Author: Élisabeth Rupp, fondatrice et directrice de l’association Perla, membre de l’Eglise apostolique CityLife à Vevey.
Qu’est-ce qui nous motive à nous lever chaque matin ? Quelle force nous pousse à aller de l’avant ? Cette question m’habite lorsque je pense aux grands de ce monde qui ont consacré leur vie à réaliser leurs convictions ou que je regarde les grandes réalisations de l’histoire et celles encore en cours. En ce temps de pandémie où tous nos repères sont bousculés, cette question se fait encore plus pressante. Nous pourrions être tentés de baisser les bras, en attente de la fin du monde, ou douter qu’il vaille la peine de se battre vu les forces qui prévalent, telles que l’argent et l’égoïsme.
Une vie motivée par la recherche du bonheur
Il y a deux perspectives majoritaires concernant le but de la vie, d’après le philosophe américain Charles Taliaferro, spécialisé dans la théologie et la philosophie de la religion1 : les croyants chrétiens, juifs et musulmans estiment que Dieu étant bon, ce que nous faisons et entreprenons doit refléter cette bonté de Dieu. C’est l’éternel combat entre les forces du bien et du mal. D’un autre côté, la majorité des athées ou de ceux qui ne croient pas aux valeurs objectives du bien, considèrent que le sens que l’être humain donne à sa vie lui permet de s’épanouir et de découvrir le bonheur. Ces deux perspectives se rejoignent dans un élément fondamental : la vie a un but et ce dernier est relié au bien et au bonheur.
Dans la Bible, voici à ce sujet ce qui en jalonne sa lecture et qui confirme la thèse ci-dessus : En Genèse 1 :31, « Dieu vit tout ce qu’il avait fait et voici, cela étfait très bon ». Dans Marc 10 :45, Jésus déclare qu’il est venu pour « donner sa vie en rançon pour la multitude ». Et finalement Paul nous dit en Philipiens 3 :14 : « Je cours vers le but pour remporter le prix de l’appel céleste de Dieu en Jésus-Christ ». Chacun de ces textes nous encourage à vivre notre vie dans un but céleste, en pratiquant le bien et en recherchant à manifester ce qui est bon.
L’audace comme agent de réussite !
Le travail de SOS Méditerranée est exemplaire pour nous encourager à ne pas laisser les difficultés de la vie nous arrêter dans notre mission terrestre : malgré les entraves occasionnées par les enjeux politiques de la question de l’asile des réfugiés en Europe, ce qui leur a coûté leur premier bateau Aquarius en 2018, cette association n’a pas baissé les bras et s’est montrée extrêmement tenace dans son combat pour sauver des centaines de personnes dérivant à l’antre de la mort entre l’Afrique et l’Europe. Son audace consiste à avoir cru à sa mission et à avoir déployé tous les moyens possibles pour la réaliser : Une large communication sur la gravité de la situation de ces immigrants, ce qui leur a permis d’obtenir un nouveau bateau en 2019 et des soutiens étatiques. Quel modèle inspirant pour nous chrétiens, appelés aussi à être persévérants pour manifester le royaume de Dieu sur terre (Math. 11 :12), et qui manquons pourtant souvent de la force et du courage nécessaires !
Chers lecteurs, j’aimerais vraiment vous encourager à considérer le sens de votre vie. Votre présence sur terre, bien que peut-être peu de choses dans la frise du temps, n’est pas vaine. Se plaindre et broyer du noir ne servent pas la mission que nous a confié notre Créateur. Peut-être ne le savez-vous pas, mais je suis moi-même à la tête d’un mouvement, pour l’instant certes d’une faible amplitude, qui lutte pour l’abolition de la traite humaine dans le monde. Son nom est Perla. Parfois, devant l’immensité de la tâche et surtout la taille du géant combattu, je serais tentée de tout abandonner. En effet, de nombreuses forces nous opposent, que ce soit l’argent, les cartels de la drogue, la passivité des milieux politiques ou la corruption à tout niveau. Et pourtant. L’appel de Dieu, nous poussant à dénoncer cette injustice, me suffit pour me donner du courage de jour en jour. Ne sommes-nous pas sel et lumière sur terre ?
Avec Dieu à nos côtés
Pourquoi est-ce que l’audace nous fait tant peur ? craignons-nous de manquer d’humilité ? D’être arrogants en croyant pouvoir changer le monde ? Le dire, c’est déjà démontrer le contraire. En effet, Jésus a combattu le mal sur la croix, et sa victoire éclatante, mais à quel prix, en fait de nous les héritiers. Les sacrifices d’une vie consacrée à un tel combat vont clouer l’orgueil qui pourrait se manifester en nous. Par ailleurs, soyons honnêtes : ce qui nous paralyse est bien plus la peur de nous lancer dans l’inconnu ou de ne pas être à la hauteur. Le regard de l’autre finit de nous décourager d’entreprendre quoi que ce soit. Ainsi, au lieu d’associer l’audace à des notions négatives, rappelons-nous que celle-ci est tout d’abord l’expression du courage et de la foi. Le premier nous est donné par Dieu (2 Tim. 1 :7), alors que la seconde nous permet de déplacer les montagnes.
Martin Luther King l’a résumé ainsi : « Je veux être [assis au côté de Jésus] dans l’amour, la justice, la vérité et le dévouement à autrui, pour que nous puissions faire de ce vieux monde un monde nouveau. » 2
Alors, prêt pour l’aventure ?
1. www.askphilosophers.org/question/4453
2. https://kinginstitute.stanford.edu/king-papers/documents/drum-major-instinct-sermon-delivered-ebenezer-baptist-church, traduction par l’auteure du présent article.
Tribune parue sous la rubrique « Regards » dans Christ Seul (mensuel des Eglises évangéliques mennonites de France), n° 1117, mars 2021, www.editions-mennonites.fr.
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