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Entraver le secours porté à une personne en danger est punissable selon le Code pénal suisse (Art. 128). La décision du Conseil fédéral de ne pas autoriser le navire humanitaire Aquarius à naviguer sous pavillon suisse à joué un rôle décisif dans sa mise en arrêt d’activité. Ainsi se retrouvent des milliers d’êtres humains privés de secours. l’Aquarius a sauvé jusqu’ici 29’000 vies humaines. Le Conseil fédéral se rend ainsi corresponsable d’un grand nombre de morts.

On nous fait entendre que la question nécessite une solution au niveau de l’Europe entière. C’est effectivement le cas, mais il s’agit d’une visée à long terme, et d’ici qu’on l’atteigne nombreux sont celles et ceux qui mourront noyés. On entend même dans certains cercles qu’il y aurait ainsi une diminution des tentatives de traversées de la mer s’il devient attesté que la plupart meurent durant le trajet. Mais voulons-nous vraiment sacrifier à Dieu des milliers de ses créatures dans le but que moins d’étrangers viennent à nous? Il est permis d’émettre des doutes sur le Pacte de Marrakech qui vise à interdire aux pays des limitations de la migration pour motifs économiques. Nous avons le droit de décider d’accueillir uniquement les réfugiés victimes de guerre et de persécution. Mais cela nécessite d’examiner les situations de ces personnes, et non de les laisser mourir en mer. Pouvons-nous tolérer d’infliger la mort pour cause d’avoir cherché plus de bien-être ? Et considérer les réfugiés politiques morts comme des « dommages collatéraux », parce qu’il y avait également des réfugiés économiques avec eux ?

Dans Matthieu 25, Jésus nous dit sur quelle base nous serons jugés : non pas sur quelque chose de mal que nous aurions faite, mais sur le bien que nous avons accompli envers les plus petits de nos frères (il y a par ailleurs de nombreux chrétiens parmi les personnes noyées). Sami, un de mes voisins érithréens, a tout juste pu échapper de la mort par noyade grâce à l’action d’un navire humanitaire. Il flottait alors sur l’eau, inconscient. La plupart de ceux qui partageaient son embarcation sont décédés.

Nous appelons donc le Conseil fédéral à changer sa décision, et à empêcher ainsi qu’il y ait encore davantage de morts dans la Méditerranée.

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Le décès, en décembre dernier, de la jeune strasbourgeoise Naomi Musenga, 22 ans, après qu’une opératrice du SAMU ait pris son appel à la légère a causé beaucoup de bruit et eu nombre répercussions : enquêtes, manifestations publiques, mea culpa de la part l’opératrice, démission du directeur du SAMU strasbourgeois. Des répercussions largement causées et amplifiées par le soupçon de discrimination associé à cette affaire : l’opératrice aurait-elle en effet agi différemment – en transmettant l’appel à un médecin, comme elle aurait dû le faire au vu des types de douleurs décrites – si Naomi ne s’était pas appelée « Musenga », si elle n’avait pas été une femme ?

 

Injustices épistémiques

Certaines voix se sont ainsi élevées pour dénoncer les méfaits du « syndrome méditerranéen », biais de perception rencontré chez certains professionnels de la santé qui tendrait à considérer les expressions de douleur comme exagérées chez leurs patients originaires du sud. Que le spectre de ce triste syndrome hante encore ou non les couloirs des établissements hospitaliers, difficile à dire. En revanche, une chose est certaine : la voix des minorités, quelles qu’elles soient, continue à avoir moins de poids, à porter moins loin. Non seulement on les « entend » moins, mais, qui plus est, on leur accorde moins de « crédit ». La sociologue américaine Miranda Fricker qualifie « d’injustice épistémique testimoniale » la situation des personnes dont le témoignage n’est pas pris au sérieux du fait qu’elles appartiennent à groupes marginalisés ou en raison des stéréotypes et autres préjugés associés au groupe dont elles font partie.

 

Empowerment christique

Ces discriminations et leurs effets potentiellement mortifères doivent continuer de nous émouvoir. Ne blindons pas nos cœurs, ne fermons pas nos oreilles… Oui, mais comment (ré)agir à notre échelle ? Certains, à l’image des représentants du mouvement ATD Quart Monde, ont choisi de contribuer à renforcer la voix des « sans-voix » : en facilitant leur accès au savoir et en les aidant à se penser et à se vivre comme des êtres pensant et donc à se faire reconnaitre/à s’imposer comme tel… Un magnifique exemple d’empowerment christique. D’un point de vue individuel, que dire à part, encore et toujours, se laisser imprégner et transformer par l’exemple du Christ… Pauvres, femmes, vieillard, samaritains, supposé-e fou/lle : aucune des personnes qui ont croisé Sa route n’ont eu besoin de sortir un porte-voix pour faire entendre et reconnaitre leur voix. Vers chacune d’entre elles, il a tendu l’oreille, ouvert Son cœur, incarnant ainsi Ses célèbres paroles prononcées lors du sermon sur la montagne : « Heureux les doux car ils hériteront la Terre, heureux les pauvres car le Royaume des Cieux est à eux » (Matthieu.5 3-4)

Tribune parue sous la rubrique « Regards » dans Christ Seul (mensuel des Eglises évangéliques mennonites de France), n° 1090, août-septembre 2018, www.editions-mennonites.fr.

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Samuel Ninck-Lehmann, co-fondateur et ancien coordinateur de ChristNet, co-auteur de La Suisse, Dieu et l’argent (éd. Je sème), revient sur une approche chrétienne de gérer l’argent. 1

Richesse et pauvreté : le principe de l’égalité

A de nombreux endroits, la Bible parle de l’argent, de richesse et de pauvreté. Depuis des millénaires, l’argent existe et la Bible ne ferme pas ses yeux sur cette réalité humaine. Cependant, Dieu ne préfère pas la richesse à la pauvreté ou vice versa. Il a une prédilection pour les gens. Et parmi les gens, il chérit particulièrement les pauvres. C’est pour cela que Jésus, en venant sur Terre, « s’est dépouillé lui-même » (Philippiens 2.7) et est né dans une étable.

Dans la Bible, l’argent, qui fait partie d’une prospérité intégrale englobant tout l’être humain – relations, santé mentale, physique, spirituelle, biens matériels… –, n’est pas une fin en soi, mais un moyen. Quant à Jésus, il nous le présente comme un maître qui demande notre obéissance totale : « Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon » (Luc 16.13). A nous de maîtriser l’argent et de l’utiliser d’une manière qui réponde au commandement de l’amour (Luc 10.27).

Comment donc aimer Dieu, nous-mêmes et notre prochain avec notre argent ? Selon Paul, c’est le trop-plein des uns qui doit servir à combler le manque des autres et vice versa : « Il n’est pas question de vous réduire vous-mêmes à l’extrémité pour que d’autres soient soulagés, il s’agit simplement de suivre le principe de l’égalité… » (2 Corinthiens 8.13). La prospérité des uns prend donc tout son sens si elle est utilisée pour lutter contre la pauvreté des autres. A contrario, la pauvreté des autres peut trouver un certain sens lorsqu’elle permet de susciter la générosité des uns.

Faire confiance à un Dieu qui pourvoit

La Bible parle d’un Dieu qui pourvoit. Elle raconte des histoires dans lesquelles Dieu montre sa fidélité, aussi dans le domaine matériel. Pensons au peuple d’Israël dans le désert : chaque jour, il reçoit assez pour manger. Evidemment : si Dieu a créé le ciel et la terre et qu’il nous aime et veut que nous allions bien, il se souciera aussi de notre bien-être matériel.

C’est dans ce contexte que Jésus dit : « Ne vous inquiétez pas de ce que vous mangerez pour vivre, ni de ce dont vous habillerez votre corps » (Matthieu 6.28). Si Dieu pourvoit, nous sommes appelés à lui faire confiance. Cela nous libérera de nos peurs, en particulier de la peur de manquer. Il est notre défi de soigner cette relation confiante avec Dieu, autrement dit de chercher son royaume et sa justice. Il pourvoira alors à nos besoins, même matériels. Cherchons donc des situations dans lesquelles nous sommes obligés de faire confiance à Dieu.

Des grâces et de bénédictions à partager

Nous vivons dans une société de surabondance : selon l’Office fédéral de la statistique, un Suisse sur deux gagne plus de Fr. 6’502.-. Sur cette base, le comparateur des revenus en ligne « Global Rich List » permet de déterminer notre position en comparaison mondiale : la moitié de la population suisse fait partie du 0,31% les plus riches du monde. Dans le village global, nous vivons donc dans le coffre-fort de la banque !

Quant à l’origine de notre richesse, elle est ambigüe : n’est-il pas vrai que notre fortune est, entre autres, due à notre exploitation des ressources dans les pays du Sud ? à la fuite de capitaux d’autres pays, en particulier pauvres, vers nos banques ? la pollution engendrée par la fabrication des produits de notre luxe ? au gaspillage et au consumérisme érigé en religion de nos sociétés « développées » ? C’est ce pouvoir inique que Jésus dénonce lorsqu’il parle des « richesses injustes » (Luc 16).

D’ailleurs, la Bible nous met en garde, en soulignant que notre richesse comporte une part de malédiction : celle d’avoir déjà goûté aux plaisirs de l’abondance (Luc 6.24) et d’être éloignés du Royaume de Dieu. Pensons à la parole de Jésus concernant le chameau et le trou d’aiguille (Luc 18.25). Nous sommes mis devant le défi de détacher activement notre cœur de l’argent et de nous attacher à Dieu et à notre prochain, entre autres, par le partage de notre temps, de notre amour, de nos compétences et… de nos biens matériels.

Pas de pauvres parmi nous ?

Encore faut-il que nous soyons prêts à partager. Ceci est étroitement liée à notre capacité au contentement : lorsque je suis content avec un certain budget, le surplus qui m’est donné est libéré pour une autre utilisation. Paul savait être content : « Je sais vivre dans la pauvreté et je sais vivre dans l’abondance » (Philippiens 4.12). Le plus grand obstacle au contentement est l’envie et la jalousie : nous nous comparons à ceux et celles qui sont mieux lotis que nous-mêmes. Cette tendance humaine est grandement renforcée, dans notre société, par la publicité et le culte des célébrités.

Afin de fortifier notre esprit de contentement, rappelons-nous que nous ne pourrons rien « emporter du monde » (1 Timothée 6.7), pratiquons la reconnaissance de ce qui nous est confié, établissons un budget de base qui couvre nos besoins élémentaires en décidant que cela nous suffit et en étant prêts à renoncer au surplus. Jésus invite plusieurs personnes à tout vendre et à le donner aux pauvres. Par là, il fait écho au commandement biblique de base concernant l’utilisation des biens matériels : « En fait, il ne doit pas y avoir de pauvres parmi vous » (Deutéronome 15.4).

Implications sur la politique

La France a le cinquième PIB au monde, et la Suisse se situe au 10e rang mondial. Depuis 1990, le PIB par habitant a plus que doublé. Nous devenons donc toujours plus riches ! Cependant, la pauvreté persiste : env. 10% des Suisses adultes ont de la peine à joindre les deux bouts et, en France, les aides sociales ont coûté EUR 755 milliards en 2016 tout en laissant beaucoup de gens pauvres.

Et que donc penser du fait qu’au niveau mondial, 50% de la population détient moins que 1% de la fortune? Certes, le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté a fortement diminué (1981-2012 : de 1100 à 147 mios.). C’est un sujet de reconnaissance. Mais trop de personnes restent dépendantes d’une aide extérieure pour pouvoir simplement vivre.

Dans ce contexte, la Suisse et la France ont de la peine à mettre en place des politiques de redistribution qui permettraient un rééquilibrage: au niveau national, les politiques de baisses d’impôts et d’austérité grèvent les budgets du social, de l’éducation et de la santé publique. Au niveau international, l’aide publique au développement est sous pression : au lieu de s’approcher des 0,7% du PIB prônés par l’ONU pour éliminer la pauvreté, celle-ci a baissé, en Suisse à son plus bas niveau depuis 2013 (0,46%).

Voilà de vrais défis pour les chrétiens: comment être témoins de Jésus, amis des pauvres ? Commençons par aborder le sujet dans nos Eglises et de soutenir des pétitions qui traitent de ces questions. En tant que citoyens, les chrétiens peuvent poser la lutte contre la pauvreté comme critère lors des élections. De même, lorsque nous votons sur des sujets touchant à la politique fiscale ou la coopération internationale. Pour cela, il est essentiel de s’informer. Quant aux politiques chrétiens, prions pour leur engagement sans compromis en faveur du principe de l’équité. Pour que notre « surplus serve à combler le manque des autres ».

Lectures

  • La Suisse, Dieu et l’argent, dossier Vivre n° 36, Je sème, St-Prex, 2013.
  • Roser Dominic, Suffisance – Réflexions sur une gestion chrétienne de l’argent. ChristNet, Genève, 2007.
  • Jacques Blandenier, Les pauvres avec nous, dossier Vivre n° 26, Je sème, Genève, 2006.
  • www.stoppauvrete.ch – mouvement évangélique de lutte contre la pauvret

1. Article paru, légèrement modifié, dans Christianisme aujourd’hui, juillet-août 2018, sous le titre « Un portefeuille géré à la lumière de la Bible » (pp. 18-19).

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Qu’est-ce que la vérité ?

La vérité, c’était le thème du dernier Forum « Que de l’intox ?! » de ChristNet le 11 novembre dernier. L’éthicien et théologien Michäel Gonin (HET-Pro) nous a proposé le texte téléchargeable ci-dessous comme base de réflexion. Voici un aperçu du contenu que l’on peut y trouver.

Michaël Gonin cherche à ressortir la richesse du sens de vérité dans les textes bibliques, au-delà de la compréhension classique d’un discours offrant une description adéquate de la réalité. Cette vision n’est pas fausse note l’auteur, mais insuffisante au regard de la vision biblique. Dans cette perspective, la vérité n’est pas le résultat d’un consensus humain, mais correspond avant tout à la vision de Dieu. Les êtres humains sont appelés à la chercher et à se l’approprier. Cependant, dans la Bible, il est souvent parlé de « faux-prophètes » qui s’expriment au nom de la vérité pour plaire aux puissants, mais détournent ainsi le peuple de la volonté de Dieu. La mission prophétique est alors de dire la vérité, et si elle dérange souvent, avant tout elle libère. Dans la perspective biblique, la vérité est ainsi toujours reliée au service de l’autre, à l’amour, et à la recherche de la justice.

 

Mais au coeur du développement de l’auteur, c’est la nature même de cette vérité qui est présentée, à savoir Jésus, Dieu qui s’est révélé en tant qu’être humain. Il n’est alors plus possible de concevoir la vérité comme un système de pensée, car elle ne peut se découvrir qu’au travers d’une relation vécue dans la confiance. C’est ainsi, note l’auteur, que le christianisme offre une vision de la vérité qui devrait mettre à l’abri d’une posture identitaire : nous ne possédons pas la vérité, mais nous témoignons de la vérité que nous avons découverte à travers notre relation au Christ.

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Quatre thèses suite au ForumChristNet « Que de l’intox !? » du 11 novembre 2017 à Bienne. Il s’agit d’une base de discussion sur notre site web et sera adapté ces prochaines semaines.

Pour participer à la discussion, merci de poster un commentaire en fin de document.

1. La vérité, c’est aimer véritablement.

Etre vrai signifie être sincère et fiable. C’est une condition préalable aux relations véritables. Si nous partons de l’idée que, de toute façon, les autres mentent, la relation n’est pas possible, mais seulement le retrait, la désillusion et une attitude de franc-tireur. En Suisse, la peur de l’égoïsme des autres domine (GfS-Angstbarometer). Nous nous méfions donc de notre prochain. Cela nous pousse à nous isoler des autres et à nous comporter de manière égoïste sur le plan personnel et social.

La vérité est donc décisive pour les relations, personnelles et sociales ! Paul écrit : « [L’Amour] ne se réjouit pas de l’injustice, mais il se réjouit de la vérité » (1Co 13:6).

2. La vérité, c’est écouter avec discernement.

La recherche de la vérité n’est pas seulement individuelle, mais aussi un travail d’équipe. Elle se fait dans l’échange et dans la confrontation avec d’autres points de vue. Les médias sociaux et les technologies de l’information ont donné lieu à un flot d’informations sans précédent. Bien que la diversité des sources se soit accrue, le grand volume fait que nous devenons de moins en moins critiques à l’égard de l’information. Dès lors, nous privilégions ce qui nous arrange.

Normalement, ce sont les informations qui confirment notre vision du monde dont nous devrions vérifier l’exactitude tout particulièrement. Ceci est aussi vrai pour les informations « chrétiennes ». Paul nous dit : « Examinez tout et retenez ce qui est bon. » (1Th 5:21).

3. La vérité dérange.

Affronter la vérité demande du courage, parce qu’elle peut changer notre façon de penser et nos idéologies. Ce n’est pas aisé pour nous humains. Nous aimons croire ce qui correspond à nos convictions. Or, la publicité en ligne et les médias sociaux nous poussent toujours plus à vivre dans une « bulle sociale » qui éludent les opinions surprenantes, voire antagonistes. Cela vaut également pour de nombreuses bulles « chrétiennes ». Nous avons donc besoin de gens qui sont prêts à se laisser déranger, mais aussi à déranger les autres avec nos conclusions.

Être dérangé exige l’humilité de reconnaître que notre savoir et notre connaissance sont partiels (1Co 13:9). A de nombreuses reprises, Jésus nous encourage à « changer d’attitude », et Paul nous invite à renouveler nos pensées (Romains 12:2).

4. Les chrétiens devraient être des spécialistes de la vérité.

Les chrétiens sont idéalement placés concernant la vérité: ils devraient être particulièrement bien équipés pour promouvoir et revendiquer la vérité. Ils connaissent l’amour inconditionnel de Dieu (thèse 1), ils vivent la communion (thèse 2) et ils vivent la conversion (thèse 3).

Paul nous appelle : « omportez-vous donc comme des enfants de la lumière car ce que produit la lumière c’est tout ce qui est bon, juste et vrai » (Ep 5,8).

Chrétiens, faites donc quelque chose de courageux !

En tant que chrétiens, nous voulons endosser cette position de « spécialistes de la vérité ». Nous voulons apprendre à aimer le monde véritablement, à quitter notre bulle, à écouter ceux qui ont un autre avis, à nous laisser déranger dans notre vision du monde et à déranger les autres.

Interpellé-e ? Ton opinion sur ces thèses nous intéresse.

Tu peux participer à la discussion en postant un commentaire ci-dessous ou en nous écrivant un mail : info@christnet.ch.

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Partager un bon repas est un bienfait pour le corps et l’esprit. Qui n’en conviendrait pas? Manger, c’est aussi recevoir ce qu’il nous faut pour vivre. Cependant c’est le jeûne qui nous réapprend à apprécier ce don de la Création et à en jouir avec modération. Le jeûne, c’est un choix autodéterminé qui nous donne des impulsions pour développer un style de vie et une économie solidaire, empreints de contentement.

«Jeûner face à la crise politique». Voici le titre d’une semaine de jeûne qui a eu lieu fin mars et a réuni un groupe de personnes de divers horizons à l’Eglise mennonite de Berne (Suisse), en collaboration avec ChristNet. En tant qu’animatrice de temps de jeûne avec accréditation médicale, je constate que le jeûne, tout en procurant du repos à notre système digestif, rend notre esprit plus libre et réceptif. Il nous permet d’être à nouveau attentifs aux choses que nous ne voyions plus, aux mots et aux odeurs… Tous nos sens se réveillent et nous rendent sensibles à nous-mêmes, à notre environnement, à nos prochains. Le jeûne casse des comportements bien rodés et nous invite à essayer quelque chose de nouveau qui fait du bien à nous-mêmes et aux autres.

Ce qui se passe dans le monde

C’est exactement l’état qu’il faut pour regarder de plus près et sans œillères, ce qui se passe dans le monde. Ne sommes-nous pas tous inquiets face à ces hommes forts, avides de pouvoir, tout en étant embrouillés dans la violence et la corruption? Ces hommes qui exercent (à nouveau) une force d’attraction apparemment irrésistible? Et non seulement des hommes: des femmes aussi empruntent le chemin du populisme pour obtenir le pouvoir. Comment est-il possible que des personnes qui proposent un programme politique basé sur l’exclusion, le racisme et l’appropriation illégitime puissent gagner des élections? Que pouvons-nous faire?

Volonté de résister…

Démêler les racines de ce problème est très complexe et, lors de notre semaine de jeûne… non, nous n’avons pas trouvé de réponses et de solutions toutes faites. Mais nous avons trouvé la volonté de résister. C’est dans la résistance non-violente que la beauté et le potentiel créatif de l’humanité brillent le plus fort. Pour cela, il nous faut, d’une part, cheminer et prier ensemble afin de rester dans la cible. Il nous faut, d’autre part, nourrir notre conscience au quotidien afin de trouver des pistes concrètes, comme par exemple choisir un mode alimentaire qui ne nuise pas à nos prochains du Sud.

… dans le silence et la lenteur

Dieu manifeste sa puissance en tant que force de création, de vie, d’amour et de bienveillance. Il crée la vie dans le silence et la lenteur. De la même manière, nous voulons exprimer notre résistance face aux puissances et aux autorités par la foi, l’amour et l’espérance. Tel pourrait être le bilan de cette semaine de jeûne.


[1] Tribune parue sous la rubrique « Regards » dans Christ Seul (mensuel des Eglises évangéliques mennonites de France), n° 1075, mai 2017, www.editions-mennonites.fr.

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80% des évangéliques blancs ont voté en faveur de Donald Trump aux élections américaines de novembre 2016. Comment l’expliquer ?

Un vote systématique

Aujourd’hui, la grande majorité des évangéliques, cette frange majoritaire du protestantisme américain, vote systématiquement pour le candidat républicain aux élections présidentielles. Il faut revenir à la présidence de Jimmy Carter (1977-1981) pour comprendre l’origine de ce phénomène : démocrate, baptiste du Sud (Southern Baptist Convention, conservatrice la plus grande dénomination protestante des USA) il mène sa campagne en 1976 avec beaucoup de citations de la Bible et l’affirmation qu’il est né de nouveau. Lui-même est enseignant à l’école du dimanche, activité qu’il n’a d’ailleurs jamais cessée. En novembre 1976, il est élu avec un fort soutien des protestants évangéliques, notamment du Sud. Le magazine Newsweek déclare l’année en cours celle des évangéliques, eux qui auparavant, étaient restés en retrait de la politique pendant des décennies. Pourtant, pour cette population, Jimmy Carter se révélera trop proche au mouvement des années 60.

La contre-culture des Sixties

Ces années-là sont aussi appelées les années de la contre-culture. Les percées dans les droit-civiques pour les Afro-Américains, la contestation de la guerre du Vietnam, les mouvements beatnik et la culture musicale associée (comme Woodstock, comprenant également l’usage de drogues), l’émancipation des femmes, la révolution sexuelle, tous ces éléments, malgré les aspects positifs reconnus par tous comme le combat des descendants d’esclaves pour leur intégration complète dans la société, vont amener des inquiétudes au sein de la frange de tendance conservatrice de la population dont font partie la majorité des évangéliques. Billy Graham, référence dans cette famille chrétienne même s’il n’est, lui-même, pas réellement conservateur et qu’il a soutenu Martin Luther King, verra un risque de déstabilisation de la société américaine derrière l’activisme du mouvement des droits-civiques. On peut aussi parler du contexte d’opposition au communisme dans la société en général du moment que ces mouvements de changement tendent vers la gauche

Concernant l’éthique sexuelle, le mouvement des années 60 déclenche une banalisation progressive de la sexualité hors mariage, de l’avortement, de l’adultère, du divorce, de la pornographie, de la prostitution, de l’homosexualité et du transsexualisme.

Pas les mêmes priorités

Jimmy Carter va se révéler passablement proche de ces mouvements dans le domaine de la famille en soutenant le féminisme, la redéfinition des rôles dans le couple, le laxisme moral dans le domaine sexuel, dont l’homosexualité et l’avortement contre lesquels il n’entreprend pas assez au goût des conservateurs.

D’un autre côté, il est totalement acquis aux droits-civiques et à la lutte pour la justice sociale. Ceci contrairement à la majorité des évangéliques blancs qui, dans ce domaine, suivent le mouvement plutôt par la force des choses que par une conviction profonde. Plus précisément, les élites baptistes blanches sont favorables au changement à la différence de leur base. Carter, quant à lui, cherche à introduire par la contrainte, la fin de la ségrégation dans les écoles privées blanches du Sud (souvent évangéliques) réticentes au changement.

La droite chrétienne

Dès 1979, le mouvement de la droite chrétienne se constitue dont un des objectifs est de porter désormais le soutien évangélique systématiquement aux candidats républicains, en premier lieu Ronald Reagan. Son objectif : contrer l’évolution de la société et des chrétiens qui ne font que la suivre. Ce mouvement apparaît parallèlement au mouvement conservateur dans l’Eglise catholique menée par Jean-Paul II qui est une réaction à la théologie de la libération et aux positions libérales de la hiérarchie romaine aux USA.

Le mouvement de sécularisation qui s’amorce aux Etats-Unis va dans l’autre sens dynamiser les églises évangéliques, qui vont rentrer dans un militantisme intensif pour sauvegarder l’identité traditionnelle affirmée de leur pays. Dans les années 1970–1980 le nombre de leurs membres va dépasser pour la première fois celui des Églises modérées. En effet, celles-ci ont en bonne partie accompagné le mouvement de relativisation de la foi chrétienne dans la société. Apparemment, l’humanisme, l’accent sur les valeurs et la réflexion de transformation de la société tendent à affaiblir la foi lorsqu’ils ne sont pas accompagnés d’une vie spirituelle active.

Le succès des Républicains

Sur le plan politique, le mouvement de la droite chrétienne conduira à une victoire éclatante des Républicains aux élections de 1980 (Ronald Reagan), confirmée lors des deux élections suivantes (Reagan et Bush père).

Par la suite, les deux victoires du démocrate Bill Clinton, considéré par beaucoup de conservateurs comme un homme des Sixties, va entraîner par retour de manivelle celle de George W. Bush porté au pouvoir en 2000. En 2004, 75% des évangéliques (blancs), et 56% des catholiques, votent en faveur de Bush fils. Ces valeurs sont sensiblement les mêmes que celles qui ont porté Donald Trump à la présidence.

Ce dernier réussit, entre autres, grâce à une campagne populiste attirant l’attention des gens,  les médias lui consacrant énormément de temps de couverture ce qui se traduit en termes d’audimat et de profits. L’élection de Donald Trump s’explique également par ce support massif des évangéliques blancs et de leurs motivations.

Bibliographie

  • D W. Hudson, Onward Christian Soldiers, Threshold Ed., 2008 (catholique)
  • S. Fath, Militants de la Bible aux Etats-Unis, Evangéliques et fondamentalistes du Sud, Autrement frontière, 2004 (évangélique)
  • T. Mitri, Au nom de la Bible, au nom de l’Amérique, Labor et Fides, 2004 (Conseil Œcuménique des Eglises)
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Ces dernières semaines, les manifestations se sont multipliées en France, portées par différents mouvements, notamment les syndicats les plus radicaux et le collectif Nuit debout. Au fil des jours, la violence a monté crescendo et l’on a régulièrement entendu parler de déprédations et d’altercations musclées entre des membres des forces de l’ordre et des manifestants. Faisant résonnance à ces manifestations, les grèves ont fleuri, entraînant divers blocages.

Le feux aux poudres

L’étincelle qui a mis « le feu aux poudres » : la loi dite travail ou encore El Khomri du nom de la Ministre qui la porte. Cette contestation cristallise divers mécontentements et craintes par rapport à la situation professionnelle, sécuritaire et sociale de notre pays. Mais elle peut également être interprétée comme un sentiment de ras le bol face au trop plein de paroles. La radio, la télévision, Internet nous confrontent, en effet, quotidiennement à des flots de mots. Des mots pour légitimer, assurer une politique qui commence à prendre l’eau : la France va mieux. Des mots pour assommer, faire tomber l’adversaire. Pour se préparer à regagner les ors de la République lors des prochaines élections présidentielles : la France va mal.

Trop plein de paroles

L’usage des mots à des fins de pouvoir n’est-il pas le propre de toute communication, à fortiori politique ? A fortiori en France où la rhétorique est élevée au rang d’art et se pratique avec brio par les élites ?  Certes, le fait n’est pas nouveau. Toutefois, le paroxysme que l’on atteint aujourd’hui, le sentiment de décalage que l’on peut ressentir en entendant les duels quotidiens entre les acteurs politiques ne manque pas de nous interroger sur les potentielles dérives du rapport à la parole qui nous concernent tous.

Les proverbes au secours

Comment entretenir un rapport sain, sensé à la parole ? En tant que chrétiens, ne devrions-nous pas ouvrir une réflexion éthique et spirituelle sur le « bon usage des mots » ? D’ailleurs, qu’est-ce qu’une bonne parole ? Le livre des Proverbes nous donne quelques pistes :

Une bonne parole est vrai et juste : « Car ma bouche proclame la vérité. … [Mes paroles] n’ont rien de faux ni de détourné » (8.8). Elle est mesurée : « Celui qui retient ses lèvres est un homme prudent » (10.19). Elle nous préserve : « Celui qui veille sur sa bouche garde son âge. Celui qui ouvre de grandes lèvres court à sa perte » (13.3). Elle est apaisante : « Une réponse douce calme la fureur. Mais une parole dure excite la colère » (15.1).

Autant de préceptes qui nous invitent à réfléchir en tant que chrétien sur la façon de mener le débat et de porter une parole juste et mesurée, au sens de la Parole, dans le climat social surchauffé qui est le nôtre actuellement.

L’auteure

Béatrice Vatron-Steiner, sociologue, est collaboratrice parlementaire à l’Assemblée nationale à Paris. Elle est présidente de l’Association de soutien ChristNet.


Tribune parue sous la rubrique « Regards » dans Christ Seul (mensuel des Eglises évangéliques mennonites de France), n° 1067, juillet 2016.

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Le 28 février 2016, nous sommes appelés à voter sur l’initiative dite «de mise en œuvre». L’objectif des initiants, c’est de donner du poids à l’initiative «sur le renvoi» acceptée par le peuple le 28 novembre 2010, d’élargir la liste des délits conduisant à un renvoi1 et d’exclure toute dérogation pour les cas de rigueur.

D’un point de vue chrétien, ce projet est inacceptable, tant pour son contenu que pour sa forme.

Ne pas regarder l’apparence

L’initiative de mise en œuvre renforce le présupposé de base déjà présent dans l’initiative sur le renvoi qui veut que les étrangers soient punis plus sévèrement que les Suisses. La Bible, au contraire, souligne que tous les humains doivent être traités équitablement par les tribunaux; il ne faut pas les juger selon des critères externes, tel que leur nationalité. C’est ce que fait le roi Josaphat, quand il réorganise la jurisprudence: «Maintenant, que la crainte de l’Eternel soit sur vous. Veillez sur vos actes, car il n’y a chez l’Eternel, notre Dieu, ni injustice, ni favoritisme, ni acceptation de pots-de-vin» (2 Chroniques 19,7).

Les livres de sagesse confirment cette pensée: «Il n’est pas bien d’être partial dans un jugement.» (Proverbes 24,23). La situation spécifique des étrangers est traitée de manière extrêmement claire dans la loi de Moïse: «Il y aura une seule loi et une seule règle pour vous et pour l’étranger en séjour parmi vous» (Nombres 15,16). Il apparaît donc clairement que le contenu de l’initiative de mise en œuvre, tout comme sa sœur ainée, l’initiative sur le renvoi, est en contradiction avec une des valeurs bibliques fondamentales.

Être soumis aux autorités

C’est aussi formellement que l’initiative présente un problème d’un point de vue chrétien. Les initiants ont lancé leur initiative avant même la fin du processus législatif au parlement, lui reprochant de ne pas respecter la volonté du peuple. Ils auraient eu la possibilité d’attaquer le projet de loi par un référendum afin d’obtenir un nouveau projet. Ils mettent ainsi de côté le Parlement élu par le peuple. En outre, le texte de l’initiative prive les tribunaux de toute marge d’appréciation, en imposant une sévérité inconditionnelle sans aucune exception pour les cas de rigueur. Par là, les initiants dédaignent l’interaction salutaire entre les trois pouvoirs publics (le Conseil fédéral, le parlement et les tribunaux) et tentent d’imposer de manière absolue leur façon de voir à toutes les institutions.

La Bible nous met en garde contre une telle attitude de méfiance et de mépris envers les autorités. Paul écrit par exemple: «Que chacun se soumette aux autorités qui nous gouvernent, car toute autorité vient de Dieu, et celles qui existent ont été établies par Dieu» (Romains 13,1). Ce verset doit bien sûr être utilisé avec prudence, car on en a souvent abusé pour justifier l’oppression du peuple. Dans notre système politique actuel, nous pouvons interpréter cette soumission aux autorités comme un respect des institutions, ce qui implique la séparation existante des pouvoirs.

Un tel respect n’exclut pas une attitude critique envers les institutions, surtout quand elles servent à l’oppression des plus faibles, ni de faire pression pour produire des changements. En affaiblissant de manière détournée la séparation des pouvoirs, on ne sait pas quelle oppression l’initiative de mise en œuvre cherche à combattre. Elle crée plutôt de nouvelles injustices pour nos contemporains étrangers.

Vaincre le mal par le bien

Les commentaires des lecteurs des quotidiens en ligne montrent que cette initiative séduit en raison d’un sentiment largement répandu selon lequel «ceux qui sont vraiment coupables» ne sont pas punis et qu’ils tirent profit de notre système pénal pour vivre à nos dépens («tourisme criminel»2 ).

Il est vrai que notre système juridique, comme tout système humain, n’est pas parfait et qu’il y aurait beaucoup de choses à améliorer. Mais l’initiative ne change rien aux injustices existantes, elle en génère au contraire de nouvelles. Ainsi, par exemple, elle met le génocide et l’abus des prestations sociales sur un pied d’égalité et accepte qu’un père de famille qui a grandi ici soit renvoyé. A l’inverse, Paul nous exhorte: «Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais sois vainqueur du mal par le bien» (Romains 12,21). En tant que chrétiens, nous sommes appelés à discuter ouvertement des injustices de notre système et à apporter des propositions d’amélioration constructives.

Il convient aussi de se rappeler que Jésus s’identifie aux marginaux et aux exclus, par exemple dans la parabole du jugement dernier (les boucs et les brebis): «j’étais étranger et vous m’avez accueilli;… j’étais en prison et vous êtes venus vers moi» (Matthieu 25,35–36). Cette affirmation prend une signification toute nouvelle en relation avec l’initiative de mise en œuvre: Jésus ne nous rencontre pas seulement dans l’étranger, mais aussi dans l’étranger criminel (emprisonné). Pouvons-nous, qui sommes chrétiens, dans ces circonstances vraiment exiger que de telles personnes soient renvoyées, et en plus sans condition?

Aimer la vérité

Ce sentiment très répandu d’injustice repose souvent aussi sur de fausses informations. Ainsi, un sondage non représentatif sur le blog3 de Newsnet.ch montre que les participants surévaluent nettement la criminalité générale (Suisses et étrangers) par rapport à la réalité.4 Cela montre combien la peur est grande et à quel point ce problème est surestimé; la discussion se déroule trop souvent sur des bases éloignées des faits réels. En tant que chrétiens, «enfants de lumière», nous sommes chargés d’aimer la vérité et d’accepter les faits, même s’ils nous dérangent et ne correspondent pas à nos préjugés idéologiques.


1. L’initiative impose le même renvoi pour des délits aussi différents que le génocide, le viol, l’effraction, la possession de drogues et l’abus des prestations sociales.

2. Malheureusement, l’initiative n’offre justement aucun recours pour lutter contre le tourisme criminel. Celui qui n’habite pas ici et entre illégalement en Suisse pour commettre un délit n’a évidemment pas peur d’un renvoi.

3. «So kriminell sind Ausländer wirklich» (en allemand), blog.derbund.ch/datenblog/index.php/11293/so-kriminell-sind-auslaender-wirklich; consulté le 5.2.2016.

4. Proportion de Suisses et d’étrangers dénoncés: estimés par les lecteurs (Ø): 10,9% (Suisses), 16,4% (étrangers); valeur réelle: 0,7% (Suisses), 2,2% (étrangers); consulté le 5.2.2016.

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L’initiative populaire «Pas de spéculation sur les denrées alimentaires!» des Jeunesses socialistes veut limiter les spéculations boursières avec les matières premières agricoles et les denrées alimentaires. Seuls les acteurs travaillant directement avec les matières premières (producteurs, transformateurs, etc.), doivent pouvoir utiliser des produits financiers afin d’assurer les prix et les délais sur les matières premières et les denrées alimentaires. Dès 2013, ChristNet a promu ce sujet lors de la publication du livre «La Suisse, Dieu et l’argent»1 .

Les crises de la faim entre 2007 et 2008, ainsi que la flambée consécutive des prix des denrées alimentaires on plongé plus de 100 millions de personnes dans la faim. Beaucoup en sont morts. Un pourcentage considérable de la spéculation alimentaire est effectué depuis la Suisse, en particulier à Genève.

Même s’il n’est pas clairement établi à quel point ces mouvements spéculatifs ont contribué au déclenchement des crises alimentaires de ces dernières années, cette initiative populaire nous donne l’occasion de réduire ce pourcentage. Car une chose est claire: les personnes prévalent toujours sur le profit.

Ne nous laissons pas contaminer par la peur qui redoute la perte d’emplois ou de profits en cas d’acceptation de l’initiative.

Les raisons pour dire oui

  • Lutter contre la faim: les fluctuations des prix sur les marchés des matières premières ont des conséquences dramatiques sur les pays en voie de développement. Les personnes qui doivent utiliser entre 50 et 90% de leur salaire pour la nourriture tombent dans la famine. Chez les enfants, la malnutrition n’est pas un problème passager, mais engendre des dommages à vie. Une régulation plus stricte de la spéculation peut briser ces fluctuations excessives des prix.
  • Adéquat: de nombreuses études démontrent que les spéculations ont des effets négatifs sur la stabilité des prix des denrées alimentaires.
  • Comportement moutonnier: les spéculateurs boursiers ont tendance à un comportement moutonnier, ce qui renforce les fluctuations des prix. Dans le cas des denrées alimentaires, cela a, selon les circonstances, des conséquences particulièrement dramatiques dans les pays en voie de développement. C’est pourquoi les régulations pour les denrées alimentaires doivent être plus strictes que pour d’autres biens.
  • En cas de doute, favoriser les personnes: Lorsque les méthodes scientifiques ne peuvent répondre à la question de savoir dans quelle mesure la spéculation sur les denrées alimentaires affecte les prix, les intérêts de toutes les personnes concernées doivent être évalués. Il va alors de soi que les personnes souffrant de la faim prévalent sur les spéculateurs boursiers devant renoncer à des gains en capitaux.
  • Application réaliste: L’initiative est facilement applicable en n’engendre pas de bureaucratie. La différenciation entre la spéculation et le «hedging» (qui garantit les prix) est déjà aujourd’hui appliquée dans différents marchés.

1 Notamment au chap. 1.7 «On ne joue pas avec la nourriture!» (Pain pour le prochain) et chap. 1.6 «Les matières premières, un commerce juteux» (Benjamin Gräub). In: La Suisse, Dieu et l’argent. Dossier Vivre n° 36, Edititons Je Sème, St. Prex, 2013.