Archive d’étiquettes pour : Forum

~ 7 min

Eric Divernois fait partie de ChristNet depuis plusieurs années et est engagé au sein du Groupe écologique. Dans ce cadre, il a écrit un texte sur le mode de vie simple. Eric est valaisan. Il a vécu quelques années dans une communauté de foi et de vie du Val de Travers : Fontaine Dieu.

Le non-contentement, une maladie contemporaine

Le slogan des Jeux Olympiques est : « toujours plus vite, plus haut, plus fort ! » Il est également utilisé dans les entreprises pour montrer leur motivation. Le non-contentement exprimé par là est propre à l?Occident. Il se manifeste notamment dans nos pays par les taux élevés de suicide, la consommation d?antidépresseurs etc.. En un sens, le non-contentement favorise le progrès, mais l?insatisfaction finit par devenir mortifère.

Les symptômes

Un des symptômes est le toujours plus. On est poussés au travail et dans plein de domaines à vouloir toujours plus. Ce n?est pas faux en soi, le problème est plus subtil. La notion de progrès participe de ce besoin à la fois légitime et illégitime. Plus on exige de la performance, plus celle-ci génère des besoins nouveaux et a un impact environnemental. Ceci accélère un processus négatif : fatigue, surmenage, dépression. On a toujours plus de responsabilité, on multiplie les contacts pour s?assurer un meilleur développement de soi et l?épanouissement de possibilités personnelles. On a des agendas surchargés. Est-ce vraiment bon pour l?homme ?

Un autre symptôme résident dans notre consommation de drogues au sens large du terme : les gens consomment des quantités extrêmes de café, de tabac ou d?alcool pour être performants.

Il y a une tendance à chercher des expériences spirituelles. Ce phénomène se retrouve également dans les milieux chrétiens. Dans nos milieux évangéliques, la théologie de l?abondance fait des ravages. On désire toujours plus sous prétexte que Dieu va nous bénir en croyant que Dieu va nous bénir matériellement. En somme, il existe une vision libérale et consumériste de Dieu que je ne voudrais plus appeler théologie, mais « égologie ».

 

Les racines

Le non-contentement est une attitude de notre c?ur et donc une affaire spirituelle. En résumant, on peut dire que l?être humain est confronté à trois problèmes majeurs : l?isolement, l?absurdité et la peur. Ces trois aspects sont liés de manière intime et aboutissent au désir, à l?ignorance et à la haine.

·        L?isolement : il s?agit d?une profonde solitude intérieure. Dans notre monde moderne, les gens sont de plus en plus isolés les uns des autres. Le progrès a cassé l?interdépendance entre les générations et les liens entre les personnes. On n?a plus besoin les uns des autres pour vivre. Ceci peut se manifester de différentes manières : certains passent leur journée devant l?ordinateur, d?autres se font livrer leurs courses commandées par Internet, etc.

·        L?absurdité : en Occident tout a été remis en question par le passé : notre vision du monde est bouleversée. Les grandes idéologies sont dépassées. Certains penseurs parlent de désillusionnement du monde qui se traduit par une profonde perte de sens. Que reste-t-il ? Il n?y a plus qu?à consommer. Aujourd?hui, les magasins sont construits comme des temples de la consommation et vantés comme de vrais paradis.

·        La peur : c?est une angoisse existentielle. Wolfgang a bien décrit cette réalité dans notre vie et notre monde. La peur résulte d?une inquiétude fondamentale face à un monde que l?on ne comprend pas, que l?on subit et dans lequel on est « jeté » comme disait Heidegger. L?histoire de l?Occident est minée par l?angoisse. Au Moyen-Âge, on avait peur du jugement dernier, on avait peur des catastrophes et de la fin des temps. Ainsi, la peur fut grande lors du passage de l?an mil. Plus récemment, le XXème siècle fut marqué par la peur d?une confrontation nucléaire, des menaces terroristes, de la crise financière et des bouleversements écologiques. Il faut réaliser que malgré notre posture chrétienne, nous sommes victimes de la peur du manque. Cette peur se cache derrière des préoccupations plus anodines : chômage, argent, etc. C?est souvent une peur inconsciente, mais moins on en est conscient, plus elle nous influence.

 

Les effets

Le non-contentement a des effets aux niveaux personnel, social, économique et environnemental.

·        Effets personnels : en vivant dans le non-contentement, nous renforçons notre avidité. Nous sommes avides de tout, toujours, en tout temps, plus vite et plus intensément. Ceci amène différentes formes de prédation, d?épuisement et de saturation. Un auteur a dit : « L?abondance de biens crée une pénurie de temps ». En effet, nous manquons tous de temps.

·        Effets sociaux : le non-contentement nous pousse à exiger plus des autres. Si, par exemple, je demande à obtenir dix tasses de café à petit prix à la place d?une seule, mais plus chère, j?augmente mes exigences face à la production et au prix, ce qui augmente la pression sur les salaires et sur les conditions de travail.

·        Effets économiques : l?avidité nous pousse à gagner plus, à augmenter les intérêts sur nos actions, à spéculer sur des produits financiers hautement rentables, afin d?assurer nos comptes en banque, nos intérêts et ceux de notre descendance. Mais cela conduit également à l?emballement économique et aux débâcles financières.

·        Effets écologiques : la pression environnementale générée par l?avidité est spectaculaire, parce qu?elle est multipliée par le nombre d?habitants de la planète et décuplée par le système. Si chacun exige le même taux de confort, il s?avère vite que tous nos désirs ne peuvent être satisfaits à l?infini dans un monde fini. Malheureusement, l?avidité est à la base de notre économie, laquelle nous fournit emplois et salaires?

 

Les médicaments de Dieu

Dans les médicaments proposés par Dieu, on trouve entres autres : la conversion, le renoncement, la reconnaissance et la louange, ainsi que la « trithérapie de Dieu » : l?amour, la foi et l?espérance.

·        La conversion : c?est un processus qui consiste en un retournement mental : il faut changer nos représentations, et ce changement concerne également l?univers affectif. La Bible parle de la « circoncision du c?ur ». En enlevant une couche superflue pour rendre le c?ur plus tendre, on procède à une simplification du c?ur.

·        Le renoncement : la conversion nous amène au renoncement. Il ne s?agit pas là avant tout de renoncer extérieurement à tous nos biens. Luther parlait de l?homme non

·        converti comme de celui qui est courbé sur lui-même. C?est à notre égoïsme fondamental que nous devons renoncer, et c?est difficile !

·        La reconnaissance et la louange : souvent, nous avons tendance à chanter des chants pour nous sentir bien. C?est pourtant une attitude qui nous fait glisser progressivement vers le consumérisme. Au contraire, l?essentiel dans la louange consiste à avoir un c?ur reconnaissant. C?est alors une louange de qualité.

·        L?amour, la foi et l?espérance : tout un programme. Il y a là des pistes très bibliques. Cependant, pour nous soyons changés, la confiance en Dieu est fondamentale. Intellectuellement, on croit, mais concrètement, on se rend compte qu?on n?a pas vraiment la foi. Quand nos sécurités tombent, nous voyons vraiment où nous en sommes. L?amour, la foi et l?espérance sont en quelque sorte les contreparties de l?isolement, du non-sens et du désespoir ou de l?angoisse.

 

Conclusion : assez pour vivre

En contestant le mécanisme du toujours plus, on pourrait donner l?impression de faire l?éloge de la médiocrité et de la paresse et de mettre en cause la notion de progrès. L?idée n?est pas de se complaire dans un contentement facile. Le contentement n?est pas comme ces chalets qui portent l?inscription « Samsuffit »1 . Il ne s?agit pas non plus de passer du « trop » au « trop peu », mais plutôt du « trop » à « l?assez ». Par exemple travailler assez pour vivre, et non vivre pour travailler ; manger assez sans tomber dans la sur-bouffe et consommer selon ses vrais besoins ; viser la qualité plutôt que la quantité ; avoir assez pour satisfaire ses vrais besoins. ` côté du « toujours plus », il y a « l?assez » : assez pour vivre, assez pour partager et surtout assez pour être reconnaissant dans la bienveillance, dans la confiance et dans l?espérance.

Questions

Comment concilier le contentement avec l?appel de Dieu à faire fructifier nos dons ?

Il y a un mécontentement légitime, qui est illustré par exemple par Paul lorsqu?il dit : « Je poursuis ma course vers le but »2 . Il va donc de l?avant. L?Evangile nous exhorte à porter du fruit. Dans la création, il y a l?idée de progrès et de développement. C?est la loi de la vie. Le problème est que Satan fait de même, mais d?une manière néfaste : il existe aussi une loi du progrès qui a des effets mortifères pour l?individu et l?environnement.

En fait, il convient de m?interroger sur ma motivation à aller plus loin et surmon attitude, plutôt que de renoncer à aller plus loin?

En fin de compte, c?est une question que chacun doit résoudre dans son c?ur.

En Suisse, avec ma femme, nous avons souvent chassé des démons présentant un aspect financier. Les gens étaient poussés à consommer plus, ils étaient esclaves de ces démons. Ce n?est pas une attitude, mais une possession démoniaque. Où mettre la limite ?

Il y a un aspect démoniaque sous-jacent aux motivations. Le spirituel sous-tend le psychique et l?influence. Je n?ai pas la compétence pour en dire plus.

Il y a un verset qui dit : « Là où est votre c?ur, là est votre trésor. »3 . Est-ce que Dieu appelle les gens à tout donner ou faut-il plutôt prendre ce passage comme un appel à bien dépenser notre argent ?

L?Evangile est radical. A mon avis, il y a les deux attitudes : François d?Assise, par exemple, a tout donné. Mais il y a aussi des gens qui ont des richesses et qui sont ouverts à Dieu et lui obéissent dans leurs dépenses.

Transcription : Anne-Sylvie Giolo, Samuel Ninck

Révision : Sarah Martinez

 


1. Ça me suffit.

2. Philippiens 3.14

3. Luc 12.34.

Photo by Muhammadtaha Ibrahim Ma’aji on Unsplash

~ 5 min

Wolfgang Simson est né en Allemagne et a exercé son ministère dans plusieurs pays. Il a étudié la théologie à Bâle, mais a aussi été chauffeur de taxi. Il a une vision particulière sur la confiance en Dieu qu?il cherche à partager.

Introduction

Tout d?abord une précision : je n?ai pas une vision, mais je suis caractérisé par une vision. Ce n?est pas la même chose. Dieu nous dit de faire certaines choses, mais ce n?est pas à nous de dire à Dieu ce qu?Il doit faire !

Dieu donne trois choses aux hommes : l?amour, la grâce et la bénédiction. Les deux premiers, Il les donne sans conditions. La troisième, la bénédiction est liée à la condition d?obéir Dieu. C?est donc parce que nous suivons la vision de Dieu que nous recevons la bénédiction. Les hommes ne doivent pas inviter Dieu à soutenir leur propre vision.

Trois choses me tiennent particulièrement à c?ur : un retour aux sources historiques de l?Eglise ; l?unité du corps de Christ ; une gestion biblique des finances.

La confiance en Dieu : une expérience à vivre

Commençons par une expérience que j?ai faite en Egypte, au Caire. En début de journée, j?ai parlé dans un bidonville devant 3000 personnes et je devais être à 18 heures à l?autre bout de la ville pour parler dans une Eglise catholique. J?ai donc pris un taxi, le conducteur était plutôt âgé et quand je lui ai donné le billet sur lequel était notée l?adresse, celui-ci est tombé à terre et le chauffeur a démarré. Comme il partait du principe que tous les touristes voulaient aller soit aux pyramides soit au Hilton, et vu qu?il faisait déjà nuit, il m?a conduit au Hilton.

Me voilà donc au Hilton sans savoir où aller. Il ne me restait plus que 15 minutes jusqu?à mon rendez-vous et je ne parlais que deux mots d?arabe. C?est là que j?ai entendu une voix qui me disait que ce n?était pas tout à fait juste. En effet, je savais dire « en avant ! », « chéri », « à droite », « à gauche » et « tout droit ». J?ai reconnu que c?était Dieu qui me parlait et j?ai décidé de lui faire confiance. J?ai donc dit : « En avant, chéri ! » et il est parti. J?ai prié Dieu de me conduire où je devais aller. « Dis-moi à chaque carrefour la direction que je dois prendre et dirai au chauffeur : ?A droite? ou ?A gauche? ! » C?est ce que j?ai fait et après quelques raccourcis, on est arrivés par des petits chemins que seul des personnes du lieu connaissent? Par cette expérience, Dieu m?a appris ce que signifie lui faire confiance.

 

Le royaume de Dieu : la peur n?est plus

Actuellement, nous vivons une époque caractérisé par la peur. Mais Dieu nous dit : « N?aie pas peur petit troupeau. » Le royaume de Dieu est le lieu de la pleine royauté de Dieu. Il faut abandonner notre idée de « démocratie » pour passer à la « théocratie ». Jésus nous y invite. Dans une théocratie, la peur n?a pas de raison d?être, car Dieu nous apporte ce dont nous avons besoin.

Aujourd?hui, je ne suis plus Allemand : mon royaume est celui de Dieu. Je ne suis plus patriote, car le royaume de Dieu est ma patrie. Pour cela, il faut accepter la royauté de Dieu. Ce message est plus difficile à faire passer en Occident que dans d?autres endroits du monde, comme en Asie. Pour les gens là-bas, qui viventsous une dictature, cela a du sens. En Occident, en tant qu?héritiers de mai 68, nous avons tendance à voir le royaume de Dieu d?une manière démocratique et antiautoritaire. « Chercher d?abord le royaume de Dieu et sa constitution », implique avant tout deux choses : accepter la seigneurie de Jésus sur moi et ensuite s?occuper de la constitution de ce royaume. Souvent le mot grec « dikaïosuné » est traduit par « justice », mais c?est vraiment la constitution au sens juridique du terme.

Les gens croient à un Jésus théorique qui les aide mais qui n?est pas le roi de leur vie. Pourtant, le plus important n?est pas ce que l?on dit, mais comment on vit ! Montre-moi comment tu vis et je te dirai ce que tu crois. La première chose à faire est de renoncer à sa peur et de placer sa confiance dans le royaume de Dieu.

 

Voir ou croire ?

Chaque année, une compagnie d?assurance allemande commande une étude sur les sept principaux motifs de peur des Allemands : les Allemands ont en premier lieu peur de l?avenir, du manque d?argent et de l?augmentation des prix. La peur est le maître du monde. L?Allemagne est un pays qui est dirigé par la peur, mais à mon avis, deux pays sont encore pires : le Japon et la Suisse. Nous sommes des fanatiques des assurances et cherchons toujours à assurer notre insécurité.

La foi, elle, va dans la direction opposée. En effet, il existe deux manières de vivre : une vie par la foi et une vie par la vue. Dans le premier type de vie, on reçoit de Dieu ce qu?il faut ; dans le deuxième, on entre dans une logique arithmétique: si je travaille 40 heures, si je fais ci et ça, je recevrai ceci et pourrai payer cela. Même nous, les chrétiens, essayons d?avoir la mainmise sur nos finances. Dieu nous dit pourtant d?arrêter de faire confiance à nos finances. C?est une condition pour entrer dans la vie promise par Dieu.[1] Avec Jésus et son Royaume, nous avons une solution pour notre vie et nos finances.

Conclusion : une économie du partage

La plupart des gens sont esclaves de leur travail et de leurs finances. Dans l?Eglise primitive, les gens ne vendaient pas ce qu?ils possédaient aux autres, ils le partageaient. Nous faisons de même avec notre littérature : elle n?est pas à acheter, mais à lire simplement. Si l?ouvrage ne vous plaît pas, donnez-le plus loin. Mais s?il vous a parlé, donnez-le à dix autres personnes et contribuez ainsi à une économie du partage (« gift economy »). Nous avons créé une fondation pour soutenir ce système afin que la vision de partager sans payer puisse se propager : http://starfishportal.net/ (en allemand).

 

Questions

Pourrais-tu préciser ce que tu entends par « économie du partage » ?

Dans le courant du Nouvel Âge, il y a des festivals qui fonctionnent comme cela, on ne peut rien acheter. Chacun apporte quelque chose et le met en commun, mais cela fonctionne pendant deux semaines. Dieu nous demande de partager ce que l?on a. Aujourd?hui, on a un système bancaire qui n?existait pas au début. Il fallait alors compter sur les autres. Aujourd?hui, nous vivons dans une société de consommation, qui est notamment soutenue par les chrétiens. Toute la chrétienté est basée sur cette consommation commerciale.

Afin de contrer ce mouvement, nous avons décidé de tout donner gratuitement : livres, lettres de nouvelles, musiciens. Nous mettons tout cela dans le domaine public.

As-tu rencontré des oppositions ?

Non, au contraire. En Inde, j?ai prêché devant 10 000 personnes sans opposition. Les gens comprennent, mais ils ont de la peine à sortir de ce système, car ils en dépendent.

N?avez-vous pas peur de vous sentir exploités ?

Est-ce que les gens n?exploitaient pas Jésus ? Ils font du commerce avec lui donc ils peuvent aussi faire la même chose avec moi. Ou Dieu m?aide, ou je coule. Ce n?est pas facile, cela implique des nuits blanches à pleurer, mais cela fait partie de la vie chrétienne. Le domaine financier est la partie la plus visible de notre spiritualité.

Wolfgang Simson

Transcription : Anne-Sylvie Giolo, Samuel Ninck

Révision : Sarah Martinez

 


[1] cf. Luc 14

Photo by Liane Metzler on Unsplash

~ 5 min

Rahel Röthlisberger est médecin assistant près de Berne. Elle est l?une des initiatrices du projet « cukup » lancé en 2006. Rahel est membre de ChristNet depuis déjà de nombreuses années.

Je prie depuis longtemps pour que les trois valeurs confiance en Dieu, contentement et miséricorde soient mises en valeur en Suisse. C?est pourquoi je me réjouis de pouvoir aujourd?hui participer à ce Forum. Je vais vous faire part du chemin qui m?a conduit vers plus de miséricorde; c?est un chemin très personnel qui n?est pas nécessairement identique pour tous.

Une devise : apporter la bonne nouvelle aux pauvres

Il y a quelques années de cela, ma foi était en pleine remise en question et je conclus un accord avec Dieu pour qu?il donne un sens à ma vie. Il me transmit le verset Esaïe 61.1 pour que j?en fasse ma devise personnelle: « L’esprit du Seigneur, l’Éternel, est sur moi, car l’Éternel m’a oint pour porter de bonnes nouvelles aux malheureux? » C?est alors que j?ai commencé à travailler bénévolement dans un centre de réhabilitation pour toxicomanes. Cependant, j?étais triste car je sentais que j?atteignais rapidement mes limites et que je n?arrivais pas à faire plus.

J?avais toujours rêvé d?aider les plus pauvres en Afrique et je suis donc partie faire un stage de 3 mois sur ce continent. Ces 3 mois m?ont permis de me rendre compte que j?avais le mal du pays et que je n?étais pas faite pour travailler à l?étranger. Mais ils m?ont également permis de découvrir ce qu?est la pauvreté extrême : de nombreux malades, souvent nu-pieds, et de nombreux nourrissons mourants. Et pourtant, nous ignorons tout de cela en Suisse. J?ai demandé à mes amis africains comment ils faisaient pour s?en sortir. Ils me racontèrent l?histoire d?une femme malade qui n?avait pas d?argent pour se soigner. « Nous avons prié Dieu pour lui demander ce à quoi nous pouvions renoncer. Malgré notre aide, seule la moitié de la somme fut réunie. » Cela s?avéra malgré tout suffisant car le prix fut négocié à la baisse. A quand remonte la dernière fois où j?ai agi de la sorte ? Ils prient souvent pour de l?argent et Dieu veille. J?acquis la conviction profonde que je ne pouvais pas continuer à vivre comme avant.

 

Des conteneurs pour l?Afrique

De retour en Suisse, je me suis sentie déprimée car j?avais perdu le sens que j?avais donné à ma vie, celui d?aider les pauvres. C?est à ce moment que mon chemin croisa celui d?un vieil homme qui s?était jusqu?alors occupé du transport de conteneurs vers l?Afrique et se sentait à présent trop vieux pour continuer. Il me demanda si je souhaitais poursuivre son travail. Je répondis par l?affirmative. L?image suivante fut source de motivation pour moi : je me voyais devoir traverser un fleuve en marchant sur des pierres posées au fond. Et Dieu me disait: « Je t?accompagne mais c?est à toi d?oser faire chaque pas ».

C?est ainsi qu?arriva le moment du premier transport: 1,5 tonnes de matériel médical qui devait « immédiatement » être expédié. Mais je n?avais ni le temps ni l?argent pour m?en occuper. Je rencontrai alors un autre homme d?un certain âge dont le passe-temps était d?organiser le transport de conteneurs. Je n?avais qu?à l?aviser 4 jours à l?avance et il prenait gratuitement en charge l?ensemble de la logistique.

En outre, les partenaires africains réclamèrent un générateur d?électricité. Je ne savais même pas de quoi il s?agissait. Deux jours plus tard je reçus un appel téléphonique où l?on me demandait si j?avais besoin d?un générateur, valeur à l?état neuf CHF 20’000 ! En fin de compte, ce transport put se dérouler quasiment sans accroc.

 

cukup : une expérience

En 2005, je pris part à la Conférence du Jeûne Fédéral 2005 du PEV. Dans l?hôtel de luxe Olten, les discussions tournaient autour au thème « Défi pauvreté ». Moi et plusieurs autres jeunes présents étions passionnés par le sujet mais nous nous demandions comment agir concrètement. Nous avions beau avoir la volonté de faire quelque chose, nous étions conscients de dépendre de notre société. A travers la prière, l?idée nous est venue de mener une expérience : vivre pendant un an le plus simplement possible (avec un « budget de nécessité ») et redistribuer le reste.

Ce projet s?avéra plein d?événements inattendus : lorsque nous décidâmes, par exemple, de ne pas partir en vacances pour économiser de l?argent, on nous prêta gratuitement une maison de vacances de 20 places. Lorsque mon vélo se cassa, quelqu?un m?offrit un vélo 21 vitesses que je n?aurais jamais acheté moi-même.

Il fallut ensuite s?occuper du deuxième transport de conteneur, deux fois plus important que le premier. Tous les frais furent couverts car une amie m?indiqua que la DDC payait l?intégralité du transport de matériel militaire réutilisé à des fins humanitaires. Et lorsque, prise par mon travail de médecin assistant, je n?arrivai plus du tout à trouver le temps de préparer ce transport, le voisinage tout entier vint me donner un coup de main. J?aimerais encourager tout le monde à s?aventurer sur le chemin de la miséricorde vécue.

Défis

Je dois avouer que j?ai souvent atteint les limites de mes capacités et que le temps m?a plus d?une fois fait défaut. Grâce à la protection de Dieu, plusieurs accidents se sont avérés sans gravité. J?ai également rencontré des difficultés à l?hôpital car mes collègues avaient l?impression que je ne prenais pas suffisamment au sérieux mon travail. J?ai fini par chercher un poste ailleurs mais j?ai du essuyer plusieurs refus. Une collègue attira mon attention sur un médecin de campagne chrétien à qui j?ai donc envoyé une candidature spontanée. Toute tremblante et pleine d?hésitation, j?ai évoqué au détour d?une phrase mon engagement pour l?Afrique. Lors de l?entretien d?embauche, il commença tout de suite par me demander ce que cela impliquait. Lorsque je lui répondis que je cherchais un travail qui me laisse suffisamment de temps pour continuer à organiser des transports il se montra particulièrement intéressé et m?engagea à la condition que je poursuive avec les conteneurs !

 

Pour finir : de petits pas

En conclusion, je souhaiterais réitérer mon v?u de voir les Suisses se préoccuper moins de questions matérielles. Il y a des chrétiens sur cette planète qui luttent au quotidien pour leur survie. Je vous encourage à demander à Dieu comment vous pouvez agir sur ce sujet. De petits pas suffisent comme j?ai souvent pu le constater avec satisfaction. J?ai dit à Jésus : « Voici mes deux petits poissons. Prends-les ». Et il en a fait de grandes choses. Là où je ne me doutais de rien, Dieu est intervenu.

La prière, le silence et l?adoration ont été de grandes sources d?inspiration pour moi. J?y passe souvent des heures. Ce sont des moments qui me donnent du courage et me permettent d?aller de l?avant.

Rahel Röthlisberger

Transcription : Samuel Ninck

Traduction : Vincent Thonnart


Photo by Tanaphong Toochinda on Unsplash

~ 3 min

« D’où vient votre farine ? »

Samedi 21 avril, un Forum organisé par ChristNet et StopArmut a eu lieu à Berne. Il traitait du sujet « Partage équitable : chrétiens responsables ? Réponses personnelles, économiques et politiques à la pauvreté. »

Réponse personnelle : commerce équitable

Lors de son intervention, Peter Weidmann de teartrade.ch posa une question provocatrice : « Savez-vous d’où vient votre farine ? » Et d’y répondre aussitôt : « 60% de la farine qu’utilise mon boulanger vient de l’Inde. » Grâce à l’exemple du café il démontre que souvent les prix payés aux producteurs ne sont pas suffisants pour survivre. Il cite alors Jacques : « Vous n’avez pas payé leur juste salaire aux ouvriers qui ont moissonné vos champs. » (5.4) Selon lui, le commerce équitable traiterait le problème à la racine puisqu’on paierait ainsi « le juste salaire » aux plus pauvres, les paysans du sud. Ce qui, en plus, ne nous coûterait pas bien cher : si nous déboursons pour du café équitable un surplus de 20%, cela se traduirait pour le paysan par un dédoublement du montant reçu. En tant que consommateurs, nous aurions le pouvoir d’influencer par nos choix les grands groupes agroalimentaires et les grandes surfaces. « Nous partageons avec les plus pauvres du monde. Ce sont nos prochains » dixit Weidmann.

Réponse économique : la microfinance

Karl Rechsteiner, Oikocredit, montra, exemples à l’appui, comment des microcrédits de quelques dollars peuvent représenter l’apport nécessaire à la création de petites entreprises en Afrique et en Amérique du sud. C’est le cas de cette orpheline de 22 ans à Accra (Ghana) qui doit nourrir son frère et sa sœur. Grâce à une banque de microfinances, elle a pu ouvrir un salon de coiffure qui compte aujourd’hui 10 employés. Ou encore ce village dans les montagnes du Pérou où la création d’une usine de vinaigre artisanal devint ainsi possible. M. Rechsteiner appela les chrétiens et les Eglises à placer leurs réserves selon des critères éthiques et de préférer les instituts de microfinances ou les petites banques locales aux grandes banques.

Réponse politique : des règles justes pour le commerce international

Markus Meury, coordinateur de StopArmut et membre de ChristNet, releva le déséquilibre politique du commerce international. D’une part, les pays pauvres n’auraient pas les ressources pour obtenir les informations et les conseils nécessaires lors de négociations d’accords commerciaux. D’autre part, la libéralisation continue du commerce international nuirait à l’économie de ces mêmes pays puisqu’elle ne serait pas assez forte pour être exposée à la concurrence internationale. D’ailleurs les économies américaine, européenne et asiatique aussi se seraient d’abord construites à l’abri de la concurrence. M. Meury appela la Suisse d’abandonner sa politique des intérêts propres afin de promouvoir des règles du commerce international qui sont en faveur des pays les plus faibles.

Limites du partage

La table ronde fut introduite par Christian Waber, conseiller national UDF, qui soutint qu’au vu des dettes de la Confédération à hauteur de 133 milliards de francs, on ne pouvait pas dire que la Suisse était dans le superflu, mais plutôt dans une consommation au-dessus de ses moyens. Il a été répondu qu’en Suisse le revenu moyen était de 400 fois plus élevé que dans les pays pauvres.

Un participant suggéra que la meilleure réponse à la pauvreté serait la conversion des cœurs et la promotion des valeurs chrétiennes. On y répondit : « Il faut l’un et l’autre : un engagement spirituel et pratique ; nous pouvons acheter équitable, placer notre argent dans des institutions de microfinance et nous engager pour des règles du commerce international plus justes. » La discussion vive fut appréciée pour sa franchise et son ton constructif.

Une participante se réjouit : « Ce Forum fut pour moi une découverte : maintenant je sais qu’à travers mes achats quotidiens je peux faire une différence. »

 

ChristNet est un Forum chrétien traitant du social, de l’économie, de l’environnement, de la culture et du développement. En vue des élections nationales 2007, ChristNet lance une pétition qui demande au Conseil fédéral de placer le partage au centre de la politique suisse (www.assez-pour-partager.ch).

StopArmut2015 est la campagne de l’Alliance évangélique suisse pour promouvoir la réalisation des objectifs du millénaire de l’ONU et travaille depuis plusieurs années afin que les chrétiens s’engagent à combattre la pauvreté dans le monde. En Suisse romande, la campagne s’appelle StopPauvreté.

~ 3 min

Samedi 21 avril, un Forum organisé par ChristNet et StopArmut a eu lieu à Berne. Il traitait du sujet « Partage équitable : chrétiens responsables ? Réponses personnelles, économiques et politiques à la pauvreté. » Ce Forum s’inscrit dans le cadre de la pétition de ChristNet « Assez-pour-partager.ch » et d’une semaine d’action de StopArmut.

Des experts se prononcèrent sur le commerce équitable, la microfinance et les règles du commerce international. « Il faut tout : au niveau personnel, acheter équitable et placer notre argent dans des institutions de microfinance, au niveau politique nous engager pour des règles justes du commerce international. » Tel fut le résumé d’un participant.

 

Berne, 22.4.07 – Hier un Forum organisé par ChristNet et StopArmut a eu lieu à Berne. Il traitait du sujet « Partage équitable : chrétiens responsables ? Réponses personnelles, économiques et politiques à la pauvreté. » 45 participants suivirent les interventions d’experts sur le commerce équitable, la microfinance et les règles du commerce international. Enfin, une table ronde avec la participation d’une voix critique permit d’approfondir les limites du partage.

Peter Weidmann de teartrade.ch montra par l’exemple du commerce du café que les prix payés aux producteurs ne suffisent souvent pas pour survire. Selon lui, le commerce équitable traiterait le problème à la racine puisque le prix payé correspondrait « au juste salaire » (Jacques 5.4) des plus pauvres, les paysans du sud. « Nous partageons avec les plus pauvres du monde. Ce sont nos prochains » dixit Weidmann.

Karl Rechsteiner, Oikocredit, montra, exemples à l’appui, comment des microcrédits de quelques dollars peuvent représenter l’investissement nécessaire à création de petites entreprises en Afrique et en Amérique du sud. M. Rechsteiner appela les chrétiens et les Eglises à placer leurs réserves selon des critères éthiques et de préférer les instituts de microfinances aux grandes banques.

Markus Meury, coordinateur de StopArmut et membre de ChristNet, releva le déséquilibre politique du commerce international qui donnerait un pouvoir énorme aux pays du nord. Il appela la Suisse d’abandonner sa politique des intérêts propres afin de promouvoir des règles du commerce international qui sont en faveur des pays les plus faibles.

Enfin, la table ronde avec Christian Waber, conseiller national UDF, permit d’élucider les limites du partage. Nous ne pourrons pas partager à l’infini, mais nous pouvons nous engager là où nous sommes : aux niveaux personnel, économique et politique. Tel fut la conclusion d’une discussion vive et franche. Une participante se réjouit : « Ce Forum fut pour moi une découverte : maintenant je sais qu’à travers mes achats quotidiens je peux faire une différence. »

Ce Forum eut lieu dans le cadre de la pétition ChristNet « Assez-pour-partager.ch » qui demande au Conseil fédéral de placer le partage au centre de sa politique. Pour StopArmut, ce Forum s’inscrit parfaitement dans sa campagne afin de réduire la pauvreté dans le monde de moitié d’ici 2015.

ChristNet est un Forum chrétien traitant du social, de l’économie, de l’environnement, de la culture et du développement.

StopArmut2015 est la campagne de l’Alliance évangélique suisse pour promouvoir la réalisation des objectifs du millénaire de l’ONU et travaille depuis plusieurs années afin que les chrétiens s’engagent à combattre la pauvreté dans le monde. En Suisse romande, la campagne s’appelle StopPauvreté.

Contact

ChristNet. Samuel Ninck, 022 733 50 83. samuel.ninck@christnet.chwww.ChristNet.ch

StopArmut. Matthias Stürmer, 031 371 80 87. matthias.stuermer@stoparmut2015.chwww.stoparmut.ch ¦www.stoppauvrete.ch

~ 3 min

Résumé de l’après-midi

Dans l’introduction de cet après-midi, Pierre-André Wagner a mentionné que l’égalité n’a pas encore été atteinte. La répartition des rôles entre hommes et femmes a perdu sa raison d’être. Des ressources qui ne doivent pas rester inutilisées. L’égalité entre les femmes et les hommes est inscrite dans la Constitution fédérale, mais elle ne correspond pas à la réalité. Les femmes ne jouissent pas de l’égalité des droits. Nous vivons dans le patriarcat. C’est une question de valeurs. Les hommes ont un certain rôle et un certain statut. Ils sont la norme.

Les femmes ont également fait l’objet de discriminations au sein de l’église. L’église est le reflet de la société dans laquelle elle vit. Cela contredit certaines affirmations importantes de la Bible. Deux des messages les plus importants de Jésus sont la liberté et l’amour. La liberté et l’amour sont contraires à l’inégalité. Notre foi est une foi individualiste. Il est aliénant de vouloir imposer des modèles à un groupe de personnes. Cela n’est pas conforme au commandement de l’amour. L’église a absorbé ce phénomène de l’environnement. a rendu cela à la société. Toutefois, son mandat est différent. Il s’agit de prendre un chemin différent. C’est notre chance.

Cette seule contribution a suscité quelques questions. D’où vient le patriarcat ? Pourquoi Dieu est-il masculin dans la langue vernaculaire ? Pouvons-nous nous passer de rôles ? Comment les rôles naissent-ils ? Les rôles sont-ils négociables ? Il ressort clairement de la discussion que de nombreuses personnes ne sont pas sensibles à l’évolution des rôles. Une loi ne change pas la réalité. Les rôles assurent également la sécurité.

Christian von Fellenberg a été le premier à prendre la parole et à s’intéresser aux femmes dans la Bible. Il a présenté quelques figures féminines et a souligné leur rôle important. Parmi les femmes citées, il mentionne Myriam et son rôle. Il a souligné qu’il était permis à Marie de devenir le vaisseau terrestre qui pouvait porter le salut du monde, le Christ. C’est à la croix que les femmes attendent le plus longtemps. Ils ont été les premiers sur la tombe. Ils ont été les premiers à parler de Jésus aux Juifs (Actes 1.14).

Il y a des aspects culturels dans la Bible. Qu’est-ce qui souligne à la pensée de l’égalité ? Pourquoi les hommes ont-ils peur des femmes ? L’une des choses mentionnées comme étant menaçantes est la capacité des femmes à faire des compromis.
Le dialogue est nécessaire. Façonner la société ensemble. Le thème de la réconciliation entre les hommes et les femmes est abordé.

Dans son intervention, Renate Wegmüller a mis en lumière la situation juridique et politique des femmes. Elle a expliqué le long cheminement vers le suffrage des femmes en Suisse (1918-1971) et a donné des informations sur la situation des femmes en Suisse aujourd’hui. Sa conclusion : l’amélioration de la situation des femmes stagne. Des progrès ont été réalisés, mais les partis bourgeois, en particulier, ne font pas leur travail en matière de partage du pouvoir entre les femmes et les hommes. Elle a distribué des propositions de mesures visant à améliorer cette situation insatisfaisante. Pour avoir une réelle influence en politique, une représentation de 35 à 40 % est nécessaire. Les préparatifs pour les élections du Conseil national en octobre 2007 sont déjà en cours. Les femmes doivent formuler leurs demandes avec clarté et insistance.

Elisabeth Geiser a parlé de son point de vue en tant que femme de famille. Elle a défendu le point de vue des enfants, qui n’ont pas beaucoup de lobby. Les enfants ont besoin de temps pour absorber et mettre en œuvre leurs impulsions. Les enfants apprennent beaucoup par le mouvement.

Après chaque contribution, des discussions ont été engagées. Cette journée impressionnante s’est terminée par une communauté de prière. Il faut espérer que le sujet continuera à se répandre.

~ 7 min

Exposé tenu lors du ForumChristNet « I.D. Suisse » le 15 juin 2002 à Berne.

Le concept de « nation »

1. Introduction

Qu?est-ce qui fait de moi un Suisse ? Mes origines, ma mentalité, ma langue, mon histoire, mon orientation politique ? J?aurais en effet beaucoup à dire, même si j?ai des origines allemandes. C?est dans cette Suisse aux multiples facettes que j?ai choisi de vivre et de m?engager. Je veux être intégré dans ce pays, m?en sentir responsable.

2. Le concept de « nation »

On appelle nation une association de personnes réunies par un même mode de pensée et un même comportement, donc potentiellement capables d?autodétermination politique et en manifestant la volonté. Ce concept a pris une dimension politique d?abord en Occident au 19è siècle, pour ensuite gagner le reste du monde à partir du 20è siècle.

Au travers de son histoire et de sa constitution politique uniforme, la Suisse s?est forgé un solide sentiment d?identité nationale : elle comprend quatre « nations linguistiques », est très attentive aux différences existant aussi bien au niveau régional que communal, et elle a fort bien su consolider le processus de prise de décision démocratique. La Suisse est une « nation volontariste ».

Le concept de nation revient environ 700 fois dans la Bible, où il désigne les « peuples ». Il s?agit de grandes communautés constituées de familles, de tribus ou de clans qui avaient un passé commun. Ainsi on parlait encore de « nation » au Moyen-Âge, et même sous l?empire austro-hongrois, qui était alors un Etat composé de plusieurs nations. A noter que dans la Bible, le terme employé pour nation (ou peuple) est goi (goijim au pluriel) alors que le terme ?am est réservé à Israël, le peuple élu.

3. Le nationalisme:

Les idéologies nationalistes visent à défendre, renforcer et démarquer l?identité nationale, ressentie comme unique. Ce repli sur soi, visant à consolider la cohésion interne, exclut même les minorités vivant à l?intérieur du pays. Les idéologies nationalistes peuvent revêtir différentes formes en fonction du contexte historique, politique et socio-économique. La branche des sciences politiques fait notamment la distinction entre nationalisme culturel, politique, économique et religieux.

J?ai pu constater que certains chrétiens à tendance nationaliste s?identifient souvent à Israël. Je ne partage pas ce point de vue, pour les raisons suivantes :

·       Aux yeux de Dieu, Israël est le peuple élu de Dieu, le peuple No 1. Les « nations » viennent donc en 2è position, et cela est donc également valable pour la Suisse.

·       Etant membres « des nations », nous ne pouvons pas appartenir au peuple d?Israël (sauf si nous pouvons justifier des origines juives). Par contre nous sommes un en Christ avec les croyants d?Israël.

·       Israël n?est pas notre patrie, que nous devrions récupérer d?une façon ou d?une autre. La terre d?Israël fait partie de la promesse que Dieu a faite à Abraham, le père de la nation (1 Genèse 15 :18 « En ce jour-là, Dieu conclut une alliance avec Abraham en disant : Je donne ce pays à ta descendance ; depuis le fleuve d?Egypte jusqu?au grand fleuve, l?Euphrate. »)

·       D?ailleurs même Israël n?a aucun droit sur son pays. C?est un cadeau de Dieu, et il pourrait très bien le lui reprendre s?il y voyait le moyen d?atteindre son but : ramener son peuple à lui.

·       En tant que Suisses, nous ne pouvons pas vivre dans l?illusion d?être le pays No 1 ou d?en faire partie.

·       Dans Zacharie 8:23, nous lisons: « En ces jours-là, dix hommes de toutes les langues des nations saisiront un Juif, ils le saisiront par le pan de son vêtement et diront : Nous irons avec nous, car nous avons appris que Dieu est avec vous ». Dans cette prophétie, je retrouve cette tendance qu?ont certains chrétiens à s?identifier à Israël.

L?héritage de la Réforme

·       Les réformateurs ont incontestablement marqué la politique, et ce à l?échelle mondiale.

·       Martin Luther a clairement défendu sa position devant la Diète de Worms en présence de l?Empereur. Un homme politique l?a ensuite mis en sécurité.

·       Ulrich Zwingli a été pendant plusieurs années conseiller auprès du gouvernement zürichois. Il mourut lors de la 2è Guerre de Kappel.

·       Jean Calvin a fortement marqué Genève, jusque dans l?organisation de la vie publique et par ses valeurs éthiques. Ses activités ont d?ailleurs eu des répercussions considérables aussi bien en Angleterre qu?en Amérique ou en Europe de l?Est.

·       A Berne, la Réforme a été l?occasion tant attendue qui a permis au gouvernement de se soustraire de l?influence de Rome et de s?approprier certains territoires, notamment l?Oberland bernois.

·       Après la Réforme, l?Allemagne a longtemps conservé le principe politique voulant que le pouvoir en place détermine la confession.

Les Eglises libres

·       Pendant la Réforme, les baptistes furent mis sous pression parce qu?ils refusaient de se soumettre à la politique et à la confession prédominante. Nombre d?entre eux furent expropriés, mis à mort ou chassés.

·       Autour de 1831, Berne instaura peu à peu un gouvernement progressif. Les cercles aristocratiques durent se retirer de la politique et s?engagèrent alors dans le mouvement piétiste, qui devint une « Evangelische Gesellschaft » (une société évangéliste).

·       Vers 1880 commencèrent les grandes campagnes d?évangélisation, qui permirent à de nombreuses personnes de trouver un sens à leur vie en la remettant à Dieu.

Les amis d?Israël

·       Ils s?identifient nettement à l?actuelle Israël du Proche-Orient sur le plan national.

·       Le fait qu?ils proviennent de différent mouvements d?opposition aux Eglises dominantes expliquent leur tendance au repli sur soi (à l?image des Pharisiens vivant au temps de Jésus). Cela les rapproche de la tradition judaïque, qui s?est montrée nettement isolationniste au cours de l?Histoire.

La Suisse

·       Fondation en 1291 sur la prairie du Grutli.
Le Pacte commence ainsi : « Au nom du Seigneur. C’est accomplir une action honorable et profitable au bien public que de confirmer, selon les formes consacrées, les mesures prises en vue de la sécurité et de la paix ? Les décisions ci-dessus consignées [?] devront, si Dieu le permet, durer à perpétuité.»
Il est frappant de voir qu?à cette époque, dans les campagnes entourant le Lac des Quatre Cantons (qui étaient alors en plein bouleversement), on arriva à un accord politique de façon autonome et en rupture complète avec les autorités. Ce dernier devait « durer à perpétuité». A en croire les spécialistes cela était exceptionnel pour l?époque. Au fil du temps, ce « pacte d?urgence » sommaire devint une confédération, c?est-à-dire que les différents territoires se regroupèrent peu à peu en Etats ayant une visée politique commune.

·       Au 19è siècle, suite à la réorganisation de la vie publique par Napoléon Ier une confédération moderne vit le jour. C?est aux 18è et 19è siècles, sous l?influence des Lumières, qu?on développa et instaura les principes démocratiques et libéraux, mettant ainsi à pied d?égalité les différentes confessions du christianisme. Dans les milieux politiques et religieux, la notion de tolérance fit son chemin. Cela explique pourquoi il n?y eut plus de guerre de religion après 1848. Même les Eglises libres, dont les membres étaient encore fortement réprimés vers 1700, obtinrent le droit de s?organiser librement.

Notre identité en Christ

·       Notre identité chrétienne se trouve en Jésus-Christ seul (cf. Gal. 2:20 : « Ce n?est plus moi qui vis, c?est Christ qui vit en moi ; ma vie présente dans la chair, je la vis dans la foi au Fils de Dieu, qui m?a aimé et qui s?est livré lui-même pour moi » [Version Segond révisée])

·       Face à cette identité première, mon identité suisse (celle de mon passeport) est secondaire, c?est un adiaphore. Que je sois Turc, Juif, Palestinien ou Suisse, cela vient après le fait que nous sommes tous un en Jésus-Christ (cf. Gal. 3:28 : « Il n?y a plus Juif ni Grec, il n?y a plus esclave ni libre, il n?y a plus ni homme ni femme, car vous tous, vous êtes un en Christ-Jésus »). C?est cela notre véritable identité. C?est pourquoi il est inutile d?accorder trop d?importance à la nationalité. Seule notre foi en Jésus-Christ nous permet de savoir ce que nous pouvons apporter au monde et aux nations en tant que Suisses.
Dans certaines circonstances, l?adiaphore prend une signification majeure, c?est-à-dire qu?il devient le moyen d?exprimer notre confession de foi. Il se pourrait donc qu?un jour notre appartenance à Jésus-Christ se manifeste au travers de notre nationalité suisse. C?est par exemple le cas dans un pays purement islamique dans lequel il est interdit de montrer la croix suisse.

·       Phil. 3:20-21 : « Pour nous, notre cité est dans les cieux ; de là nous attendons comme Sauveur le Seigneur Jésus-Christ, qui transformera notre corps humilié, en le rendant semblable à son corps glorieux par le pouvoir efficace qu?il a de s?assujettir toutes choses ».
Ce passage parle de « l?au-delà » de notre citoyenneté. « Les cieux » sont le but de l?Histoire, la terre promise, le lieu où le Père règne éternellement. Nous y avons notre place. Notre identité nationale est également comprise dans l?expression « corps humilié ».
Le pasteur allemand Dietrich Bonhoeffer (résistant sous le régime nazi) parlait des « dernières » et « avant-dernières choses », autrement dit ce qui est décisif par rapport à ce qui est secondaire. Les « dernières choses » représentent l?appartenance à Dieu qui garantit notre citoyenneté céleste. Quant aux « avant-dernières choses » comprennent entre autres notre appartenance à un peuple, une région ou une race. Les « avant-dernières choses » précèdent donc les « dernières ».

·       2 Cor 5:17 : « Si quelqu?un est en Christ, il est une nouvelle créature. Les choses anciennes sont passées ; voici : toutes choses sont devenues nouvelles.»
« Les choses anciennes » incluent la nation en tant que fondement pour projets, nos choix et nos actions. ? « Les choses nouvelles », c?est le fait d?être ouvert à ceux qui pourraient nous déranger ou nous faire peur, à savoir le faible, l?étranger ou l?Autre.

·       ChristNet a la lourde tâche de redéfinir sur ces bases l?identité suisse.

Bibliographie

Hans Küng, théologien catholique suisse vivant en Allemagne. A publié en 1991 à l?occasion du 700e anniversaire de la Confédération le livre « Die Schweiz ohne Orientierung? Europäische Perspektiven ». La vision d?un avenir possible. (P. 91ss.). (Benziger-Verlag 1992).

Scott MacLeod, musicien et écrivain, responsable d?un groupe chrétien faisant du travail de rue à Nashville, Tennessee, Etats-Unis. « Le lion de lumière. Une parole pour la Suisse. » (Editions Schleife, Winterthour : 2001).

Werner Ninck, juin 2002

~ 2 min

Conférence au ChristNetForum « I.D. Suisse » le 15 juin 2002 à Berne.

Le nationalisme – un grave danger pour les Suisses (chrétiens)

  • Confusion des termes : certaines traductions de la Bible parlent de nations (peuples). Cependant, la Bible ne parle pas d’états terrestres. Il s’agit d’une évolution du XIXe et du XXe siècle.
  • Si une nation se considère comme « le peuple élu de Dieu », des « effets secondaires » non chrétiens peuvent se produire (par exemple, légitimation de l’isolement, politique d’asile restrictive). À cette « élite » s’ajoute un récit mythifié du passé.
  • Calvinisme et prospérité Evangile : La richesse nationale est comprise comme une bénédiction de Dieu. Cependant, cette pensée abuse du nom de Dieu et de la Bible et promeut une théologie narcissique et antisociale ou une politique prétendument « chrétienne ».
  • Le nationalisme peut difficilement percevoir la culpabilité ; le « Rapport Bergier » est rejeté par les nationalistes comme une attaque. Ici, la Bible nous met en garde :

« Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous séduisons nous-mêmes, et la vérité n’est pas avec nous » 1 Jean 1:8.

  • Dans un effort pour préserver notre pays « chrétien », les chrétiens tombent souvent dans l’intolérance et la xénophobie (par exemple envers les musulmans).

Conséquences : Notre identité en Jésus-Christ

En tant qu’êtres humains, nous avons sans aucun doute besoin d’identité. L’identité me donne de la valeur, de la sécurité et de la dignité. L’identité « fait de moi une personne ».

En tant que chrétiens, cependant, notre identité ne doit pas être basée sur des choses comme la profession, le sexe, la race et la nationalité.

« Il n’y a ni Juif ni Grec, il n’y a ni esclave ni homme libre, il n’y a ni homme ni femme, car vous êtes tous un dans le Christ Jésus » (Galates 3:28)

Mon identité première est en Jésus-Christ. C’est-à-dire que je suis un enfant de Dieu bien-aimé et adopté (Galates 2:20). Ma « patrie » première n’est donc pas ici en Suisse, mais auprès du Père céleste (Notre Père qui est aux cieux !). De même que notre citoyenneté (cf. Philippiens 3:20).

  • En Jésus-Christ, nous recevons la vraie vie. Il est le Fils de l’Homme et le Fils de Dieu. Il a vécu en dehors de toute relation avec le Père céleste, malgré toutes les tentations et le rejet des hommes.
    En Jésus-Christ, Dieu nous donne une véritable identité.
    « Fait à l’image de Dieu » – « Je suis un enfant bien-aimé de Dieu ».
  • Identité réelle et confiance en Jésus-Christ : « JE SUIS … »
  • L’identité a la personne qui peut supporter ses fautes (avouer sa culpabilité).
  • L’amour authentique du prochain surmonte la peur.
  • Ceux qui considèrent la vie comme un don de Dieu restent reconnaissants, humbles et, par conséquent, généreux.
  • Nous ne devons pas simplement banaliser le nationalisme prétendument « chrétien ». La Suisse ne doit pas se fermer, mais doit devenir une bénédiction pour les autres !
~ 6 min

Exposé donné lors du ForumChristNet « I.D. Suisse » le 15 juin 2002 à Berne.

Introduction

Il existe un complexe de lois s?appliquant à l?étranger en Suisse, suivant sa situation personnelle et en fonction de sa nationalité.

Les étrangers ressortissant de l?union européenne sont soumis à l?ALCP (accord sur la libre circulation des personnes). Quant aux autres, ils sont soumis soit à la LSEE (loi sur le séjour et l?établissement sur les étrangers), soit à la LASI (loi sur l?asile).

L?accord sur la libre circulation des personnes ALCP

L?accord comporte un régime transitoire, contenant un système de contingentements et de préférences aux ressortissants suisses ou travaillant déjà en Suisse, avant que la libre circulation des personnes soit effective. Ce système évolutif devra durer 12 ans et ce n?est qu?au bout de la 13ème année que la libre circulation des personne sera introduite à titre définitif. Nous rappelons que la Suisse devra se prononcer dans 7 ans sur la reconduction de ces accords.

La principale ligne directive de cet accord est l?interdiction de discriminer une personne en raison de sa nationalité, de façon directe (« cherche travailleur suisse ») ou indirecte (accepter uniquement le diplôme délivré par une institution suisse). Les exceptions au principe de non-discrimination concernent: les droits politiques (éligibilité et droit de vote reconnus aux seuls ressortissants suisses), l?aide sociale et l?administration publique (les fonctionnaires doivent être de nationalité suisse, pour certaines fonctions).

L?étranger ressortissant de l?UE aura ainsi le droit d?entrer, de sortir et de séjourner librement en Suisse. Des limitations à ce droit ne pourront être imposées que pour des raisons d?ordre public, de santé publique ou de sécurité publique. Les personnes actives recevront une autorisation déclarative (ne fait que déclarer le droit), alors que les personnes passives (étudiants, malades, retraités) recevront une autorisation constitutive (sans celle-ci l?étranger n?a pas le droit de séjourner en Suisse). Les autorisations constitutives seront délivrées, si l?étranger apporte la preuve qu?il est couvert par un assurance maladie et qu?il a les ressources nécessaires pour vivre.

Le regroupement familial est admis de manière extrêmement large. Le mari chiapanais d?une française sera mieux loti que celui d?une suissesse en Suisse!

Loi sur le séjour et l?établissement des étrangers LSEE ? Loi sur les étrangers LEtr.

La LSEE « offre » actuellement 6 permis de séjour différents, soit les permis A, B, C, L, F, G. Tous les permis sauf le permis C sont des permis causaux, c?est-à-dire qu?il sont liés à une cause (place de travail, mariage, situation de détresse etc.) et qu?en conséquence, si la cause disparaît, le permis aussi. Actuellement c?est souvent le nombre d?année de permis A qui donne le B puis le C.

La LEtr., actuellement en discussion dans les Chambres fédérales est un projet de loi tendant à asseoir juridiquement la pratique de nos autorités en matière d?immigration. Ce projet, s?il est accepté – et il risque fort de l?être – sera soumis en votation si un référendum est lancé et abouti.

Cette nouvelle loi s?appliquera à tous les étrangers ne ressortissant pas à l?UE. Elle confirme le système binaire actuellement en vigueur. Soit pour être plus clair, il y a les « bons étrangers », les ressortissants de l?UE et les « mauvais », les autres, soit plus des 4/5ème de la planète.

L?autorisation de séjour ne sera octroyée au « mauvais étranger » que si aucun ressortissant de l?UE souhaite occuper le poste et si l?étranger est un spécialiste, car « l?admission des étrangers en vue de l?exercice d?une activité lucrative doit servir les intérêts de l?économie suisse ».

Les systèmes d?autorisation ne correspondront plus strictement aux permis A, B et C. Il n?y aura plus de transformation du permis A en B et ceci parce qu? « il ne faut pas stimuler au premier chef les intérêts économiques à court terme. Les dispositions légales devraient surtout éviter que l?entrée en Suisse des nouveaux étrangers en provenance des Etats tiers ne se traduise par une nouvelle vague d?immigration de main d?oeuvre peu qualifiée, présentant des problèmes accrus d?intégration. Il convient aussi d?éviter que les étrangers nouvellement entrés dans notre pays fassent une concurrence inopportune aux travailleurs en Suisse. (…) En outre, la politique d?admission doit favoriser une immigration qui n?entraîne pas de problèmes de politique sociale, qui améliore la structure du marché du travail et qui vise à plus long terme un marché du travail équilibré. »

Le travailleur pourra se déplacer d?un canton à l?autre. Il s?agit là d?une clause qui semble plus généreuse que le texte actuel, elle est là pour ne pas poser de problème à l?employeur suisse qui souhaiterai engager un étranger muni d?une autorisation de séjour dans un autre canton…

Le regroupement familial sera admis très restrictivement, le système actuel sera endurci au point que l?officier d?état civil pourra refuser de marier deux personnes s?il se doute qu?il s?agit d?un mariage en blanc (et vive l?arbitraire!).

Aspects répressifs de la LEtr

Les étrangers qui entrent en Suisse sans autorisation de séjour ou ceux qui ont reçu une réponse négative à leur demande de permis peuvent être détenus administrativement en Suisse, pour faciliter leur renvoi. Actuellement il existe 10?000 personnes détenues dont le seul crime est d?avoir voulu travailler dans notre si beau pays.

Et puis pour garder notre belle politique d?accueil, le projet de loi tend à renforcer les mesures de contraintes, dont plusieurs apparaissent aux yeux de certains comme contraire à la CEDH (Convention européenne des Droits de l?Homme), alors même que nous en sommes partie.

Jusqu?alors, la détention en vue du refoulement suite à une décision de non-entrée en matière ne pouvait avoir lieu que s?il existait un risque d?insoumission à la décision de renvoi, dans le projet, la décision de non-entrée en matière suffit. La détention en vue du refoulement sera également possible en cas d?absence de papiers valables et si ce sont les autorités qui se chargent de récupérer ces papiers, ce qui constitue une lacune du droit actuel… La détention en vue du refoulement sera en outre possible s?il existe un risque de fuite (ce qui existe déjà), en particulier en l?absence de collaboration pour l?obtention des documents de voyage (encore une lacune du droit actuel), ainsi un comportement passif peut engendrer une détention administrative.

Il y a lieu de préciser encore que si le renvoi est possible dans les 8 j. l?étranger peut renoncer à la procédure orale (procédure juridique où il est entendu). Or pour renoncer à un tel droit, il faudrait premièrement qu?il comprenne la langue du document et secondement qu?il connaisse le droit suisse, pour savoir à quel droit il renonce, ce qui n?est à l?évidence, pour la majorité des étranger, pas le cas.

En bref, il nous semble que ces mesures sont complètement disproportionnées, contraires à la CEDH et ne font que renforcer le sentiment d?injustice de l?étranger en Suisse.

Femmes migrantes et réfugiées

Cela n?étonnera personne, la femme est encore plus discriminée que l?homme, lorsqu?elle est migrante ou réfugiée en Suisse. Premièrement il n?y a aucune disposition légale qui tienne compte de la situation particulière de la femme. Elle est toujours au bénéfice d?un permis causal, il est rare qu?une femme d?un Etat tiers vienne en Suisse pour des études ou parce qu?elle est une spécialiste dans un domaine professionnel pointu. Elle obtient donc généralement son permis grâce à celui de son mari, avec le travers qu?elle préféra être battue plutôt que divorcer et retourner dans un pays où elle n?aura pas les moyens économiques de vivre.

Elle est aussi discriminée en matière d?Asile de façon indirecte. En effet, il n?est pas entré en matière sur une demande d?Asile, si le requérant ne fournit pas de papier d?identité, or la femme des pays du Tiers Monde n?a que rarement des papiers d?identité. De même la femme qui accueille des révolutionnaires met en jeu sa vie autant que celui qui se réclame d?une opinion dissidente dans un régime totalitaire, mais elle ne serait pas considérée comme étant en danger en raison d?agissements politiques, et n?obtiendra pas l?Asile, au contraire du militant qui aura fait part de son opposition au régime en vigueur.

Voilà en quelques mots, même si trop nombreux pour n?être qu?un résumé, pour ébaucher mon opinion sur nos prétendus bras ouverts aux étrangers. Sans pouvoir proposer de solutions concrètes face aux problèmes réels liés à l?émigration, je ne puis qu?encourager à rejeter clairement cette loi,. qui me paraît précisément contraire à la CEDH, soit inhumaine.

Chloé Bregnard, juillet 2002