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Le vecteur central d’une politique chrétienne doit être de mettre en avant le bien-être des plus vulnérables. Cependant, les réductions d’impôts des 25 dernières années, qui ont principalement profité aux riches, ont réduit les ressources des plus vulnérables. Par exemple, des coupes ont été faites dans les subventions à l’assurance maladie, les centres d’intégration AI, la prévention d’addictions, etc. A l’inverse, les 1% les plus riches de la population suisse possèdent de plus en plus de la richesse totale, soit 43% aujourd’hui. L’augmentation de la richesse provient souvent des gains en capital. Il est donc légitime que les gains en capital soient imposés. Ou bien pensons-nous vraiment que ces sacrifices seraient encore plus grands que les sacrifices des plus faibles ? Des fonds supplémentaires sont nécessaires pour l’amour du prochain. Parce qu’en raison de la pandémie de Corona, les caisses publiques sont vides et les prochains programmes d’austérité sont à portée de main.

Avec l’amour de Dieu, l’amour du prochain est la loi la plus élevée de la Bible. Aimer son prochain signifie que l’on accorde au bien-être de son prochain la même valeur qu’au sien propre. Les membres les plus faibles de la société ont besoin de notre plus grande attention, comme l’explique de manière impressionnante la Bible dans des centaines de passages (voir https://christnet.ch/de/unser-umgang-mit-den-schwachen/). Car toutes les créatures de Dieu sont ses enfants, et nous devons les traiter comme tels. Cela signifie également qu’il faut partager suffisamment pour que leur manque soit comblé (par exemple, Deut. 15.7-8).

Les bas salaires ont stagné au cours des 20 dernières années. Et le salaire médian des employés n’a augmenté globalement que de 1 % au cours des 25 dernières années, malgré une croissance économique réelle de 30 % au cours de la même période.

Dans le même temps, les impôts des riches ont été réduits dans tous les cantons au cours des 25 dernières années, ainsi qu’au niveau fédéral, par exemple par la réduction de l’imposition des dividendes. Cela a laissé des trous dans les caisses de tous les cantons et de la confédération. Par mesure d’économie, les subsides aux primes d’assurance maladie, les aides au logement et les prestations complémentaires ont été réduites, et l’intégration des chômeurs et des bénéficiaires de l’AI a été affaiblie. En outre, des milliards ont été économisés dans les écoles, l’orientation professionnelle, la prévention des addictions et auprès des transports publics, et des hôpitaux ont été fermés (https://christnet.ch/fr/la-crise-fiscale/) . Ainsi, les ménages les plus pauvres, qui comptent un nombre supérieur à la moyenne d’enfants touchés, ont subi une pression encore plus forte.

Pour justifier les réductions d’impôts, on a fait valoir que cela stimulerait l’économie et générerait des emplois et des salaires plus élevés pour les pauvres (« trickle down »). Mais cela a échoué : les pauvres n’ont pas de meilleures opportunités d’emploi : le chômage n’a pas baissé, seulement dans les chiffres officiels. Ceux qui ne trouvent plus de travail se retrouvent maintenant tout simplement à l’aide sociale. Et les salaires les plus bas, même le salaire médian, n’ont pas augmenté non plus, tant aux États-Unis qu’en Suisse, malgré une croissance économique énorme. Le système ne fonctionne pas ainsi. L’écart croissant entre les riches et les pauvres dans le monde a été bien illustré par Oxfam dans un rapport, et même le WEF à Davos a abordé le sujet.

Mais pourquoi la population ne réagit-elle pas ? Le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz décrit ce phénomène dans son ouvrage « The Price of Inequality » : La plupart des gens ne sont même pas informés de l’ampleur de l’inégalité, et ceux qui ne veulent pas changer l’évolution actuelle ont le plus grand pouvoir de marketing de leur côté. Cela se voit aussi bien lors de la votation actuelle.

Il est donc urgent d’augmenter les recettes fiscales pour soutenir les plus vulnérables et leur donner des possibilités d’inclusion. En outre, il est prévisible que le secteur public devra faire de nouveaux exercices d’austérité en raison de la pandémie de corona. Mais nous ne pouvons pas dire que nous n’avons pas d’argent pour financer les services et la justice pour les plus pauvres. Par exemple, en Suisse, une voiture neuve sur deux est un SUV. On ne peut donc pas sérieusement dire qu’il n’y a pas d’argent ou qu’il est déraisonnable de partager un peu plus. L’initiative ne demande que l’annulation d’une partie des réductions d’impôts passées, et seulement pour celles qui ne font pas mal. Ici, nous devons garder un œil sur la proportionnalité : Est-ce plus douloureux de n’avoir que 25 000 francs au lieu de 30 000 francs par mois à sa libre disposition ou de ne pas avoir assez d’argent pour les vêtements et les fournitures scolaires des enfants ?

Nous avons maintenant la possibilité de faire beaucoup pour les plus faibles. Qu’est-ce qu’il y a de mal à ça ?

  • « Les riches paient déjà la majorité des impôts aujourd’hui ».
    Oui, c’est vrai, mais cela reflète principalement les énormes inégalités de revenus et de richesses. Et enfin, il faut voir la situation des individus : Est-ce qu’ils doivent payer de leur superflu ou de leur nécessaire? Cela rappelle l’offrande de la pauvre veuve (Luc 21) : aux yeux de Jésus, elle a donné plus que les riches.
  • « La Suisse a déjà une forte redistribution par rapport aux autres pays ».
    Non, le taux d’imposition, par exemple, est l’un des plus bas en comparaison internationale. Selon les chiffres de l’OCDE, les Suisses sont, parmi les pays industrialisés, ceux qui doivent payer la plus grande part des coûts de santé eux-mêmes. Enfin, une étude commandée par l’Administration fédérale des contributions en 2004 a révélé qu’en raison des réductions d’impôts pour les riches et des augmentations de taxes pour tout le monde, la Suisse a déjà un système « flat tax » : tout le monde paie un pourcentage similaire d’impôts sur le revenu : https://www.ecoplan.ch/download/wel_hb_de.pdf .
  • « La hausse d’impôt demandée détruit les PME et donc les emplois ».
    Non, il s’agit des plus gros patrimoines et revenus et donc à peine des emplois. Au contraire, les recettes fiscales garantissent également les emplois : La redistribution aux plus pauvres va directement dans la consommation du plus nécessaire et crée donc des emplois ! Joseph Stiglitz, en particulier, a prouvé qu’un écart élevé entre les riches et les pauvres est destructeur d’emplois.
  • « Attention au piège fiscal des jeunes socialistes ».
    En fait, il est dommage que l’initiative vienne des jeunes socialistes. Parce que c’est facile (bien que malhonnête) de se prendre à un petit groupe en marge du spectre politique au lieu de faire face au contenu. Ici, nous devons appeler à une discussion factuelle ! Le canton de Schwyz vient de démontrer qu’il est possible d’augmenter les impôts des plus riches. En effet, c’est le gouvernement lui-même qui a fait adopter par les urnes un seuil supplémentaire d’imposition pour les plus riches.
  • « Nous ne devons pas dépenser l’argent des autres qui a été gagné grâce à leurs efforts ».
    Les performances d’une personne ont souvent contribué à sa richesse. Pourtant, la plupart des gens font tout ce qu’ils peuvent et beaucoup d’entre eux n’ont toujours pas de quoi vivre. Dieu a évidemment distribué de manière inégale les dons qui peuvent être convertis en salaire. C’est pourquoi chacun a été appelé à partager. Car le système économique, tel qu’il a été démocratiquement mis en place, récompense avant tout la valeur marchande des dons et des capacités de performance. Mais cela exige aussi la solidarité avec les autres. Sinon, le système perd sa justification.

Photo de couverture : Déchirure de l’affiche de campagne

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« Tout est absolument vain dit l’Ecclésiaste, tout est absolument vain, rien n’a de sens », ainsi commence le célèbre livre de sagesse.

Peut-on rapprocher cette affirmation au sens de l’engagement en politique à travers le parcours d’une figure politique née il y a exactement un siècle ? C’est le défi dans lequel je me lance.

Alexandre Dubcek est né dans l’actuelle Slovaquie le 21 novembre 1921 de parents communistes idéalistes, conséquents avec leurs idées. Les Slovaques sont intégrés à un nouvel Etat créé à la fin de la 1ère guerre, la Tchécoslovaquie.

Après la prise de pouvoir par les communistes en 1948, Alexandre Dubcek gravit progressivement tous les échelons de la hiérarchie du parti communiste, à partir du niveau local jusqu’à devenir le premier secrétaire de l’Etat autonome slovaque. Son profil est celui d’apparatchik communiste suffisamment dans le rang pour ne pas être inquiété par les purges staliniennes opérées autour de 1950.

Les choses évoluent dans les années 60 car en tant que secrétaire du parti de Slovaquie, il développe une approche libérale dans cette partie de la Tchécoslovaquie.

Fin 1967 il conteste avec d’autres la gouvernance nationale autocrate d’Antonin Novotni par voie démocratique interne au parti et affirme le besoin en réformes dans le pays. Au péril de leur vie, une équipe de courageux responsables communistes parviennent à porter au pouvoir Alexandre Dubcek comme premier secrétaire en janvier 1968.

S’ensuit le Printemps de Prague, une période de libéralisation de la Tchécoslovaquie. A la fois sur le plan politique, des médias, de la culture et sur le plan économique, la société vit un réveil. Une renaissance de la société donne à croire que l’on peut concilier communisme et humanité.

Malheureusement ce vent d’oxygène détonne nettement dans l’empire totalitaire auquel le pays appartient, et après de multiples pressions et tentatives de dialogue, les armées soviétiques et d’autres pays sous leur tutelle envahissent le pays en août 1968. Dubcek et son équipe sont contraints de signer un accord qui enclenche un processus de retour à l’ancien régime. Il reste encore 8 mois au pouvoir dans une dynamique engagée de frein avant de céder la place à une nouvelle équipe qui applique en bon élèves les directives soviétiques. S’ensuivent 20 années appelées du sombre mot de ‘’normalisation’’. Dubcek se retrouve mis au banc de la société, toutes ses relations et ses faits et gestes sont contrôlés par la police politique.

Dès 1985, à la faveur du dégel du régime soviétique de Michaël Gorbatchev qui laisse les pays socialistes jusqu’alors sous entraves s’orienter librement, le Mur de Berlin tombe et quelques semaines plus tard, la Tchécoslovaquie prend le chemin de l’émancipation dans une dynamique d’enchaînement de manifestations appelée la Révolution de Velours.

Notre héros réformateur fait un retour spectaculaire sous les acclamations d’une foule immense en joie le 24 novembre 1989. Sorti du tombeau de la normalisation, il vit une résurrection.

Dans la démocratie enfin retrouvée en Tchécoslovaquie, Alexandre Dubcek deviendra président de l’Assemblée fédérale, soit 2ème dirigeant du pays derrière Vaclav Havel écrivain dissident devenu président de la République. Du socialisme démocratique qu’il incarne depuis la fin des années 60, il était rejeté pour la part démocratique en 1968, et dès 1989 c’est le mot socialisme à l’inverse qui ne colle pas à la société dominante. Il sera largement attaqué et discrédité comme ancien communiste et comme dirigeant ayant -pour ses détracteurs- capitulé lors de l’invasion de 1968 et la signature de l’accord sous contrainte avec les Soviétiques. Ce sera une nouvelle course avec un engagement corps et âme en hypothéquant sa santé, qui se terminera par un accident de voiture dont les blessures s’ajoutant à d’autres maux l’emportent en novembre 1992.

Salomon a pratiqué tous les aspects de l’engagement dans les affaires de ce monde, politiquement et économiquement. Christ a donné un mot d’ordre central dans son Evangile en parlant de prendre sa croix et perdre sa vie pour l’Evangile plutôt que gagner le monde entier (Marc 8,34). L’être, les motivations, le cœur, le profil, les aspirations sont le fondement d’une démarche pour le Royaume. Je n’ai pas d’information sur la spiritualité de Dubcek si ce n’est que sa morale trouvait sa source dans la tradition luthérienne et les principes de ses ancêtres mais il a adopté -comme on qualifie un ancien parrain de la mafia- un comportement de repenti conséquent suite à sa conversion à la démocratie. A 2 reprises après 68 et 89, il a été diffamé, rejeté, il a nagé à contre-courant comme l’est souvent la voie des justes. Il a perdu tout statut pendant 20 ans. L’histoire relève en même temps les apports du Printemps de Prague dans la marche pour la démocratie à l’Est avant 1989 ainsi que le souci -dans la liberté retrouvée après 1989- de maintenir un équilibre entre marché et justice sociale qu’avait Alexandre Dubcek.

A.Dubcek a un parcours emprunt sacrifice, de service, d’humilité au profit d’une aspiration à des valeurs qui le rapproche de personnalités marquantes de la Bible et de l’histoire. Chacun trouvera aisément la réponse à la question du sens profond de son engagement malgré les revers subis dans sa vie.

Pour approfondir : Autobiographie. A.Dubcek « C’est l’espoir qui meurt en dernier » Fayard 1993

Tribune parue sous la rubrique « Regards » dans Christ Seul (mensuel des Eglises évangéliques mennonites de France), n° 1120, Juillet 2021, www.editions-mennonites.fr.

Photo by Ilse Orsel on Unsplash

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À première vue, il semble que l’égoïsme de la population l’ait emporté sur la responsabilité envers les générations suivantes. Nous constatons également que l’industrie pétrolière, à l’aide d’une campagne géante, a produit suffisamment de craintes et de justifications pour le refus à changer de mode de vie, de sorte qu’il est devenu facile de rejeter la loi avec une « bonne conscience ».

Mais la mobilisation massive dans les zones rurales contre les initiatives en matière de pesticides et eau potable a également nui au projet de loi sur le CO2. Et de manière réaliste, il est généralement très difficile de faire payer ou de faire changer de mode de vie aux gens alors qu’ils ne se sentent pas encore personnellement concernés et qu’ils devraient penser 20 ans à l’avenir. Je suppose qu’un tel vote aurait donné un résultat similaire dans d’autres pays. L’inconvénient de la démocratie directe est qu’avec un budget suffisamment important, le populisme et la peur peuvent être alimentés.

Certains commentaires du vote dans les médias estiment que la vague verte a été stoppée. Et certains politiciens pensent que le résultat du vote est le signe que « les Verts » ne doivent plus être accommodés trop. Tout faux : le changement climatique n’a pas été arrêté, le climat se réchauffe chaque année, la gravité du problème va augmenter et les protestations vont continuer. La question restera sur la table, les jeunes y veilleront. La majorité des 18-40 ans a réellement voté en faveur de la loi sur le CO2, et les jeunes, les nouveaux électeurs des années à venir dans les agglomérations bouillonnent. Les mesures en faveur du climat gagnent donc chaque année en popularité auprès de l’électorat. Qui aurait cru, il y a 10 ans, que de telles mesures comme proposées avec la loi sur le CO2 auraient une chance dans les urnes ? C’est pourquoi nous ne devons pas abandonner maintenant, mais au contraire convaincre encore plus de personnes. Il se peut que les clivages deviennent encore plus profonds et qu’une lutte défensive contre le changement apparaisse à la droite de l’échiquier politique, comme aux États-Unis. Mais la tendance sociétale est clairement à une plus grande protection de l’environnement, même dans notre pays.
Alors, allons-y !

Photo by Marcin Jozwiak on Unsplash

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Le président du pays démocratique le plus influent au monde qui ne reconnaît pas les résultats des élections aboutissant à sa non-réélection, de graves accusations de fraudes et de corruption lancées contre le système démocratique, le même pays voyant son parlement pris d’assaut par des manifestants alors que les députés validaient constitutionnellement le scrutin en question. Le cours des événements ces derniers mois outre-Atlantique a pris une dimension aussi extraordinaire que la pandémie qui se répand depuis le début de l’année 2020.

Cette situation concerne aussi les chrétiens qui se sont en nombres impliqués dans cet univers politique, notamment des leaders évangéliques en faveur de Donald Trump mais aussi ceux d’églises historiques en faveur de Joe Biden. Beaucoup des premiers ont suivi ce qu’on appelle depuis des années les théories du complot dans leur soutien à l’ancien président.

Quels repères poser dans tout ça ?

Le dessinateur Chappatte1 a mis en évidence en novembre 2020 un angle d’approche dans ce but par la notion de terrain commun pour fonctionner en société. Nous en connaissons plusieurs à tous niveaux pour vivre ensemble, jusqu’à maintenant généralement reconnus par tous et dans lesquelles évoluaient toutes catégories de personnes il y a encore peu. On y trouve la langue utilisée, la politesse, les lois fondamentales comme l’interdiction du vol ou de l’inceste, la démocratie, le code de la route jusqu’au cachet de la poste faisant foi sur le plan juridique. Quelles que soient les tendances politiques, on conserve la même langue, en accordant même de l’importance au respect de ses règles à l’écrit et dans la communication orale dans les médias. Personne ne va prétendre modifier à son goût la conjugaison, pour la simplifier, affirmant que c’est son bon droit. Quelles que soient ses caractéristiques sociologiques en son sein, la population accepte le corpus de règles de la circulation comme tel, l’un ne va pas dire ‘je respecte la priorité de gauche plutôt que la priorité de droite aux carrefours, parce que j’en ai décidé ainsi’. La politesse, personne n’y retrouve rien à redire. Si on en vient à la politique, on reconnaît dans les démocraties occidentales que les élections sont libres et se déroulent correctement, à l’exception d’imperfections humaines ou de problèmes isolés comme il en existe partout. Les résultats connus, on les commente, on félicite le vainqueur mais on ne discute pas de la régularité du déroulement du scrutin. Certes dans ce système, il y a les groupes d’intérêts et leur influence sur les instances politiques, de même que la justice est toujours une justice de régime (qui suit les lois donc la mentalité de la majorité et qui est souvent composée de juges aux couleurs politiques qui suivent le rapport de force dans le pays) et j’ai même entendu 2 fois ces 2 dernières années qu’elle pouvait être soumise au clientélisme dans un Etat de droit. Il y a d’autres bémols encore à relever pour être complet traduisant une évolution des mentalités : dans les rapports de confiances en affaires par exemple : il faut tout mettre par écrit, on ne fait parfois plus confiance quand quelqu’un dit avoir envoyé un courrier en recommandé.

Pourquoi prendre le temps de poser ces principes même avec leurs limites ? Parce que les événements que nous traversons en particulier depuis cet automne aux Etats-Unis nous ont clairement écarté de ces standards. On ne reconnaît plus du tout un système électoral démocratique, qui faisaient référence, en raison notamment des votes par correspondance qui sont sous le coup des accusations d’avoir produit des millions de votes ; on met en cause la justice qui déboute les plaignants, en parlant de manipulation des votes par la Chine ou le Venezuela.

Le développement de ce phénomène de dénonciations à tout va révèle une évolution extrême au sein des démocraties libérales issues des Lumières. La liberté d’expression s’étend de plus en plus, notamment dans les réseaux sociaux, avec le droit que les gens s’arrogent de pouvoir répandre des opinions et des informations diverses et radicales qui, quand démontrées comme mensongères sont diffamatoires, insultantes, irrespectueuses. Il y a également au sein de ce phénomène un danger de prendre pour sérieuses les informations auxquelles on a envie de croire.

Comment s’y retrouver ?

En plus du terrain commun, il y a une autre approche pour évoluer dans cet univers d’informations : c’est considérer, à l’inverse des témoignages, des documents, des images produites dans les médias, ce que nous ne pouvons vérifier par nous-mêmes, ce que l’on peut évaluer à notre propre niveau comme objectif ou conforme on non avec une réalité que nous connaissons ou que nous pouvons démontrer depuis notre situation d’observateurs.

On sait de façon démontrée que Trump a fait des choses illégales ou en tout cas anti-démocratiques : demander à un haut fonctionnaire d’un Etat disputé ne pas établir le certificat validant l’élection gagnée par J.Biden, demander à Pence de s’opposer (seul) à la validation certificats au congrès, demander au Secrétaire d’Etat de Géorgie 11’000 voix et expliquer sans avancer de démonstration que les élections dans cet état gouverné par les républicains étaient truquées. Dans l’autre sens, il n’y a pas d’éléments vérifiables par nous-mêmes établissant des fraudes, des agissements illégaux, du côté, non des démocrates en fait, mais des Etats où le scrutin était serré, avec leur parlement, gouverneur, système judiciaire et même le cas échéant parti républicain des Etats concernés validant le verdict pour Biden. En effet, Donald Trump s’en est bien pris aux Etats où l’écart en faveur de Joe Biden était faible et non aux Etats gouvernés par les démocrates, donc par bon sens on comprend bien qu’il visait les Etats où il pouvait penser inverser le score des élections par ses propos et démarches répétés.

Mettre en cause à la fois la démocratie, le système judicaire des Etats disputés, et fédéral -avec 6 pourtant juges sur 9 conservateurs dont 3 nommés par D.Trump-, en plus des élus et magistrats souvent républicains dans ces mêmes Etats, alors que le New-Yorkais restait président des Etats-Unis, avec l’administration, la majorité du sénat, des médias importants comme Fox News restant derrière lui jusqu’au 20 janvier, c’est beaucoup demander. Lui qui s’est montré fort dans son mandat pour faire entendre et appliquer sa politique, serait devenu tout à coup faible, même prétendant avoir la majorité des votants derrière lui.
Entendu depuis 5 ans de leaders chrétiens évangéliques, défendre l’attitude de Donald Trump en disant que c’est un homme d’affaires et non un politicien et que nous ne pouvons pas élire des Mère Thérèsa, est un argument insuffisant.

Prenons comme nouvel exemple les événements dont les images visionnées en boucle ont fait le tour du monde comme un épisode douloureux de l’histoire des Etats-Unis 20 ans plus tôt un 11 septembre : l’irruption de manifestants dans le Capitole le 6 janvier 2021.

Depuis des mois Donald Trump répète qu’il a largement gagné les élections et donc que les démocrates lui ont volé la victoire par des fraudes (‘’I won by a landslide’’ -j’ai gagné largement- ‘’#Stop the steal’’ -stop au vol- ‘’fraudulous and rigged elections’ -élections frauduleuses et truquées-’), toutes les procédures lancées étant déboutées sans exceptions. Voilà le contexte.

Maintenant reprenons les messages de Donald Trump ce jour-là.

Le 6 devant la foule réunie devant la Maison Blanche, il appelle la foule à marcher vers le Capitole, après avoir dit qu’il attendait avec détermination de Mike Pence qu’il contre le vote de validation des certificats des Etats pour les résultats des élections présidentielles (ça aurait déjà été anticonstitutionnel que le congrès ne valide pas les votes contestés toutes procédures achevées, ce qu’il attendait de Mike Pence était un acte que l’on peut qualifier sans exagérer de coup d’Etat2 ). Ensuite alors que la foule a pénétré par effraction dans le Capitole, il tweet que Mike Pence « n’a pas eu le courage de faire ce qu’il devait faire pour protéger notre pays et notre constitution »3 On sait que la vie de ce dernier a été menacée dans ces événements dans les propos exprimé dans ces instants par les manifestants. Ensuite il tweet aux gens dans le Capitole pour les encourager à ‘’préserver la police du Capitole et l’application de la loi. Ils sont vraiment de notre côté. Rester calme’’ (donc il s’affiche de leur côté en ne leur demandant pas de quitter les lieux, il parle des policiers comme s’ils étaient leurs alliés). Ensuite il publie un tweet demandant de respecter l’ordre et le calme. Plus tard dans un message vidéo filmé à la maison blanche, il dit à la foule ‘’je vous aime, vous pouvez maintenant rentrer chez vous en paix’’. Il ne s’agit pas d’un témoignage ou un commentaire sur ce que Donald Trump a dit ou fait en parallèle de cette journée malheureuse, c’est son action rendue volontairement publique par lui-même. Nous y avons vu, entendu, lu en direct en parallèle de l’action de ses supporters dans le Capitole.

Il est évident que ses interventions les jours suivants condamnant la violence sonnent comme un rattrapage vu la gravité des événements relevée de partout. On sait que cette irruption a fait 6 morts et qu’une partie des parlementaires ont eu peur pour leur vie. L’événement a retenti dans le monde entier avec un grand nombre de réactions des gouvernements jusqu’au Conseil fédéral.
Pour prendre l’exemple d’un discours néo-conservateur complotiste tenu à ce sujet dans une vidéo4 , un intervenant français dit du dispositif de sécurité pour l’investiture de Joe Biden qu’il est de l’ordre d’une république bananière et/ou d’une dictature comme on l’a connu en Europe centrale. Or ces mesures exceptionnelles font précisément suite à l’occupation du Capitole par des manifestants pour contrer le travail parlementaire de validation ultime des résultats des élections après un long processus ayant impliquer des élus et magistrats de toutes les parties. Cette attaque a été elle qualifiée de relevant d’une république bananière par l’ancien président républicain Georges Bush lui-même, et en conséquence on a voulu protéger le nouvel acte démocratique qu’a été l’investiture du président élu. Il y a d’un côté un constat objectif concernant le comportement Trump et les mesures prises pour le 20 janvier contré par un discours qui ne tient pas l’observation du déroulement des faits constatés par tous. Dans la même vidéo, il qualifie de stalinien la première procédure d’empeachment de D. Trump. Tous les spécialistes définissent de la même manière ce que c’est qu’un procès stalinien (procès après torture et donc aveux publics des accusés pour des crimes non perpétrés pour éliminer des personnalités), on sait donc que la procédure traitée par le congrès, dont une des chambre -majoritairement républicaine- a acquitté Trump, n’est de toute évidence pas un procès stalinien. La crédibilité de cet intervenant néo-conservateur lorsqu’il dénonce les fraudes se trouve entamée en conséquence.

Ces éléments posés pour les 2 derniers mois de Donald Trump amènent naturellement à orienter dans un sens nos interrogations concernant d’autres sujets comme l’interférence russe dans la précédente élection de 2016 (alors que sa victoire n’avait pourtant pas été contestée par les démocrates), sa responsabilité dans les éléments qui ont conduit à une première procédure de destitution, de même que sa propension à faire de fausses affirmations en public depuis le début de sa campagne en 2016.
Le bilan politique de Donald Trump n’est pourtant pas mauvais sur divers plans. Le niveau de développement économique était très élevé avant la pandémie et les indicateurs sont repartis à la hausse l’été dernier. Il avait le cran pour tenir tête à la Chine, à l’Iran et d’autres pays difficiles, il a rétabli la paix entre Israël et plusieurs pays arabes. Mais surtout il a agi comme R.Reagan ou G.Bush fils comme correcteur de la contre-culture des années 60. Celle-ci comprend tous ces côtés progressistes positifs comme l’abolition du statut de dominés des Afro-Américains, des femmes, des personnes de conditions modestes, des pays du Sud vis-à-vis de ceux du nord, la lutte contre des guerres visant à l’accroissement d’influence des USA sur le reste du monde ou encore la protection de l’environnement. Sur ses aspects néfastes, Donald Trump a œuvré comme pour la limitation de la pratique de l’avortement ou la recherche d’inversion de la tendance dans l’accroissement des droits LGBT. Il faut considérer des glissements, à l’intérieur de la contre-culture qui tend à s’imposer dans des milieux libéraux, ses idées radicales et son projet égalitaire idéal : par exemple affirmer qu’on ne peut comprendre la transformation totale revendiquée pour condition afro-américaine si on n’est pas noir soi-même, qu’on peut plus s’opposer à l’idée que les métiers n’ont pas de sexe et donc ne plus dire que c’est normal qu’un grutier soit un homme, en reléguant en marge le fait d’être chrétien de nos jours plutôt qu’ouvert aux nouvelles spiritualités courantes dans notre société (même affirmer être chrétien libéral ne suffit souvent plus pour être inclus).

L’intention de cet article était de frayer un chemin pour se forger une opinion la plus objective possible, sans jugement, invitant le chrétien à une vision sans passion, sans haine, sans jugement ; en gardant une considération et un respect pour les acteurs en question. Ça aura été pour son auteur comme désamorcer une bombe…


1. https://www.24heures.ch/chappatte-les-annees-trump-netaient-pas-un-accident-647994051664

2. https://www.usnews.com/news/politics/articles/2021-01-13/transcript-of-trumps-speech-at-rally-before-us-capitol-riot

3. Tweet et post fb D.Trump 6 janvier 20 :28 heure suisse

Mike Pence n’a pas eu le courage de faire ce qu’il aurait dû faire pour protéger notre pays et notre constitution, en donnant aux Etats une chance de certifier les résultats en établissant les faits de manière correcte, pas ceux frauduleux ou inexacts qu’on leur a demandés ou précédemment certifiés. Les USA demandent la vérité !

Mike Pence didn’t have the courage to do what should have been done to protect our Country and  our Constitution, giving States a chance to certify a corrected set of facts, not the fraudulent or inaccurate ones which they were asked to previously certify. USA demands the truth!

4. https://www.youtube.com/watch?v=Otywa1T6QBg

Photo by Max Letek on Unsplash


Annexe : Tweets de Donald J. Trump le 6 janvier, heure suisse et de la côte est américaine. Langue originale et traduction libre.

16 :48 /10 :48 (au sujet des résultats des élections pour le sénat en Géorgie. D. Perdue était un candidat républicain battu au second tour par un démocrate)

These scoundrels are only toying with the David Perdue (a great guy) vote. Just didn’t want to announce quite yet. They’ve got as many ballots as are necessary. Rigged Election!

(ces personnes ayant de mauvaises intentions se démènent avec les votes pour David Perdue. Je ne veux pas trop faire de commentaires pour l’instant. Ils ont eu autant de bulletins que nécessaire. Elections truquées.)


20 :28/14 :28

Mike Pence didn’t have the courage to do what should have been done to protect our Country and our Constitution, giving States a chance to certify a corrected set of facts, not the fraudulent or inaccurate ones which they were asked to previously certify. USA demands the truth!

(Mike Pence n’a pas eu le courage de faire ce qu’il aurait dû faire pour protéger notre pays et notre constitution, donnant aux Etats une chance de certifier les résultats en établissant les faits de manière correcte, pas ceux frauduleux ou inexacts qu’on leur a demandés ou précédemment certifiés. Les USA demandent la vérité !)


6 janvier 20h40 / 14h40

Please support our Capitol Police and Law Enforcement. They are truly on the side of our Country. Stay peaceful!

(S’il vous plaît, soutenez notre police du capitole et les règles en vigueur. Ils sont vraiment du côté de notre pays. Restez paisible !)


6 janvier 21h14 / 15h14

I am asking for eveone at the U.S. Capitol to remain peaceful. No violence! Remember, WE are the Party of Law & Order – respect the Law and our great men and women in Blue. Thank you!

(je demande à chacun au Capitole de rester paisible. Pas de violence ! Rappelez-vous, NOUS sommes le parti de la loi et de l’ordre – respecter la loi et les hommes et les femmes en uniforme. Merci !

vers 00h / aux environs de 18h

These are the things and events that happen when a sacred landslide election victory is so unceremoniously & viciously stripped away from great patriots who have been badly & unfairly treated for so long. Go home with love & peace. Remember this day forever.

(Voici les événements, ce qui arrive quand une large victoire aux élections est ainsi sans ménagement et vicieusement arrachée aux patriotes ainsi mal et injustement traités depuis si longtemps. Rentrer à la maison dans la paix et l’amour. Souvenez-vous de ce jour pour toujours.)

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S’il s’agit vraiment de familles, il faut autre chose

Pour aider les familles qui en ont vraiment besoin, différentes mesures peuvent être prises : Augmenter les allocations familiales, subventionner plus efficacement les crèches, construire des logements moins chers, subventionner les primes d’assurance maladie ou accorder aux parents le temps nécessaire après la naissance et pour s’occuper de leurs enfants. Il n’y a en fait aucune raison d’aider les familles par le biais de déductions fiscales. En effet, grâce à la progression de l’impôt, les déductions aident ceux qui gagnent le plus. En d’autres termes, c’est exactement le contraire de ce qui doit être réalisé. Même la classe moyenne, qui n’a jusqu’à présent que peu bénéficié de subventions, ne s’en tire pas mieux avec des déductions qu’avec des subventions. Les politiciens ont tendance à se battre contre « la politique de l’arrosoir ». La proposition est encore pire : la majorité des voix va à ceux qui n’en ont pas du tout besoin, et ceux qui ont vraiment du mal à s’en sortir n’ont rien du tout … sauf peut-être encore moins si les prestations doivent être réduites en raison de la perte de recettes fiscales. Car les 380 millions de francs de pertes fiscales doivent être compensées en fin de compte.

Étonnamment, les partisans trouvent cette somme d’argent, dont la majeure partie a été jetée par la fenêtre, tolérable, contrairement au congé de paternité « inusable », qui ne coûte à la Suisse que 230 millions de francs. Contrairement au projet de loi fiscale, le congé de paternité donne l’air, juste après la naissance, nécessaire pour que le délai strict accordé aux parents prenne un bon départ. Ce n’est pas sans raison que Katja Schönenberger de Pro Juventute a déclaré dans l' »Arena » que les mères sont soumises à une énorme pression après la naissance. Ils ont en fait besoin de soins pour eux-mêmes pendant cette période. « Et en ce moment même, ils devraient être les seuls responsables d’un nourrisson ? ».

Il est grand temps de discuter de la manière dont la politique familiale fonctionne réellement. Parce que ceux qui parlent de la famille ne sont pas toujours ceux qui aident vraiment les familles.

Photo by Irina Murza, Unsplash

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La crise du covid-19 nous a pris par surprise et a mis en lumière la vulnérabilité de notre société face à ce genre d’épidémie.

Force est de constater qu’à l’heure où j’écris ces lignes, certains États ont été beaucoup moins touchés que d’autres. Si l’impact de la maladie par pays peut s’expliquer par des facteurs dus au contexte (densité de population, pyramide des âges de la population, force du système de santé en place), l’autre aspect déterminant est lié à la réponse politique qui a été donnée et à la réaction de la population.

Des conclusions définitives ne pourront être tirées qu’une fois la crise passée, cependant les aspects suivants m’ont particulièrement frappé et constituent une base de réflexion pour la gestion d’autres crises, en particulier la crise climatique :

La grande difficulté à agir alors que les conséquences de la maladie ne sont pas directement visibles. Dans le cas présent, il y a environ deux semaines de décalage entre les causes et les effets, il est donc extrêmement difficile d’imposer des mesures alors que les effets ne sont pas encore visibles.

Dans le cas de phénomènes où la croissance du nombre de cas est exponentielle, chaque jour compte. Au début de l’épidémie, le nombre de cas doublait tous les trois jours en Suisse. L’impact pour les hôpitaux peut donc passer du simple ou double en agissant 3 jours plus tard. Le Portugal, en prenant très tôt des mesures, a limité l’impact sanitaire, alors que le Royaume-Uni a payé le prix fort de sa difficulté à agir.

Ensuite le niveau de confiance dans la communauté médicale, scientifique et les experts en général. Lors de l’arrivée du covid-19 en Suisse, le virus était très mal connu et les impacts difficiles à évaluer. Il est donc nécessaire d’avoir à disposition un panel d’experts qui puisse analyser les différents aspects de la crise sur la santé publique, le système hospitalier ou encore l’économie afin de faire une juste pesée d’intérêts en tenant compte des incertitudes.

Certains aspects sont difficiles à comprendre pour les « non-initiés », il est donc fondamental d’établir une relation de confiance entre les experts et les décideurs. Notre tendance humaine nous pousse souvent à vouloir écouter l’avis qui arrange le mieux. Il est donc d’autant plus important que les décisions politiques s’appuient sur des faits rationnels et non sur des décisions émotionnelles ou des calculs politiques.

Intimement lié à cela, on peut citer également la confiance de la population dans le gouvernement et le leadership des décideurs. Les pays où la population a suivi les recommandations ont plus facilement contenu l’épidémie. Les politiciens ont été également tiraillés entre impératifs sanitaires et économiques. L’application du principe de précaution s’est apparentée particulièrement dans ce cas à un exercice d’équilibriste.

Notons qu’un gouvernement avec un forte légitimité démocratique est plus en mesure de faire une bonne pesée d’intérêts entre les enjeux sanitaires et économiques. Par ailleurs, il est ardu de prendre des décisions dans l’urgence et il était étonnant de voir le faible degré de préparation de certains gouvernements et de l’OMS alors qu’une telle crise était prévisible.

Finalement je soulignerais le besoin de limiter nos libertés individuelles par solidarité entre les générations et les plus faibles. Il est difficile d’accepter de se limiter, de rester chez soi pour protéger les autres face à un fléau qui est peu perceptible. Nous avons rapidement entendu des voix comme celles d’André Comte Sponville qui appelaient à la liberté individuelle “laissez-nous mourir comme nous voulons”, sans se soucier des effets que pourrait avoir une vague non-maîtrisée sur la surcharge des hôpitaux.

La plupart des gens ont cependant joué le jeu, convaincus que l’on vivait quelque chose de grave qui nécessitait des actions fortes. En Suisse, il est démontré que la population a même anticipé les mesures du gouvernement. Les gens ont réussi à changer leurs habitudes. Cependant il est plus facile de se limiter pour une brève période que sur du long terme.

Il est alors possible de tirer des bonnes leçons de cette crise globale pour les autres défis auxquels nous faisons face et en particulier dans le cadre de la crise liée aux changements climatiques :

  • difficulté à mettre en place des mesures alors que les conséquences ne sont pas directement visibles
  • scepticisme face aux alarmes des scientifiques, remise en cause de l’opinion scientifique majoritaire et difficulté à anticiper la crise

  • défiance dans le gouvernement et freins dès quune mesure touche l’économie

  • limitation de nos libertés individuelles pour protéger les plus faibles

Ce que cette crise montre déjà aujourd’hui, c’est que l’action politique et la réponse de la population font toute la différence. Quelle devrait être notre apport en tant que chrétiens ?

Tout d’abord être attentifs aux nouveaux besoins des laissés pour compte qui apparaissent (Jc 1:27), être prêt à renoncer si nécessaire (Ph 2:7) et ne pas céder à des réponses simplistes, mais chercher une voie qui protège au mieux la vie (Ro 12:2). Et également persévérer dans la prière pour nos autorités (1 Ti 2:1-2).

Finalement, souhaitons que ce que nous avons vécu durant ces mois puisse apporter un éclairage nouveau et des arguments solides aux défenseurs de l’environnement. Car ce que l’on constate c’est qu’il est possible de modifier certains comportements pour traverser ensemble le mieux possible une crise et que le rôle des gouvernements est déterminant.

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Entretien avec Florian Glaser, d’Églises pour multinationales responsables

CN : Depuis quand l’église est-elle impliquée dans l’initiative pour des multinationales responsables ?

FG : L’initiative a été lancée conjointement avec les milieux ecclésiastiques, qui la soutiennent encore aujourd’hui. Par exemple, dans le cadre de la Campagne œcuménique 2016 d’Action de Carême et de Pain pour le prochain, la cause et l’initiative ont déjà fait l’objet de discussions et des signatures ont été recueillies. Mais les méthodistes, les adventistes et de nombreuses autres congrégations d’églises étaient aussi déjà actives à cette époque. En 2019, l’Église évangélique réformée de Suisse, la Conférence épiscopale suisse, le Réseau évangélique suisse ont aussi décidé de soutenir l’initiative.

CN : Pourquoi cette initiative est-elle une préoccupation majeure de l’Église ?

Susanne Meier-Fuchs a interviewé Florian Glaser pour ChristNet.

FG : Ce large soutien montre clairement que l’initiative est basée sur des préoccupations qui se situent au coeur du message biblique et de la foi chrétienne : la justice, la charité et le soin de la création. L’Église et ses organisations d’entraide s’engagent sur place dans les pays du Tiers-Monde, où les entreprises suisses sont malheureusement aussi impliquées dans des activités d’exploitation des êtres humains et de la nature. Il est dès lors logique que les Églises et leurs organisations rattachées cherchent non seulement à réduire les souffrances par leur engagement, mais aussi à faire en sorte que les entreprises suisses assument leur responsabilité.

CN : Quels changements positifs attendez-vous de la mise en œuvre de l’initiative ?

FG : Si l’initiative est acceptée, les entreprises ne pourront plus fermer les yeux sur l’impact de leurs activités à l’étranger sur l’être humain et la nature. Et si des entreprises comme Glencore chassent les gens de leurs terres ou empoisonnent les rivières, elles devront en rendre compte à l’avenir. Ainsi, l’initiative a un effet préventif et garantit la réparation des dommages occasionnés.

CN : Depuis la semaine dernière, il est clair que l’initiative ne sera pas retirée et qu’un vote aura lieu à l’automne 2020 ou au printemps 2021. Églises pour multinationales responsables s’attendait-elle à cela ?

FG : Les initiant.e.s étaient prêt.e.s à discuter tout au long du processus, mais sans règles contraignantes pour les entreprises, un retrait de l’initiative était exclu. En fin de compte, le lobby des grandes entreprises a prévalu au Parlement sur tous les points, et le vote va maintenant avoir lieu.

CN : Êtes-vous prêt pour ce vote ?

FG : Oui, la question bénéficie d’un très fort soutien populaire. Il existe plus de 350 comités locaux avec plus de 13 000 bénévoles, ainsi que des comités de représentant.e.s d’entreprises et de politicien.ne.s, qui montrent que la liberté va de pair avec la responsabilité. Et les églises forment derrière cela une large alliance également. Si toutes les personnes soutenant l’initiative la promeuvent autour d’eux, nous pouvons gagner le vote.

CN : Que pouvez-vous déjà dire sur l’engagement actuel et à venir pour l’initiative ?

FG : Les églises, les organisations chrétiennes et les particuliers soutiennent activement l’initiative car cela correspond à leur compréhension de leur foi. Des tracts et des affiches sont placés dans les églises pour exprimer le soutien de l’église, et les paroisses accrochent des banderoles avant le vote pour rendre la cause visible. De nombreuses congrégations et paroisses planifient également des cultes où elles aborderont les thèmes de l’amour du prochain et de la préservation de la création. De plus, de nombreuses organisations chrétiennes publient des lettres de nouvelles ou des articles de magazines pour informer sur l’initiative.

CN : 8 millions ont été mis sur la table par le comité d’opposition pour la campagne de votation. À votre avis, l’initiative a-t-elle une chance ?

FG : La campagne sera difficile. Mais comme dit plus haut, nous disposons d’une autre ressource : un large soutien citoyen. Mais oui, nous avons aussi besoin d’argent pour ne pas rester muet dans une Suisse remplie d’affiches d’opposition au texte, et pouvoir informer les gens.

CN : La place de la politique dans l’Église a été un sujet chaud l’automne dernier. De nombreux membres actifs de l’Église nationale, sont très favorables aux entreprises et donc plutôt opposés à l’initiative. Comment gérez-vous l’équilibre entre votre engagement en faveur de la responsabilité des entreprises et la volonté de ne pas contrarier ces membres ?

FG : L’engagement politique des Églises s’enracine dans leurs propres sources – notamment la Bible et la tradition socio-éthique. La protection des pauvres est une mission chrétienne centrale – et l’Église doit également l’apporter en politique. L’Église évangélique réformée de Suisse l’a exprimé ainsi dans sa déclaration sur l’initiative : « L’économie doit être au service de l’être humain. C’est pourquoi l’Église évangélique réformée de Suisse élèvera toujours la voix pour rappeler la Suisse à sa responsabilité à l’égard des êtres humains dans les pays du Sud ».

CN : L’un des rôles de Christnet est de sensibiliser les différentes églises évangéliques à la justice sociale. L’initiative pour des multinationales responsables est l’un de nos sujets prioritaires jusqu’au vote. Pouvez-vous imaginer un réseau/une coopération avec les églises évangéliques dans les différents cantons ? Ou cela existe-t-il déjà ?

FG : Oui, c’est même très souhaité. Certaines sont déjà actives : l’Église évangélique méthodiste, les mennonites ou encore l’Armée du Salut se sont clairement positionnées et, comme je l’ai dit, le RES également. J’espère vivement que les Églises évangéliques seront encore plus actives. Toute personne venant d’une église évangélique souhaitant devenir active est la bienvenue et peut me contacter.


Contact :
Florian Glaser
Églises pour multinationales responsables
https://www.eglisespourmultinationalesresponsables.ch

 

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La population Suisse est appelée à élire le nouveau parlement le 20 octobre prochain. Alors que les affiches se multiplient dans tous les lieux publics, que chaque parti prétend détenir les meilleures solutions aux enjeux actuels, sur quelle base pouvons-nous nous appuyer pour décider à qui accorder notre voix ? Quelques outils et références.

ChristNet soutient un engagement dans la société sous la seule motivation de l’amour du prochain, en particulier des membres les plus vulnérables. En ce temps de votation, il nous apparaît à-propos de remettre en avant le préambule de la Constitution suisse :

Au nom de Dieu Tout-Puissant!

Le peuple et les cantons suisses,

conscients de leur responsabilité envers la Création,

résolus à renouveler leur alliance pour renforcer la liberté, la démocratie, l’indépendance et la paix dans un esprit de solidarité et d’ouverture au monde,

déterminés à vivre ensemble leurs diversités dans le respect de l’autre et l’équité,

conscients des acquis communs et de leur devoir d’assumer leurs responsabilités envers les générations futures,

sachant que seul est libre qui use de sa liberté et que la force de la communauté se mesure au bien-être du plus faible de ses membres,

arrêtent la Constitution que voici

Responsabilité envers la Création et les générations futures, esprit de solidarité, une communauté jugée au bien-être de son membre le plus faible : les valeurs formulées ici sonnent aujourd’hui encore avec une surprenante actualité. Alors que la crise climatique risque de forcer des millions de familles à quitter leur foyer dans le monde, que les nations tendent déjà aujourd’hui à se replier sur elles-mêmes dans la peur de l’autre et de manquer, osons-nous croire encore que « le peuple et les cantons suisses » gardent en priorité ces valeurs inscrites dans leur texte fondamental ? Nous pouvons en tout cas chacune et chacun contribuer par notre vote à ce que ces valeurs de justice, d’entraide et de paix ne soient pas que des mots vides, mais une réalité. Nous croyons que c’est également le projet de Dieu pour l’humanité tel que révélé dans la Bible, auquel il nous appelle toutes et tous à participer.

Pour fonder ce choix davantage sur la réalité et moins sur la communication souvent fallacieuse des campagnes politiques, nous recommandons encore deux outils utiles pour connaître le réel positionnement des partis et des candidats :

  • Smartvote : en 31 ou 75 questions, cet outil présente les candidats et partis les plus proches de vos opinions. https://www.smartvote.ch
  • Ecorating : plusieurs ONG actives en faveur de l’environnement ont collaboré pour évaluer chaque parti et candidat de la précédente législature en fonction de son engagement réel sur les questions environnementales lors de leurs votes au parlement. https://ecorating.ch/
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Le 19 mai 2019, la population du canton de Berne votera sur la réduction des contributions à l’aide sociale et donc sur un choix lourd de conséquences. En cas de oui, le deuxième plus grand canton de Suisse aura brisé un tabou éthique, il sera plus facile pour les autres cantons de suivre l’exemple.

Le gouvernement du canton de Berne estime que l’on ne peut plus se permettre de verser les contributions habituelles à l’aide sociale. Pourtant, le canton a baissé les impôts à deux reprises au cours des dernières années. L’argent serait donc disponible, mais il est étonnant de constater que la souffrance des contribuables est plus grave que celle des personnes qui vivent avec le minimum vital. Cela cache sans doute une perception déformée : les bénéficiaires de l’aide sociale sont toujours soupçonnés de ne pas vouloir travailler. Le gouvernement affirme que les personnes concernées ont besoin de plus d’incitations. Mais la réalité est tout autre : En Suisse, environ 340’000 ménages doivent être soutenus par l’AI ou la caisse de chômage parce qu’ils ne peuvent pas trouver de travail. Chaque année, 40’000 personnes se retrouvent en fin de droit de la caisse de chômage (dont de nombreuses personnes de plus de 50 ans) et sont orientées vers l’aide sociale. La plupart de ce demi-million de personnes souhaitent trouver un emploi, mais l’économie n’a plus de travail pour les plus faibles, les moins formés et les plus âgés d’entre eux. Le fouet ne sert à rien, il ne fait qu’ajouter à la souffrance. Car aujourd’hui déjà, les bénéficiaires de l’aide sociale qui ne font pas d’efforts voient leurs allocations réduites en conséquence.

Aujourd’hui déjà, il est difficile pour un adulte de payer la nourriture, les vêtements, les transports, la communication et peut-être même une excursion avec 977 francs par mois. Avec seulement 907 francs, l’exclusion sociale et les carences alimentaires peuvent devenir une réalité. Par ailleurs, 30 % des personnes concernées sont des enfants. Faut-il désormais les punir eux aussi ?

A l’occasion de ce vote, ChristNet présente un aperçu de ce que la Bible nous enseigne sur le traitement des plus faibles, de la situation actuelle et de ce qui pourrait être fait.

1. comment la Bible voit-elle les faibles ?

Le thème de la solidarité avec les plus faibles occupe une place étonnamment importante dans la Bible. La notion de pauvre est centrale dans ce contexte. Ce terme est utilisé d’une part pour désigner la pauvreté matérielle et un statut social bas (souvent aussi « misérables, petits », etc.), mais aussi pour les pauvres spirituels, c’est-à-dire les humbles. Dans le contexte politique, nous nous intéressons maintenant aux deux premières utilisations. Dans ce contexte, on parle souvent des veuves et des sages comme de personnes particulièrement vulnérables.

Dans l’Ancien comme dans le Nouveau Testament, Dieu nous appelle constamment à soulager la pauvreté, à instaurer la justice et à protéger les plus faibles. Environ 3000 passages bibliques traitent de cette question.

Comment les pauvres sont-ils considérés dans la Bible ? Quelle est leur part de responsabilité dans leur situation ? Les passages où la pauvreté est associée à une faute personnelle sont rares. On ne les trouve que dans le livre des Proverbes 6 (« Va vers la fourmi, paresseux, et apprends d’elle ») et dans la déclaration du Nouveau Testament selon laquelle celui qui ne veut pas travailler ne doit pas non plus manger.

La pauvreté est plus souvent décrite comme un mal social, parfois associé à un désavantage social. Les différents auteurs de l’Ancien Testament ont également appelé à protéger les pauvres et les petits et à leur rendre justice. « Faites droit au petit et à l’orphelin, rendez justice au malheureux et à l’indigent ! Sauvez le petit et le pauvre, arrachez-les à la main des méchants« . Ps. 82.3-4 Car trop souvent, les forts ont tenté d’ignorer les droits des pauvres ou des juges iniques ont fait plier la cause des pauvres (Es. 10.2). A l’époque (comme aujourd’hui), la pauvreté était aussi souvent liée à l’impuissance.

C’est aussi pour cette raison qu’une remise générale des dettes devait avoir lieu tous les 7 ans, « afin qu’il n’y ait pas de pauvre parmi toi » (Deutéronome 15.4), et que tous les 50 ans, une année de jubilé devait être organisée, au cours de laquelle les propriétés des terres et des maisons devaient revenir aux familles d’origine, afin que chacun dispose à nouveau du capital nécessaire pour subvenir à ses propres besoins. Donc assez radical : des réductions de dettes sans conditions et un impôt total sur les successions.

La société a donc une responsabilité envers les pauvres : Nous devons donner généreusement aux pauvres : « S’il y a un pauvre chez toi, l’un quelconque de tes frères, dans l’une de tes portes, dans le pays que l’Éternel, ton Dieu, te donne, tu n’endurciras pas ton cœur et tu ne fermeras pas ta main à ton frère, le pauvre. Au contraire, tu lui ouvriras largement ta main et tu lui prêteras de bon cœur ce qui suffira à combler le manque qu’il éprouve« . (Deutéronome 15. 7-8)

Dans Matthieu 25.31-46, Jésus dit même qu’il sera jugé après cela. Il décrit comment le Fils vient séparer les brebis des boucs et dit : « Alors le roi dira à ceux qui seront à sa droite : Venez, bénis de mon Père, héritez du royaume qui vous a été préparé dès la fondation du monde ! Car j’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger ; j’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais étranger, et vous m’avez recueilli ; j’étais nu, et vous m’avez vêtu ; j’étais malade, et vous m’avez rendu visite ; j’étais en prison, et vous êtes venus à moi« , puis « Dans la mesure où vous l’avez fait au plus petit de vos frères, c’est à moi que vous l’avez fait« . Mais ailleurs, Jésus parle aussi de notre prochain, que nous devons aimer autant que nous-mêmes. Et que c’est le commandement suprême d’aimer au même niveau que Dieu. Avec la parabole du bon samaritain, il nous a montré qui il entendait par prochain. L’amour du prochain signifie aussi s’engager pour ceux qui en ont le plus besoin. En revanche, le refus de répondre aux « cris des misérables » a été sévèrement critiqué (par exemple dans l’histoire de Lazare en Luc 16 ainsi que dans Proverbes 21.13 : « Celui qui se bouche les oreilles aux cris des misérables criera un jour et ne recevra pas de réponse« ). Jacques 2.14-17 est également assez radical : « Si un frère ou une sœur est pauvrement vêtu(e) et privé(e) de sa nourriture quotidienne, mais que quelqu’un d’entre vous leur dise : « Je suis avec vous : Allez en paix, chauffez-vous et rassasiez-vous, mais vous ne leur donnez pas ce qui est nécessaire à leur corps, à quoi bon ? De même, la foi, si elle n’a pas d’œuvres, est morte en elle-même ».

Les prophètes, en particulier, ont sévèrement jugé les Israélites lorsque ceux-ci, malgré leur richesse, laissaient les pauvres dans la misère ou faisaient plier leurs droits (Jér. 5.28 ; à ce sujet, Ez. 16.49 et 22.29 ; Amos 2.6-7 ; 4.1 ; 8.4). Dieu se place ici derrière les « petits » : celui qui opprime les petits se moque du Créateur (Prov. 14.31). Il vient lui-même particulièrement à leur secours et se fait leur avocat (entre autres Ps. 72.4, comme beaucoup d’autres psautiers, dont Es. 25.1).

Inversement, Dieu promet aussi des bénédictions si nous mettons fin à l’oppression et si nous nous occupons des nécessiteux : « N’est-ce pas plutôt un jeûne auquel je prends plaisir ? Défaire les liens injustes, dénouer les nœuds du joug, renvoyer libres ceux qui sont traités avec violence, et que vous brisiez tout joug ? Ne consiste-t-il pas à rompre ton pain pour celui qui a faim et à faire entrer dans ta maison des malheureux sans foyer ? Si tu vois un homme nu, que tu le couvres et que tu ne te dérobes pas à ton prochain ? Alors ta lumière jaillira comme l’aurore, et ta guérison germera rapidement. Ta justice marchera devant toi, la gloire de l’Éternel sera ton arrière-garde. Alors tu appelleras, et l’Éternel répondra. Tu crieras au secours, et il dira : Me voici ! Quand tu auras fait disparaître du milieu de toi le joug, les doigts tendus et les paroles malveillantes, quand tu présenteras ton pain à celui qui a faim et que tu rassasieras l’âme courbée, ta lumière se lèvera dans les ténèbres, et ton obscurité sera comme le midi« . (Esaïe 58.6-10) C’est ce qui est visé pour Israël en tant que nation !

Dans l’ancien Israël, il existait également une assistance organisée aux pauvres et une redistribution :

  • La dîme servait aussi à réduire la pauvreté
  • Tous les 3 ans, 10 % de la récolte allait aux pauvres
  • Le glanage après la récolte était réservé aux pauvres (Lévitique 19.10)
  • Tous les sept ans, un champ restait inculte. Le fruit appartenait aux pauvres (Exode 23.11)
  • Et comme nous l’avons déjà mentionné, il y avait l’annulation régulière de la dette et l’année de la réverbération

Pour éviter tout malentendu, il ne s’agit pas ici d’un évangile social. Nous ne sommes pas sauvés par de bonnes actions et nous ne sauvons pas le monde par de bonnes actions. Et pourtant, Dieu nous a dit ce qui précède pour que nous le suivions.

Nous sommes donc mis au défi ! Mais n’avons-nous pas créé notre richesse et notre pouvoir par notre propre travail et ne les avons-nous pas reçus de Dieu en signe de bénédiction ? Avons-nous même besoin de partager ? Bien sûr, nous avons pu créer une grande partie de ces choses de nos propres mains, et c’est aussi une bénédiction de Dieu. Mais comme nous l’avons vu plus haut, l’Écriture nous dit tout de même que nous devons partager ! Il est même dit que nous devons travailler pour pouvoir donner aux pauvres. Après tout, c’est aussi par ce biais que nous pouvons rendre visible la grandeur de Dieu aux autres !

Car, premièrement, notre capacité de rendement est aussi une grâce de Dieu et tout ce que nous avons vient de Dieu. Nous sommes donc tenus de faire usage de ce que nous avons reçu selon sa volonté. Deuxièmement, chaque personne a des dons différents, qui peuvent également être convertis en salaire de manière différente. C’est pourquoi nous devrions permettre à tous les êtres humains de vivre dignement.

2. préjugés et réalité

Les efforts déployés dans différents cantons pour économiser sur l’argent de l’aide sociale reposent sur le préjugé selon lequel la plupart des personnes aidées sont tout simplement trop paresseuses et qu’il suffirait de les pousser à travailler, car les emplois ne manqueraient pas. Voici un aperçu de la réalité :

– Chômage1

Au 1er janvier 2019, 119 661 personnes recevaient une aide de l’agence pour l’emploi. Cela représente 2,7% de la population. Ce chiffre comprend donc toutes les personnes qui ont perdu leur emploi au cours de la dernière année et demie et qui n’en ont pas encore retrouvé un autre. Aujourd’hui, 40 000 personnes par an sortent des statistiques parce qu’elles n’ont toujours pas trouvé d’emploi après cette période. Ce chiffre est deux fois plus élevé qu’il y a dix ans.
A la même date, 197’950 personnes étaient inscrites comme demandeurs d’emploi. Parmi elles, il y avait donc environ 80’000 personnes qui, grâce à un gain intermédiaire, ne touchaient justement pas de prestations de l’ORP, mais n’avaient qu’un emploi temporaire.

– Assurance invalidité (AI)2

Fin décembre 2017, 218 700 personnes percevaient l’AI en Suisse, dont les trois quarts étaient des rentes complètes. Ce chiffre est en légère baisse pour les rentes liées à un accident ou à une maladie, mais il continue d’augmenter pour les causes psychiques. Rien d’étonnant avec la pression croissante du travail qui génère de plus en plus de burnouts.

– Aide sociale3

En 2017, les services sociaux ont recensé 175’241 cas (donc en fait des ménages), soit une augmentation de 2% par rapport à l’année précédente. Les personnes concernées (enfants compris) ont été recensées à 278’345 reprises. 7,4% des bénéficiaires de rentes AI reçoivent également une aide sociale, car la rente AI ne suffit pas pour vivre. Après déduction de celles-ci, il reste donc 162’273 ménages.

Les personnes ayant une mauvaise formation et donc de mauvaises perspectives professionnelles, les familles avec plus de trois enfants ou avec un parent isolé sont plus souvent touchées que la moyenne4. Au total, 30 pour cent des personnes concernées sont des enfants. De plus en plus de personnes de plus de 50 ans sont également dépendantes de l’aide sociale, car elles ne trouvent plus d’emploi.

La baisse du nombre de chômeurs est donc en grande partie compensée par le nombre de bénéficiaires de l’aide sociale : Ceux qui ne trouvent plus d’emploi parce que l’économie les considère comme trop vieux ou parce qu’ils n’ont pas assez de compétences sont relégués en bas de l’échelle. Aujourd’hui, les communes se plaignent de l’augmentation et de l’explosion des coûts. Cela est dangereux pour notre vision des pauvres. En effet, en chiffres absolus, nous devons dépenser toujours plus d’argent des contribuables pour les pauvres, ce qui favorise l’idée que « nous leur donnons toujours plus », bien que les personnes concernées ne reçoivent pas plus. C’est pourquoi les communes et les cantons s’emploient à réduire encore plus les maigres ressources des plus pauvres et des jetés, avec l’idée qu’ils seraient ainsi davantage incités à chercher un emploi. Mais qui leur donne un emploi ? Et qui sont les principales victimes ? Les enfants, qui ne peuvent a fortiori pas être responsables de la situation.

De plus, dans de nombreux cantons, il existe une obligation de remboursement dès que les personnes concernées ont à nouveau un revenu régulier, même s’il est très bas. Il en résulte une captivité pour dettes à vie. C’est précisément ce genre de situation qu’il convient d’éviter selon Esaïe 58.

Environ un demi-million de ménages sont donc concernés en Suisse. Même en période de haute conjoncture, ce chiffre ne diminue que très peu.

Pourquoi tant de personnes sont-elles exclues du monde du travail ?

  • Les postes destinés aux personnes moins talentueuses ou moins éduquées ont été supprimés ou externalisés
  • La politique économique et fiscale (par exemple par le biais des règles du commerce mondial et du dumping fiscal) a favorisé les grands groupes. Celles-ci sont moins intensives en emplois que les petites entreprises, notamment parce qu’elles visent des bénéfices beaucoup plus élevés pour les actionnaires au lieu de créer le plus d’emplois possible. Autrefois, un rendement du capital de 5 % était acceptable, aujourd’hui, il doit être de 30 %.

Combien de postes vacants y a-t-il en face ? Au 31 décembre, 26 904 postes étaient annoncés à l’ORP, mais seules les branches à fort taux de chômage sont tenues d’annoncer les postes vacants. En revanche, la bourse de l’emploi « X28 » trouve 188’000 postes sur Internet en décembre 2018, mais on ne sait pas combien d’entre eux sont encore réellement à pourvoir ou sont comptés à double. Le chiffre le plus fiable semble être celui de l’Office fédéral de la statistique, qui fait état de 74’000 postes vacants au quatrième trimestre 2018. Cela ne représente donc qu’une fraction des postes qui seraient nécessaires pour donner du travail à ce demi-million de personnes !

Et ce sont surtout les plus de 50 ans ou les personnes qui, pour une raison ou une autre, ne sont pas pleinement performantes (famille monoparentale, manque de formation, infirmité, etc.) qui ont aujourd’hui peu de chances de trouver un emploi. Il ne sert donc à rien de réduire les allocations sociales. Vouloir ainsi créer encore plus d' »incitations » à travailler témoigne d’une méconnaissance de la situation, voire de préjugés tenaces. Mais ils sont agréables à croire, car cela nous libère de l’obligation de devoir partager davantage. Dans la réalité, le contrôle est déjà très fort et donc le « taux d’abus » très bas. Notre devoir est aussi de regarder de plus près, d’aider et d’encourager réellement. Mais cela nous coûte quelque chose. Sommes-nous prêts à le faire ? L’économie (surtout les grandes entreprises qui pourraient se le permettre et leurs actionnaires) est-elle prête à offrir suffisamment d’emplois rémunérés pour tous ? Sinon, nous devons réfléchir fondamentalement à la répartition du travail. Sans mesures radicales de création d’emplois organisés, cela ne marchera pas. Mais aujourd’hui, cela est encore bloqué, car la peur de l’État est encore trop grande. Nous préférons rejeter la faute sur les personnes concernées et essayer de créer de nouvelles « incitations » pour qu’elles aillent enfin travailler. Il arrivera toutefois un moment où nous devrons reconnaître que cela ne fonctionne pas. En effet, si de plus en plus de personnes doivent quitter le circuit économique parce qu’il n’y a plus de place pour elles ou qu’elles tombent malades, les coûts seront de plus en plus élevés. Nous devons ainsi réfléchir à la question de savoir si notre mode d’économie est durable pour la société ou si des luttes de répartition de plus en plus violentes ont lieu. De plus en plus de personnes sont sous pression et la répercutent sur les plus faibles.

Car en fin de compte, ce sont les dommages causés par la manière de gérer l’économie et la mauvaise répartition. On dit que les coûts augmentent, donc qu’il faut économiser. Mais les moyens d’aider les plus faibles existeraient, mais ils ne sont même pas mis à disposition (réductions d’impôts, lacunes, évasion fiscale). Pourquoi les plus pauvres devraient-ils en souffrir ? La Bible nous dit qu’ils devraient être notre priorité !

3. notre relation avec ces personnes

Bien sûr, il y a des gens qui profitent et qui ne veulent pas travailler du tout. Mais il s’agit d’une minorité, car le contrôle est déjà très strict aujourd’hui. Mais ces cas sont largement exploités par les médias, ce qui donne une fausse image. Devons-nous punir toutes les personnes en difficulté à cause d’une minorité qui abuse de nos institutions sociales ? En fin de compte, la question se pose de savoir ce qui est le plus important pour nous : que nos proches ne souffrent pas ou que nous ne devions pas payer un seul abus ? Qui est le plus important : moi ou mon prochain ? Mais nous nous contentons souvent de justifications telles que

  • « Avec Dieu, tout est possible« . Oui, la foi peut aider les personnes dans le besoin. Et pourtant, Dieu nous a donné le mandat de prendre soin et de rendre justice !
  • « Chacun peut se débrouiller tout seul » : mais Dieu a donné à chacun des dons différents, et tous ne peuvent pas être convertis en salaire de la même manière. Certaines fonctions sociales importantes ne sont même pas rémunérées.
  • « Ils n’ont aucune incitation à travailler« . Pourtant, c’est justement en Suisse, où l’intégration, l’identité et l’estime de soi se forment par le travail, que la plupart des gens souffrent lorsqu’ils n’ont pas de travail.
  • « Ils en ont trop« . Mais pourquoi ceux qui souffrent déjà de l’exclusion devraient-ils en plus vivre dans la misère ? Et a fortiori les enfants, qui n’y sont pour rien ?

La plupart des gens souffrent de l’exclusion, tombent souvent malades et perdent l’estime de soi. Cela a à son tour des répercussions sur l’attractivité auprès des employeurs potentiels. Le sentiment d’impuissance est d’autant plus difficile à supporter que l’on se fait constamment dire que l’on n’est qu’un paresseux. Ces personnes sont ainsi doublement pénalisées et stigmatisées. Dans le système de l’assurance-chômage et de l’aide sociale, le principe « in dubio pro reo » ne s’applique pas, bien au contraire : le système suppose d’emblée que l’on ne veut pas travailler et cherche systématiquement à punir si un seul bulletin de rapport arrive en retard ou si une donnée manque. Chaque caisse de chômage doit, de par la loi, appliquer un quota de sanctions, sinon elle sera elle-même sanctionnée… Mais le fouet et la contrainte ne servent à rien pour la plupart d’entre eux, comme nous l’avons vu, il n’y a tout simplement pas de travail pour eux.

De plus en plus de personnes sont exclues de la caisse de chômage et se retrouvent (si ce n’est pas dans l’AI) dans l’aide sociale. Celle-ci n’est pas financée par la Confédération, mais par les communes, qui sont de plus en plus à la ramasse. Devoir payer est désagréable et met certaines communes dans l’embarras. L’image qui est donnée des bénéficiaires de l’aide sociale incite alors à les maintenir au plus près et éventuellement à les dissuader :

– Certaines communes ont pris l’habitude d’ordonner aux gestionnaires d’immeubles collectifs de ne plus louer à des bénéficiaires de l’aide sociale.
– Ou ils ne veulent plus construire de logements sociaux.
– Ou alors, ils ne prévoient même plus de terrains à bâtir pour des logements à prix modérés.
– Ou bien ils refusent même l’installation des nouveaux arrivants qui ont fait appel à l’aide sociale.

Cela me rappelle Jacques qui, dans le deuxième chapitre, nous enjoint de ne pas faire de différence de traitement entre les pauvres et les riches.

Les personnes dans le besoin sont ainsi simplement baladées, mais le problème n’est pas résolu pour autant. D’autant plus si l’on économise de plus en plus à court terme. L’aide sociale paie de moins en moins de formations continues ou d’autres conditions de base pour les emplois (comme le permis de conduire, l’ordinateur portable, etc.). Ainsi, les personnes restent encore plus prisonnières de l’aide sociale.

De nombreuses communes affirment également qu’elles n’ont pas les moyens d’offrir une aide sociale suffisante. Mais en réalité, il y en aurait assez pour tout le monde, c’est juste une question de répartition. En fait, nous n’avons jamais été aussi riches, il pourrait y en avoir pour tout le monde. Nous avons souvent trop baissé les impôts… Le canton de Berne en particulier est un exemple : les impôts ont été réduits à plusieurs reprises et le Conseil d’État a maintenant proposé de réduire de 8 % les besoins de base des bénéficiaires de l’aide sociale en général. De nombreux enfants sont ainsi menacés de pauvreté réelle, car le coût de la vie en Suisse est élevé !

Nous pouvons décider si nous avons besoin de l’argent pour notre propre usage ou pour le bien-être et l’intégration des personnes exclues.

4. la méritocratie et son influence sur la valeur des plus faibles

Nous sommes devenus une société de performance : Seul celui qui est performant a de la valeur, c’est pourquoi un conseiller fédéral a déclaré il y a quelques années dans un discours devant des personnes handicapées. Ceux qui ne peuvent rien faire sont de plus en plus méprisés, et les forts sont glorifiés. Cela me rappelle l’époque d’avant la Seconde Guerre mondiale. C’est aussi une exaltation de l’être humain, une fierté qui ne peut pas exister ainsi devant Dieu. Car devant Dieu, chacun a la même valeur ! Et a donc le même droit à la vie.

La pression dans la société augmente, on exige toujours plus de performance. Nous sommes nous-mêmes sous pression, et si nous avons en plus le sentiment d’être un boulet, c’est-à-dire de devoir subvenir aux besoins des autres, cela nous agace. Il est également plus agréable de partir du principe que les plus faibles sont eux-mêmes à blâmer plutôt que d’avoir une responsabilité envers eux.

Les plus faibles sont donc de plus en plus perçus comme un fardeau, ce qui a des conséquences sur la vie :

  • Diagnostic prénatal : aujourd’hui, les gynécologues ne demandent presque plus aux femmes enceintes si elles souhaitent un diagnostic, les futurs parents sont souvent simplement confrontés au résultat, presque avec l’attente qu’un fœtus handicapé doit être avorté. Aux États-Unis, les caisses d’assurance maladie peuvent exclure le traitement des enfants handicapés, de sorte que les femmes enceintes qui ne peuvent pas se permettre les frais médicaux pour accompagner un enfant handicapé sont contraintes d’avorter.
  • Handicapés : les parents d’enfants handicapés doivent de plus en plus se justifier, car l’enfant est perçu comme un fardeau par la société. Le célèbre survivaliste genevois Piero San Giorgio, qui a vendu 100 000 livres et qui a été au service du gouvernement cantonal valaisan, a recommandé, en cas d’effondrement de la société, de repérer où vivent les handicapés afin de pouvoir les liquider. Et qu’il ne fallait plus protéger les handicapés et les malades, car sinon on ne pourrait pas construire une véritable civilisation.
  • L’idée de n’être plus qu’un fardeau est aussi l’une des raisons de l’engouement croissant pour les organisations d’euthanasie comme Exit : de nombreuses personnes souhaitant mourir déclarent ne pas vouloir être un fardeau pour personne et préfèrent mourir.

L’image selon laquelle les plus faibles sont un poids pour nous a donc des conséquences très concrètes sur la vie humaine. Mais Dieu veut chaque vie, car il a créé chacun et n’a jamais dit que quelqu’un avait moins de valeur s’il était plus faible. C’est une dangereuse économisation de l’être humain ! Cela vaut même pour les personnes qui, atteintes de la maladie d’Alzheimer, ne semblent plus que végéter, mais qui peuvent soudain être à nouveau « là » si des personnes aimantes sont présentes autour d’elles.

5. le bien-être des plus faibles est-il encore un objectif en politique aujourd’hui ?

La Constitution fédérale stipule en fait que la force du peuple se mesure au bien-être des plus faibles. Mais est-ce vraiment encore l’objectif de la politique aujourd’hui ?
Lorsqu’il s’agit de soutenir les plus faibles, on dit souvent « nous ne pouvons pas nous le permettre« . Pourtant, entre 1990 et 2015, le produit intérieur brut a augmenté de 20% en termes réels par habitant5 .

Avons-nous donc besoin de plus de croissance ? La croissance seule, sans répartition active, ne sert à rien, comme nous l’apprend l’exemple des Etats-Unis : entre 1975 et 2007, le produit intérieur brut par habitant a augmenté de 90%, le revenu médian des ménages de seulement 20%6 . Et ce dernier n’a augmenté que parce que le nombre de personnes actives par ménage a augmenté. Le salaire médian a donc diminué !

En Suisse aussi, les salaires médians ont baissé de 0,4 % en 2018, et ce malgré une croissance économique de 2,5 % et un taux d’immigration le plus bas depuis 5 ans7 .

Oxfam a calculé qu’après la crise financière de 2008, 95 % de la croissance américaine est allée aux 1 % les plus riches, et qu’en raison de la déréglementation et des réductions d’impôts, les classes supérieures s’accaparent la majeure partie de l’augmentation de la richesse. Et nombre d’entre elles cachent ensuite leur argent dans des paradis fiscaux, comme nous l’avons vu avec les Paradise Papers. Ainsi, moins d’emplois sont créés et les recettes fiscales pour soutenir les plus faibles font également défaut.

En Suisse, tous les cantons et de nombreuses communes ont baissé les impôts en concurrence avec ces personnes toujours plus riches. Globalement, c’est aussi pour cette raison qu’il n’y a pas assez d’argent à disposition pour les soutenir.

Nous faisons tout pour l’emploi et soutenons l’économie là où nous le pouvons, nous augmentons le taux d’innovation et la consommation jusqu’à l’insalubrité. Mais en fin de compte, rien ne change, aucune mesure ne fait baisser fortement le nombre du demi-million de personnes à la recherche d’un emploi, même en période de haute conjoncture. Et il n’y a aucune raison de supposer que la tendance s’inversera dans un avenir proche. Au contraire, la numérisation et la robotisation entraîneront la perte d’encore plus de postes pour les personnes les plus faibles et les moins formées.

6. coût de la politique actuelle

Jusqu’à présent, nous faisons l’autruche parce que la résolution du problème nous coûte et remet en question nombre de nos croyances sur la politique, l’économie et la société. Mais nous devons être conscients que la non-résolution du problème nous coûtera encore plus cher :

Aujourd’hui, nous payons déjà des milliards pour ce demi-million de personnes. Et cela ne cesse d’augmenter.

– Pouvons-nous nous permettre de laisser le potentiel économique d’un demi-million de personnes en friche et en décomposition ? Plus longtemps ces personnes seront exclues, plus elles seront laissées pour compte et resteront à jamais à l’extérieur.

Coûts de la santé : la misère et le désespoir nuisent à la santé, ce qui entraîne une augmentation des coûts de la santé pour tous.

Criminalité : Le manque de perspectives et la non-intégration sont les principales causes de la criminalité. Cela nous coûte beaucoup d’argent et de sécurité !

7. solutions possibles

Attitude

  • Regarder de plus près plutôt que d’entretenir des préjugés
  • S’intéresser vraiment à ces personnes
  • Rencontrer les personnes concernées
  • Les considérons-nous vraiment comme des créatures de Dieu, aussi précieuses que nous ?
  • Considérons-nous que l’objectif de la politique et de la société est d’améliorer leur situation ?
  • Quelles sont les valeurs que nous enseignons ? Concurrence ou solidarité et coopération ?

Mesures

  • Répartir le travail différemment : Il faut créer un travail sain pour tous. Il y aurait en fait suffisamment à faire !
  • Tout le monde doit être encouragé : Les formations continues et les bases de l’intégration doivent être payées
  • Les subventions pour des emplois supplémentaires soulagent l’AC, l’AI et l’aide sociale
  • Nouvelle collaboration entre l’économie, l’Etat et les Eglises : Il faut une organisation globale, sinon les mesures ne sont que des gouttes d’eau dans la mer. Pour cela, nous devons également nous débarrasser de la peur de l’Etat.
  • Partager davantage, taxer à nouveau davantage les richesses et ne pas les laisser fuir, sinon nous n’aurons pas les moyens de créer des emplois.
  • Promouvoir les petites et moyennes entreprises plutôt que les groupes cotés en bourse
  • Chacun devrait investir directement dans l’intégration et le travail, au lieu d’investir en bourse pour maximiser les rendements-> nous avons besoin d’une « action sociale » !
  • Les conditions de départ doivent être rééquilibrées, à l’instar de l’année de réverbération et de l’annulation de la dette. En effet, en Suisse, les 2 % les plus riches possèdent plus que les 98 % les plus pauvres.

 


1 : https://www.amstat.ch/v2/index.jsp?lang=de
2 : https://www.bsv.admin.ch/bsv/de/home/sozialversicherungen/iv/statistik.html
3 : https://www.bfs.admin.ch/bfs/fr/home/statistiques/securite-sociale/aide-sociale.assetdetail.6586099.html
4 : https://www.bfs.admin.ch/bfs/de/home.assetdetail.1320142.html
5 : https://www.bfs.admin.ch/bfs/de/home/statistiken/querschnittsthemen/wohlfahrtsmessung/alle-indikatoren/wirtschaft/reales-bip-pro-kopf.html et https://www.vimentis.ch/d/publikation/313/Das+Croissance économique.html
6 : https://rwer.wordpress.com/2011/09/03/the-growing-gap/
7 : https://www.20min.ch/schweiz/news/story/Angestellte-haben-312-Franken-weniger-im-Sack-23101037