distinction, non dans le sens habituel d?une affectation et d?une condescendance, mais dans le sens de ce qui est autre, de ce qui se distingue du vulgaire et de l?habituel. Une vie simplifiée est une vie sanctifiée, et une vie sanctifiée est belle : là réside le vrai bonheur, conjonction du Bien, du Vrai et du Beau, pleinement réalisés dans le Dieu trinitaire.

Peut-être que la pertinence du mot décroissance devrait être remise en question dans une perspective chrétienne : en effet, le Livre des Origines (Genèse) nous parle au contraire d?une dynamique de croissance, de développement, au c?ur de la Création. Prôner la décroissance globale et la simplification individuelle pourrait nous conduire dans une impasse mortifère contraire à la dynamique de la vie. La croissance est la loi de la vie. Le problème du monde occidental n?est pas la croissance, mais la surproduction et la surconsommation, soit, pour revenir à l?exemple de l?arbre, la multiplication de branches de façon anarchique, au détriment du fruit, la quantité au détriment de la qualité. Or, au niveau individuel comme au niveau mondial, ce n?est pas la quantité d?activités, d?entreprises, d?actions, d?informations, de formations, de productions qui est importante, mais leur qualité. La civilisation moderne est une civilisation de quantité, et c?est cette augmentation quantitative qui est insupportable pour l?environnement. Imaginons un approfondissement qualitatif de nos infrastructures, organisations, industries, productions, biens et services : plus jamais de gadgets aussi inutiles que polluants sur le marché. Plus jamais de pommes grosses comme une tête mais au goût de médicament. Plus jamais d?appareils programmés pour une courte durée de vie.  Nous aurions moins d?objets, moins de marques, moins de choix, mais davantage de satisfaction. Cela irait dans le sens d?une croissance fondamentale des personnes, pour le bonheur de tous.

L?Esprit souffle où il veut. Les mouvements de simplicité volontaire et de décroissance ont incontestablement un côté « tendance » dans certains milieux, dictés par des modes aussi réactives que fugitives. Mais au fond, ces mouvements ont aussi force d?interpellation. On pourrait y discerner un clin d??il de Dieu, une invitation à témoigner, à donner à ces intuitions une assise spirituelle et une profondeur évangélique. Simplicité oui, décroissance peut-être, mais pour quoi ? Pour plus de bonheur. Pour la joie de l?homme et l?honneur de Dieu.

Eric Divernois, travailleur social

 


 

1. « Décroissance (économie) » in http://fr.wikipedia.org, septembre 2008

 

2. Charte rédactionnelle. In « La décroissance, le mensuel des objecteurs de croissance. » www.ladecroissance.net, septembre 2008

 

3.« Simplicité volontaire » in http://fr.wikipedia.org, septembre 2008

 

4. Ézéchiel 11.19 et 36.26 : ces passages nous parlent du passage de l?insensibilité à la sensibilité, de l?aveuglement à la vision, de la dureté à la tendresse, de la nuit au jour, de la mort à la vie, de Satan à Dieu.

 

5. Voir Jacques 4.1-4 : « D’où proviennent les conflits et les querelles entre vous? N’est-ce pas des désirs égoïstes qui combattent sans cesse en vous? Vous convoitez beaucoup de choses, mais vos désirs restent insatisfaits. Vous êtes meurtriers, vous vous consumez en jalousie, et vous ne pouvez rien obtenir. Vous bataillez et vous vous disputez. Vous n’avez pas ce que vous désirez parce que vous ne demandez pas à Dieu. Ou bien, quand vous demandez, vous ne recevez pas, car vous demandez avec de mauvais motifs: vous voulez que l’objet de vos demandes serve à votre propre plaisir. Peuple adultère que vous êtes! Ne savez-vous pas qu’aimer le monde, c’est haïr Dieu? Si donc quelqu’un veut être l’ami du monde, il se fait l’ennemi de Dieu. »

Et Proverbes 30.8 : « ? ne me donne ni pauvreté ni richesse; accorde-moi seulement ce qui m’est nécessaire pour vivre. »

 

6. Luc 3.14.

 

7. 1 Timothée 6:7  « Car nous n?avons rien apporté dans le monde, comme aussi nous n?en pouvons rien emporter ».

 

8. Proverbes 28.18  « Qui se conduit en toute simplicité sera sauvé, mais qui mêle deux façons d?agir achoppera dans l?une d?elles. »
Actes 2.46  « Unanimes, ils se rendaient chaque jour assidûment au temple ; ils rompaient le pain à domicile, prenant leur nourriture dans l?allégresse et la simplicité de coeur. »
2 Corinthiens 1.12  « Car notre sujet de fierté, c?est ce témoignage de notre conscience : nous nous sommes conduits dans le monde, et plus particulièrement envers vous, avec la simplicité et la pureté de Dieu, non avec une sagesse humaine, mais par la grâce de Dieu. »
2 Corinthiens 11.3  « mais j?ai peur que?comme le serpent séduisit Eve par sa ruse?vos pensées ne se corrompent loin de la simplicité due au Christ. »
Colossiens 3.22  « Esclaves, obéissez en tout à vos maîtres d?ici?bas. Servez?les, non parce qu?on vous surveille, comme si vous cherchiez à plaire aux hommes, mais avec la simplicité de coeur de ceux qui craignent le Seigneur. »
Jacques 1.5  « Si la sagesse fait défaut à l?un de vous, qu?il la demande au Dieu qui donne à tous avec simplicité et sans faire de reproche ; elle lui sera donnée. »

 

9. cf. Matthieu 5.8 : « Heureux ceux dont le c?ur est pur, car ils verront Dieu. »

 

10. On peut étendre cette réflexion à la technologie : la Suisse est célèbre pour ses canifs multifonctionnels. Le concept du « tout en un » au niveau des outils et des objets proposés est une idée intéressante. En effet, les « objets tout en un » peuvent en effet aller dans le sens d?une simplification, au moins une simplification spatiale : au lieu d?avoir un agenda, un appareil photo, un porte-monnaie, un portefeuille, un bloc-notes, une radio, un enregistreur, un lecteur MP3, et bien sûr un téléphone portable, soit 10 objets distincts prenant pas mal de volume et pouvant chacun être volés, perdus, endommagés, etc., il est possible aujourd?hui de n?avoir qu?un seul appareil incluant toutes ces fonctions.

 

11. Luc 6.20

 

12. Matthieu 5.3


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