La peur comme ferment politique et germe dans la société: Quelles causes, quelles conséquences?

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Introduction

 

« Voulez-vous de telles femmes ? NON au droit de vote féminin. »

Ces deux affiches électorales traitent du droit de vote des femmes. L’une exprime la peur : peur, que « nos » femmes ne soient plus comme nous (les hommes) voulons qu’elles soient.

 

« Bâlois, soyons chevaleresques. Votons OUI en faveur de nos femmes. »

L’autre, elle, véhicule l’idée que la peur est surmontée et que l’on accorde aux femmes ce qui leur revient de droit, sans crainte de perdre quelque chose ou de devoir céder une partie du pouvoir. En effet, bien souvent, c’est le pouvoir qui est en jeu.

0. Aperçu

Depuis près de 10 ans, ChristNet s’engage pour que l’amour du prochain soit manifesté au niveau politique et dans la société. L’amour du prochain est le commandement primordial du Nouveau Testament. L’engagement en faveur des plus faibles, pour qui Dieu se préoccupe particulièrement, traverse comme un fil rouge l’Ancien et le Nouveau Testament. Chez ChristNet, nous approfondissons nos réflexions et tentons de les mettre en pratique, d’où notre slogan : «L’amour du prochain : réfléchir, s’engager.»

Par le passé, ChristNet a beaucoup débattu des thèmes de la miséricorde, du contentement et de la générosité. Il en est ressorti que la peur pour notre bien-être et la peur face au prochain nous émèchent de nous tourner vers ce dernier avec compassion et humilité.

L’objectif de cette journée est de déceler nos peurs et de renforcer notre confiance en Dieu. C’est ainsi que nous serons capables d’agir avec un cœur plein d’espérance et de mettre en pratique une politique d’amour du prochain. La partie consacrée à l’espérance fait l’objet d’une étude approfondie l’après-midi.

1. Résultats des recherches sociologiques

Depuis les années 70, l’institut Demoscope effectue chaque année des recherches, en se fondant sur un échantillon de 6000 entretiens, sur le climat psychologique de la Suisse (CPS). Pour sa part, l’entreprise de recherches sociologiques appliquées GfS (Gesellschaft für praktische Sozialforschung) examine les craintes et les soucis de la population suisse à l’aide de son baromètre des craintes, ou du baromètre des soucis resp., auprès de plus de 1000 personnes. Avec les années, on dénote une fluctuation du sentiment de peur et de ses composantes concrètes. Cependant, d’une manière générale, force est de constater que, depuis les années 80, l’anxiété au sein la population a tendance à s’accroître. Cette anxiété ne nous accable pas tous les jours, et d’ailleurs, la plupart du temps, nous n’en sommes même pas conscients. Néanmoins, elle influence insidieusement nos perceptions et notre comportement.

Climat psychologique de la Suisse (CPS)

Concernant l’étude relative au Climat psychologique de la Suisse, Demoscope écrivait, en 2005 déjà : «Après une évolution constante sur près de 30 ans vers des valeurs progressistes et tournées sur l’extérieur, un revirement s’est dessiné en 2001. … Depuis quatre ans, on constate une nette inversion de la tendance. … Un matérialisme sans concession et une propension croissante à la recherche du succès témoignent de la concurrence toujours plus âpre qui existe dans notre pays.» «Les nouvelles tendances sont de type beaucoup plus conservateur… Un besoin nouveau est apparu, qui consiste en une quête d’enracinement : la « nouvelle suissitude » …»

Cette tendance s’est poursuivie jusqu’à ce jour, puisqu’en 2010, Demoscope écrivait à propos de l’évolution constatée ces deux dernières années : «L’enracinement, la tendance à se relier davantage à ses origines, à accorder plus de valeur au patrimoine et aux usages éprouvés, sont les éléments qui ressortent le plus. On observe en même temps, au cours de la dernière décennie, un accroissement du réalisme et de la capacité à s’adapter aux structures existantes dans l’économie et la politique.»

A mon avis, il s’agit ici davantage d’une volonté de s’adapter, plutôt que d’une capacité à s’adapter. Dès lors, le conformisme et la recherche de l’acceptation ainsi que du succès, visibles par des signes extérieurs, sont en augmentation. Mais pour celui qui s’adapte en vue d’obtenir le succès, le passage obligé est le sacrifice de ses idéaux et de ses valeurs. Ne sommes-nous plus prêts aujourd’hui à payer le prix pour nos valeurs et nos idéaux ? Nous faisons-nous de plus en plus de souci pour notre bien-être ? Avons-nous remplacé nos idéaux par des éléments qui sont censées nous procurer la sécurité, comme le nationalisme, l’obéissance, le succès, la force ? De toute évidence, la grande crise économique des années 90 a éveillé en l’être humain l’impression de devoir à nouveau se battre davantage pour son propre bien-être, renforçant du même coup chez l’individu la crainte face à une menace de nature socio-économique.

Baromètre de la peur

Dans quelle mesure les Suisses ont-ils peur et de quelles peurs s’agit-il concrètement ? Pour déterminer le baromètre de la peur, les personnes interrogées répondent par téléphone à une présentation de 30 scénarios menaçants. Elles évaluent ces scénarios sur une échelle allant de 1 à 10 et précisent dans quelle mesure et dans quel domaine elles se sentent inquiètes ou menacées.

L’index de menace général ainsi obtenu a passé, entre 1985 et 2006, de 4,0 à 5,4, bien qu’il soit redescendu aujourd’hui à 4,5. Mais la tendance à long terme n’en est pas contrecarrée pour autant. Les réflexes politiques qui ont émergé avec l’accroissement de la peur sont toujours les mêmes.

Les peurs sont liées à notre existence, autrement dit, la peur est existentielle. Autrefois, certaines peurs étaient suscitées par des besoins matériels. Aujourd’hui, des « menaces » physiques sont à nouveau d’actualité : criminalité, maladies (pensons à la grippe porcine) et dangers environnementaux. Avec 6,0 points, la peur face aux changements climatiques occupe chez les Suisses la première place parmi leurs peurs conscientes. Mais manifestement, la crainte que suscitent les menaces de type socio-économiques, autrement dit la peur du manque, est encore trop forte pour que l’on introduise des mesures de lutte contre les changements climatiques. La deuxième place sur l’échelle des peurs est celle ressentie face à l’égoïsme des autres (5,7), la troisième celle qu’engendre la criminalité (5,4).

Bien entendu, la peur n’est pas un problème typiquement suisse, même s’il est vrai que l’on dit de la Suisse qu’elle est le pays où l’on conclut le plus grand nombre d’assurances par habitant.

Baromètre des soucis

Le baromètre des soucis traduit les attentes de la population face aux autorités, à la politique et à l’économie, et reflète les positions politiques au sein de la population, en d’autres termes il exprime le rapport entre la peur et la politique.

Ce baromètre révèle aussi l’évolution décrite plus haut : la population en général devient de plus en plus conservatrice. Le réflexe général est de se couper de l’extérieur, tant au niveau personnel que national. On veut se protéger des dangers et des méchants qui viennent de l’extérieur. La « suissitude » évoquée plus haut apparaît d’une part au travers de la fierté par rapport aux produits et traditions nationaux, mais également au travers d’un égocentrisme croissant en politique, fidèle en cela au principe « nous d’abord ». On dirait que tant les individus que le pays mènent une lutte pour leur survie, lutte également contre ceux qui veulent nous priver de quelque chose d’essentiel à notre vie :

–         Notre argent: c’est pourquoi nous faisons front contre toutes les catégories de nécessiteux et contre l’Etat.

–         Notre liberté : c’est pourquoi nous faisons front contre les réglementations qui nous limitent.

–         Notre auto-détermination nationale : C’est pourquoi nous faisons front contre des revendications et des requêtes venant de l’extérieur.

L’une des causes de ce repli sur soi est la désorientation et l’instabilité : il semble que la mondialisation, la pression de l’UE à se conformer à ses règles, l’évolution rapide des cultures, l’augmentation de la mobilité et une population étrangère en proportion croissante ont provoqué une peur plus grande et conduisent à une volonté de retrait au sein d’une communauté nationale prétendument sûre. Dès lors, c’est surtout auprès de la jeune génération que les sentiments de nationalisme et d’appartenance à la patrie sont les plus forts. Il est possible que leur instabilité soit encore accentuée par le fait des ruptures familiales toujours plus nombreuses.

Pour ma part, j’apprécie également le Rivella, la raclette et certaines traditions suisses, de même que le travail de qualité. Mais le danger est de ne pas se satisfaire d’une saine attitude de valorisation de soi, mais de tomber dans un sentiment de supériorité nationale qui dévalorise ce qui ne nous est pas familier. Il m’est arrivé d’entendre cette phrase : «Je suis un bon Suisse.», sous-entendu je suis intègre, contrairement aux étrangers…

2. Répercussions sur la culture

Le débat concernant l’abus de prestations sociales est apparu au cours des années 90, en même temps que la profonde crise économique qui a jeté de plus en plus de personnes au chômage, à l’AI et à l’aide sociale, et suite à laquelle nous avons dû payer davantage au titre de la solidarité. En recourant au discours sur les abus, on a laissé entendre que la plus grande partie des exclus étaient des fainéants et des profiteurs, alors que de nombreuses études montrent que les abus ne sont le fait que d’une petite minorité. Cependant, les réglementations et les contrôles effectués par les œuvres sociales ont été rendus beaucoup plus stricts. Résultat : la règle du fardeau de la preuve s’en trouve inversée : aussi longtemps que quelqu’un ne peut pas prouver qu’il est de bonne foi, il est suspecté de fraude.

Perception de l’être humain

L’école est l’exemple qui illustre le changement sur ce point : il y a 10 ans environ, l’épanouissement personnel des écoliers constituait encore la priorité. Mais le vent a tourné. Aujourd’hui, les notes et les punitions sont à nouveau mises en avant. Il s’agit désormais de régler les problèmes de discipline, qui sont effectivement devenus plus ardus, en usant de la force et de l’autorité, l’idée sous-jacente étant que l’homme est fondamentalement mauvais et qu’il doit être ramené dans le droit chemin.

Ceci nous amène au point capital : la perception de l’être humain. Tandis que les humanistes, mais aussi, à certains égards, le mouvement de mai 68, partent du principe que l’homme est fondamentalement bon, un scepticisme ambiant de plus en plus fort a fait pencher la balance dans l’autre sens. Mais bibliquement parlant, ces positions sont toutes les deux erronées. Nous avons besoin d’une perception correcte de l’homme pour pouvoir résoudre les problèmes de notre société. Pourtant, même dans les milieux évangéliques, on trouve parfois l’idée que l’homme est totalement corrompu, ce qui explique pourquoi il a besoin du salut. Certes, il a besoin du salut, car il ne peut se libérer seul du péché. Mais cela ne signifie pas qu’il n’est pas capable de faire le bien ou d’être animé de bonnes intentions. La Bible nous montre que Dieu a aussi utilisé des non-chrétiens, comme Cyrus par exemple, pour accomplir son œuvre1 . Elle souligne également que les païens ont eux aussi une conscience.2 Dès lors, le sentiment très répandu de méfiance à l’encontre du prochain, qui nous habite souvent quand il s’agit de non-chrétiens, n’est pas justifié.

Nous le voyons : la peur a pris de l’ampleur, et avec elle la méfiance envers l’ « autre », le prochain.

3. Conséquences politiques

Criminalité des étrangers

L’être humain s’efforce de trouver des sources de danger et des boucs émissaires afin de pouvoir mieux contrôler son environnement. Et les médias y contribuent : dans leur lutte pour gagner des parts de marché, ils font en sorte que les mauvaises nouvelles occupent l’actualité beaucoup plus qu’avant, y compris dans l’esprit des individus. Ainsi, malgré les statistiques de la criminalité, qui n’ont pas changé dans l’ensemble, on pense que « la rue » devient de moins en moins sûre. A cet égard, le nombre de meurtres, par exemple, a diminué de 50% ces 20 dernières années et ces actes ont lieu, comme auparavant, principalement au sein du cercle familial ou d’amis. Par ailleurs, la propension à la violence dans la société a effectivement augmenté, une augmentation qui, selon le psychologue Manfred Spitzer, est lié à la consommation accrue de programmes télévisés. Plus un enfant passe du temps devant la télévision, plus il a de risques de devenir un criminel ! Même constat pour celui qui participe à des jeux violents sur ordinateur : il aura une capacité d’empathie nettement diminuée, selon les statistiques.

Les étrangers représentent effectivement une proportion plus élevée dans la criminalité violente. Pourtant, si l’on considère l’âge, l’origine sociale et la formation, cette proportion est à peine supérieure à celle observée dans la population suisse. A noter que la population étrangère comprend davantage de jeunes, d’hommes et de personnes défavorisées que la moyenne, tout comme la population des criminels (étrangers et Suisses confondus).

Asile

Chercher un bouc émissaire n’est donc pas utile pour résoudre un problème. Au contraire, cette manière de procéder détourne des vrais problèmes et représente une injustice pour les personnes touchées. Car les boucs émissaires sont toujours des personnes qui nous déstabilisent et sont différentes de nous. Les étrangers en sont depuis toujours les cibles prioritaires. Au Moyen-Age, on a par exemple rendu les Juifs responsables de la peste.

Aujourd’hui, les étrangers et en particulier les requérants d’asile sont ceux que l’on voudrait rendre responsables de tous les crimes. C’est ce qui explique que depuis 20 ans, une réglementation de plus en plus dure est réclamée à leur encontre. En mai 2010, le Conseil fédéral, dans son projet de révision de la loi sur l’asile, a quasiment supprimé la possibilité d’accorder l’asile en cas d’entrée illégale sur le territoire suisse. En effet, il est prévu qu’il soit également impossible de déposer une demande d’asile dans une ambassade suisse à l’étranger. Si l’on sait que les personnes menacées n’obtiennent plus aucun visa d’entrée en Suisse (les exemples sont suffisamment nombreux), les requérants d’asile n’ont plus aucun autre moyen que l’entrée illégale en Suisse. Nous en concluons que la Suisse officielle ne souhaite plus accueillir aucun requérant d’asile. La Suisse aurait-elle fait taire sa vocation humanitaire ?

Peur de l’étranger

La peur de l’étranger est la plus forte pendant les périodes de graves crises, mais aussi lorsque des changements culturels se suivent en succession rapide. La plupart du temps, ces derniers sont endogènes et accompagnent l’émergence de nouvelles possibilités sur le plan économique ou de la consommation. Les étrangers sont aussi le point sur lequel se cristallise les insécurités de la population, car ils donnent l’image d’un monde inhabituel et peu familier. Les identités sont alors remises en cause. La question de l’identité et de la stabilité est entièrement légitime, car ces éléments correspondent à de réels besoins pour l’être humain. Encore faut-il savoir comment la stabilité et l’identité doivent être procurées. Relevons, dans ce contexte, que la peur face à l’islamisation est d’une importance particulière : dans ce cas, il ne s’agit pas uniquement d’une identité et d’une stabilité comme le monde les perçoit, mais au niveau spirituel, en tout cas pour les croyants. Et pour la société dans son ensemble, l’enjeu est un bouleversement culturel encore plus profond. Je pense que la population résidant dans un endroit depuis longtemps a fondamentalement le droit de conférer à sa propre culture un statut prioritaire.

Peur de l’Etat et des persécutions

S’il est vrai que la diversité des modes de vie possibles s’accroît, la complexité de la vie en commun s’accroît également. L’Etat, qui constitue la forme d’organisation que nous avons choisie pour réglementer la vie en société, est perçu par les forts comme une entité liberticide qui perturbe les règles du jeu. Certains pensent que sans l’Etat, nous jouirions d’une pleine liberté. Par conséquent, ils préfèrent accorder leur confiance à l’argent, le dieu Mammon.

La puissance de l’Etat peut aussi susciter la peur. Les chrétiens qui vivent dans un Etat majoritairement séculier peuvent craindre des persécutions qui seraient le fait d’une majorité dont la tête pensante est l’Etat. Dans quelle mesure cette crainte est-elle justifiée ? De telles appréhensions ne sont-elles pas aussi exacerbées par les théories sur la fin des temps, par la littérature et les séries télévisées faisant de ce thème leur fond de commerce ?

Grâce à Internet et à ses millions de blogs et de forums de discussion, des groupes particuliers d’internautes ont pu se former à l’échelle mondiale, et, du coup, renforcer mutuellement leurs préjugés par une sorte d’émulation, notamment parce que leurs affirmations passent inaperçues du public en général et échappent à tout contrôle. La croyance dans les théories du complot a de plus en plus le vent en poupe à l’échelle mondiale : francs-maçons, ONU, présidents libéraux des Etats-Unis et l’Etat en général sont non seulement suspectés, mais font l’objet de graves préjugés. Exemple : en août 2010, pas moins de 24% des Américains croyaient que le président Obama était Musulman, bien que l’intéressé ait démenti cette affirmation depuis longtemps.

Peur face au manque

Les temps où la famine régnait sont révolus, mais nous continuons néanmoins à faire fonctionner une économie «de la faim». La croissance, en d’autres termes le «toujours plus», est considérée comme le but suprême de la politique économique sur l’autel de laquelle sont notamment sacrifiées les valeurs chrétiennes, la solidarité, la justice, l’environnement et les relations. Nous nous rendons esclaves de ceux qui nous promettent «toujours plus». Qu’attendons-nous du «toujours plus» ? Quand et dans quelle circonstance pourrons-nous enfin dire que nous sommes satisfaits ? La Suisse craint de voir s’éroder son confort matériel et ses biens, et s’agrippe à de l’argent qui ne lui appartient pas (cf. le secret bancaire).

Les peurs face à l’écroulement général du système, bien que diffuses, sont bel et bien présentes. En effet, en 1997, le professeur d’économie fribourgeois Walter Wittman suggérait sans détours qu’une dictature devrait être instaurée pour que les opérations de libéralisation de l’économie puissent s’effectuer, faute de quoi nous tomberions tous dans la pauvreté.

L’esprit de concurrence est donc de plus en plus présent en Suisse : depuis les années 90, nous luttons toujours plus âprement contre ceux qui, prétendument, amoindrissent notre bien-être : les bénéficiaires de l’aide sociale, les chômeurs, les étrangers, les rentiers AVS et AI, et tous les plus faibles. Nous sommes enclins à accréditer les raisonnements qui qualifient de profiteurs ces catégories de personnes. On sabre dans les prestations sociales afin de ne donner aucune occasion à certains d’abuser du système. C’est ainsi que l’on met la pression sur la majorité de ces personnes, sans faute de leur part. Il est devenu plus important à nos yeux que personne ne profite du système, plutôt que de s’assurer que personne ne souffre.

Ceci ne reflète pas un phénomène propre à la Suisse : tous les pays riches sont touchés par la peur de perdre quelque chose.

 

« C’est ce que veut la gauche : ruiner notre pays ; plus d’impôts ; moins d’emplois ; détruire l’AVS. NON à l’augmentation de la TVA. »

 

Autres craintes

En ces temps où la survie est assurée sur le plan matériel, d’autres craintes, hormis celle qu’inspire la criminalité, occupent le devant de la scène, comme la peur face aux catastrophes naturelles. Centrales nucléaires, manipulations génétiques et changement climatique sont susceptibles de semer la panique. Comment les affronter ? Quelle vision réaliste pouvons-nous mettre en avant ?

En définitive, la peur de la maladie et de la mort, de la souffrance et de la finitude de notre vie est un sujet primordial, même si d’autres thèmes s’y greffent, comme les coûts croissants de la santé, l’aide au suicide, les vaccinations obligatoires ou la psychose face aux pandémies (ex. : la grippe porcine). Il est toutefois un autre point que celui de la santé, sur lequel nous faisons une fixation : la beauté physique. En effet, la crainte du rejet et la focalisation sur les défauts corporels ont permis à l’industrie du relookage, mais surtout à celle de la chirurgie esthétique, de devenir florissantes.

4. Chrétiens, que faisons-nous ?

Je ne crois pas que, en tant que chrétiens, sur le plan politique, nous soyons moins enclins à réagir en fonction de nos peurs. Le problème de notre peur est en partie dû à une perception erronée et non biblique de l’être humain. Il me semble également erroné de croire à l’idée selon laquelle les chrétiens seraient meilleurs que les autres en politique, voire même seraient les seuls à savoir comment poursuivre un bon programme politique, puisqu’ils sont chrétiens et non les autres. Il est vrai que les chrétiens peuvent, dans certains domaines, agir davantage en conformité avec les valeurs chrétiennes, mais ils peuvent tout aussi bien poursuivre une politique inspirée par la peur.

Vaincre la peur

Comment surmonter la peur ? Comment passer d’un état de crainte à une position d’espérance et ainsi être libéré pour pratiquer une politique d’amour du prochain ?

En tant que chrétiens, nous sommes au bénéfice d’un potentiel énorme. Nous avons une espérance vivante, comme l’exposait Claude Baecher. Dieu a promis de veiller sur nous. Forts de cette assurance, nous pouvons obéir à son commandement, qui consiste à nous occuper prioritairement de notre prochain. Qui va donc se charger de cette tâche, si ce n’est nous ?

Avançons, en tant que chrétiens, comme des exemples lumineux ! En agissant ainsi, nous avons le potentiel pour déclencher un véritable bouleversement de la société, tant au niveau politique que spirituel. Car c’est en voyant cela que les non-chrétiens se tourneront vers Jésus. Mais ce travail doit commencer en nous-mêmes : Croyons-nous qu’en Jésus, nous n’avons aucune crainte à avoir ? Personnellement, je dois aussi lutter chaque jour pour chasser la crainte, car faire confiance n’est pas chose facile…

Au cours de l’après-midi, le programme est constitué des ateliers pratiques et de débats sous forme de table ronde, le but étant de trouver des solutions et de passer en revue certains exemples positifs. La ConférenceChristNet souhaite traiter ouvertement du thème de la peur, mais elle entend aussi dépasser ce stade et tenter de découvrir quel rôle l’Eglise peut jouer dans cette démarche. Dans cette recherche, l’espérance et la confiance en un Dieu qui pourvoit et qui protège sont les clés de la réussite.

Markus Meury, 13.11.2010

 


1. Esaïe 44 et 45.

2. Romains 2,14+15.

Photo by Aarón Blanco Tejedor on Unsplash

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