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Une loi contre l’asile

Au vu des propositions de cette loi, on peut se demander ce qu?il reste de la tradition humanitaire de la Suisse. Cette loi ressemble plutôt à une loi contre l?asile, au vu des conditions imposées aux personnes afin d?être reconnues comme requérants d?asile.

Nos politiciens se réjouissent de voir le nombre de requérants diminuer1  tout en occultant le fait que des personnes sont chaque jour en situation de danger dans leur pays d?origine et n?ont pas d?autre choix que de fuir. En agissant de la sorte, la Suisse se soustrait aux responsabilités qu?elle a prises en signant les Conventions de Genève et en s?engageant à accueillir les gens en situation de détresse.

Anne-Sylvie Giolo, janvier 2006

Crise dans l’asile : prenons du recul !

« La force de la communauté se mesure au bien-être du plus faible de ses membres » (Constitution fédérale). Aujourd?hui, la Suisse n?est pas très forte. En effet, elle vit une crise de l?asile : les requérants d?asile ? on ne peut s?imaginer plus faible dans une société ? sont de moins en moins bien traités ; toujours moins de personnes osent encore chercher refuge chez nous ; parallèlement, la population se sent en insécurité et abusée ; les politiciens n?ont que des solutions « faciles » et dures à proposer. Il est donc temps que la Suisse prenne du recul et réfléchisse en profondeur aux questions complexes de notre identité, notre hospitalité et de l?accueil et l?intégration que nous voulons et pouvons proposer aux étrangers. La présente modification de la Loi sur l?asile ne résout aucune de ces questions tout en précipitant des choix durs aux conséquences néfastes pour beaucoup de personnes.

Certes, la révision proposée aujourd?hui est plus « soft » que sa version initiale au printemps 2005, mais la direction est la même et toujours aussi fausse : les dispositions restrictives l?emportent largement et nous rappellent étrangement l?initiative populaire UDC rejetée de justesse en 2002.

Une fois de plus, cette loi est empreinte de la peur et du sentiment d?abus. Curieusement et malgré des durcissements continuels de l?asile, ce sentiment ne s?est pas estompé au cours des ans. Il ne faut pas se leurrer : la criminalisation des requérants d?asile adoptée dans cette loi ne va pas diminuer le sentiment d?insécurité de la population. Au contraire, s?il faut traiter les « asylants » comme des criminels, ça veut bien dire qu?ils sont dangereux et veulent faire de l?abus, n?est-ce pas ?

Mais d?abord, qu?est-ce qui est un abus ? Est-ce de demander l?asile pour de « mauvaises » raisons ? Economiques, par exemple ? Ou bien, considérer que la situation dans sa patrie est encore moins supportable que la méfiance, l?humiliation et le froid (climatique et humain) qu?on subit en Suisse ?

Il faut être clair : les requérants d?asile apportent la misère de ce monde sur le seuil de notre porte. C?est une réalité ? inimaginable, insupportable ? qui nous dépasse. Mais en tant que chrétiens, il est notre défi, de « recueillir » l?étranger, car c?est en faisant ainsi que nous servons le Christ2 , « méprisé et abandonné ? dont on détourne le visage »3 . Nous imiterons notre modèle Jésus qui est toujours allé à la rencontre et à l?écoute de l?autre. Il ne nous a pas promis que se serait facile, mais Il nous a promis son soutien et son avocat, le Saint-Esprit. Si donc quelqu?un dans ce pays n?a pas d?excuses pour rejeter cette loi qui prône l?exclusion, cimente la méfiance et aggrave ainsi la misère, ce sont bien nous, les chrétiens. Combattons-la donc et ? demandons à Dieu qu?Il nous vienne en aide !

Samuel Ninck, janvier 2006



1. C?est l?un des « succès » que Christoph Blocher a célébré lors de son rapport de mi-législature en décembre. On note le glissement sémantique : il ne se réjouit pas que le nombre d?abus dans l?asile aie diminué, mais le nombre de demandes tout court.

2. Matthieu 25.35.

3. Esaïe 53.3

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Dans chaque canton, les contribuables reçoivent, avec leur déclaration d’impôt, une brochure explicative pour les guider. Le “guide” que vous tenez dans les mains explique au
contraire comment la Suisse permet à de riches contribuables étrangers de ne pas payer d’impôts dans leur propre pays. Vous y découvrirez que la Suisse protège ceux qui
soustraient de l’argent au fisc et que le secret bancaire n’est qu’un prétexte cachant une autre subtilité juridique. Vous y lirez que cette facilité que la Suisse accorde à l’évasion fiscale
coûte très cher aux pays en développement.
Ne vous taisez plus! Avec la carte postale ci-jointe, faites savoir que l’aide à l’évasion fiscale ne se fera plus en votre nom.
Nous vous remercions de votre engagement.

Jean-Claude Huot, Déclaration de Berne
Bruno Gurtner, Communauté de travail des organisations d’entraide suisses

Fr_Dossier__06_12_2005_14_20_GuideEvasionFiscale

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Il y a un an et demi, les syndicats doutaient des chances de succès d?un référendum, et les Eglises dormaient du sommeil du juste (ChristNet donna une impulsion importante en vue de la décision de saisir le référendum et contribua par la suite à mobiliser les églises). D?autre part, l?été dernier encore, les sondages ne nous accordaient aucune chance de l?emporter. Depuis, nous n?avons pas cessé de gagner du terrain, et finalement, ce n?est qu?après le décompte des voix dans le dernier canton que l?on sut à quoi s?en tenir : 0.6% des voix (soit 20’000) manquaient pour faire pencher la balance en notre faveur. Un bref regard sur la topographie des résultats et les sondages de l?institut gfs révèlent quelques faits intéressants :

– Les progrès que nous avons faits dans l?opinion publique furent linéaires à dater du moment où celle-ci se rendit compte qu?il s?agissait en fait de bien plus que de quelques gares. Il est permis d?admettre que nous l?aurions emporté si la votation avait eu lieu ne serait-ce qu?une semaine plus tard.

– La libéralisation fut approuvée en première ligne dans les centres urbains et les régions touristiques. Les villes sont de plus en plus caractérisées par une culture du « vingt-quatre heures sur vingt-quatre ». La vie y est de moins en moins structurée par la famille, la convivialité et des horaires de travail réguliers, ce qui encourage à son tour la déstructuration de la consommation. De même, la solitude croissante de la vie urbaine (rappelons qu?à Bâle par exemple, la majorité des ménages ne compte qu?une personne) encourage le consumérisme. Dans les régions touristiques par contre, l?on s?est déjà tant habitué au travail dominical, que le dimanche y a en grande partie perdu sa signification ? ceci vaut, à un moindre degré peut-être, de la société des services marquant le paysage urbain actuel.

Les déclarations tendancieuses du Conseil fédéral et de certaines grandes entreprises nous ont certainement coûté plus de 20’000 voix :

– M. le Conseiller fédéral Deiss déclara contre toute bonne foi qu?un non à la libéralisation coûterait 2000 emplois ; le 5 novembre, le Conseiller fédéral Blocher prétendit même que dans ce cas, une bonne partie des commerces dans les gares devraient mettre la clef sous le paillasson.

– Encore et encore, il fut prétendu que la votation ne portait que sur les gares. Dans son message officiel, le Conseil fédéral n?avait pas de scrupules à écrire que le dimanche doit rester un jour de calme et de repos ? malgré que notre gouvernement venait de soutenir une motion du Conseil des Etats ayant pour but la dérégulation totale du travail dominical dans le secteur des services !

– La Coop ne recula pas devant la menace envers ses propres employés: dans une circulaire, l?entreprise avertit ses employés qu?un non l?obligerait à fermer nombre de filiales, entre autres celles dans la gare de Berne ? encore un mensonge criant.

Flairant une mine d?or, les CFF, la Migros et la Coop ont dépensé cinq millions de francs pour la campagne. Du côté des adversaires, des milliers de personnes se sont investies ; ne leur faisaient face pratiquement que des grandes entreprises luttant pour la maximisation de leurs profits?

Toutefois, nous aurions emporté la victoire sans autre, si tous les chrétiens de ce pays s?étaient mobilisés. Un grand potentiel est resté en friche, potentiel que nous devons absolument mettre à contribution. En effet, une motion du Conseil des Etats oblige le gouvernement à élaborer un projet de loi libéralisant le travail du dimanche dans l?entier du secteur des services. Le Conseil national, qui entendait débattre de la motion (et l?accepter) le mercredi suivant la votation, a, vu le résultat extrêmement juste du scrutin, décidé de reporter ses délibérations. Les dérégulateurs étaient probablement convaincus qu?ils pourraient faire un « forcing ». Le Conseiller fédéral implora le Conseil national de ne pas commettre d?imprudence.

Quoi qu?il en soit: au lendemain du scrutin, l?équipe des ?gardiens du dimanche? est bien entraînée, rodée et sûre de soi. La prochaine attaque se herutera au mur du référendum, c?est chose acquise ? et cette fois, l?issue de la votation sera en notre faveur ! Il nous faudra rester vigilants, cas les « abolisseurs du dimanche » ont une prédilection pour la tactique du salami, et se servir des cantons pour avancer leurs projets. Mais nous sommes forts, et nous ne lâchons pas le morceau !


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Récemment, j’ai rencontré un chrétien qui m’a parlé ouvertement de ses expériences avec l’argent et la Suisse. Sa vision spirituelle m’a impressionné. Autrefois, il travaillait dans le monde bancaire, mais ne s’y sentait pas bien. Suite à ma demande, il a été d’accord d’écrire deux texts pour ChristNet : « Calì ou Medellin… » décrit une situation qu’il a vécue il y a un peu plus de 10 ans. Dans « Papa, je veux… » il adresse quelques réflexions critiques à son fils sur l’accumulation des biens. Pour des raisons de sécurité, son nom doit rester anonyme.

Calì ou Medellin plus blancs que neige

Nous sommes quelque part en Occident. Imaginez un bureau, où s’affairent une quinzaine d’employés de banque. Il y en a de tous les âges, mais surtout des jeunes qui travaillent avec un contrat temporaire. L’ambiance est bonne, surtout décontractée. C’est plutôt agréable, la maison offre les boissons, très appréciées.

Tout d’un coup, un des comptables s’exclame : «Hé, les gars, si vous voyez ce que je vois, j’ai sous les yeux un compte de 3 millions de dollars, mais la détentrice est une femme de ménage de 20 ans domiciliée à Medellin. C’est fou ce que cela rapporte d’être technicienne de surface en Colombie ».

Alors un autre renchérit : «C’est marrant, moi, j’ai un inspecteur de police de Cali qui est possesseur de 4 millions et demi de dollars, je pensais plutôt que le salaire des flics de part le monde était assez chiche. Il y eut un long silence où

chacun se replongea dans ses comptes respectifs, puis le doyen de l’équipe fit la remarque suivante : «Eh bien ! Figurez-vous que j’ai observé que plusieurs étudiants de 18 à 20 ans de Cali ou de Medellin détenaient des comptes de montants similaires, mais n’allez pas formuler une demande d?immigration pour aller en Colombie, vous êtes ici en présence d’écrans de couverture pour ces messieurs des cartels de Cali et de Medellin. .L’établissement qui nous emploie fait office de blanchisserie, nos dirigeants auraient dû s’assurer de la provenance de ces fonds d’origine réellement douteuse.

Papa, je veux être millionnaire avant d’avoir atteint mes 40 ans.

Tel est le projet de mon fils aîné Kevin, 33 ans, homme d’affaires belge, résidant au Cameroun. Son désir n’est pas si innocent que cela, selon les principes de notre société post-chrétienne, cela sonne bien, puisque tout y est basé sur l’optimisation du profit, mais alors qu’y a-t-il de mal ?

L’écriture nous avertit : « Nul serviteur ne peut servir deux maîtres. Car, ou il haïra l’un et aimera l’autre; ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon.» Luc 16 :13. lisons encore : «Cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu; et toutes ces choses vous seront données par-dessus.» Matthieu 6:33

Jésus lui-même a vécu avec le minimum vital au cours de son ministère terrestre. Les disciples aussi, ne se sont pas enrichis par leur ministère, ils n’ont jamais

monnayé leur interventions salvifiques. Etre riche n’est pas irrépréhensible en soi, mais vouloir le devenir à tout prix, pourrait constituer un piège. Ce n’est pas l’argent qui fait ici problème, l’argent serait neutre en lui-même, mais c’est l’amour de l’argent qui pourrait bien constituer une occasion de chute.

Le désir de devenir riche (à bien distinguer du fait d’être riche) est positivement mauvais (1 Tim. 6:9-11).

9 Mais ceux qui veulent devenir riches, tombent dans la tentation et le piège, et dans beaucoup de désirs insensés et pernicieux, qui plongent les hommes dans la ruine et la perdition.

10 Car l’amour de l’argent est la racine de tous les maux; et quelques-uns en étant possédés, se sont détournés de la foi, et se sont jetés eux-mêmes dans les plus grandes douleurs.

11 Pour toi, homme de Dieu, fuis ces choses, et recherche la justice, la piété, la foi, la charité, la patience, la douceur.

Statistiquement, 80% des gens qui gagnent des fortes sommes à la loterie, n’ont plus rien, trois ans après. Pourquoi ? Parce que se retrouver millionnaire du jour au lendemain, ça doit s’apprendre, se gérer. Nous sommes soumis à la loi des correspondances qui dit que notre être extérieur est le reflet de notre être intérieur. Le surgissement de cette fortune a brusquement changé le monde extérieur des heureux gagnants, qui n’ont pas su apporter les corrections nécessaires à leur monde intérieur, dans leur esprit ils sont restés «pauvres» et

n’ont su ou pu s’adapter à leur nouvelle situation.

Mon fils si par un heureux concours de circonstances, tu devais te retrouver à la tête d’un ou plusieurs millions, apprends vite à te compter en millionnaire, pour éviter les erreurs des heureux gagnants ci-dessus. Devenir millionnaire, en effet, est très différent de posséder des millions, cela fait appel à être un intendant fidèle, créateur de richesses, alors de ne considérer le problème que sous son aspect quantitatif, t’entraîneras à la ruine dénoncée par 1 Timothée 6 :10. Mais, nous sommes enfants d’un Dieu immensément riche, donc si nous avons à disposition d’immenses moyens financiers, ce n’est pas pour que nous devenions avares, mais pour redistribuer ces richesses à nos frères dans le besoin en retrouvant la joie de donner, telle que nous le lisons dans Jacques 2 :15-16 OST.

« Et si un frère ou une soeur sont nus, et qu’ils manquent de la nourriture de chaque jour, et que quelqu’un de vous leur dise: Allez en paix, chauffez-vous et vous rassasiez, et que vous ne leur donniez point ce qui leur est nécessaire pour le corps, à quoi cela sert-il?

Certes, la course au fric comporte des compromissions éthiques, des pratiques peu recommandables, des alliances avec l’enfer, des fréquentations douteuses. Si vous voulez devenir un prédateur, vous allez devoir adopter ses m’urs, pour vous imposer dans le milieu de la finance, il va vous falloir mettre à contribution

vos canines et vos griffes. C’est un monde de fauves, où pour survivre, il faudra

plutôt suivre les lois du Far West que les préceptes de l’Evangile. Mammon est une pompe à finances difficile à «traire».

Mon fils, tu pourras devenir millionnaire avant 40 ans, mais que sous la supervision du Seigneur, qui te maintiendra dans la juste et ‘étroite voie.

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Bâle, 30.9.05 : Des milliards de francs d’argent sale provenant de l’étranger sont encore stockés sur des comptes suisses, la plupart étant le fruit de la fraude fiscale. Nos banques ne sont-elles pas assez exigeantes ? Et la population ?

ChristNet l’a mis à l’épreuve : hier, une délégation d' »hommes d’affaires » a visité la Paradeplatz à Zurich, le centre bancaire suisse, et a offert de l’argent aux passants. De l’argent sale, bien sûr, malodorant et souillé.

Conclusion : les passants se sont jetés dessus, mais la plupart ont décliné avec des remerciements, certains rétorquant « Non, je ne prends pas d’argent sale ! Félicitations, cher Suisse, c’est ainsi que cela doit être.

Interrogés plus spécifiquement sur le secret bancaire, certains ont répondu qu’il n’y avait rien à faire à ce sujet. D’autres, en revanche, ne veulent pas que le secret bancaire soit ébranlé : « Notre richesse vient de quelque part » ou « Il faut bien vivre de quelque chose » sont les arguments les plus fréquemment entendus. La conscience de l’injustice semble être généralement présente, même si elle est en partie couverte par des justifications venteuses. Mais la crainte pour son propre bien-être est plus grande. Que pouvons-nous faire ?

Le 5 novembre, ChristNet tiendra une conférence sur le thème de l’argent en Suisse à la Nägeligasse 9 à Berne. Sous le titre « L’argent ou la vie », différents domaines seront mis en évidence où la Suisse semble s’accrocher davantage à l’argent au lieu de faire confiance à Dieu. Ensemble, nous voulons trouver de nouvelles voies.

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La Bible nous enseigne que tous les hommes doivent être traités sur un pied d’égalité : nous ne devons pas faire preuve de plus d’égards envers les riches qu’envers les pauvres (Jc 2:2). Pourtant, dès lors que nous avons quelque chose à y gagner, la réalité se révèle vite différente. La Suisse pourrait à présent mettre fin à sa « danse autour du veau d’or ». Le 3 octobre, le Conseil national examinera l’initiative parlementaire sur la suppression de l’imposition forfaitaire.

L’imposition forfaitaire

En Suisse (dans d’autres pays aussi, certes), il existe une loi autorisant les cantons et les communes à accueillir de riches ressortissants étrangers qui n’y exercent pas de vie active, sans que ceux-ci doivent s’acquitter des mêmes impôts que les contribuables Suisses. Le canton conclut avec eux un accord d’imposition forfaitaire, qui ne prend pas en compte le revenu réel et la fortune en tant que base d’imposition, mais seulement les « dépenses vitales ». Ils déboursent ainsi une toute petite partie de ce qu’ils devraient payer à l’étranger ou de ce qu’un Suisse possédant une fortune comparable paierait. C’est pourquoi, plus de 3000 personnes soumises à cette imposition forfaitaire vivent actuellement en Suisse. Un nombre qui ne fait qu’augmenter. Différents cantons attirent sciemment les étrangers fortunés et ont développé des stratégies à cet effet. Certains les sollicitent pendant leurs vacances en Suisse (le Valais est particulièrement actif), d’autres approchent les réfugiés fiscaux par l’intermédiaire de bureaux d’information à l’étranger.

En automne 2004, le journal « Der Beobachter » a fait un test : un très riche étranger fictif a adressé un courrier écrit à une bonne trentaine de communes suisses, leur demandant si elles étaient disposées à lui accorder un domicile avec imposition forfaitaire, une piste d’atterrissage pour hélicoptère et une aide pour trouver un terrain constructible. Près de la moitié des communes contactées ont répondu par l’affirmative et ont même proposé généreusement leur aide. Quel pauvre hère serait traité avec tant d’égards ?

Schumacher et Cie

L’exemple le plus connu est bien sûr celui du pilote de Formule 1 Michael Schumacher. Son revenu annuel atteint 100 millions de francs et sa fortune avoisine le milliard. Malgré cela, il ne paie à Vufflens-le-Château (VD) que la somme dérisoire de 2 millions de francs d’impôts par an. Il l’a dit ouvertement : « Ce qui m’a attiré en Suisse, c’est que je pouvais avoir un arrangement fiscal raisonnable. En Allemagne, ils sont bien bêtes de ne pas faire de proposition et de renoncer ainsi complètement à l’argent de mes impôts. » L’égalité devant la loi est en pareil cas annihilée par le pouvoir de l’argent. Michael Schumacher considère manifestement qu’il serait « déraisonnable » de n’avoir à sa disposition que 60 millions de francs, contre 98 actuellement. L’avidité perd ici tout sens des proportions. Certains politiciens pensent en effet qu’une hausse d’impôts entraverait la « volonté de travailler ». A cet égard, nous devons, premièrement, nous demander sincèrement si nous sommes à ce point insatiables, et deuxièmement, constater que de tels salaires n’ont plus rien à voir avec le travail fourni, mais seulement avec la valeur marchande. Bien sûr, la performance doit être récompensée, mais nous partons également du principe que les impôts doivent être calculés en fonction de ce qu’un invidivu PEUT payer. Avec de telles rémunérations, le contribuable a encore largement de quoi vivre.

Supprimer, maintenant !

En 2003, Susanne Leutenegger (PS) a déposé une initiative parlementaire auprès du Conseil national. Elle réclame la suppression de cette loi sur l’imposition forfaitaire. Cette intervention va être examinée par le Conseil national à la fin du mois de septembre. Nous soutenons cette initiative par une lettre adressée à un certain nombre de conseillers nationaux. Une opposition s’est naturellement déjà formée contre cette initiative, en l’occurrence un lobby de représentants des cantons abritant un nombre particulièrement important de réfugiés fiscaux, à savoir Vaud, le Valais, le Tessin, Genève et les Grisons. Ils veulent faire comprendre aux conseillers nationaux que la Suisse tire profit de cette pratique d’imposition forfaitaire et qu’elle perdrait de nombreux contribuables très riches en abrogeant cette loi.
Mais voulons-nous vraiment abandonner l’égalité devant la loi pour gagner davantage ? Dans d’autres pays, ce procédé serait qualifié de corruption. Afin d’attirer les riches, la Suisse se rend tout simplement coupable de complicité à l’évasion et à la fraude fiscale, et ce de manière ouverte et éhontée. Pendant combien de temps encore devrons-nous tolérer cette misérable « danse autour du veau d’or » ‘ N’est-il pas préférable de nous débarrasser enfin de cette honte devant Dieu ? En effet, cette loi n’a pas d’autre raison d’être que de servir d’appât aux réfugiés fiscaux. Le critère ne doit pas être de savoir si l’on y gagne ou non. Car nous ne profitons qu’au détriment des autres pays, en leur faisant du tort.
Prions pour que les parlementaires votent ici en faveur de la Justice et non pas pour Mammon.
Traduction : Céline Boisson, novembre 2005

Notre lettre aux conseillers nationaux de différents partis

Objet: L’initiative parlementaire sur la suppression de l’imposition forfaitaire

Madame la Conseillère nationale, Monsieur le Conseiller national,
Dans quelques jours, vous allez vous prononcer sur la suppression de l’impôt forfaitaire. ChristNet, un forum chrétien traitant de questions de société, souhaiterait vous soumettre les réflexions suivantes :
. Selon nous, il serait judicieux de nous préoccuper en premier lieu de savoir si la façon d’agir de la Suisse est défendable ou non d’un point de vue éthique, et ensuite seulement de considérer les avantages matériels.
. L’impôt forfaitaire pour les étrangers fortunés va à l’encontre du principe d’égalité devant la loi. Même si « la Suisse » en profite pour l’instant, à long terme la confiance en la justice et la morale des contribuables vont s’en trouver minées.
. La Suisse y gagne certes, mais au détriment des pays d’origine des réfugiés fiscaux. Peut-on faire du tort aux autres pays sous prétexte qu’on en profite?
. Fondamentalement, par le biais de l’imposition forfaitaire, nous nous rendons coupable de complicité à la fraude fiscale. Est-ce vraiment ce que nous voulons ?
. Même sans l’imposition forfaitaire, les personnes concernées paieraient en règle générale moins d’impôts en Suisse qu’à l’étranger, mais bien plus que ce qu’ils paient pour le moment. Même si une petite partie de ces personnes quitterait la Suisse à cause de la suppression de l’imposition forfaitaire, il n’en reste pas moins que les recettes fiscales restantes seraient plus élevées qu’auparavant. Nous sommes convaincus que la Suisse a tout à gagner à jouer la carte de l’honnêteté !
. Il ne nous paraît pas non plus justifié d’affirmer qu’une hausse des impôts constitue un frein aux performances ; car auprès des revenus élevés et des grosses fortunes concernés, il s’agit davantage de valeur marchande du travail que de performance.
Nous vous prions de bien vouloir prendre en compte ces remarques dans votre décision. Que Dieu vous bénisse.
Veuillez agréer, Madame la Conseillère nationale, Monsieur le Conseiller national, nos salutations les meilleures.

Markus Meury
ChristNet

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~ 2 min

Ma femme et moi étions à Cuba pendant deux semaines l’année dernière. Nous étions avec l’ouragan Ivan, qui avait la même force que Katrine maintenant. Un ouragan s’annonce 10 jours à l’avance, est ensuite suivi par les satellites météorologiques et sa trajectoire peut désormais être calculée de plus en plus précisément par les ordinateurs météorologiques. Dix jours avant l’arrivée d' »Ivan », les premiers rapports ont été diffusés, une semaine avant que les premières mesures ne soient prescrites et quelques jours avant que l’évacuation de centaines de milliers de personnes ne soit préparée. Nous avons été témoins de tout ce qui y a été mis en œuvre pour éviter les pertes de vies humaines. Tout le monde a bénéficié d’un endroit sûr, y compris le transport.

Aux États-Unis, il semble que ce soit tout le contraire : il semble qu’on ait simplement dit aux gens « fuyez maintenant », mais personne ne s’est soucié de savoir si les pauvres avaient même un moyen de transport ou un endroit où aller. Des centaines de milliers de personnes restent donc dans leurs misérables Mobile Homes (que j’ai pu voir par moi-même dans le sud des États-Unis il y a quelques années) et dans des logements urbains en espérant qu’elles survivront….

Je suis étonné quand on parle de la « taille inattendue » d’une catastrophe, où rien n’aurait pu être fait. Il aurait été possible de sauver la plupart des vies. Cuba subit chaque année des ouragans de catégorie 4 à 5, qui font à chaque fois entre zéro et 20 morts, avec le même nombre d’habitants que les trois Etats touchés aux Etats-Unis réunis. Ce qui se passe aux États-Unis aujourd’hui est une expression de « chacun pour soi », qui peut évidemment être mortelle pour les personnes vulnérables…. Au lieu de se contenter de prier pour que les ouragans passent, certains cercles feraient mieux d’examiner l’enseignement de Jésus sur la solidarité. Je pense qu’il est un peu effronté de refuser d’être solidaire d’une part, et d’autre part d’exiger de Dieu qu’il regarde ailleurs. Je ne suis pas surpris qu’il ne prenne pas tout à la légère…. Une nouvelle réflexion sera-t-elle menée ?

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  • Les femmes devraient exercer leurs droits politiques de manière plus cohérente et réclamer avec persistance une plus grande part du pouvoir.
  • Les hommes/parties civiques sont appelés à partager le pouvoir.
  • Les femmes politiques ont besoin d’être encouragées et de travailler en réseau.
  • Écrivez d’autres lettres au rédacteur en chef à ce sujet.
  • Faites constamment entrer les questions relatives aux femmes et à l’égalité des sexes dans la conversation.
  • Demandez aux parties civiles comment elles travaillent pour l’égalité.
  • Élire systématiquement des femmes.
  • Construire des réseaux.
  • Attendez-vous à une résistance. Partager le pouvoir fait mal, surtout aux puissants.
  • Demandez à l’UDC pourquoi les femmes ont tant de mal à les supporter.
  • Transmettre des connaissances politiques de base.
  • Motiver tous ceux qui vous entourent à voter.
  • Rendre publique l’histoire des femmes.
  • Les femmes devraient cesser d’être toujours modestes. Exigez plus de sièges et les meilleures positions sur la liste.
  • Communiquez le plaisir de la politique.
~ 3 min

Résumé de l’après-midi

Dans l’introduction de cet après-midi, Pierre-André Wagner a mentionné que l’égalité n’a pas encore été atteinte. La répartition des rôles entre hommes et femmes a perdu sa raison d’être. Des ressources qui ne doivent pas rester inutilisées. L’égalité entre les femmes et les hommes est inscrite dans la Constitution fédérale, mais elle ne correspond pas à la réalité. Les femmes ne jouissent pas de l’égalité des droits. Nous vivons dans le patriarcat. C’est une question de valeurs. Les hommes ont un certain rôle et un certain statut. Ils sont la norme.

Les femmes ont également fait l’objet de discriminations au sein de l’église. L’église est le reflet de la société dans laquelle elle vit. Cela contredit certaines affirmations importantes de la Bible. Deux des messages les plus importants de Jésus sont la liberté et l’amour. La liberté et l’amour sont contraires à l’inégalité. Notre foi est une foi individualiste. Il est aliénant de vouloir imposer des modèles à un groupe de personnes. Cela n’est pas conforme au commandement de l’amour. L’église a absorbé ce phénomène de l’environnement. a rendu cela à la société. Toutefois, son mandat est différent. Il s’agit de prendre un chemin différent. C’est notre chance.

Cette seule contribution a suscité quelques questions. D’où vient le patriarcat ? Pourquoi Dieu est-il masculin dans la langue vernaculaire ? Pouvons-nous nous passer de rôles ? Comment les rôles naissent-ils ? Les rôles sont-ils négociables ? Il ressort clairement de la discussion que de nombreuses personnes ne sont pas sensibles à l’évolution des rôles. Une loi ne change pas la réalité. Les rôles assurent également la sécurité.

Christian von Fellenberg a été le premier à prendre la parole et à s’intéresser aux femmes dans la Bible. Il a présenté quelques figures féminines et a souligné leur rôle important. Parmi les femmes citées, il mentionne Myriam et son rôle. Il a souligné qu’il était permis à Marie de devenir le vaisseau terrestre qui pouvait porter le salut du monde, le Christ. C’est à la croix que les femmes attendent le plus longtemps. Ils ont été les premiers sur la tombe. Ils ont été les premiers à parler de Jésus aux Juifs (Actes 1.14).

Il y a des aspects culturels dans la Bible. Qu’est-ce qui souligne à la pensée de l’égalité ? Pourquoi les hommes ont-ils peur des femmes ? L’une des choses mentionnées comme étant menaçantes est la capacité des femmes à faire des compromis.
Le dialogue est nécessaire. Façonner la société ensemble. Le thème de la réconciliation entre les hommes et les femmes est abordé.

Dans son intervention, Renate Wegmüller a mis en lumière la situation juridique et politique des femmes. Elle a expliqué le long cheminement vers le suffrage des femmes en Suisse (1918-1971) et a donné des informations sur la situation des femmes en Suisse aujourd’hui. Sa conclusion : l’amélioration de la situation des femmes stagne. Des progrès ont été réalisés, mais les partis bourgeois, en particulier, ne font pas leur travail en matière de partage du pouvoir entre les femmes et les hommes. Elle a distribué des propositions de mesures visant à améliorer cette situation insatisfaisante. Pour avoir une réelle influence en politique, une représentation de 35 à 40 % est nécessaire. Les préparatifs pour les élections du Conseil national en octobre 2007 sont déjà en cours. Les femmes doivent formuler leurs demandes avec clarté et insistance.

Elisabeth Geiser a parlé de son point de vue en tant que femme de famille. Elle a défendu le point de vue des enfants, qui n’ont pas beaucoup de lobby. Les enfants ont besoin de temps pour absorber et mettre en œuvre leurs impulsions. Les enfants apprennent beaucoup par le mouvement.

Après chaque contribution, des discussions ont été engagées. Cette journée impressionnante s’est terminée par une communauté de prière. Il faut espérer que le sujet continuera à se répandre.

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Depuis quelques mois, les médias se vantent que le nombre de demandes d?asile est en forte baisse. Parallèlement, les méthodes pour parvenir à cette baisse apparaissent au grand jour, ainsi que la valeur que nos autorités attribuent à l?être humain. Voici deux cas d?espèce et un appel à l?action.

Cas d’espèce n°1 : la mort comme faisant partie de la solution

Fin mars, le Tribunal fédéral a décidé dans un arrêt que des requérants d?asile déboutés ont droit à l?aide minimale d?urgence si, sans cette aide, leur vie et santé sont en danger. Car, argumente le TF, la Constitution protège le droit à la vie. Le chef du Département de la justice et police, Christoph Blocher, a réagi à cette décision en suggérant qu?il faudrait donc amender la Constitution : « Si la suppression de l?aide d?urgence contribue à résoudre un véritable problème, alors nous devrons nous réserver la possibilité de modifier la loi et, au cas échéant, la Constitution. »

La mort d?homme sera donc intégrée comme partie de la solution. Je crois qu?aujourd?hui, les Suisses doivent tirer la sonnette d?alarme et choisir dans leur c?ur quelle direction prendre. Est-ce que cela peut être la voie de Dieu ? Et ce d?autant plus que la procédure d?une partie des requérants d?asile déboutés n?avait aucune chance d?aboutir, car on considère automatiquement que les papiers qu?ils ne produisent pas (puisqu?ils ont dû s?en débarrasser pendant leur fuite) représentent une non-divulgation de leur identité et donc une raison de ne pas même entrer en matière?

Cas d?espèce n°2 : danger de mort comme cause de refus

Didim Teka, responsable de ChristNet Congo, voulait participer, en mars, au Forum alternatif mondial de l?eau à Genève. Or, l?ambassade suisse lui refusa l?octroi d?un visa en première instance. Cela fut justifié ouvertement par la situation politique de plus en plus incertaine en RDC ce qui augmenterait le risque que Didim Teka reste finalement en Suisse. Il ne s?agira probablement pas d?un cas isolé?

Qu?est-ce que cela révèle sur la politique d?asile suisse ? Rien d?autre que notre refus d?accueillir des personnes justement PARCE QU?elles sont en danger et pourraient se réfugier chez nous. Si on connaît les persécutions périodiques et les milliers de morts en RDC (et qui serait mieux placé que l?ambassade suisse à Kinshasa pour le savoir ?), on peut s?imaginer qu?un refus de visa peut signifier la mort. Nous fermons donc la porte aux personnes mêmes qui fuient la mort. N?avons-nous toujours rien appris de l?Histoire et de notre rejet d?accueillir les Juifs pendant la Seconde guerre mondiale ? A l?époque, les Suisses avaient comme prétexte la peur du voisin allemand et le risque de mettre en jeu sa bienveillance. Aujourd?hui, même une telle raison n?existe plus pour justifier le renvoi des gens potentiellement menacés par la mort.

Halte à la politique d?empêchement de l?asile !

Quelle hypocrisie ! Certains politiciens martèlent qu?ils veulent se débarrasser des « faux » réfugiés pour faire de la place pour les « vrais ». Les deux cas d?espèce cités nous montrent que, dans la pratique, il ne s?agit pas de privilégier les « vrais », mais bien d?empêcher tout le monde de venir chez nous ! A cette fin, nous allons jusqu?à accepter la possibilité que des gens meurent. L?argument de ces mêmes politiciens selon lequel un vrai réfugié obtiendra un visa (et que, partant, des immigrants sans papiers valables seraient de faux réfugiés) se trouve également invalidé par ces exemples. Nous-mêmes refusons le visa aux réfugiés. Ainsi, le seul chemin qui s?ouvre à eux est l?immigration illégale qui, pour le Département de justice et police, est une raison de ne pas entrer en matière pour une demande d?asile?

Il est grand temps que nous nous levions contre ces perversions. Il paraît évident que renvoyer des gens dans une situation de danger de mort est une abomination aux yeux de Dieu. Ne permettons pas que le dédain de la dignité humaine augmente en Suisse. Levons la voix pour rendre publics ces engrenages scandaleux. Ne laissons pas se reproduire les événements de la Seconde guerre mondiale avec les Juifs. Opposons à cette pratique, qui est également soutenue par certains chrétiens, les valeurs de la Bible et l?amour de Jésus. Aujourd?hui, le moment est venu !